1.1

14 boulevard saint-michel, paris, automne 2019.

Tu te lèves quand t'entends la clé dans la porte. C'est des simples cliquetis mais tu sais ce qu'ils signifient. Derrière cette porte se tenait la femme de ta vie. Celle qui t'avait mis un message quand elle quittait l'Italie où elle était en train de s'entraîner et que t'attendais depuis trois bonnes heures désormais. Et t'avais hâte de la retrouver. T'es déjà derrière la porte quand elle l'ouvre. 

Tu la laisses pas rentrer, tu la laisses pas s'installer. Tu la serres contre toi, t'inspires son parfum qui t'avait tant manqué. Tu la sens qui se colle contre toi, qui glisse sa tête dans le creux de ton cou. Vous restez comme ça un moment avant qu'elle vienne doucement t'embrasser. Et tu profites. Parce que t'avais que vingt-quatre heures pour profiter d'elle. Et vingt-quatre heures, c'était toujours trop court. 

 Tu r'pars quand ?

─ D'main matin, mon avion est à sept heures.  

Et t'as le cœur qui se serre déjà. C'était pas assez long. 

Tu pouvais pas rester plus longtemps ? 

Tu vois pas la grimace qu'elle fait. Tu le sens pas qu'elle s'est tendue dans tes bras. 

 Tais-toi et profite de c'qu'on a Ju.

Tu les entends pas les reproches dans la voix. Parce que tu ne voulais pas les entendre. C'était pas assez long le temps qu'elle allait être là. Déjà quand elle venait deux jours ça te paraissait trop court, alors moins d'une journée, non c'était clairement pas assez long à ton goût. Mais tu te tais parce que c'est ce qu'elle te demande de faire. 

Tu m'as manqué. 

Elle se pend quelques secondes à ton cou alors qu'elle te répond pas avec des mots. 

Bientôt vous êtes dans le lit double que vous aviez acheté ensemble. C'était elle qui avait choisi le matelas. Parce qu'il fallait qu'il soit confortable elle avait dit à l'époque. Et c'est vrai qu'il l'était. Mais elle était pas suffisamment là pour en profiter. 

Tu la regardes à peine quand tu la déshabilles. Parce que tu la connaissais par cœur depuis dix ans que tu la connaissais. Elle et ses bras musclés. Elle et ses abdos bien dessinés. Elle et ses cuisses en béton armé. Et peut-être que tu prêtais pas assez attention à elle, à ce qu'elle était. Peut-être que c'était devenu un peu trop habituel tout ça. Parce que vous étiez des gamins quand vous vous étiez rencontrés et que vous étiez devenus des adultes sans vous en rendre compte. Et vous voyiez pas que ce qui était si simple avant était devenu compliqué.

 On sort ce soir ? 

Elle a le regard bleuté qui plonge dans le tien. 

J'sais pas trop... J'ai entrainement tôt d'main matin...

─ Et alors ? Mon avion est à sept heures aussi, on est pas obligé d'rentrer tard.  

Tu comprends pas que pour elle sortir c'est que tu l'emmènes dans un resto et que vous mangiez en tête à tête. Parce que pour toi, c'est aller te bourrer la gueule dans toutes les boites de Paname. 

Euh...

─ C'est bon j'ai compris. 

Y a la colère qui brille dans son regard et elle se lève. Tu la regardes alors qu'elle se rhabille. 

Dora...

─ Non mais t'as raison, une soirée ici ça s'ra très bien. 

Tu te lèves pour la rejoindre, tu l'entoures de tes bras, t'as les lèvres qui glissent dans son cou sans qu'elle s'arrête d'enfiler ses baskets. 

Tu fais quoi ?

─ J'vais courir.

─ Mais... 

Elle te sourit un peu. 

 J'serai pas longue, mais faut qu'j'm'entraîne.  

Et tu sais que c'est pas contre toi mais ça t'énerve. Parce que vous aviez pas longtemps et qu'elle allait disparaître trop longtemps à ton goût.

 T'es sûre ?

─ Oui Julian, j't'empêche pas d'aller à tes entraîn'ments, alors merci d'faire pareil pour moi. 

Tu la serres quelques secondes contre ton torse. 

 Ok. Bonne course. 

Et puis tu la regardes partir après avoir qu'elle ait activé sa montre gps.

Alors cette course ? 

Elle est trempée dans ton entrée d'appart. 

Horrible.

