Chapitre 17
Je rentre en trainant les pieds. Je regarde à peine où je vais si bien que je rentre dans le dos de la personne qui est devant moi. Quand il se retourne, un sourire vient se peindre sur mes lèvres.
- James !
- Aurore ?! Qu'est-ce que tu fais ici ? Je te croyais en Inde avec Lou.
Il me prend rapidement dans ses bras et m'emporte avec lui dans la cabine de l'ascenseur.
James est le mari de Louisa. Oui, on se demande bien comment il fait pour la supporter à longueur de journée mais par miracle il est fou amoureux d'elle. Je le connais presque depuis que je suis née et il a toujours été très gentil avec moi. Je ne l'ai jamais vu comme autre chose que le frère que je n'ai jamais eu.
- Tu ne dois pas avoir beaucoup de nouvelle d'elle si elle ne t'a pas encore racontée toute mon histoire dans les moindres détails.
- J'en connais une bonne partie mais la dernière fois que je lui ai parlée, tu venais en vacance là-bas.
- Et il s'en est passé des choses depuis... mais qu'est-ce que tu fais dans cet hôtel ?
Il rigole et passe sa main derrière sa nuque.
- Dégât des eaux à l'appartement. Mon voisin du dessous à oublier d'éteindre l'eau de son bain. Je t'épargne les détails...
Je ne retiens pas mon rire quand la porte de l'ascenseur s'ouvre. Je sors de la cabine et me retourne vers lui, le sourire aux lèvres.
- Tu veux venir quelques minutes ?
- Nan, ne t'inquiètes pas, je vais te laisser tranquille.
Je lui fais un petit signe de la main alors que les portes se referment. Je me retourne et trouve la porte de la chambre ouverte avec un garçon de vingt-sept ans, torse nu, appuyé sur le chambranle de la porte, les bras croisés. Je grimace puis reprends ma course en passant devant lui sans le regarder.
- Tu étais où ?
Je me retourne, une légère expression irritée sur le visage. Hissan s'en rend compte et se déride.
- Je suis désolé. Je me suis simplement inquiété pour toi.
- Je ne voulais pas te réveiller mais c'est vrai que j'aurais pu te laisser un message.
Mon regard tombe sur mes bras. Ma manche est légèrement relevée, révélant mon nouveau bleu. Je fais semblant d'être préoccupé pour le cacher. Hissan vient me prendre dans ses bras et j'apprécie la force de son étreinte.
- Tu es partie si tôt pourquoi faire, alors ?
- Je voulais voir si je pouvais changer de boulot.
Nous nous asseyons autour de son petit déjeuné devant la grande baie-vitrée de notre gigantesque chambre d'hôtel aux frais de mon exécrable père. Et j'ai toujours Liam sur le dos alors que je m'attendais à pouvoir enfin tourner la page.
- Pourtant auteur est un travail vénérable.
- Qui ne paye pas super bien si on n'a rien à publier.
- Tu écris un nouveau livre. Que j'aimerais beaucoup lire d'ailleurs.
Je souris, les mains autour de ma tasse fumante.
- Pas tant qu'il ne sera pas fini.
Il grimace puis me tire la langue. Je sais pourtant que je n'ai pas besoin de les cacher parce qu'il n'est pas du genre à fouiller dans mes affaires pour avoir des réponses. Et c'est une des raisons qui font que je l'aime.
- Pourquoi tu aurais besoin d'argent ? Ce n'est pas comme si tu en manquais.
J'affiche un air blasé sur son visible dégout pour mon héritage familial. Je ne lui en veux pas, je sais pourquoi il réagit comme ça. Et j'avoue vouloir en être libéré pour apprécie sa façon de penser. Il a raison sur une chose, l'argent n'achète ni l'amour ni le bonheur.
- Parce que je suis d'accord avec ta façon de penser. Je ne veux plus être dépendante de personne.
- Je trouve ça admirable.
