THE OTHER CINDERELLA
JESSE - Faut croire que j'ai un type
Les yeux mi-clos, j'observe le diamant de la bague. L'anneau semble si fin, entre mes doigts... Comment une femme pourrait-elle y passer son annulaire ? Peut-être est-ce un peu comme dans Cendrillon. Peut-être que j'ai épousé la seule femme capable de porter cette bague, ma princesse.
Le doigt de la blonde assise sur mes genoux s'y glisse. Oh, autant pour moi.
- C'est pour moi ? finit-elle par murmurer, examinant la pierre qui brille désormais à son doigt.
Sans me laisser le temps de répondre, et sans doute parce qu'elle se doute que je ne comptais pas le faire, elle précise :
- Et je sais très bien que c'est la bague de mariage de Clark, c'était du sarcasme.
Clark ? Ah, oui, Clark. Ses paroles résonnent encore dans ma tête. Peut-être que je pourrais en faire les vers d'une chanson... Accompagnés d'un solo de guitare, ce serait joli. Aussi joli que Micah en train de siroter un jus de pommes à la paille. Non, pas aussi joli.
La paille quitte ses lèvres et elle la tourne vers moi. Je prends une gorgée, docile. Ok, le sucre, c'est toujours agréable. Mais je crois que ce soir, j'ai besoin de quelque chose de plus fort pour me remettre sur les railles... En parlant de railles, il doit bien me rester un sachet quelque part, chez moi. C'est con que j'y sois pas. Faut croire que y a beaucoup de choses connes qui se produisent, ce soir. Comme les doigts de Micah qui viennent caresser mes lèvres, et la façon dont je les embrasse. La façon dont je les saisis de ma main libre, dont je les mordille. La façon dont je la regarde tout en le faisant. La façon dont elle penche innocemment la tête sur le côté. Clark aurait souri, aurait chercher à enfoncer ses doigts plus loin entre mes lèvres. Elle... Elle me regarde.
Plus tôt...
- Tu dois vraiment enlever ta bague... ?
Levant le yeux au ciel, la brune hoche la tête, son reflet me souriant dans le miroir. Finalement, après avoir attaché ses cheveux, elle fait un tour sur elle-même, cessant de me faire dos.
- Alors, qu'est-ce que tu en penses ?
En toute autre situation, j'aurais souri. Parce qu'elle est à tomber, plus rayonnante que jamais dans sa robe courte bleu nuit et ses talons blancs, simples. A se damner. Mais c'est à un autre homme que la damnation est réservée, ce soir, et cette idée me rend fou. L'inquiétude me ronge peu à peu l'esprit, la jalousie aussi. Je veux juste me dire que cette robe, elle la met pour moi. Mais je sais que ce n'est pas le cas.
- Tu es magnifique.
Avec un large sourire, elle fait une rapide révérence, avant de s'approcher de moi, visiblement dans l'intention de m'embrasser. Mais son téléphone sonne, et elle s'interrompt au dernier moment pour lire le message qu'elle vient de recevoir. Poussant un soupir, je fourre mes mains dans mes poches, ravalant ma frustration. J'ai envie de la pendre sur mon épaule, la balancer sur le lit et l'y garder occupée pour la semaine... Il faut dire que sa robe n'est pas pour m'ôter cette idée de la tête.
- Oh, je suis vraiment en retard, je vais devoir y aller !
Sur ces mots, elle ouvre son sac à main et en sort un rouge à lèvres, dont elle applique soigneusement le carmin sur sa bouche en cœur, observant une dernière fois son reflet dans la glace. C'est comme si elle le faisait exprès. Comme si elle prenait un malin plaisir à me torturer de la sorte, à jouer avec mes émotions montantes et mon calme latent. Non, pas « comme si ». C'est exactement ce qu'elle aime faire. Et ce n'est pas une bague autour de son doigt qui changera son sadisme si prononcé à mon égard. Encore moins ce soir, puisqu'elle a décidé de ne pas la porter.
- Souhaite-moi bonne chance !
