FUCKIN' CONCERTO
Quelques mois plus tard...
JESSE - J'ai déconné
Le bruit du bord de ma carte bleu claquant contre le verre de la table basse surplombe à intervalle régulier le brouhaha de la foule qui se masse à l'extérieur de la salle de concert. Une fois qu'elle a fini de tracer les fines lignes blanches sur le verre, la rousse en face de moi me rend ma carte bleue, que je jette négligemment à mes côtés sur le canapé, sur lequel elle me rejoint rapidement, après s'être enfilé quelques railles. J'en ai déjà pris, j'ai juste ressorti le sachet déjà entamé pour qu'elle puisse s'amuser un peu aussi. Posant mes mains sur ses hanches, je la laisse monter sur mes genoux. Je peux sentir le whisky que je viens de boire sur ses lèvres, quand elle vient mêler sa langue à la mienne.
Mélanie. Ça fait trois concerts qu'elle nous suit, voyageant avec nous de ville en ville. Elle nous a rejoint à Lyon, avant de nous accompagner en Belgique à Bruxelles, puis au Danemark, à Copenhague. Elle n'est pas bien plus grande que Kim, ce qui semble plutôt plaire à celle-ci, et des petites fossettes creusent ses joues à chaque fois qu'elle rit à une des blagues pourries de Alex, notre bassiste. Et je dois avouer qu'elle a également une très jolie voix, quand elle crie mon nom après chaque concert...
- Alors comme ça t'es du genre à avoir des groupies ?
Je ne prends pas la peine de me retourner. Comme toujours, Kim joue les rabats-joies. Tout ça parce que j'occupe la salle commune et qu'elle ne peut pas venir s'asseoir avec nous...
- Fous-moi la paix, on se détend comme on peut.
Et j'entends ses talons claquer et s'éloigner quand elle quitte la pièce. Poussant un soupir, je rejette ma tête en arrière, arrachant mes lèvres à celles de la rousse.
- Quelque chose ne va pas ? Me demande-t-elle de son adorable accent français.
Me redressant un peu, je la regarde, caressant sa joue du bout du pouce.
- J'ai plus envie. On fera ça après le concert, ok ?
- Pas de problème !
- Tu veux bien me laisser un peu seul, s'il te plaît ? J'ai besoin de tranquillité...
- Pas de soucis, je vais aller voir Alex dans sa loge !
Et sur ces mots elle dépose sur ma joue un rapide « bisou », comme elle aime le dire, et sort rapidement à son tour. Je la regarde partir, sa courte robe d'été bleu marine flottant derrière elle. Comment peut-elle encore porter ce genre de chose alors que l'automne est déjà bien installé, ici en Europe ? Je suppose que c'est mignon, dans un certain sens...
Me levant, je pars vers le lavabo et observe un instant mon reflet dans la glace qui le surplombe. Des cernes brunes cernent mes yeux, en faisant ressortir le bleu. Je fais couler l'eau et y plonge mes mains, avant de les passer sur mon visage, terminant leur course dans mes cheveux, que je plaque en arrière. Et j'adresse un sourire au miroir. Celui que je devrai offrir à la foule, déjà en train de remplir la salle, d'ici quelques minutes.
Je sens des bras entourer ma taille, et baisse les yeux pour apercevoir Kim, qui me sourit de toutes ses dents.
- T'es prêt ?
- Toujours, même si tu viens de me pourrir mon coup !
- De quoi tu parles ?
Mais je n'ai pas le temps de répondre : le régisseur nous rejoint et nous intime de monter immédiatement sur scène, ce que nous nous empressons de faire. Kim est parfaitement maquillée, et est absolument à tomber. Elle est la première à monter, sous les cris et applaudissements du public, très rapidement suivie par Alex, et enfin par moi. La blonde s'installe à sa batterie et donne quelques coups de baguette, ce qui fait redoubler les exclamations des fans. Ses pieds se positionnent, et je constate qu'elle a mis la paire de baskets BALENCIAGA que sa meilleure amie lui a offert pour son dernier anniversaire...
Mes sourcils se froncent. Ce n'était pas elle, dans la pièce. Elle porte des baskets, pas des talons. Des claquements de talons. Mais quel con.
- Fermez-la !
Les cris et autres bruits se taisent lentement, et tout le monde me fixe, alors que je parcours la foule du regard. Est-ce qu'elle est encore là ?
- Clark ?
Pas de réponse. Le silence règne. Mais au fond de la pièce, je perçois un mouvement dans le public immobile. Une longue chevelure brune, une fine silhouette qui me fait dos... Elle est en train de partir.
Retirant la sangle de la guitare que j'avais déjà passée sur mes épaules, je jette celle-ci dans les mains d'Alex et quitte la scène, en courant. Dans les coulisses, je bouscule quelques membres du staff, qui ne comprennent pas ce que je fais là quand je devrais être sur scène. Mais qu'est-ce que je pourrais bien en avoir à foutre... ?
Poussant la porte de sortie, je l'aperçois, se dirigeant vers le parking.
- Clark !
Mais elle ne se retourne pas, et je dois encore courir. Combien de temps me fera-t-elle courir après elle ? Ma main se pose sur son épaule, et elle se retourne brusquement, visiblement surprise. Mais pas autant que moi : ce n'est pas Clark.
