Questionement

« Et du coup tu peux faire le hérisson avec tes lames ? » demanda mon jeune frère.

Après une grosse dispute avec mes parents, je m'étais réfugiée dans ma chambre et je n'en étais pas sortie de la journée. La nuit se profilait quand Chris s'est installé dans ma chambre afin de me parler de mes pouvoirs, encore sous l'excitation de la révélation. Je fus cependant surprise qu'il ait put tenir le secret. Malheureusement, ma tête était ailleurs. Je répondais distraitement aux questions de Chris tandis que je fixais le plafond, ma tête reposée sur mon oreiller.

« Je ne sais pas, Chris. » soupirais je.

Voyant mon peu d'implication dans la conversation, Chris abandonna et s'allongea à côté de moi.

« Ça va ?

-Pas trop, je t'avouerais...

-C'est à cause de papa et maman ? Ou de Tony ? »

Je soupirais de nouveau.

« Les deux.

-C'est dommage que tu sois privée de sortie pour le reste des vacances. J'aurais aimé qu'on aille tout les deux au spectacle demain soir.

-J'aurais aimé aussi, Chris. Mais les choses sont...assez compliquées en ce moment... »

Un petit silence s'installa avant que mon frère ne reprenne la parole.

« Tu veux que je te laisse dormir ?

-S'il te plaît, oui.

-D'accord. »

Il vint m'embrasser la joue avant de partir de mon lit.

« Bonne nuit. » il referma la porte de ma chambre juste après.

Je restais immobile. Assez secouée par tout ce qui s'était passé. Mes parents m'en veulent à mort et à Tony aussi. Je suis privée de sortie. Et une crise existentielle me frappe. Quelles vacances de merde.

Mais je n'eus pas le temps de me plonger dans mes pensées que mon téléphone sonna. Malgré mon humeur bien pourrie, je me décidais à répondre.

« Est ce qu'on peut pas me lâcher une putain de minute ?!

-J'appelle au mauvais moment ? » la voix de Victoire était coupable et je me sentais tout de suite mal pour l'avoir agressée alors qu'elle n'avait rien fait.

« Oh...pardon, Victoire. Sale journée.

-Tu veux en parler ?

-Qu'est ce que je fous ici, Victoire ? » un silence s'installa avant qu'elle ne parle.

« C'est à dire ?

-Quel rôle je joue dans tout ce casse tête ? Quelque chose m'a amené ici. Mais je ne sais pas quoi ni pourquoi et au final...je ne fais rien d'extraordinaire depuis que je suis ici alors...Pourquoi je suis là ?

-Ouah. Crise existentielle, hein ?

-En quelque sorte. »

J'avais volontairement été très floue dans ma réflexion pour ne pas que Victoire sache que je viens d'une autre réalité (elle me prendrait pour une folle et surtout je souhaite que le moins de gens le sache).

« Eh bien on a tous quelque chose à apporter à ce monde, je pense.

-Je n'apporte pas grand chose de bien.

-Tu rigoles ? Janis, tu es la meilleure personne que j'ai rencontré ! Ton frère t'admire, tes parents t'aiment, Tony t'adore... Rien que ta présence apporte beaucoup.

-C'est...plus compliqué que ça, Victoire...

-Alors explique moi. Je veux t'aider !

-Je... »

Tu ne peux pas lui dire que tu es Sword. Tu vas la mettre en danger.

« Je dois y aller. A plus tard, Victoire. Et merci.

-Hein ? Comment ça ?

-Ah et pas la peine de venir chez moi, je suis privée de sorties et de toutes activités pour les vacances. Salut. »

Sans attendre une réponse, j'ai raccroché. C'est en ayant reposé mon téléphone que je me suis rendu compte que j'ai été une connasse envers elle. Je suis stupide. Et j'avais envie de pleurer.

...........................

« Tony, c'est la quatorzième fois que tu m'appelles, lâche moi la grappe ! » râlais je au téléphone alors que j'étais affalée sur le canapé, zappant les chaînes au hasard.

« Mais j'ai trouvé la solution, Janis ! Je vais vivre ! Grâce à mon père ! » je sentis son excitation au travers du téléphone.

« Je sais, Tony. Je sais que tu vas vivre.

-Ah...oui, c'est vrai....Attends, vraiment ? Y aura pas de rebond de dernière minute ?

-Non, Tony. Fais ce que tu as à faire et tout va bien se passer. » soupirais je une nouvelle fois.

