Le premier jour

J'ai lentement ouvert les yeux. Comme la grotte était principalement dans l'obscurité, ma vue s'est facilement habituée. J'ai difficilement avalé ma salive dans un grognement, alertant Tony et Yinsen qui travaillaient sur les tables en face de moi, au fond de la grotte.

Je me suis redressée très lentement mais à ma bonne surprise, je n'avais plus mal. J'étais seulement engourdie et ma tête était en vrac. J'ai sentie mes longs cheveux bruns, désormais détachés (depuis quand ?), glisser contre mon épaule apparemment nue. J'ai froncé les sourcils en fermant les yeux et je plaquais ma main contre ma tête, soudainement prise d'un vertige.

Quand j'étais enfin redressée, assise sur le lit de campement, j'ai vu Tony s'approcher de moi avec le professeur. Le milliardaire s'est accroupit pour que je croise son regard.

"Hey, gamine. Tu te sens mieux ?"

J'ai soupiré profondément puis j'ai répondu à sa question.

"J'ai l'impression de m'être faite percutée par un camion mais sinon ça va.

-Je comprends..."

Il s'est relevé mais gardait son visage baissé pour me regarder. J'ai à mon tour levé la tête, plissant les yeux pour mieux voir son visage dans l'obscurité.

"J'arrive toujours pas à y croire...vous êtes Tony Stark.

-Le grand et l'unique. Je sais que ça fait toujours un choc de me voir en vrai."

Un rictus amusé m'a échappé. Les raisons pour lesquelles ils pensaient que j'étais impressionnée de le voir n'étaient pas exactement celles aux quelles je songeais. Mais il ne me semblait pas que nous soyons dans la meilleure des situations pour lui annoncer qu'il ne devrait pas exister et qu'il est un personnage de film et de comics. Devrais-je même lui dire un jour ? L'avenir me le dira, je suppose. J'avais de plus en plus la certitude d'être dans la réalité. Si c'était réellement un rêve, entre le crash, l'explosion et les soins douloureux je pense que j'aurais dû me réveiller depuis un bout de temps. Mais ça voulait alors dire que j'étais dans l'univers du MCU et que je n'avais aucune explication logique à comment je suis arrivée ici.

"Et voici le professeur Yinsen." Stark désigna l'homme chauve aux lunettes à côté de lui.

Je lui adressa un sourire et il me le rendit.

"Pourquoi on m'a amené ici ? D'ailleurs, on est où ?"

J'ai feins l'incompréhension même si je ne comprenais réellement pas pourquoi j'étais ici. Tony et Yinsen sont chargés de construire le nouveau missile de Stark Industries. Or, je ne suis qu'une gamine de 13 ans très nulle dans les matières scientifiques.

"Nous sommes en Afghanistan, mademoiselle." me répondit le professeur "Retenus par une organisation nommée "Les Dix Anneaux" qui veulent que M.Stark et moi construisions le dernier missile de Stark Industries. Si vous êtes là, c'est parce que vous avez de petites mains, plus pratiques pour la construction manuelle précise. De plus, une paire de main pourrait accélérer la construction.

-Quelle belle bande de salauds !" jura Tony "Je veux dire...t'as quel âge ?

-13 ans.

-Elle a 13 ans nom de dieu ! Et qu'est ce qu'ils ont fait pour qu'elles soit arrivée ici dans un si mauvais état ?!"

Le futur Iron Man était visiblement en colère et je ne pouvais pas cacher que ça me faisait plaisir que Tony Stark, un homme que j'admire énormément, semblait inquiet pour moi.

"A vrai dire, c'est un des missiles de Stark Industries qui m'a salement amochée."

Tony leva un sourcil.

"Vraiment ?!

-Oui...euh...j'étais dans un avion avec ma tante et mon oncle puis l'arrière de l'appareil a explosé. Quand je me suis réveillée, on s'était crashés, les cadavres de mon oncle et ma tante étaient à côté de moi ainsi qu'un missile Stark Industries. Mais en voulant sortir de l'avion, il a explosé."

