Chapitre 4
Mallo était en train de servir une table lorsqu'elle avait levé la tête. Et en voyant les yeux intéressés de l'ancien artilleur, toujours accoudé au balcon, elle lui rendit son regard, accompagné d'un sourire ; elle était même allée jusqu'à se mordre la lèvre inférieure, et finit par lui décocher un discret clin d'œil, signe ultime de son intérêt pour lui. Et à peine avait-elle eu le temps de détourner la tête, pour remplir les verres de ses clients, que le jeune homme avait disparu de sa loge.
Octavio laissa ladite loge dans un piteux état, non pas par sa faute, mais par celui de son ancien camarade qui, ayant mangé et bu comme un goret, avait salit de gras et d'alcool les sièges capitonnés de cette alcôve luxueuse. Il était resté, quelques minutes tout au plus, seul dans la cabine, à peser le pour et le contre ; mais les appels de la jeune serveuse étaient des arguments de taille. Et le choix semblait être fait lorsqu'il descendit les marches d'un pas pressé et quelque peu désaccordé.
Très vite, il se retrouva dans la fosse, face à la scène toute resplendissante de lumière, où jonglait cette fois-ci, un satyre grimé en clown, sous les encouragements des sons de flûte de pan et autres instruments exotiques.
Octavio balaya la pénombre de son regard perçant. Il cherchait, parmi toutes les paires d'ailes qu'il trouvait, celle de Mallo. Elle n'a pas dû aller bien loin, se disait-il en massant le pommeau de sa canne, le menton quelque peu relevé. Et il avança, tâtonnant, à petit pas, entre les tables, et les clients, s'excusant par moments, sans grande réussite. Il revint alors bredouille aux pieds des marches, à la case départ, triste de ne pas avoir retrouvé la serveuse.
Et en jetant un dernier coup d'œil à la salle, résolu d'abandonner ses recherches, il remit de l'ordre à sa tenue ; il passait méthodiquement sa main sur tous les plis, époussetant les cendres des cigares qu'il avait recolté et les reste de quelques miettes de nourritures, se recoiffa dans le sens de sa mèche de jais, et tourna le dos à la scène.
Octavio, pris d'une vive surprise, se retrouva nez à nez avec Mallo ; Mallo qui le regardait de ses prunelles malicieuses, drôlement mauve et assurément mystique. Elle posa sa main sur son épaule, se rapprocha de sa joue, et lui glissa à l'oreille, d'une voix suave et languissante :
- Vous partez déjà ? C'est fort dommage.
Octavio n'avait pas osé reculer et huma à pleines narines le musc du parfum vanillé de la jeune serveuse. Il voyait aussi ses ailes frémir, par petit à-coup, et trembloter à la base, pareilles à la queue d'un heureux félin. Alors, il lui dit, sur le même ton, sur le même jeu :
- Je vous cherchais justement, je voulais vous emmener avec moi.
Elle se recula doucement et posa son autre main à l'opposé de la première ; et en regardant l'accoutrement d'une facture médiocre du jeune homme, elle lui dit :
- Et vous voulez m'emmener où ? Dans cette tenue, vous ne pouvez pas aller bien loin. Croyez-moi. Je dirais plutôt que c'est vous, qui alliez me suivre, n'est-ce pas ?
Elle avait fini sa phrase en tapant doucement le torse d'Octavio, et lui souriait de ce sourire qu'ont les femmes conscientes de leur charme, de leur pouvoir sur les hommes. Et ce dernier, ne lâchant pas prise, vivement amusé par ce petit jeu, s'était rapproché de son visage, et lui dit, dans un murmure doucement rauque :
- Je pourrais vous surprendre, vous savez.
Mallo plissa ses paupières à moitié et se mordit de nouveau la lèvre inférieure. Ce jeune homme, par une sorcellerie qui lui était inconnue, avait éveillé sa curiosité. Elle s'en alla alors à reculons, lui fit un signe de tête pour qu'il la suive, se tourna et se dirigea vers une partie plus obscure du cabaret.
C'était un long couloir, caché derrière un lourd rideau, où le sol et les murs, ainsi que le plafond, était tapissé d'un velours rouge. Quelques lumières seulement - qui vacillaient faiblement - et des portes en bois sombre jalonnaient cet interminable corridor.
Mallo s'arrêta à l'une des portes, l'ouvrit avec la plus grande des délicatesses avant de s'engouffrer dans l'embrasure ; Octavio l'avait rejoint assez vite et tira la porte à l'aide de sa canne.
- Et maintenant ? demanda le jeune homme.
Mallo ne répondit pas tout de suite, et s'assit sur le lit qui était derrière son dos. Un lit rond, plutôt spacieux, qui laissait libre cours à l'imagination et à l'excitation. La pièce n'était pas si grande que ça. Il y avait une coiffeuse, un fauteuil, et un petit guéridon où était posée une boîte à bijoux. Il n'y avait pas de fenêtre, ni d'horloge et l'on entendait plus rien à l'extérieur ; c'était en somme, un petit monde à part, qui n'appartenait qu'à eux deux seulement.
