Réalisation
Je m'asseyais sur un tabouret, les coudes sur le bar, fixant le dos de Steve qui cuisinait des pancakes pour son petit déjeuner.
"Je suis désolée." marmonnais-je.
Steve se tourna vers moi, un sourcil levé. Puis il sourit faiblement et laissa tomber le pancake sur la pile avant de se tourner vers moi. Il paraissait content, satisfait même.
"J'aurais pas dû te parler comme ça, hier soir. J'étais...en colère." admis-je en détournant le regard vers la porte.
Steve sourit en secouant la tête, les mains appuyées sur le bar. "Je sais, je comprends. Nous avons...nos différences, Janis."
J'acquiesçais. "Peut être mais je déteste me disputer avec n'importe lequel d'entre vous. Vous êtes la seule famille qui me reste et je m'en voudrais toute ma vie si l'un de vous mourrait et que la dernière chose qu'on se soit dites étaient des insultes."
Je soupirais et reposais ma tête contre ma main. J'avais l'impression de faire les choses de travers en ce moment, j'essayais de rectifier le tire. Et, honnêtement, il était facile de s'excuser auprès de Steve. Il était prêt à pardonner, tourner la page, parler pour régler la situation, il ne se moquait pas, n'était pas rancunier. Donc, il était plus facile pour moi de m'excuser auprès de Steve quand une dispute éclatait entre nous, ce qui arrivait fréquemment, que lorsque je devais m'excuser auprès de Tony qui était tout le contraire, mais ça arrivait rarement. Tony et moi étions souvent sur la même longueur d'ondes même s'il arrivait qu'il soit un connard ou que je sois une connasse.
"Je vois..." murmura Steve. "Je pense que moi aussi, ça me dérangerait." il attrapa l'assiette qui était restée sur le plan de travail derrière lui. "Tu veux partager avec moi ? Inaugurer l'enterrement de la hache de guerre ?"
Je me redressais, intéressée. "Carrément."
Le super soldat sourit, posa le plat et alla chercher la vaisselle nécessaire. "Alors ? Tu vas signer ?" il demanda.
"Je pense que oui."
Steve hocha distraitement la tête en attrapant le sirop d'érable et le caramel. Mais, pour la première fois, je remarquais qu'il semblait ailleurs, distrait. Comme si mon choix n'avait plus aucune importance, ce qui n'était pas habituel de la part de Steve qui prenait toujours tout au sérieux.
Je haussais un sourcil. "Ça va ?"
Il baissa les yeux vers la nourriture et m'offrit deux pancakes dans une assiette, soupirant. "J'ai reçu un message, hier. Peggy est...décédée."
Je me mordis la lèvre inférieure, m'empêchant de me frapper le front. Encore quelque chose que j'avais oublié ! Quoi d'autre d'important avais-je pu oublier ? Est ce que ça serait grave ? Mais pour l'heure, Steve avait besoin de compassion.
"Wow..euh..désolée, Steve. Mes condoléances." lui présentais-je maladroitement, prise de court mais aussi un peu mal à l'aise.
"Merci. Ses funérailles sont juste avant la signature des accords." il commença à couper sa nourriture.
"Ouais, je comprends tes priorités." je fis de même. "J'aurais fait de même, je suppose."
Steve me sourit tristement. Je me sentais encore plus mal de l'avoir engueulé hier soir. Mais j'espérais m'être un peu rattrapée mais surtout qu'il allait pouvoir entamer son deuil tranquillement. Au moins, nous n'étions plus fâchés.
.......................
"J'ai chaud !" me plaignis je.
"Sans déconner, Kitty ? Tu vas te plaindre encore longtemps ?" Tony haussa un sourcil moqueur, tout comme son sourire, tout en ajustant sa cravate.
Je lui lançais un coussin de ma chambre d'hôtel, toujours étalée sur le lit avec le ventilateur en marche. Au moins le lit était grand donc je pouvais rouler à un autre endroit plus frais du lit quand le mien devenait trop chaud.
"N'empêche que j'ai chaud. Je déteste quand il fait chaud." grognais-je. Je détestais l'été...
