MERCURY & THE SUN

JESSE - Je suis le seul, tout simplement

Le bras autour de l'épaule de Kim, je flâne dans les ruelles de Nice. La blonde tient la laisse du chien de sa grand-mère, un petit carlin, qu'on a emmené se promener. Depuis combien de temps n'étais-je pas revenu ici ? Petits, on venait presque tous les étés, pour aller à la mère, découvrir la France, et rapidement, pour écrire nos chansons. La grand-mère de Kim est une femme adorable, je l'ai toujours beaucoup aimée. Américaine, elle s'est mariée avec un français et, trois mois après leur nuit de noces, l'a quitté pour s'enfuir avec sa secrétaire, avec qui elle vit toujours, cinquante ans plus tard. Ma meilleure amie n'aurait pas pu rêver meilleur endroit pour sa convalescence. Sa grand-mère est sans doute la personne qui la comprend le mieux.

Quelques jours plus tôt...

Garant la voiture devant la maison de Clark, je me tourne vers elle. J'attends quelque chose de sa part, mais je serais bien incapable de dire quoi... Ou peut-être que je ne veux simplement pas m'avouer la nature de cette attente.

Elle s'apprête à m'embrasser à nouveau, comme elle n'a cessé de le faire pendant tout notre trajet, manquant plusieurs fois de me faire faire une connerie, mais la vue d'une voiture arrivant en face de nous et rentrant dans la propriété l'arrête dans son élan. Posant brusquement sa main sur mon épaule, elle m'oblige à me baisser et fait de même, se cachant derrière le tableau de bord de la voiture.

- Qu'est-ce que tu fous ?!

- C'est Ridley, je ne veux pas qu'il nous voie !

Roulant des yeux, je secoue la tête. Évidemment, je suis devenu l'amant.

- T'étais pas du genre à te cacher, quand tu me trompais.

- Parce que t'étais assez con pour rester malgré tout ce que tu voyais.

Je ne laisse pas passer ses paroles, qui laisse comme un goût amer sur mes lèvres. Me jetant sur les siennes, je l'oblige à se redresser, la plaquant contre le dossier de son siège. Elle est désormais bien visible, mais heureusement pour elle, Ridley est déjà entré dans la maison. Levant les deux mains, elle tente alors de se débattre, mais je ne lui en laisse pas l'occasion, mordant ses lèvres sans douceur. Finalement, je recule le visage ; elle me fixe, haletante, son souffle chaud fuyant de ses lèvres entrouvertes, rose foncé et gonflées par cette assaut.

- Tu disais ?

- Salaud.

- Connasse.

Cette fois, c'est elle qui lève les yeux au ciel. Mais elle a beau jouer l'exaspérée, je sais qu'elle adore ça. Elle adore ce qu'il se passe entre nous. Elle serait déjà sortie de la voiture autrement.

- Largue-le. Dégage ce gars du paysage, t'en as rien à foutre.

- Non. Tu n'as aucune idée de ce que je ressens pour lui. Si ça se trouve, je-

- « Tu l'aimes » ? C'est ça, que tu allais dire ? Sans vouloir te vexer, ça me paraît peu probable.

- Pourquoi ? Parce que je couche avec un autre ? Je t'aimais, toi, ça ne m'a jamais empêchée de faire de même.

- Oui, mais moi je suis l'amour de ta vie, c'est différent.

- Vraiment ?

- Vraiment, oui...

Je m'approche lentement de ses lèvres à nouveau, mais me contente cette fois de les effleurer.

- Allez, largue-le...

- Jesse...

Le simple fait d'entendre mon nom sortir d'entre ses lèvres m'électrise. Jesse. Personne ne le dit aussi bien qu'elle.

- Je dois y aller.

Elle ouvre la portière et sort rapidement, refermant derrière elle sans que j'ai le temps de l'intercepter. Puis, appuyant ses deux bras sur le haut de la fenêtre de la décapotable, elle se penche vers moi, tout sourire.

- Ne te languis pas trop de moi.

