flash-back 1.2
iserlohn, 2009.
Tu te retournes un instant au milieu de ton match et tu croises son regard. Un regard marron brillant. Et il te plait. Immédiatement. Il a les traits légers, le sourire présent sur ses lèvres fines. Tu te perds quelques secondes dans ses prunelles avant que ta pote t'en sorte. Tu te reconcentres sur le match qui se déroule devant toi. Tu chantes, tu cries, tu encourages.
À vrai dire tu t'en moquais un peu de l'équipe. T'étais là pour lui. Lui qui était si important pour toi. Lui qui venait de marquer. Lui qui était si fort. Lui dans les bras de qui tu t'étais jeté à la fin du match. Et t'étais bien dans ses bras. Parce qu'il te manquait. Trop. Tout le temps.
Ton héros.
Ton modèle.
Ton grand-frère.
Il vivait de son sport, de sa passion. Et un jour tu voulais être comme lui. Et tu le serais.
Tu l'as perdu dans la foule. Pourtant, tu veux le retrouver. Parce qu'il t'avait un peu trop plu. Et t'étais comme ça. T'étais du genre à forcer le destin. Attendre que le gars fasse le premier pas, très peu pour toi. Il te plaisait et t'allais te débrouiller pour qu'il t'invite quelque part, n'importe où. Main que tu déposes sur son épaule pour qu'il se retourne. Tu lui souris.
─ Hey. Tiens.
Papier que tu lui glisses dans la main. Et puis tu rejoins ton amie. Tu te retournes une dernière fois pour l'observer alors qu'il reste immobile, comme surpris.
─ T'es incroyable.
Tu t'intéresses à ta meilleure pote qui vient de prendre la parole et que t'avais réussi à traîner avec toi. Ça n'avait pas été bien difficile. Elle adorait le hockey, certainement encore plus que toi. Et surtout c'était une vraie supportrice des Eisbären Berlin.
─ Il me rappellera.
Elle éclate de rire à ta réponse. Pourtant, t'en es certaine. Tu l'intéressais autant que l'inverse pouvait être vrai. Tu l'avais lu dans son regard.
brunico, 2009.
T'as pas besoin d'attendre longtemps pour recevoir un sms de sa part. Il te demande si t'es bien rentrée. T'engages la conversation. Des jours entiers à parler alors que t'es de retour chez toi, dans tes montagnes, en Italie. De vos passions. De vos vies. De vos rêves de gloire dans le sport. À se donner quelques éléments mais jamais trop.
Il te plait encore plus que lorsque tu l'avais croisé. Parce que t'as l'impression qu'il te comprend. Il fait peut-être du foot et t'aimes pas ce sport-là, mais il vivait la même chose que toi. Il avait les mêmes rêves. Il avait les mêmes doutes. Il rencontrait des difficultés similaires. Tu lui aurais bien proposé de le revoir. Mais t'étais de retour en Italie. Les championnats arrivaient bientôt et tu pouvais pas te permettre de ne pas bien les préparer. Plus tard, t'y arriverais.
Je vais voir un match de hockey à Berlin dans deux semaines. Je peux t'avoir des places si tu veux.
Simple, efficace. Tu le reverrais. Tu l'espérais. T'en étais certaine.
berlin, 2009.
T'as l'écharpe, le maillot, tout l'attirail de la parfaite supportrice quand il te rejoint devant la patinoire pour le match qui démarre quelques dizaines de minutes plus tard. Il a les lèvres qui se posent sur tes joues dans une salutation polie. Vous restez quelques secondes silencieux, aucun de vous ne sachant réellement quoi dire. C'était étrange de le voir en vrai, de lui parler en vrai. Et pendant quelques secondes malgré la joie, t'en avais perdu ta langue.
─ Bon, on y va ? On va finir par rater le spectacle.
Tu l'entraînes derrière toi sans lui laisser vraiment le choix. Tu te glisses au milieu de la foule, lui à tes basques. Tu finis par lui donner ton écharpe. Parce qu'après tout, il avait rien quand t'avais aussi un maillot floqué à son nom, à ton nom.
─ Tiens, mets-là !
Tu lui passes autour du cou. Il n'allait quand même pas rester comme ça alors que vous étiez en virage. Toujours en virage. Parce que c'était d'ici que l'ambiance était la plus belle. Tu chantes avec tous les autres alors que le show d'avant match commence. Ce que t'aimais cette ambiance, cette patinoire. C'était certainement celle que tu préférais, celle de la capitale allemande. T'en avais fait un paquet de patinoires pourtant, à suivre ton frère en déplacement dès que tu le pouvais. C'était pas hyper régulier, mais t'y arrivais. Parce que c'était un sport froid, comme tu les aimais.
