Dernière chance
"Alors ?" me demanda Victoire quand je revins de ma supposée expédition. Je m'étais essuyée le nez et mis ma capuche pour ne pas qu'elle aperçoive ma blessure à la tempe.
"J'ai pas vu grand chose." dis-je alors que j'étais littéralement aux premières loges.
"Tu m'as fait peur, tu sais.
-Désolée. Viens, on rentre."
La blonde a hochée la tête et nous avons continué notre route avec bonne humeur. Habitant un peu plus loin, Victoire a prolongée sa marche alors que je rentrais chez moi. Ma maison était vide, mon petit frère et mes parents terminaient plus tard que moi. Dès que je me suis soignée et finis mes devoirs, je me suis mise au boulot.
En même temps que je parlais avec Victoire, j'essayais de trouver un moyen d'aller chez Tony demain sans alerter personne. Bizarrement, avec un enfilement de mensonges, de retouches photos et de faux papiers, on pouvait faire des miracles. Je me suis dégotée un papier venant de mon école datant de l'année dernière qui se cachait dans mon ancien carnet de correspondance, croupissant dans un carton du garage. Je l'ai retouché à l'aide de Photoshop et réimprimé la nouvelle version avec la date de demain. Il informait d'une journée pédagogique à cause de la venue des vacances et était signé par mes parents. Et devinez quoi ? A la fin de la semaine, c'était les vacances. Donc tout s'imbriquait parfaitement.
J'ai profité du fait que personne n'était encore à la maison pour passer un coups de fil à mon école avec le téléphone fixe. Dès que j'ai entendu la voix de la secrétaire de mon collège, j'ai commencé à regretter ce que je trafiquais. Je n'ai jamais fait ce genre de chose et ça me fait peur, j'ai toujours été quelqu'un de sage et respectueuse des règles. Puis j'ai repensé à Gulmira, la bijouterie et Stane. Si j'insistais encore un peu, peut être que Tony pourrait me croire ? Si c'est le cas, je n'ai pas le choix, je dois absolument lui parler. Alors j'ai pris ma voix la plus mature, imitant ma mère et j'ai commencé la discussion:
"Bonjour, c'est Mme.Price, la mère de Janis Price. Je vous appelle parce que Janis n'ira pas à l'école demain, elle est malade."
Je me sentais ridicule de prendre une autre voix mais ça avait l'air de marcher.
"Très bien, merci de nous avoir prévenu, c'est noté. Vous lui direz de passer au secrétariat lors de son retour.
-O-ok.
-Et pensez à apporter une confirmation du médecin.
-Bien sûr.
-Bonne soirée.
-Oui, bonne soirée." j'ai tout de suite raccroché avant de faire une connerie.
Bien, c'est fait. Je dois maintenant appeler Happy. Cette fois-ci, j'ai pris mon téléphone et cherché son numéro dans mes contacts.
"Allô ? Janis ?
-Oui, Happy. Je me demandais si tu pouvais pas venir me chercher sur la piste d'atterrissage de Stark Industries demain matin avec le jet ? C'est journée pédagogique donc j'ai pas cours et j'aimerais voir Tony.
-Ah...bien mais tu ne m'en as jamais parlé avant.
-Excuses moi, je suis vraiment tête en l'air et j'ai oublié de te le dire. J'y ai repensé en voyant le papier de l'école.
-Tu pourras me le montrer ?" il semblait suspicieux mais j'avais déjà prévu ce cas de figure.
"Bien sûr. Je te l'apporte à la piste.
-Tu ne veux pas plutôt que je vienne te chercher chez toi ?
-Non, c'est bon, je peux me débrouiller jusque là bas et tu pourras dormir un peu plus.
-Bien. A demain, gamine.
-A demain, Happy et merci."
J'ai raccroché. Tout allait bien se passer. Demain matin, mes parents croiront que je partirais au collège alors que je me dirigerais vers le siège Stark Industries de New York avec le papier que je montrerais à Happy en guise de preuve, mon collège pense que je suis malade et j'ai informé Victoire de mon absence. J'aurais la journée pour parler à Tony.
Quand le reste de ma famille est rentré, ils ont tout de suite remarqué mes blessures au nez et à la tempe. J'ai bégayé une excuse d'une chute dans les escaliers, la tête la première au sol mais que j'allais bien. Ma mère a juste vérifiée que j'avais bien pansé mes plaies et m'a demandée d'être plus prudente la prochaine fois.
Le lendemain, tout se passait exactement comme je l'avais prévu (ce qui est rarement le cas). J'ai franchis le pas de ma porte avec mon sac sur une épaule.
"A ce soir, chérie !" m'a criée ma mère depuis la salle à manger.
"A ce soir !" j'ai répondu.
