Chapitre 58 : Ne rien savoir
/!\ ce chapitre est très long (15 700 mots) si vous aimez lire les chapitres d'une traite pensez à votre emploie du temps ! /!\ bonne lecture ! Xx
Il y a une ambiance agréable dans le café du bas de ma rue, ce soir. À cette heure si de la fin d'après-midi, il y a plus de monde que d'habitude, et ça en résulte en un brouhaha confortable qui se marie bien dans les couleurs chaudes de la lumière artificiel qui flatte les murs. À l'extérieur la nuit est en train de tomber, dans toute son opacité, multiplié par les nuages de plus en plus agités et sombres. Il va bientôt pleuvoir. Je ne sais pas spécialement quand, mais je le sais. Ça ne me dérange pas vraiment, je ne suis pas loin de chez moi alors si il pleut je n'aurai aucun mal à attendre que ça se calme légèrement, pendant une dizaine de secondes, afin de courir jusqu'à ma porte.
Je ne sais pas trop pourquoi je suis passé ici à mon retour de la brasserie, après avoir rangé mon vélo au garage. Peut-être qu'après toutes ces réflexions j'avais besoin de noyer mes pensées dans une soirée agitée, pour essayer de ne pas me noyer sous mes émotions. Alors je suis venu ici, pour m'asseoir, pour boire un café, travailler un peu. J'ai l'impression de vivre dans une scène de film. Le personnage principal s'assoit au café, après avoir fait le point sur sa vie, et sourit à son futur. D'autant plus que la dernière fois que j'étais là j'étais déjà assis ici, et je regardais déjà ma cicatrice dans le miroir. Elle était bien plus récente à ce moment là, maintenant elle est plus belle et moins rouge, et surtout je ne la hais plus autant. Ce jour là, aussi, je la regardais pour essayer de m'y habituer, aujourd'hui je la regarde pour me rappeler qu'elle est là et que je l'aime. C'est un drôle de contraste, alors, de me retrouver là à nouveau, dans la même situation, mais dans la peau d'une nouvelle personne. J'en glousse même un petit peu.
Mes doigts glisse par dessus, rapidement, avant que je ne baisse de nouveau mon regard vers mon livre de français, tirant sur la manche de mon pull pour le remettre en place. À côté de mon livre, sous une tasse de café remplie une deuxième fois il y a juste une minute, une feuille de papier traîne, couverte de mots et de notes. Je relis rapidement les mots que j'ai écris et je ris de moi même dans ma barbe en me rappelant que les premiers mots que j'ai sut dire en français sont 'vin' et 'raisins'. Je me sens un peu stupide, mais en même temps ils font partit de ceux que j'entendais le plus en France alors je ne peux pas trop m'en vouloir. Je ne ris que parce que je les ait écrit en haut de ma feuille, sans raison valable.
Mon stylo tournent dans ma main, alors que de l'autre j'attrape ma tasse pour en boire une gorgé. Ça remonte à loin maintenant, la dernière fois que j'étudiais quelque chose, ça me rappelle de vieux souvenir de soirée révisions avec Jonathan. Ça remonte à si loin, c'était comme une autre vie et ça en était peut-être une, d'ailleurs, tant j'étais différent à cette époque.
J'avais dit que je ne voulais pas me noyer sous mes émotions à nouveau, mais je crois que je n'ai pas vraiment le choix, aujourd'hui je suis émotif. Pas grand-chose n'est vraiment arrivé pourtant, mais c'est juste ainsi. Je pense à tout et à rien, à avant et après et je ne peux pas m'en empêcher. Alors je ris une nouvelle fois, de moi même, pour la forme, alors que j'essaie de conjuguer le verbe être sur ma feuille sans vraiment y arriver, tournant entre les lettres qui se bousculent dans ma tête. J'aimerai parfois, que ce soit un brin plus simple de travailler le français, mais c'est une langue difficile et c'est un peu dur de différencier les fois où je suis en train de fauter pour de vrai des fois où je pense simplement avoir fait une erreur parce que j'ai peur de foirer.
« Tu as fait une faute là. » Un doigt pointe la deuxième personne du singulier sur ma feuille, suivant son propre commentaire, et mon cœur se stop dans ma poitrine pendant plus de deux secondes, si bien que je crois même que je meurs pendant une moitié de minute. Mais c'est toujours ainsi avec lui, n'est ce pas ? Avec lui je suis toujours mort et vie, tout et rien, pleure et joie.
Alors que sa voix résonne dans ma tête, dans des détours lancinant entre mes oreilles, je me demande si cette journée vient de virer au rêve ou au cauchemar. La surprise se mélange à l'incrédulité et ma main tremble doucement sur la table. Mon stylo tombe devant moi, roulant jusqu'à ce coincer contre mon livre, et une voix dans ma tête me hurle que j'aurai dû le voir venir, que c'est comme si cette journée entière n'avait fait que préparer le terrain pour ce moment très précisément et que j'ai quand même réussi à ne rien voir venir. C'est comme si tout, aujourd'hui, avait hurlé à l'avance qu'il allait revenir, que c'était aujourd'hui, que c'était maintenant. Même alors que jamais je n'aurais put vraiment croire que quitter son entreprise était la dernière chose qu'il tenait à faire avant de revenir. Il aurait pu encore prévoir plein de chose, faire plein de chose, prendre encore des mois entiers. Mais de la même façon ça a du sens que ce soit maintenant, que ce soit le moment, finalement, et j'aurai dû le voir venir. Mais voilà, je ne vois jamais Harry venir.
Je me sens pris de cours. Finalement, c'est peut-être lui qui a des trains d'avances sur moi. Je savais que j'attendais ce moment, plus ou moins, impatiemment, mais à aucun moment je ne m'étais autorisé à vraiment y penser. Je ne me suis jamais permis de penser à comment ça se passerai, à ce que je dirai, à ce que je ressentirai, à comment je devrais réagir. Je n'avais pas imaginé de vrai scénario pour ce moment. J'ai passé mon temps à repousser ça à plus tard, à me dire que je saurai au moment venu et que j'avais trop à faire pour vouloir imaginer revoir son visage on réentendre sa voix. Je préférai prétendre que j'avais encore tout le temps du monde pour penser à tout ça. Mais, maintenant, il n'y en a plus, du temps. Et qu'est ce que je fais, alors ? Il y a sûrement pensé lui, à ce qu'il dirait, à comment il le dirait, à comment il me trouverai, et moi je n'ai pensé à rien et je me retrouve là, mis devant le fait, sans le moindre mots sous la mains pour ne serait-ce que décrire ce qu'il se passe dans ma tête. Je n'arrive même pas à bouger, à lever les yeux, à sortir de ma surprise, ou de qu'importe est ce sentiment qui me donne le vertige. Mon cœur bat une chamade incontrôlé et mon cerveau se contente de lancer une nouveau redémarrage laborieux.
Il est juste là, à côté de ma table, les mains dans le vide et moi je ne le regarde pas, ni en me tournant vers lui ni en levant les yeux dans le miroir. Je fixe juste la deuxième personne du singulier comme si je cherchais mon erreur, comme si ça ne faisait pas presque deux mois depuis la dernière fois que l'on s'était vu et que je ne mourrais pas d'envie de m'assurer que c'est bien lui, et pas quelqu'un qui lui ressemble jusque dans le culot.
J'essaie de me reprendre, de prétendre que tout va bien, que je ne suis pas en train de mourir à l'intérieur de le savoir là et de ne pas pouvoir le toucher comme je le voudrai. J'essaie de me remettre les idées en place, de calmer ma respiration, mais j'ai l'impression que la pièce s'est mise à tourner autour de moi. Ça fait une éternité que je ne l'avais pas entendu en vrai, et pas au téléphone, et mon corps entier est en train de me hurler des choses contradictoires. Lève toi, jette toi des ses bras, part, pose ton argent et fuit, ne le regarde pas, insulte le, dis lui de partir, reste avec lui, pleure, cris, râle, ris.
« Tu as raison. » Je remarque finalement, corrigeant mon erreur quand je la trouve et tournant lentement ma tête vers lui. « Qu'est ce que tu fais là ? » Mon regard remonte sur sa poitrine, tout doucement, pour détailler son apparence.
Il porte un pull de laine, de couleur sobre et au motif jacquard, par dessus une chemise blanche sans plie, le tout sous une belle veste d'automne. Ses cheveux tombent doucement autour de son visage, flattant ses traits mature. Mon regard rencontre le sien et mon cœur s'affole un peu plus dans ma poitrine, il peut sûrement le voir, ou peut-être même l'entendre. Ses racines blondes sont un peu plus longues que sur ses photos, et il me sourit d'un air timide. J'ai l'impression de rêver les yeux ouverts. Il est là ? Devant moi ? Pour de vrai ? Après tout ce temps ? Il est réel, et vivant ? Je vais me mettre à pleurer, mais je ne sais pas pourquoi. Est-ce que je suis en colère ? Soulagé ? Heureux ? Triste ? Un immonde mélange des quatre ? Ma respiration se coince quelque part et je toussote dans ma main.
C'est si étrange de le voir à nouveau, j'ai l'impression que j'avais oublié qu'il existait vraiment, j'avais oublié qu'il était vraiment là, que ce n'était pas juste un fantôme de mon été, mais bien un être vivant et humain. Il vie, il respire, et il est là, devant moi, les mains dans les poches, les joues rougis pas le froid, les yeux suppliant de ne pas le repousser alors qu'il honore sa promesse, et reviens pour moi. Il est probable que lui aussi sois au bord des larmes, alors qu'il me regarde.
« Je... je t'avais dis que je reviendrai. » M'explique-t-il en dansant sur ses pieds, mal à l'aise.
« Oui mais... » Je détourne mon regard et ferme mon livre pour l'inciter à s'asseoir en face de moi. « Je pensais que tu me préviendrai, je pense. Mais en même temps c'est tellement toi de venir à l'improviste. » Je hausse lâchement une épaule et l'entend tirer la chaise pour s'y asseoir, laissant tomber sa veste sur son dossier.
Mon regard fuit un peu plus. Je me sens mal. J'ai du mal à le regarder, à le voir là. C'est étrange. Je me sens gêné, embarrassé, j'ai envie de pleurer, de m'effondrer et de partir en courant, mais aussi de le fixer des heures pour être sûr que c'est lui et qu'il est vraiment là. La confusion intense me donne, alors, surtout envie de me cacher et de vomir.
« J'allais te voir chez toi. Et quand je suis passé devant je t'ai vu ici. » Je le vois, dans ma vision périphérique, observer autour de lui avec attention, se souvenant sûrement, lui aussi, de la dernière fois que l'on été tous les deux assis là.
Un drôle de silence se déroule, prenant son temps. Je ne sais pas quoi dire. Ou plutôt, je ne sais pas par où commencer, quel sentiment dire en premier, quel mot murmurer d'abord, quelle larme verser en première. Je ne sais même pas si c'est à moi de parler en premier, si il attend que je commence ou attend de trouver le courage de le faire de lui même.
