Entrainement

"Il faut que tu sois plus équilibrée sur ta jambe." me fit remarquer mon père.

Nous étions un mardi après midi. Mon père et moi pratiquions mes entrainements au combat comme je le fais depuis mes 11 ans. Nous le faisions dans le jardin, le soleil doux et chaleureux, nous transpirions de par nos efforts physiques. Mais le manque de vent nous étouffait un peu. Chris était assis à côté de nous, prenant son goûter et hypnotisé par mon cours de combat au corps à corps.

Les entrainements avec mon père était quelque chose que j'appréciais particulièrement. Je passais du temps avec mon père tout en apprenant à me battre, ce qui était bien pratique pour Sword en plus des cours de Tony. Mon militaire de père savait toujours rendre ces séances amusantes tout en étant sérieuses.

"J'essaie." répondis-je, essoufflée.

Cela devait bien faire 40 minutes que je répétais les mêmes gestes pour cette même foutue technique mais mon point faible restait ma jambe qui se déséquilibrait. De plus, la grande et musclée carrure de mon père ne rendait pas les choses plus faciles. Il était moins développé que Captain America mais, parfois, il me faisait penser à lui mais en brun et avec une légère barbe. Ouais donc rien à voir.

"Ok, on va reprendre." déclara-t-il et je hochais la tête.

Nous nous rapprochions.

"Mets-toi en position."

Jambes écartées et fléchies. Jambe gauche à l'avant. Celle de droite à l'arrière. Poings fermés au niveau de la tête. Poing gauche à l'avant.

"Parfait. Maintenant..."

Il prit mes mains et les posa son épaule droite.

"Tu accroches le plus fort possible le tissus du vêtement."

J'hochais la tête, concentrée.

"Ensuite, avec le genoux de ta jambe en arrière, donc ta droite, tu vas frapper deux fois mon estomac. Ou plus si tu sens ton adversaire plus résistant."

J'hochais une nouvelle fois la tête tandis que je levais lentement ma jambe et fit mine de le frapper à l'estomac avec mon genoux. Mon père se pencha, comme si les coups lui avaient fait de l'effet.

"Tu vas profiter du fait que je sois en dessous de toi pour, de 1, lâcher mon épaule d'une main pour attraper mon bras droit." ce que je fis. "Tu le bloques bien, là ?

-Oui oui, je le bloque.

-Bien et tu passes ta jambe gauche au dessus de ma nuque pour l'enrouler autour."

Encore une fois, lentement, pour analyser chaque mouvement et la technique qu'ils nécessitaient, je levais ma jambe gauche et l'enroulais autour de sa nuque comme demandé.

"Et maintenant tu pousses de toute tes forces sur ta jambe."

Je le fis et, par le déséquilibre, mon père tomba vers l'avant comme s'il faisait une roulade avant et atterrit sur le dos sur l'herbe verte. Quand il tomba, je lâchais tout.

"Et maintenant tu peux frapper au visage.

-Ok..." soupirais-je tandis que mon père se relevait. "Mais ça ne règle toujours pas mon problème avec ma jambe à terre. Dès que je lève ma jambe en l'air, celle à terre fléchit et je tombe.

-C'est parce que tu n'arrives pas à gérer ton équilibre et ton poids.

-Sans blague ? J'avais pas remarqué !" mon père rit à mon ironie.

"Je pense que c'est surtout une question de pratique. Plus tu le feras, plus tu trouveras cet équilibre. C'est de l'autocorrection."

Je soupirais, un peu désespérée.

"Bon, on fait une pause."

Je fus soulagée et m'asseyais sur la chaise à côté de mon frère. Je prenais une serviette trempée dans de l'eau froide posée sur la table de jardin et me la passais sur le visage. Mon père fit de même, assit en face de moi.

"Quand est ce que je vais apprendre à me battre comme Janis ?" demanda Chris après avoir finit un yaourt.