─ Trop mouillée ?

─ Non, trop d'monde. Rien n'vaut la montagne. 

Et elle vire ses pompes qu'elle lance un peu plus loin. Elle disparaît en direction d'la salle de bain. 

J'nous ai fait couler un bain.

─ Vraiment ?  

Elle parait bien étonnée et tu peux voir ses pupilles qui s'allument. 

 Comment tu savais qu'j'allais rentrer maint'nant ? 

Tu l'attrapes par les hanches. 

Tu prends toujours à peu près une heure quand tu vas courir ici. 

Elle courait jamais longtemps à Paris. Alors que l'été quand tu voyais ses sorties à la montagne elles étaient bien plus longues. 

Observateur... 

Elle a un sourire moqueur avant de venir poser ses lèvres sur les tiennes. Et puis elle se recule et elle se dirige vers la salle de bain, ses doigts entremêlés aux tiens. 

Vous finissez par vous glisser dans l'eau chaude. 

Parfois t'es parfait Julian Draxler.

─ Seulement parfois ?

─ Ouais.  

Et son éclat de rire illumine votre appart. Tu tentes de la noyer en réponse, et ça part en chahut. Quand vous finissez par sortir de l'eau, y a la pièce qui a été inondée. 

 Comment une si petite personne peut faire autant de bazar chez moi ? 

Elle te répond pas, elle se contente de rire. Et bon sang que son rire avait pu te manquer. 

T'irais m'chercher un T-shirt ?

─ Pourquoi, j't'aime bien comme ça. 

Elle sourit. Elle te sourit. 

Charmeur, et maintenant est-ce que mon prince peut aller me chercher un T-shirt ou un pull ?

Tu finis par lui obéir. Tu lui lances et puis tu descends aller lui préparer un truc à manger. Mais tu n'es pas parti depuis dix secondes que sa voix résonne déjà.

 Ju, c'est quoi ce sweat ?

─ C'est un cadeau, pour qu'tu penses à moi quand j'serai loin d'toi. 

T'entends son rire en réponse. Ouais, cet appart n'était vraiment chez toi que quand elle était là pour l'animer. Il paraissait tellement froid quand elle n'y était pas. 

Tu sens ses petits bras qui viennent entourer ta taille, ses mains qu'elle glisse dans la poche avant de ton sweat. 

J'pense toujours à toi quand t'es loin d'moi. 

Et puis elle se décale, sa main reste posée sur ta hanche alors que sa tête blonde observe ce que t'étais en train d'faire. 

Tu prépares quoi ?

─ J'te fais des crêpes.

─ C'est vrai ? Coooool.  

T'as les lèvres qui se posent sur le côté de sa tête et elle t'adresse un sourire amoureux. Ceux que t'aimais tant. 

Elle finit par te laisser faire et va se glisser sous une couverture dans le canapé. Elle récupère son livre et elle bouquine. 

Tu sais c'qui manque ici ? Une cheminée.

─ Ah bon ?

─ Ouais, rien ne vaut un bon feu l'hiver.  

Tu le savais qu'elle adorait ça. Mais c'était compliqué d'avoir ça ici. 

D'ailleurs j't'ai dit qu'Lukas avait ach'té une maison pas loin d'Venise ?

─ Non...

─ Il nous y invite quelques jours si tu veux.

─ J'sais pas...

─ Comme tu veux. 

Elle rajoute rien et replonge dans son bouquin. Tu le vois pas le froid que tu viens de mettre chez toi. 

L'après-midi passe vite. Vous regardez un film blottis l'un contre l'autre dans le canapé. Elle a ses jambes qu'elle étend sur les tiennes. 

Ça doit être cool d'avoir des jumeaux.

─ Pourquoi tu dis ça ?

─ Parce qu'il y a des jumeaux dans l'film et ça m'a toujours intriguée. 

Et tu te demandes si elle te lance une perche alors tu la saisies à moitié. 

Et ta carrière ? 

Elle a un petit haussement d'épaules. 

Serena Williams a fait une pause. 

Tu sais pas quoi lui répondre. Parce que c'était pas comme si t'allais pouvoir t'en occuper de ce gosse si vous en aviez un. Et elle était pas avec toi et tu doutais qu'elle Vienne habiter par ici de toute façon. Et lui laisser le bébé à charge non, c'était pas vraiment ce que tu voulais.

Tu t'verrais faire une pause ?

