Chapitre 11
Alors que je remets les pieds dans la maison témoin de mon calvaire, je ne ressens absolument plus rien. Mon corps est vidé de toute son énergie. Je n'ai même pas la force de pleurer.
Liam approche pour me prendre dans ses bras mais je recule jusqu'à heurter un mur. Il ne semble pas du tout heureux que je le repousse mais je ne supporte plus d'être près de lui.
- Ne me touche pas.
- Attention à ce que tu dis.
- Je dis ce que je veux. Tu me donne envie de vomir, je ne supporte même plus d'être dans la même pièce que toi.
Liam approche de nouveau mais je mets mon bras entre nous, sachant pertinemment que je ne fais fait que repousser l'inévitable.
- C'est à cause de lui que tu deviens insolente ?
- Lui au moins il m'aime ! Il n'est pas violent avec moi et il me respecte ! Quelque chose que tu ne feras jamais !
- Mais réveille-toi ma pauvre ! Un jour, tu auras la malencontreuse idée de le contre dire et tu le regretteras !
J'avale difficilement ma salive, incapable de le regarder dans les yeux. Cet homme est un monstre et je me maudis de ne pas l'avoir vu plutôt.
- Il n'est pas comme toi...
- Mais c'est toi la fautive !
Il enfonce violemment son poing dans le mur à quelques millimètres de mon visage, me faisant sursauter. Mes larmes dévalent déjà mes joues depuis quelques minutes. Je ferme les yeux pour accuser le coup.
- Si tu ne m'énervais pas autant et si tu faisais tout ce que je te dis, jamais je n'en viendrais aux mains.
Je prends de nouveau mon courage à deux mains. Au point où j'en suis, je veux que ça s'arrête pour de bon.
- Je n'ai jamais voulu avoir d'enfant avec toi mais maintenant je sais pourquoi ! J'ai toujours su au fond de moi que tu serais un danger pour eux !
La gifle que je reçois est douloureuse mais pas autant que les coups que j'ai déjà reçus.
- Je te conseil de te taire si tu ne veux pas que je m'énerve plus que je ne le suis déjà.
Il s'éloigne de moi mais je suis incapable de bouger. Je me laisse alors glisser jusqu'au sol, pleurant en silence, incapable de réfléchir rationnellement. Mon portable se met à vibrer dans ma poche. Je décroche sans même regarder qui m'appelle.
- Ma chérie comment ça va ?
- Est-ce que tu es avec Hissan ?
- Non il ne devrait pas tarder, pourquoi ? Qu'est ce qui se passe ?
Je respire en rassemblant mes idées.
- Je t'en prie, ne donne sous aucun prétexte ton portable à Hissan. Liam à gagner, je ne peux plus rien faire et je ne veux pas qu'il s'en mêle. Il risquerait de se faire tuer.
Je me mets à pleurer vraiment, sanglotant dans le téléphone et imaginant la tête que tire ma meilleure amie.
- Je t'en supplie, Louisa. Je veux protéger Hissan, il doit vivre, il doit être heureux et s'il vient pour me récupérer, j'ai peur qu'il n'en réchappe pas. Promet le moi.
- Je...
Louisa bafouille dans le téléphone mais ma peur et ma colère prennent le dessus. Je dois sauver Hissan coute que coute, au péril de ma vie s'il le faut.
- Promet-le moi !
- Je te le promets. Mais qui va te protéger, toi ?
Je laisse le silence donner une première réponse à mon amie qui ne doit plus en voir très large. Je suis désolée pour elle, mais je n'ai pas le choix.
- Je me débrouillerais.
Et je raccroche, l'entendant m'appeler une dernière fois. Puis j'éteints mon portable. A quoi bon le laisser allumer, il ne servira bientôt plus à rien. Je me relève et me dirige vers la cuisine où Liam est assis tranquillement sur une chaise à regarder le menu d'un restaurant. Pour ça il n'a jamais pu compter sur moi, je suis une cuisinière catastrophique.
Pour la première fois, il ne me demande même pas ce que je veux. Il fait sa commande et remplit mon assiette une fois la nourriture livrée. Je mets du temps à manger avec mon estomac noué, ce qui a le don de l'agacé. Je finis quand même mon assiette et débarrasse la table et fait la vaisselle.