Ma voix s'est mise à trembler et de brèves larmes ont coulées sur mes joues salies de poussière. Tony replaça une de mes mèches brunes derrière mon oreille et frotta ensuite mon épaule.

"Je suis vraiment désolé. Ça a dû être très traumatisant." il soupira et s'assit à côté de moi "Ces missiles sont censés protéger les gens pas les tuer.

-Mais pourquoi ont-ils tirés sur l'avion ?" ma voix était plus féroce que je ne le voulais mais tout ce stress me rendait folle.

"Je pense que c'est parce que vous étiez sur le point de survoler leur campement. Ils ont dû croire que c'était un avion militaire." répondit calmement Yinsen.

Une erreur. La mort de centaines d'innocents, de mon malheur et la mort d'une partie de ma famille n'étaient basées que sur une erreur. J'étais si en colère que mes poings serrés se sont mit à trembler. Mais le milliardaire passa sa main sur mon bras et serra légèrement comme une sorte de réconfort. Ça a marché. Bizarrement, je n'étais pas en colère contre lui même s'il est celui qui a conçu ces missiles. Il n'y est pour rien. J'ai levé la tête vers lui et il m'a fait un sourire maladroit.

"Tenez, mettez ça."

Je me tournais vers l'autre homme qui me tendait un t-shirt marron, large et usé avec quelques trous. C'est alors que je me rendis compte que je n'avais plus mon t-shirt et ma veste. Mon torse était entièrement recouvert de bandages. De ma poitrine jusqu'au bas du ventre. J'ai dégagé une larme de ma joue et j'ai remercié Yinsen en prenant le vêtement avec un faible sourire. Je l'ai enfilé et le t-shirt était bien évidement trop grand pour moi, laissant voir mon épaule droite et tombait jusqu'à mes cuisses.

"On a réussit à soigner tes brûlures même si ce n'a pas été chose facile. Il y en avait partout, c'était une boucherie. Des morceaux de peau allaient se détacher et-"

Mais Yinsen fût coupé dans sa magnifique description par un Tony qui se racla gorge en le regardant de travers.

"Je pense que notre nouvelle amie n'a pas besoin de plus de détails.

-P-pardonnez-moi.

-Pas grave..." j'ai soufflé.

"Dans tous les cas, vous devriez vous reposer. Vous avez reçu plusieurs brûlures tout le long de votre dos et je crois que vous avez eu une commotion cérébrale-" me prescrit le professeur mais je le coupais.

"Je me suis évanouis trois fois dans la même journée, je pense avoir assez dormis."

Je me suis levée mais je sentis de nouveau un vertige s'emparer de moi. Heureusement, Tony se leva bien vite en voyant ma détresse et accrocha ses mains à mes épaules pour m'empêcher de tomber.

"Doucement, gamine. Tu as peut être beaucoup dormis mais tu restes assez faible."

J'ai hoché la tête et j'ai repris mon équilibre. Tony me lâcha enfin.

"Nous n'avons pas quelque chose à construire ?" demandai-je.

"Suis-nous." dit Yinsen.

J'ai suivis les deux hommes vers une table avec des plans. Sur le chemin j'ai pu voir mon reflet dans un miroir accroché à un poteau. Ma peau était vraiment pâle sous la crasse, la saleté et le sang séché. Mes cheveux bruns étaient sales et décoiffés, ma lèvre inférieure était toujours fendues et rouge de sang et j'avais quelques ecchymoses et blessures entourées de sangs séché par ci par là. Bref, je ressemblais à rien. Mais je pense que c'est naturel après tout ce qui s'est passé.

"Janis ?" m'interpella Tony en voyant que je scrutais mon reflet.

Je me suis de nouveaux dirigée vers eux et je me suis penchée au dessus des plans qui, assemblés, révélaient les plans d'une armure.

"T'as compris l'idée ?" me demanda le génie en me voyant sourire.

"Ouais. J'ai compris.