Puis j'ai claqué la porte. Je ne me suis pas dirigée vers mon école mais dans le sens inverse, vers un arrêt de bus. Au bout d'une heure, j'étais arrivée et attendais Happy sur le béton de la piste d'atterrissage. Il est finalement apparut peu après mon arrivée. La rampe s'est ouverte une fois le moteur coupé et les escaliers touchèrent le sol. Hogan les descendit alors que je m'approchais un peu pour le rencontrer tout en essayant de remettre mes cheveux en ordre à cause du jet qui produisait beaucoup de vent.
"Bonjour, Janis.
-Salut, Happy."
Je lui ai tendu le papier froissé qui se cachait dans la poche de mon jean. Il l'a regardé un instant puis semblait me juger du regard. Je me sentais un peu comme Loki en mentant. Même si, lui, avait un tout autre niveau de mensonge. Après un moment de silence qui me paraissait interminable, il a enfin parlé:
"Très bien, montes."
Un sourire est soudainement apparut sur mon visage et je suivais Happy à l'intérieur. Pendant le vol, j'essayais de trouver un moyen de parler à nouveau à Tony au sujet de ma téléportation d'une réalité à une autre. Ça n'allait pas être facile, il avait une grande confiance en Obie et était décidé à ne pas me croire. Je n'avais pas envie de me fâcher encore une fois avec lui mais c'était ma dernière chance avant le combat final.
Happy m'a sortit de mes pensées pour me dire que nous étions arrivés. Après le trajet de l'aéroport à la villa du milliardaire, j'allais enfin retrouver mon ami. Alors que je m'apprêtais à dévaler les escaliers jusqu'au garage à toute vitesse, je croisais Pepper.
"Salut, Pepper." je lui souris.
"Janis ? Que fais-tu là ?" ses sourcils se froncèrent alors qu'elle gravit les dernières marches.
"Journée pédagogique, je viens voir Tony.
-Oh, très bien. Passes un bon moment avec lui alors.
-Merci, Pepper."
Et nous nous sommes séparés. J'ai poussé la porte vitrée du labo après avoir confirmé mon identité auprès de JARVIS. La télé était allumée en fond tandis que Tony était assis à son bureau, entouré d'un bordel indescriptible. L'armure pendait d'un côté, Stark était entouré de tables qui ne pouvaient plus soutenir quoi que se soit, jonchées de feuilles, de matériaux, d'outils et de machines en tout genre et le sol n'était pas non plus beau à voir. C'était un véritable parcours du combattant pour ne pas marcher sur quelque chose.
"Janis ?"
Je relevais la tête et Stark me regardait avec de grands yeux ronds, étonné de me voir un jour d'école dans son labo. Mon attention s'est alors détachée du sol et mon pied a roulé sur un tournevis, me faisant tomber à terre comme dans un dessin animé.
"Ouch !" mon dos s'est brusquement claqué contre le sol qui était recouvert de câbles et autres petites choses qui n'avaient rien à faire ici.
J'ai entendu Tony se lever de son siège pour venir m'aider à me relever. Il m'a tendu la main que j'ai volontiers prise et me suis relevée.
"Ça va ?" rigola le milliardaire.
"Tu pousses encore un rire et je te balance le ventilateur dans la face !" dis-je en faisant mine d'être furieuse et pointais du doigt le ventilateur qui prenait racine sur un bureau, dans l'ombre du monde, seul et abandonné. Je commence à avoir de la peine pour ce ventilateur...
En tous cas, Tony éclata de rire et ébouriffa mes cheveux pour enlever les miettes de nourriture qui étaient, à la base, par terre.
"Pardon, c'est le bordel.
-J'avais pas vu.
-Mais, qu'est ce que tu fais là ? Tu n'es pas censée être à l'école ?" il posa son dos contre le rebord d'un bureau, les bras croisés et le regard soudainement plus dur.
"C'est une journée pédagogique et j'ai voulu te faire une petite surprise." je lui ai fait un clin d'œil et son visage s'est adoucit. Il a commencé à tripoter un de ses hologrammes
"Je vois. Eh bien, c'est une agréable surprise. Tu veux qu'on continue d'améliorer l'armure ? Ou alors tu veux que je t'aide avec tes devoirs ? Tu en es où de ce devoir sur les-
-Je sais que tu es allé à Gulmira." le coupais-je.
"Ah non !" cria-t-il. "Je me suis déjà fait passer un savon par Pepper et Rhodey alors c'est sûrement pas une gamine de 14 ans qui va aussi me gueuler dessus ! Non, je refuse !" il débita ses paroles avec une mine boudeuse et croisa les bras.
"Si tu crois que je vais me retenir." plaisantais-je.
"S'il te plait, je...Attends...Mais comment tu sais ça, toi ?!
-Rhodey.
-Le sale traître !