Je reste dans mon coin, sans rien dire, reprenant ma routine d'avant ce voyage qui a changé ma vie. Je vais me doucher, puis me démaquiller et enfile un pyjama que j'avais laissé ici. Pour finir, je m'assoie à la fenêtre de la chambre d'ami et laisse mes larmes couler en regardant la nuit. J'y reste jusqu'au matin sans mettre endormis.
Liam part au boulot sans me dire au revoir et c'est tant mieux. Je ne supporte plus de savoir qu'il est à quelques mètres de moi.
Je n'ai d'ailleurs prévenue personne de ce qui c'était passé, même pas ma mère qui doit se faire un sang d'encre. Ça ne m'étonnerait même pas qu'elle appelle la police.
Alors que je me prépare à me coucher pour me reposer, j'entends qu'on frappe à la porte. Je descends les escaliers et trouve le médecin corrompu qui m'a fait entrevoir la liberté.
- Je suis vraiment désolée madame...
Je m'apprête à refermer la porte mais elle se glisse dans la maison avant que je n'y arrive.
- Je vous en prie, rien est perdu. Je peux vous aider à porter plainte et à obtenir un nouveau jugement qui pourrait l'envoyer en prison.
Je la regarde, blasé. Je n'ai pas du tout la tête à ça, encore moins pour l'écouter. C'est à cause d'elle que la procédure a échoué. Pourquoi je lui ferais confiance.
- Je suis fatiguée, laissez-moi en paix.
J'ouvre la porte pour l'inciter à sortir mais elle ne bouge pas. Exaspérée, je claque le battant et vais m'asseoir autour de la table à manger. Elle me suit tranquillement, de peur que je pète un câble.
- Qu'est-ce qui vous fait croire que je vais vous faire confiance ?
- Absolument rien. Mais je m'en veux.
Elle sort un dossier de sa sacoche et le pose sur la table pour l'ouvrir à une page bien précise. Je reconnais l'une de mes échographies, celle de mon deuxième enfant. Il avait plus de trois mois quand j'ai fait la fausse couche.
- Qu'est-ce que je dois comprendre ?
- D'après vos analyses après la fausse couche, le médecin en a déduit qu'elle était dû à des coups répétés à l'abdomen. Vous avez menti au médecin et au psychologue pour protéger votre mari. Je ne sais absolument pas comment, mais le psychologue n'y a vu que du feu. Après trois mois, on déclare que le fœtus est un être vivant, votre mari l'a tué.
- Vous voulez dire que vous voulez le faire plonger pour infanticide ?
Elle acquiesce mais je reste dubitative. Ça ne marchera jamais. Et quand bien même ça marcherait, il trouverait un moyen de sortir de taule pour me pourrir la vie. D'un autre côté, j'obtiendrais le divorce.
- Je suis sûr que ça va marcher.
- Attendez-moi là.
Autant tenter le tout pour le tout. C'est toujours mieux que de se suicider. Je m'habille en vitesse, je prends le temps me brosser les cheveux et redescends mettre des chaussures.
- Allons porter plainte.
Pendant l'interrogatoire, je ne fais que dire pourquoi j'ai menti. Le médecin se charge de la partie médicale pour les preuves. Le policier nous écoute attentivement, ce qui me rassure. Il prend l'affaire au sérieux. Cette histoire date un peu, mais il ne semble pas s'en soucier.
Il nous explique alors que les explications médicales sont flagrantes et qu'elle accuse bien Liam pour meurtre mais que ça ne suffit pas pour expliquer qu'il y a maltraitance. Comme le médecin qui m'accompagne a falsifié les preuves que j'avais venant d'Inde, il faudrait le prendre en flagrant délit.
C'est là que j'arrête de respirer. Il va falloir que j'endure ça encore une fois pour que je puisse enfin être tranquille. Mais une idée me vient. Si on commence le procès, même sans les preuves, il s'en prendra à moi. Il ne peut pas s'en empêcher. Le policier approuve légèrement, lui-même inquiet pour ma sécurité.
- Arrêtez-le, aujourd'hui, et lancer une audience. Proposer-lui un arrangement avec détention provisoire et liberté sous caution.
Ils acquiescent. Je ne peux pas m'empêcher de les suivre jusqu'au travail de Liam. Je reste à l'extérieur le temps qu'il l'attrape et quand il ressorte, je le regarde dans les yeux. Il est fou de rage et c'est exactement l'émotion que je voulais lire sur son visage.