« Ok, je viens de t'annoncer que ne vais pas mourir et tu sembles extrêmement malheureuse de cette nouvelle. Je commence à me dire que tu voulais enfaite ma mort.

-Non, Tony...

-Alors qu'est ce qui se passe ? Je m'attendais à plus d'entrain !

-Ouais mais....Je viens de me dire un truc et ça me plombe sérieusement le moral....

-Balances.

-Eh bien j'ai l'impression de ne servir à rien. Et, enfaite, c'est une bonne et une mauvaise nouvelle.

-C'est à dire ?

-Si je ne sers à rien à tes côtés ou sur le champs de bataille, ça veut dire que je n'ai rien changé et c'est une bonne chose. Mais en même temps...à quoi ça sert que je sois dans cette réalité alors ? Pourquoi ? Je te jure, cette question me rend malade.

-Mais je le connais moi le pourquoi. Parce que c'est comme ça et puis voilà. Y a pas de quoi se faire un sang d'encre. Tu te creuses trop la tête.

-Tu m'aides pas beaucoup.

-Admettons qu'on se pose ces question, comment veux tu y répondre ? On n'en sait rien ! Alors laisses couler et dès que l'occasion se présentera, on trouvera ces réponses.

-Je ne sais pas, Tony. Tout semble si confus dans ma tête.

-Écoutes. Reposes toi et rappelles moi quand tu te sens plus apte à parler. D'accord ?

-Bien. À plus, Tony.

-Salut, Kitty.

-Tony !

-Oui ?

-Je suis heureuse que tu restes en vie. »

Je pouvais imaginer un petit sourire se former sur ses lèvres.

« Merci, Kitty. »

Il raccrocha ensuite.

........................

Le fait est que je n'ai pas tort (et Thor n'est pas là non plus d'ailleurs). Je veux dire...mes parents ont plutôt pas tort. Tony n'a pas besoins de moi. Les films le prouvent, il se débrouille bien sans moi.

Ce qui me mène à me demander qui je ne devrais pas arrêter Sword ? Moins de traumatismes. Je pourrais me consacrer à ma famille et passer du temps avec Victoire. Bref, une ado normal.

Tu ne le seras jamais. Même si tu voulais tout arrêter, ta croissance ralentie te pourrira la vie.

C'est vrai...Mais je pourrais enfin voire un psy ? Me soigner ? Jusque là, j'avais refusé cette aide psychologique car j'avais peur que la personne chargée de me soigner comprenne que je suis Sword mais...en arrêtant, je pourrais accepter d'être prise en charge.

Tu te défiles ? Alors tu ne vas pas arrêter tes cauchemars. Au contraire. Ça va empirer.

Non ! Je vais me faire soigner. Je vais reprendre une vie normale. Mes parents ne se feront plus de soucis pour moi. Je ne serais plus un fardeau à protéger durant les batailles avec Tony. Il pourra se concenter sur sa survie et ses combats. Il a des amis pour l'aider. Les films le prouvent. Je peux reprendre une vie normale.

Tout abandonner maintenant ? Tu te crois encore héroïne ?

Justement non. Je n'en suis pas une. Je suis une ado normale. Je vais faire des soirées cinéma, m'entraîner avec mon père, dessiner avec mon frère-

Tu vas laisser tomber Tony ?

Il n'a pas besoin de moi. Peut être que si j'ignore assez fort que je suis dans cette réalité, peut être...peut être que je pourrais retourner chez moi ? Je veux rentrer à la maison. Je ne veux plus jouer les super héroïnes. Je ne veux plus faire de cauchemar. Je veux pouvoir dormir une nuit entière. Je veux pouvoir avoir une vie normale.

S'il vous plait.

Qu'on me laisse tranquille...

Y a t il un héros pour me sauver ?

.....................

Le lendemain soir, mon moral ne s'est toujours pas amélioré. J'avais passé ma journée à regarder la télé pendant que mes parents étaient au travail et mon frère chez un ami. Quand ils sont revenus pour manger, mes parents ont essayé de commencer une conversation avec moi. Mais j'étais toujours en colère qu'ils ne veuillent plus jamais que je vois Tony. Même si, au fond, je sais pourquoi ils font ça.

Puis ils sont repartis avec Chris pour passer la soirée je ne sais plus où. Je n'ai pas fait attention et j'ai juste pris cela comme une façon ou une autre de remuer le couteau dans la plaie.

