4. Bad news travels fast

Les mauvaises nouvelles ont tendance à se répandre plus vite que les bonnes

~ Dimanche~

— Non?!

J'étais en train de raconter ma journée d'hier à l'hôpital à ma blonde, Sissi. Son vrai nom, c'était Jessica, mais elle détestait qu'on l'appelle Sissi, alors je l'appelais toujours comme ça quand je voulais l'énerver. Le petit copain exemplaire.

— Je te jure! Elle m'a trimballé dans tout l'hôpital comme si j'étais sa peluche. Elle me présentait à tous ses amis, c'était vraiment drôle.

— Aaww, c'est trop mignon! Faudrait que tu m'emmènes la voir un jour.

— Pas question, tu vas ruiner mon image, rétorquais-je, un sourire en coin.

— Quelle image? S'exclama-t-elle en faisant mine d'être confuse.

— De stagiaire modèle. Tu vas t'arranger pour qu'elle te préfère à moi.

— Moi??! Mais c'est tellement pas mon genre, répliqua-t-elle en battant des cils d'un air absolument pas innocent.

— Ouais, c'est ça, et moi je suis Mickey Mouse, rigolais-je, ce qui me valut un tape sur l'épaule. Alors tu es ma Minnie, rajoutais-je en la prenant dans mes bras par derrière pour la chatouiller.

Elle me suppliait d'arrêter, sur le point de s'étouffer à force de rire et crier. Il faut dire qu'elle était très sensible aux chatouilles, une de ses faiblesses et de ses charmes. Elle se débattait tant bien que mal en riant et quand elle fut à bout de souffle, j'acceptais de mettre fin à cette torture.

— Tu peux être tellement chou quand tu t'y mets! Me taquina-t-elle une fois son souffle repris. Dommage que tu t'y mets pas souvent.

Je lui tirais langue, mais avant que je ne puisse répliquer, Madame Valence m'interpella.

— Mathias, téléphone, c'est pour toi, cria la mère de Jessica de la cuisine.

En fronçant les sourcils parce que je ne voyais pas trop qui pourrait bien m'appeler, surtout qu'il aurait fallu qu'il sache que j'étais chez Jess, je me dirigeais vers la mère de cette dernière. Et puis, si c'était un de mes amis, il m'aurait sûrement appelé directement sur mon cellulaire. Qu'elle ne fut pas ma surprise d'entendre la voix de ma mère à l'autre du bout du combiné que me tendait la mère de Jess. C'était bizarre, d'habitude elle m'appelait sur mon cellulaire. Et puis, elle savait que j'étais chez Jess alors ce n'était pas comme si j'avais fugué. Je ne voyais vraiment pas trop ce qu'elle avait de si urgent à me dire.

— Allo maman! Hun Hun... D'accord... Mais... Okay... Oui, j'ai compris... Oui, bon. Ok. À tantôt, dis-je avant de raccrocher.

Mes conversations téléphoniques avec ma mère se déroulaient souvent comme ça parce qu'elle ne me laissait jamais le temps de répondre, sauf que cette fois-ci elle avait l'air plutôt tendue, ce qui n'était pas du tout son genre.

— Qu'est-ce qu'elle voulait? demanda Jessica aussitôt que j'eus déposé le téléphone.

— Oh, il faut que je rentre chez moi, répondis-je d'un air distrait, perdu dans mes pensées.

— Pourquoi?

— Bonne question, Watson, répondis-je de nouveau en haussant les épaules, j'imagine qu'il faut que je rentre pour le savoir.

— Tu veux que je te raccompagne? proposa-t-elle.

— Non, m'empressais-je de dire avant de reprendre plus gentiment, ça va aller, merci.

Ma mère avait insisté pour que je rentre seul. Je ne savais pas trop pourquoi, mais l'urgence dans sa voix m'avait dissuadé de poser de questions. De toute façon, ça m'aurait étonné qu'elle y réponde vu à quel point elle semblait trop pressée pour même me laisser dire plus que des monosyllabes.

