Ma stabilité

Tony ne m'avait pas menti: la sortie de mon lit d'hôpital avait été rapide. Deux jours après sa visite, j'étais de retour dans ma véritable chambre, plus grande que celle que j'avais à la tour mais avec une vue bien moins impressionnante que les hauteurs de New York. 

En me traînant pour la première fois dans ma chambre avec autant de grâce qu'une serpillère, je remarquais un petit bout de papier plié sur ma table de chevet avec un téléphone jetable à côté. Je dépliais le papier pour y reconnaitre l'écriture de Tasha. 

"Appelle moi si tu as besoin, mon poussin ;)"

Je souris faiblement et à cette possibilité. L'idée de savoir que je pouvais appeler Nat était réconfortante, nous n'étions pas complètement coupées l'une de l'autre. Mais je devais utiliser ce téléphone et ce numéro avec intelligence. Seulement pour des urgences, uniquement si je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas cramer sa couverture en l'appelant pour tout et n'importe quoi. 

Je cachais le numéro et le téléphone sous mon matelas, à l'abris des regards indiscrets. Je soupirais en m'asseyant sur le lit moelleux, bien comme je l'aimais pour me noyer dans les couvertures quand je dormais. 

Tony ne m'avait pas parlé depuis sa visite. Je ne l'ai même pas croisé. Quand je demandais à FRIDAY si je pouvais le voir, où il était ou ce qu'il faisait, elle répondait toujours "Il travaille, mademoiselle. Il aimerait ne pas être dérangé." avec une douce voix. Il m'évitait. Et éviter quelqu'un dans un complexe, si grand que je m'y perds alors que j'y habite, est extrêmement facile.

J'ai passé ma journée à me bourrer de médicaments prescris par les médecins, matin, midi et soir, puis je m'occupais comme je pouvais: je lisais, je regardais la télé. J'attendais de reprendre un peu de forces avant d'aller prendre des nouvelles de Rhodey. J'avais interdiction de toute pratique sportive pendant quelques mois. Mais j'étais sûre que Tony trouverait un moyen d'écourter ce délais. Enfin...s'il ne m'en voulait pas trop.

Son silence me pesait mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Je n'en avais pas le droit. Alors je patientais silencieusement. En voulant prendre ma douche, j'observais la grosse cicatrise sous mon sein. La ligne rouge allait du bas de celui-ci jusqu'au dessus de mes côtes. Pas très beau à voir mais, étonnement, je n'étais pas plus choquée que ça. J'avais littéralement demandé que ça arrive. 

La douche était agréable. Est ce qu'on lavait une personne dans le coma ? Sûrement. Tous les jours ? Toutes les semaines ? Tous les mois ? En tout cas, je me sentais sale et la douche avait comme lavé les mensonges qui salissaient mon être. L'eau était très chaude, donc à la parfaite température. 

Lavée, séchée et emmaillotée dans un pyjama, je tentais d'ouvrir ma porte pour manger un petit quelque chose, l'objectif étant de remplir mon estomac et d'accompagner mes sept comprimés. Mais la porte ne s'ouvrit pas. Je fronçais les sourcils et essayais plus fort. Elle demeurait fermée. Je commençais un peu à paniquer, il est vrai. Ce n'était pas normal. 

"FRIDAY ? La porte ?"

"Est fermée, mademoiselle."

Sans blague ?

Je levais les yeux au ciel. "J'avais pas vu, merci. Pourquoi elle est fermée au juste ? Il y a un problème ? Un état d'urgence ?"

"M. Stark a été catégorique: vous ne devez pas sortir de votre chambre ce soir." sa voix robotique ne fit rien pour me rassurer. 

Il a vraiment des tendances à la séquestrations, ce type.

"FRIDAY, je dois sortir."

"Négatif."

Je me frottais les paupière, sentant la frustration monter en flèche. Il pouvait vraiment se comporter comme un gosse parfois...