-Je pensais que j'aurais dû t'expliquer mais tu as assez de jugeote."

Il fallait que je fasse plus attention à ce que je sais et ne sais pas si je devais agir comme si tout cela m'était inconnu. Bon dieu, tout cela semblait si irréel et impossible. Mais ça se passait. Et je devais vite l'accepter au risque de faire un faux pas fatal.

On s'est vite mis au travail. Tony m'a vaguement expliqué ce qu'il fallait que je fasse. Actuellement, je construisais le bras gauche de la future armure destinée à nous aider à nous échapper. Je vissais les articulations métalliques sous les instructions très précises de Tony qui me regardait faire tout en essayant d'avancer sur ce qu'il faisait.

"Voilà. Vas-y encore, plus serré. Parfait ! Tu te débrouilles comme un chef ! Tu es très habiles de tes mains, ça nous servira."

J'ai souris.

"Je dessine énormément et j'aide souvent mon père à nettoyer ses armes. Je suppose que ça me sert enfin à quelque chose.

-J'aurais parié que t'étais plus dans la mécanique." me dit-il entre deux coups de marteau.

J'ai faillis éclater de rire mais je me suis contentée d'un gloussement.

"Non, pas du tout ! Les sciences sont ma bête noire. J'ai plus l'âme d'une artiste.

-Es-tu incomprise ?"

J'ai relevé la tête pour le dévisager.

"Comment ça ?

-Normalement, les artiste sont incompris, non ?"

Il a sourit à son tour. Sa blague était nulle mais dans une telle situation même un pet m'aurait fait rire donc j'ai cédé.

"Ça va ? Pas trop bouleversée par les derniers événements ?"

Cette fois, il devint plus sérieux, avec une expression plus...compatissante ? J'ai vite perdue mon sourire et lorsque j'ai cligné des yeux, j'ai revue tous ces cadavres, le crash, l'explosion. J'ai retenu un cri mais un frisson me parcourut tout de même.

"Ce n'est pas le moment de s'apitoyer sur son propre sort. L'heure est grave, les pleurs sont pour plus tard."

Ma voix devint plus grave et mon regard plus sombre, fixé sur ce que je faisais. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de jeter un coup d'œil vers Stark qui semblait étonné de ma réponse.

"Wow...Tu dois être une machine pour penser comme ça à 13 ans."

Encore une fois, sa blague m'arracha un sourire.

"Non, c'est pas ça. Mon père m'a juste apprit à contrôler mes émotions dans n'importe quelle situation. Il est militaire alors il sait à quel point ne pas perdre son sang froid est crucial.

-Eh bien, il a bien fait son boulot. J'ai, moi aussi, une personne de mon entourage qui est militaire. Mais je n'ai pas eu la chance d'avoir cet enseignement."

Je me demandais, dans un coin de ma tête, comment sera Rhodey ? Car il n'était pas joué par le même acteur dans le premier film Iron Man que dans les autres.

"Et qui est cette personne ?

-Mon meilleur ami, le colonel James Rhodes, Rhodey pour les intimes.

-J'aime bien le surnom. J'adore les surnoms."

Sérieusement ? "J'adore les surnoms." ?! C'est tout ce que j'ai trouvé à dire à Tony Stark ?! Je suis la pire....

"Pareil." me répondit-il en me souriant.

Je me suis sentie soulagée qu'il ne me prenne pas pour une teubée.

"Alors je devrais peut être vous en donner un ?" plaisantais-je en adossant un coude sur le plan de travail pour me tourner vers lui.

"Et pourquoi pas ?" il prit la même pose que moi en souriant.

"Sérieusement ?" je haussais un sourcil.

"Ouais.

-Vous avancez de votre côté ou vous allez continuer à taper la discute ?" demanda Yinsen en se plaçant entre nous deux.

Je me mis à le regarder en fronçant les sourcils et le professeur me dévisagea.

"Je peux vous aider ?

-Vous, je vais vous appeler Yin Yang." déclarais-je en le pointant du doigt.

