3.2

dortmund, 21 mars 2020.

T'allumes une nouvelle fois ton téléphone. Et rien. Pas de message. Pas de réponse. Que le silence. Tu l'envoies valser contre le mur.

Aïe ! Mais ça va pas la tête ?

Tu vois Presnel qui est dans l'embrasure de la porte. Il se tient la joue, là où ton portable l'a heurté de plein fouet alors que t'étais dessus sur ce quart d'heure de liberté avant de partir pour le dernier entrainement de veille de match.

Je peux savoir ce qu'il t'arrive ?

Tu peux noter facilement la colère dans sa voix, son énervement. Tu sais pas vraiment quoi lui dire. Parce que c'était toi qui t'étais foiré tout seul comme un grand. Toi qui avais pas été là pour elle quand elle le voulait. Et elle te le faisait payer. Naïvement t'avais cru que ton petit message de félicitations et le sms que tu lui avais envoyé par la suite en lui disant à quel point t'étais heureux pour elle arrangeraient les choses. 

Ça n'avait pas été le cas. Non. Elle n'avait rien répondu. T'avais juste reçu un sms moqueur d'un blond du bvb qui te traitait de canard. Fallait croire qu'il ignorait que vous n'étiez plus en couple. Ou qu'il s'en moquait. Le tact, c'était pas trop son style, c'était plus celui de Mario.

Mais t'allais pouvoir discuter avec lui. Peut-être qu'il avait eu des nouvelles entre temps. Après tout, c'était pas un secret qu'elle se confiait beaucoup à lui, un peu trop à ton goût d'ailleurs. T'avais compris depuis le temps qu'il serait jamais intéressé. Il avait juste eu à faire à ta fureur et n'avait rien dit pendant des mois parce qu'il protégeait quelqu'un d'autre. Pourtant, t'avais failli lui briser le nez avec vos conneries. Mais il t'en avait pas voulu. Peut-être parce qu'il était aussi comme ça, il pardonnait rapidement. Ou parce qu'il savait qu'il jouait clairement avec le feu à faire semblant de la draguer dès que l'occasion se présentait. Je détournais l'attention qu'il t'avait dit par la suite.

Et ouais, il l'avait fait. Parce que pendant qu'il te rendait jaloux à se rapprocher de ta Dodo comme il l'appelait, tu t'étais pas douté un seul instant qu'il passait toutes ses nuits en compagnie de celui défini comme son meilleur-ami. Des mois de stress à l'idée qu'il serait là en soirée et qu'il irait la faire danser, rire, qu'elle te quitterait pour lui de ton côté. Des mois à rentrer de soirées à quelques minutes d'intervalle de son petit-ami pour l'autre, histoire de le retrouver dans le secret de leur lit partagé. Même chez-toi bordel. Même chez-toi t'avais passé la soirée à flipper à chaque fois que le blond disparaissait alors que Mats avait fait des mois plus tard plein de sous-entendus sur une histoire de douche en milieu de soirée dans ta salle de bain.

Presnel t'observes avec le regard sombre. Il attendait ta réponse. Evidemment.

Elle répond pas à mes messages.

Et un léger rire lui échappe.

Parce que tu pensais que t'allais récupérer une fille comme ça avec un pauvre message.

Il rit un peu plus fort.

T'es vraiment naïf mon vieux. Ou alors au bout de dix ans tu la connais toujours pas.

Tu soupires. Bien sûr que tu savais que t'allais galérer. Mais tu pensais pas qu'elle allait te lâcher des vues sans même un petit mot. Parce que c'était pas son genre.

Je suis sûr que c'est son meilleur pote qui lui dit de pas m'répondre.

Ça devait être ce Lukas qui lui donnait des idées comme ça. Tu l'avais jamais senti. Elle en était trop proche quoi qu'elle puisse en dire. En plus, elle te parlait tout le temps de lui mais tu ne l'avais que trop peu vu pour quelqu'un aussi important pour elle. T'oublies juste que c'était parce que t'avais pas accepté les propositions qu'elle t'avait faites.

Comment t'es jaloux Babe. Un gros jaloux !

Et il éclate de rire.

Dix ans à te supporter, toi et tes conneries, et le type est toujours persuadé qu'elle va se barrer avec le premier venu.

Un léger silence s'installe.

Mais t'as raison, lui et Reus sont certainement bien plus réglo avec elle que toi. Et en plus Marco l'emmène danser et s'intéresse à elle en soirée, lui.

Un sourire narquois s'installe sur son visage. Et la phrase te brise le cœur. Parce que tu lui en avais voulu alors qu'il faisait souvent ce que tu ne prenais pas le temps de faire. En cet instant, ton meilleur ami remuait bien trop le couteau dans la plaie béante de ton cœur.

Marco sortira jamais avec.

Et je peux savoir à quel moment on est passé d'un poing dans la tronche à ça ?

Et tu te retrouves comme un imbécile. À ne pas savoir vraiment quoi dire. Parce que tu pouvais pas le mettre au courant.

On a discuté... Après l'histoire du coup d'poing.

