Une vraie vie

Les meilleurs matins sont ensoleillés. 

Du coup, aujourd'hui, y avait des nuages. 

Mais je savais que je passerais une bonne journée quand même, parce que l'avais décidé, putain. Habillée pour la journée, j'attrapais la boîte de Reese's Puffs, laissant les Fruit Loops pour Janis quand ce sera elle qui mangera le matin, un de ces jours. Je m'en versais un grand bol que j'accompagnais avec du lait et j'engloutissais de grosses cuillères devant la baie vitrée de mon salon. La vue sur New York était à couper le souffle et ça me rappela vaguement celle que j'avais quand j'habitais dans la tour.

L'appartement que Tony m'avait acheté était... très Tony. Pas que je me plaignais. C'était beau, spacieux, près de chez Peter, luxueux. Mais, parfois, il était difficile de ne pas se sentir seule dans cette immense habitation. C'est pourquoi il y avait toujours un bruit de fond, une sorte de règle qu'on avait instauré Janis et moi pour ne pas devenir parano dans le silence. La tété allumée, la radio, de la musique qui joue en arrière plan...

Je soupirais en sortant mon téléphone et en faisant défiler les messages que Janis et moi avions envoyé à Tony. Aucune réponse depuis que nous avions emménagé. Je soupirais. Janis n'allait pas être très contente quand elle allait voir ça. J'étais moins proche de Tony, ça m'affectait moins. Cependant, un petit pincement persistait dans ma poitrine.

Je secouais la tête. "Pas la peine de penser à ça, bordel." je marmonnais en buvant le lait restant dans mon bol puis je le déposais dans l'évier. "Janis, la vaisselle sera pour toi." un rictus étira mes lèvres.

J'attrapais mon sac sur le canapé et galopais hors de mon appartement, fermé à clé. Je me dirigeais vers la station de métro à quelques pas de l'immeuble, une énergie peu habituelle le matin me poussant à courir au lieu de marcher. 

C'était absolument pas parce que j'étais en retard.

Je percevais déjà la silhouette familière d'un jeune homme que je connaissais bien maintenant, m'attendant avec ses écouteurs enfoncés dans les oreilles devant l'entrée de la station. Son visage s'illumina d'un sourire en me voyant arriver. 

"Last ! T'as encore trop dormi ?" il retira ses écouteurs qu'il rangeait dans sa poche. 

"La ferme, Parker. Sinon je fais cuire ton oreille pour la bouffer."

Il leva les mains en signe d'innocence tandis que je reprenais mon souffle. 

"T'as vraiment des problèmes de gestion de la colère."

"Et toi t'as pas de parents."

"Toi non plus."

Je coinçais sa tête sous mon bras et le tirais avec moi en courant. Je m'esclaffais de rire alors que Peter criait pour que je lâche et les passants nous dévisageaient comme si nous étions la pire racaille de New York. Il se délivra enfin grâce à sa super force et tenta de se recoiffer pendant que nous montions les marches. 

"Je viens juste de me coiffer !" il se plaignit. 

"Petite nature !" je ricanais en montant dans le wagon avec lui. 

"Oh ! Faut absolument que je te montre un truc !" il chercha immédiatement son portable dans sa poche et tapa quelque chose sur internet. "J'ai trouvé une vidéo qui compile tous les moments où un personnage dit "I've got a bad feeling about this" dans Star Wars."

"Dans tout Star Wars ?" je levais un sourcil.

"Dans tout Star Wars." il m'assura avec un sourire fier. 

"Montre !" je me penchais au dessus de son épaule pour regarder alors que la vidéo démarrait. "Faudra absolument que tu montres ça à Janis. Elle va adorer." je ricanais quand la compilation fût finie. 

"Compte sur moi. Mais elle va bientôt revenir ?"

"Quoi ? Tu peux pas tenir une putain de semaine sans Janis ?" je levais un sourcil.

Il leva les yeux au ciel. "C'est juste que je crois que j'ai plusieurs heures de vidéos à lui montrer maintenant."