Et il t'observe, toi comme tous ceux qui vous entourent. Il finit par s'y mettre aussi une fois le match lancé. Peut-être parce que cette fois-ci les paroles étaient plus répétées et qu'il arrivait à s'en souvenir. Quand ton frère marque, tu te jettes dans ses bras en hurlant comme tous les autres le font avec leurs proches. Une gerbe de bière t'arrives sur le crane mais tu ne la sens même pas. Parce que t'es ailleurs. Parce que t'es habituée depuis le temps. Parce que t'es surexcitée à l'idée qu'il ait marqué.
─ Ça t'a plu ?
Il hoche lentement la tête. Le match venait de se terminer. Vous aviez chanté pour l'équipe et elle commençait à disparaître dans les vestiaires petit à petit.
─ Tant mieux.
T'as le regard qui s'attarde sur le terrain.
─ Attends-moi ici.
Tu te diriges vers la bordure. Et bientôt tu te fais soulever pour te retrouver sur le terrain dans les bras d'un grand blond costaud que tu serres fort contre toi. T'as la carcasse à moitié écrasée contre ses protections mais tu t'en moques bien. Parce que ça faisait bien trop longtemps que tu l'avais pas vu. Et il te manquait un peu trop.
─ Félicitations.
Tu passes pas longtemps avec lui. Fallait qu'il retourne aux vestiaires. Tu le reverrais plus tard. C'était lui qui allait vous héberger et l'idée de passer quelques heures en sa compagnie te réjouissait fortement. Il te soulève pour te faire repasser de l'autre côté. Tu lui fais un léger signe de main.
─ À toute !
Et puis tu le rejoins. Et il semble faire un peu la tronche.
─ Ça va ?
Tu l'observes avec son air un peu embêté.
─ Ouais, ouais.
Tu t'en formalises pas trop. Après tout, tu l'avais laissé tomber un peu quand même. Mais c'était pas long que ça, non ? Enfin, t'étais plus très sûre. Parce que parfois t'oubliais un peu le temps quand ton frère était dans les parages.
─ On va en ville ?
Et il te suit. L'air frais fouette vos visages. Tu sens le vent qui vient chatouiller ton cou et faire voleter quelques mèches de tes cheveux pourtant attachés dans une légère queue de cheval.
─ J'te laisse me faire visiter, je connais pas trop Berlin.
Sourire malicieux qui prend place sur ton visage. Comment pouvait-on être allemand et ne jamais avoir été à Berlin ? Comment pouvait-on être un joueur de foot à son niveau et ne jamais avoir joué à Berlin ?
─ T'as jamais joué ici avec ton club ?
Curiosité. T'avais été dans tellement d'endroits grâce au biathlon malgré ton jeune âge.
─ Non. On a un championnat régional.
─ Ah d'accord.
Une currywurst posée sur vos genoux, vous observez le parc qui se tient devant le banc où vous vous êtes posés.
─ J'en mangerai bien tous les jours si j'pouvais.
Les currywursts, ta grande passion, plus qu'un pêché mignon. Si t'avais habité Berlin, t'en aurais bien mangés tous les jours. Ou peut-être que tu t'en serais lassée. Ou peut-être que ton entraineur aurait fini par t'en priver.
─ C'était qui le gars à la fin du match ?
Tes prunelles tombent dans celles sombres et légèrement énervées de l'autre. Jalousie ? Peut-être que tu l'espérais.
─ Pourquoi ? Ça t'intéresse ?
T'as un léger rire et son regard s'assombrit encore un peu plus. Jalousie.
─ Non, non, pour rien.
T'as les yeux qui fixent le petit étang devant vous quelques secondes.
─ C'est mon frère aîné.
Tu marques un léger silence.
─ Il va nous héberger ce soir.
Et quand tu te reconcentres sur lui, tu ne peux pas passer à côté du sourire lumineux éclairant son visage. Et le tien s'installe sur tes lèvres. Parce qu'il était là et qu'il avait l'air de t'apprécier autant que tu pouvais apprécier sa compagnie.
─ Ça t'dit on rentre et ensuite on va courir ?
Deux minutes plus tard, vous vous êtes engouffrés dans le métro en direction du grand appartement de ton frère.
mes persos féminins savent toujours ce qu'ils veulent, mais dorothea jeune c'est encore à un autre niveau ahah !
prochain chapitre, dernier flash-back de leur rencontre & début d'histoire !
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