Tony me lança ma veste de costume mais je la retirais immédiatement pour ne pas qu'elle me réchauffe le dos.
"Allez, bouge toi. On va signer, et tu pars tout de suite, comme ça tu pourras retrouver ton ventilateur adoré."
"Je pourrais pas rester ?" demandais je en levant la tête vers lui. "Il parait que le prince T'Challa assistera au discours de son père." le nom de "Black Panther" jouait en boucle dans ma tête.
Stark leva un sourcil. "Et donc ? Ça t'intéresse ?"
J'haussais les épaules en me levant. "Il est plutôt beau gosse. Et il est riche. Et c'est un prince."
Tony éclata de rire. "Tu sais, le Wakanda est une nation très pauvre, je suis sûrement plus riche que lui."
Je levais les yeux au ciel en enfilant ma veste et traversais la porte qu'il me tenait. S'il savait..."Ouais mais toi t'es vieux."
Tony éclata de nouveau de rire avant de reprendre son sérieux pour m'expliquer le programme. "Bon, je t'explique. On arrive, on passe par la porte la plus discrète, on monte jusqu'au bureau provisoire de Ross, tu signes, je signe, Nat signe, on descend et on se barre."
"Je suis à deux doigts de sautiller d'excitation." soulignais je avec deux doigts très rapprochés.
"Tu pourras visiter la ville, si tu veux. Ou rester enfermée dans ta chambre d'hôtel comme la jeune fille sans amis que tu es.
-Merci de me rappeler, Tony, j'avais oublié."
En sortant de l'ascenseur qui émettra un petit "ding", il ricana en me tapotant l'épaule. "Détends toi, je te sens tendue."
Quelques regards se tournèrent vers nous dans le hall d'entrée mais ce n'était même pas cette attention qui me rendait nerveuse ! J'allais signer un accord, j'entrais dans le monde politique. Et ça ne me plaisait pas beaucoup, rien ne tournait bien dans ce domaine.
"C'est le moins qu'on puisse dire...." marmonnais je en sortant du magnifique hôtel.
Je descendais les escaliers décorés d'un tapis rouge très élégant tandis qu'un chauffeur nous attendait et tenait la portière arrière d'une voiture noire très classe. Tony savait choisir le raffiné et le meilleur quand on se déplaçait, pas que m'en plaigne. Mais parfois, c'était bizarre. Dans la voiture, direction le siège des Nations Unies, Tony ne cessait de parler au téléphone. Mais ça ne me dérangeait pas, au contraire, ça me laissait un temps pour réfléchir à mon choix, définitif. Mon pied ne cessait de tapoter contre le sol, témoignant de mon anxiété grandissante. Et si je faisais le mauvais choix ? Et si ça m'attirait des ennuis ? Et si je le regrettais ?
Un peu comme tout le temps dans ce genre de situation, le temps entre le moment du départ et le moment fatidique semblait fondre comme de la neige en plain Sahara. Bien trop tôt à mon goût, l'immense bâtiment de fenêtres se dressait devant ma vitre, imposant et intimidant, comme une menace. Comme s'il savait que je redoutais ce qu'il cachait à l'intérieur. Je fus bien heureuse de ne pas emprunter "la grande porte", l'entrée principale était envahie par des journalistes et les caméras par centaines. Ce qui n'aurait rien arranger à mon stress. Cependant, je venais presque à le regretter. Car sortir de la voiture, franchir la porte, contrôler nos identités et monter dans l'ascenseur auraient pu se faire bien plus tard si nous étions passés par la case "interview improvisée". Jamais je ne pensais le dire un jour mais une interview d'un journaliste sournois me paraissait soudainement être un paradis de sérénité comparé à ce qui m'attendait au 12eme étage. Mais, évidement, Tony ne laisserait même pas un journaliste respirer dans ma direction.
