Le pardon de la déraison
Un bip régulier me tira de ma léthargie. J'ouvrai doucement les yeux, clignant des paupières plusieurs fois, et finis par distinguer les formes et les couleurs autour de moi, ainsi que la sombre clarté de la pièce. Les volets étaient fermés à demi, laissant de petits points lumineux sur les mur... et sur le dos de la personne à ma droite. Elle avait la tête posée sur le bras, son corps se levant et s'abaissant au rythme de sa respiration. JunMyeon dormait bien, je n'allais pas le réveiller.
-Ah, tu es enfin réveillée ! Comment te sens-tu ?
Je levai les yeux et rencontrai LuHan du regard. Il semblait perplexe, penché au-dessus du lit où je me trouvais. Je venais alors de me rendre compte que j'étais dans une chambre d'hôpital. Je fronçai les sourcils et essayai de chuchoter le plus possible pour ne pas réveiller JunMyeon.
-Dois-je préciser que c'est de ta faute que je suis ici ?
Il ôta ses mains de la barre de sécurité et baissa la tête. J'eus alors un petit pincement au cœur en le voyant dans cet état mais me ressaisis très vite. C'était de sa faute si j'avais atterri ici.
-Un ami souhaite le bonheur de son ami. Et le meilleur ami lui souhaite tout le bonheur du monde. Ne t'approche plus de JunMyeon, où tu pourras dire au revoir à notre amitié.
-Mais, Claire... tu ne le connais même pas !
-Que ce soit lui ou quelqu'un d'autre, je m'en fiche, ne blesse pas les personnes sous prétexte qu'elles sont physiques et pas toi.
J'avais été dur, mais il faut parfois l'être pour faire rendre compte à l'autre ses erreurs. Si on est trop gentil, la personne fautive n'apprendra rien, et se dira même que ce n'est pas si grave.
-Tu ne veux pas me faire de mal, pas vrai ?
-Claire ! Je t'-
-Alors ne t'avises plus de recommencer parce que je m'interposerai à chaque fois que tu tenteras quelque chose. Ai-je été claire ?
Il soupira puis s'assit en tailleur dans les airs. Pendant un moment, il y eut un silence, puis j'entendis un sanglot. Je voulus le prendre dans mes bras, mais je ne pouvais pas bouger. Non seulement parce que j'étais faible mais parce que j'étais éveillée. Je m'endormie alors et pus le rejoindre pour le serrer dans mes bras. Je caressai sa nuque puis passai une main dans ses cheveux, alors que ses larmes invisibles coulaient le long de ma chemise. Même si ce n'était qu'un songe, je pouvais sentir la froideur et l'humidité de cette émotion. Mes yeux divaguèrent jusqu'à arriver sur mon corps.
-Lu... LuHan.
-Hm ?
-Regarde... là, sur mon corps.
Il y avait la trace des larmes de LuHan, dans la réalité. On échangea un regard surpris, quand tout à coup JunMyeon se mit à bouger. Il se frotta les yeux puis tourna la tête vers moi.
-J'espère que tout va bien et que tu te réveilleras bientôt.
Il fit un petit sourire puis se leva, et tout en s'étirant les bras, il sortit de la chambre en laissant sa veste costar sur la chaise où il était assis il y a quelques secondes. Il comptait rester combien de temps avec moi ?
-Claire, j'ai été déraisonnable. Ca a l'air d'être un chic type.
-Pourquoi ce changement si soudain de ta part ?
-J'ai pleuré un bon coup, et tu m'as consolé. Je t'ai causé du mal, et tu l'as subi physiquement en plus... mais tu restes là pour moi, c'est... c'est gentil.
-Parce que tu es mon meilleur ami.
-... Ouais.
Il sourit tristement puis inspira un bon coup pour expirer avec la bouche.
-Je vais aller faire un tour. Tu viens ?
-Je viendrai cette nuit. Si je ne me réveilles pas, je prendrais plus de temps à guérir, il faut que je sois consciente de mon état pour y faire face.
-Ok. Donc à ce soir ?
-Oui, à ce soir, LuHan !
Je l'embrassai exagérément sur la joue puis regagnai mon corps. J'ouvris les yeux et aperçus la petite tête de LuHan dépassant de la fenêtre qui me tirait la langue. Je le fis également puis entendis un cliquetis. J'essayai alors de me redresser.
-Oh ! Vous êtes réveillée.
Il ne m'a pas tutoyé toute à l'heure, lui ? Si seulement il savait que je l'avais entendu, il serait tout gêné. Je lui souris puis hochai de la tête. Il posa son café sur la table de chevet, je respirai alors l'odeur de la boisson chaude avec envie.
-Est-ce que vous voulez que j'appelle un médecin ?
-Votre présence me suffit amplement.
-Comment ça ?
-Je-je veux dire que... ce n'est pas la peine.
-D'accord, je vois.
Il se mit à rire nerveusement en se grattant l'arrière de la tête puis la releva vers moi, portant son regard sur ma personne. Un merveilleux sourire aux lèvres.
-Je dois vous remercier, pour toute à l'heure.
-Oh, ce n'est rien.
-Je parle non seulement de votre acte héroïque mais aussi du déjeuner passé avec vous. J'ai passé un agréable moment en votre compagnie.
Je souris timidement et baissai la tête, rougissante. Jamais je n'avais eu de rendez-vous avec des hommes, si ce n'est à la belle étoile avec LuHan. Mon meilleur ami.
-La prochaine fois, ce sera moi qui vous invitera à déjeuner.
-Oh, Claire, je vous en p-
-JunMyeon.