"Je jure, FRIDAY, si c'est juste pour m'éviter, je vais-"

"Vous devez juste rester ici, mademoiselle. C'est pour votre sécurité."

"Ah ouais ? Et si je saute de ma fenêtre ? Tu vas faire quoi ?" demandais je avec une pointe d'arrogance. 

Quelque chose se tramait. Si Tony voulait aller se chercher un truc dans la cuisine, il ferait ça en dix minutes avant de repartir se cacher dans son labo. Mais m'enfermer toute la nuit ? Il y avait définitivement quelque chose qui se tramait. 

"Vos fenêtres sont également fermées. Et vos lames seraient incapables de les détruire."

"Ah..."

J'aurais dû m'en douter.

Prends un ciseau. 

Sans réfléchir, j'attrapais une paire dans le pot à crayons sur mon bureau. Je la brandissais juste au dessus de ma poitrine. 

"FRIDAY, si tu tiens vraiment à ma sécurité, je te conseille d'ouvrir cette porte. Ou je me plante ces ciseaux dans ma poitrine fraichement recousue." ma voix se fit plus menaçante. 

"Vous n'oseriez pas." affirma-t-elle. 

"Je viens de me réveiller d'une tentative de suicide. Tu veux parier ?" 

Je resserrais mes doigts autour des ciseaux, observant tout autour de moi comme pour m'adresser à la pièce elle-même. FRIDAY était partout, c'était elle qui contrôlait ce complexe. Elle se fit silencieuse un temps avant que la serrure de ma porte ne fasse un bruit. J'essayais de l'ouvrir et... boum ! Ouverte !

Je lâchais instantanément les ciseaux pour me précipiter dans le couloir. Dans ma course, j'observais que toutes les portes sans exception avaient été verrouillées. Ouais, il y avait définitivement quelque chose qui n'allait pas. 

Heureusement pour moi, le couloir était en communication directe avec la cuisine. Pas de Tony. En même temps que j'explorais ce que je pouvais du complexe, j'essayais de réfléchir où pourrais se trouver Tony. Je descendais les escaliers, décidant de fouiner aux endroits où j'allais le moins dans ce bâtiment. Personne à l'aile médicale, ni l'aile scientifique. Personne au labo de Tony non plus mais un sacré bordel était, lui, bien présent. Enfin, je lui tombais dessus par hasard dans un énième salon. 

Je me figeais instantanément en l'observant depuis le cadre de l'entrée. Il observait l'extérieur, le dos tourné vers moi, un verre d'alcool dans la main. En armure. Le casque était le seul élément manquant mais je le trouvais posé sur une table basse. Mais, bon sang, qu'est ce qu'il foutait ? 

"Je croyais que tu avais arrêté l'alcool." déclarais-je finalement pour me faire remarquer.

Il se retourna vivement, ses yeux rouges grand ouverts. 

"Janis..? Qu'est ce que tu fais ici ? J'avais demandé à FRIDAY-"

"Désolée, je l'ai fais tourner un peu en bourrique."

Il m'observa intensément. Je n'osais bouger, de peur de le faire fuir si je tentais quelque chose. Les larmes me montaient rien qu'en le croisant.

"Tony, parle moi." suppliais-je d'une petite voix. 

"Tu ne devrais pas être là." il répondit sèchement. 

"Tony ? Vous êtes là ?" 

Nos têtes se tournèrent avec une synchronisation parfaite vers le couloir d'en face, d'où la voix provenait. Steve. C'était Steve. Merde. 

Mon regard croisa celui de Stark, mes yeux remplis de choc étaient presque semblables aux siens. Sauf qu'il était plus apeuré que choqué. 

"Tu ne devais pas être là." il chuchota.

"Oh mon dieu, Tony, non..." je marmonnais. 

