Il y aura quelques changements de temps (futur et passé)
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"Le malheur de l'avoir perdue ne doit faire oublier le bonheur de l'avoir connue"

Daisy me tenait fermement la main, comme si elle avait peur de me perdre aussi. Elle avait l'air vieillie de plusieurs années dans sa robe noire comme l'ambiance qui régnait dans la place. Ses cheveux étaient coiffés «comme ceux des grandes dames», chose qu'elle avait demandé et que Jess s'était fait un plaisir faire.

Devant, sur l'estrade, un homme vêtu entièrement de noir récitait un texte empreint d'autant de tristesse que son visage. Il devait avoir dans la cinquantaine, mais des rides parsemant son visage ici et là lui donnait un air plus vieux.

— Ton départ est le début d'une nouvelle vie dans un autre monde... Nous...

J'entendis quelques reniflements, et n'eut pas à me retourner pour savoir de qu'il s'agissait.
Steph.
Fermant les yeux, je revis cette scène cauchemardesque qui semblait me hanter jour et nuit.

— C'est bon, j'ai déposé Daisy et... Mais qu'est-ce que...

Steph s'arrêta en voyant nos mines déconfites et les larmes de Jess, confus. Puis, il la vit. Ce fut comme un choc, et il courut vers elle, ne pouvant croire que c'était vraiment en train d'arriver.

— S'il vous plaît, dites-moi qu'elle dort, plaida-t-il au docteur, s'il vous plaît.

Il cherchait un pouls qui n'était plus là, taraient un corps froid. Il savait la vérité, Mais l'entendre de la voix grave du docteur finit de l'achever. Elle ne dormait pas.

Il se mît à pleurer, lui qui pleurait aussi rarement que Gwen, et secoua le corps froid avec vivacité, comme pour tenter de le ranimer. Puis, impuissant, il déposa un baiser sur ses lèvres bleutés, avant de murmurer pour lui-même qu'elles étaient froides et de retomber en sanglots devant nous, spectateurs d'une scène qui pinçait le coeur. Si seulement un baiser était aussi magique que dans les contes de fées.

— Pourquoi il dit qu'elle va aller à un autre monde? me demanda Daisy en me fixant de ses grands yeux innocents.

Elle n'avait pas compris la moitié du discours funèbre de son père, mais cette phrase avait attiré son attention.
Personne n'avait eu la force de lui annoncer la triste nouvelle. On lui avait simplement dit qu'une fête serait organisée pour Evelyn, et elle nous avait suivie sans trop de questions, simplement heureuse d'être coiffée et vêtue à la manière d'une princesse.

Je la regardai, interdit, ne sachant pas quoi lui répondre sans risquer de briser son coeur. Puis, je sentis quelqu'un à ma droite me tapoter l'épaule. Jess. Elle me chuchota quelque chose à l'oreille, et je la remerciai d'un sourire. Sa mémoire serait encore une fois grandement utile.

— Tu te souviens qu'Eve t'as dit que ta mère était une princesse dans le ciel?

Daisy hochai la tête, les yeux toujours grands ouverts.

— Hé bien, hésitais-je, Ève va la rejoindre pour devenir aussi une princesse du ciel.

Elle pencha légèrement sa tête sur le côté, des étoiles dans les yeux. Elle me croyait. Le côté imaginé et naïf des enfants me laissait complètement sans mot, mais au moins ça me sortait de l'embarras.

— Ils lui ont mis une belle robe et lui ont fait une belle coiffure. Et cette fête, c'est pour célébrer sa future vie dans le ciel.

— Vraiment? S'exclama Daisy gaiment, alors elle va être avec maman. Mais, elle est où alors?

La question qui tue.

— Elle... Elle est là, murmurai-je quand un homme amena un cercueil à l'avant.

— Elle dort?

Elle était trop petite pour bien voir et sautillant sur place pour avoir une meilleure vue.

— Oui c'est...le lit des princesses du ciel, déclarais-je sans grande conviction. Daisy!!

Elle avait lâché ma main et s'était précipitée vers l'avant. Elle voulait voir Evelyn dans sa belle robe, avec sa magnifique coiffure. Elle courait vite, et m'ayant pris par surprise, avait une longueur d'avance sur moi. Quand j'arrivais finalement à sa hauteur, le mal était déjà fait. Elle l'avait vue. Et elle pleurait.

— Daisy...murmurais-je en m'accroupissant près d'elle.

Tout de suite, elle se précipita dans mes bras.

— Elle...elle va me manquer, geignit-elle en sanglotant.

Les larmes coulaient à flots et ça me remuait de voir ce petit visage d'ange tâché par les pleurs.  Je la serrai dans mes bras.

— À moi aussi, ma belle, chuchotais-je, à moi aussi.

