LA PASSION DU CHRIST

JESSE - On est dans la demeure de Dieu, Princesse

L'église est vide. Les portes se sont refermées derrière nous, et nos pas résonnent dans l'air froid du lieu saint. Ma main toujours dans la sienne, Clark avance au milieu des rangées de bancs, la bouteille de vin qu'elle a arrachée au vélo sur lequel nous roulions pour venir dans sa main libre. Le monde extérieur ne semble plus avoir d'importance, à l'intérieur de cette petite chapelle de campagne. Une odeur d'encens flotte autour de nous, portée par la poussière s'élevant des murs de pierre. 

Mon cœur bat à tout rompre, menaçant de percer ma poitrine pour apparaître à chacun comme celui de la statue du Christ qui nous ouvre ses bras, posée au fond de l'église, sentinelle témoin de chaque prière, chaque confession. Essoufflé, j'écoute le bruit de ma respiration se répercuter sur les murs, ses ricochets rencontrant ceux de Clark pour revenir ensemble jusqu'à moi.

Se baissant en avant devant moi, la brune retire ses chaussures, laissant la plante nue de ses pieds en contact avec le sol dur et glacé de l'église. Je peux sentir les poils de ses bras s'y dresser, dans un frisson. Sortant son portable, elle met de la musique : Wake me up Before you Go-Go, Wham !...

- Clark, on est dans un lieu saint, tu ne veux pas avoir un peu de respect ?

Mais elle est déjà en train de danser, secouant la tête de gauche à droite et balançant ses jambes et ses bras au rythme de la voix de velours de George Michael. 

- Clark !

- Oh, ça va, tu adores cette chanson !

Se tournant vers moi avec un sourire, elle prend mon autre main dans la sienne et tente de m'obliger à danser, ce malgré quoi je reste de marbre, refusant le moindre mouvement.

- You put the boom-boom into my heart, chante-t-elle en souriant, tandis que je roule des yeux.

Agacé et jetant un coup d'œil à la porte, je tente de la convaincre d'arrêter ses conneries, mais rien n'y fait. Heureusement qu'en France, le droit d'asile est respecté. J'essaie de lui arracher son portable des mains pendant plusieurs secondes, tandis qu'elle joue avec moi, déposant de temps à autre des baisers sur ma joue, ma mâchoire, mon cou, tout en évitant chacune de mes tentatives ; mais finalement, j'arrive à me saisir de l'appareil. Et dans la précipitation, je change de morceau plutôt que d'arrêter la musique. My Love, Kovaks.

- Oh... Profane, me murmure la jeune femme en face de moi, tout en me reprenant son portable.

- Allez, je t'en prie, arrête.

Encore une fois, je veux le lui voler. Mais c'est elle, qui me vole. Sur la pointe de ses pieds nus, elle me vole un baiser. Elle me vole toute velléité de faire taire cette foutue musique. 

Sur cet air de Carmen, elle m'enlace, rapproche son corps du mien. Je lève les mains, refusant de la toucher, mais elle prendre mes poignets, et plaque mes paumes contre ses fesses. C'est mal, tellement mal. 

Avançant une jambe avec un mouvement de hanche, comme pour danser au rythme de cette musique lancinante, elle frotte son bassin au mien, et je la sens sourire contre mes lèvres : elle sent l'effet qu'elle me fait. 

« I pray for you to fall... »

Ma respiration reste bloquée dans ma gorge, je me sens incapable de lui résister. Incapable de résister à ce qu'elle fait monter en moi. C'est dangereux, c'est pêcher. Mais quand n'aie-je pas pêché, avec cette fille ? Je l'adore. Je l'adore comme certains adorent leur dieu. J'adore cette fille athée, cette pécheresse qui m'est sainte, qui m'a baptisé de ses baisers et fait sombrer dans les plaisirs de la béatitude et du blasphème.