« Comment va Liam ? » Je fronce mes sourcils et émet un mouvement de recule. Je rêve... il veut vraiment me taper la causette là ? Peut-être qu'il veut essayer de commencer en douceur et gentiment, mais je ne suis pas sûr de le vouloir aussi. J'ai plus envie que l'on se jette tête la première dans cette conversation, qu'on s'en débarrasse comme avec un pansement.
« Bien. » Je répond en pliant ma feuille volante pour la glisser dans mon livre. « Mieux. » Puis, mécaniquement, je range mon livre dans mon sac, essayant de lui laisser une chance de se reprendre, et de ne pas montrer mon agacement face a cette esquive de propos. Mais Harry a, après tout, toujours été comme ça, il a toujours fuit.
« Émilie m'a dit... que tu avais prévu de venir vivre en France ? » Je tire une moue sur le bord de mes lèvres, enfonçant mon menton dans ma main et scrutant quelque chose dans le vide. Je veux bien lui laisser une chance, mais si il continu à jouer ami-ami avec moi je vais perdre patience, et ça ne va plaire a aucun de nous deux.
« Crois pas que ça a quoi que ce soit à voir avec toi. » Je peste. Je ne pense pas qu'il l'ai cru à un moment, mais la simple possibilité qu'il ait put y croire me déplaît. Ou alors elle me plaît tellement que je veux la nier la plus possible, je ne sais pas vraiment. Je sais juste que mon cœur bat un petit peu trop fort pour ma poitrine.
« Je... oui je me doute bien. » Il pousse un petit rire, semblant mal à l'aise et j'ai envie de rouler mes yeux. Va-t-on vraiment parler ainsi de tout et de rien ? Pourquoi pas, aussi, commencer à parler du temps de cette journée ? De la nuit qui tombe de plus en plus tôt ? Non mais il m'a prit pour qui ? Un vieux ?
« Tes cheveux ont poussés. » Je vais atteindre la rupture.
« Ouais. Ouais en effet. Les cheveux font ça. Ils poussent. » J'appuie sur le dernier mots, j'espère lui faire comprendre que j'attends beaucoup de sa part et que, pour l'instant, il ne fait que perdre des points, et que si il continu je vais me lever et le planter là.
« Ça te va bien. » Je rêve.
Je claque ma main sur la table et tourne un regard agacé vers lui, enfonçant mes prunelles dans les siennes et le surprenant un petit peu. Il semble resserrer sa mâchoire une seconde alors qu'il déglutit, comme si il était inquiet, et il y a de quoi ! Il ne peut pas vraiment se pointer ici, après m'avoir parlé comme ça au téléphone, avec une assurance folle, juste pour ne me parler que de mes cheveux qui ont poussés ! Agacé, je ferme mes yeux et masse mes tempes un instant, fronçant même mon nez comme si je voulais me débarrasser d'une migraine (qu'il est en train de causer), puis soupire lourdement.
« T'as pas l'impression qu'il y a un peu plus important que la longueur de mes cheveux, là maintenant tout de suite ? » Il serre encore sa mâchoire et baisse un regard gêné vers la table, hochant la tête lentement.
« Si. Bien sûr. » Marmonne-t-il, les yeux maintenant fuyants, évaluant la pièce et scannant ses sorties, sans doutes. « C'est dur. » Admet-il ensuite.
Mon envie foudroyante de partir s'évaporent soudain, tel un mirage dans le lointain, quand je me rend compte qu'il a les larmes aux yeux maintenant. Et si cette année m'a probablement endurcit, il y a pourtant une chose face à laquelle je serai toujours l'homme le plus faible de l'univers, et c'est Harry. Une larme de sa part et je perds le contrôle, je ne deviens rien d'autre que l'amant épris qui rêve d'être le mouchoirs en papier de son adoré. Alors mes joues brûlent, flambent, et moi je reste là, en face de lui, et je me dis que, finalement, ma patience n'est pas aussi volatile que je le prétends.
« Tu sais.. J'ai passé et repassé ces mots dans ma tête, nuits et jours, j'ai passé tellement de temps à penser à ce que je devrais te dire, et... » Il renifle rapidement et son regard fixe maintenant un point quelque part dans le vide, au milieu de la petite allée entre les tables aux mots bruyants qui inondes les siens. « J'ai l'impression d'avoir tout oublié maintenant que je suis en face de toi. » Une larme échappe à sa vigilance, mais assez vite il la rattrape et la coupe dans sa course par un revers de pouce, envoyant la traîtresse de ses sentiments aux enfers avant d'essayer de se reprendre. Alors je lève la main, pour attirer un serveur.
« Une thé vert, s'il vous plaît. » Je demande à celui-ci quand il approche, prêt à prendre une commande. « Avec des scones. » Il hoche la tête et Harry regarde le jeune homme partir avant de se tourner vers moi, comme si il attendait une explication. « Je t'invite. » Je précise donc. « Si tu as besoin de temps pour trouver tes mots.... Autant être à l'aise, et avec le froid dehors... tu dois avoir envie de te réchauffer. »
Ça a toujours été rare pour moi d'être celui qui prend Harry de cours, celui qui coupe son souffle et lui dit des choses que le rende tout chose. Je pense même que ça ne m'étais jamais arrivé. Chaque fois, il était celui qui arrivait à me faire rougir, à dire des choses qui me rendait tout mou à l'intérieur. Peut-être parce que ça a toujours été facile pour lui de garder le contrôle de ses émotions, peut-être parce que je ne suis pas assez dégourdis pour dire des choses touchantes sans bafouiller ou ricaner de mal être. Chaque fois qu'il devenait plus timide c'était dans des moments profondément plus intimes. La deuxième fois qu'il m'a embrassé, sobre, la première fois qu'on a fait l'amour. Mais aujourd'hui, j'arrive enfin à marquer ce point, juste ainsi, en lui offrant un thé et des scones dans le café de notre seconde rencontre, j'arrive à le rendre gêné et embarrassé, à le voir rougir lentement, à le voir coincer sa respiration une seconde dans sa gorge pour se faire une raison quant au fait que je viens de faire ça. Ça ne devrait peut-être pas, mais ça met du coton dans mes artères, et, oui, ça veut parfaitement dire que je vais mourir juste pour son fichu sourire.
« Merci. » Marmonne-t-il, le mot engloutit sous un soupir.
« Pas besoin de me remercier. »
C'est peut-être parce qu'on est ici, dans ce café à nouveau, sur cette table à nouveau, sur les mêmes chaises à nouveau, mais j'ai l'impression d'avoir fait un bond en arrière dans le temps. Quand je le regarde je pourrais presque le revoir dans sa chemise ce jour là, le teint maquillé et l'air culotté sur son stupide visage quand il s'est assis là sans y être invité. Je me sens étrange, parce que je sais que je ne suis plus à ce jour, et que lui comme moi avons sûrement plus changé que nous n'en avons conscience, depuis ce jour là, mais que, de la même façon, c'est comme si j'y étais bien retournée. Comme si... on était revenu au stade d'étranger. Il est là, en face de moi pour la première fois depuis des semaines, et pourtant j'ai l'impression que je n'ai jamais été plus éloigné de lui. Il est revenu, et pourtant c'est comme si... c'est comme si il n'était jamais partit parce qu'on ne s'était simplement jamais connu. Mais on se connaît, dans tous nos moindres recoins, et j'ai laissé sur sa peau bien plus de baisers que je n'ai laissé de traces de pas sur cette terre, mais c'est comme si... j'avais oublié. Je ne sais plus comment lui parler, je ne sais plus comment agir. Je ne sais pas si lui aussi. Je ne sais pas si ça veut dire que je ne veux plus jamais le revoir. Je ne sais pas si c'est à cause de ce qu'il s'est passé et qu'une fois le nœud défait alors tout reprendra sa place.
Je serre mes lèvres. Je pensais que je saurai. Je m'étais dis que je saurai, qu'une fois en face de lui, une fois qu'il serai là, alors quelque chose s'éclairerai dans ma tête, et que je saurai. Et pourtant je réalise que je ne sais pas, et que j'en sais même encore moins que je ne le pensais, même alors que ça ne semblait pas possible. Alors un sentiment d'angoisse remonte dans ma gorge, comme un haut le cœur. Je ne sais plus. Je ne sais pas. Est-ce que je finirai par savoir ? Pour l'instant je ne ressens rien d'autre qu'un mal sifflant à l'idée d'être en face de lui, de savoir que c'est lui, de sentir mon corps et mon cœur vaciller dans le courant attractif qu'il émane, alors que mon esprit entier ne semble pas comprendre.
« Merci. » Je sursaute, et lève mon regard de nouveau en revenant vers le réel, et trouve Harry souriant poliment au serveur qui s'en va, laissant derrière lui notre commande.
Comme la première fois, je regarde Harry attraper sa cuillère pour la tourner dans son thé avec élégance, attrapant ensuite la tasse de verre par son pour-tour pour boire une gorgée. Comme la première fois, je regarde son visage. Il n'est pas maquillé, ce qui est rare pour lui dont le maquillage fait partie de la routine matinal, mais, avec le discours de Willow en tête, je préfère ne pas trop m'y étendre, et à la place je soupire doucement. Il attrape un scones pour en casser un morceau et le manger, et j'appuie ma tête dans ma main.
C'est ironique, que l'on se retrouve ici à nouveau, non ? Je ne sais pas trop. Je ne sais rien. Mais peut-être que quelque part, si un livre de cette vie existe, alors ce choix a un sens ; alors le fait que je le retrouve ici a un sens. Peut-être que je ne le connaîtrait qu'une fois ce moment passé, un jour, plus tard. Je me dirais 'ah, c'était pour ça'. Pour l'instant je pense surtout que c'est cruel, et je jalouse mon moi du passé, lui qui partage cette chaise avec moi et qui ne sait pas encore tout ce que je sais, lui qui n'est pas encore tombé amoureux de Harry, lui qui a encore tant de chose a exploré de l'inconnu culotté qui lui a offert son café.
« Tu sais... » Je hausse mes sourcils en le regardant. On dirait que les mots lui reviennent, finalement, avec tant de force, d'ailleurs, qu'ils m'évoquent une première fissures sur un barrage, la première brèche sur un mur, le premier coup, qui fragilise le reste de la structure et détruit absolument tout. « Tu avais raison. »
« J'avais raison ? C'est bien la première fois que tu dis un truc pareil. » Je tousse un rire, déterminé à ne pas montrer toutes les faiblesses qui parcours mon être et mes pensées à cause du moindre mouvement qu'il peut faire, avec sa grâce habituel.
« Je suis désolé. » Je le hais. Je le hais lui et les mots qui arrivent à anéantir la moindre de mes barrières et a rallonger ma patience pour lui, juste comme ça, avec un soupir. Parce que maintenant, même si j'essaie de garder une moue désintéressé au visage, qui cris 'tu ne me récupérera pas', je suis décrédibilisé par des larmes menaçantes comme la pluie. « T'avais raison. Mon père, ma relation avec lui... ça n'avait aucun sens. C'était de la mal traitance. Et j'ai fait que fermer les yeux. T'avais raison, il a fallu qu'il me frappe pour que je réalise que ce n'était pas normal. » Mon cœur est trop serré, mes cotes sont trop lourdes, je vais m'effondrer. « J'étais... persuadé que tout aurait un sens, que ça finirait par payer, mais- » Il s'interrompt pour renifler rapidement et il prend une gorgée de thé, pour se donner du courage, sûrement. « Mais t'avais raison... et je suis désolé. »
« Harry.. » Je souffle lentement, tombant un peu en avant sur la table pour être plus proche de lui. « Tu avais raison aussi, j'étais devenu obsédé, et ça nous a causé du tord à tout les deux. » Il secoue la tête.