L'ascenseur montait trop vite, à mon goût. Même la magnifique vue sur Vienne que nous offrait l'ascenseur vitré ne pouvait me distraire de mon choix à déterminer dans les 5 minutes à venir. J'allais vraiment faire ça ? Signer ? Après tout, c'est tout ce que j'avais à faire, signer ! Et cette histoire serait finie ! Mais il y avait des conséquences qui en résulteraient... Est ce que j'étais prête à faire ce genre de choix ?
Je crois que Tony avait tenté d'attirer mon attention quelques fois mais ce fût l'ouverture des portes de l'ascenseur qui me tira d Émond état second à fixer le magnifique sol gris. La porte au fond du couloir. Plus on marchait, plus je sentais la tension monter dans chacun de mes membres et les raidir. J'avais envie de faire demi tour et de courir aussi loin que possible. Moi qui voulais tant grandir, cela me semblait être mon souhait le plus débile. Je détestais ce genre de choix d'adultes.
Tony toqua à la porte et une voix nous invita à entrer. Le bureau était tout aussi lumineux, le mur derrière le bureau en bois clair était entièrement vitré et donnait une vue tout aussi époustouflante sur la ville que celle dans l'ascenseur. Ross était assis derrière le bureau, très bien rangé, et se leva quand il les vit entrer. Natasha était déjà là, très élégante dans son tailleur (mais Nat était toujours belle), elle était assise dans un fauteuil en face du bureau presque trop grand pour que ce ne soit pas ridicule.
"Vous voilà !" s'exclama Ross, particulièrement de bonne humeur. "Entrez, entrez. Installez vous."
Il désigna les deux autres fauteuils devant lui et se rassit. J'avalais laborieusement une petit boule dans ma gorge et fis le premier pas, les suivants semblaient plus facile au fur et à mesure. Je me glissais maladroitement dans le siège en cuir noir du milieu, liant immédiatement mes mains sur mes genoux pour libérer mon angoisse dans le tripotage de mes doigts. Natasha m'adressa un petit sourire sourire réconfortant que je lui rendis mais il se fana bien rapidement en voyant le visage de Ross. Ce type ne m'inspirait aucune sympathie.
Natasha se tenait droite sur son siège, Tony était presque affalé, trop à l'aise, tandis que ma tension se voyait au premier coup d'œil. On faisait un sacré trio. Ross serra la main de Stark puis la mienne, il l'avait sûrement déjà proposé à Nat car il ne lui tendit pas sa main et elle ne le releva pas. Le politique se pencha sur son bureau et rassembla ses mains devant lui.
"Bien, commençons."
Il sortit un bloc de feuilles de papier, sûrement la dernière version, au propre. Il rappelait les engagements, les interdictions et remémorait aux garants leur rôle et leur implication. Mais je ne l'écoutais pas, je m'étais répété trop de fois ces conditions ces derniers jours et je pouvais probablement les citer par coeur. Je me contentais de fixer la plante verte sur le coin du bureau. Cela semblait soudainement magnifique d'être une plante verte. Pas de soucis, pas de conséquences à tes actions, pas de peur ou de stress, se fait dorer la pilule au soleil tandis qu'on t'arrose avec de l'eau...
Tony me tira de mes pensées quand il fût le premier à signer sans aucune hésitation. Natasha vint en deuxième, le stylo se baladant sur son côté de la feuille. Puis elle reposa la stylo. Tous les regards se tournèrent vers moi.
"Janis." chuchota Tony, m'invitant à faire mon choix.
Le regard perdu, je tendais une main hésitante vers le stylo, l'attrapant faiblement entre mes doigts. Je fixais un instant la case au milieu de la feuille qui m'était réservée. Plus de retour arrière, ne les laisse pas tomber. Je soufflais et posais le stylo sur le blanc. L'encre s'accumula une seconde sur l'endroit mais je me lançais et terminais ma signature. Une fois l'outil reposé sur le meuble, je sentais comme un poids se soulever de mon corps. C'était bon. C'était finis.
Je me rendais compte à quel point il était ridicule que je me fasse autant de soucis pour qu'au final, une simple signature règle tout ! Ma réaction ridicule eut au moins l'effet de me faire sourire, d'amusement mais aussi de soulagement. Et je n'avais même pas à faire de déclaration à la presse !