- J'ai pas le droit à un baiser ?
- Tu veux ruiner mon maquillage ?
Persuadée que cette raison sera suffisante pour me convaincre de rester bien sage, elle se dirige vers la porte de la chambre. Mais, me précipitant sur elle, je la bloque, mon bras venant s'enrouler autour de sa taille pour l'attirer à moi : mes lèvres s'emparent des siennes sans attendre plus ample protestation. Par simple plaisir de la contrarier, je lui offre un baiser passionné, langoureux. Étourdissant, aussi, du moins pour moi.
Je finis par la lâcher, la laissant là, les lèvres entrouvertes, le souffle coupé. Elle ne dit rien, me lançant simplement un regard signifiant que cet affront ne sera pas sans conséquence, auquel je réponds par un sourire narquois alors qu'elle passe la porte, son maquillage massacré.
Passant mes dans mes cheveux pour les plaquer en arrière, je me laisse tomber dans le lit, regardant le plafond. Maintenant, il ne reste plus qu'à attendre.
4 heures plus tard...
Deux bières sur la table basse, trois appels sans réponse. Je tente de ne pas y penser, de me distraire avec un bouquin, une chanson, un morceau, n'importe quoi. Mais les mots sont brouillés, les notes fausses, les instruments désaccordés. Rien ne va. Elle est avec ce type, ce connard d'associé, et je ne sais pas si elle va bien, si elle a un problème, si... Non. Je ne dois pas y penser.
5 heures plus tard...
Il est 5:00. Ce chiffre sur le four de la cuisine est comme un putain de couteau planté dans mon cerveau, rongé par un mal de tête lancinant. J'aimerais pouvoir aller dormir et attendre son retour. Mais c'est impossible... Il faudrait déjà que je me dise qu'elle va revenir. Parce qu'à cette heure, soit elle est dans un hôtel, soit dans un caniveau. Or elle ne répond pas à mes appels, ne m'a envoyé aucun message, ni la police ni l'hôpital n'ont essayé de me contacter, et surtout... C'est Clark. Je me doutais bien que ce moment allait finir par arriver. Comment aurait-il pu en être autrement ?
Sortant ma main de la poche de mon pantalon pour venir la poser sur mes yeux, allongé dans le canapé, j'en fais tomber un bout de mouchoir. Sans trop réfléchir, je le ramasse et y jette un coup d'œil : un numéro. Celui de Micah.
Normalement, dans ce genre de situation, j'aurais appelé Kim. Mais ce soir, elle en est à son deuxième rendez-vous avec un garçon qui lui plaît apparemment, c'est sa première relation depuis son opération, et... Je ne me permettrais de la déranger pendant quoique ce soit, on ne sait jamais, elle est peut-être encore avec lui malgré l'heure tardive.
Alors je compose le numéro. Comme un automate, je tape les chiffres sur mon écran, et attends qu'elle réponde. Un instant, je songe à raccrocher avant qu'elle ne le fasse. Mais la fatigue, la rage et l'anxiété ont raison de cette pulsion de bon sens.
- Allô ?
C'est une voix endormie qui me répond à l'autre bout de la ligne. Mais malgré ça, elle est posée, légère. J'inspire un instant, avant de répondre.
- T'habites toujours au même endroit ?
Un long blanc me répond. C'est alors que je réalise : elle ne doit même pas réaliser de qui il s'agit.
- C'est Jesse, je finis par préciser, grimaçant un peu à ma stupidité.
- Je sais, finit-elle par répondre. Et si par « habiter au même endroit » tu entends « dans ta chambre d'étudiante de 10m² », non.
- Oh. T'es où ?
Après tout, elle m'a donné son numéro, elle va bien me donner son adresse. Ou peut-être pas, l'un n'implique pas forcément l'autre... Je n'en sais plus trop rien, à vrai dire. Tout ce dont je suis certain, c'est qu'elle m'a rarement refusé quoique ce soit. Et je ne pense pas que cela commence ce soir.
J'avais raison : elle me donne son adresse.