« J'en avais besoin. » Rétorque-t-il. « Tu me disais tout ce que je devais entendre, tout ce que je savais déjà au fond de moi et que je refusais d'admettre. Et ça fait peur de se prendre ce genre de réalité dans la gueule, comme ça. Et je suis un trouillard. Alors j'ai déchargé ma culpabilité sur toi. Je t'ai fais porté le chapeau, j'ai dis que c'était à cause de toi, et je t'ai fait te sentir coupable alors que tu ne faisais que souffrir pour moi et- » Un sanglot lui coupe la parole et je sens mes barrières se briser encore et encore, les unes après les autres, alors que je tombe droit dans toutes ses larmes et que je m'y noie en silence, sans même me débattre, retenant mon souffle comme si ça allait me sauver, laissant mes propres larmes se confondre dans le torrent. « Je suis tellement désolé. » Il baisse la tête vers la table en parlant dans un sanglot, puis passe une main sous son nez, essayant de se retenir alors que ses épaules cédant au sanglot traduisent aisément le fait que ce n'est pas la première fois qu'il pleure aujourd'hui. « J'ai fais n'importe quoi, parce que la vérité c'est que... » Il lève ses yeux au plafond en se reprenant un peu, mais ce n'est que pour s'exprimer d'une voix serré ensuite. « T'as changé ma vie, Louis. T'as tout changé, tu t'en rend pas compte, mais t'as eu une impact si forte sur ma vie, sur moi, sur mes valeurs, sur ma vision de moi-même, sur mes projets et mes envies, et- »
« H... pleure pas. S'il te plaît. » Mes mots son faibles sous la lourdeur de ma douleur. Ils s'étouffent d'eux même alors que mes larmes dégoulinent sans le moindre bruit, dans l'indifférence de mon interlocuteur qui n'arrive pas à me regarder. Je me demande de quoi on aurait l'air si une seule de ces personnes autour de nous s'intéressait à nous. À quoi ressemblons nous là, tous les deux, à pleurer comme ça ?
Harry secoue la tête pour répondre à mon supplice d'épargner mon cœur, et il retient de nouveau son souffle en essayant de se reprendre, mais il tremble doucement et il est alors clair qu'il ne fait que retarder une explosion. C'est probablement pour tout cela que je ne me maudis pas d'utiliser son surnom.
« Je voulais venir avec toi. » Il lève son regard pour l'enfoncer droit dans le miens, et ça ne lui fait sûrement aucun bien à en juger par la façon dont il détourne de nouveau son regard, avec urgence, dès qu'il comprend que je pleure aussi.
Je n'ai pas vraiment le temps de sentir le mal que ça me fait de le voir se sentir coupable au point de fuir mes yeux, parce que je ne ressens que le froid immense que sa phrase jette sur mon être entier. C'est un froid si prenant, qui tire sur mes veines, sur mon visage, sur mes bras et sur mes doigts. C'est un froid qui me donne l'impression d'avoir le vertige, comme si j'allais m'évanouir. Il.. quoi ? Il voulait venir ? Avec moi ? Où ? Ici ? J'ai envie de vomir, et de crier, et de pleurer, de le taper, de lui en vouloir, de le serrer dans mes bras, de lui dire que je ne partirai plus jamais sans lui, j'ai envie de partir et de le laisser en plan. Mais je ne fais rien, je reste là, comme un idiot, en le regardant reprendre son souffle avec difficulté, alors que les larmes trempent ses joues et leur donne une teinte rouge qui brise mes os de peine amoureuse.
« Quand tu m'as dis que tu devais repartir, mon- mon premier reflex a été de me dire... que je devais venir avec toi, que j'irai au bout du monde si je pouvais être avec toi. » Il a du mal à s'exprimer, victime de ses propres pleures, de son propre souffle écourté, et je sens que j'approche à mon tour de la rupture, alors que je prends une inspiration qui se saccade tout au fond.
« H. » Ma voix tremble et ma gorge se serre. J'ai l'impression de tourner sur moi même dans un puits d'aiguille, m'ouvrant de part et d'autre en de multiple plaies béante, alors que je le regarde pleurer, incapable de réfléchir comme il faut à ce qu'il est vraiment en train de dire.
« Et puis je me suis dis 'quoi ?' » Son visage se tord dans un froncement, et sa voix sonne grosse, pleine de sanglot. « Et c'est là que je me suis rendu compte que tu avais tout changé, et j'ai... j'ai paniqué, et je me suis retourné contre toi alors que... tu faisais que du bien à ma vie... » Il tourne ses paumes de mains vers lui, comme pour observer en leur creux l'erreur qu'il a commise, le regard troublé par la peine. « C'était que du bien... mais tout étais si... si... si... » Et enfin il explose, en silence.
Il mène ses mains à son visage et sa tête bascule doucement en en avant. Il pleure à chaudes larmes et tout mon corps est frappé par la foudre au moment où elle tombe dehors. Harry a déjà pleuré avant, je l'ai déjà vu et tenu durant ces moments, ou plus rien n'allait, et pourtant à ce moment j'ai l'impression qu'il n'a jamais été aussi vulnérable, qu'il n'a jamais été aussi sincèrement heurté et désemparé. Il pleure à chaude larme, il sanglote entre ses doigts, peinant à respirer, et je me sens complètent naze, inutile. Je suis en face de lui et je n'arrive pas à tendre ma main, à dire le moindre mot, je me contente de chercher quelques choses des yeux sur le bord de ma table, tordant mes lèvres dans tous les sens possible et retenant mon souffle à en avoir mal à la tête, pour éviter de faire le moindre bruit sous mes larmes.
J'ai mal. Je ne sais pas vraiment à cause de quoi. De tout je crois. De le voir comme ça, de l'entendre me dire qu'il a, à un instant, perçut ma présence dans sa vie comme quelque chose de trop nouveau et terrifiant, de savoir qu'il souffre comme ça de cette erreur, de ne toujours pas savoir quoi faire et quoi dire. J'ai simplement mal, de partout, dans chaque zone de mon corps, de mon âme. J'ai mal. Je souffre, et je veux que ça s'arrête. J'en ai marre, j'en ai assez. Tout était si simple avant qu'il n'entre dans ma vie et ne me fasse tomber amoureux de lui, avant que mon monde ne semble tourner qu'autour de son bien être et de son amour.
« J'suis tellement désolé. » Râle-t-il, sans bouger, restant là encore en essayant de taire sa crise en se serrant sur lui même. Je n'arrive toujours pas à tendre ma main.
« Arrête de t'excuser... s'il te plaît. » Je ne sais même pas vraiment par quel miracle j'arrive à sortir ses mots de ma gorge serrée et douloureuse, mais j'y arrive. Ils sortent distordus, cassés et rauques. Ils sortent avec un sanglot clandestin qui tire avec lui quelques larmes de plus. Mais au moins ils sont dehors. Au moins j'ai dis quelque chose.
Harry respire toujours aussi difficilement et j'ai mal. J'ai mal de le voir comme ça et une voix hurle en moi de le serrer dans mes bras, de le ramener chez moi, et de l'allonger dans mon lit, de le tenir contre moi, jusqu'à ce qu'il s'endorme et oublie, pour quelques heures, tout ce qui lui fait mal, mais je ne le peux pas. Je ne peux pas déjà agir ainsi, pas si vite, pas avec toutes ces peurs, tous ce doutes, toute cette douleur. J'entends ses excuses, je suis content de les entendre, de savoir que j'ai vu juste sur cette situation et du fait qu'il en était une victime, mais qui sait si j'arrive à les accepter ? Aussi horrible cela semble-t-il... je ne suis pas sûr d'être assez fort pour passer au dessus de combien on s'est fait mal dans cette explosion en plein vol. Ce serai stupide, en nous voyant ainsi tous les deux, de croire que l'on pourra passer au dessus en une poignée de jours. On souffre beaucoup trop pour ça. Alors je ne peux pas, pas déjà.
« Pardon. » Dit-il en raclant sa gorge, et j'aurai put relever qu'il vient encore de s'excuser, mais ce n'est pas vraiment le moment, je pense.
Il ne relève pas la tête, et je détoure mon regard vers le miroir. Je scrute mon reflet et ses yeux trempés, ses joues tiré par ces peines qui lui colle à la peau. J'essaie de me calmer, de reprendre le contrôle. J'ai tant pleuré pour lui, je me demande comment je peux encore avoir des larmes en réserve ? Et combien ? Parfois je me dis que je ne pourrai jamais parfaitement vivre avec, que je souffrirai de la même façon pour toujours, l'impression que cette plaie ne cicatrisera jamais et que je serai pour toujours condamné à devoir la protéger, pour ne pas souffrir d'avantage.
J'ai envie de me baffer, quand je me regarde, parce que je me trouve si pathétique. J'ai l'impression d'être de nouveau nez à nez avec celui qui pleurait dans son lit, il y a des semaines de ça, parce que Harry ne lui envoyait pas de message. Et le pire, sûrement, est que je suis dans cet état aujourd'hui parce qu'il est en face de moi en train de s'excuser. Comme quoi... je ne sais vraiment pas ce que je veux.
Je renifle et attrape une serviette sur la table, entre moi et lui, pour la glisser vers lui, et l'inviter à se moucher si besoin est. Il se contente cependant de me remercier, sans bouger et je soupir tristement en passant mes doigts sous mes yeux, pour essayer de repousser mes larmes. Je sais que j'ai d'ores et déjà beaucoup pris sur moi, jusqu'à maintenant. J'aurai put finir par être celui qui pleure le plus de nous deux, celui qui s'effondre et devient inconsolable, mais j'ai réussi à tenir bon, entre les mots, et ça me rassure. J'ai l'impression d'être un peu plus en contrôle de la situation ainsi, bien alors que ce soit bien loin d'être le cas.
« Moi aussi... je suis désolé. » Je dis ensuite, sûr d'être un peu plus calme. Il y a des chance que ce ne soit qu'illusoire, et que les larmes ne soit, en réalité, qu'en train de se cacher et d'attendre une nouvelle opportunité pour venir m'étrangler.
« De quoi ? » Répond Harry, levant ses yeux vers moi de nouveau, reniflant bruyamment en attrapant la serviette pour pouvoir l'utiliser.
En le voyant ainsi, un peu plus calme, avec moins de larmes dans les yeux que restant sur ses joues, je ne peux vraiment retenir mes lèvres de se plier en un léger sourire. C'est le naturel qui revient au galop, la mémoire qui reprend sa place. Je le regarde, je tombe dans ses yeux, et je souris. C'est simple, c'est tout simple. Ça fait mal, pourtant, quelque part au fond, de voir sur son visage les restes encore frais de la tornade de sanglot et de larmes qui ont fait éclater ses poumons, mais en même temps... une part de moi se sent de nouveau bien. On se regarde et je me sens bien. Peut-être que c'est tout ces mots, et toutes ces larmes, peut-être que ça m'a déchargé d'un poids.
