3.4

dormtund, 22 février 2020

T'allais appuyer sur la sonnette, mais la porte s'ouvre devant toi.

J'vous ai entendus arriver.

Le blond a les yeux brillants alors qu'il vous fait rentrer chez Mario. Tu reconnaissais pour être déjà venu de nombreuses fois.

P'tite bière ?

Et il disparaît, vous laissant avec le maître du lieu. Tu t'installes à côté de lui. Vous étiez pas les plus proches mais être parmi les plus jeunes pendant la coupe du monde 2014 vous avez bien rapprochés. Sur l'autre canapé, son compère discute avec le reste des troupes, amusant la galerie. Tu peux entendre le rire de Presnel régulièrement. Et tu te demandes comment ils communiquent, parce que Marco était loin d'être le plus doué de la troupe en anglais. Ou bien il cachait peut-être bien ses compétences.

Faut que j'te dise un truc.

Les prunelles chocolat t'observent, comme si elles avaient le pouvoir elles aussi de t'écouter.

J'suis plus avec Dora.

Tu lis le choc dans le regard. L'incompréhension.

Quoi ? Mais depuis quand ? Marco l'a eue cette semaine et il m'a rien dit... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Elle lui a peut-être pas dit.

Tu te retournes vers le blond qui continuait sa discussion sans se soucier de ce qui pouvait se passer à côté.

Elle était à Paris et bref, j'ai merdé en beauté encore une fois parce que je sais pas dire non à une soirée.

Les iris continuent d'être posées sur toi. Et t'aimais bien parler avec lui. Parce que dans les iris bruns, tu lisais que de l'intérêt, de l'écoute, et aucun jugement.

Et tu penses que c'est passager ?

J'espère. Tu ferais quoi toi si tu perdais Marco ?

J'ai pas envie d'y penser. C'était déjà suffisamment dur quand on s'était engueulé alors qu'on était même pas ensemble.

Et ben je suis dans cet état-là. Elle a même pas répondu à mon sms de félicitations sur ses courses individuelles... Ni à celui pour sa médaille en relais.

Et il te fait un petit sourire désolé.

Il s'est peut-être perdu au milieu d'plein d'autres. Elle a encore dû en recevoir plein hier.

Ouais... T'y croyais pas un seul instant.

Et sinon toi ? La réflexion avance ?

Par rapport à ?

A l'annoncer pour vous deux.

Tu le vois qui se gratte la tête. Pourtant leur relation devenait un secret de polichinelle au fil du temps et des personnes entrant dans la confidence. Ils s'aimaient trop pour réussir à se tenir à distance quand ils étaient heureux, ou quand ils étaient tristes, ou quand ils étaient saouls, et les gens finissaient par comprendre.

Je sais que Marco voudrait, mais j'me sens pas prêt.

Ton regard dévie sur l'autre et tu le surprends en train d'admirer le brun, un regard et un sourire amoureux plaqués sur le visage.

Regarde-le !

Et vous vous mettez à rire quand le blond se fait prendre sur le fait et tente de détourner la tête mais bien trop lentement. Tu te reconcentres sur ta conversation. Tu t'étais toujours demandé comment ça s'était fait.

C'est p't-être indiscret, mais Marco, c'était le premier ou... ?

Il se contente d'hocher la tête en réponse, l'air manquant un peu d'assurance et les joues rosées. Tu lui dis pas que toi aussi Dora c'était la première. Peut-être qu'il le sait, mais t'es pas certain, y avait pas grand monde qui savait que vous vous étiez rencontrés quand vous étiez même pas majeurs.

Et toi pour lui ?

Et il se met à rire. C'était tellement évident. C'était tellement Marco, ça, ne pas avoir peur.

C'est p't-être aussi pour ça que lui il se sent prêt et pas moi. Même si ça commence à faire un peu, ça reste récent pour moi, alors que lui...

Et tu le comprends. Tu commençais aussi à te faire à l'idée que ça faisait des années qu'ils étaient plus que les meilleurs-amis se présentant à la presse. Tu gardes pour toi une question sur la vie privée antérieure du blond. Pourtant la curiosité te brûle les lèvres.

Mais, je l'ai annoncé à ma famille.

Un sourire vient se peindre sur ton visage.

Bien. Et ils ont dit quoi ? Ça s'est bien passé ?

Ouais, j'flippais à mort mais ils l'ont hyper bien pris. Et puis vu qu'ils aimaient bien Marco...

Le beau-fils prodige ?

Ouais enfin, j'crois qu'ma mère aurait quand même aimé une présence féminine pour se sentir moins seule en repas de famille, elle désespère que Fab et Fel se casent je crois.

Tu ris de sa remarque. Vous finissez par réintégrer le groupe. Les discussions partent dans tous les sens.

Bon, on va rentrer.

Dormez ici, y a deux lits et un canap, vous serez bien.

Mais vous êtes sûrs ? Et puis on est quatre, qui partage ? J'ai pas envie de me battre pour la couette.