Se venger. Il voulait se venger. La réalisation me frappa comme un camion. Est ce que Bucky était avec Steve ? Sûrement. Merde, il allait les tuer ?! J'avais espéré que lui révéler la vérité sans la présence des deux hommes lui donnerait le temps de réfléchir et de se calmer... Mais avec l'alcool... Je n'avais pas pris en compte ce facteur.

"Comment ?" chuchotais-je en me rapprochant, cherchant désespérément un contact visuel avec lui. Mais il évitait mon regard en se tournant vers le couloir, ses yeux envoyant des éclairs. 

"Ce ne sont pas tes affaires." il répliqua aussi sèchement que précédemment. 

En voyant les silhouettes de deux grands hommes marchant tranquillement dans le couloir, j'eus la confirmation que Bucky était avec Steve et qu'ils se croyaient ici en terrain amical. Tony avait dû les attirer en leur disant je ne sais quoi. Qu'il avait un plan pour les sortir de leur fuite du gouvernement ? Qu'il pouvait aider Bucky avec son cerveau endommagé par Hydra ? Il y avait tellement de possibilités et qu'une seule vérité: la quête de vengeance. 

Je comprenais Tony, mais ce n'était pas pour autant la bonne chose à faire. Les deux super soldats entrèrent dans la pièce, attirant notre attention.

"Janis ?" le regard de Steve traduisait son soulagement et sa surprise en me voyant debout et pas morte. 

Bucky se contentait de cligner les yeux avec étonnement. Le blond eut un sourire en coin. 

"Tu as l'air...en forme."

Je lui retournais le sourire. "Au moins, j'en ai l'air."

Puis ils remarquèrent finalement l'armure de Tony. "Stark ?" demanda Rogers, soudainement plus sur ses gardes. 

"Rogers." salua froidement Tony, son regard lourd de reproches.

"Je le sens pas." chuchota Bucky à son ami.

"Sans rire ? C'est pas comme si vous aviez tué mes parents, Barnes." Stark prononça ses mots comme s'il essayait de les planter dans leurs coeurs tels des lames.

Les deux super soldats se figèrent immédiatement et la tension dans la pièce monta en flèche. Ça allait mal finir, je le sentais plus fort que tout. Mon coeur se serrait par l'appréhension mais je sentais qu'il était plus douloureux que d'habitude. Peut être ma blessure encore trop fraîche ? 

"Comment...?" commença Steve.

"Steve. Bucky. Partez." leur conseillais-je fermement. 

"Je ne crois pas, non." 

Tony enfila son casque et s'envola vers les deux soldats, pleins gaz. Je sursautais, reculant en arrière, alors qu'il les emportais dans la pièce d'à côté en traversant le mur. Un grondement se fit entendre dans toute la pièce et le combat débuta. 

"Stark, écoutez-"

Mais il se prit un coup de poing en fer dans la mâchoire. J'observais, impuissante, mes amis se battre férocement entre la poussière et les décombres. Les coups s'enchaînaient sans relâche, le métal claquant du bouclier ou du bras contre l'armure résonant de temps en temps. Je sortis inutilement une lame de mon poignet mais demeurais immobile devant le spectacle le plus déchirant que mes yeux aient pu assister. 

Il était impossible que je m'interpose. Je venais à peine de récupérer de ma blessure et je ne faisais absolument pas le poids contre Iron Man, Captain America et Bucky Barnes. Merde. 

Je levais la tête vers les lumières et les portes celées. Peut être... Peut être que si je désactivais FRIDAY, cela leur donnerait le temps de fuir ? Je secouais la tête pour récupérer mes esprits et commençais à courir vers les escaliers.

"La salle de contrôle de FRIDAY ? Tu penses que c'est où ?"

En bas, les sous sol. Pour protéger le programme des attaques extérieures. Mais tu penses qu'on sera capables de la désactiver ? 

"Sûre. Depuis Ultron, Tony n'est plus aussi confiant avec la technologie et garde toujours une fonction pour désactiver ses machines."

