Laisser la main
J'ai dû m'évanouir une nouvelle fois. J'ai cru que j'avais simplement cligné des yeux mais quand j'ai soulevé mes paupières fatiguées, la pièce n'était plus du tout la même. C'était toujours assez sombre mais il faisait plus froid, l'environnement était industriel et un laboratoire de fortune était installé sur ma gauche. J'étais toujours fermement attachée à la verticale sur une plaque métallique à l'aide de sangles de la même matière. L'injection continuait son cours dans mon corps alors que deux hommes en blouses blanches ne semblaient même pas avoir remarqué que j'étais réveillée, plongés dans leur travail.
C'est peut être une occasion de filer en douce ?
La voix de Last toujours si énergique s'était transformée en un murmure comme si elle avait peur de se faire repérer par ces travailleurs.
« Peut être bien... » marmonnais je en observant de haut en bas la pièce pour en trouver une issue.
Il y avait une énorme porte en métal sur ma droite, à quelques mètres, avec un système d'ouverture circulaire, comme les portes des bateaux, mais elle était fermée.
C'est sûr que c'est une sortie. On devrait foncer là bas.
« Je suis pas sûre...Le temps que je me dégage des sangles, que je cours à la porte et que j'essaie de l'ouvrir...Vu le poids qu'elle doit faire, je ne suis pas sûre de pouvoir l'ouvrir avant qu'ils ne me rattrapent. » je retins un gémissement de douleur lorsqu'Extremis enflamma le dessous de ma peau, gardant cependant toujours un œil sur les deux sbires se consacrant à leur travail et me tournant le dos.
J'avais la tête qui tournait et j'étais essoufflée. Je regardais une nouvelle fois autour de moi et remarquais une échelle jaune à quelques mètres en face de moi qui conduisait à une passerelle en hauteur avec un sol en grillage et des barrières du même jaune que l'échelle. Mais c'est tout ce que je pus apercevoir de la passerelle, c'était sombre et trop haut pour que je puisse voir quoi que ce soit.
« On peut peut être tenter l'échelle ? » chuchotais je.
Ouais, pas con. Mais...c'est aussi un peu risqué. Imagine y a masse de cracheurs de feu juste en haut ?
« C'est un peu notre seul espoir. »
Dans ce cas, je ne te retiens pas.
Je pris une grande inspiration pour faire redescendre l'adrénaline avant de faire sortir bruyamment des lames à tous les endroits où se trouvaient des sangles, deux qui entouraient mes jambes, une autour de mes hanches, une pour chaque bras et une dernière sur le buste. Elles étaient assez grandes et épaisses pour briser d'un coup les sangles et me laisser tomber au sol, mes pieds nus touchant enfin le sol froid et dur. J'arrachais durement l'aiguille dans mon bras, sifflant légèrement. Les deux hommes avec moi dans la salle sursautèrent en se tournant vers moi, les yeux ronds. Je croisais leurs regards avec un sourire en coin, les mains toujours plaquées au sol alors que personne ne bougeait. J'étais très soulagée de constater que mes pouvoirs marchaient encore, j'avais peur qu'Extremis ait foutu le bordel dans mon corps.
Mais je ne perdis pas de temps et avant qu'ils ne réagissent, je m'élançais vers l'échelle que j'attrapais en sautant puis en me hissant sur les barreaux. J'entendais les deux hommes paniquer, ils ne devaient pas être des combattants car l'un criait dans un talkie walkie alors que je sentis une main agripper une des mes chevilles. Je poussais un petit cri de surprise, la force qu'il exerçait pour me faire tomber faillit bien me faire lâcher la barre que je tenais. Mais avant qu'il n'essaie de nouveau, je sortis une lame au niveau de ma cheville, transperçant sa main, que je retirais aussitôt pour qu'il me lâche. L'homme tomba à genoux à terre en hurlant et en tenant sa main ensanglantée contre sa poitrine.
Ouais ! C'est ça ! Tu gères ! Vite vite vite maintenant !
« Pas la peine de me presser ! » grognais je alors que mes pieds reposaient enfin sur une barre, me permettant de grimper l'échelle bien plus vite.
J'atteignis la passerelle, le souffle court cependant je ne pris pas le temps de le récupérer ni d'observer mon environnement, pressée par le temps. J'avais le choix entre la gauche, qui menait vers un couloir illuminé, ou la droite qui plongeait dans le noir. J'ai pris sans hésiter le passage éclairé, courant le plus vite possible malgré l'inconfort dans tout mon corps.
Mais pourquoi t'es partie par là !? Si c'est allumé, c'est qu'ils utilisent le passage ! Tu fonces droit vers eux !