« Tout. » Je répond en haussant une épaule. « D'être parti, d'être devenu insupportable. Que j'ai eu des raisons ou pas, que j'ai eu raison ou non... je suis devenu dur à vivre pour toi, et je le sais. » Je détourne mon regard sur ma tasse, penaud, et fait tourner mon doigt sur son contour, rêveur, ailleurs.
« Non. » Répond-il, du tac au tac, imposant, avec cette volonté dans sa réponse, un nouveau contact visuel. Ses épaules se secouent silencieusement dans sa respiration encore chevrotante, et je penche ma tête sur le côté en souriant d'un air navré.
« Harry, tu sais très bien que j'ai des tords aussi. » Il secoue encore la tête.
« Tu ne faisais que m'aimer. » Je hausse mes sourcils, surpris, et mes joues flambent dans un brasier d'embarras. Je ne veux cependant pas que la chose tourne ainsi. Je n'ai pas envie qu'il porte toute la faute alors que j'ai aussi merdé à un moment donné. Je sais que c'est une cause plus grande que moi, mais je n'étais pas non plus totalement hors de cause, et il ne peut pas faire comme si je n'avais jamais rien fait de mal.
« Arrête. » Mon regard fuit.
« Louis. » Je sursaute soudain, quand sa main recouvre la mienne, et, instinctivement, je la recule vers moi en remontant mon regard vers le sien. Quand nos regards se croisent, un étrange moment se déroule, une seconde, puis deux, pendant lequel on se scrute en espérant se comprendre sans aucun mots. Cependant rien de concluant n'arrive, ou alors pas de mon côté, et Harry recule maladroitement sa main pour la cacher sur ses genoux, sous la table.
« Désolé. » Souffle-t-il à mi-voix, le ton bredouille.
« Non... t'inquiète... c'est juste- » Je ne fini pas ma phrase, je la laisse d'elle même se faire comprendre, et je tire ma main à moi pour la serrer entre mes doigts.
Ça peut paraître absurde dis ainsi, mais j'ai l'impression qu'elle me brûle, d'une chaleur qui irradie dans mon bras et picore mon cœur. On ne s'était plus touché depuis longtemps, et je sais que c'est pour cela que ma peau, mon corps, réagi ainsi. Je ne sais cependant pas si c'est une sensation agréable ou pas. Je ne sais pas si ça veut dire que je ne veux plus jamais qu'il me touche, ou si je veux qu'il me serre contre lui jusqu'à ce que tout mon corps flambe vif.
« Je sais. » Répond-il. « Je pensais juste que... »
Il ne finit pas sa phrase, lui non plus, et se renfrogne simplement. Le silence s'installe de nouveau à table avec nous, et je regarde la pièce d'un œil distrait, observant les gens dans l'entrée, qui sortent. L'orage qui se prépare en effraie sûrement plus d'un et tout le monde doit avoir envie de courir à la station de métro la plus proche pour vite rentrer chez soit, au chaud. Ça me donne envie de rentrer moi aussi. Je ne suis pas très loin, je pourrais y aller, prendre un bain en regardant des vidéos sur Youtube, préparer un repas avec ce que j'ai dans mon frigidaire, et dormir. Mais je n'arrive pas à me décider. J'ai du mal à m'imaginer partir et laisser Harry là, alors qu'il est venu pour moi et que je ne sais pas où il loge. J'ai du mal à me voir partir une deuxième fois après ce discours de sa part.
Je lui lance un regard à travers la table. Il renifle paresseusement en faisant tourner son thé et prend une gorgée, sans lever les yeux. Il semble perdu, comme si il ne savait plus quoi faire, ou quoi dire. Après tout, il a dit déjà un bon nombre de chose, il est même probable qu'il ait dit tout ce qu'il voulait me dire, et je ne suis pas des plus coopératif avec lui. De ce fait, je comprends qu'il se retrouve perdu, avec un sentiment de tâche mal exécutée sur la langue. Mais, moi non plus, je ne sais pas quoi dire. J'ai dis que j'étais désolé aussi, mais est-ce qu'il attend quelque chose d'autre ? Veut-il que j'accepte ses excuses ? Je ne sais pas si je les accepte, je ne sais pas si, même une fois accepté, ça changera quoi que ce soit à comment je me sens.
J'en ai marre. Harry, depuis que je l'ai rencontré, ne fait que sortir de nul part et me surprendre, dire et faire des choses qui me définissent et me redéfinissent, et j'en ai marre. Aujourd'hui encore, il faut qu'il vienne de nul part et me dise tout ça, qu'il m'impose tout ça, alors que je n'ai rien demandé. C'est trop dur pour lui de faire les choses comme une personne normal ? Je grommelle avec agacement en me tournant de nouveau vers la salle et la vitre donnant sur la rue. Des gens pressés marchent sur le trottoir, certains jettent des regards inquiets au ciel lugubre, et je vois mon reflet au milieu, passible et blessé. Harry, lui, semble minuscule sous le poids qui l'incombe. Quand je nous regarde comme ça, lui et moi, ça tord mon ventre et mes tripes. J'ai mal au cœur. Et je voudrais savoir quoi faire pour nous sortir de cette situation, je pense même que c'est à moi de le faire maintenant, que la balle est dans mon camps, mais je ne sais juste pas comment jouer.
« Où est-ce que tu dors ce soir ? » Je demande en me tournant à nouveau vers lui, attrapant ma tasse pour en boire une grosse gorgé qui me réconforte agréablement.
« Hum.. je loue un loft au centre. » Il pointe une direction dans son dos et je hoche la tête. « Je... j'ai... j'ai loué pour trois semaines. » Je me fige dans ma chaise, tasse à la bouche et je lève un regard surpris vers lui. Il fixe toujours sa tasse, avec insistance, pour tenter de cacher son embarra.
« Trois semaines ? » Je répète avec incrédulité en reposant mon café devant moi.
« Oui. Je me suis dit que.. aussi bien on allait se réconcilier et je voulais être sûr d'avoir assez de temps pour toi. » Il racle sa gorge et je laisse un rire m'échapper. « Ne te moque pas de moi ! » Râle-t-il.
« Je ne me moque pas ! » Je rétorque en secouant ma tête doucement, levant des mains innocente dans le vide. « Je me rend juste compte que, en effet, tu as changé, un peu. Surtout parce que... tu voulais pas du tout venir à Londres la dernière fois qu'on s'est vu, même pour quelques jours. Et là tu me dis que tu vas volontairement passé trois semaines ici. » Je soupire lentement, un sourire incrédule et amusé collé à la figure, et il ricane gentiment.
« Oui... oui je suppose que c'est nouveau. » Admet-il. « Je pense que... tu vois je suis allé à Los Angles, puis j'ai été chez mon père, et... je me suis dis 'mais de quoi j'avais peur'. » Il hausse une épaule et renifle une dernière fois encore, alors que son sourire semble intervenir comme le soleil après la pluie sur notre soirée. « Enfin, je sais de quoi j'avais peur mais... ça semblait ridicule avec le recule, alors, quand j'ai décidé qu'il était temps... je n'ai pas vraiment réfléchi. » Il rit un peu plus et je pouffe du nez à mon tour, et je crois que ça me rassure un peu... qu'il rit, que moi aussi, que les choses se passent ainsi et prennent cette tournure. Je me sens un peu mieux, les larmes versés qui pesaient encore sur mes joues semblent disparaître, et ça me donne envie d'espérer que les choses puisses mieux se finir que prévu.
« Oh tu étais chez ton père ? J'ai vu les photos sur ton Instagram et je me disais bien que je ne reconnaissais pas les lieux. » Il plisse les yeux une demi seconde en reculant dans sa chaise, souriant d'un air amusé alors que je me demande si j'ai dis une bêtise, et ce à quoi elle ressemble, pour mériter un regard si amusé et moqueur en contre-parti.
« Tu as regardé mon Instagram. » Remarque-t-il.
Je me sens stupide. Je sais que ce n'est en soit pas très grave, et que lui aussi l'a fait avec le miens, mais je ne suis pas sûr que j'avais envie de le lui dire ainsi. Peut-être s'en doutait-il déjà, mais j'aurai probablement préféré que ça ne reste que des doutes. Voilà pourtant que je viens de me vendre tout seul, comme un idiot. Harry semble un petit peu trop apprécier cette information, en plus, et ça me donne encore plus envie de me cacher. L'idée qu'il prenne ça comme une victoire dans sa reconquête ne me plaît pas vraiment, je crois bien. Je n'ai pas envie de lui faciliter la tâche ou de risquer de dévoiler que je suis encore amoureux de lui, mais c'est comme si mon inconscient fonctionnait contre moi.
« C'est grave ? » Je demande alors, raclant ma gorge et forçant la nonchalance.
« Non. Mais ça me rassure. » N'en rajoute pas ! J'ai envie de bouder. Il a de la chance que je ne laisse pas en plan.
« Ta gueule... » Je rouspète en roulant mes yeux dans leurs orbites. Harry rigole, un peu plus clairement, un peu plus fort, et j'essaie de ne pas mourir de bonheur.
« Et oui, j'étais chez mon père. J'ai pris contact avec lui à mon retour de Los Angeles. » Il hoche la tête pour lui même. « Puis, du coup, je suis allé chez lui, passer un peu des vacances, rencontrer... ma famille. » Un sourire soulagé et heureux se dessine sur ses traits et si je me confondais en torrent de larmes de tristesse il y a une minute c'est maintenant des larmes de bonheur que je menace de déverser.
« C'est vrai... qu'avec un père il y a toute une famille que tu n'as jamais connu, aussi. » Je n'y avais jamais pensé, à ça, et je pense que lui non plus. Quand le père de Harry a décidé de quitter Regina et Harry, ou plutôt quand Regina a décidé de choisir Harold et de quitter cet homme, Harry a aussi laissé partir une partie de son arbre généalogique.
« Ouais. C'était vraiment bien, de rencontrer tout ces gens. Mon père a refait sa vie, depuis ma mère, et il a une femme et un fils. » Il sourit gentiment, s'enfonçant dans son dossier alors que son regard rêveur est partit à la recherche des souvenirs récents.
« Tu as un frère ! » Je me surprend avec un rire de bonheur. Harry a donc trois frère et sœurs. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ça me fait tout drôle.
« Oui ! Il a eu neuf ans, ça a été assez difficile de vraiment bien lui expliquer qui j'étais mais il a fini par comprendre. » Il rigole un peu et je souris de l'imaginer avec un petit garçon, en train de raconter je ne sais quelles histoires comme le grand frère incroyable qu'il est. Ce petit à beaucoup de chance.
« Et tu as rencontré d'autres personnes ? »
« Quelques cousins et une tante. » Répond-il en hochant la tête. « C'était assez bizarre parce que... tu vois tout le tabou dans la famille de mon autre père ? Eh bien c'était... l'inverse là. Tout le monde savait que Eric avait eu un fils avant, tout le monde savait qui j'étais. » Je note, rapidement, que le nom de son père biologique est Eric, et je fronce mes sourcils en me penchant un peu en avant, intéressé. « Enfin, pas les enfants, mais tout le monde savait... même sa femme. Et c'est vraiment déstabilisant d'y penser. » Il semble y réfléchir un peu, laissant la sensation de vertige, que je ne peux sûrement pas comprendre mais simplement imaginé, le gagner.