Pas bête, je dirais. 

Je dévalais les marches à toute allure, certaine que FRIDAY me refuserait l'accès aux ascenseurs. Mes pieds me faisaient mal, j'allais trop vite et trop fort contre le béton mais je ne m'arrêtais jamais. 

Tony, ne les tue pas... Ne les tue pas, s'il te plait. 

Je me retrouvais devant une énorme porte métallique fermée, un panneau de contrôle à son côté dans le mur. Sans réfléchir, j'y déposais mon pouce. Je devais faire partie des personnes autorisées, j'étais une personne de confiance et j'habitais ici.

L'écran analysa en quelques seconde mon doigt avant de produire un son satisfaisant et d'afficher du vert, "Personne autorisée" s'affichant au dessus de mon pouce. L'imposante porte s'ouvrit dans un bruit fluide, me laissant accéder au couloir. Sans plus m'y attarder, je m'y engouffrais.

Je poussais brusquement la porte des sous sol. La seule complètement manuelle et non contrôlée par FRIDAY, pour les mêmes raisons que précédemment évoquées. À bout de souffle, je pris un temps pour observer la pièce composée d'un seul ordinateur relié à des dizaines d'écrans qui expliquaient les différentes actions de FRIDAY. 

"Mademoiselle Janis ?" demanda la concernée. 

"Pardonne-moi, FRIDAY. Je veux juste éviter un massacre." je lui adressais en courant vers l'ordinateur. "J'ai aucune foutue idée de quoi faire..." marmonnais-je devant des centaines de lignes de code. 

Casse tout. 

"Hein ?! Mais je veux pas tuer FRIDAY !" 

Tony la réparera !

"FRIDAY, annule tous les ordres de Tony concernant cette nuit. Ouvre les portes et les fenêtres et éteints les lumières !" j'ordonnais en criant vers le plafond. 

Elle ne t'écoutera pas, elle n'obéit qu'à son gourou de créateur. Détruis tout, je te dis ! Fais le ou je le ferais !

"Je suis navrée, mademoiselle, mais il m'est impossible de parvenir à votre requête."

"PUTAIN !" m'énervais-je soudainement. 

Il faut tout casser ! Tu n'y connais rien, moi non plus, et je pense que Tony s'est assuré d'être le seul à pouvoir l'éteindre. 

Je me frottais le visage en réfléchissant à toute vitesse. Je ne voulais pas faire de mal à FRIDAY malgré son état robotique, elle était devenu comme une sorte de présence rassurante dans le complexe et dans la tour. Mais je devais me rendre à l'évidence: c'était ma seule solution. 

"Je suis désolée, FRI." maronnais-je en sortant mes deux lames.

Ma respiration bloquée et les yeux fermée, je les enfonçais dans l'ordinateur en un grand coup. La machine se coupa en deux, de petites explosions électriques au bout des fils éclatèrent. Les écrans s'éteignirent tous petit à petit. Puis, soudainement, les lumières laissèrent place au noir complet. Ça avait marché.

Faut rejoindre Bucky et Steve pour s'assure qu'ils aillent bien. 

"J'y cours." 

Je jetais un dernier coup d'oeil vers FRIDAY, en morceaux. Encore une fois, la culpabilité s'empara de mon corps mais ne me ralentit pas dans ma course contre la montre. 

Tout le complexe était plongé dans le noir, quelques leds de secours illuminant faiblement les murs. Je manquais plusieurs fois de me ramasser par terre ou de me cogner contre une rampe. J'avais atteint le rez-de-chaussée en moins de temps que ne l'espérais puis je tentais d'écouter les sons, aussi lointains qu'ils pouvaient être. Je bloquais ma respiration haletante et me concentrais. 

Bizarrement, le silence de mort me terrifiait plus que tout. Tony les avait déjà tués ? Ou était-il lui même mort ? Ou Steve et Bucky s'étaient déjà échappés ? Peut être étaient-ils même déjà entrain de se battre dehors ?

