21. Conflits

"Tu ne peux pas ouvrir un nouveau chapitre si tu continues à relire le précédent."

~ Vendredi~

— Regardez, mon sol est en bois!!

— Oui, et alors?

— Ça fait longtemps que je l'ai vu, avec tous mes habits qui traînent par terre, s'esclaffa Jessica. La dernière fois que ma chambre a été aussi propre, c'est quand on a emménagé ici.

Pour vous donner une idée, elle avait emménagé au Québec à l'âge de douze ans, et malgré qu'elle était anglophone, ayant grandi à Vancouver, son français était impeccable. D'accord, d'accord, elle avait peut-être pris des cours de français avant de déménager pour accélérer le processus d'apprentissage pour ne pas prendre de retard au niveau scolaire. Peut-être.

Après une heure et demi, le fruit de notre travail commençait à se voir. Le chambre en désordre de Jess se vidait de plus en plus, et plus aucun vêtement ne jonchait sur le sol, à sa grande tristesse. Une chambre en ordre veut dire une chambre inhabitée, qu'elle disait.

— Je mets ça où? hurla Steph alors que Jess n'était qu'à quelques mètres de lui.

— Dans le carton rose, répondit-elle en posant les vêtements qu'elle tenait dans un carton vert.

Le rose était celui qu'elle apporterait chez sa mère, le vert, chez son père biologique. Et le reste resterait là, chez son beau-père.

— Et ça? S'écria Steph une nouvelle fois, une veste de cuir à la main.

— Heu...

Jess abandonna le vêtement qu'elle pliait sur son bureau et se rapprocha de Steph, qui lui avait pour table de travail le lit.

— J'avais oublié que cette veste existait, s'exclama-t-elle amusée, bien que légèrement confuse.

— T'as qu'à me la donner, tu économiseras de l'espace dans tes cartons.

Jess haussa les épaules et lui lança la veste en pleine face.

— Attend, tu me le donnes sérieusement? S'étonna-t-elle.

Un sourire en coin, Jess haussa de nouveau les épaules, laissant Gwen confuse pendant quelques secondes. Puis elle haussa les épaules à son tour, se disant qu'un cadeau ne se refusait pas, surtout qu'elle trouvait la veste réellement de son goût.

Nous étions venus donner un coup de main à Jess directement après les cours pour que ça aille plus vite, mais je commence à penser qu'elle se serait mieux débrouiller sans nous. On travaillait tout en dansant au rythme de la musique mise par Gwen, et question vitesse, on a vu mieux.

— Grouillez-vous, le camion de déménagement part dans trois heures et avec cette vitesse d'escargot, on sera là pour voir les premiers camps de vacances sur Mars, lança Gwen.

— Je dis ça comme ça, mais sûrement que si tu nous aidais ça irait plus vite, hein.

— Sûrement.

Vous voyez, quand directement après l'école, vous forcez Gwen à faire du rangement, disons qu'elle risque de vous le faire payer. Elle disparut de la pièce sans que personne ne l'en empêche, et quand elle revint, une arôme sucrée et salée enveloppa la pièce. Deux boîtes de pizza dans la main gauche et un paquet de TimBits (média) dans la droite, elle était plus que souriante, contrairement à tout à l'heure. La question n'était pas quand est-ce qu'elle avait commandé ça, mais plutôt si les deux boîtes de pizza suffiront à nourrir les ados en pleine croissance que nous étions.

— Qui est pour une pause pizza?

Si seulement les questions d'examen avaient l'air de ça! Tout à coup, l'atmosphère de la pièce changea, et pour le mieux. La fatigue due à la répétition des mouvements fut remplacée par le plaisir d'être réunis autour d'une bonne pizza.

— [...] Et là je lui ai dis que s'il ne la laissait pas tranquille, je m'assurerai personnellement à ce que ses funérailles soient inoubliables, et sa mort, lente et douloureuse.

— Sauvage la meuf, rigola Steph. Sérieusement, on ferait une sacré bonne équipe.

Gwen leva les yeux au ciel tout en soupirant, avant de changer le sujet, ce qui fit grimacer Steph. Il m'avait avoué en avoir assez que Gwen refuse de lui pardonner le geste qu'il avait commis un an auparavant. L'orgueil et Gwen, des âmes sœurs, vous n'avez pas idée à quel point.