Mon père ricana à sa question avant de répondre.

"Au même âge quand elle a commencée. A 11 ans.

-Mais c'est long !" se plaignit mon brun de frère.

"Non, c'est juste...dans 3 ans." lui souris je.

"Fais pas la maline longtemps, Janis. Un jour je deviendrais plus fort que toi et je te battrais." Chris essaya de paraitre menaçant mais, du haut de ses 8 ans, ce n'eut pas beaucoup d'effet à part me faire rire.

"Les enfants, si je vous apprends à vous battre c'est pour vous défendre en cas de danger pas pour casser la figure à son frère ou à sa sœur quand celui-ci ne veut pas lui passer la manette de la console." blagua à moitié mon père en ouvrant une bouteille d'eau et commença à boire.

"Faudrait qu'il est déjà des muscles pour me battre."

Je taquinais mon frère en pinçant son bras aussi fin qu'un mikado pour démontrer l'absence de muscle.

"Hey !" il s'énerva. "C'est pas ma faute ! J'ai pas encore d'entrainement !"

Je retirais ma main avant que Chris ne me frappe et mon père faillit s'étouffer avec l'eau à cause d'un rire.

"C'est vrai que tu deviens musclée." me fit remarquer mon père en scrutant mes bras où quelques muscles se formaient ainsi que sur mon torse. Ils étaient fins et venaient à peine d'apparaitre mais après 3 ans d'entrainement intensif et d'exercices militaires, je commençais effectivement à prendre du muscle.

"Je suis plus musclée que tous les mecs de mon lycée. Ces taffioles feraient mieux de faire attention à ce qu'ils me disent."

Je fis rire les deux garçons ce qui colla un sourire sur mon visage.

"Au fait, chérie, tous va bien avec Tony ?" me demanda soudainement mon père.

"Euh...oui. D'ailleurs, il m'emmène à Monaco ce week end pour me détendre après cette année qui a été assez...stressante. Pourquoi ?" je fus assez troublée par le soudain changement de sujet.

"Non, juste pour savoir. J'ai cru entendre qu'il avait fait un peu n'importe quoi lors d'une confrontation avec le comité des forces armées.

-Ouais, je sais." marmonnais-je.

"Tu sais, ta mère et moi nous ne sommes pas de grands fans de Stark mais il t'a sauvé la vie et on lui sera toujours éternellement reconnaissant pour ça..." mon père se mit à regarder dans le vide.

"Mais...?" demandais-je en le fixant.

"Mais je trouve que tu passes beaucoup de temps avec lui. Plus qu'avec nous, tes vrais parents." son ton et son regard dirigé vers moi devinrent soudainement sérieux, me déstabilisant un peu tandis que Chris nous regardait sagement discuter.

"C'est à dire ?

-C'est à dire que tu passes tes week end chez lui, il t'emmène en voyage, te donne des pass VIP...C'est beaucoup. Et ça depuis l'Afghanistan." sa voix devint plus sombre et le souvenir de cet épisode me tendit.

"T'es jaloux ?"

Ce fût son tour d'être troublé.

"Quoi ?! Non ! C'est juste que....que...

-Papa." il me regarda dans les yeux. "Tony est mon mentor, quelqu'un que j'admire énormément. On a traversé une énorme épreuve ensemble alors évidement ça nous connecte. Et je pense que ce sera comme ça jusqu'à la fin de nos jours. Parce que ce qu'on a vécu c'est..."