Je jetais un coup d'oeil aux baies vitrées ornant le rez-de-chaussée mais rien à signaler.

"Janis !" j'entendais une faible voix m'appeler et des bruits de pats discrets la suivre. 

Je me retournais et rencontrais Steve et Bucky qui couraient vers moi. 

"Steve ! Bucky !"

"Impossible de briser les fenêtres, on a pensé qu'on aurait plus de chance ici." m'expliqua Bucky. 

L'obscurité m'empêcha de les voir clairement mais je remarquais ensuite les contusions, le sang s'échappant de plaies béantes sur leurs visages mais aussi quelques parcelles de leur vêtements déchirées ayant absorbé un peu de sang. Je me sentis fébrile un instant. 

"Ouais, venez, la sortie est pas loin."

Je leur assurais sans les regarder dans les yeux, un peu trop impressionnée par leurs blessures. Je me consolais en me répétant que ça aurait pu être bien pire si je ne les avais pas interrompus avec ma coupure de courant.

Nous commencions à courir dans le complexe quand Steve m'expliqua leur combat succinctement. 

"Il est devenu fou. On a réussi à le mettre K.O pour quelques minutes mais je doute que ça dure. S'il se relève avant qu'on parte, il nous rattrapera."

"Faut qu'on retourne au vaisseau !" s'exclama Bucky. 

"Comment il a su, Janis ?" me demanda le blond. 

Mais je secouais la tête en regardant droit devant moi. "Je ne sais pas."

"Tu savais ?" me demanda à son tour Bucky. 

"Par Tony." 

Je laissais échapper un cri quand Bucky fût projeter en avant par un tir lumineux. Bucky gémit de douleur et s'écroula dans le hall de la sortie. 

"Bucky !" s'écria Steve, Tony nous dépassant à une vitesse fulgurante en volant. 

Il attrapa le col de Barnes et commença à lui asséner des coups plus violents les uns que les autres. Barnes était en sang... 

Steve lui sauta dessus mais Tony l'attrapa par le col de sa nuque et le projeta vers le sol en se penchant. Cap évita avec succès ses deux poings métalliques prêts à s'écraser sur son visage en se roulant sur le sol mais dès qu'il se remit debout, Tony tira plusieurs fois sur son bouclier. 

Rogers ne cessait de reculer avec son bouclier le protégeant des tirs puis des coups quand Tony fût assez proche. Les attaques d'Iron Man n'étaient même plus réfléchies mais pleines de rage aveuglante. J'écarquillais les yeux quand le bouclier s'effrita puis, soudainement, Bucky sauta à son tour sur Tony, les jambes autour de sa taille de métal. 

Bucky prit le casque entre ses mains et l'écrasa avec sa force surhumaine, les deux hommes hurlaient sous la douleur et l'effort. J'étais horrifiée devant ce spectacle, la main sur le coeur comme si je sentais qu'il allait s'arrêter juste pour que je n'assiste pas à ça. Tony le projeta en arrière, finalement libre. Il retira son casque, me laissant voir son visage tout aussi amoché que ceux des deux soldats. 

Stark fit volte face et tira sur Bucky qui, heureusement, se protégea avec son bras. Mais...le bras n'en devint plus un. Une grande partie carbonisée au point de disparaître, il ne lui restait que l'épaule d'intacte. Un combat contre Iron Man avec un bras ? Impossible. 

Iron Man s'avança de quelques pas, le bras levé, préparant le tir fatal qui tuerait Bucky. Sans y penser plus que ça, je me glissais entre eux, les bras écartés. 

"Stop ! Merde !"

Tony sembla sortir de sa transe furax et m'observa avec des yeux étonnés et sceptiques. 

"Janis...pousse toi." il m'ordonna, à bout de souffle. Le sang coulant dans sa bouche noya ses mots. 