- Ok, j'arrive dans un quart d'heure.
Un quart d'heure plus tard...
Elle habite au dernier étage d'un immeuble dans le centre-ville. A peine ai-je eu le temps de toquer que la porte s'ouvre : elle n'a pas prévu de se faire désirer. Apparemment, elle n'a pas jugé bon de se changer à l'annonce de mon arriver : ses pieds sont toujours fourrés dans une paire de chausson cotonneux, ses cheveux toujours attachés en deux nattes blondes, son corps toujours caché sous un t-shirt tout simple accompagné d'un short. Par rapport à Clark, elle est assez petite. Alors que je m'approche, elle se met contre la porte pour me laisser passer dans l'encadrement de celle-ci. Fronçant un peu les sourcils, je passe à quelques centimètres à peine d'elle, et m'arrête. Mes doigts se glissant dans ses cheveux et viennent en défaire les deux tresses. Son carré ondulé retombe tout juste sur ses épaules, et je souris un peu, satisfait.
- Voilà, c'est mieux.
Sur ces mots, j'entre.
Le soir-même...
Je ne sais plus où j'en suis. Je ne me souviens de rien quant à la nuit dernière, ou plutôt à ce matin. Mais je me souviens du lit dans lequel je me suis réveillé. Des vêtements par terre. Les siens... et les miens.
A peine ai-je poussé la porte d'entrée qu'une furie m'attaque. Ses mains saisissent mon t-shirt et elle ne me laisse même pas le temps de dire un mot.
- Où est-ce que t'étais ? Et ne me dis pas que tu étais avec quelqu'un du groupe, ils m'ont tous dit qu'ils ne t'avaient pas vu de la soirée.
- Avec Micah... J'étais avec Micah.
Je n'ai même pas la force de mentir. Chaque muscle de mon corps, chaque atome de mon crâne me fait horriblement mal. Alors je dis la pure vérité. Et je vois son visage se transformer. Ses poings serrent un peu plus le tissus de mon t-shirt, alors qu'elle me fixe, une lueur dont je ne connais que trop bien la signification luisant au fond de son regard : elle compte me faire mal.
- Ouais, je vois... Tu t'es dit qu'après tout, puisque je le faisais, toi aussi tu pouvais bien te faire plaisir.
Ma mâchoire se se contracte, alors que je baisse les yeux sur elle. Elle confirme mes pires craintes en quelques mots, et je dois réunir tout mon contrôle de moi-même pour ne pas me défouler sur elle. Physiquement.
- C'était bon, j'espère ? Nan, parce que ce serait bête que tu gâches ton joker avec un mauvais coup ! Tu sais ce qu'on dit, œil pour œil, dent pour-
Ok, elle est venue à bout de ma patience. Je crève d'envie de lui éclater la tête contre le mur, mais me contente de la plaquer contre celui-ci, saisissant son visage entre mes doigts.
- Et toi ?! Ça t'a éclaté de te faire casser le cul par ce connard ? Ou tu l'as juste fait pour me faire chier comme à chaque fois ?!
- Parce que tu crois que c'est par rapport à toi ? Tu crois que t'es aussi important ?
Je la fixe un instant, sans un mot. Puis je finis par sourire, secouant la tête. Putain, dire qu'il y a quelques années, j'aurais cru à ses conneries.
- Clark, arrête de la jouer comme ça. On sait tous les deux que tu m'aimes, tu me l'as dit ! Alors ouais, je crois que c'est par rapport à moi ! Ouais, je suis aussi important !
A son tour, elle sourit, après une pause. J'ai le souffle court, la tête qui tourne, et elle ose me sourire...
- Tu t'es jamais dit que j'avais juste dit ça pour obtenir ce que je voulais de toi ? Ou juste pour m'occuper ?
Je n'arrive plus à me retenir. Ma main toujours sur ses joues, sa tête cogne une première fois le mur, alors qu'elle pousse un cri de douleur.
- Ferme-la !
Elle est là, à me cracher son venin, à me traiter comme un de ses clébards dont a toujours su profité au maximum. Je vois rouge.