Nous sortions de la rame de métro, un peu en catastrophe, trop distraits pour nous rendre compte pendant un moment que nous étions arrivés à destination. Midtown High grouillait déjà d'élèves. Peter et moi avions traversé le terrain avec entrain avant de manquer de nous faire renverser par la voiture de Flash sur la route. 

"Ça va Péteur Parker ? Et la schizo  ?"

J'inspirais une grande bouffée d'air et me tournais vers lui, les yeux sombres. 

"Flash, si j'ai deux personnalité c'est pour baiser deux fois plus ta mère alors tu fermes ta putain de grande gueule !" lui hurlais-je dessus.

Son sourire fondit et il se contenta de continuer de conduire. Peter éclata de rire. 

"J'aurais dû filmer. Sa tête était magique." il secoua la tête dans son regret. 

"T'auras d'autres occasions." je lui tapotais l'épaule en réconfort. 

Alors que Peter s'éloignait vers son casier, je me dirigeais vers le mien, malheureusement pas à côté du sien. Ou peut être "heureusement" parce que sinon on resterait collés tout le temps. J'ouvrais mon casier et attrapais les quelques affaires dont j'avais besoin pour les cours de ce matin. Mais j'aperçus MJ à seulement quelques casiers de moi et je le fermais avant de venir à sa rencontre. Elle était plongée dans un de ses livres, normal qu'elle ne m'ait pas vu. 

"MJ ! Merde, comment ça va ?" je m'exclamais. 

Elle releva la tête en souriant et son poing rentra en collision avec le mien en signe de salutation. 

"Ça va, meuf. Mais je cherche toujours un moyen de faire exploser ce bahut." je ricanais à ce vieux délire qu'on avait eu quand on était binôme en TP de chimie. Une histoire de faire exploser le lycée pour être enfin libre de la société capitaliste esclavagiste. Michelle Jones tout craché, quoi.

"Je suis sûre que tu trouveras. au fait, super le bouquin que tu m'as prêté. Je le dévore."

Un air de triomphe apparut sur son visage. "Je te l'avais dis. C'est que je commencerais à faire de toi une lectrice digne de ce nom.."

"Du calme, je dévalise pas les librairies comme toi. D'ailleurs, tu veux manger avec moi, Peter et Ned ce midi ?"

Elle grimaça. "Faut vraiment qu'il y ait ces deux là ?" 

Je levais les yeux au ciel et m'adossais contre les casiers, les mains dans les poches. "Ouais, Mj, y aura ces deux là. C'est mes potes. Alors ? S'teuplait. Je te promets que je te parlerais plus qu'à eux."

Elle hocha la tête. "Deal, alors."

Nous avons conclut l'affaire avec une poignée de mains avant qu'elle ne cherche quelque chose dans sa poche avec un sourire malicieux. 

"J'ai quelque chose pour toi." elle sortit deux billets de concert de Lana Del Rey qu'elle me mit sous le nez. 

J'écarquillais les yeux et les attrapais précipitamment pour les observer de plus près. 

"Putain tu déconnes ?!"

MJ sourit fièrement. "Pas une seconde. Tu viens avec moi ?" 

Je levais la tête vers elle, les yeux encore plus grands. "Moi ? T'es sûre ?!"

Elle haussa une épaule avec un sourire gêné. "T'es ma seule amie." elle marmonna. 

Je lui souris en retour en lui tendant les billets. "Les gens savent pas ce qu'ils ratent, MJ. Je suis touchée, meuf. Je viendrais avec plaisir."

"Génial." son sourire était plus lumineux et elle partit en me saluant de la main. Je lui rendis et rejoignis Peter et Ned, discutant déjà avec passion. Sûrement Star Wars. 

"Bonjour, mes merdes préférées." j'entourais leurs épaules avec mes bras, m'imposant au milieu et les obligeant à avancer dans le couloir.

"Salut, Last." me salua Ned. 