Le père avait arrêté son discours, et plus personne ne disait un mot. Seul les sanglots de Daisy étaient perceptibles dans le silence mortel qui s'était installé. Nous fumes bientôt rejoint par Jess, Gwen et Steph dans un câlin de groupe, avant que tout le reste des invités les suivent.

Tous, sauf le père. Un homme des plus horripilants, laissez-moi vous dire. Quand on lui avait annoncé la mort de sa fille par téléphone, il avait lancé des injures avant d'accuser Daisy d'avoir tué la mère puis la fille alors qu'elle n'y était pour rien. Alors quand Daisy eut enfin la permission de quitter l'hôpital, tout y retournant chaque semaine pour être  examinée, je persuadais mes parents de l'adopter. En leur exposant les motifs qui motivaient cette demande, ils durent me donner raison. Daisy risquait d'être malheureuse avec ce père qui ne l'aimait pas. C'était simple, c'était possible, et avec une mère avocate, ce fut rapide. Le père ayant violé plusieurs lois du droit des enfants, Daisy lui fut retirée. À mon plus grand bonheur. Et au sien également. Elle avait toujours cherché l'approbation de son père sans jamais la trouver, et maintenant, elle serait enfin libre et heureuse. J'avais une petite soeur, c'était comme gagner le gros lot.

Quelques semaines plus tard, je reçus un appel de l'hôpital. Ils avaient trouvé une lettre écrite par Eve avant de mourir qui m'était apparement destinée.

C'était la lettre qui manquait. La dernière du chapitre.

Pour Mathias Edmonton,
Voici la dernière lettre, j'imagine que tu l'attendais ;) Quand je t'ai rencontré pour la première fois dans le bus, il ne me restait qu'environ quatre mois à vivre. Quand ma mère est morte en accouchant, les médecins ont diagnostiqué sa mucoviscidose. Mais c'était trop tard. Ils m'ont alors examinés, comme c'est une maladie génétique, et les résultats étaient désastreux. J'étais affectée, et ce, depuis ma naissance sans le savoir. Être enfermée à l'hôpital comme Daisy n'aurait servi à rien. La maladie avait eu le temps de se développer, et j'étais un cas perdu d'avance. Mais pas Daisy. Elle a hérité des gènes de mucoviscidose, mais comme elle est traité depuis qu'elle est née, elle vivra plus longtemps que moi. Ma date de mort est fixée depuis que j'ai été diagnostiquée. Je n'allais plus à l'école, ne sortait que pour rendre visite à Daisy. Et quand je t'ai vu, toi qui prenais soin de ma soeur, j'ai eu envie de tout raconter à quelqu'un. Je voulais que quelqu'un sache mon histoire, que quelqu'un l'a raconte. Je veux que mon histoire inspire d'autres personnes, qu'au moindre symptôme inquiétant ils se fassent examiner pour ne pas laisser dans leur corps une maladie destructrice qui aurait pu être sauvé. Dit a Steph que je suis désolée pour tout, et que si je n'avais pas été en phase terminale j'aurai été contente d'en apprendre plus sur lui. Mes excuses à j'essaye pour mon comportement, et pour Daisy, prends bien soin d'elle.
Je te fais confiance Matt,
Merci pour tout,
Eve.

— Mathias, pourquoi tu pleures? Demanda Daisy en entrant sans crier garde dans ma chambre, me sortent de mes pensées.

Surpris, je repliais brusquement la lettre, et lui fis face. Ses cheveux enflammés, ses yeux brumeux plein de mystère. Quand elle me regardais, je voyais...je voyais Evelyn.

— Rien, juste une poussière dans l'œil, mentis-je en souriant.

Elle fronça les sourcils, haussa les épaules.

— Maman te dit que le dîner est prêt.

Et elle sortit. Je souris. Elle s'était déjà habituée au fait que nous étions sa nouvelle famille.

Je ne laisserai rien lui arriver de mal. Je dédoublais mes efforts pour devenir médecin le plus rapidement possible. Je voulais trouver des remèdes contre les maladies. La mucoviscidose. Parce que si la mort d'Eve avait convaincu Steph de laisser tomber son futur de cardiologue, elle n'avait dans mon cas fait que renforcer mon désir d'être médecin, pour sauver plus de vies.

Et surtout, je fis ce qu'Eve m'avait demandé. J'écris un livre pour que chacun sache son histoire.

Ce livre.

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C'est finiiii!! Triste et joyeux en même temps.

Merci à tous ceux qui ont pris le temps de lire, ceux qui ont pris le temps de laisser des commentaires aussi drôles qu'encourageants :)

Encore merciiiiiii et peut être à bientôt, qui sait? ;)

~G.F.

Decembre 2015-Janvier 2016