Si elle ne m'aime pas, plus rien n'a de sens. Et au fond de moi, je sais que c'est faux. Je sais que je suis le seul pour elle. Mais aujourd'hui, ce soir, je doute. Et elle en profite. Parce que, qu'elle m'aime ou pas, ça reste ça qui l'excite. J'ai essayé de la distraire, de la faire vivre à travers mille aventures plus dingues les unes que les autres... Mais on en revient toujours là. Et je sais que c'est trop tard. Je ne peux pas la quitter, j'en aurais jamais la force. Même après qu'elle m'ait sorti les pires insanités, je ne m'imagine même pas partir. Elle le sait.
- Tu vas vraiment me faire du mal... ? Finit-elle par demander.
- Parce que tu m'en fais pas, peut-être ?
Elle fronce à son tour les sourcils.
- Lâche-moi.
- Non.
- Putain mais lâche-moi !
Ses poings viennent taper contre mon torse, mais je ne recule pas d'un centimètre. Au contraire. Me rapprochant un peu plus d'elle, je saisis ses poignets et les bloque au-dessus de sa tête ; elle me fixe.
Ses lèvres viennent rencontrer les miennes. Je ne recule même pas : je savais que ça allait se finir comme ça. Tandis que mon bassin vient se coller au sien, elle remonte une de ses jambes le long de ma cuisse. Je soupire contre ses lèvres.
- Ça t'a pas suffi, ton vieux-là ? T'es pas satisfaite, hein ? Est-ce qu'il t'a faite venir, au moins, ou est-ce que même ça, les autres en sont pas capables comme moi ?
- Et toi ? Quand t'as vu que je rentrais pas, t'es directement allé la voir ou t'as attendu ? Oh, elle est vachement à ta disposition, quand même... Il devait être tard, quand t'as réalisé ce qu'il se passait. Je croyais que c'était une avocate, ton ex, pas une pute.
- Faut croire que j'ai un type.
Elle ne répond pas, poussant plutôt un cri alors que je décide de passer aux choses sérieuses. Tout en parlant, elle a défait ma ceinture et ce qu'il y avait en dessous, et il m'a suffi de remonter un peu sa robe pour constater qu'il n'y avait rien dessous.
Je suis perdu. Perdu dans ses bras, perdu sous ses baisers, perdu dans ses mots, perdu dans ses cuisses et dans ses coups. J'ai envie de la tuer. Elle le sent, je sais qu'elle le sent. Entre mes coups de butoir, la main qui garde ses poignets prisonniers, celle qui enserre son cou et mes lèvres qui viennent mordre sa peau, elle ne peut pas le sentir.
Je veux la tuer. Je vais la tuer, putain. Tous ces beaux mots, ces belles promesses. C'était que dalle, que du vent. Parce que la vérité, c'est que c'est ça, ce qu'on fait là, qui l'excite. C'est ça qu'elle aime. Et je dois être un putain de déviant pour aimer ça autant qu'elle. Pour l'aimer autant que je la déteste à l'instant-même.
... surprise motherfucka
je sais que j'avais dit que je faisais une pause blablabla, mais j'ai eu un regain d'inspiration, alors j'allais pas le laisser passer, si??
je sais aussi que ce chapitre est loin d'être le meilleur que j'ai jamais écrit, et que peut-être même que vous ne l'avez pas aimé -si c'est la cas, désolée, vraiment!- mais je devais l'écrire, pour me remettre dans le bain, vous voyez? comme ça le prochain chapitre sera 100 fois mieux et 100 fois plus joli aussi
parce que non, il n'y a pas la masse de jolies phrases dans cette partie, je n'ai pas trouvé l'inspiration, mais ça va revenir, promis!
bref, j'ai vraiment besoin de savoir ce que vous avez pensé de ce chapitre donc n'hésitez pas, mettez tout! c'est un peu comme le premier épisode de la saison 2 mdr
anyway, love you all, j'ai hâte de m'y remettre plus sérieusement ehehe 💖
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