14. Runaway

"Fuir tes problèmes est une course que tu ne gagneras jamais"

~Dimanche~

Steph vivait chez moi cette semaine parce que ses parents étaient en voyage de noce. Il me racontait son stage, et de ce qu'il me disait il l'avait grandement apprécié.

— Que veux tu, j'y peux rien si même le destin fait du favoritisme, plaisanta-t-il avec toute l'humilité dont il était capable, c'est à dire aucune.

S'étant inscrit hier, il avait pu commencer son stage aujourd'hui, plus tôt dans la journée. Évidemment, la personne avec qu'il faisait son stage était super sympathique, une madame dans la trentaine qui, allez savoir pourquoi, avait toujours des bonbons sur elle. Comme elle était cardiologue et que Steph rêvait de l'être, ils s'entendaient assez bien, surtout que pour une fois, Steph avait décidé d'avoir un comportement exemplaire. On ne sait jamais, c'est peut-être ma future employeuse, qu'il disait.

— Ah, au fait je t'ai pas encore raconté pour Evelyn... Tiens, tu m'écoutes maintenant? Ricana-t-il. Donc, figures toi que c'est elle qui est venue me parler, pas le contraire.

— Mais...

— Mathias Edmonton, on n'interrompt pas le conteur voyons. Donc, comme je disais, je suis rentré dans l'hôpital pour m'inscrire. Je passe devant le café et j'entends une personne qui rit, mais je n'y fais pas trop attention jusqu'à ce que cette personne dise, "C'est vrai que tes cheveux sont aussi roux que les miens, Steph" dit-il avec une mauvaise imitation de la voix d'Evelyn.

— Et...

Il me lança un regard sévère. Ne pas interrompre le conteur, j'avais oublié.

— Alors je me retourne vers la voix et c'est là que je la vois. Tout de suite, je me dis que c'est peut-être ton fantasme roux, alors je commande un café pour avoir une raison de rester parler avec elle. Direct, je lui demande d'où elle tient mon nom et elle rigole sans me répondre. Elle ne faisait que ça en fait, esquiver mes réponses en riant. J'ai juste appris une chose, mais je crois que c'est une très bonne piste. Elle vient visiter sa soeur samedi et dimanche, mais elle a décidé de ne venir que le dimanche.

Effectivement, c'était la soeur de Daisy. Sûrement que la petite lui racontait ce que je lui disais, et que c'était de là qu'elle tenait le nom de Steph. Maintenant que j'y pensai, le jour où je l'avais vue pour la première fois, elle n'avait pas eu besoin de lire l'étiquette pour savoir mon nom, elle le connaissait déjà. Deux mystères de résolus, plus que quatre-vingt-dix-huit autres.

— Tu lui as demandé pourquoi?

— Évidemment! Je lui ai même demandé si elle a aussi la mucoviscidose, elle ne m'a pas répondu, elle a rit, souffla-t-il, désespéré par son étrange comportement rien qu'en y repensant.

— T'as passé quoi, une heure et demi avec elle, plus le dimanche et t'as juste découvert que c'était la soeur de Daisy?

Il haussa des épaules, complètement blasé.

— Elle répondait à aucune de mes questions je te dis, elle riait tout le temps. En plus, je l'ai pas vue aujourd'hui, je suis allé directement avec la cardiologie.

— Au moins elle vient tous les dimanche, tu pourras lui reparler.

— Je...

DRIIIIING!!

Il fut interrompu par la sonnerie de mon cellulaire. Je lis en fronçant les sourcils le nom de la mère de Jess, ne voyant pas trop pourquoi elle m'appellerait, surtout que je n'avais pas vu sa fille de la journée.

— Oui, allo?

Son ton se voulait posé mais sa voix tremblait, et ça n'augurait rien de bon.

— Oui, mais vous ça n'a pas l'air d'aller.

— Met le haut parleur, chuchota Steph sans grande discrétion, curieux de nature.

Je fis comme il dit et attendis que Mme.Valence continue.

— Ça pourrait aller mieux. Dis, est-ce que Jessica est avec toi?

— Non, pourquoi, il y a un problème?

Sa voix chevrotante était légèrement inquiétante.

— Disons qu'on s'est disputées et...

Elle cherchait des informations dans une chambre qui n'était pas sienne et pourtant, elle ne se sentait aucunement coupable. Voler à un voleur était-il un crime?

— Jess, tu fais quoi ici?!

Sa mère était entrée sans toquer, silencieusement. Elle l'a regardait, visiblement ahurie, ne s'étant pas attendu à la retrouver là, mais pas surprise de l'y voir non plus. Elle s'y attendait, aurait dû faire quelque chose pour empêcher que ce moment ne se produise. Et là, il était trop tard.

— Ce que j'aurai dû faire depuis longtemps.

Jessica ne la regardait pas, essayant juste de contrôler la colère qu'elle sentait monter en elle.

— De quoi tu...

— Ne joue pas à l'innocente! Comment t'as pu me cacher tout ce temps qui était mon vrai père? Cracha-t-elle hors d'elle. À quoi bon être psychologue si c'est pour écouter les problèmes de tout le monde sauf de ta propre fille?

— Pour l'amour du ciel vous ne pouvez pas faire moins de bruit, il se passe quoi encore?

Le père venait d'arriver. Au mauvais moment, il avait dit la mauvaise chose. La goutte d'eau qui fit déborder le vase, le brisa en milles morceaux.