─ J'sais pas... 

Alors tu relances pas le sujet, parce que tu t'y voyais pas en l'état. T'étais pas prêt pour des enfants pour l'instant. Et elle non plus apparemment, vu qu'elle insistait pas sur le sujet. 

Vous continuez le film et tu vois les larmes qui brillent dans son regard. 

Émotive va. 

Elle a un petit rire avant de se tourner vers toi. 

Ce film est trop triste

Elle se redresse pour aller se glisser dans tes bras. T'aimais bien quand elle était comme ça, à se serrer contre toi, parce que tu te sentais aimé.

Ju t'as des messages. 

Elle a les mains pleines de pâte à pizza quand tu la rejoins. Tu récupères ton téléphone pour voir les messages de tes coéquipiers. 

C'est les gars, ils veulent sortir ce soir.

─ Et ? T'as pas entrainement tôt demain matin ? 

Elle relève même pas la tête. 

Si mais... - Elle reste silencieuse. - Tu pourrais v'nir, ça s'rait l'occasion qu'tu les rencontres enfin. 

Elle soupire. 

J'ai un avion à sept heures demain matin, j'ai une compet la s'maine pro.

─ Ok, j'irai tout seul, mais tu pourrais faire un effort une fois. J'veux dire, ils comptent pour moi et tu veux jamais les rencontrer.

─ J'ai déjà rencontré Presnel et tes potes allemands, c'est déjà pas mal. 

Et elle reprend le malaxage de sa pâte sans un mot. Quelques dizaines de minutes plus tard, vous mangez et y a un silence pesant. Un que tu comprends pas. Elle avait pas vraiment reparlé depuis ta proposition de soirée. Pourtant, c'était une excellente proposition. Elle connaissait rien de tes coéquipiers. Tu comprenais pas pourquoi elle faisait clairement tout pour les boycotter.

─ Ça va pas ?

─ J'me sens pas très bien.

─ Qu'est-ce que t'as ?

─ J'suis fatiguée, t'inquiète pas pour moi.

─ Ok... 

Tu vires les assiettes et tu finis par quitter les lieux. 

À tout à l'heure. 

Elle te laisse l'embrasser sans vraiment trop te répondre, l'habitude, toujours l'habitude. Tu rejoins tes potes. 

Hey Babe, Dora est pas avec toi ? 

Presnel te prends dans ses bras, se colle contre toi, te colle un baiser sur la joue. 

Non, ça lui disait rien et elle se sentait pas très bien.

─ Et t'es pas resté avec elle ?

─ Pourquoi ? Elle est habituée à passer les soirées sans moi.

─ J'sais pas, vous vous voyez peu et...

─ On a passé la journée ensemble.

─ Si tu l'dis

T'es étonné par le comportement de Presnel, mais tu t'en formalises pas. Bientôt t'as un verre à la main et tu fais la fête avec tes coéquipiers. 

C'est vers trois heures du matin que tu retournes chez toi. Et peut-être que t'es pas très discret. T'essaies de pas allumer la lumière pour pas la réveiller. Tu te glisses sous les draps et tu viens la prendre dans tes bras. Y a ses jambes nues contre les tiennes, tu sais qu'elle a qu'un T-shirt et une culotte sur elle. T'as les doigts qui glissent sous le tissu, qui parcourent son ventre doucement. Tu te colles à elle. 

J'ai envie de dormir Ju, je dois bientôt me lever. 

Elle te coupe dans ton élan avant de se retourner et devenir s'installer contre toi, la tête posée sur ton torse, une main entourant ta taille. T'essaies de l'embrasser mais elle tourne la tête. 

Tu pues l'alcool Ju. 

Tu soupires. Et puis elle semble se rendormir. 

Le lendemain matin quand tu te réveilles, la place à côté de toi est vide. Elle est déjà partie. Tu vois le mot qu'elle a laissé sur son oreiller de son écriture pleine de courbes si féminines. 

'J'ai essayé de te réveiller pour te dire au-revoir tu dormais trop profondément. Je t'aime. À bientôt. Dora.

Tu te laisses retomber dans ton lit. Y a le plafond que tu fixes. Et l'appart te parait déjà bien trop vide. 

J'espère que ça vous a plu, prochain chap du point de vue de madame.
Si vous voyez des passages en mode "d'le d'rire" (hors dialogue) merci de me le dire c'est des restes de la version d'avant qui sont passés à la trappe.





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