"Ned a obtenu le set Lego de l'Etoile de la Mort ! Plus de 3000 pièces !" s'exclama Peter en désignant Ned de la main.

Je levais les yeux au ciel. "Putain mais arrêtez avec vos trucs de geek, vous êtes ridicules." je me penchais vers Ned et lui chuchotais: "On peut le trouver où ? Il coûte combien ?"

Ned ricana. "On pourra le faire ensemble, si vous voulez."

"Grave !" je m'exclamais.

"Carrément !" me suivit Peter.

"Ce soir ? Après les cours ?"

Peter grimaça à la dernière proposition de son ami. 

"Ce soir je peux pas. J'ai mon stage chez Stark."

"Ah ouais, ton stage chez Stark."

"Ouais."

"Toujours ton stage."

Peter se gratta la nuque. "J'espère que ça va déboucher sur un vrai boulot."

"Ça serait trop cool ! "Bonnes feuilles de calculs, Peter. Voilà une pièce d'or."" Ned prit une voix supposée d'adulte. 

Peter et moi le regardions tous les deux. 

"C'est un mystère pour moi, le monde du travail." se justifia Ned. 

"Non, c'est ça." lui confirma Peter. 

Mais il se figea quand il aperçut Liz à l'autre bout du couloir, une élève de dernière année qui faisait craquer Peter. Je déchirais le papier qui recouvrait la paille du Caprisun que je venais de sortir de mon sac. Je la plantais dans la boisson et commençais à boire en suivant le regard béa de Peter.

Je plissais les yeux vers Liz. "Elle m'a invité à sa fête." je dis soudainement, réveillant Parker de sa rêverie. 

Il se tourna immédiatement vers moi.

"Sa fête ? Elle fait une fête ?!" il s'exclama, buvant toutes mes paroles comme je buvais mon Caprisun. 

Je haussais les épaules et fronçais les sourcils. "Ouais."

"Mais pourquoi elle t'a invité ?" il demanda avec un pure confusion sur son visage. 

"Parce que je suis la personne la plus drôle de la promo ?" je proposais, soulignant l'évidence de la chose. J'ai faillis dire que vous aussi vous me trouviez hilarante mais je me retenais. Je savais ô combien ce genre de commentaires me faisait paraître complètement folle et bizarre. 

Peter soupira et se tapa la tête sur mon épaule. "Tu peux me faire inviter ? Tu penses ? Hein ? Dis ?" il débita à toute vitesse. 

"Mollo, Roméo. Je vais voir ce que je peux faire mais je te promets rien." je l'obligeais à reculer, n'aimant pas qu'il envahisse mon espace personnel. 

Il se détendit. "Merci, Last t'es la meilleure."

Ned fronça les sourcils. "Depuis quand t'es amie avec Liz ?"

Je plissais les yeux. "Depuis que je traîne avec d'autres gens que vous, bandes de débiles. C'est à dire, depuis que j'ai mis les pieds dans ce bahut."

"En tout cas, tu traînes pas avec Flash."

Je soupirais. "Je ne tomberais jamais aussi bas, Ned."

La cloche sonna, nous ordonnant de rejoindre nos classes. Je me retrouvais dans une classe de sciences dans laquelle je m'ennuyais à mourir. Midtown était pour les scientifiques, les ingénieurs, les informaticiens... Et Janis et moi n'étions rien de tout ça. Janis était bonne dans le domaine créatif et moi dans le sport. Cependant, nous avions trouvé un domaine qui nous intéressait toutes les deux pour nos futures études supérieures: le droit.

Je m'occupais à passer le temps en regardant des vidéos, discutant avec un peu tout le monde dans la classe en essayant de ne pas me faire choper. J'aimais lancer des avions avec des messages écris pur ceux qui étaient trop loin, et je les poussais à s'envoler dès que la prof avait le dos tourné. Ça en faisait rire plus d'un.