Je vais pour l'embrasser, me redressant et levant une main vers sa nuque, mais elle m'échappe, reculant, le sourire en coin. Puis, se mordant la lèvre d'un air taquin, elle me fixe, marchant à reculons, et finit par me faire un signe avant de définitivement me tourner le dos et partir vers sa porte.

De nos jours...

Le carlin court dans l'entrée rejoindre sa maîtresse à peine avons-nous poussé la porte. Passant une main sur son visage, Kim retient difficilement un bâillement. Il est seulement 18h, mais elle est déjà épuisée.

- Allez, vas te coucher, je lui intime, avec un sourire.

- Non, j'avais promis de sortir avec toi, ce soir...

- C'est pas grave, on se fera ça une autre fois, j'ai pas envie de me trimballer un zombie !

Elle donne un petit coup dans mon épaule mais finit par me remercier, partant vers sa chambre. Au bruit que j'entends provenir de celle-ci, je devine qu'elle s'est effondrée dans son lit.

Les heures ont passé, le soleil a décliné dans le ciel et je suis allongé dans la chambre d'ami, à fixer l'horloge. 23:59. Et soudain, tous ces chiffres disparaissent, laissant place à une série de zéros. Minuit, l'heure du crime.

Mon téléphone vibre, et je roule sur le côté pour m'en emparer. Je devrais mettre un bruit de crissement de pneu et de claquement de talons, pour m'avertir de ses messages. Mais justement, ces deux sons retentissent, en dessous de ma fenêtre. J'écarquille les yeux : elle est ici ?

Sans attendre, je sors de ma chambre et traverse rapidement l'appartement. Mais au moment où je pose la main sur la poignée de la porte d'entrée, une voix m'interrompt.

- Jesse ? Tu sors ?

M'arrêtant net, je me tourne et découvre Lisa, la femme de la grand-mère de Kim. 

- Oui, je... Une amie vient me chercher.

Un peu gêné, je lui souris, venant poser une main sur ma nuque. Elle hoche alors la tête, avec un léger sourire elle aussi. Elle me connaît depuis que je suis gamin, mais étant donnée la timidité maladive dont je faisais preuve à cette époque, je n'ai jamais su vraiment être à l'aise avec elle.

- Oh, une amie ? Tu voudras bien en profiter pour ramener des croissants, demain matin ?

- Bien sûr !

La saluant, je quitte cette fois l'appartement, avant de dévaler les escaliers pour enfin sortir de l'immeuble. 

Elle est là, appuyée contre une voiture de luxe rouge, clinquante, criant « regardez-moi ». Ses yeux sont rivés sur son portable, mais quand elle entend le bruit de mes pas s'approchant d'elle, elle les relève sur moi. 

J'ouvre la bouche, mais aucun mot n'en sort : elle vient de sauter dans mes bras, s'emparant de mes lèvres sans préavis. Mes mains descendent vers ses fesses, relevant le t-shirt qui lui sert de robe et dévoilant ses dessous, alors que les siennes viennent sur mes joues, et je ferme les yeux, savourant pleinement ce baiser. Je défais rapidement la queue de cheval dans laquelle ses cheveux sont pris, libérant ses lourdes boucles brunes, qui entourent désormais son visage et le mien sous l'effet de la brise. Son odeur m'enveloppe, vanille et ambre, et je me laisse porter par les caresses de ses lèvres. Elle est musicale. Faits de fugues et d'harmonies, nos baisers me font frémir. Con delicatezza. Elle recule ses lèvres et je me penche en avant pour les retrouver, elle les mord et je la laisse faire, tandis que sa main s'aventure dans ma chevelure trop longue. Con fuoco. Elle tire, se met sur la pointe des pieds, me prend de haut, prend mes lèvres de haut. Con allegrezza. Ses effleurements vont crescendo. Con amore. Elle est une partition indéchiffrable que j'essaie de jouer mais qui se joue plutôt de moi. 

- Tu ne m'as pas appelée.

Ses lèvres quittent les miennes et je reste un instant sans bouger, comprenant que je n'en aurais pas plus. J'acquiesce avec un soupir, venant caresser ses cheveux.

- Toi non plus.

- T'étais avec la gamine ?