« Il est pas question que je plonge dans le noir total ! »
Je traversais en vitesse le couloir illuminé et on m'a offert de nouveau un choix de direction. Encore une fois, le choix fût vite prit quand j'entendais des voix fortes et des bruits de course venant de ma droite, un bout de couloir qui termine sur un tournant. La peur et la panique commençaient à s'emparer de moi alors que je commençais à courir dans la direction opposée, un autre couloir également illuminé mais seulement par des lumière rougeoyantes.
« Ne la touchez pas ! Elle fait pousser des lames de son corps ! Si vous la touchez, elle vous blessera ! »
J'entendais leurs voix lointaines crier des choses auxquelles je ne faisais pas réellement attention. Je tournais dans un coin avant de voir qu'au fond du couloir se trouvait une porte simple, me redonnant assez d'espoir pour me pousser à courir plus vite que ne l'ai jamais fait. J'ai baissé la poignée et poussais la porte, constatant avec soulagement qu'elle s'ouvrait. Je sentais un vent froid et fort écraser mon visage, ça ne m'a pas choqué, mais ça aurait dû. Mon coeur descendit dans mon estomac quand mes pieds qui couraient encore se retrouvaient dans le vide. Je criais de surprise alors que je m'accrochais désespérément à la poignée de la porte, le reste de mon corps pendant dans le vide.
J'apercevais brièvement ma nouvelle localisation, on aurait dit un chantier maritime ou quelque chose comme ça. Mais mes yeux se concentrèrent rapidement sur le vide qui semblait interminable juste sous mes pieds. Comme si le sol m'appelait désespérément ce qui me terrifiait, j'étais pétrifiée, je ne pouvais plus bouger et je pouvais simplement regarder le sol. Si petit....
« Te voilà ! » ricana une voix juste au dessus de moi, me détournant du vide.
C'était un homme d'âge moyen qui portait un t-shirt noir, souriant à ma situation alors que j'arrivais à peine à respirer tant j'étais anxieuse.
« Viens par là. » il essaya d'empoigner mon poignet mais je criais, le faisant reculer brusquement.
« NON ! Ne me touchez pas !
-Alors quoi ? Tu vas restée pendue au dessus du vide ? Tes mains vont lâcher la poignée à un moment donné. » il eut un petit rire. Et il avait raison, mes mains commençaient à fatiguer.
Donnes moi le contrôle ! J'ai pas peur du vide, moi !
Je levais les yeux au ciel et chuchotais un « La ferme... » à Last qui se tut.
« J'ai des lames. Elles me retiendront.
-On en revient à la même question: tu veux rester au dessus du vide ? Je peux me barrer si tu veux. » il tourna le dos comme s'il allait partir, me faisant céder de suite.
« NON ! Attendez ! »
Il s'arrêta dans on élan et se retourna vers moi, me regardant en souriant avec une certaine fierté.
« Oui ? » il demanda avec une voix bien trop calme.
« D'accord ! D'accord ! Je..je vais venir avec vous.
-Bonne fille. » il ricana alors qu'il me tendait la main que je pris sans hésitation, mon baromètre d'anxiété débordant considérablement au point que je ferais tout et n'importe quoi pour partir d'ici.
Je t'avais dis de prendre à droite. Marmonna Last d'une voix monotone.
Je ne fis pas attention à ce qu'elle disait alors que l'homme me tirait vivement vers lui, permettant enfin à mes pieds de toucher le sol. Un souffle de soulagement envahit mon corps. Mais je ne perdais pas mon objectif de vue alors que je reprenais mon souffle. Sans prévenir, je poussais l'homme, le faisant tomber à la renverse et il cria tout le long de sa chute. Je jetais un bref coup d'œil au vide, voir s'il était mort. Mais le violent frisson de peur me fit reculer sur le champs.
Faut y aller, maintenant. Certains ont sûrement entendus ses cris, ils vont venir par là !
« Ouais...j'y vais.. » murmurais je alors que je revenais sur mes pas. Le couloir était de nouveau désert mais je restais tout de même discrète.
Alors que je m'apprêtais à tourner dans le couloir, les crépitements de talkie walkie m'arrêtèrent juste à temps, me plaquant contre le mur.
« Alors ? Vous l'avez trouvée ? » demanda une voix au travers de la communication du talkie walkie.
« Non, pas encore. » répondit sèchement le type à quelques mètres plus loin de moi. A en croire les bruits de pas, je dirais qu'ils seraient bien 3 ou 4.
« Le boss va pas être content du tout... » soupira l'un d'eux.