Je posai ma main sur la sienne, et caressai sa peau du bout de mon pouce.
-J'insiste. Ca me ferait très plaisir.
A ce moment-là, LuHan passa dans la chambre habillé d'une toge avec une couronne de laurier et un violon dans les bras. Il était allongé et voyageait dans la pièce comme ceci. Je voulus rire mais JunMyeon pourrait croire que je plaisante. Mais c'était difficile, alors le rire finit quand même par retentir.
-Pourquoi vous riez ?
-C'est nerveux. Je n'ai pas souvent d'occasion à rencontrer des hommes, à vrai dire.
-Oh, je vois.
-Excusez-moi, c'es maladroit de ma part.
-Non ! A vrai dire, ça ne me dérange pas. Votre rire sonne aussi clair que votre prénom.
LuHan agrandit ses yeux en forme de boules de billard en joignant ses mains ensemble, exprimant la sentimentalité de ce moment. Il commençait à me péter les roubignoles, celui-là.
Je sortis de l'hôpital dans la soirée, après un vif check-up. Je demandais une faveur à JunMyeon qui m'amena à mon travail pour voir mes collègues et mon patron.
-Coucou la compagnie !
-Claire ! Qu'est-ce que j'ai eu peur. JunMyeon m'a tout raconté, tu vas bien ?
Les autres employés qui se trouvaient également dans le hall furent surpris de la proximité entre mon boss et moi. Enfin bon, c'est pas comme si on couchait ensemble, comme dans la plupart des comédies US. N'est-ce pas ?
-CLAIIIIRE !
Je réussis à intercepter sans trop avoir mal la petite pile électrique du nom de BaekHyun. ChanYeol m'ébouriffa les cheveux tandis que je tapai dans la main que KyungSoo me tendait. De bons potes, y'a que ça de vrai !
-C'est toujours ok pour le rendez-vous avec ton ami demain ?
KyungSoo effaça immédiatement son sourire et se tourna vers YiFan. Ce dernier leva les yeux en l'air et demanda à ZiTao de noter dans la catégorie "projets du mois" : ralentir les effluves professionnelles de Mlle Claire. Tout le monde éclata de rire. KyungSoo acquiesça discrètement puis nous nous séparâmes pour que je puisse rentrer chez moi.
-Vous avez l'air vraiment très proches, c'est génial.
-On forme une équipe de choc. Quand on s'entend à merveille, on ne peut faire que des merveilles.
JunMyeon se mit à rire et j'avoue que je ressentis une certaines fierté à avoir fait rire l'homme qui ne me laissait pas indifférente.
-Attendez une minute... vous n'allez quand même pas prendre la route pour rentrer chez vous ?
-Bah... si, pourquoi ?
-Mais... vous venez tout juste de sortir de l'hôpital !
-Et alors ? J'ai pas bu non plus.
Je récupérai mes affaires dans la voiture de JunMyeon puis me retournai. Il était à quelques centimètres de moi. Et ne souriait pas.
-Je préfère vous raccompagner, il serait plus prudent.
Je déglutis discrètement face à tant de détermination puis m'assis bien sagement sur le siège passager. JunMyeon reprit place côté conducteur puis me demanda mon adresse. Il démarra ensuite la voiture et me conduisit chez moi, en toute sécurité.
-De ce qu'il s'agit de votre voiture, je peux demander à mon assistant de vous la ramener si vous me donner votre clef.
Je ne voulais pas abuser de lui comme j'en avais abusé jusque là selon moi, mais ce n'était pas de refus. Je ne voulais pas qu'il vienne me chercher demain matin, il en serait encore capable.
-YiXing passera vous prendre demain à quelle heure ?
-Quoi ?! Mais je ne veux pas de chauffeur, moi ! Et c'est ma voiture !
-Il faut bien qu'il rentre avec moi. Demain je serais avec votre patron, il me rejoindra après vous avoir conduit à votre travail.
Je me calai brusquement dans le siège, définitivement sur le cul. Nous arrivâmes bientôt chez moi, je le remerciai puis sortis. Mais je fus retenue par sa main sur mon poignet.
-Excusez-moi si je me montre un peu trop brusque. C'est juste que... je m'inquiète pour vous, Claire.
Je clignai un instant des yeux puis me rassit dans la voiture. Je passai ma main sur sa joue puis avançai la tête. Je lui fis un baiser furtif sur la joue puis sortis de la voiture en lui lançant "à demain" de manière plutôt pressée.
Je fermai la porte de mon appartement, essoufflée. Je m'étais enfuie comme une voleuse, mais je ne voulais pas rester une seconde de plus avec JunMyeon qui commençait sérieusement à me faire douter de mes sentiments envers mon célibat. Ouais, ce genre de relation existe.
-Vous montez, peut-être ? Oh non, je n'oserai pas. Mais si, je vous invite ! C'est d'accord.
-LuHan, arrête.
-Ils montèrent alors tous les deux dans l'appartement de la jeune femme et arrivés en ce lieu, les vêtements tombèrent un à un alors que les baisers s'échangèrent avec ferveur.
-LuHan...
-Bientôt nous n'entendîmes plus que des gémissements obscènes de la part de ces deux protagonistes à l'amour enflammé : HAAAN OUI ! VAS-Y, OUI ! PLUS FORT !
-LUHAN ! FERME TA GUEULE, PUTAIN !
Il explosa de rire en tombant sur le parquet, pointant ma figure du doigt en criant que j'étais toute rouge. Je tournai la tête vers le miroir de l'entrée et me rendis compte que oui, je ressemblais non pas à une tomate, mais à un piment. Fais chier, bordel.
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