Cette fois, je lui lance un regard de pure incompréhension. La gamine ? Mais je décèle dans la moue boudeuse qu'elle m'adresse une once de jalousie, et comprends vite contre qui elle pourrait être dirigée : Vanessa.

- Oh, c'est trop mignon, je m'exclame alors, avec un rire. T'es jalouse ? Avoue-le, t'as pensé à moi chaque jour qui passait, tu te demandais si j'étais avec une autre fille, tu crevais d'envie de m'appeler et-

- Dis pas de connerie, et arrête de projeter ce que, toi, t'as ressenti pendant ce temps. T'étais avec elle, oui ou non ?

- Non.

- D'accord.

Elle garde ce même air impassible et peu impressionné qu'elle a toujours, mais je sais sentir le soulagement qui pointe au fond de sa voix. 

- Pourquoi t'es descendu, finit-elle par demander, après quelques secondes de silence. Je suis venue chercher Kim, mais elle ne répond pas.

- C'est parce qu'elle dort.

- Ah, et t'aurais pas pu me dire ça par sms, au lieu de venir ?

Je lève les yeux au ciel, prenant une mine excédée, bien qu'en vérité, je n'ai pas pris le temps de lire son message en l'entendant arriver, ce qui explique pourquoi je n'y ait pas répondu.

- Reviens la chercher demain, elle dois se reposer à cause de l'opération.

- Je sais, ouais...

Un nouveau blanc s'installe. Mais je vois un sourire se peindre sur ses lèvres et, intrigué, lui demande :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Rien... Tu te souviens quand on était allé à St-Tropez ?

Son sourire gagne également ma propre bouche, et je hoche la tête. C'était juste après le braquage, on avait logé dans un des meilleurs hôtels du village et commandé une caisse de Veuve Clicquot.

- On y retourne ?

- Il est minuit, Clark...

Mais je n'ai pas le moindre doute quant à ce qui est sur le point de se produire : on va prendre cette voiture, rouler le long de la côte et rejoindre St-Tropez.

- Et alors ? On y sera dans deux heures. Dis-moi oui...

Tentant de retenir un sourire, je regarde par dessus son épaule et passe une main sur mon visage. Elle pose ses mains sur mes épaules et me sourit.

- Allez, dis-moi oui...

- D'accord.

Elle pousse un cri de victoire et embrasse rapidement mes lèvres, avant de se précipiter vers sa voiture. S'asseyant à la place conducteur, elle la décapote et me fait signe.

- Alors, tu viens ?

Je secoue la tête avec une rire, avant de la rejoindre. 

- Ouais, je viens.

Quand je m'assois à mon tour, elle pose un baiser sur ma joue et allume la radio. Close your Eyes de The All-American Rejects joue, et je viens caresser la cuisse nue de mon amour, appuyant ma tête contre la fenêtre.

Trois heures plus tard...

Main dans la main, on se balade sur le port. On pourrait penser qu'à une pareille heure, l'endroit serait désert, mais c'est tout le contraire : on trouve des clubs à tous les coins de rue, les notes de musiques tapent et l'alcool coule à flot. La tête de Clark repose sur mon épaule. 

- J'ai envie de danser, chéri, finit-elle par soupirer.

La façon dont elle prononce ce surnom français me fait frissonner. Cette façon de prononcer les « r »...

- On va trouver où faire ça, alors.

Je dépose un baiser dans ses cheveux, avant de lui désigner un yacht à notre droite. De toute évidence, une soirée y est en cours, et les gens sont déjà passablement éméchés -bien plus que passablement-. Mais je suis habillé comme un ado, avec mon t-shirt Looney Tunes, et Clar n'est pas mieux.

- C'est con qu'on corresponde pas au dress-code, je remarque.

- Peut-être qu'on pourrait trouver d'autres vêtements...

- Mais les boutiques sont fer-

Je m'interromps, me tournant vers elle.

- Non. Clark, non.

- Tu dis ça mais t'en crèves d'envie.

Un nouveau sourire sur mes lèvres. Oui, j'en crève d'envie.

...

- Putain, tu pèses lourd !

- Tais-toi et soulève !