« Et... personne n'est jamais entré en contact avec toi ? » Il sort de ses pensées et lèves les yeux vers moi, captant ma question en décalé et laissant alors une seconde de silence se dérouler entre nous avant qu'il ne secoue la tête.
« Non. » Dit-il. « Mon père ne voulait pas. Par respect pour moi. Vu qu'il ne savait pas si j'étais au courant ou quoi... il préférait attendre que je vienne à lui. Il a essayé de parler de ça avec ma mère mais... évidemment elle n'a jamais répondu à ses tentatives de contact. » Il lève ses yeux au ciel. « Mais... il a toujours suivit ce que je faisais et il m'a dit qu'il était fier de moi. » Un sourire illumine son visage, si bien que je pourrais jurer que le soleil a fait demi tour dans le ciel dans sa course vers l'ouest, et que le vent a poussé tous les nuages. « C'est ironique, hein, que j'ai toujours essayé de plaire à mon père, pour qu'il soit fier de moi, et que tout ce temps... j'avais déjà un père qui l'était. » Il pousse un soupir aboutissant sur un petit rire et je souris en le voyant ainsi, si rayonnant, si heureux. Je suis tellement heureux qu'il ait renoué avec son père biologique, et que celui-ci soit une personne aussi positif qui lui apporte tant de bien, il mérite tout ce bonheur, il mérite d'être aimé par un tel père, et je suis tellement heureux qu'il l'ai réalisé. « Apparemment... il envoyait de l'argent à ma mère quand j'étais plus jeune, pour moi. Je doute que ça ait aidé, puisque mes parents étaient loin d'être dans le besoin, mais le simple fait qu'il l'ait fait de lui même, juste pour sentir qu'il avait une impact sur ma vie et qu'il pouvait indirectement être là pour moi... ça compte beaucoup pour moi. Je sais que c'est un peu bizarre mais... c'est toujours un amour plus sincère que celui de Harold. » Il tousse un rire jaune et je souris.
« Tu sais... ça fait beaucoup de bien de t'entendre dire quelque chose comme ça. » Ses yeux remontent vers les miens, après avoir dansé dans ses souvenirs, et il me sourit tendrement. J'essaie de lui répondre avec autant de force et de sincérité, et je pousse même une souffle tendrement amusé. Je suis heureux de la tournure de cette conversation. « Combien de fois est-ce que j'ai souhaité que tu arrives un jour à voir ta valeur et à en finir avec Harold... » J'enfonce ma tête dans ma main et il glousse d'un air gêné sans me lâcher des yeux, laissant courir en moi un courant de chaleur et de sucre qui me fait mal sous la mâchoire. « Harold n'a jamais mérité un seul tiers de ton amour et de ta patience pour lui... » Il souffle rapidement par son nez, laissant un bref sourire tordre sa bouche.
« Eh bien... tu as raison et... je ne compte absolument plus le revoir. » Il ricane.
« Oh oui, tu as quitté ton poste, j'ai vu ça aussi. » Il hausse un sourcil d'un air malin et j'agite ma main dans l'air pour lui dire de ne pas dire un seul mots à ce sujet. « Quand est-ce que tu as fais ça ? Quand l'as-tu décidé ? Et surtout... » Je laisse tomber mon menton dans mes deux mains cette fois, et agite mes sourcils. « Comment ton enflure de père l'a prit quand il l'a appris ? » Il rigole une nouvelle fois et déroule ses mains devant lui, comme pour me dire de ralentir la cadence dans mes questions.
« Je l'ai décidé quand j'étais à Los Angeles. Et à dire vrai je ne sais pas comment mon père l'a prit. » Il hausse une épaule. « Juste après avoir posté mes photos avec mon père biologique, Harold m'a tapé un scandale au téléphone... et c'est là que j'ai décidé que le moment était venu de me retirer. » Il dit ça avec sérieux, le regard terne, mais avec un sourire un peu heureux sur le visage. Je sais que ça lui a beaucoup coûté de tout quitté, qu'il a toujours vécu pour ce domaine et ce travail et même si on sait tout les deux que c'est mieux comme ça... c'est aussi triste pour lui, qui renonce à sa passion. « Il ne m'a pas vraiment contacté depuis. » Reprend Harry. « Mais je pense qu'il est en colère parce que... » Il se penche vers moi sur la table et pose sa main à plat entre nous, comme pour me dire qu'il va partager un secret et que je dois être attentif. « Je n'ai pas rendu mes parts à mon père... je les ai donné à Lizzie. »
« Elizabeth ? » Je répète, surpris. « Pourquoi ? Elle ne me semblait pas intéressé par le domaine ? » Il s'amuse pendant un bref instant de mon allure confuse, riant dans sa barbe avant de répondre à mes préoccupation.
« Elle non, mais Willow si. Mais Comme Will est mineur je ne pouvais pas encore les lui donné, sinon elle reviendrai automatiquement à mon père. » Ma bouche s'ouvre dans un air surpris. Je ne suis pas tout à fait sûr de comprendre pourquoi il fait de telle manigance mais à en juger par son sourire sournois et ses yeux plissés il y a une très bonne raison. « Willow doit hériter du domaine quoi qu'il arrive, donc en soit ça ne change rien, mais... j'avais besoin que quelqu'un d'impartial et juste soit au sommet de la hiérarchie. » Je crois qu'il est en train de me tendre une perche et que je suis en train de le décevoir. « Parce que comme ça... mon père ne peut plus vraiment refuser mon projet d'hôtellerie. » Mon cœur tombe droit dans mes pieds, si brusquement, si fort, si soudainement, que je crois même qu'il s'échappe de mon corps et s'enfonce dans le sol.
« Quoi ?! » Je frappe sur la table et il plaque son index sur sa bouche pour me rappeler qu'on est toujours dans un lieu publique. Alors je m'excuse rapidement, bien que personne n'est vraiment réagi au son, et je me penche vers lui, pour répéter en chuchotant. « Quoi ? »
« Comment je te dis ! » Rit-il. « J'ai discuté avec Elizabeth de tout ça et elle m'a dit que nos parents ne serait jamais de mon côté pour se projet, mon père parce que c'est un con et ma mère parce qu'elle aime trop mon père pour aller contre lui. » Il roule ses yeux et je ris de le voir ainsi parler d'eux, lui qui me défendait d'insulter son père il y a juste un peu moins de deux mois. « Elle a fait une remarque comme quoi c'était dommage que Wilhelmina ne soit pas majeur, parce qu'elle pourrait prendre ma place et soutenir mon projet en tant que PDG et entraîner Harold avec elle, parce qu'il fait tout pour sa princesse. C'est là que j'ai eu cette idée. J'ai donné mes parts à Lizzie pour qu'elle les utilisent au nom de Willow jusqu'à ce qu'elle est l'âge de les récupérer. » Il s'enfonce dans le dossier de sa chaise et croise ses bras d'un air fier, un sourire balafrant son visage.
« Mais t'es un génie ? » Un rire incrédule s'étouffe hors de ma poitrine et il fait une moue suffisante.
« Merci merci. » Appui-t-il.
« Alors... tu vas vraiment le faire ? » Il hoche la tête et je prends une inspiration admirative qui se coince sous mes cotes.
« À l'heure où je te parles... Le permis de construire du terrain que l'on a acheté... est en train de se faire. » Il joint ses mains pour étirer ses doigts devant lui et je ris à nouveau, complètement soufflé par ce coup de maître. User de la mauvaise personnalité de Harold contre lui, pour le forcer à faire quelque chose qu'il ne voulait pas ? C'est du génie. Une chose est sûr, la solidarité des frères et sœurs Styles est tout bonnement indestructible. « Du coup, j'ai put officiellement annoncer mon départ en tant que PDG de domaine Styles, mais ce n'est que pour me lancer dans mon vrai projet. »
« Mais... quel homme. » Je fais un fausse révérence sur la table et Harry rigole en face de moi en me remerciant à nouveau. « C'est dingue... j'ai vraiment du mal à réaliser que le garçon que j'ai laissé en France et refuser de se voir sans son père... lui a fait le plus gros coup de Trafalgar du siècle. » Je ris à nouveau et il pouffe gentiment avec moi.
« Voilà ! Donc maintenant... tu sais ce qui me retenais tout ce temps, et pourquoi c'était trop tôt pour revenir pour toi. » Il sourit en me regardant, me disant ces mots comme si ils étaient les plus simples du monde et qu'il n'avait pas fait remonter mon cœur du sous-sol à ma gorge en une poignée de seconde, alors que notre conversation téléphonique se rejoue entre mes oreilles. « J'étais en train... de bâtir un homme un peu meilleur, plus digne, plus stable et libre. J'étais en train de préparer une vie dans laquelle je serai heureux, loin de l'emprise toxique de mon père qui a détruit le meilleur de moi et de nous deux... et je veux que tu viennes avec moi dans cette vie. » Il garde le sien quand il dit ça, mais, moi, mon sourire retombe. J'ai dis que j'aimais la tournure des choses et de cette conversation ? Je retire ces mots. Je retire la pensée. Je retire ce sentiment. Ça n'a jamais existé.
« Je- » Je cherche une échappatoire dans la pièce, mais je ne trouve que la pluie dehors et la dernière personne au fond de la salle qui finit de boire son thé.
« Je t'avais dis que c'était ce que je ferai. » Tu n'as jamais dis que tu le ferai comme ça. « Je ne te demande pas d'abandonner quoi que ce soit, je ne te force pas à repartir au bout de ces trois semaines que je passe ici. » Précise-t-il.
« C'est pas le problème, Harry. » Je pousse un soupir et passe une main lasse sur mon visage, l'immobilisant sur ma bouche et fixant le vide. Je ne sais pas ce que je veux, je crois que je veux juste m'enfuir. Je crois que je veux me lever et partir, rentrer chez moi, me rouler en boule et prétendre que la mort m'a fauché. Mais quand je le regarde ainsi, les yeux encore rouges, le sourire aux lèvres et le sérieux sur ses traits, je sens mon cœur se serrer et j'entends une voix me dire de rester.