Ben non vous êtes trois.

Parce que tu rentres Marco ?

Et le blond éclate de rire devant la remarque de ton meilleur ami, ce qui entraine une réaction en chaine des autres. Tu vois rapidement qu'il est complètement perdu et dans l'incompréhension la plus totale de la situation.

Je dors avec Mario.

La remarque tombe comme une affirmation. Et elle ne laisse aucune place à la discussion.

Mais vous êtes sûrs ? C'est chez toi, on va pas te forcer à partager ton lit Mario... Ju, on peut se mettre ensemble non ? Comme ça, ils auront chacun leur chambre, c'est quand même lui qui invite.

Les regards sont amusés devant la situation.

T'inquiète pas Presnel, ça fait des années qu'on le fait, dites-lui les gars.

Et tu ne peux qu'acquiescer. Parce que ça avait toujours été comme ça. Il fallait avouer que c'était fort pratique. Et tu te demandes comment ils arrivent à tenir leur langue en cet instant, à faire passer ça pour une relation normale.

Ouais, ouais, c'est leurs petites habitudes ça.

T'arrives pas à savoir, si ça les dérangerait qu'il soit dans la confidence.

Mais vous êtes sérieux de profiter de la situation comme ça ? Tout ça parce que vous voulez pas partager votre lit...

Le blond a un léger rire en réponse, les yeux du brun pétillent d'amusement. Tu vois leurs regards qui se croisent un très court instant, l'échange d'informations qui semble s'y dérouler.

Allez-y battez-vous pour les lits pourris, je vais dormir avec l'homme de ma viiiie sur le meilleur matelas de la maison.

Et Presnel finit par obtempérer tandis que le blond a réussi à entrainer un rire de tout le monde. Tu les suis dans l'étage, récupérant la plus grande chambre d'amis.

Bon choix de chambre Ju. Ca se voit que tu étais déjà venu.

Faites pas de bruit, je suis à côté.

Très drôle ça, Ju.

Et le blond claque la porte derrière lui.

T'es le premier levé le lendemain matin.

Ah c'est toi, je me demandais qui c'était.

La bouille fatiguée de Marco apparaît dans le salon.

T'as bien dormi ?

Ouais, pas mal la chambre d'ami.

Il a un léger rire.

Je suis bien d'accord, j'lui ai dit qu'on devrait en prendre l'matelas mais il est pas d'accord.

Y a un léger silence qui s'installe.

Mario m'a dit. - Tu croises son regard. - Pour Dodo. J'espère qu'ça s'arrangera entre vous.

Elle t'en avait pas parlé ?

Non, après on a pas parlé d'ça. J'l'avais appelée pour la recette d'un plat italien qu'elle avait fait quand on avait été la voir.

T'arques un sourcil. C'était quoi encore que cette histoire ?

Aller la voir ?

Elle t'a pas dit ? On y a été quatre jours l'an dernier pendant la trêve estivale.

Y a d'autres trucs que je dois savoir ?

Que Mario est nul en ski-roues.

Tu lèves les yeux au ciel à cette remarque.

Je veux dire qu'elle me cachait sur vos petites rencontres.

Et il se met à rire.

Jaloux ! Nop, rien à dire. En plus je suis sûr qu'elle t'a dit qu'on s'était vus l'été dernier.

Et en y repensant ouais c'était le cas. Mais elle t'avait pas dit qu'ils étaient venus plusieurs jours, juste qu'elle les avait vus et qu'elle les avait faits tirer avec sa carabine.

Superbe coin d'ailleurs.

Salut Ju ! T'as bien dormi ?

Très bien.

Les autres dorment toujours ?

L'hôte s'avance dans la pièce et se laisse lourdement tomber sur son compagnon.

T'aurais pu me réveiller.

On a entrainement tard, je me suis dit que tu voudrais peut-être dormir.

Il a les yeux bouffis, le regard vide, les cheveux ébouriffés. Et tu te dis que ouais, il pouvait bien dormir encore un peu. Sa tête se cale immédiatement contre le torse de l'autre et il se loge dans ses bras.

Sale journée en perspective, la marmotte va s'être réveillée de mauvais poil.

Un léger rire s'élève.

Je suis là Marco, je t'entends.

Ouais ouais marmotte.

Le silence ne dure qu'un instant.

Si tu veux du café, il est prêt dans la cuisine.

Et tu comprends qu'il n'a clairement pas envie de se lever.

T'en prendras ?

Nop, et il en prendra plus tard je pense.

Le plus jeune est muché contre lui et semble prêt à se rendormir à n'importe quel instant.

Les autres sont levés ? Votre retour est à quelle heure ?

Je vais aller voir, va pas falloir qu'on tarde trop.

Tu te diriges en direction de la chambre qu'avaient empruntée Presnel et Thilo.

Pres ! Va falloir que tu t'lèves !

Il sursaute et ça te fait rire.

T'as l'air plus en forme qu'hier.