Son pied nu posé sur mes mains, je l'aide à monter sur le mur d'enceinte de l'hôtel dans lequel nous avait décidé de commettre notre méfait. J'ai une vue prenante sur ses dessous, et quand elle remarque que je les observe, elle fronce les sourcils, faussement vexée.

- Pervers.

- Tais-toi et aide-moi.

Elle vient saisir une de mes mains, tandis que j'utilise l'autre pour me hisser à ses côtés. On saute rapidement de l'autre côté, avant de traverser le jardin sans un bruit et de réitérer l'opération, pour cette fois rejoindre une fenêtre ouverte. Les gens sont-ils vraiment stupides pour laisser leurs affaires à disposition de n'importe quel voleur ? Comme nous, par exemple.

Une fois dans la chambre, Clark se précipite sur le placard et l'ouvre, avant de pousser une exclamation de joie.

- On a choisi la bonne chambre, amour !

Sans attendre, elle fouille dans la penderie et sur les étagères, avant de jeter une chemise et un pantalon de costume sur le lit, puis une robe à bretelles dorée.

- Ça risque d'être un peu grand pour moi, mais on s'en contentera !

Se déshabillant devant moi sans une once de gêne, elle enfile rapidement la robe et arrange ses cheveux ébouriffés par le retrait de son t-shirt. Puis, se tournant vers moi en levant les mains vers le plafond, elle s'écrie :

- Tadam !

Je reste un instant con, à la fixer. Comment suis-je censé être capable de résister à ça ? Et depuis quand ai-je prévu d'y résister, d'ailleurs ? Voyant ma tête, elle fait un tour sur elle-même, l'air indécis.

- Tu n'aimes pas ?

- Si. Si, bien sûr que j'aime.

Un sourire de gamine se peint alors sur ses lèvres, ses yeux se plissant un peu tandis que ses pommettes roses se haussent. Je passe une main sur mon, visage, tentant de calmer les images qui m'arrivent et les battements de mon cœur. Si je m'écoutais, au lieu d'emprunter les vêtements, on emprunterait le lit.

Je la rejoins, tandis qu'elle s'admire dans le grand miroir qui recouvre l'un des murs de la chambre. Calant son dos contre mon torse, je passe mes mains autour de sa taille. Mes lèvres descendent jusqu'à son épaule, y laissant un baiser, tandis qu'elle penche la tête et met sa masse de cheveux bruns sur le côté. Les yeux clos, elle prend une longue inspiration, levant sa main pour la laisser se perdre dans mes cheveux, sur ma nuque...

- Tu me rends dingue, Clark.

- T'as pas besoin de moi pour l'être.

- T'es sûre de ça ?

Des bruits de pas sous la fenêtre nous interrompent. « Vous avez vu quelque chose ? », « Par où sont-ils allés ? ». Merde, on a du être repérés. Lâchant la brune, je prends la tenue qu'elle m'a choisi et, après m'être déshabillé, l'enfile par-dessus mon boxer. Une fois la ceinture bouclée, je relève les yeux sur elle, qui s'est assise sur le lit entre temps. Elle me fixe, l'air rêveur, ses dents mordant paresseusement sa lèvre inférieure... Au loin, il me semble entendre les notes d'un piano, qui flottent sur l'air embaumé de jasmin jusqu'à cette chambre. Elle balance sa tête de droite à gauche au rythme de celles-ci, sans remarquer mon regard sur elle remarquer le sien sur moi. Pourquoi en aime-je une pareille ?

Je m'approche d'elle et pose un genoux à côté de sa hanche, tandis qu'elle s'allonge sous moi. Me penchant au-dessus d'elle, je pose une main sur sa mâchoire, en suivant la ligne, caressant sa peau en traçant une ligne jusqu'à sa clavicule. 

- 'Faut qu'on y aille, on va se faire chopper, murmure-t-elle.

- On s'en fout.

Et elle semble s'en foutre aussi. Se redressant, elle recherche mes lèvres, prête à mordre. Je ris et recule un peu, avant de venir l'embrasser de moi-même, la rejoignant dans son jeu. Mais des voix résonnent à nouveau : « On a trouvé une voiture ! ».

Je grogne, me redressant à regret.

- Allons-y.