« Je sais...c'est trop tard. » Soupir-t-il tristement. « Le jour où tu es parti tu m'as demandé de dire un mot pour garder le peu de notre relation que je n'avais pas détruit. Et je ne l'ai pas fait. Et maintenant c'est trop tard. » Je ne dit rien, parce que je sais que c'est la vérité. Il n'a pas détruit ce qu'on avait tout seul, mais c'est lui qui a piétiné ce qui en restait et je sais que je souffre encore d'y penser. « Je sais que ça ne vaut rien, mais je suis désolé. Je suis tellement profondément désolé de ne pas t'avoir retenu alors que j'en mourrai d'envie. » Je retiens mon souffle, je ne veux pas me remettre à pleurer, pas encore. « Je suis désolé de ne pas t'avoir poursuivi quand tu n'attendais que ça. Je suis désolé de ne pas t'avoir dit de me laisser jute un peu de temps, mais de continuer à m'aimer, parce que je continuerai. Je continuerai même après ça, je continuerai jusqu'à ce qu'il n'y ai plus de demain pour cette foutue planète. » Il semble tellement sûr de lui et déterminé que je me retrouve obligé à baissé le regard sous la nervosité qu'il me fait ressentir. Je savais qu'il était sûr de me vouloir dans sa vie, mais m'en rendre compte un peu plus au fil de cette conversation... c'est déstabilisant au possible. « Louis p- »
« Excusez moi de vous déranger. » Le serveur de tout à l'heure se présente à notre table et on lève les yeux vers lui. « Je ne veux pas vous mettre à la porte... mais je vais fermer d'ici quelques minutes. » Il semble désolé de nous le faire savoir. Sûrement a-t-il assisté de loin à notre échange et en a remarqué l'importance, ça expliquerai qu'il soit à ce point navré de nous interrompre.
« Oh ! » Je ne réfléchi pas à deux fois, c'était l'excuse qu'il me fallait. « Bien sûr pas de soucis. » J'attrape mon sac en quatrième vitesse, pose le dû du thé et des scones sur la table et me tourne vers Harry. « On en reparle plus tard ! Désolé ! Au revoir ! »
« Hey mais attends ! »
Je ne lui laisse pas vraiment le choix, j'ai peur que mon cœur explose si je dois avoir cette conversation un peu plus longtemps. Je veux du calme, je veux rentrer et dormir. Je voudrai qu'il ne soit jamais, revenu. Non. C'est faux, mais je veux croire que c'est vrai, que je veux garder ma vie ainsi, sans lui, sans ces questions dans ma tête, sans cette peine, sans ces sentiments, je veux continuer à vivre sans ces poids. Alors je sors du café et ne me tourne pas, priant pour que les gouttes noie mes larmes et que la douleur s'efface dans la soirée, et que moi je m'efface de ses pensées. Ça fait trop peur, ça fait trop mal, de l'aimer comme ça, et d'avoir l'impression que ce n'est pourtant pas assez pour passer au dessus du mal qu'on s'est fait, qu'il m'a fait, que je lui ai fait.
Je reste une seconde sur le trottoir, devant la porte, en constatant qu'il pleut des cordes et que je n'ai pas de parapluie. J'avais prévu d'attendre que ça se calme pour rejoindre mon immeuble, plus haut dans la rue, mais je ne vais pas avoir le choix et je vais devoir courir et me mouiller. Je prend une profonde inspiration et serre mon sac contre ma poitrine. J'ai froid, je n'ai même pas pris le temps de mettre ma veste, je suis stupide.
La porte s'ouvre à nouveau et je sursaute en me tournant vers Harry, sorti à son tour. J'arrive à voir qu'il se tient prêt à dire quelque chose mais je ne lui laisse pas le temps ou l'occasion de commencer le moindre mot, je recule dans la pluie, me noie en elle, et m'en vais en courant, le cœur battant une chamade qui me donne la nausée. Je ne veux pas qu'il me suive, mais en même temps je prie pour qu'il me rattrape et me retienne. Je me hais, j'en ai marre. J'en ai marre de cette histoire, de ces sentiments, de ces doutes et ces questions, de la peur. J'en ai marre de me sentir comme ça. J'en ai marre de ne plus savoir où j'en suis.
Je ne sais plus, sur mon visage, ce qui est larmes et ce qui est pluie, je ne sais pas non plus si mon essoufflement est dû à ma course, ou à mes sanglots. Même quand j'arrive devant ma porte, caché sous son léger renfoncement, et me bats avec mon sac pour trouver mon trousseau de clés, je n'arrive pas à savoir.
« Louis ! » Je ne me tourne pas, et mes joues brûlent tant que je me demande comment l'eau dessus ne s'évapore pas.
« Tu devrais te dépêcher de rentrer ! Avec cette pluie tu vas attraper froid ! » Je ne trouve pas mes clés, à croire qu'elles se cachent, c'est bien ma veine.
« Si tu veux vraiment que je m'en aille je le ferai. » Il parle fort au dessus de la pluie et je serre mes lèvres, pour ne pas lui montrer que je pleure encore, et que c'est encore à cause de lui. « Mais d'abord... peux tu me dire si tu acceptes mes excuses ? » Je me fige dans mes mouvements et me tourne vers lui brusquement.
« Tu trouve vraiment que c'est le moment de parler de ça ! On est sous la pluie Harry ! » Je pointe mon visage trempé et mon corps tremblant de froid et il hoche la tête.
« Tu ne m'as pas vraiment laissé le choix. » Il semble pousser une rire ironique et j'essaie de ne pas voir rouge, mais c'est dur, et je peste un juron en trouvant enfin mes clés, pour les appuyer contre le capteur avec force, et ainsi démagnétiser la porte. Mais je n'arrive pas à entrer, la main sur la poignée, immobile devant le mince ouverture. Je pourrais entrer et le planter là, mais ma conscience me l'interdit, et je me tourne de nouveau vers lui.
« Où est ta voiture ? » Je demande, le ton marmonnant, et il semble se redresser dans la surprise, le regard fuyant.
« Je... je suis venu en métro. » Je me claque le front. J'ai l'impression de m'occuper d'un bébé de maternelle.
« Entre. Je voudrais pas que tu attrape un rhume parce que t'as marché sous cette pluie. » Je pousse un soupir et me décale le long de la porte en l'ouvrant en grand. Il hésite une seconde en me regardant, puis me fais un signe de tête accompagné d'un merci à voix haute, et entre sans se faire prier d'avantage.
Je sens mon cœur devenir gros dans ma gorge et je passe mes mains sur mon visage. L'immeuble n'est vraiment pas loin du café, mais avec cette pluie incroyable et cette bataille contre mon sac, j'ai l'impression d'avoir sauter tout habillé dans une piscine. Je grelotte et lance un regard rapide vers notre reflet dans le miroir de l'entrée. Dans le silence, on ne peut entendre que nos vêtements qui dégouline et le son de la pluie dehors. Harry me regarde, il ne dit rien. Son regard est vissé sur ma silhouette et moi je regarde la sienne dans le miroir. J'ai mal qu'il soit si loin, mais je ne le veux pas plus proche pour autant.
« Tu peux rester jusqu'à ce que ça se calme. » Je marmonne finalement, essorant mes cheveux avant de les secouer, puis partant vers l'ascenseur. « Aller, amène toi. »
« Louis attends. » Je me tourne vers lui, un sourcils haussé alors qu'il serre ses poings, comme pour se donner le courage d'agir. « Est-ce que tu me détestes vraiment ? » Il me faut une petite seconde pour comprendre pourquoi il dit ça. Puis ça me revient : la dernière chose que je lui avais dites avant ce soir... c'était que je le détestais. Je serre mes lèvres. Il n'y a aucun moyen que je réponde à cette question, ce serai trop en dire.
« Dépêches toi, j'ai froid. » Il se serre sur lui même et je sens que c'est lui, maintenant, qui va se remettre à pleurer et ça me donne encore plus envie de courir me mettre au lit, pour vite passer à demain, et laisser tout ça ici, dans ce présent bientôt passé révolu.
« Répond s'il te plaît. » La lumière automatique de l'entrée s'éteint, et son capteur est hors de porté, alors Harry devient soudain une simple silhouette replié sur elle même. Il avait, d'ores et déjà la tête baissé, mais maintenant je ne distingue même plus les bords de son visage.
« Déjà c'est quoi cette question nulle là ! » Je hausse le ton, pour en prendre un plus claquant, plus agacé, et espérer lui faire lâcher le morceau.
« Répond ! » Il cris plus fort que moi et je recule dans l'ascenseur ouverte, dans mon dos, quand il approche pour entrer à son tour.
« Bien sûr que non merde ! » Je claque ma main sur le bouton de mon étage, en même temps que les mots frappe le silence avec énervement. Les portes se ferment derrière lui et l'air vient déjà à me manquer. J'aurai dû prendre les escaliers, mais j'ai pris l'ascenseur. Je prend rarement l'ascenseur. Pourquoi l'ai-je prise aujourd'hui ? Pour me retrouver dans un minuscule mètre carré avec lui ? Seul ? Alors que mon cœur crève d'envie de rejoindre le sien et que mon corps est terrifié de le toucher ? Est-ce que j'ai des envies masochiste ? Je baisse les yeux et me serre dans mon coin, priant pour qu'il reste dans le sien. « Je t'aurai pas dit de rentrer sinon, t'es con ou quoi ! » Je serre mes bras et tremblote lentement contre la parois glacial de l'espace exigu. Je vais attraper une pneumonie avec ces histoires, et ce sera sa faute. « C'est pas l'envie qui en manquait, crois moi. Mais t'es chiant, t'es unique, et tu refuses de sortir de ma tête. » Mes joues brûlent un peu plus et j'essaie de fuir un peu plus son regard, de fondre ou de m'enfoncer dans le mur et de rejoindre la poussière des choses qui n'existent plus. Je n'aime pas m'ouvrir à ce point. Je veux le haïr, mais je n'arrive qu'à me haïr moi même de ne pas savoir comment ne plus l'aimer.
Il ne répond pas. Il ne bouge pas. Je ne sais pas quoi faire. Qu'est ce qu'il attend de moi, exactement ? Que je dise quelque chose d'autre ? Que je lui demande une question en retour ? Je n'ai aucune questions, où plutôt si, j'en ai, des tonnes, mais pas une seule d'entre elles ne sont pour lui. Comme à chaque fois, mes questions ne sont que mes doutes et mes peurs, parce que je suppose que j'ai changé, mais pas assez pour ne plus me poser de questions, m'auto-flageler ou avoir peur de confier ma personne à quelqu'un, même et surtout si c'est à lui, pour la deuxième fois.
L'ascenseur s'ouvre enfin, et l'air s'engouffre dans mes poumons en même temps. Je sors le premier, le plus vite possible, esquivant le plus possible son corps dans le passage et m'enfuyant dans le couloir tandis qu'il est sur mes talons. Arriver devant ma porte, je ne perd pas une seconde pour enfoncer ma clé dans la serrure et entrer. J'abandonne veste, sac et chaussures dans l'entrée, et laisse ouvert derrière moi, pour lui, pour aller chercher des serviettes à la salle de bain, sous le lavabo.
Dans l'entrée, la porte se ferme, et mon cœur rebondi contre mon estomac. J'ai envie de vomir. Je suis dans mon appartement, avec Harry. On est seul, on est trempé, je vais devoir lui offrir de quoi se réchauffer, et peut-être même d'autre vêtement... je me suis tendu un piège à moi même, encore, et je ne l'ai pas vu venir. Qu'est ce que je vais faire ? Je vais retourner là bas ? Et le regarder ? Tremper dans ses vêtements ? Obliger de devoir se changer ? Obligé de le savoir nu dans ma salle de bain ? Mon cœur s'emballe. Je ne devrais pas être en train de penser à des choses comme celle-ci, mais je n'arrive pas à m'en empêcher.