Quand on avait une évaluation, la plupart du temps, Peter m'aidait à tricher, ou d'autres personnes. Peter le faisait à chaque fois parce qu'il savait que je gardais les comptes. Et c'était mon ami, il savait que j'étais dans cette école seulement parce Tony voulait que je le surveille. Même s'il n'aimait pas ce détail, notre lien a fait qu'il m'aidait à chaque fois qu'il en avait l'occasion. 

"Mademoiselle Price." la voix de la prof me sortit de ma semi-sieste et je me redressais immédiatement. 

"Oui ?" je répondais présente. 

"Peut être que vous pourriez nous donner le résultat de cette équation." elle désigna l'équation au tableau. 

Flash se préparait déjà à éclater de rire et Peter se grattait nerveusement la nuque, à côté de moi. Je fixais les chiffres au tableau et, avant que Peter ne puisse me souffler la réponse, je donnais ma réponse.

"7 ?" 

La professeure fronçait les sourcils. "Très bien...Mademoiselle Price." elle marmonna, sous le choc. 

Peter se tourna vers moi dès qu'elle nous quitta du regard. 

"Mais comment t'as fait ?! Je croyais que t'étais nulle pour calculer."

J'affichais une pure incrédulité sur mon visage. "Je sais pas, j'ai dis au pif."

Peter s'infligea un face-palm. 

.........

Le déjeuner arriva à une vitesse folle et, voyant MJ toute seule à une table entrain de lire, je soupirais et m'éloignais des garçons. 

"Je vais manger avec MJ. De toute façon, je tiens pas à vous voir baver sur Liz."

Peter hocha la tête. "D'accord ! A toute alors !" 

Sur le chemin, je sentis une main se poser sur mon épaule et je croisais Liz qui me souriait avec bienveillance. 

"Jolie veste, Last."

Elle observa de haut en bas ma veste en cuir noire affublé de plusieurs dizaines de pins accrochés un peu partout. Je lui rendis sa politesse. 

"Merci, Liz. je sais, elle déchire."

Elle ricana avant de s'éloigner avec ses copines. Je posais mon plateau en face de Michelle et, en levant la tête, elle me salua chaleureusement.

"Salut."

"On avait dit qu'on mangeait avec Peter et Ned."

"J'ai changé d'avis."

Je levais les yeux au ciel mais m'asseyais en face d'elle. Ses lèvres se pressèrent en une fine ligne. 

"Tu sais.. si tu veux manger avec eux tu peux partir."

"Sois pas conne, je suis où je veux être et personne ne me dira où poser mon cul." je plantais ma fourchette dans la nourriture douteuse du self.

Elle ricana et posa son livre sur le côté. "Bien sûr. Où avais-je la tête ?"

"Pas avec toi, apparement." je mâchais ma première bouchée. 

MJ plissa les yeux vers moi. "T'as jamais pensé à être avec quelqu'un ?"

Je fronçais les sourcils. "Michelle Jones qui me parle de relation amoureuse ? Qui êtes vous et qu'avez vous fait de mon amie ?" je posais mes coudes sur la table et reposais mon menton sur mes mains jointes. 

MJ leva un sourcil. "Quoi ? On peut même plus parler ?"

A mon tour de la jauger du regard avec de petits yeux. "Toi...tu sais quelque chose." je pointais ma fourchette vers elle avant de reprendre une bouchée. 

Elle soupira. "Ouais, ok. C'est vrai."

"Dis moi." je haussais les épaules. 

En se penchant vers moi, elle murmura. "J'ai appris qu'il y avait au moins 3 personnes intéressées par toi."

Je grimaçais. "Ew." 

"Et un coup d'un soir, ça t'as jamais tenté ?" elle demanda avec un rictus amusé. 

"Encore plus "Ew"." je m'essuyais la bouche avec la serviette. "Tu sais bien que je ne veux ni de l'un, ni de l'autre. Je me suffis entièrement."

"Bien, d'accord." ses mains se levèrent comme Peter l'avait fait ce matin. "Tu veux pas savoir qui c'est ?"