Je pars directement vers les vêtements qu'on a laissé par terre pour les rassembler, avant de les fourrer dans un sac que je trouve dans le placard, sac que je tends à Clark. Elle a un moment d'arrêt, avant de hocher la tête.

- Luggage de Céline, t'as toujours eu bon goût...

- Prends-le, vite !

Roulant des yeux, elle s'en saisit, avant de sortir de la chambre. On prend tous les deux l'ascenseur, et elle glisse sa main dans la mienne, la serrant. Étant donné qu'on nous recherche tout autour de l'hôtel, mieux vaut éviter de ressortir par où on est venu. Levant les yeux vers moi, elle m'adresse un sourire, que je lui rends. 

Enfin, les portes s'ouvrent, et on part d'un pas souple vers la sortie. Mais l'entente d'une musique m'oblige à reconsidérer cette option : un tango. Dans la salle de réception, dont on peut tout voir à travers les larges baies vitrées qui la séparent de l'entrée, se déroule une session de danse. Les clients de l'hôtel tournent sur la piste de danse, la plupart manquant cruellement de grâce et de rythme. 

Sans prévenir, je tire sur la main de Clark et l'attire à moi, alors que l'orchestre change de morceau. Peligro, Gotan Project, résonne désormais, et je fais tourner la belle comme une poupée entre mes bras. 

- Qu'est-ce que tu fous ? Demande-t-elle brusquement en revenant à moi, posant une main sur mon bras. Tu veux qu'on se fasse chopper ?

Mais lorsque mes mains viennent enserrer sa taille et mon regard le sien, elle ne cherche même plus à argumenter : une lueur joueuse de défi danse dans ses yeux, tandis que ses pieds dansent au sol. Nous restons un instant comme ça dans le hall, sous les regards insignifiants du personnel. La façon dont elle bouge ses hanches m'hypnotise, celle dont elle mouve ses bras me ravis, l'ondulation de ses doigts m'accapare. Et lentement, le sérieux de nos visages se transforme en sourire, avant qu'on ne finisse par éclater de rire. Je laisse mon visage tomber dans son cou, cachant mon large sourire, alors qu'elle ne retient pas ses éclats.

- T'es fou !

- On est deux, alors !

D'un doigt, elle redresse mon menton, et vient caresser mes fossettes, avant de les embrasser et de saisir à nouveau ma main, pour cette fois m'attirer définitivement vers les portes d'entrées.

- Oh, bonsoir Mademoiselle Baz.

Elle salue le réceptionniste qui vient de faire de même, avant de sortir. Il la connaît ? Oh, évidemment qu'il la connaît. Elle a du choisir un hôtel où elle allait souvent, pour le plaisir du danger d'être reconnue...

Contournant l'enceinte de l'hôtel, on arrive finalement à la voiture. Devant celle-ci, un homme nous fait dos. Sans doute un type de la sécurité, chargé de vérifier que les voleurs ne partent pas d'ici. Dommage qu'il soit tombé sur nous, on risque de lui faire perdre son job !

Sans un bruit, Clark retire ses talons et nous nous dirigeons vers la décapotable. Et c'est seulement en entendant les portières claquer sur nous que le vigile se retourne. Mais nous n'écoutons déjà plus ses cris : le bruit du moteur les recouvre, tandis que Clark recule brutalement, avant de déraper et de retourner la voiture, pour filer en sens interdit dans les rues du village.

...

Qui aurait cru qu'une fête sur un yacht serait aussi emmerdante ? 

Assis sur un canapé, j'ignore la fausse rousse qui, la main posée sur ma cuisse, pense pouvoir faire de moi son repas du soir. 

En face de moi, Clark, dansant avec un type aux allures de bon bourge parisien venu passer un été de débauche dans le sud. Oh, si seulement il savait à qui il se frotte -littéralement-, il se rendrait compte qu'il ne connaît rien à la débauche. 

Jusqu'ici, je me contentais de les observer avec un sourire en coin. Mais quand elle se baisse sur lui, ses deux mains posées sur son torse descendant un peu trop à mon goût, je me lève, laissant Sophie à sa coupe de champagne. Ou peut-être était-ce Sarah ?