— Je veux tous les détails demain, oki?

— Ça dépend si t'es sage, dis-je en lui ébouriffant les cheveux comme à un enfant. Bon, j'y vais avant que ma mère appelle la police, à demain ma belle.

Je déposais un baiser sur son front et sortis. Aussitôt eus-je franchi la porte que déjà je regrettais de ne pas avoir pris une veste plus chaude. Malgré le froid mordant qui passait à travers mes vêtements, je marchais assez vite pour avoir un peu chaud. Je dois dire que ce coup de fil inusit avait piqué ma curiosité.

Quand j'entrais chez moi, la seule lumière d'allumée était celle du salon, donnant un air sinistre à l'endroit où ma mère buvait du café. Voyant cela, je fronçais des sourcils, comprenant que quelque chose n'allait pas. Ma mère ne buvait jamais, au grand jamais de café sauf quand quelque chose la tracassait. Elle détestait le café, alors je n'avais jamais compris pourquoi elle faisait ça, mais les adultes ne sont pas reconnus pour leur logique, oh ça non.

— J'imagine que tu te demandes pourquoi je t'ai appelée, dit-elle pendant que je m'asseyais.

J'hochais simplement la tête.

— La mère de Jessica m'a appelée et m'a demandé de te faire venir ici parce qu'elle avait quelque chose de très important à lui dire, expliqua ma mère en semblant chercher ses mots.

— Mais elle aurait pu choisir un autre jour, non?

— Elle s'est dit que Jess serait de meilleure humeur et donc plus apte à avaler la nouvelle si elle passait la soirée avec toi avant.

Donc, ce n'était pas une bonne nouvelle.

— Il fallait vraiment me faire partir?

— Je ne sais pas, j'imagine que ce sont des histoires de famille.

De famille, je veux bien, Mais Jess risquait de toute façon de men faire part plus tard, alors ce serait revenu au même.

- Elle a dit que c'était vraiment important et...

— Important dans quel sens? La coupais-je.

— Ce n'est pas à moi de t'en parler. Je veux juste que tu prennes soin d'elle, elle risque de prendre tout un choc, la pauvre.

Donc elle s'inquiétait pour Jessica, ça j'avais compris, mais pourquoi, je ne voyais toujours pas. Qu'est-ce qui pouvait arriver de si grave?

— Maman, je comprend rien de ce que tu dis! On dirait une énigme.

— Écoute, si Jess veut t'en parler, elle le fera. Sa mère voulait l'informer aujourd'hui, alors il...

— Mais pourquoi aujourd'hui exactement?

Elle déposa sa tasse de café, visiblement agacée.

— Je te l'ai déjà dit. Réfléchis, si je devais t'apprendre une mauvaise nouvelle, je te la dirais après une grosse journée d'école ou après que tu es passé du temps avec Jess?

Je ne répondis rien à cette question réthorique, car la réponse était assez évidente.

— Je voulais juste te prévenir pour que tu sois pas surpris.

— D'accord. Merci, je crois?

Je me levai encore confus et me dirigeai ps vers ma chambre à l'étage supérieur.

— Mathias, surtout ne laisse pas cette histoire te perturber, l'entendis-je murmurer alors que je montais les escaliers.

Donc elle s'inquiétait pour moi aussi. J'imagine que ça faisait du sens vu que si Jessica était affectée, je risquais de l'être aussi. C'était mieux de juste appeler Jess pour qu'elle m'explique ce qui se passe, comme ça j'étais fixé une bonne fois pour toute.

Jessica Georges n'est pas disponible. Au signal, veuillez laisser votre message. Biiiiip.

Super. Je raccrochais. C'était bizarre, elle avait toujours son cell sur elle pourtant. Je lui envoyais un message, mais elle ne le lut ni n'y répondit.

Après tout ce que ma mère venait de me dire, je commençais à m'inquiéter et le fait que Jess ne réponde pas n'avait rien de rassurant. Super, exactement ce dont j'avais besoin pour bien dormir.

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