C'était pas très vrai. Vous aviez rien fait du tout. Parce que tu lui en voulais bien trop pour ça. Tu lui avais pas parlé pendant des mois. Même pendant les matchs de l'équipe tu t'éloignais de lui. Lui qui semblait n'en avoir rien à faire et qui riait de la situation avec ses potes. Lui qui ne se gênait pas pour continuer d'être proche d'elle en soirée malgré les regards noirs que tu pouvais lui lancer. Et il continuait de t'énerver. Parce que pendant des années l'idée qu'elle parte avec lui te terrifiait. 

Ah bon. Tu m'avais pas dit.

T'as un léger rire.

J'te dis pas tout tu sais.

Eh bien j'en suis très déçu Juju !

Il se met à faire semblant de bouder et ça t'arrache un rire encore un peu plus gros.

Mais plus sérieusement, tu comptes faire quoi ?

Franchement ? J'en sais rien... J'attends la fin des championnats du monde et je vais aller la voir en Italie.

Il ne répond rien. Et tu te demandes si c'était pas une erreur.

T'aurais fait quoi toi ?

J'en sais rien, j'suis pas dans cette situation et je pense que je me serai pas retrouvé dedans.

Le silence est uniquement brisé par tes soupirs. La remarque te fait l'effet d'un coup de poing. Parce que c'est peut-être une réalité mais elle est très blessante. Et puis, rien ne prouve que dans ton contexte il n'aurait pas fait les mêmes choix de carrière et de vie que toi. C'est facile de juger quand on a sa petite-amie à proximité à longueur de l'année et que les lieux de vie ne sont pas définis par un rêve. 

Mais j'pense que tu fais le bon choix. Un trajet comme ça, même elle, elle pourra pas trouver ça anodin.

Et ça te rassure un peu, un tout petit peu. Mais t'aurais préféré qu'elle te réponde, même si c'était juste pour te mettre un petit merci.

Maintenant, t'attendais juste que le match arrive pour savoir si les deux amoureux du bvb avaient des informations. Mais t'y croyais pas vraiment. Et même si c'était le cas, t'étais même pas certain que les deux partageraient les infos. Parce que si elle leur avait dit de pas causer, ils respecteraient ses choix. Et ça, ça t'énervait.

Yo Ju.

Tu viens tout juste de sortir des vestiaires lorsque la voix t'interpelle. Tu la reconnais immédiatement. Le poing du blond entre en contact avec le tien avant qu'il ne t'attire un instant à lui. Pendant ce temps-là son petit ami tape la discut avec les autres allemands de l'équipe.

La course qu'elle nous a fait ta fiancée, beau taf ! On était à fond avec Mario.

Tu vois le brun qui se retourne à l'entente de son nom.

Quoi ?

La course de Dodo.

Ouais, ouf ouf ouf ! Elle devait être tellement contente de gagner chez elle. Grave deg de pas avoir pu prendre quelques jours pour aller voir ça.

Tes coéquipiers comme les leurs se croisent alors que vous vous entrainez sur leur site d'entrainement en cette veille de match. Tu vois les anciens coéquipiers, ceux qui jouent dans les mêmes équipes nationales, ceux qui se sont un jour croisé au détour de soirées et vacances qui discutent pendant quelques minutes alors que le matériel des uns est en train d'être rangé et ceux des autres sortis.

Surtout deg de pas avoir pu profiter de Marco seul à seul pendant quelques jours.

Tu joues des sourcils un instant et le rougissement de ses joues en retour te fait rire.

Ju ! Laisse mon amoureux à l'esprit chaste tranquille et mêle-toi d'tes fesses.

Le léger rire du blond éclate dans le couloir.

Chaste, chaste, c'est pas c'que j'entends...

Et le rire se fait un peu plus fort.

Il ne faut pas croire tout ce qu'on raconte Julian. 

Le brun lève les yeux au ciel à côté.

Dora vous a donné des nouvelles dernièrement ?

Et tu te demandes ce qu'ils vont penser de cette question-là. Parce qu'elle était forcément étrange non ? Encore plus à ce moment précis.

Ouais elle m'a appelé la semaine dernière, c'était quand déjà ?

Mardi, c'était pendant que je faisais les courses. Tu venais de raccrocher quand je suis rentré.

T'avais juste oublié qu'ils se posaient pas autant de questions que toi.

Bon faut qu'on y aille. Dis à Thilo qu'si il veut, il peut passer à la maison après le match demain. Enfin, sauf si vous rentrez dans la nuit ?

 Non non, vue l'heure en théorie on prend un avion le lendemain tôt. Presnel peut venir aussi ?

S'il sait t'nir sa langue ouais.

Tu comprends le sous-entendu dans sa voix.

J'fais passer le mot.

J't'envoie l'adresse par sms dans la journée, je sais pas encore chez qui on ira.

Et ils disparaissent du stade alors que tu restes avec tes coéquipiers dans le couloir avant de rejoindre les terrains impeccables du club de la Ruhr. T'essaies de penser à la suite, à ce match qui va venir le lendemain, un des plus importants. Il fallait que tu sois concentré même si t'étais pas sûr que t'allais jouer. .

bon je reposte enfin ici (ça fait des semaines que je prends pas le temps de le mettre en page...). grosse découpe de chap pour ceux qui avaient lu la version précédente. le prochain sera un original avant la poursuite de celui-ci qui initialement était d'un bloc. 

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