Et peut-être que c'était un peu le cas, parce que pendant un moment t'avais arrêté de te poser trop de questions. Mais t'étais pas sûr, parce que rien qu'avec sa remarque, y avait toute ta détresse qui était remontée, notamment l'image des lèvres Lukas posées sur son front dans l'aire d'arrivée que t'avais vue en rentrant de l'entrainement quand tu avais regardé le replay de la course qui s'était déroulée pendant que tu étais sur le rectangle vert. Tu redescends rapidement. Tu finis ton café alors que le milieu de terrain est endormi contre l'autre qui le serre dans ses bras pour l'empêcher de tomber.

Hey les gars !

La voix enjouée de Thilo retentit et le brun sursaute. D'un regard l'autre lui fait comprendre qu'il peut se rendormir.

Merci encore pour la soirée hier.

Y a café, thé ou jus. Je te laisse te servir.

Et puis le dernier joyeux luron entre en scène pour entendre la même remarque.

Servez-vous en croissants, Mario les a fait hier ils doivent encore être bons.

C'est dit naturellement.

Si vous voulez de la confiture, il doit nous rester fraises ou prunes.

Pas mal.

Ouais, il est doué. Il réfléchit à ouvrir une pâtisserie quand on aura pris notre retraite. Mais y a encore le temps !

Nous. On. Notre. Des tics de langage qu'il n'avait pas avant. Et à les observer eux qui avaient pourtant une relation secrète, tu comprends que t'étais jamais comme ça avec Dora. En soirée ou le lendemain, Leon ne regardait que Zoey à tel point que ça vous énervait, Mats s'intéressait à Cathy l'emmenant parfois danser et ils rentraient toujours à deux. Et eux étaient pareils malgré leur discrétion. Comment pouvaient-ils être plus proches alors qu'ils étaient censés être discrets ? Dora ne venait jamais, mais elle n'aimait pas paraître dépendante. Est-ce que t'aurais dû être plus proche d'elle dans les moments comme ça plutôt que de rester à distance ? Et qu'est-ce que vous aviez comme espoir pour votre fin de carrière ? Vous n'en aviez jamais parlé. Tu ne savais même pas si vous aviez une idée du lieu où vous installer.

Vous finissez par remonter vérifier que vous n'avez rien oublié et prendre une rapide douche. Tu trouves ton meilleur ami un peu figé devant la porte ouverte de la salle de bain de Mario.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Il sursaute et détourne le regard.

Rien rien...

Et tu ne rajoutes rien. S'il comprenait pas c'était tout aussi bien.

Enfin...

Quoi Babe ? Je vois bien qu'il y a quelque chose.

Tu peux sentir qu'il est gêné à son regard fuyant.

Est-ce qu'ils sont ensemble, genre en couple ?

Non, non, ils sont juste potes. Pourquoi ?

Ah... J'sais pas, j'avais l'impression que...

Ton regard s'échoue sur les brosses à dents, et les produits de toilettes. Toujours deux. Alors tu lui donnes une réponse un poil précipitée et tu rentres dans la chambre où t'avais dormi, remettant rapidement la couette sur le lit.

Ils sont tous les deux en couple.

Encore merci les gars, à bientôt !

Rentrez bien.

Tu laisses les autres sortir.

Tu peux lui dire, s'il pose des questions. Ca vaudra toujours mieux qu'si il se mettait à lancer des rumeurs ou qu'il questionnait un peu trop.

Tu te figes.

T'es sûr Mario ?

Il hoche lentement la tête.

Ok.

Et puis il te prend un instant dans ses bras.

A bientôt Ju !

Il s'éloigne et Marco vient te prendre un instant contre lui.

Réfléchis pas trop. - Tu le regardes sans comprendre. - Avec Dodo, ça apporte jamais rien d'bon. Tente tout pour la reconquérir si c'est ce que tu veux et tu verras bien. Rentre bien !

Tu quittes les lieux. Et tu te dis qu'il avait certainement raison. Parce que s'il avait trop réfléchi, il aurait jamais eu le courage de se mettre en couple avec Mario. Alors que c'était presque une évidence désormais. Mais il n'empêchait que tu savais pas trop ce que tu pouvais faire pour la récupérer... Mais aimer quelqu'un demandait du courage et il était peut-être temps que tu l'aies.

Qu'est-ce que tu fais ?

Tu lèves le regard vers ton meilleur ami qui regarde par-dessus ton épaule sur ton téléphone.

J'achète un billet pour Venise.

Mais on a entrainement Ju.

Je joue jamais, vous direz que j'suis malade.

Y a les médecins du club Julian...

Tant pis.

Tant pis pour les conséquences, tu voulais Dorothea et t'étais prêt à tout pour ça, même à une méga sanction par ton club s'il le fallait.

toute la partie en republication est postée, on part sur des nouveaux chapitres à partir du prochain ! Et on repart sur des flash-back avant d'entamer la prochaine partie en mode reconquête (ou pas) pour julian !

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