Je rentre aussitôt chez moi où ma mère se précipite dans mes bras. Les jours qui suivent je ne bouge pas de la maison et je ne me déplace même pas pour l'arrangement, n'en ayant pas la force. Ce n'est que lorsqu'on m'informe de sa remise en liberté, que je me réveille.
Je serais surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre, si bien que je reprends ma routine. Le matin je vais courir au parc, je vais faire des courses pour ma mère, je me rends aux éditions pour faire lire mon nouveau chapitre...
Mais les jours passent et pas de Liam en vue. Je ne sais pas s'il prend son temps ou s'il a compris le stratagème. Si bien qu'à force, je ne regarde plus constamment derrière mon épaule, je ne fais plus vraiment attention au temps qui passe et je ne me concentre plus sur ce qui m'entoure. J'en oublie presque les policiers qui me suivent toute la journée.
Mais quelques jours après, alors que je sors pour faire mon footing quotidien, je passe devant un immeuble se trouvant en face d'un bar et c'est là que je le vois. Je reste figée un instant sur son apparence désastreuse. Il n'est pas rasé, ses vêtements sont crasseux et ses cheveux son gras. Il tient à peine de bout et ça m'étonnerait qu'il voit clair. Mais pourtant il me repère et toute son attitude change. Comme si me voir le faisait dessouler d'un coup.
- Toi !
Il hurle dans la rue, d'une voix assurée et forte en me pointant du doigt. Mon corps se réveille et sans commander mes jambes, je fais marche arrière pour déguerpir. J'entends des pas rapides venir vers moi, alors je ne ralentis pas. Mais c'est peine perdue, il a de plus grandes jambes et une très bonne condition physique pour un poivrot.
Il attrape méchamment mon bras et me retourne vers lui. De son autre poigne il attrape mon deuxième bras et me propulse contre le mur derrière moi. Ma tête cogne violement contre la pierre et ma vision se floute. Je reçois ensuite un coup de pied dans le ventre. J'entends ensuite deux policiers venir le plaquer au sol et lui lire ses droits. Liam vocifère des insultes à mon égare mais ça n'a comme effet que de me faire sourire.
- Je l'aurais eu mon ordonnance restrictive, connard.
Une semaine plus tard, je sors du tribunal libre de mes engagements, heureuse d'avoir volontairement envoyé mon alliance à la figure de mon ex-mari et avec une ordonnance lui interdisant de m'approcher à moins de deux cents mètres. Dans la cours, je retrouve Louisa en pleure, Jasmine et Hissan. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils viennent. A vrai dire, depuis mon coup de fils déchirant à Louisa, je n'ai plus donnée de nouvelles.
Hissan ne perd pas de temps et court vers moi pour me prendre dans ses bras. Je le sers fort contre moi, humant son odeur de bois vernis que j'adore, appréciant la chaleur qui émane de lui. Des larmes de joie coulent sur mes joues. Je suis enfin libre de mes sentiments, je peux enfin vivre mon histoire aves cet homme que j'aime.
- Ne me refais plus jamais ça.
- Il fallait que je te protège.
- Ce n'est pas à toi de me protéger, c'est moi qui doit prendre soin de toi.
Je me détache de son corps et pose mes mains de chaque côté de son visage. Je le trouve encore plus beau qu'avant. J'ai l'impression de voir la vie d'une autre façon et pourtant rien à vraiment changer.
- Je t'aime, Hissan.
- Je t'aime beaucoup plus, Aurore.
Je secoue la tête et l'embrasse comme jamais auparavant. Je suis enfin célibataire et prête pour une nouvelle vie avec lui. Je suis prête à découvrir ce que c'est d'être avec une personne qui se souci de nous.
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Bonjour les amis !
Je vous rassure tout de suite : ce n'est pas la fin. L'histoire d'Aurore et Hissan se poursuit avec de nouveaux rebondissements.
J'espère en tout cas que l'histoire vous plaît.
Je trouve que c'est une histoire légère mais lourde de sens. Je ne pense pas qu'elle sera très longue mais elle permet de faire une pause dans les chapitres à rallonge et les histoires à n'en plus finir.
N'hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me poser des questions, j'y réponds.
Bonne lecture à tous.
Aurore😍
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