-Il était juste inquiet que je sois venue avec toi.
-Je n'aurais jamais osé, je tiens à ta sécurité. Jusqu'à aujourd'hui, je t'ai toujours évité les ennuis ou les blessures."
J'ai haussé un sourcil, peu convaincue alors qu'il tournait autour de son cercle de bureaux.
"Le missile ne compte pas." il me pointa du doigt et je levais les yeux au ciel.
Et il y a un certain braquage qui aurait pu me tuer mais ce n'est pas pour tout de suite. Pensais-je.
"Je suis fière de toi, Tony."
Il releva la tête, s'interrompant dans son travail sur un hologramme. Il semblait confus, j'ai soupiré et posais mon sac par terre (parce que y avait pas assez de bazar au sol) et repris la parole.
"Ce que t'as fait à Gulmira, c'était...héroïque. Bravo à toi." je lui ai fait le sourire le plus doux que j'ai jamais réalisé et le sien apparut peu à peu.
"Merci, ma grande. Bon dieu ! Il faut toujours que je te trouve un surnom !" s'exclama-t-il pour gâcher ce moment d'émotion.
"T'es pas obligé, tu sais." j'ai poussé un ordinateur et fit tomber un pot à crayons pour m'asseoir sur une table.
"Tu veux rire ? Tout le monde a des surnoms avec moi et c'est pas demain la veille que ça va changer."
J'ai gloussé avant qu'il n'entreprenne une liste de surnoms tout en travaillant sur son hologramme.
"Jay ?Comme dans Janis ?
-Non ! Mon prénom est déjà assez court comme ça et puis je trouve ça trop masculin.
-Mini Stark ?
-Je ne m'appelle pas Stark, abruti !" je lui souris en lui balançant une boule de papier et il rit.
-Princesse Mononoké ?
-Pourquoi Princesse Mononoké ?
-Tu m'as dit une fois que c'était un de tes dessins animé préféré !
-Et ça mérite d'être un surnom ? Vu sa longueur c'est même plus un surnom !
-Ok, peut être pas. Pourquoi pas Dark Vador ?
-Je suis dans l'extrême obligeance de vous faire acquérir que mon consentement au sujet de ce nouveau nom est négatif.
-Pourquoi ?" il gémit de désespoir. "Tu as toujours préféré les siths aux jedis. Et c'est ton personnage préféré de Star Wars !
-Mais parce que je ne veux pas de ce surnom.
-Je sais !!!" il s'arrêta un instant dans ses gestes comme s'il avait trouvé le moyen de voyager dans le temps. "Hérisson."
Je le dévisageais.
"Hérisson ?
-Je suis sûr que si tu faisais pousser pleins de lames sur ton dos, tu ressemblerais à un hérisson !
-Je ne veux pas devenir Sonic !
-Mais il est bleu !
-Mais c'est un hérisson !
-Que dis-tu de tiguidou ?
-Je suis flattée que tu me trouves parfaite mais c'est un refus."
La journée s'est passée dans la bonne humeur alors qu'on parlait de tous et n'importe quoi. Je n'osais pas aborder le sujet de la bijouterie ou celui de Stane, apeurée de voir le résultat mais c'était surtout difficile de débuter le sujet. Mais alors qu'on parlait avec la télé en fond, Tony tourna doucement sa tête vers le téléviseur placé contre un mur, ayant entendu quelque chose d'intéressant. La présentatrice du journal commençait un nouveau reportage:
"Hier après midi, aux alentours de 16h30, un braquage dans une bijouterie à la limite de Brooklyn a été déclaré. Pendant le trajet de la police jusqu'à l'emplacement du crime, une inconnue s'est introduite dans la boutique, capuche et écharpe servant à couvrir son visage."
Les images d'une caméra de surveillance apparut à l'écran et on pouvait voir le combat que j'avais mené.
"L'inconnue a brusquement fait sortir deux lames qui ont traversées ses manches et a neutralisé les 3 criminels. Puis la justicière est partie, utilisant la fenêtre des toilettes masculines en ont déduit les enquêteurs en découvrant cette même fenêtre brisée. On suspecte que cette personne est une jeune femme blanche de moins de 25 ans et au moins de 15 ans. On ne sait toujours pas si ces lames étaient des gadgets ou s'ils sortaient de sa peau. Certains témoins sont catégoriques: les lames poussaient de son corps."
Je n'entendis pas la suite malgré le silence pesant qui régnait. Mais je le sentais et j'ai tourné la tête vers Stark pour confirmation. Il était furieux. Ses poings étaient serrés, ses dents grinçaient face à sa rage et il me regardait comme si j'avais tué ses parents.
"Janis Price, qu'est ce tu as fais ?" c'était calme mais dur et sombre.