Du coin de l'œil, un détail attira mon attention. A un mètre derrière moi, se trouvait une bouche d'aération. Petite mais assez grande pour que je m'y faufile. Je me mis dès maintenant au travail et m'accroupissais devant la grille, faisant pousser une minuscule lame pour l'insérer dans les vis et les détacher rien qu'un peu pour ensuite avoir assez d'espace pour les couper, allant plus vite avec cette manière. Enfin, je coupais la dernière vis et, avec la plus grande précaution, je pris la grille entre mes mains et la posais délicatement au sol sans faire aucun bruit.
Je glissais le haut de mon corps dans le petit espace puis rampais comme un vers de terre entre les parois métalliques de la bouche d'aération.
Heureusement que c'est toi qui fais ça...j'ai horreur des petits espaces.
Je laissais échapper un rictus amusé.
« Chacune ses petites lacunes. » murmurais je alors que je me cognais constamment contre les parois.
Au loin, j'entendis des voix masculines crier quelque chose, derrière moi. Ils venaient sûrement de remarquer le grillage dévissé. Mais j'en fis abstraction et essayais de me remémorer le plan de ce bâtiment pour savoir quelle direction prendre dans la bouche d'aération: tout droit ou à gauche ?
Gauche.
« Merci... » marmonnais je. Mais, soudain je sifflais de douleur et me laissais tomber contre la paroi inférieure. C'était tellement frais...tellement agréable...
Hey ? Ça va ?
« J'ai tellement chaud... ». C'était un blasphème, je suais tellement que j'aurais pu remplir une piscine à moi toute seule.
Extremis ?
« Ouais.. » répondis je toujours à voix basse. « J'ai peur...Je vais peut être mourir à cause d'Extremis...J'ai peur, Last. » ma respiration devint haletante quand je sentis les larmes me monter. « Je ne veux pas mourir... Je... Je ne veux plus mourir... » Qui sait si Extremis ne vas pas exploser dans mon corps car il ne le supporte pas ?
On va pas mourir, je te le promets. Mais il faut qu'on sorte d'ici si tu ne veux vraiment pas mourir, ok ? Tu peur continuer à ramper ou tu veux que je prenne le relais ?
« Non...je vais le faire. » marmonnais je en me redressant.
Je continuais de ramper un moment puis, j'entendis des voix sur ma droite. Je m'en approchais de plus en plus, essayant d'entendre clairement ce qui était dit. La bouche d'aération continuait devant moi mais un autre grillage laissa échapper de la luminosité sur ma droite. Par curiosité, je regardais au travers. Ça donnait sur la passerelle par laquelle je m'étais enfuie mais je pu tout de même percevoir une partie de ce qui se passait en bas. Killian était là et il parlait comme s'il allait au boulot comme tous les lundis matins.
« Toujours aucune trace ? » il demanda d'un ton dur en semblant tourner en rond.
« Elle semble être passée par les bouches d'aération. On l'attendra à chaque sorties. Vous inquiétez pas, boss, on la trouvera. C'est qu'une gamine, elle pourra pas aller bien loin.
-Pauvre idiot ! C'est Sword ! C'est plus qu'une simple gamine ! Elle fait partie des Avengers, merde ! » le ton de Killian monta drastiquement et un fort bruit métallique retentit dans toute la pièce, indiquant qu'il a sûrement frappé quelque chose. « Comment vous avez pu laisser passer ça ? » il soupira en se pinçant l'arrête du nez. « Moi qui pensais que ce serait plus simple de kidnapper la protégée de Stark plutôt que sa petite copine. » il soupira de nouveau.
Il voulait t'utiliser pour faire du chantage contre Tony ? Mais pourquoi ?
« Pour l'obliger à travailler sur Extrémis...L'améliorer, le rendre parfait... » marmonnais je en me rappelant l'intrigue du film. « Mais alors ça veut dire que j'ai remplacé Pepper ? »
Et c'est grave ?
« J'espère pas... »
« On aurait dû laisser tomber le kidnapping de cette fille dès qu'on a su que c'était Sword et se pencher sur le plan B: Potts.
-Bien sûr que non ! Avec Janis on fait une pierre deux coups ! C'est notre levier contre Stark et un moyen de tester Extremis sur quelqu'un d'amélioré ! C'est mon cobaye le plus intéressant, vous avez intérêt à la retrouver ! » il cria ses derniers mots. Un poussa un long soupire qui lui permit de se calmer et il se recoiffa en plaquant ses cheveux en arrière. « Et puis....Je tire une certaine satisfaction de garder une Avengers comme trophée. »
Son sourire me rendit malade mais je n'eus le temps d'enregistrer ses paroles qu'un grand bruit sur la droite me fit sursauter. Mais mon champ de vision limité ne me permit pas de voir tout de suite ce qui se passait. Mais, soudain, l'armure de Iron Patriot avec ses couleurs de l'Amérique et ses bruits de pas forts et métalliques entra dans la pièce, suivit par deux hommes. Celui qui discutait avec Killian quitta les lieux et celui ci s'avança vers l'armure avec un sourire satisfait. L'armure s'ouvrit, laissant tomber le président des États Unis sur ses genoux, au sol.