"Tant que ce n'est ni Liz, ni Flash, je me porterais bien."

Michelle cligna plusieurs fois des yeux. Je me figeais dans mon mouvement pour boire.

"Quoi ?"

"Rien."

"Michelle Jones..." je grognais.

"Oh mince ! J'ai cours ! A ce week end !"

"MICHELLE JONES !"

..........................

Je me réveillais sur une table de cours, les bras croisés dessus pour me procurer un oreiller de fortune. Je me frottais les yeux, ayant l'impression de sortir d'un coma de plusieurs années. 

"Tu te réveilles, la marmotte ?" me demanda Peter.

J'hochais la tête. Last avait dû encore passer la majorité de sa nuit à lire, ça expliquerait pourquoi je me sentais aussi molle. 

"Ouais..." marmonnais-je, entendant en bruit de fond le professeur parler. "Salut, Peter. Ça fait un moment, non ?" je tournais mes yeux fatigués vers lui. 

Il pivota sa tête à une vitesse fulgurante. "Janis ?"

"C'est moi."

"J'ai un milliard de trucs à te dire." 

Je ricanais. "Mollo, mollo, je viens juste de me réveiller d'une semaine d'absence...et d'une nuit de sommeil en moins, apparement."

Il sourit. "Last a pas arrêté d'envoyer des textos toute la nuit à MJ sur son livre."

"Comme ça ne m'étonne pas.." je marmonnais. 

Je me rendis soudainement compte que mes doigts étaient teintés de noir... Je soupirais. 

"Peter... Ne me dis pas que Last a mit du mascara et de l'eye liner ce matin et que je viens de me barbouiller..."

Il se figea. "Euh...si ?"

Je plongeais ma tête dans mes bras, exaspérée. 

"Je vais encore ressembler à un panda."

"Au moins...un panda c'est mignon."

"J'ai l'air d'une droguée."

Il se ravisa quand il vit mon visage. "Ouais, t'as raison. Force à toi, t'es toute seule là dedans."

................

Après m'être débarbouillée aux toilettes, je suis sortie des cours avec Peter. On eut juste le temps de mater une vidéo de compilation de Star wars avant d'atteindre notre destination et de courir chez Delmar. La boutique était familière et son odeur donnait faim comme pas possible. 

"Bonjour M. Delmar !" je le saluais en faisant tinter la cloche de l'entrée. 

"Comment ça va M. Delmar ?" enchaîna tout de suite Peter en nous guidant vers le comptoir. 

M. Delmar était un hispanique chaleureux qui savait vous tenter avec ses sandwichs. Peter me l'avait présenté dès le premier jour où j'ai emménagé et M. Delmar s'est tout de suite montré très accueillant. Il m'a même donné son numéro de portable si j'avais besoin de son aide pour n'importe quel problème. Mais j'ai jamais su s'il parlait de services illégaux, de services amicaux ou s'il me draguait. Comme je l'aimais bien, j'ai décidé que ce serait les services amicaux. Il avait une aura de "papa protecteur" qui me faisait sentir en sécurité, d'une certaine manière.

"M. Parker ! Mlle. Price !" il s'accouda à son comptoir. 

Peter attrapa des sachets de bonbons et les déposa sur le comptoir. 

"Numéro 5 aussi, je suppose ?" il lui demanda. 

"Oui, avec des cornichon et bien aplatit, s'il vous plait." Peter tapa dans ses mains. 

M. Delmar se tourna vers moi. "Et toi, ma grande ?"

J'observais l'affiche des sandwichs. "Hmmm... Je vais tester le numéro 9, s'il vous plait. Et sans cornichon pour moi."

"Ça marche !" le cuistot derrière Delmar se mit tout de suite au travail. 

"Tu t'installes bien, ici ?" il me demanda.

J'hochais la tête en déposant une canette de Dr. Pepper sur le comptoir. Et j'attrapais un Coca pour Peter, me remémorant au dernier moment son habitude. 