"Non !" criais-je, au bord des larmes. "Pas tant qu'ils seront partis et que tu resteras ici !" je reniflais, ce qui sembla alléger le regard de Tony. 

"Il a tué mes parents !" il hurla. 

Je remarquais Steve qui vint rejoindre Bucky derrière moi. 

"Tu le regretteras toute ta vie ! En tuant un type qui s'est fait manipulé et un autre qui a combattu avec toi ! Putain je sais qu'ils ont été merdiques avec toi pour te l'avoir caché mais je pense qu'ils avaient peur de toi, Tony ! Que tu fasses ça !"

"Eh bien ils avaient bien raison !"

"Ce n'est pas la justice, Tony ! Je te comprends, vraiment, mais tu ne trouveras pas la paix comme ça. Et les tuer ? Tu ne t'attireras que la vengeance de quelqu'un d'autre qui viendra pour toi dans des années !" 

Il sembla y réfléchir un instant. 

"La vengeance ne fait qu'entraîner la vengeance. Et ne guérit sûrement pas. Tu te sentiras comme un monstre, tout comme Bucky se sent actuellement ! Je ne veux que le bien de vous trois, tu devrais le savoir !" ma voix qui s'était adoucie revint en force. "Les gens auront peur de toi si tu fais ça ! Rhodey, Happy, Pepper,....moi !" je rajoutais. 

Des larmes se formèrent dans ses yeux, brillantes dans le noir. Nos respirations étaient désormais les seuls sons dans tout le complexe et la tension était bancale. Nous ne nous sommes pas quittés des yeux pendant un moment. 

Je pensais qu'il avait comprit. Que s'il les tuait, il ne ferait que m'éloigner de lui, moi et plusieurs personnes chères à ses yeux. Car ce Tony-là n'était pas l'homme intelligent que je connaissais mais une personne qui se perdait dans les tréfonds de sa tristesse. Mais, dans ce cas-là, il devrait demander de l'aide. Pas tuer de sang froid ce qui, au final, ne ferait qu'aggraver son sentiment.

Quand ont tue quelqu'un, on en sort jamais indemne. 

Ma blessure en était la preuve.

"Je ne veux plus jamais les revoir. Jamais. Même après la mort." articula lentement Stark. 

Mon souffle s'apaisa un moment et quelques secondes de silence suivirent où Steve aida Bucky à se lever. 

"Janis..." commença Steve, un regard inquiet vers moi. 

"DEHORS !" hurla Tony, les réacteurs à ses mains sifflant en signe de rechargement. 

Le blond n'insista pas plus et commença à traîner vers la sortie, le vaisseau pas loin comme je pouvais le constater. Un vaisseau de camouflage du Wakanda. 

"Le bouclier n'est pas à toi. Tu ne le mérites pas." déclara Iron Man sèchement. 

Steve s'immobilisa, poussant un soupir, avant de laisser tomber le bouclier par terre. Le bruit fût fracassant. Comme une finalité. 

Soudainement, alors que les deux soldats allaient franchir la porte, Tony tenta de foncer vers eux en volant. Mais je réagissais vite et, en un coup de lame, le mettais hors d'état de fonction ses réacteurs aux pieds. Il s'écrasa par terre dans un bruit tonitruant. Steve et Bucky se précipitèrent vers le vaisseau et décollèrent le plus vite possible comme les fugitifs qu'ils étaient. Tony les observa depuis le sol, fatigué et découragé. 

Quelques secondes de silence s'écoulèrent sans qu'aucun de nous deux ne parle ou ne bouge. Puis il se releva lentement et marchait vers les escaliers. 

"Où tu vas ?" demandais-je. 

"Réparer tes putain de dégâts." il cracha en passant la porte.

....................

Comment s'était censé se passer maintenant ? Je triturais ma manche de pull depuis dix minutes maintenant. Le soleil s'était levé depuis deux heures et je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. 