Enfin. Je n'avais pas bougé du canapé. Je regardais pour la sixième fois les Tortues Ninjas quand un appel atteint mes oreilles. J'ignorais, pas d'humeur à discuter.

Puis la personne rappela une autre fois.

Et encore.

Et encore.

Bon ok, ça suffit ! Je ne suis pas d'humeur patiente non plus !

« Allô ici le répondeur de Janis Price. Je préfère regarder Ninjago que de vous parler. Veuillez laisser un message et je ne vous rappellerais certainement pas.

-Janis ? C'est Tony ! » l'homme semblait essoufflé.

« Qu'est ce qu'il y a Tony ?

-Il faut que tu viennes à la Stark Expo ! Hammer a engagé Vanko qui a construit des robots tueurs qui veulent surtout me tuer. C'est le chaos, faut que tu viennes nous aider !

-Je sais Tony mais tu n'auras pas besoins de mon aide....

-Comment ça ? Bien sûr que si j'ai besoins de ton aide ! Je te dis que c'est l'enfer, ici !

-Tony....tu sais te débrouiller sans moi. Tu n'as pas besoins de moi.

-Rah je vous jure, les adolescents. »

Je sais qu'il ne le pensait pas et que c'était surtout pour rigoler, de plus il devait sûrement être entrain de se battre contre une dizaine de robots. Mais la remarque me retourna un peu l'estomac. Ce n'était pas une crise d'ado. C'était un fait, une réalité. Avec en plus une certaine peur et une appréhension. (Penses à quel point tu as envie de cette vie normale.)

« Janis ! Bouges toi ! J'ai besoins de Sword, là ! Je m'en fous si je gagne avec ou sans toi à la fin du film ! Ce qui compte c'est là ! Maintenant ! C'est pas un « Et si... » qui va dicter ta vie tout de même ! »

Il marquait un point.

Mais s'il mourrait parce qu'il essayait de te protéger pendant une bataille ? Tu ne peux servir qu'à aggraver les choses.

« Amuses toi bien, Tony. » je raccrochais avant de l'entendre prononcer entièrement mon nom.

Tu as fait la bonne chose. Ta vie normale va être si formidable. Tu l'as méritée. Tu as déjà vécu assez de traumatismes pour ton âge.

C'est vrai....je peux me reposer maintenant. Je l'ai mérité. Plus de Tony. Plus de Sword. Plus de pouvoirs. Juste....la tranquillité.

.................

J'étais sur un toit. Avec un magnifique coucher de soleil. Et une grande vue sur New York. La brise légère glissait sur ma joue.

Pour une fois que je faisais un rêve et non pas un cauchemar. C'était reposant.

« Alors c'est ça ? »

Je me retournais vers la voix masculine. Un jeune homme brun dans une combinaison bleue et rouge avec un emblème d'araignée sur la poitrine. Ses traits du visages étaient approximatifs. J'avais du mal à me souvenir à quoi il ressemblait. Je ne l'avais vu qu'une fois dans un film Marvel et cela remontait à déjà bientôt un an.

Peter Parker. Spider Man.

« Je suis sûre d'être dans un rêve si tu es là. » ricanais-je.

Cependant, il semblait plus sérieux. Même s'il eut un sourire en coin. À cause du fait que j'avais du mal à me souvenir de son visage, certains traits furent empruntés à Tobey Maguire ou à Andrew Garfield dont j'avais vu les films trop de fois pour compter.

Peter se posta à côté de moi, au bord du toit et regardant le coucher de soleil. Puis il me regarda.

« La dernière fois que tu as fait un rêve avec moi, tes cheveux étaient plus longs. » il fit remarquer en caressant du bout de ses doigts gantés quelques mèches qui atteignaient à peine mes épaules.

« La dernière fois que j'ai fait un rêve avec toi, j'étais dans une autre réalité.

-Oui. Bien des choses ont changées.

-Ça tu peux le dire. » je regardais mes mains. Je fixais mon fardeau et en même temps ma bénédiction.

« Il est dur d'avoir des pouvoirs, n'est ce pas ? Les responsabilités qu'ils entrainent, surtout. » dit il en fixant à son tour mes mains. Mais je relevais la tête pour le regarder, lui.

« C'est sûr que t'y connais un rayon, toi.

-Janis ?

-Oui ? »

Il tourna sa tête vers l'horizon qui nous faisait face avec ses couleurs orangées et chaudes.