Je sentis ma poitrine s'alourdir tandis que des flashs de l'Afghanistan me revenaient en tête. C'était comme un cauchemar. C'était...terrifiant, paralysant. Je restais fixée un instant sur les cadavres de mon oncle et ma tante. Je n'ai jamais pu assister à leur enterrement. Et je n'ai surtout jamais eu le courage d'aller sur leurs tombes. Ca me terrifiait à un point inimaginable. Rien que l'évocation de l'Afghanistan me faisait remonter des angoisses que je pensais avoir enterré une fois pour toute. C'est ce que je me disais après chaque cauchemar. Alors...faire face aux conséquences...ces tombes. C'était trop...Et un côté de moi-même me reprochait d'être une nièce indigne en n'allant pas rendre visite à mon oncle et à ma tante qui se sont tant occupé de moi pendant mon enfance. Mais c'était au dessus de mes forces....

"Janis, chérie." la voix de mon père et sa main posée sur mon épaule me tirèrent de la crise d'angoisse qui était sur le point de s'installer. "Tout va bien ?" je levais la tête pour voir mon père avec un visage inquiet.

"Ce que je veux dire, papa, c'est que tu es mon père et Tony ne le sera jamais. C'est un mentor, un ami exceptionnel. Mais rien ne pourra jamais te remplacer. Toi ou maman ou Chris."

L'évocation de ma famille allégea mon cœur et me fit repenser à de bons souvenirs avec eux, chassant les souvenirs douloureux et traumatisants. Mon père me fit un faible sourire que je lui rendis.

"Je suis heureux de l'entendre, Janis. Mais, maintenant, ce qui m'inquiète c'est toi. Je croyais que tu n'avais plus de crises d'angoisses.

-C'est vrai.

-Pourtant tu étais à deux doigts d'en faire une.

-J'étais...juste perdue dans mes pensées."

Mon père soupira et se déplaça pour s'accroupir en face de moi, mes mains dans les siennes.

"Janis, je suis ton père. Je vois quand ça ne va pas. Chérie, tu n'es pas indestructible." sa voix me sembla aussi douce que du coton ce qui fit totalement disparaitre les dernières idées noires de ma tête. "Je sais que tu as tendance à dire que ça va quand c'est le contraire, tu as toujours été comme ça. Mais là, c'est plus grave que jamais auparavant. Tu as toujours refusé de voir des psys mais alors, en contrepartie, je te demande de nous dire ce qui se passe."

Le silence s'installa quelques secondes avant que je ne prenne la parole.

"Je suis...Ce que je veux dire c'est...que je suis sûre que je peux endurer ça-

-Non non non." me coupa mon père. "Ce n'est pas le genre de traumatisme que tu peux endurer, Janis. Tu as vu et vécu des choses absolument affreuses, des choses que tu ne peux pas endurer.

-Alors qu'est ce que je dois faire ?

-Guérir. Et ta mère et moi ou même Stark, on est tous là pour que tu ailles mieux. Pour que tu guérisses. Mais pour ça, il faut que tu nous dises ce qui se passe dans ta petite tête."

Il m'a sourit, ce que je le lui rendis. Mais je pense qu'il ne réalise pas à quel point en parler est...si compliqué. Je ne veux pas en parler. Je veux le repousser au plus loin possible pour ne jamais avoir à l'affronter. Parce que je suis faible ou lâche, peu importe. Je suis juste...trop effrayée d'en dire un mot. Parce que dès que je l'évoque, ça remonte trop de...choses. Et trop c'est trop.

"Janis !" nos trois têtes se sont tournées vers ma mère qui nous appelait depuis la baie vitrée. "Victoire est arrivée !

-Merci maman ! J'arrive !" lui répondis-je.

J'offrais un dernier sourire à mon père et l'embrassais sur la joue en le remerciant avant de partir vers la maison. J'entrais et je rejoignis le hall d'entrée pour emprunter les escaliers afin de me doucher mais Victoire s'y trouvait. Ma meilleure amie venait me rejoindre pour une soirée film comme chaque mardi.

"Hey !" je lui souris.