- Oh, excusez-moi...
Elle me répond que ce n'est pas grave, mais je ne l'écoute déjà plus, ne réalisant même pas qu'elle repart. Essoufflé, je regarde dans le vide ; j'ai froid.
- Jesse... ?
Je relève les yeux sur ma droite : elle est là, adossée au mur, les mains dans son dos.
Elle ouvre la bouche pour ajouter quelque chose, mais je ne lui en laisse pas le temps. Fonçant vers elle, je pose mes mains sur son cou et presse mes lèvres sur les siennes.
- Attends-
Mais je la coupe, continuant à l'embrasser. Je sens qu'elle essaie de parler, de reprendre le contrôle. Je ne lui en laisse pas l'occasion, l'attirant déjà avec moi dans un coin plus reculé. Lentement, je la sens céder. Elle me rend mes baisers, ses mains viennent serrer le dos de mon t-shirt, et elle se laisse aller dans mes bras.
Un quart d'heure plus tard...
Mon nom résonne depuis dix bonnes minutes : on me cherche. Mais je m'en fous : mes lèvres dévorent encore le corps de Clark, chaque parcelle de sa peau, déposent des baisers sur les siennes, sur son cou, sur ses joues, sur ses cheveux. Mais finalement, je me retire d'elle, poussant un long soupir au passage. Ses pieds se reposent enfin sur le sol, et peinant à rester debout sur ses jambes, elle garde ses bras fermement accrochés à mon cou. Des larmes coulent encore sur ses joues, mais je n'y fais pas attention. Je l'ai faite souffrir, de toute évidence. Cependant, la simple entente des gémissements qu'elle a poussés sous mes coups de rein me laisse deviner qu'elle a aimé ça. Comme elle a toujours aimé que je lui fasse mal.
Mes mains caressent ses deux joues, roses et brûlantes, alors que je la fixe longuement, mon souffle chaud venant s'écraser sur ses lèvres visiblement trop mordues... Je ne veux pas savoir ce qu'elle fait là. C'était tellement bon... Et c'est tout ce qui importe. Je sens encore mon corps fondre contre le sien, comme une bougie sous l'effet d'une flamme trop longtemps éteinte.
La lâchant finalement, je me refais une tenue correcte, tandis qu'elle passe ses mains sur son cou marqué.
- Je suppose que t'es revenue parce que t'as réussi à m'oublier sur le plan sentimental... C'est parfait, on est sur la même longueur d'onde, je commence, sans lui laisser le temps d'intervenir. Si tu veux une autre bonne baise, n'hésite pas à revenir.
Lissant mon t-shirt, je fais mine de ne pas la regarder. De ne pas remarquer sa mâchoire se serrant, ni son regard blessé.
- En fait je suis revenue parce que j'ai reçu un nouveau message...
Je fronce les sourcils. Un nouveau message... ? Je n'ai rien envoyé, c'est quoi encore, ce putain de bordel.
- Mais ouais, merci pour la « bonne baise ».
Qu'est-ce que je viens de lui dire. Comment ai-je pu être aussi con ? Je m'en veux déjà. Mais je ne peux pas me permettre de la laisser se foutre de ma gueule une nouvelle fois. Redressant la tête, j'ouvre la bouche pour lui parler. Je ne sais pas si je veux l'insulter, m'excusez, lui dire que je m'en fous... Mais quelques soient les mots qui devaient sortir d'entre mes lèvres, ils n'en ont pas le temps.
- Oh mon dieu, Jesse, tu étais là !
Je me retourne et une tignasse rousse me fonce dessus, me prenant dans ses bras. Je ris un peu, et la sers contre moi, haussant les épaules.
- Ouais, j'ai déconné.
- Et c'est qui, elle... ?
Jetant un coup d'œil derrière moi, j'observe un instant la brune qui nous fixe. Et derrière son masque d'impassibilité, je ne saurais dire si je lis de la tristesse, ou de la colère. Et je m'en fous.
- Personne. C'est personne.
Et, prenant son menton entre mes doigts, je l'embrasse rapidement.
- Bon, j'ai un concert à assurer... Et je t'ai promis quelque chose après, il me semble, n'est-ce pas ?
C'est à son tour de rire. Je sais qu'elle a vu l'état des vêtements de Clark, qu'elle a compris ce qu'on vient de faire. Mais c'est une groupie, elle ne s'attend pas à être la seule.
Et tandis qu'on retourne vers la salle, je ne peux m'empêcher de regarder la brune une dernière fois. Elle aurait pu. Elle aurait pu être la seule. Mais aujourd'hui, quand je la vois, j'ai juste l'impression qu'un cœur fantôme bat dans ma poitrine, là où battait celui qui lui a un jour appartenu.
Un chapitre un peu moins "esthétique" que d'habitude, mais ça arrive, non?
J'espère que ça vous a quand même plu, ehe, le prochain sera un prochain sera beaucoup plus approfondi, c'est une promesse!
Vous pensez que Jesse est vraiment indifférent? Est-ce que, pour vous, il va à l'encontre de ses valeurs, avec toute cette histoire? Un avis sur Mélanie?
Faites de beaux rêves, hâte de vous sortir le prochain chapitre! 🌙
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