« Tu m'as toujours admirée n'est ce pas ? Depuis toute petite, quand ils passaient les films ou les dessins animés à la télé, tu étais la première à plonger la tête dedans. »

Je souriais à certains souvenirs me remontant en mémoire.

« Tu as toujours été mon favoris, Peter. En grandissant, je me rendais de plus en plus compte des épreuves que tu traversaient. À quel point elles étaient dures et te coûtaient cher. Et pourtant...tu continuais à faire ce qui était juste, prendre tes responsabilités. »

Il hocha la tête.

« Quand tu avais sept ans et que ta maîtresse avait demandée ce que vous vouliez être plus tard, tu avais répondu sans aucune hésitation: « Je veux être Spider Man ! » »

Nous rîmes au souvenir.

« Tu voulais faire comme moi. Être la meilleure version de toi même.

-Et je le veux toujours.

-Pourtant.... » son ton devint sérieux et un peu inquiétant, me poussant à le regarder. Il paraissait préoccupé. « Pourtant tu as trahi cette petite fille.

-C-Comment ça ?

-Être meilleure ? Prendre tes responsabilités ? Ah ! Quelle blague ! Tout cela n'étaient que des bobards ? L'objectif de ta vie n'étaient que de bobards ? » il me jeta un regard des plus accusateurs, me faisant paniquer.

« Peter, je ne comprends pas.

-Ce que je veux dire, Janis, c'est que tu avais tout les outils pour. Tu avais les pouvoirs. C'est dans ta ville. Un combat avec des amis qui te demandent de l'aide. Mais toi, comme une égoïste, tu jettes cette occasion à la poubelle !

-Bien évidement, c'était trop beau pour être vrai...Il fallait que mon rêve tourne au cauchemar. » je me pinçais l'arrête du nez. Je suis fatiguée des reproches.

« Pendant des années, Janis, depuis ton plus jeune âge, je t'ai conseillée sur ce même toit afin de te faire traverser les épreuves de la vie tout comme moi je l'aurais fait. Et pile au moment où tu aurais pu enfin mettre en application ces conseils à grande échelle, tu as tout foutu en l'air ! Je pense que tu peux comprendre ma déception !

-Mais j'étais jeune et stupide ! Je ne me rendais compte de rien ! » je lâchais une larme. Pas lui. Tout sauf lui. Je ne veux pas le décevoir. Je ne le supporterais pas. « Je ne suis pas toi, Peter ! Je n'aurais jamais ta force ! Je n'ai pas la force morale et psychologique pour tout ça ! Je veux que tout revienne comme avant... Où j'avais de petits soucis insignifiants et tu m'aidais à les résoudre. Ça me manque.

-Et moi j'aurais voulu avoir des parents et un oncle vivants mais nous y sommes ! » son ton élevé me fit taire et fixer le sol.

« Pourquoi tu es aussi dur avec moi ? » reniflais je. « Je pensais que tu serais le seul à ne pas me détester pour ça.

-Oh, Janis... » il chantonna presque. Peter me força à me tourner avec lui, ses deux mains sur mes deux épaules, m'obligeant à le regarder droit dans les yeux. « Je ne suis pas Peter. »

Je levais un sourcil, confuse.

« Quoi ?

-Janis, je ne suis qu'un rêve. Je suis la représentation de ton subconscient. Je ne suis pas Peter. Je suis toi.

-Mais...si tu es moi...depuis tout ce temps....alors ça veut dire que toutes les fois que tu me conseillais, que tu m'aidais à devenir une meilleure personne c'était-

-Toi, Janis. Et personne d'autre. Ma force est ta force. Tu en es capable, Janis. Tu en as les capacités. Mais si je suis si dur avec toi c'est parce qu'en ce moment précis il n'y a rien ni personne que tu détestes plus que toi même. »

Ces paroles me laissèrent sans voix un instant.

« Peter, je- »

La sonnette me réveilla en sursaut sur le canapé. Les dessins animés jouaient toujours. Je regardais l'heure. Il ne s'était passé que quinze minutes. J'essayais d'assimiler ce que je venais d'apprendre dans mon rêve quand la sonnette retentit encore plusieurs fois mais avec un rythme rapide. Qui ça pouvait bien être ?

« Oui oui, j'arrive. » criais je comme si j'étais à bout de souffle. Quel rêve troublant et...bouleversant.

Je me levais et ouvris la porte d'entrée. Mes yeux s'écarquillèrent.

« Clint Barton ? »

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