Mes mains soulève sa jupe blanche, soie aux couleurs si pures sur un corps depuis trop longtemps souillé par tous les fidèles qu'il a pu convertir. Tous les fidèles dont je fais partie. Ses mains défont les boutons de ma chemise. Je la soulève, et elle enroule lentement ses jambes autour de mon ventre, avant de venir cacher son visage dans mon cou, avec un rire clair. La fraîcheur du verre frais de la bouteille mord la peau de mon dos, sur lequel elle repose, les lèvres de la brune mordent mon épaule.

Avançant jusqu'à l'autel, je passe par dessus les chaînes qui le protègent, et l'y déposent. Me lâchant, elle maintient la bouteille entre ses deux jambes et la débouche, avant de la lever jusqu'à mes propres lèvres.

- Bois, ceci est mon sang, chuchote-t-elle avec un sourire espiègle.

Je m'exécute sans rechigner, acceptant le goût âpre du liquide. Puis elle me le retire, le remplaçant par ses doigts.

- Mange, ceci est mon corps...

Je les mordille, sans la quitter des yeux, tandis qu'elle prend elle aussi un gorgée de son sang. Mais le temps passe trop lentement, et j'en veux plus. Alors, lui arrachant la bouteille des mains, je l'envoie valser plus loin, le liquide rouge se répandant sur le sol, et allonge la jeune femme sur la pierre froide, bloquant ses poignets au-dessus de sa tête d'une main, alors que l'autre vient retrousser ses jupons et arracher brusquement sa culotte. Elle pousse un cri, se débattant avant de comprendre qu'elle ne peut rien faire contre mon emprise. Elle est toute à moi.

- Mais Jesse... Je veux te toucher, murmure-t-elle d'une petite voix.

Ne répondant pas, je refuse tout de même de la lâcher. Son ventre est désormais nu, livré aux caresses joueuses de ma langue, de mes lèvres. Et quand elle sent ces baisers descendre vers son bassin trop sensible, elle enroule brusquement ses jambes autour de mon dos, se cambrant.

- Je t'en prie, libère-moi.

- Supplie.

Plus un mot. Je souris, et me redresse un peu, relevant son bassin avec ses jambes et embrassant l'intérieur de ses cuisses. Je m'approche de l'endroit qu'elle prie très certainement pour que j'embrasse aussi, mais m'en éloigne dès que je semble l'atteindre, sous ses gémissements de frustration.

- Tu ne penses pas que c'est mal... ? je lui demande alors, prenant un air trop innocent pour être sincère.

- Jesse !

Je ris et lui offre finalement mes doigts, qui glissent lentement en elle et qu'elle était plus que prête à recevoir. Et, encore, j'embrasse son ventre.

- C'était ça, que tu voulais... ?

- Je voulais ta bouch- oh putain.

Mes mouvements s'intensifient, et elle perd un instant l'usage de la parole, poussant un long soupir.

- Ne jure pas, Clark. Et tu l'as déjà, ma bouche.

- Pas là ! Arrête...

J'arrête mes baisers, obéissant, et revient au dessus de son visage, l'observant durement.

- Alors supplie.

Son regard ne quitte pas le mien. Ses joues sont rouges et luisantes, ses cheveux déjà un peu collés à son front, et elle semble prête à me tuer. Elle est belle à ravir, sa sauvagerie révélée par la façon dont je me joue de son corps et de ses sens. Mais elle finit par céder, et je souris en la voyant ouvrir la bouche, sachant déjà que j'en entendrai ce que je veux.

- Arrête, je t'en supplie bébé, arrête, j'en peux plus.

- C'est bien.

Je prends cependant le temps de l'admirer encore un peu. Elle détourne cette fois les yeux sous mon regard, la mine boudeuse d'avoir perdue cette bataille. J'ai beau me trouver dans une église, à l'instant-même, son corps est la seule chose qui me prouve l'existence d'un Dieu. Car une telle perfection ne peut être le fruit du hasard. Mais quel genre de Dieu m'enverrait une telle tentatrice ?

Et, chassant ses pensées de mon esprit, je redescends, je lui donne enfin ce qu'elle veut. Cette fois, elle se cabre, son bassin avançant à la recherche de ma langue trop bien pendue, les mouvements de celui-ci suivant les miens. Je lâche ses poignets pour plutôt tenir ses hanches, les caressant longuement, lentement, et ses mains viennent immédiatement trouver mes cheveux, comme cherchant à quoi s'accrocher. 