Je lui réponds d'un sourire puis me concentre de nouveau sur la vue imprenable sur la Tamise. Ce fleuve m'a toujours fait rêvé, libre et puissant. Ce que, bien malheureusement, je ne serais jamais. Et pourtant, je pensais qu'Hissan serait la clé de ma cage dorée.
- A quoi tu penses ?
Je m'apprête à répondre quand mon portable vibre à plusieurs reprises. Je reçois à la fois un message de ma mère et d'un inconnu que j'identifie clairement comme étant Liam étant donné les quatre milles livres qu'il me demande.
Je me décompose aussitôt, encore plus quand ma mère me demande de la rejoindre dans le hall de l'hôtel pour qu'on commence à préparer mon mariage.
- Tu vas bien ?
Je me reconnecte à la réalité en plongeant mon regard dans le sien. Il a vraiment l'air inquiet par ce qu'il m'arrive. Ça me fait un mal de chien de ne pas pouvoir lui dire ce qui me tracasse.
Je reprends mes esprits, attrape mon sac à main par terre et l'embrasse avec empressement.
- Oui. Je vais rejoindre ma mère. A tout à l'heure.
Il reste figé mais je ne prends pas le temps de m'appesantir pour ne pas craquer. Il n'a pas besoin de s'inquiété pour moi en plus du reste. Mais j'ai honte.
Une larme solitaire s'écoule sur ma joue alors que je traverse le couloir. Je l'essuie avec rage. Je laisse Liam avoir de l'emprise sur moi alors qu'il ne devrait plus pouvoir, alors que j'essaye de reconstruire ce champ de ruine qu'est ma vie.
- Ça va ma chérie ?
- Oui...
Elle s'éloigne de notre étreinte en plissant les yeux.
- Ne me dit pas que tu ne veux plus te marier.
- Non ! Non. J'aime Hissan plus que tout. Je ne me sens pas très bien.
Elle m'entraine vers le restaurant du palace où nous prenons une table. Quand elle me sort une pochette pleine à craquer de document en tout genre sur le mariage, je suis légèrement amusée. La plupart date de mon premier mariage que j'avais préparé minutieusement, jusqu'au plus petit détail. Je devais être moitié folle. Je m'amuse de son entrain.
- Quoi ? Je ne veux rien laisser au hasard pour ton second mariage.
- Tu sais maman, je veux quelque chose de plus simple que la dernière fois et Hissan veut un mariage traditionnel.
Elle écarquille les yeux et cherche des trucs dans ses papiers. Plusieurs tombent par terre et je les ramasse en découvrant les différentes photos des robes que j'avais sélectionné pour mon mariage de princesse. J'avais quand même du goût il y a trois ans.
- C'est quoi un mariage traditionnel indien ?
- Je n'en sais rien.
Je reçois un deuxième message de Liam. Il m'urge pour que je vienne le rejoindre dans la même ruelle avec l'argent. Il faudrait déjà que je retire cette somme astronomique de mon compte et cela risque d'être compliqué.
- Aurore ?
Ma mère passe sa main devant mes yeux pour me faire revenir sur terre. C'est alors qu'une idée me vient. J'attrape de nouveau mon sac à main sur le sol.
- Tu sais quoi maman, (je prends son stylo et un bout de papier pour lui marquer notre numéro de chambre), vas voir Hissan pour lui demander, il est là-haut. J'ai quelque chose à faire, je vous rejoins dans une petite heure.
J'embrasse sa joue et déguerpie plus vite que ça. Je réponds aux exigences de mon ex-mari seulement parce que je veux protéger mon fiancé. Et peut-être aussi parce que j'espère qu'il me laissera tranquille après ça. Une idylle fantaisiste à mon avis mais c'est beau de rêver.
- Bonjour, j'aimerais retirer quatre milles livres de mon compte en banque.
La banquière relève la tête l'air abasourdie par ma demande.
- Vous savez madame, que pour une telle somme, il faut suivre un protocole stricte...
- Je n'ai pas le temps.
- Je comprends, assurément mais ça ne marche pas comme ça.
