Prélude #1

Je la pris par la tige que je coupa sec, ramenant la jolie fleur sous mon nez, laissant mes narines humer le délicat parfum qui s'y dégageait.
   C'était un joli chemin de pierides blancs. Le soleil tapait fort et l'odeur des champs m'asphyxiait presque. La campagne et son dur caractère : comment ne pas y succomber ?
   La tentation est péché, et j'avais péché. Mais ce n'était pas la première fois...

   La journée passait à une lenteur exquise, il y avait assez de temps pour dormir dans l'herbe à la lumière du soleil, ou bien pour marcher à travers forêts afin d'apercevoir deci delà des biches ou bien des chevreuils. Mon père avait peur à ce sujet, comme n'importe quel sujet d'ailleurs : le pauvre homme, lui qui voyait le mal partout, alors qu'il était présent au sein même de son foyer.
   Foyer que je devais rejoindre dès que le soleil commençait sa transformation en crépuscule, le meilleur moment de la journée.

   Paranoïaque qu'il était, mon père avait voulu vivre reclu au fin fond de la campagne, dans un endroit où le mal en personne ne pourrait vivre. Et malheureusement, c'était peine perdue.
   Le chemin jusqu'à cette maison était long et ennuyeux, même fatiguant. Mais il fallait le faire, le faire à tout prix si je voulais éviter la douche d'eau bénite le soir.

   Le soleil tombait, et moi je marchais, au milieu de ces roses sauvages et de ces pierides, dans ce charmant petit sentier de campagne, forçant le pas pour ne pas arriver en retard.
   Mais soudainement, je m'arrêtai : un mouvement dans les herbes hautes. M'accroupissant, j'attendis quelques secondes puis plongea ma main dans les grandes herbes chaudes. Un instant plus tard, je la ressortais ayant une couleuvre d'un noir de jais enroulée autour de mon poignet.
- Bonjour ma coquine, lui dis-je en la caressant du bout des doigts. Sache qu'aujourd'hui je n'ai pas envie de pommes...

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- Je suis rentré, maman, criai-je en posant ma veste sur le porte-manteaux.
- Une bonne promenade ? Me demanda ma mère, toujours dans sa cuisine.
- Aussi parfaite qu'elle aurait pu l'être, lui répondis-je en examinant mon poignet, rougis par les tortillements du serpent que j'avais laissé fuir non loin d'ici.
   N'ayant rien à faire, je m'allongea sur le canapé et zappa les chaînes disponibles. Il n'y avait rien d'intéressant ici, sauf si mon père décidait de taper un scandale, et il y en aurait un.

   J'entendis mon père rentrer et poser lourdement ses affaires sur la table, avec une puissance qui signifiait que ses collègues du bureau avaient encore fait des remarques sur sa progéniture, et donc son fils unique.

- Trouves-tu cela normal, Marie, que de ton utérus soit sortit une abomination pareille ? Demanda mon père, encore dans un de ses états où il pouvait frôler l'hystérie et la crise cardiaque.

   Je n'avais même pas besoin de me retourner pour savoir qu'il avait brandi une photo, la même qu'il brandissait depuis 12 ans : moi, lorsque j'avais 5 ans.

- Père, c'est un plaisir de vous voir, et je tiens à savoir que je vous affectionne beaucoup, lui dis-je en lui faisant face, étalant un sourire sincère , sourire dont il avait peur.

- Ne me parle pas comme ça, démon !

- Je ne fais que vous aimer, père, le Seigneur ne prône-t-il pas amour et paix ?

- Tais-toi ! N'en parle pas comme si tu en avais quelque chose à faire ! Cette photo prouve bien le contraire ! Affirma l'homme chrétien en affichant cette satanée photo sous mes yeux.

   Cette photo, j'allais la connaître par coeur. Un jeune garçon de 5 ans, joue, nu, aux cubes. Il est de dos, Mais il tourne la tête afin de voir l'objectif de ses beaux yeux mauves. Mais pour une personne normale, ce qui la choquerait le plus, ce serait cette peau d'une couleur d'un violet grisâtre, les cheveux blancs, du pur blanc, qui tombaient en mèches sur son front, ces marques osseuses qui recouvraient la colonne vertébrale en petits disques, plaques qui ont d'ailleurs évoluées. Les tatouages sur le visage et le corps entier semblaient fait pour provoquer la personne qui regardait cette photo, surtout le serpent montant dans la nuque et disparaissant dans les cheveux. Dans ceux-ci, deux petits bouts d'os s'élevant dans le ciel, à peine visibles et d'une couleur pourpre foncée.

- Ce n'est qu'une photo, père, lui dis-je remarquer en m'asseyant à table.

- Azazel, cesse de discuter maintenant, m'ordonna ma mère en arrivant avec son plat.

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