Elle s'appelle Bafitte, signifiant moustache en français, faisant référence à ces moustaches sur ces babines noires. C'est une p'tite chienne noire et marron, aux oreilles tombantes et aux yeux reflétant une douceur et une joie sans fin. Elle habite avec notre tante qui s'occupe de chiens errants. Pourquoi vous parlez d'elle ? Laisser moi vous expliquez ...

Hier soir, je me baladais dans les montagnes dans le noir et dans des hautes herbes elle était là. Elle est aussitôt venue vers moi pour réclamer caresses et tendresses. Et tandis que je la caressais elle fut soudain prise de comme je la nomme "sa crise de folie". Vous savez cette crise qui fait rendre complètement fou n'importe quel animal ? Oui celle où votre compagnon à poils, à plumes, ou même à écaille court partout, communique, semble heureux et veut jouer avec vous. Et bah Bafitte était complètement dedans cette soirée là. Elle courait autour de moi, me sautait dessus, jappait, mordillant doucement mes doigts ou mes vêtements, parfois lécher les mollets ou mon ventre, faisait des bonds pour essayer de choper mon nez ou embrasser mes joues, elle m'encerclait, se roulait au sol, disparaissait dans les buissons pour revenir encore plus folle, elle s'élançait au dessus d'un tronc abattu. Elle faisait la fête et à cette instant elle avait décidé que je serai sa compagne de jeu et elle refusait que je m'en aille. Et moi non plus je ne souhaitais que rester avec elle.

"Sa crise de folie" m'avait à mon tour touchait au plus profond de moi. J'éclatais de rire en voyant ses galipettes, je souriais à ses bisous, je lui parlais en demandant ce qu'elle faisait, lui courait après, attrapait sa queue. Nous étions dans un jeu, un simple jeu mais si ressourçant. Je me sentais bien, heureuse. Puis ma mère m'a rappelé et cette magie de désintégra. Elle retourna dans sa niche et moi dans ma chambre. Et pourtant ce moment reste gravé dans ma tête. Tout à l'heure, juste avant d'écrire ce chapitre, je suis allée saluer Bafitte. Aussitôt elle a bougé la queue, l'air joyeuse. Je me suis assise à ses côtés et elle est venue se lover entre mes cuisses, je l'a caressais tandis qu'elle me regardait avec affection avant de s'endormir. Et soudain mon esprit est tombée sur une évidence.

Je l'envie. J'envie cette minuscule boule de poils qui arrive à être joyeuse quand elle veut, ce p'tit chiot abandonnée par ses maîtres et pourtant qui profite encore de la vie, comme si elle avait oublié ses jours de misère avant de connaître ma tante. Elle profite de l'instant présent, de l'amour qu'on lui donne à l'instant où on lui en offre, même courir derrière un lapin semble égayer sa journée entière. Elle garde un regard tendre envers nous les Hommes malgré les souffrances que certains lui ont fait subir, si elle veut quelque chose elle le fait : si elle veut un câlin elle grimpe nos escaliers et viens les demander à nos pieds, si elle veut partir dans la montagne pendant des jours elle y va, si elle veut jouer elle nous rapporte un bâton, si elle veut courir elle sprinte. Elle est heureuse ainsi.

Et j'ai soudain pris conscience que nous, nous ne pensions souvent que aux douleurs, aux passés, aux souffrances, aux coeurs brisés. Et toutes ces pensées nous emprisonnent, nous empoissonnent rendant nos vies parfois invivables. Jamais nous sommes comme Bafitte : qui continue sa vie, aimant ses journées à sa juste valeur, profitant de même des choses qui semble futiles. Non, nous souvent on déprime, on se plaint, on pleure pendant des années sans jamais penser aux bons moments, ou justement en regrettant nos anciens souvenirs sans voir les nouveaux. Et je veux ressembler à Bafitte ! Elle, qui a la joie d'aimer, la joie d'être libre, la joie de se sentir bien, la joie de se nourrir, la joie de respirer, la joie de s'amuser, la joie de découvrir le monde, la joie de vivre tout simplement. Je veux pouvoir être comme elle.

Pouvoir danser dans le supermarché si je le souhaite, pouvoir hurler << JE T'AIME !!! >> quand j'en reçois le besoin, pouvoir chanter dans la rue si je le veux, pouvoir avoir des délires chelous, pouvoir être qui je suis sans avoir peur du regard des autres, pouvoir faire ce que je veux en oubliant les insultes, pouvoir courir si je veux courir, pouvoir rire aux éclats même si mon rire est étrange, pouvoir pleurer même si certains pensent que c'est pas triste, pouvoir dire ce que je pense sans me demander si mon entourage voulait pas entendre autre chose, pouvoir avoir mes passions en m'en foutant qu'on pense qu'elles sont ridicules, pouvoir aimer qui je veux sans qu'on me juge, pouvoir avoir des amis sans qu'on ricane qu'il ou elle ne soit pas populaire. Pouvoir juste vivre comme moi je le rêve, pouvoir être la jeune fille que je décide et non la jeune fille que s'imagine les autres. Je veux pouvoir relever le regard devant les jugements, pouvoir faire ce qui m'amuse sans être apeurée des rumeurs, pouvoir croire en moi, pouvoir respirir, pouvoir monter dans les arbres, pouvoir m'habiller comme je le souhaite, pouvoir manger ce que je veux sans qu'on fasse de réflexions sur mon poids trop petit ou trop élevé. Je veux vivre putain !

J'ai déjà commencé avant de connaître cette petite chienne mais pourtant maintenant je suis sûre de vouloir me battre pour faire tout ce que je souhaite, je veux être joyeuse. J'en est marre d'avoir sans cesse peur de tout, de ressasser sans cesse mes erreurs, pleurer mes conneries, cauchemarder sur mes démons du passé. Je ne veux pas devenir ceux de ce monde qui oublie qu'on les aiment, qu'il y a de belles choses sur cette Terre, qui ne veulent plus créer de souvenirs, plus rencontrer de gens pour ne plus souffrir. Je veux tenter, parfois tomber au sol, avoir mal mais remonter la pente. Je veux être joyeuse et rendre les personnes autour de moi, eux aussi, heureux ! Je veux pouvoir m'éclater et avoir cette euphorie qui parcours mes veines, cette joie immense qui fait battre mon cœur et me fait sourire bêtement. Je veux avoir "mes crises de folies" pouvoir m'amuser et me sentir aussi légère que hier avec Bafitte.

Je veux avoir cette joie illimitée de voir, de découvrir, de sentir, de  rencontrer, d'observer, de manger, de rire, de marcher, de courir, de dessiner, de danser, de chanter, de lire, d'écrire, de connaître de nouvelles choses, de sourire, d'enseigner, de profiter, de créer, d'aimer, de respirer, de vivre. Vivre encore et encore, n'avoir aucuns regrets, vivre toujours et pendant longtemps. Et vous savez quoi ? Soyez comme moi et Bafitte soyez heureux, profitez de chacuns instant, riez jusqu'à en avoir mal au bide, pleurez jusqu'à ne plus ressentir de tristesse, danser dans la rue si ça vous plait, habiller de toutes les couleurs si c'est votre style, aimer celui que votre cœur a choisi sans honte, osez pas vous montrez votre vraie caractère sans peur des regards car y aura toujours des gens qui vous aimeront pour ce que vous êtes, et bon dieu ! Je vous en supplie : Ayez cette joie de vivre pour le restant de vos jours ! On a qu'une vie après tout !