— Alors, Jess, t'as déjà vu la nouvelle maison de ta mère?

Silencieuse depuis que nous étions arrivés chez son père, Jess sembla renouer avec la réalité.

— Non, mais elle m'a dit que si je ne l'aime pas, je n'aurais qu'à passer mes journée dans ma chambre, rigola-t-elle avant d'ouvrir grand les yeux, comme si elle venait de se rappeler de quelque chose. Elle se mît debout et descendit en vitesse, sans explication.

— Elle fabrique quoi encore?

J'haussai les épaules. Ce n'était pas comme si elle allait se perdre dans sa propre maison quand même, mais j'allai quand même voir quelle était l'urgence qui l'aurait poussé à faire ça.

— Jess, tout va bien?

Elle était penchée et sortait quelque chose du four. Ça sentait le cramé, mais il n'y avait de feu nul part alors sûrement qu'appeler les pompiers ne serait pas nécessaire.

— Merde, il a brûlé.

Je réprimai mon rire parce qu'elle l'aurait sûrement mal pris, mais je crois quand dans sa carrière de grande chef pâtissière, Jess avait brûlé plus de gâteaux qu'elle n'en avait mangés. Et laissez-moi préciser qu'elle avait la dent sucrée et pas qu'un peu.

Sentant ma présence, elle se retourna et fronça les sourcils en voyant le large sourire que j'avais du mal à cacher.

— Je vois pas ce qu'il y a de drôle.

— Mais qui a dit que je trouve ça drôle? Demandai-je, sentant mon sourire s'agrandirent encore plus. Jamais je n'oserais rire de la chef que tu es.

— Pff, tu parles beaucoup, mais je ne t'ai jamais vu cuisiner.

— Vraiment? Tu n'as jamais gouté à un de mes chefs d'œuvre? Fis-je d'un air choqué.

—Jamais, dit-elle en se rapprochant de moi jusqu'à ce nos nez se frôlent.

Puis, un sourire malicieux collé au visage, elle s'empara de mes mains.

— Mais je suis sûre que tu vas arranger ça en m'invitant souper chez toi demain, n'est-ce pas?

Elle me défia du visage avant de se diriger vers la chambre sans attendre ma réponse. Je déglutis avant de la suivre. À moins qu'elle n'accepte de manger de la salade sans assaisonnement, comme une vache, je risquais de perdre la face. J'allais devoir me trouver un professeur de cuisine, et vite.

— Écoute bordel, ça sert à rien d'insister!!

Nous étions devant la porte de sa chambre, et alors qu'elle allait tourner la poignée, des cris retentirent de l'autre côté.

— Si ça sert à quelque chose! Faudrait quand même que je m'entende avec la meilleure amie de la copine de mon meilleur ami!

— Bah ça, fallait y penser avant aussi!

Les voix haussaient de plus en plus. Mon regard croisa celui de Jess et elle secoua la tête. Il fallait que ça arrive d'un jour à l'autre.

— Combien de temps avant qu'ils ne s'entretuent?

— Vingt minutes, mais j'ai pas trop envie d'enterrer des gens aujourd'hui.

— Pareil, alors on y va?

D'un même accord, nous fîmes notre entrée grandiose dans la chambre, et comme je l'aurai prédis, il n'y eu plus aucun bruit. J'eus un sourire en coin. Ils ne pensaient quand même pas garder ce stratagème encore longtemps, faire semblant de s'entendre quand nous étions dans les parages,si? Nous n'étions pas assez dupe pour se laisser berner, surtout avec des talents d'acteurs aussi nuls.

— Okayyy tout le monde, on prend une grande respiration et on va régler ce problème de manière pacifique, criais-je comme un professeur au primaire. Vous allez parler au "Je" et dire comment vous vous sentez, d'accord les amis?

Ils me fixaient d'un air incrédule, tous sauf Jess qui essayait de ne pas éclater de rire devant le ton j'employais. Sauf que si je leur parlais comme je parlerais à des enfants, mon regard était assez sévère pour qu'il comprenne que je ne rigolais qu'à moitié.

Parole de Mathias Edmonton, tant que nous n'irons pas au jusqu'au bout de cette histoire et qu'ils ne feront la paix, personne ne sortirait de cette chambre.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top