Je déboule dans l'entrée, rapidement, et ne lève pas les yeux quand je lui envoie une des deux serviettes, que j'ai à la main, en plein dans la figure. Il pousse comme un cri de surprise, qui s'étouffe dans la serviette et me permet de m'assurer qu'il l'a bien reçu, et, toujours sans lever les yeux, je rebrousse chemin dans la pièce à vivre.
« Si tu veux prendre une douche vas-y, la salle de bain est dans le couloir, à droite. » Je passe ma propre serviette sur ma tête pour frotter mes cheveux et entend Harry derrière moi.
« Sois pas bête, je portais une veste moi, je suis bien moins mouillé. Vas-y d'abord. » Dit-il, de sa voix nonchalante, plein de son assurance naturel, comme si tout allait bien, et que j'étais le seul de nous deux à vouloir imploser à cause de sa proximité dans un lieu privé et intime, dans lequel je vis. J'ai envie de pleurer, encore, et toujours. Est-ce que ça ne lui fait vraiment rien, à lui ? « Louis ? »
« Arrête... d'appeler mon prénom s'il te plaît. » Je renifle stupidement, comme le petit être pitoyable que je suis, emporté dans mon amour pour lui.
« Pourquoi ? » Il approche, mais si il approche de trop je risque de ne pas pouvoir me retenir. Retenir de faire quoi ? Je ne sais pas trop.
« Ça... ça fait mal. » Parce que tu le dis, et que quand il sort de ta bouche, ça sonne comme une caresse fantomatique, et que tes vrais caresses me manquent. Ça fait mal, parce que tu le dis, mais que tu ne me touche pas vraiment.
Je lève mes yeux vers lui, et on se regarde à nouveau. Je ne sais pas si j'ai pensé assez fort pour qu'il l'entende, ou si il a compris de lui même, mais sa serviette tombe par terre et d'un seul coup il comble toute la distance qui me sépare de lui. Doucement, il attrape mon visage entre ses mains, et ma serviette tombe à son tour. Ses mains sont chaudes sur mes joues et je crois que des larmes coulent. Mais je ne suis pas malheureux. Mon cœur s'emballe, et je tombe, je tombe, encore et encore et je m'écrase chaque fois un peu plus fort. Il passe ses pouces sur mes joues, pour les essuyer, mais à quoi bon, alors que je suis devenu une fontaine ? Mon souffle passe bruyamment dans ma gorge et je sanglote comme un idiot en m'accrochant à lui, à ses vêtements.
Je pleure. Je n'arrive même plus à tenir les yeux ouverts. Je pleure. Je ne suis que larmes. Larmes de bonheur, et de malheur. De douleur, et de soulagement. Il me touche. Ses mains sont sur ma peau, s'enfonce dans mes cheveux trempés, et mes genoux deviennent faibles. Je le touche, je me tient à lui, et il me tient en vie. Je le tire vers moi, un peu plus, plus encore, encore un peu. Je veux le toucher plus, un peu plus, plus encore, encore un peu.
Son souffle brûle ma peau. Son nez brûle le mien. Ses lèvres brûlent les miennes. Sa bouche brûle la mienne. Son baisser étouffe mes sanglots. Je fond dans son touché. Il veut reculer, mais c'est trop tard, je ne le laisserai pas faire, on a perdu tout les deux. Je le tire plus proche, ne laissant qu'un sanglot accueillir ses lèvres à nouveau. Et je pleure, encore plus fort, plus que jamais, en le serrant contre moi et en l'embrassant comme je ne pense pas avoir embrassé quelqu'un avant. Comme si je reprenais vie, comme si on me rendait de l'oxygène après une apnée bien trop longue, comme si je me réveillais après un cauchemar. Je l'embrasse et je le serre contre moi, comme si j'avais peur qu'il s'évapore, qu'il devienne un nuage. Je l'embrasse comme si c'était la dernière chose que je ferai avant de mourir.
« Tu me manque tellement putain. » Je sanglote abruptement, me tenant à lui pour ne pas tomber au sol, et le poussant à me soulever pour me porter à bout de bras, mais comme toujours avec lui, c'est comme si je ne pesais rien. « Y a plus rien qui a de sens sans toi Harry. » Je m'effondre pour de bon, mais je tiens bon en même temps, et lui reprend un nouveau baiser, saisissant son visage, ses cheveux, son col, tout, tout ce qui peut me rappeler qu'il est bien là, que je ne rêve pas, et qu'au milieu de mes larmes il m'embrasse et m'aime toujours.
Il me serre fort, ses mains serrant mon corps contre le siens pur ne pas me laisser tomber, alors que l'on pleure dans le baiser le plus intense que l'on a jamais partagé. Il me serre comme si j'étais précieux, comme si j'allais m'évader. Il pleure et soupir de bonheur en même temps, sanglotant et tremblotant, alors que mon cœur s'emballe encore et encore, chaque fois que sa bouche se saisis de la mienne et qu'un de ses sanglots embrasse les miens. Je ne pensais pas qu'une personne, qu'une paire de main ou de lèvres pouvaient à se point venir à manquer à quelqu'un. Mais je dois m'y rendre à l'évidence. Tout ce temps, mon corps ne faisait qu'attendre la seconde où je le retrouverai. Alors je pleure, de bonheur, de bien être, de soulagement.
« Toi aussi Louis... tu manques à ma vie. » Souffle-t-il rudement contre ma bouche, avant de la cueillir à nouveau, les mains tremblantes contre mon corps et un sanglot mourant sur mes lèvres.
Je tombe encore, sur des kilomètres, je tombe du ciel et droit sur la terre, et pour la première fois... j'ai l'impression que quelqu'un m'a rattrapé. Et c'est lui. C'est Harry. Il est là. Je me suis brisé, encore et encore, et je suis tombé, encore et encore, dans mon amour pour lui, et cette fois il est là, et il m'a attrapé. Pour de vrai. Il est là. Il est vraiment là, et il m'embrasse, il me serre contre lui, il me tient, il me touche, comme pour être sûr que c'est bien moi, il pleure de soulagement et de détresse de vouloir me sentir un peu plus. Il est là, il me tient, et je ne veux plus jamais qu'il me lâche.
« Je t'aime tellement... je ne veux plus jamais me séparer de toi. » Râle-t-il en suivant une ligne de baiser sur ma joue et droit dans mon cou, alors que je le tire contre moi un peu plus, d'une main dans sa nuque. Plus proche, plus encore, ne me lâche pas, ne part pas, reste.
« Alors ne me laisse plus jamais partir. » Je souffle en réponse, enfonçant mon visage dans son épaule, pour prendre une inspiration de son odeur qui, bien que couverte par l'odeur de la pluie, est toujours la même et glisse en moi avec un sentiment de réconfort hors du commun, qui m'avait manqué. C'est lui, c'est fini, ça y est, il est là... et il m'aime.
« Plus jamais. » Acquiesce-t-il. « Plutôt mourir que de te perdre à nouveau, de rester loin de toi comme ça à nouveau, sans pouvoir te parler et te toucher. » Il remonte sa bouche vers mon oreille et sa voix suave me fait frissonner, surtout si c'est pour l'entendre me dire quelque chose comme ça, d'aussi fort, d'aussi bon. Surtout si c'est pour me dire qu'il souffre sans moi.
Je glisse dans la chaleur de sa voix, je gémis de bonheur, et il embrasse ma peau à nouveau. Je vais mourir ce soir, mourir de bonheur, surtout quand on tombe ensemble dans mon lit, surtout quand il me déshabille, lentement, prenant le temps de retrouver tout ce que j'ai à offrir les yeux fermé du bout de ses lèvres, surtout quand je peux le toucher aussi, ses cheveux, son visage, ses hanches, son dos, ses épaules, ses cuisses. Quand je le regarde je souris au travers des larmes, je fond dans mon amour pour lui, dans ses mains qui se faufilent, qui glissent, qui cherchent. Je veux lui rendre, tous, toutes les sensation, toutes les caresses, tous les frissons.
Il m'embrasse, il me serre, et je m'essouffle contre lui, serrant mes bras à en avoir mal aux muscles. Je ne veux pas le lâcher, je ne veux pas qu'il s'éloigne. Il est grand au dessus de moi, et ça m'avait manqué de le voir ainsi, me surplomber, m'aimer, apprécier mon corps et mon être. Ça m'avait manqué, les regards vitreux et fiévreux que l'on échange pour s'assurer que l'autre va toujours bien. Ça m'avait manqué, cette monté de désir et de plaisir au fait de voir le bien que je lui procure s'imprimer sur son visage. Sentir ses bras autour de moi, ses mains sur ma poitrine et sur mes hanches, ses baisers sur ma peau, sur mes lèvres, sa langue, ses mouvements, sa respiration lourde et chaude, ses gémissements, sa peau sous mes paumes, ça m'avait manqué. Comment j'ai fait pour vivre sans lui ? Pas simplement le sexe, mais lui, sa personne, comment ai-je fait ? Pour vivre sans voir son visage le matin, sans avoir son baiser de bonjour, son baiser de bonne nuit, ses caresses de je t'aime, ses mains de ne t'en vas pas, ses regards de je t'admire, ses sourires de merci, sa présence ? Comment j'ai fais pour survivre ? Comment j'ai fais pour vivre sans son amour sous toutes ses formes, dont la plus brute d'entre toutes ? Comment j'ai fais pour vivre aussi longtemps sans lui ? Même avant que l'on se rencontre ?
Je me tord dans mes draps, je pleure et je geins, je sanglote et je gémis, je m'essouffle et je râle longuement sur la fin du souffle. Ses mains sont chaudes et son souffle m'ensorcelle. Il pleure lui aussi, on a pas réussi a s'arrêter, à aucun moment, ça fait beaucoup trop de bien de se retrouver et alors on pleure. On pleure quand on s'embrasse et se caresse, on pleure quand on se touche et gémis, quand on râle et bouge sur le lit. On pleure mais ce n'est pas triste. Non. On s'aime, et on s'est manqué, et on s'est retrouvé, et ça fait du bien. On pleure parce qu'on ne veut plus se quitter. On pleure parce que se faire du bien l'un à l'autre nous a manqué. On pleure parce que c'est un peu comme si on se disait je t'aime. Et je me sens bien alors, en même temps, bien que perdu dans des larmes qui me font mal au crâne, bien que misérable parce que ses mains m'ont manqué à un stade incalculable, je me sens bien, je me sens en sécurité, aimé à ma juste valeur. Je l'aime et je l'embrasse, je me tiens à lui comme je me retiendrais à un rocher au milieu d'une tempête. Non, je me tiens à lui comme je me fierai à un phare dans la nuit, à un oasis au milieu d'un désert, une chanson qui répond à mes peurs.
Je crois que je lui dis que je l'aime quand je jouis. Je crois que je le redis quand il s'effondre sur moi et qu'il laisse des centaines de baisers collants dans mon cou. Je crois que je le redis quand il caresse mon visage. Je crois que je le redis quand il m'embrasse. Je crois que je le dis quand il s'endort. Je crois que je le redis avant de m'endormir. Je crois que je le dis même dans mes rêves.