Je n'étais pas oppressée par le stress. Je réfléchissais simplement en me revisionant les images du combat provenant de ma mémoire. FRIDAY était en cours de réparation, je le savais car les lumières et les verrous des portes étaient de retour sans pour autant qu'elle ne puisse parler. Tony n'avait peut être, pour l'instant, que remis en état les fonctions basiques. 

J'entendis quelqu'un toquer à ma porte. Je me redressais sur mon lit. 

"Entrez."

Tony apparut, le visage recouvert de pansements et de contusions. Il était neutre. Ni triste, abattu ou souriant. Juste...neutre. Impassible. 

Il refermera la porte derrière lui et s'approcha de mon lit, les mains dans ses poches. Il s'assit sur le bord en me regardant. 

"J'ai un job pour toi." il dit soudainement, me surprenant presque. 

Je fronçais les sourcils, un peu décontenancée par sa ferme ignorance de notre situation. 

"Tony, je pense que nous devrions-"

"Tu vas devoir garder un oeil sur Peter. Tu sais..Spider-Man." il imita le mouvement des tirs de toiles. Mais les gestes étaient lasses. 

Quoi ? Vraiment ? Il allait jouer la carte du déni ? De la fuite ? Après...tout ça ? Toute cette merde ?

"Tu as besoin de stabilité, non ? Beh, assure toi que Peter ne fait aucune bêtise et tu l'auras, ta stabilité." c'était sec. 

"Tu es ma stabilité, Tony."  je murmurais, osant à peine le regarder. 

Je me sentais jetée. Comme un animal qu'on abandonnait sur le bord de l'autoroute. Tony avait toujours été là pour moi, tout le temps. Il m'a adopté quand mes parents étaient morts, il m'a encouragé à devenir Sword, il m'a protégé, payé les meilleurs soins à l'hôpital où il m'a rendu visite. Le seul à m'avoir rendu visite. 

Il me regarda droit dans les yeux. 

"Ouais. Mais là, moi aussi j'ai besoin de stabilité. Et pour une fois, c'est pas toi."

Je me suis empêchée d'éclater en sanglots. 

"Je suis désolée." je chuchotais en baissant la tête. 

Je l'entendis soupirer et sa main froide se déposa sur le mienne. C'était distant mais si réconfortant à la fois. 

"J'ai juste...besoin de temps, Janis." Il retira sa main pour se frotter le visage. Fatigué, abattu, seul... "Et toi aussi, t'en as besoin."

"Non, Tony, j'ai besoin qu'on-"

"S'il te plait. Janis." son ton ferme, presque parental, m'abstint d'aller plus loin. Je me pelotonnais dans mon pull, me recroquevillant dans ma tristesse. 

A chaque fois que je règle quelque chose, je foire autre chose...

Il se penchait vers le sol, les coudes sur ses jambes et les mains jointes dans un poing. Il ne me regardait même pas en continuant son explication. 

"Je vais te faire emménager un petit appart avec tout ce qu'il faut, pour que tu sois plus proche de l'école de Peter. Je veux que tu le colles autant que possible, même à l'école. Je vais t'y inscrire avec un faux dossier. C'est une école de scientifiques, y a besoin de falsifier tes résultats. Après, tu t'en fous des notes. Je ferais en sorte que tu y restes. Je veux que tu veilles sur Peter, il est jeune et fougueux, il sait pas dans quoi il s'embarque et il peut faire des bêtises. Je sais que tu es plus mature et expérimentée. Et Peter sera au courant, ne t'en fais pas."

Je ne savais pas si son inquiétude pour Peter était sincère (sûrement), mais je savais surtout que c'était l'excuse parfaite pour m'éloigner de lui. Il se leva en claquant ses mains sur ses cuisses.

"Tu y seras dès lundi."

"Tony..."

"Bon courage, Price."

Mon coeur s'effondra, se brisant dans mon estomac dont les fragments poignardaient ma peau depuis l'intérieur. Il partit sans un regard de plus. 