"Bravo, Mlle Price. Vous avez fait le bon choix, croyez moi. Je suis plus qu'heureux de travailler avec vous." je suivis les adultes qui se levaient et serrais la main de Ross. Je n'avais pas spécialement envie de sourire mais j'étais si heureuse que ce soit passé que je ne pouvais m'empêcher de garder ce sourire collé à mes lèvres.
"Ouais...merci."
Tony et Natasha remarquèrent mon sourire et firent de même. En sortant du bureau, je me sentais encore plus libre que jamais et Natasha frotta sa main contre mon épaule.
"Je suis fière de toi." elle embrassa le haut de ma tête, m'apaisant d'autant plus.
En descendant les étages, Tony et Nat me saluèrent. "On se revoit ce soir, Kitty. Amuse toi bien." il me sourit et ébouriffa mes cheveux. En sortant à leur étage, la rousse me fit un petit signe de la main puis je redescendais, satisfaite de ma matinée. Voilà une bonne chose de faite !
T'aurais pu me laisser, gérer, tu sais ? Je suis moins en proie au stress que toi.
"Oui mais tu es peut être trop...décontractée."
J'étais vite remontée dans la voiture, bien plus décontractée qu'à l'allée. Je me sentais...légère et un peu plus sûre de moi. De retour à l'hôtel, j'avais pris une grosse douche froide pour me débarrasser de la transpiration accumulée à cause de ma veste de costume et du soleil. Je me demandais comment Tony pouvait supporter autant de couches avec une telle chaleur, parfois ce type pouvait m'étonner pour des trucs si cons... Mais bon, je détestais la chaleur et la supportais très peu alors on ne pouvait pas dire que j'y mettais du mien. En sortant de ma salle de bain en peignoir, une serviette pour sécher mes cheveux, j'allumais la télé pour me faire de la compagnie.
"-soudaine explosion lors de la signature des accords de Sokovie a fait peu de victimes mais le roi T'Chaka en fait malheureusement partie, c'est le commencement d'un deuil national pour le Wakanda."
Je m'interrompais immédiatement dans mon mouvement et fixais la télé où l'image du présentateur fût vite remplacé par des images du bâtiment que j'avais visité ce matin exploser brusquement. Heureusement, ça ne concernait que quelques étages mais c'était assez inquiétant pour que j'attrape mon téléphone. J'appuyais sur le nom de Tony et collais l'appareil à mon oreille qui s'attardait plus sur les infos que sur la sonnerie d'attente.
"Cependant, les autorités ont déjà un suspect. En effet, un certain James Buchanan Barnes aurait été filmé par les caméras de surveillance du parking. Il était déjà recherché pour ses relations et services qu'il a rendu à HYDRA mais est désormais un des individus les plus recherchés suite à son acte terroriste coûtant la vie au roi du Wakanda." l'extrait évoqué passa à l'écran puis une photo de Bucky apparut à l'écran.
Mon visage se décomposa quand une réalisation me frappa à la vue de son visage. Bucky...bien sûr. Le meilleur ami de Steve, le Soldat de l'Hiver dont le cerveau avait subit un sérieux lavage par HYDRA. Mais c'était aussi l'assassin des parents de Tony et...c'est pour cette raison qu'Iron Man se battait sans pitié contre lui et Steve qui lui avait caché ce secret et prit sa défense. Je me souvenais de la majorité du film, désormais ! Mais maintenant que je savais ça, que je savais ce qui c'était passé... Qu'étais je censé faire ? Tout raconter à Tony comme la bonne amie que j'étais censée être et sûrement préserver ces trois héros d'un combat inter-Avengers puisque Tony aurait le temps de digérer la nouvelle sans Barnes sous le bras ? Ou devais-je laisser les choses se passer sans rien changer pour le bien de la Time Line, cause pour laquelle je me suis tant battue pour au prix de nombreux sacrifices ?
Pietro en est mort pour ta stupide cause.
Je secouais la tête pour chasser cette voix au fond de ma tête. La sonnerie s'interrompit.
"Janis ?"
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