— Il se passe que je suis pas ta fille alors t'as aucun droit de me crier dessus!!

Le père mît quelques temps avant de comprendre la pleine signification de ce qu'elle venait de dire. Si le rire était contagieux, la colère l'était également, car il haussa lui aussi la voix.

— Elle le sait? Franchement Rosalie, tu lui as quand même pas dit?

— Non, je...

— T'inquiètes pas, imposteur, elle m'a menti jusqu'au bout. Vous m'avez menti. Il faut toujours dire la vérité, que vous me répétez depuis que je suis petite. Mais quels parents exemplaires, hein! Parent de merde oui!!!

Elle criait maintenant et des larmes coulaient le long de ses joues, mais elle ne fit rien pour les essuyer.

— Jessica, écoute...

— Écouter quoi? Tes stupides mensonges?!? Parce que t'en as d'autres des comme ça?

— Ne parle pas à ta mère sur ce ton!

— Oh toi ça va! T'es pas mon père, tu l'as jamais été, tu le seras jamais.

— Jessica!

— Bah vas-y, crie moi dessus. Après tout c'est vrai, tout est de ma faute, je suis qu'une petite ado écervelée qui comprend rien à la vie pas vrai? Juste une p*tain d'ado en crise, c'est ça? Vous savez elle vous dit quoi l'ado? Rien. Parce que des fois, le silence ça paye. Beaucoup plus que des mensonges en tout cas.

Et sur ce, en furie, elle monta les escaliers et claqua la porte de sa chambre.

— Bravo, t'as eu ce que tu voulais, lâcha le père.

— Oh, toi commence pas, c'est aussi de ta faute!

— Ma faute?! C'est toi qui...

C'en était trop. Ils pensaient peut-être parler à voix basses, mais elle les entendait encore. Il fallait qu'elle sorte parce qu'elle étouffait dans cette atmosphère. Elle avait besoin de prendre l'air.

— Mais fermez-là bordel!! Je m'en vais, vous aurez plus à vous disputez à cause de moi. Le mouton noir s'en va, maintenant fermez-là vous voulez? Détestez-vous en paix et fichez moi la paix.

Elle sortit en furie et les parents ne l'en empêchèrent guère. Ne pas jouer avec le feu, Elle se calmerait et reviendrait. Mais cinq heures plus tard, toujours rien.

— ...Et ça fait deux heures qu'on l'a cherche, et elle ne répond pas à ses messages. Elle n'est pas chez Gwen non plus, soupira la mère de Jess. Et comme tu l'as connais bien, je me suis dit que peut-être que...

Elle n'eut pas besoin de finir sa phrase, je savais ce qu'elle allait dire, et j'avais la réponse à sa question.

— Je crois que je sais où elle est, mais vous allez devoir collaborer.

...

— C'est ici? demandais-je à la mère de Jess, et elle hocha la tête d'un air grave avant de prendre une grosse inspiration et de sonner à la porte.

Nous attendimes des minutes qui parurent durer des heures, et un petit garçon de peut-être six ans vint nous ouvrir.
Tiens, il n'était pas encore couché? Il devait être aux alentours de vingt-deux heures pourtant, à moins qu'il n'est congé demain.

— Papa, il y a deux madames et deux monsieurs à la porte, cria-t-il.

— Voyons, Damien, je t'ai déjà dit de ne pas ouvrir la porte aux inconnus, dit une voix grave qui s'approchait de nous.

Bientôt, je vis à qui elle appartenait, soit à un homme dans la fin quarantaine sûrement, qui dégageait quelque chose de chaleureux, qui donnait envie de lui parler. Tout de suite, je vis la ressemblance frappante entre lui et Jess. Ils avaient les mêmes traits, et si elle ressemblait à sa mère, elle était la copie conforme de son père, à un tel point que c'en était chocant. Son regard bleu fumé s'attardât sur chacun de nous et son sourire disparut en se posant sur Mme.Valence. Il fronça les sourcils et Rosalie, la mère de Jess, détourna les yeux et fixa ses souliers devenus comme par magie des pièces d'art.

On était bel et bien chez la bonne personne, et apparemment, Jess n'y était pas. Mauvaise pioche.

— Entrez, articula-t-il lentement, comme s'il avait peur de le regretter plus tard.

Tout semblait soudainement aller au ralenti, nous entrâmes et il nous dit de nous assoir au salon, qu'on fasse comme chez nous, qu'il allait nous faire du chocolat chaud.

— C'est qui eux, papa? Demanda le garçon qui nous avait ouvert la porte plus tôt.

— Demande leur, répondit le père en souriant légèrement.

Le prenant à la lettre, le garçon s'avança vers moi.

— Moi, dit-il en se pointant, je m'appelle Damien, et toi? Demanda-t-il en touchant le bout mon nez, toi t'es qui?

Pour son âge, il parlait avec l'assurance de quelqu'un qui savait ce qu'il voulait et ferait tout pour l'obtenir.

— Moi c'est Mathias, et toi? Plaisantai-je en touchant à mon tour le bout de son nez.

— Da-mi-en! Reprit-il en détachent chaque syllabe, croyant que je ne l'avais pas entendu la première fois.

Pendant qu'il faisait la tournée des noms, je sentis mon téléphone vibrer. Un nouveau message...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top