Bon...bah tu sais où aller.

"Cheeseburger ?" demandais-je en commençant à pleurer.

Cheeseburger.

...............

PDV extérieur:

Peter réparait son webshooter sur son bureau avec de la musique en fond. May était de garde cette nuit donc il pouvait  s'adonner à son costume sans se soucier qu'elle entre soudainement dans sa chambre. Et explorer son nouveau costume high tech made in Stark était un pur plaisir ! Il ne s'en lassait pas. 

Une petite gêne naquit dans son dos et il s'étira sur sa chaise. Il avait mal aux yeux à force de les exposer à la lumière artificielle, entouré de sa chambre plongée dans le noir de la nuit. Il jeta un oeil à son réveil : deux heure du mat'. 

Il se leva et alla chercher un rafraichissement dans sa cuisine quand quelqu'un toqua à la porte. Il demeurait immobile, attendant que la personne parte. Il n'avait vraiment pas le courage d'affronter quelqu'un si tard. Avait-il fait autant de bruit que ça ? Au point d'attirer un voisin mécontent ? 

De nouveau, ça toqua. 

"Je sais que t'es là, Peter." déclara une voix féminine clairement peinée. 

Il sentit un frisson le parcourir. Cette voix... C'était.. ? Elle était en vie ?!

Il trotta vers la porte, la déverrouilla et l'ouvrit. Il se figea devant une Janis Price avec le visage rouge, mouillé de larmes, les yeux fatigués et alourdis par la tristesse. Il était fou de joie qu'elle aille bien au point de se pointer chez lui mais son état lui inspirait tout le contraire. Son dos courbé lui donnait un air de petit chiot frappé dans ses vêtements amples qui la rendaient d'autant plus fantomatique. Telle une âme errante. Elle reniflait pas mal mais les larmes ne cessaient de couler.

"Salut..." il réussit enfin à articuler. "Désolé de pas avoir ouvert tout de suite mais j'ai un peu cru qu'un serial killer m'attendait derrière." il eut un rictus à sa blague mais le fit disparaître immédiatement. 

"T'inquiète." soupira Janis en reniflant. "J'ai juste...je sais pas où aller ou vers qui. J'ai perdu...la seule famille qui me restait. Ceux qui veulent me voir ne peuvent pas, pour je ne sais combien de temps, et ceux qui peuvent me détestent. J'ai fait des choses impardonnables qui me hantent encore dans mes pires cauchemars, je me bourre de médocs parce que j'ai mal et donc j'alterne entre des insomnies et des nuits de quatorze heures ! Et la seule personne qui a toujours été là pour moi ne peut même plus me regarder en face ! Même moi je peux plus..."

Sentant son ton s'envoler, elle cela sa bouche en se mordant les lèvres et cacha ses yeux avec sa main libre. 

"Oh..." murmura Peter, toujours immobile mais terriblement inquiet à l'intérieur. 

"Oh ?" ?! C'est tout ce que j'ai trouvé à dire ?! Peter avait envie de se frapper lui-même. 

"Ouais..." Janis ricana sans vraiment d'enthousiasme puis découvrit ses yeux. Elle souleva un sac de son autre main. "J'ai amené des cheeseburgers en compensation de m'entendre me plaindre. Et des nuggets aussi parce que Last adore ça."

"Last ?" Peter souleva un sourcil.

"Je t'expliquerais." elle soupira. 

Peter tenta un sourire rassurant puis se décala sur le côté, l'invitant à entrer. 

"Je t'en prie."

Janis eut un véritable sourire cette fois-ci. "Merci."

NDA: Fin !!! Rendez-vous pour Spiderman: Homecoming ! J'espère que ce tome vous aura plus, merci pour les commentaires votes, et votre fidélité, ça m'encourage toujours à persister dans cette série ! Encore merci et à la prochaine fois !

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