Elle soupire, gémit, crie parfois. Et mon nom entrecoupe ses râles. Dans cette église, sur cet autel, Clark prie : elle prie pour que je continue. J'aime savoir que j'ai ce pouvoir sur elle : le pouvoir de lui faire du bien, celui de lui faire du mal. Et par la présente, les deux en même temps.

- Jesse... Je vais...

Un nouveau cri.

- Je vais...

Reculant un peu le visage, je lui lance un regard interrogateur.

- Tu vas ?

Mais ses mains me ramènent directement à ma tâche, et je n'ai pas vraiment besoin d'explication pour comprendre. Elle semble presque convulser sous les vagues de plaisir qui l'envahissent, tirant sur mes cheveux. 

Ses cris résonnent tout autour de nous. Je reviens au-dessus d'elle et prends ses lèvres, les étouffant.

- Tais-toi un peu, on est dans la demeure de Dieu, princesse.

Elle se redresse, et m'enlace, se blottissant contre moi. Je pose mes deux mains sur ses joues et ferme les yeux, me laissant porter par ses baisers. Et son bassin rencontre le mien, ses doigts défont ma ceinture, je la prends. Enfin. Et je bénis le jour où je l'ai vue pour la première fois. Parce que depuis ce jour je chante ses louanges comme d'autres récitent « Je vous salue Marie ». Elle est comblée de grâce, et bien que le seigneur ne soit plus avec elle depuis bien longtemps, j'espère qu'elle priera pour moi, maintenant et jusqu'à l'heure de ma mort. 

Et alors que mon bassin va et vient contre le sien, que ses griffe s'enfoncent dans la chair tendre de mes épaules et que je la vois perdre la tête sous mes yeux et sous mes coups, je saisis sa longue chevelure blondie par le soleil de provence et tire, l'obligeant à regarder au dessus d'elle. Et son regard rencontre celui du Christ, sous lequel se déroule notre sabbat. 

Car en cette demeure, le Christ est roi. Mais Clark reste ma reine.

...

Allongée sur l'autel, sa tête en dépassant en venant pendre sur le côté pour me regarder, elle caresse mes boucles blondes du bout des doigts. Mon dos repose contre le dit autel, mes jambes étendues sur le sol, et je la regarde moi aussi, la joue appuyée contre la pierre. Le soleil est désormais bas dans le ciel et ses rayons tapent sur les vitraux, ceux-ci délivrant des centaines de taches de couleurs, valsant sur le visage si bien dessiné de Clark.

- Tu es belle, je lui assure alors, levant une main pour caresser sa joue.

- Je sais, merci. On devrait se marier.

Je ris doucement et penche la tête, incrédule.

- Pardon ?

- Oui. Dans les séries, les conjoints ne sont jamais obligés de témoigner l'un contre l'autre.

- C'est inscrit dans la loi, pas que dans les séries...

- Justement !

- Qu'est-ce qui te fait croire qu'on va devoir témoigner ?

- Les flics qui nous attendent à la porte ?

- Ah, oui, je les avais oubliés, ceux-là. On devrait peut-être sortir, d'ailleurs, ils vont s'impatienter.

Elle hoche la tête et se redresse, remettant un peu d'ordre dans sa tenue.

- Ma pauvre culotte... constate-t-elle en jetant un coup d'œil aux débris de tissus qui gisent à nos côtés.

- Tu vas devoir faire sans.

- Ce ne sera pas la première fois.

Et, main dans la main, nous nous dirigeons vers la sortie et poussons les portes, avant de lever les mains en l'air, sans pour autant se lâcher l'un l'autre.

- On se rend.

J'espère que je ne vous ai pas trop perdues avec ce chapitre et qu'il vous a plu! Promis, les explications viendront au prochain!

Je tiens simplement à préciser que je n'ai voulu offenser personne avec ce chapitre, vous savez bien que Clark et Jesse ne sont pas forcément très moraux ou respectueux...

De l'amour et des bisous, n'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé! 🌝

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