« Bienvenue à bord, Monsieur le Président. » salua Killian en faisant un salut militaire.
Avec une forte prise sur le bras, l'un des sbires poussa le Président à se lever, suivant Killian qui les faisait monter sur une passerelle, celle juste en face de moi, me permettant de les voir parfaitement, se postant devant un écran.
« Connaissez vous les cimetières d'éléphants ? » demanda Killian au Président. « Eh bien il y a deux ans...l'éléphant c'était ce cargo. » il montra l'image à l'écran. On est donc sur ce cargo...
« Roxxon Norco... » reconnut le Président en regardant l'image de celui ci.
« Quand il a vomit des millions de litres de fuel au large, tous vos amis milliardaires s'en sont sortis grâce à vous.
-Qu'attendez-vous vous de moi ? » demanda le Président avec une voix plus assurée et forte dans un élan de courage.
« Rien, monsieur. Il me fallait une raison valable pour vous tuer en direct. Vous savez, j'ai évolué. J'ai trouvé un nouveau mécène politique et il occupera votre place dès demain. Attachez le. » il ordonna tout en partant et je pense que c'est une bonne idée que je parte aussi.
Je recommençais donc à me faufiler pendant quelques minutes avant de sentir un grand souffle d'air. Devant moi, il y avait un grillage qui menait à l'extérieur où la nuit noire s'était imposée. Je rampais plus vite puis fis pousser une de mes lames. Je m'arrêtais juste à temps pour réaliser que des gardes m'attendaient sûrement juste à côté. Je jetais un coup d'œil mais il n'y avait que du vide sous la bouche d'aération. Enfin, quelques mètres plus bas, il y avait une passerelle où deux gardes attendaient. Je soupirais mais ne perdais pas espoir. Je sortais ma lame et découpais le grillage tout au long du cadre puis glissais la plaque sous moi. Ensuite, à l'aide de mes pieds et mes jambes, je la fis glisser plus loin dans le tunnel, je voulais m'assurer de ne pas la faire tomber et me faire bêtement choper.
Je laissais le début de mon corps s'échapper du passage, me permettant de me mettre sur le dos facilement et pu enfin atteindre le mur avec mes bras, au dessus du passage. Des lames poussèrent et s'enfoncèrent durement dans le métal du mur. Je me hissais, sortant un peu plus mon corps pour m'accrocher plus haut et ainsi de suite pour que je sorte complètement et que mes jambes s'accrochent également au mur grâce aux lames.
J'étais infiniment soulagée, il ne me restais plus qu'à grimper sur le toit en espérant n'y trouver personne. Mais un coup de vent violent me poussait, d'une certaine manière, à regarder derrière moi, guidant lentement mon regard vers le bas. Oh mon dieu...Oh non... C'est haut...tellement haut. Si haut que ça m'en serrait l'estomac si fort que je pensais bientôt vomir. Mes membres commençaient à trembler violemment et je serrais les dents pour ne pas commencer à gémir.
C'est le vertige ?
« Oui... » je chuchotais avec presque un sanglot. Je calmais ma respiration en prenant de grandes inspirations, lentes et profondes, que je relâchais tout aussi lentement. « Tu vas le faire à ma place. » dis je avec un peu plus d'assurance.
Je vais faire quoi ?
« Tu vas prendre ma place. Je te laisse le contrôle, tu n'as pas peur, moi si. Je te fais confiance pour bien gérer. »
Putain oui ! Oh merde, Janis ! Merci ! Tu ne le regretteras pas !
Je l'entendis s'esclaffer de rire, me faisant sourire malgré moi. Cette joie si intense me fit regretter de l'avoir méprisée tout ce temps.
« Prête ? »
Prête.
« Vas y, alors. »
Puis le noir vint.
.................................
Janis détestait peut être les hauteurs mais j'adorais ça. Sentir le vent dans ses cheveux, l'adrénaline, le risque...Tout ça est un cocktail si délicieux ! Encore plus quand c'est la première expérience que me donne réellement Janis avec une totale confiance, par son initiative. Je ne pu m'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles. Mais c'est pas pour autant que je vais me laisser distraire. Alors, sans plus tarder, je commençais à grimper à l'aide des lames sans la moindre difficulté entraînée par la peur. De plus, je commençais à entendre des coups de feu, quelque chose me disant que Tony était là. Il serait impoli de ma part de les faire patienter, pas vrai ?
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