Je m'apprête à rebrousser chemin quand je découvre Liam derrière moi, son arme au poing. La guichetière ne l'a pas remarqué, ni les gens autour de nous, même les vigiles, mais je ne peux pas détacher mes yeux d'elle. Je me retourne de nouveau.
- Je vous en supplie, c'est une question de vie ou de mort. Regarder ma carte, je fais partie de la famille Hastings, vous devez savoir que je ne manque pas d'argent.
Liam passe ses bras autour de mon corps en plaquant son arme contre mon ventre sans que personne ni voit quoi que ce soit. Je ferme un instant les yeux pour réguler la peur qui grandit en moi et pour faire abstraction du métal contre mon corps.
- Excusez ma copine, elle est très pressée de partir en vacances. Nous allons à l'étranger, c'est pour ça que nous avons besoin de liquide.
La jeune fille semble plus rassurée de la présence de Liam que de voir une femme seule vouloir prendre un peu d'argent. Sa proximité me répugne.
- Je vais les chercher. Il me faut un chèque du montant demandé.
Je m'empresse, les mains tremblantes, de lui remettre ce foutu chèque. Elle part aussitôt après, mais je ne me sens pas rassurée.
- Tu n'es assurément pas douée pour négocier. Heureusement que je n'ai pas eu l'envie irrésistible de détruire pour une toute dernière fois tes chance de porter toi-même un misérable enfant de ton chien galeux de nouveau petit copain.
- Ne t'avise plus de le menacer.
Il braque le canon sur mon ventre, toujours caché par l'épaisseur de mon manteau.
- Parce que tu te crois en position de force.
La banquière me tend la somme que je m'empresse de fourrer dans mon sac pour sortir illico de cette banque. A peine dehors, Liam me tire sans douceur par le bras pour de nouveau nous cacher dans une ruelle sombre entre deux bâtiments.
- Donne le fric.
- A condition que tu me laisse tranquille après.
Liam prononce un rire sinistre et rauque qui me fait frissonner. Il pointe de nouveau le canon de son arme vers moi mais cette fois en visant ma tête. Il ne tremble pas une seconde, sûr de lui.
- Ça ne marche pas comme ça poulette.
Il m'arrache mon sac des mains, le vide sur le sol d'une seule main puis ramasse les liasses au sol, s'en baisser son autre bras une seule seconde. Je tiens trop à la vie pour ne serait-ce que bouger d'un millimètre.
- C'était cool de faire affaire avec toi, à la prochaine transaction, princesse.
Il court dans le sens inverse. Je ramasse mes affaires, les mains toujours tremblante d'effroi. Je presse mes doigts les uns contre les autres pour me ressaisir mais ça ne marche qu'à moitié. Je suis complétement tétanisée par ce qu'il vient de se passer. Mon corps comprend que ce ne sera jamais finit et que par-dessus tout, il m'espionne pour être sûr que je fasse ce qu'il me demande. J'ai peur, atrocement peur pour Hissan. Liam mettrait à coup sûr ses menaces à exécution si je ne fais pas ce qu'il veut de moi.
Je rentre avec difficulté mais avec moins de bleu que ne l'aurait pensé. Il n'a fait qu'aggraver celui qu'il m'avait fait quelques heures plutôt. Ça fait moins de chose à cacher à Hissan. Je n'aime pas lui mentir mais je n'ai malheureusement pas le choix.
Le tableau sur lequel je tombe en arrivant et purement attendrissant. Hissan et ma mère sont en grande discussion sur les préparatifs et semble complètement épanoui. J'ai l'impression de tâcher au milieu de toute cette joie de vivre.
- Aurore, tu viens voir ce que nous avons décidé ?
- Plus tard, je ne me sens pas très bien, je vais aller dormir un peu.
Hissan se lève et me rejoins pour inspecter mon état. Je tiens ma manche dans ma main pour ne pas être découverte.
- Tu es blanche. Tu me le dirais si ça n'allait pas ?
- Bien sûr. Je vous laisse.