"Tony...Je-
-Tu aurais pu mourir ! Ils étaient trois et armés !" il claqua violemment ses poings contre un bureau, me faisant sursauter comme le contenu de la table. Il avait crié, explosé après s'être retenu quelques piètres secondes.
"J'étais fière de toi quand j'ai découvert ce que tu avais fait à Gulmira et toi aussi tu aurais pu mourir ! Pourquoi tu ne peux pas l'être pour moi ?!" m'exclamais-je avec plus de courage que je pensais pouvoir trouver dans une telle situation.
"Je suis un adulte et tu as 14 ans, Janis !14 ANS ! Et j'avais une armure alors que tu n'avais qu'un sweat ! Si j'avais su que tu étais morte là bas je ne sais pas ce que j'aurais fait ! Je ne veux pas ta mort sur ma conscience, tu comprends ça ?!" il marcha lentement vers moi tout en me criant dessus.
-Mais j'ai su me débrouiller ! J'ai agis en héroïne comme toi à Gulmira ! Je voulais faire comme toi !
-Mais je ne veux pas que tu sois comme moi ! Je veux que tu sois meilleure !" il s'est stoppé devant moi, l'air grave et le silence revint tandis que je restais figée.
"Je ne te surpasserais jamais, Tony..." ce fût presque un chuchotement.
"J'ai été un connard alcoolique et insouciant pendant des années. Je ne pense pas que ce soit ce que tu veux." il était également calme mais toujours autoritaire.
Il secoua la tête et mit ses mains sur le visage.
"Tu es punie." il détacha chaque syllabe.
"Tony...j'allais te le dire, je te le jure. C'est une des raisons pour lesquelles je suis venue.
-Là n'est pas le problème. Le problème est que tu as agis de façon complètement débile.
-J'ai agis comme toi tu l'aurais fait."
Il soupira et se dirigea vers la porte vitrée.
"Où tu vas ?
-Appeler tes parents. Je trouverais une autre bêtise que tu aurais pu faire pour ne pas qu'ils sachent que leur fille a des lames qui poussent de son corps et qu'elle a faillit mourir mais ça leur donnera une raison de te punir."
Mes yeux s'écarquillèrent.
"Attends ! Tony ! Il faut que je te parle d'une dernière chose !"
J'ai tendu désespérément la main vers lui et il s'est retourné avant qu'il ne puisse toucher la poignée. Son regard était calculateur et froid.
"J'insiste Tony...sur.." j'ai baissé la tête, me préparant à une nouvelle engueulade. "...sur Stane." j'ai relevé ma tête. "Il est vraiment malveillant envers toi, je jure de venir d'une autre réalité." il secouait la tête, visiblement désespéré.
"JANIS !" hurla-t-il pour me faire taire alors que je débitais des supplications. Je le fixais avec espoir mais mes yeux étaient brouillés de larmes. Il pointa un doigt vers moi, les yeux dans yeux.
"J'appelle un putain de thérapeute que ça te plaise ou non."
Sur ce, il a ouvert la porte et partit, montant les escaliers. J'étais si fatiguée de me sentir incomprise que je me suis laissée glissée contre un bureau jusqu'à ce que je touche le sol. Une larme a coulée silencieusement. Ma tête était dans un bazar infini, aussi bordélique que le labo. Tony me haïssait sûrement, j'allais être punie pour ne pas être allée à l'école, j'allais être punie pour avoir risqué ma vie alors que j'ai sauvé la situation, je ne me suis jamais sentie aussi seule et incomprise de ma vie, je vais être forcée à voir un thérapeute et Tony me prend pour une folle. Génial.
Je ne sais pas combien de temps est passé mais assez pour que je dise que ça commence à faire beaucoup pour un coup de fil. J'ai séché mes larmes avec mon fin gilet gris tout en reniflant puis je me suis levée, enfin calmée et j'espérais que Tony aussi. J'ai gravis les escaliers, les yeux rouges et toute pâle. Quand j'ai posé le pied sur la dernière marche, j'ai cru entendre une voix et lorsque j'ai enfin posé les yeux sur le salon, j'ai surpris Tony, écroulé sur le canapé avec Obie, penché vers lui, qui tenait le réacteur Arc de Stark à l'aide d'un engin qui l'avait aidé à le déloger.
Tony était pâle, paralysé, les yeux rouges et des veines près de son oreille droite étaient visibles. Son regard figé était braqué sur moi et me suppliait mais je ne savais pas de quoi. Stane s'était tourné vers moi, enfin redressé et me calculait avec ses yeux. Et moi, comme une conne, je restais figée comme si on jouait à "1...2..3 soleil", complètement terrifiée par ce qui se passait et la bouche entre ouverte. Parce qu'après avoir vu ça, je sentais que Stane n'allait pas me laisser en vie très longtemps.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top