Prélude #5

Un pas : une mouche. Un autre pas ? Une autre mouche.
   Voilà qu'à chacun de mes pas légers, ces insectes volants rejoignaient le nuage qui commençait à se former autour de moi. Les personnes me voyant passer devant elles me dévisageaient lourdement avant de détourner le regard, terrifiés ou dégoûtés. En quoi la mouche pouvait-elle les répugner à ce point ?
    Les autres âmes n'avaient rien à craindre de moi ainsi. Je n'étais pas pas la Majesté des Mouches tout de même, je n'étais même pas de la noblesse : juste un simple chevalier. Je servais les mouches et elles me servaient, une relation de confiance entre nous tous.

   Avec toutes ces mouches qui voletaient vers moi, je n'arrivais presque plus à marcher correctement. Je sentais bon et n'avait aucun problème contre l'hygiène : ces insectes volants étaient simplement attirés par moi. Mais par chance aussi, à chaque moment où je ne peux plus, ni voir ni marcher correctement, ces parasites volent toutes vers la même direction : mes cornes.

   Des cornes d'un rouge sang, qui semblaient faire planer une ambiance macabre partout où je posais les pieds, comme si leur voleur était dûe au sang des passants.
   Parfois les mouches se cachaient dans mes cheveux non coiffés d'ébène, un endroit où nul ne les remarquait. Quoi qu'il en soit, si ces mouches n'aimaient pas la personne qui les dévisageaient, elles se hâtaient alors de voler aussi vite que possible et de faire alors, pour un court moment cependant, la misère à la vie de cet innocent juge. Mais il était rare que les insectes aillent à ce point-ci, la moitié des élèves inscrits dans cette étrange école les respectaient. Les beaux et blonds élèves se sentaient au dessus, ils se sentaient pousser des ailes plus grandes que celles des sales insectes, qui étaient mes seuls compagnons.

   Je marchai le long du couloir, frôlant de mes longs ongles noirs le métal des casiers et produisant un certain bruit que certains trouveraient strident et désagréable, que je trouvais alors plaisant. Véritable terreur que j'étais parmi mes semblables. Et j'en étais fier, si fier que je me prenais en véritable prince dans les couloirs de cet établissement, ou plutôt j'avais accepté ce titre. On murmurait mon nom, accompagné alors de ce titre : prince. Mais ce n'était pas pour autant moi qui faisait la loi ici, même si j'avais une certaine notoriété, Michel et Lucifer étaient deux monarques et tous ici étions leurs sujets, y compris moi.

   Mon doigt s'arrêta dans le vide, j'avais atteint la fin de la rangée des casiers et ce bruit si agréable avait cessé d'être. Je regardais autour de moi et vit alors tous les êtres présents ici souffler de soulagement. Un véritable tyran.
   - Belzébuth, fit une voix derrière moi.

   Pas besoin de me retourner pour savoir qui était-ce. Juste le ton me permettait de savoir qu'elle appartenait à ces maudits blondinet bouclés et joufflus qui se croient tout permis. Et qu'est-ce qu'ils pouvaient m'éxaspérer. Sans attendre une seconde plus, je fis un grand pas et parti autre part, bien loin de cet arrogant petit ange. Le meilleur refuge étant le sous-sol. Les salles de classes n'étaient jamais utilisées, et aucun personnel n'osait s'y aventurer. La raison : les blondins nous empêchait d'aller dans les plus hauts étages et laissait cet endroit miteux comme refuge pour nous, les persécutés. Ici, seule ma loi était admise. Et tout le monde savait que l'anarchie était ma raison de vivre. Je l'ai déjà dit : je suis un chevalier, pas un seigneur.

   Je descendis les escaliers, arriva au fameux sous-sol et m'engouffra dans les premières toilettes venues. Je m'y vis, et vis et surtout la si grande différence entre eux et moi. Mes longues cornes de bélier, noires, mes longs ongles noirs, mes cheveux de jaix et une peau rouge, rouge éclatant. J'étais grand et fort, ma veste en cuir semblait donner son dernier souffle face à ma musculature.
   En me regardant, je ne voyais qu'un monstre venant d'un autre monde.

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