Elle tourna son regard vers moi après avoir posé ses chaussures. Elle était toujours aussi bien habillée et aussi bien coiffée. Ses cheveux blonds en tresse étaient à couper le souffle et la salopette avec un t-shirt blanc lui allaient vraiment bien. Tout lui va bien. Et quand ses yeux bleus se sont posés sur moi, mon cœur c'est comme arrêté de battre et j'ai rougis. C'est alors que je me suis dis que Tony avait peut être raison. Que j'aimais Victoire plus qu'une meilleure amie. Je savais que j'aimais les filles et les garçons mais...mais tomber amoureuse de ma première véritable amie me troublait énormément.

La blonde rougit à son tour, sa bouche en O après m'avoir vu. Je ne devais pas être très présentable, j'étais en short de sport, en débardeur, mes cheveux mi-longs étaient en pleine guerre et chaque centimètre de ma peau transpirait. Bordel, j'avais toujours le chic pour me ridiculiser. Mais Victoire continua de me scruter, de haut en bas sans rien dire puis elle semble se rendre compte qu'elle me fixait depuis un moment et répondit à mon bonjour avec toujours ses joues rouges.

"Hey ! Je te dérangeais en pleine séance avec ton père ?

-Non, t'inquiètes pas, on avait justement finis. Je vais juste prendre ma douche et je suis à toi."

Elle eut un sourire.

"Tu veux que je t'y rejoignes ?

-Pardon ?" demandais-je en rougissant furieusement.

Victoire sembla se rendre compte de ce qu'elle avait dit et son visage rougit d'autant plus.

"Euh...pardon, c'était censé être une blague." elle ricana et je lui souris.

"Non, désolée, j'avais pas percuté. Bon, je vais prendre ma douche.

-Ok."

Je gravis les trois première marches tandis que la blonde se dirigea vers le salon mais je m'arrêtais un instant.

"Invite-la, tu ne le regretteras pas."

Les paroles de Tony résonnaient dans ma tête et je n'arrivais pas à me les enlever. Oh et puis merde !

"Victoire !" je redescendais les trois marches et me postais devant la blonde qui s'était retournée vers moi.

"Oui ?" elle me sourit.

Bizarrement, c'était vachement plus stressant que ce que j'imaginais. C'est rien, voyons. Je suis juste une meilleure amie qui invite sa meilleure amie à une fête parce qu'elle n'a personne avec qui y aller. Oh mon dieu ! Est ce qu'elle a quelqu'un avec qui y aller ?!

"Je voulais te demander si...enfin t'es pas obligée, tu peux refuser...et si t'as déjà quelqu'un c'est pas grave et puis je suis pas très douée...sinon on peut ne pas y aller ou-ou tu peux y aller sans moi et c'est pas grave, je m'en fous...ce que je veux dire c'est que c'est juste une sortie donc euh...peut être que tu veux pas y aller avec moi ce que je comprendrais totalement et euh...je sais que je ne suis pas dans la meilleure tenue pour te demander ça et c'est un peu honteux et..."

Le sourire de Victoire ne faisait que s'agrandir tandis que je me ridiculisais en tripotant mes mains inlassablement, évitant éternellement la fameuse question.

"Janis." elle me coupa sec.

"Oui ?" demandais-je, un peu inquiète.

"Vas-y.

-Que je dise...ce que que j'ai à dire ?

-Oui.

-Oh euh...eh bien." j'ai pris une grande inspiration. "Tu veux bien venir à la fête avec moi ?"

Victoire resta un instant silencieuse, ne faisant que scruter mon visage ce qui n'arrangea pas mon niveau de stress.

"Victoire ?

-Oui."

J'en restais bouche bée.

"Oui ? Comme oui ?

-Oui comme oui." elle rit légèrement.

D'un seul coup, toute cette angoisse retomba pour être remplacée par une sensation de légèreté inexprimable.

"On se retrouvera à 20h00 là bas, devant les portes.

-Euh...ouais, ok." je mis du temps à répondre, encore sous le choc de sa réponse.

Puis je suis montée prendre ma douche, un sourire aux lèvres.

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