"Ouais, c'est super. Merci de vous en soucier. Je me suis juste fait suivre jusqu'à mon appart la semaine dernière."

Peter et M. Delmar froncèrent les sourcils. 

"Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?" demanda Peter, incrédule. 

"Parce que Last est arrivé le lendemain." j'haussais les épaules.

"C'est pas bon ça, ma fille." déclara gravement le vieil homme en se redressant. "Tu me dis si t'as besoin d'aide. Je viens avec ma batte de baseball et je lui fais sa fête. Si tu veux, je peux appeler un bon ami à moi qui peut le pister."

Je secouais la tête en riant. "Merci, M. Delmar. Vous êtes mon ange gardien. Mais je sais me débrouiller seule, vous en faites pas."

Il semblait à moitié convaincu mais laissa passer. Puis il se tourna vers Peter. 

"Ça va, ta tante ?"

"Ouais, elle va bien."

Delmar se tourna vers son collègue en débitant à toute vitesse quelque chose en espagnol que je ne compris pas. Mais Peter avait apparement tout bien compris car il répondit:

"Como esta tu hija ?" avec un air malicieux, les bras croisés.

Je le pointais du doigt. "Ah ça j'ai compris !"

Delmar se braqua et déclara le prix pour Peter. "10 dollars."

"C'est seulement 5 dollars !" contra mon ami en pointant vers les prix. 

"Tu as parlé de ma fille, c'est 10 dollars." 

Je ricanais. "J'avoue, Peter. Ça se fait pas."

Peter me jeta un regard qui voulait dire "fais-pas-trop-la-maline" mais je l'ignorais. 

"Je plaisantais." s'expliqua Peter auprès du propriétaire alors qu'il lui tendait les 5 dollars. "Tenez, 5 dollars."

Delmar les accepta un peu à contre coeur et je lui donnais les 9 dollars que je lui devais. Peter me tapota l'épaule et pointa un peu plus loin un chat allongé sur le comptoir. 

"Regarde, y a Murph-"

"OH LE BEBE D'AMOUR !" je m'écriais et courant vers le chat blanc et gris. 

Je lui grattouillais son ventre tout blanc et tout rond avec le bout de mes doigts et lui caressais de temps en temps le crâne. Il ronronnait comme un tracteur. 

"Oh si t'es pas le plus adorables des bébés..." 

Peter vint me rejoindre pour donner quelques grattouilles et Delmar sourit en nous voyant chouchouter le chat.

"C'est un vieux pépère, maintenant. Plus vraiment un bébé." 

"Pour moi, il en sera toujours un." je lui déposais un bisous sur le haut du crâne avant de revenir à la caisse avec Parker. 

"Alors, les jeunes, comment va l'école ?"

"On s'ennuie." je marmonnais. 

"Ouais, j'ai mieux à faire." continua Peter. 

Je plissais les yeux vers lui et Delmar leva le doigt en signe de réprimande. 

"Allez à l'école, les jeunes, allez à l'école. Sinon vous finirez comme moi."

"Mais c'est génial." riposta Peter en désignant le magasin avec ses bras.

"Vous faites du super boulot, Delmar, ne vous dénigrez pas." je lui assurais. "Perso, j'ai surtout hâte de commencer mes études supérieures."

Il hocha la tête. "Je comprends, ma fille. Le temps viendra où tu y seras." puis il nous donna notre commande et nos achats avant de nous saluer. 

Partis comme des éclairs, nous galopions dans les rues animées du Queens avant que Peter ne m'attrapa par la manche et me traîna comme une poupée de chiffon dans une ruelle discrète.

"Enfile ton costume ! Spider Man et Sword passent à l'action !"

Je levais les yeux au ciel en grimaçant. "Peter... Tu veux pas faire ça tout seul ? Je...je me sens pas de laisser sortir Sword, aujourd'hui." je me frottais le bras.

"Allez... S'teuplait !" il me secoua et je l'arrêtais en mettant mes mains sur ses épaules.