Je vis Tony s'empêcher désespérément de rire alors que Yinsen me regardait étrangement.

"Quoi ?! Je ne comprends pas, je ne suis même pas d'origine asiatique !

-Ouais mais Yinsen me fait penser au Yin Yang."

Ce fût de trop pour Tony qui éclata de rire. C'est à son tour de se faire dévisager par le professeur et je me mis également à rire en voyant la tête de Yinsen complètement perdu. Ce dernier ne savait même plus qui regarder pour avoir des explications.

"Ça fait longtemps que je n'ai pas ris comme ça ! Bah depuis mon arrivée ici, en fait !" constata le milliardaire après s'être calmé.

Nous avons travaillé comme des chiens jusqu'au moment du repas, servit par un des membre de l'organisation terroriste. On s'est assis et on a mangé le pain et bus la soupe dont je ne voulais pas prendre connaissance des composants. Mais je ne voulais pas me risquer à des négociations. Bordel mais c'est bien un caillou dedans ?!

"Au fait, Janis." m'interpella Tony pendant que je buvais le contenu de mon bol. "Dans notre plan..." il me fit un clin d'œil. "...tu sais que tu devras juste rester derrière nous ?"

J'ai faillis m'étouffer.

"Hein ?! Mais tu sais que je peux me servir de..." j'ai imité un pistolet qui tire avec mes doigts. « Mon père m'a apprit, je peux me débrouiller ! Je peux vous couvrir de loin, cachée derrière quelque chose.

-Là n'est pas le problème.

-M.Stark a raison. A cause de votre jeune âge, il est trop dangereux de vous laisser vous battre."

J'ai soupiré et levé les yeux au ciel en entendant Yinsen.

"Hey, c'est pas un jeu !" m'avertit Tony d'un ton plus dur.

"Nan, sans blague ?!"

J'ai brutalement posé mon bol vide sur une table et je suis partie avec mon bout de pain pour le dévorer devant les plans de l'armure, m'éloignant des deux adultes. Le milliardaire soupira.

"C'est officiel, on est coincés dans une grotte avec une adolescente.

-Je t'entends, Tony !"

Je comprenais son point de vu mais j'avais envie d'aider et non pas de rester comme une plante verte sur le côté. Même si j'étais terrifiée, me sentir inutile semblait tellement pire. L'inutilité est en fait une de mes pures phobies. Je fus vite rejointe par Stark qui se plaça à côté de moi.

"Gamine, tu dois comprendre que c'est pour ton bien et non pas pour t'embêter." sa voix était devenue douce comme du coton.

"Je sais, je comprends." j'ai soupiré. "Mais c'est juste que...Je ne me sens déjà pas très utile pour l'armure alors je voulais au moins aider avec..." j'ai imité des jambes qui courent avec mes doigts.

Il a hoché la tête.

"Je vois mais ce n'est pas une question d'utilité ou non, d'accord ? C'est une question de survie. De plus, moi et Yinsen sommes les adultes et tu es mineure, tu es sous notre garde et donc tu dois nous obéir. C'est clair ?"

Il a mit son index en dessous de mon menton pour relever ma tête. J'ai croisé ses yeux sombres et pleins d'autorité.

"Tu n'es pas mon père.

-Je ne le suis pas et je ne le serais jamais. Mais c'est moi qui commande tant que tes parents ne sont pas là, ok ?

-...Ok..." j'ai cédé.

Une partie de moi était quand même soulagée que je n'avais pas à risquer ma peau tandis que l'autre se sentait terriblement mal de ne servir à rien. Le milliardaire semblait content et rassuré puisqu'il a sourit et a ébouriffé mes cheveux.

"Raah mais ne les décoiffe pas plus qu'ils ne le sont déjà !!" je lui ai reproché en tapant gentiment sur son bras. Mais ça l'a fait rire plus qu'autre chose et il continue de m'ébouriffer les cheveux pour m'embêter. "Mais arrêtes, je te dis !!!"

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