- Et maintenant, répéta-t-elle dans un tiède murmure, venez me déshabiller. Nous savons tous les deux très bien ce qu'il va se passer ensuite...
Octavio s'avança le sourire aux lèvres avec une vive chaleur qui descendit son corps. Il tenait sa canne d'une main, et déboutonnait son haut de l'autre. Mallo, toujours assise sur le lit, croisa ses jambes et posa ses mains sur ses genoux. Elle dévorait le jeune homme de ses yeux, parcourant son amant d'un soir de la tête aux pieds et supposant de son regard curieux et amusé sa musculature svelte ; il lui tardait de le voir sans ce terrible veston et ce pantalon médiocre.
Elle lui présenta ensuite son dos en pivotant quelque peu, et ses ailes - qui battaient doucement dans une sorte de bruissement sourd. Il semblait qu'elle fût à deux doigts de tomber du lit, tant son séant ne tenait plus que sur un petit lopin d'étoffe, plissant toute cette soie sous ses courbes qui brûlaient l'envie du jeune homme. Et l'ancien artilleur, posant sa canne à côté du guéridon s'assit derrière elle, très-doucement, d'une délicatesse d'enfant timide et impressionné par l'exotisme ; cela amusait beaucoup Mallo.
Il commença par défaire les nœuds qui, zigzagant le long de l'échine de la serveuse, tenaient fermement cette sorte de chemisier noir, très-fin, très-serré ; et Octavio s'étonna de ne voir qu'il n'y avait que ce tissu qui la séparait de la nudité. Il tacha ensuite, avec une précaution absolue, de ne pas toucher les ailes de la serveuse, par peur de les abîmer, ignorant encore la robustesse de cette membrane translucide et colorée.
Et une fois la chose faite, une fois ce haut en bas, tombé de ses épaules, il ne put s'empêcher de goûter la douceur de cette peau avec ses mains.
Mallo frissonnait sous les caresses languissantes du jeune homme, et quand ce dernier, dans un baiser humide, embrassa la base de son cou, par trois fois, elle cambra quelque peu son dos et tut un petit gémissement au fond de sa gorge.
Octavio, davantage entreprenant sous les encouragements des longs souffles chauds de Mallo, osa saisir sa poitrine voluptueuse ; et de ses deux mains, sans gêne aucune, il partait de leur base pour remonter tout en haut ; il les soupesait, massait, pressait, quand il ne pinçait pas ses tétons, très-durs déjà. Elle s'abandonnait à lui, posant sa tête en arrière, sur l'épaule d'Octavio.
Cet échauffement des sens dura quelques minutes, et Mallo, ne tenant plus, s'était redressée, dans un mouvement souple de félin, roulant savamment des hanches. Elle se tint devant le jeune homme qui avait dans ses yeux, cette soif, cette flamme, et dans son pantalon, cette bosse, cette chair tendue.
Elle le poussa de telle sorte qu'il s'allongea sur le lit ; puis, dénouant la ceinture de son pantalon, elle le laissa glisser le long de ses hanches quelque peu charnues, et lui offrit la vue de sa lingerie, un petit tissu triangulaire, tout en dentelle où l'on pouvait aisément imaginer ce qu'elle ne cachait que très peu.
Elle se pencha ensuite sur lui, glissant près de son corps, et ses rondeurs, et ses seins, toute sa chair emplie de luxure, s'animait à chacun de ses mouvements ; elle laissa un instant sa poitrine reposer sur son entrejambe, sur sa verge qui plissait fort la toile de son vêtement ; et cette vigoureuse masculinité, impatiente et tendue, qui, pulsant à chacun de ses sauts de cœur, se logea doucement dans l'accueillante fente de son buste rebondie.
- Je vois que vous êtes impatient, souffla-t-elle dans un murmure à embraser le plus frileux des dévots.
Octavio acquiesça de la tête, se releva quelque peu, et finit par se dévêtir de son veston, révélant une chemise mal lavée, mal repassée, mais qui épousait à merveille son corps d'ancien soldat. Et Mallo, dont les vannes de son intimité étaient déjà grandes ouvertes, s'extasia face à ce jeune homme, qui était l'antipode des vieux monsieur qui lui servaient de client habituel ; ses mains, presque tremblotantes, se précipitèrent alors sur la boucle de la ceinture du jeune homme.
Et, tirant sur son pantalon, d'une langueur de grande perverse, la bouche à moitié close, elle révéla enfin l'objet de sa convoitise, à quelques centimètres de son visage ; et contempla l'envergure impressionnante de la chose. Elle se dressait, droite, fière, et un peu courbée, pleine de vigueur et de vie, elle battait doucement, vacillait de même, et ne demandait qu'à être choyée.
Mallo s'humecta les lèvres, avec un grand ravissement. Amusée par le regard suppliant d'Octavio et excitée par la chair ardente de ce dernier, elle laissa ce moment de flottement, de silence fiévreux, s'étirer, s'allonger ; pour enfin, et seulement au sommet de l'attente, lui saisir la base de sa verge et commencer son doux labeur de grande dominatrice.
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