"Peter...je déteste les hauteurs."

"Mais je vais te porter ! Tu sais que je te lâcherais jamais. Je mourrais avant que je ne te lâche." il me donna un petit coup de coude amical avec un clin d'oeil. Il s'apprêtait de nouveau à me secouer mais je le stoppais immédiatement.

"D'accord. Je viens. Mais tu me portes. Je veux pas te courir après comme une détraquée."

Il haussa les épaules. "Comme toujours."

..........

Nous avions passé l'après-midi entière à appréhender de petits criminels et régler quelques soucis qui me paraissaient bien ennuyeux par rapport à Ultron. Mais je devais admettre que c'est ce que j'avais toujours aimé chez Spider-Man: aider les gens, peu importe leurs soucis. Alors, même si ce n'était pas palpitant, c'était agréable et léger à faire, me permettant de sourire un peu. Et, plus important encore, ça rendait service à beaucoup de gens.

J'avais étrangement plus du tout la même vision de Spider Man et de Peter Parker qu'avant. Avant que je ne le rencontre. Pendant toute ma vie il avait été mon béguin d'enfance mais, en me rapprochant de lui comme une personne et non comme une idole, je le percevais autrement. Il était un ami sur qui je pouvais compter et avec qui je pouvais parler de tout et de rien. C'était... apaisant.

Le soleil se couchait, les rues de New York adoptant une teinte rougeâtre. Assis sur des escaliers de secours, nous mangions avec avidité nos sandwichs de Delmar. Combattre le crime, ça ouvrait l'appétit ! J'entendais vaguement Peter faire son rapport de la journée au répondeur de Happy et ne repris mes esprits que quand il raccrocha. 

J'observais mon sandwich avec un sourire triste. "Natasha me tuerait si elle savait que je mange des sandwichs tous les soirs."

Il ricana. "T'étais si proche que ça de Black Widow ?"

Je plissais les yeux. "Je le suis toujours..." je murmurais. 

Peter pressait ses lèvres en une fine ligne. 

"Ouais, pardon. C'est juste étrange de parler d'une Avenger comme ça. Comme si c'était ta grande soeur ou ta mère."

Je secouais la tête. "Ouais, je comprends. T'en fais pas."

Peter souffla à son téléphone. "Happy ne me répond pas... Il ne me répond jamais." il se tourna vers moi. "Toi, t'as Tony Stark en personne qui te répond à des messages que t'envoies à 2 heures du mat."

Ma gorge se serra. J'avais longuement parler de ma relation fusionnelle avec Tony à Peter. C'était son idole ultime et il trouvait ça tellement cool ! C'était agréable de voir l'admiration sur le visage de Peter mais tellement déchirant de parler de Tony en ces temps tendus... Je n'avais jamais osé lui dire que Tony ne répondait plus à mes messages. C'était trop dur et je ne voulais pas en parler. 

"Je pourrais essayer de l'appeler, si tu veux. Happy me répond toujours." je pris une bouchée. 

Peter me sourit. "Merci, ce serait sympa, ouais."

Je lui tapotais l'épaule. "T'en fais pas, va ! Happy est toujours un peu rigide aux premiers abords mais c'est un gros nounours."

J'observais les rues de New York quand je le vis !

"Peter !" je m'écriais en lui attrapant l'épaule. "UN CHIEN ! En bas de la rue ! Vite ! Porte moi là bas !"

Mais Peter fût plutôt attiré par ses sens aiguisés vers une explosion, un peu plus loin.

"Janis, y a un pillage d'une banque ! Faut qu'on y aille ! Bouge toi !" il m'attrapa par la taille alors que je me débattais pour aller voir le chien.

"Mais y a un chien, Peter ! Un chien !"

"Et un cambriolage ! Alors tu arrêtes de gigoter ou je te lâche !"

"Mais le chien..."

Trop tard, on était déjà partis. Moi, portée comme un sac à patates. 




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