Passant derrière elle, je prends son visage entre mes doigts et le tourne vers moi. Quand elle constate que c'est moi, elle m'offre un grand sourire, avant que je ne me jette sur ses lèvres.

- Eh mais faut pas te gêner, surtout ! s'écrit l'imbécile en polo Lacoste en face d'elle.

Je prends le temps de déguster une nouvelle fois les baisers de Clark, avant de la lâcher de la serrer contre moi, posant mon menton sur son épaule et fixant le type en face de nous avec un rictus.

- Je suis son mec, pauvre con, je réplique dans un français que je me plais à penser parfait.

Je n'attends pas de réponse de sa part et entraîne Clark vers le port, choppant une bouteille de champagne au passage.

- Allez, on quitte cette soirée à la con.

...

- Prête ?

- Prête.

Sa main dans la mienne, on s'élance vers la mer. 

Après avoir encore conduit le long des côtes tropéziennes, nous voilà dans les calanques. L'eau noire reflète un ciel sans étoile, tournant insensiblement au gris de l'aube. 

On saute tous les deux, criant d'allégresse. L'eau nous submerge mais on en ressort rapidement. Clark plaque ses cheveux trempés en arrière, avec un nouveau rire, et passe ses bras autour de mon cou, avant de reprendre mes lèvres comme elle sait si bien le faire. Et malgré toutes les fois où on s'embrasse, je ne me laisse jamais de ses baisers. Chaque contact est un renouveau, une nouvelle découverte, avec ce même parfum de vanille. 

- T'es le seul avec qui je peux faire ça ! s'écrit-elle entre deux éclats de rire.

- Je suis le seul, tout simplement. C'est juste que tu ne veux pas encore l'accepter...

- Tu dois avoir raison...

Faisant mine de s'approcher pour m'embrasser une nouvelle fois, elle recule cependant au dernier moment et tente de s'enfuir. Mais je la rattrape par la taille et la plaque contre moi, posant mes lèvres sur sa joue tandis qu'elle se débat.

Nos jambes s'agitent dans l'eau, on flotte dans nos vêtements gorgés d'eau. Sa robe scintille dans l'eau, ma chemise en plaquée contre mon torse, la lumière se fait lentement. Mais la lune est toujours visible, dans l'obscurité ambiante, et se reflète sur les vaguelettes de la mer, sur son visage et dans ses yeux. 

Sortant la bouteille de champagne que j'ai toujours sur moi de l'eau, je la débouche sans plus attendre. Un flot de mousse s'en échappe, et Clark se met immédiatement dessous pour en récupérer un maximum, me poussant alors que j'essaie de faire la même chose. On bataille encore un peu, puis elle décide de nager jusqu'aux rochers et de s'y hisser. Nageant dans sa direction, je la rejoins mais reste dans l'eau, l'observant.

Et là, entre un soleil levant et une lune mourante, elle scintille. Sa peau humide luit, le tissus de sa robe vole les faibles rayons de l'astre dominant pour en obtenir un ensemble incandescent sur lequel dansent les lueurs de l'eau. 

Prenant sa main, j'embrasse sa paume. Dans ce ciel noir, elle est mon soleil. Et je ne suis peut-être qu'une planète parmi les autres dans son système, mais je ne suis pas n'importe laquelle : je suis Mercure. Mercure, la planète la plus proche de l'astre. Celle qui reçoit en premier sa chaleur. Chacun lui tourne autour, mais je suis celui qui peut s'approcher le plus près sans être brûlé. Ou plutôt, non, en étant brûlé, au quatrième degré même. Mais qu'est-ce que j'aime ça ? J'aimerais qu'elle me brûle à tout jamais. Qu'elle reste le seul astre dans mon ciel. Et j'accepterai de n'être qu'une planète.

He thought she was his sun, but it was him, the only light in her sky.

Un chapitre qui a mis du temps à sortir, certes, mais j'espère que vous me pardonnerez (pour celle qui lisent aussi OSL, stay tuned)

Nos deux truands vous plaisent toujours autant? Un avis sur leurs agissements?

Bonne chance à toutes celles qui sont encore en exams, des bisous

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