Il m'embrasse délicatement les lèvres. Ce baiser est tellement doux que j'aimerais l'approfondir mais ce ne serait pas correcte. Je lui souris légèrement pour le rassurer et vais m'enfermé dans la partie de la chambre où se trouve le lit.
Il me réveil avec une petite caresse sur la joue et sourit quand j'ouvre les yeux. Je me relève pour m'étirer et attends qu'il parle.
- Tu te sens bien ?
- Beaucoup mieux.
Son air reste perplexe et inquiet mais il essaye de le cacher avec son magnifique sourire. Je sors du lit pour me changer sous son regard.
- Ta mère parle beaucoup. Elle semble encore plus déterminée que toi. J'ai presque l'impression que je vais me marier avec elle.
Je pouffe en me retournant tandis que je tente d'échapper à mon tee-shirt.
- Je peux dire sans l'ombre d'un doute, qu'elle te préfère à Liam.
Je retire finalement se fichu tee-shirt en finissant ma phrase. Quand il pose son regard sur mon corps, son sourire disparait au profit d'un froncement de sourcils. Je ne comprends pas avant qu'il ne prenne délicatement mon poignet bleuit.
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
J'avale difficilement ma salive en cherchant un mensonge qui tient la route.
- Je suis tombée dans la rue ce matin, je me suis mal réceptionnée. Et comme je marque très vite...
Hissan affiche une expression dubitative mais accepte mon explication, faute de savoir que Liam est de retour dans ma vie. J'enfile rapidement d'autre vêtements avant de le rejoindre dans le salon.
- Tu me fais la tête ?
Je le suis jusque dans l'autre partie de la chambre. Il se laisse tomber dans le canapé en posant sa main sur son front. Ma mère a dû l'épuiser.
- Non. Bien-sûr que non. Je m'inquiète juste pour toi.
Je souris légèrement avant de m'assoir prêt de lui. Il passe son bras autour de mon corps et me sert fort contre lui. Je sens mon portable vibrer dans la poche arrière de mon pantalon mais je ne veux pas le sortir de peur de voir un message de Liam. Il interfère beaucoup trop dans ma vie en ce moment alors que je devrais être heureuse de me marier.
- Donc ma mère a déjà préparé toute la cérémonie ?
Je passe l'une de mes mèches rebelles derrière mon oreille pour finir par poser les yeux sur lui. Son rire emplie la pièce et secoue son abdomen sous moi.
- On est arrivé à un compromis pour une église, une très longue robe blanche et une cérémonie indienne. Tout ça en une seule journée. Ma mère va faire une crise monumentale.
- Je suis sûr que se sera parfait. Mais je ne sais pas si le blanc est super approprié.
Hissan plonge ses obscures iris dans les miens, affiche un magnifique sourire et se relève pour poser un baiser chaste sur mes lèvres. J'en redemanderais presque tellement c'était furtif.
- C'est le début d'une nouvelle histoire, il faut bien faire page blanche.
- Ça, je le mettrais dans mon livre.
Un ricanement sort de sa gorge puis il passe au-dessus de moi et m'embrasse à pleine bouche. Une décharge électrique s'en échappe et vient exciter toutes mes terminaisons nerveuses, jusqu'à atterrir dans mon bas ventre. L'une de mes mains s'accroche désespérément à son cou alors que l'autre remonte son buste de sa ceinture jusqu'à ses larges épaules en passant par ses incroyables abdos. Je crois bien que je ne peux plus m'en passer.
- Vivement que tout ça se termine, je crois bien que je ne vais plus pouvoir me retenir.
- Tu dis ça tout le temps.
- Et tu deviens de plus en plus entreprenante.
Il retire ma main de son cou puis se relève pour aller dans la chambre. Mon portable se remet à vibrer et je le sors finalement de ma poche en regardant derrière mon épaule pour savoir où se trouve Hissan.
Message de Liam O'Neal : JE VEUX DIX MILLES LIVRES AVANT LA FIN DE LA SEMAINE, SINON SON COMPTE EST BON.
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