« Je t'aime Harry. »
Mon réveille sonne, mes yeux s'ouvrent. La lumière du jour passe sous mon volet entre ouvert. Dans la chambre il n'y a que le bruit de la pluie et du silence pour me dire bonjour quand je fais taire mon téléphone. Je fronce mes sourcils en regardant autour de moi. Mes vêtements de la veille ont disparu de là où ils ont été jeté, et, plus incroyable encore, tous mes autres fringues qui jonchent habituellement le sol ne sont plus là non plus. Je me tourne dans le lit. L'autre côté et vide, même la chaleur de la personne qui était allongé là à disparu. Je gratte ma tête en me redressant, et observe le décor sans vie de ma chambre, comme si je ne le reconnaissait pas, comme si je m'étais attendu à me réveillé dans un lit immense et sans bord, sous des guirlande de lumière.
Un drôle de sentiment s'abat sur mes épaules. Ai-je peur ? Suis-je triste ? Angoissé ? Anxieux ? Pour quoi ? Parce que je me suis réveillé seul ? Je me lève de mon lit et attrape un sous-vêtement, pour ne pas rester nu, après avoir nettoyer mon ventre rapidement. Je sors de ma chambre, et baille dans ma main. Dans le couloir, je remarque deux choses. Un, la machine à lavé dans la salle d'eau est en marche. Deux, ça sent le bacon. Je fronce un peu plus mes sourcils et rejoins la pièce à vivre et la cuisine, puis loin.
Je me plante dans le cadre sans porte du passage à la cuisine et trouve, juste là, aux fourneaux, Harry en train de faire cuir quatre œufs et des tranches de lard dans une poêle. J'ouvre des yeux surpris en le fixant, alors qu'il ne me voit pas. Mon angoisse descend et je saisis alors que j'ai eu peur, pendant une seconde, qu'il soit partit, que mon angoisse venait de là, mais que je n'ai pas saisi tout de suite parce que je savais très bien qu'en vrai... il était toujours là. Je m'approche doucement, sans bruit, et encadre ses hanches de mes bras pour l'enlacer et laisser un baiser sur sa peau, puis je pousse un soupir en appuyant ma joue contre son dos, me coinçant là comme dans le plus douillé des oreillers.
« Bonjour. » Je chuchote, sur un ton de voix encore un peu endormi.
« Bonjour Lou. » Répond-il, chantonnant presque. « Bien dormi ? » J'entends le sourire dans sa voix, et je glousse un petit peu en le serrant plus fort une seconde.
« Avec toi... toujours. » Il rit gentiment à son tour, et passe une main sur mon bras, le suivant jusqu'à ma main pour la serrer doucement. « Et toi ? »
« Bien. Mieux que ces deux derniers mois. » Je le serre encore un peu plus fort, comme pour extraire de lui les sentiments de peine que ces souvenir laissent en lui. Je ne veux pas penser à ça si tôt le matin, je ne veux pas déjà me rappeler que notre vie n'est pas comme ça depuis toujours, que l'on a passé, tous les deux, des semaines et des moments terrible loin de l'affection l'un de l'autre.
« Tu as fais ma lessive. » Je remarque à la place, déclenchant un rire un peu moqueur de sa part.
« Oui, j'ai vu l'état de ta chambre ce matin et je me suis dis que je pouvais pas laisser ça comme ça, alors je me suis permis. » Je ricane.
« T'as bien fait, je l'aurais jamais faite sinon. » Je hausse mon épaule et soupire en fermant mes yeux.
Sa peau est chaude, et j'en profite. Je voudrais lézarder là toute la journée, à écouter son cœur battre, soulevé par sa respiration, collé contre sa chaleur. Je me sens bien. Je suis un peu retourné par la rapidité de notre fin de soirée, comment il n'aura fallu qu'un baiser de sa part pour que je retombe à pic dans ses bras, comme la première fois. Ça me fait sourire. Il ne m'aura pas fallu grand-chose pour oublier tout ce qui me retenais de me jeter dans ses bras à cœur perdu. Pour oublier que je voulais le repousser et pour réaliser que si je l'aime et le veux dans ma vie à nouveau... alors soit. Dans trois semaines il va repartir, et je ne veux pas passer ce temps à le faire courir derrière moi. Surtout parce que je ne sais pas trop si ça me plaît de savoir que je vais à nouveau me retrouver ici tout seul, loin de lui. Il est vrai que ça ne tient qu'à nous que les choses se passent différemment, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur, pour une raison ou une autre, et de vouloir, alors, profiter du temps qui s'offre à nous.
« Lou ? » Il sort la poêle du feu pour la mettre sur le côté et préparer deux assiettes. « Est-ce qu'on est à nouveau ensemble alors ? » Il se tourne vers moi, croisant ses bras, le visage coincé dans un air sincèrement interrogateur et je souris en le voyant ainsi.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, peut-être parce qu'au moment où on s'est mis en couple initialement c'est déjà parce qu'il était sûr de me vouloir et qu'il voulait être sûr que moi aussi. Puis ensuite je rigole pour moi même, parce que hier j'étais perdu, mais que ce matin je sais à nouveau quoi faire. Une nuit d'amour et un regard de sa part, c'est tout ce qu'il fallait pour que je sache enfin.
« Oui. Si tu veux bien de moi. » Il pousse un petit rire et son froncement disparaît de son visage, emportant avec lui une des épines enfoncer dans mon cœur meurtrie.
Je sais que j'ai encore mal, que tout n'est pas tout a fait derrière nous. Je sais qu'on ne passera pas au dessus comme ça, en un claquement de doigts. Alors j'ai encore peur, pour cela sûrement, mais quand je le regarde, souriant alors qu'il place dans nos assiettes notre petit-déjeuné, je sais que ça va, que ça ira. Il vient de retirer une épine coincé dans les plaies de mon cœur, alors je sais. Tout ça va laisser des traces, cette rupture, ces douleurs, ces erreurs. Notre relation ne redeviendra jamais comme elle l'était, mais à la place elle renaîtra, changé, plus forte. Comme moi, comme lui, elle se rebâtira sur des ruines. Ensemble, on pansera ces plaies, ces maux, et on sera plus forts. On rebâtira ce qui a était brisé, mais on le rebâtira plus fort, plus grand, plus beau, comme nos deux vies, parce qu'on s'aime et que c'est tout ce qui suffit dans une relation comme la notre. S'aimer, s'entendre, rebâtir, grandir, changer.
« Tu te souviens de ce que je t'ai dis au téléphone ? » Demande-t-il en attrapant les assiettes pour aller les poser sur la table à manger. Je fronce mes sourcils en le regardant et hoche la tête. Mon cœur s'emballe. « Alors ? »Il tend sa main gauche vers moi et dans sa paume il tient une de ses bagues, une des plus jolies, une de celle que je préfère.
Je m'approche doucement, comme pour être sûr que c'est bien cette question qu'il est en train de me poser. Je regarde sa paume, et la bague. Elle est belle, elle est fine. Elle est en argent et a une forme de cygne enroulé autour du doigt, avec un cou anormalement long. Je l'aime bien, j'aime particulièrement les yeux de l'animal représenté par deux petit zirconium. Je souris. Je ne sais pas si il y a une raison pour qu'il ait choisi cette blague pour symboliser ceci, mais je ne vais pas lui demander. J'ai les idées clair ce matin, et la question ne se pose pas vraiment pour moi, je sais ce que je dois faire, je sais ce que je dois répondre.
Je tend ma main vers la sienne, en souriant toujours, et attrape tendrement ses doigts. Le plus amoureusement et doucement possible, tenant son poignet en coupe, je replie ses doigts et referme sa main sur le bijou. Mes yeux remontent vers les siens et, aussi vite qu'un éclair, je vois une couleur de peine apparaître au fond de la forêt de son iris. Mais je glousse et saisit doucement sa joue, pour lui signifier que ce n'est pas un non que je lui offre, mais ce n'est pas un oui non plus.
« Pose moi cette question un autre jour. Plus tard. Quand je ne m'y attendrai pas, et qu'on ira mieux pour de vrai. Quand tout ça ne sera plus aussi frais. » Je repousse doucement sa main vers lui et il sourit en hochant la tête.
« D'accord. » Dit-il, avant de se pencher vers moi pour m'embrasser.
Il me tire contre lui, et repasse sa bague à son propre doigt pour mieux m'attraper, ses grandes mains semblant toujours autant faites pour ma taille et mes hanches. Naturellement, il me soulève et m'assoie sur la table, pour se faufiler entre mes cuisses, et je souris, en serrant ses épaules. Son souffle est chaud, ses baisers sont brûlants, ses mains sont en flammes, et mon amour pour lui est un brasier. Quand je le tire vers moi je sais que mon corps hurle 'ne me lâche pas' et que le siens répond 'toi non plus'.
Il faudrait probablement que le monde explose pour que je le lâche à nouveau. Et ça fait peur, ce genre d'amour, ce genre de sentiment qui n'en finissent plus de grandir. Ça fait peur d'aimer quelqu'un comme ça, si fort. Mais au fond, ce n'est qu'une peur qui signifie que je l'aime vraiment, que j'avais raison et qu'il est bel et bien mon âme sœur. J'ai peur de lui faire mal, j'ai peur qu'il parte, mais ce n'est que parce que je l'aime. Alors est-ce que ce n'est pas une bonne chose, au fond ? Je ne sais pas. Je ne sais pas grand-chose. Je sais juste que l'univers est grand, et que Harry est mon âme sœur, et que je ne veux plus jamais être loin de lui. Je sais juste que demain est beau, mais qu'il l'est encore plus si je peux l'avoir à mes côtés. Je sais juste que de la pire douleur de ma vie est ressortie la meilleur chose qui me sois jamais arrivé. Je sais juste qu'ensemble on fait de grandes choses. Je sais juste qu'avec lui je suis meilleur. Je sais juste que je l'aime.
Et quand je tombe à la renverse sur la table, couvert par son amour encore une fois, je n'ai plus le moindre doute. C'est lui. C'est Harry. Et ce sera toujours lui.
« Tu sais que je vais te faire essayer du vin pour fêter ça ? »
« Ferme ta gueule. »
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Et voilà. Le dernière chapitre de DAeDV. Je n'ai pas grand choses à dire, j'ai l'impression que je vais pleurer si j'écris quelque chose de trop important ?
J'espère que cette fanfic vous aura plut. J'en suis incroyablement fière et je suis vraiment heureuse que des gens l'ait suivit, lut et apprécié. J'ai reçus beaucoup de commentaire et de retour vraiment précieux qui compte à mon cœur. Si j'ai oublié de répondre à l'un d'être eux je suis désolé ça m'arrive souvent ahah mais j'ai tout lu de ces retours, et tout a eu beaucoup d'importance et m'ont permis de garder foie en ce projet et moi-même.
Je suis vraiment heureuse d'avoir fini et en même temps je suis un peu triste. Il reste encore l'épilogue alors je ne suis pas encore inconsolable mais ça ne serai tarder haha.
J'espère que ce dernier chapitre vous aura plut et que vous n'êtes pas trop triste que Harry ne soit revenu qu'à ce moment mais ça semblait être la meilleure façon pour les choses d'arriver.
Je vous embrasse fort xxxxx
Merci pour tout.
On se retrouve à l'épilogue, dans la semaine 🌟♥️
-Joëlla.
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