Chapitre 56 : Photos d'émotions
Harry et moi ne nous sommes pas reparlé depuis notre conversation téléphonique. Il m'a envoyé un message le lendemain, quand Willow est arrivé à la gare de Montpellier, pour me remercier, mais c'est tout. Il ne m'a pas rappelé, il ne m'a rien dit, ne m'a pas contacté. Je pense que c'est logique. Quand on s'est parlé, il a dit qu'il reviendrai, mais il n'a pas dit qu'il me rappellerai souvent d'ici là. Pour être honnête, il a même dit que c'était 'trop tôt', et si je ne sais pas pourquoi c'est encore trop tôt, je sais que ça signifie que je ne suis pas prêt d'entendre parler de lui avant un petit moment. L'idée me donne envie de soupirer de tristesse, mais je me retiens. Je sais que je ne devrais pas le prendre ainsi. Je ne devrais pas soupirer de tristesse à l'idée de ne pas avoir de ses nouvelles, je ne devrais pas me sentir maussade comme ça, surtout parce que notre dernière conversation a laissé de lourds dégâts. Je ne devrais pas me sentir comme ça. J'en avais fini de tout ça, de lui, de mes sentiments tumultueux.
Cependant, comme armée de sa propre volonté et conscience, mon cœur a prit sa décision, et je me sens ainsi. Malgré mes efforts, ce cœur a commencé à remplir le trou dans ma poitrine avec une mélasse, sucrée et acide, aux couleurs de l'espoir. Et ce uniquement à cause d'un stupide appel téléphonique, dans lequel Harry a dit qu'il reviendrai pour moi, et, qu'apparemment, j'y crois. Je ne le veux pas cependant. Je ne veux pas le croire, je ne veux pas prendre ça pour un acquis, pour une vrai promesse qui sera un jour remplit. Je ne veux pas y croire et je ne veux pas que ça m'obsède et que ça devienne tout ce à quoi je pense. J'ai une vie que je suis en train de me construire et je ne peux pas le laisser tout engloutir comme ça, d'un seul coup. Juste avec une minuscule conversation dans laquelle, soyons clair, rien n'a été dit. Rien d'autre qu'une promesse qui peut très bien n'avoir aucune valeur.
Non, moi, je veux être colère contre lui. Je veux avoir la force de dire que je le hais pour de vrai. Je veux le haïr, m'énerver et crier. Ça faisait un mois que c'était trop tard, que les mots que j'attendais n'avaient pas été dit. J'aimerai que ce soit aussi simple, que je puisse simplement lui dire de me laisser tranquille, que je ne veux plus de lui, définitivement. Mais ce serai mentir, à lui, et aussi à moi même. Je ne dirais pas que je ne suis pas du tout en colère, mais ce n'est pas assez de colère pour me tenir en face de lui et lui soutenir que je veux l'envoyer se faire foutre. La vérité, c'est que tous ces sentiments dans ma poitrine : l'espoir, la colère, l'amour, la hâte, le doute et la peur, se mélange et qu'au final : je suis simplement perdu.
Pris au centre de ces sentiments contradictoire je ne sais plus ce que je pense et ce que je ressens. Je veux être en colère, et je le suis, mais en même temps je l'aime de tout mon cœur et l'idée qu'il me veuille dans sa vie au point de la certitude ne me laisse pas du tout indifférent. On ne m'a jamais voulu à ce point avant, personne avant lui n'avait jamais été aussi sûr à propos de moi et c'est un sentiment qui me fait me sentir spécial, et, tout à la fois, effrayé. Y-a-t-il un protocole à suivre quand votre ex que vous aimez toujours vous dit qu'il revient pour vous et que vous devez vous tenir prêt ? Est-il plus logique de lui en vouloir et d'avoir peur, ou de le pardonner ? Je sais que tout ça n'a pas été facile pour lui non plus, et je sais qu'il a souffert de cette rupture aussi, mais je n'arrive pas à savoir où se situe ma décision et ce qu'elle devrait être.
Devrais-je lui laisser une chance ? Nous laisser une chance ? De s'expliquer, de parler, de présenter des excuses et de se pardonner l'un et l'autre ? Ou devrais-je le repousser ? Soutenir que c'est trop tard pour vouloir me récupérer ? Et que ce n'est pas une promesse suivit par des jours entiers de silence qui vont changer quoi que ce soit ? Je sais que mon cœur doucement se serre quand je réentend sa voix dans le silence m'assurer qu'il va venir me demander de l'épouser, mais est-ce que j'ai assez de force pour accepter ? Ou même pour refuser ? Parfois je me dis que j'aurai préféré que tout reste comme c'était, qu'on ne prenne jamais contact, qu'il ne me dise jamais ces mots là, qu'il n'ait jamais eu l'envie de revenir pour moi, mais à d'autre moment j'ai l'impression de n'attendre que ça. Parfois je rêve qu'il arrive et me supplie de repartir avec lui, de prendre mon nom, et de vivre d'amour et d'eau fraîche avec moi. C'est comme si j'avais commencé à compter les jours en attendant qu'il vienne, même alors que je ne sais pas comment je me sens vraiment à cette idée.
« Tu m'étonnes que tu sois perdu. » Je lève mon regard vers Ella quand elle réapparais dans la pièce, avec deux tasses de thé pour les poser sur la table basse et reprendre place sur le canapé. « Revenir après un mois de silence pour dire ça... Je serai en méga rogne à ta place. » Elle souffle un petit rire quand elle s'enfonce dans son dossier et je souris.
C'est un peu bizarre de parler de ça avec elle. Je n'aurai jamais pensé, il y a quelques mois, trouver une telle confidente en Eleanor. C'est un peu ironique, aussi, qu'on soit proche maintenant qu'on est supposé n'avoir plus rien à faire l'un avec l'autre, et ça me fait un peu plus sourire alors que je la regarde penser à tout ce que je lui ait dit. Bien que ce soit bizarre de me confier à elle, c'est aussi agréable, ça fait du bien. On a beaucoup parlé, elle est moi, on s'est écouté pour bon nombre de chose, et j'en avais besoin, plus encore que je ne l'avais cru, de trouver quelqu'un comme ça dans ma vie. Ce rôle a toujours été tenu par Liam et en frôlant de le perdre j'ai réalisé combien j'étais dans le besoin de vrai amis, le besoin de trouver une personne face à qui je me sens humain et normal, écouté. Ça fait du bien de se sentir ainsi, auprès d'une personne vraiment attentionné et intéressé. D'écouter des conseils donnés de bonté de cœur, juste parce qu'on veut m'aider, parce que je me confie et que je suis entendu. J'avais besoin du point de vu de quelqu'un d'autre, de neutre, besoin qu'on m'écoute. J'étais incroyablement seul avec tout mes problèmes de cœur et elle m'a offert une présence qui me manquait grandement.
« Du coup, tu ne sais pas ce que tu vas lui dire ? » Demande-t-elle, penchant sa tête sur le côté dans le questionnement qui la tient.
« Je ne sais même pas si je veux qu'il revienne. » Je précise en couchant ma tête en arrière, comme si j'étais agacé, lisant des mots que je ne vois pas, sur le plafond, mais qui semble décrire un peu plus clairement ce qui me hante depuis cet appel.
« Il doit bien y avoir une chose que tu sais ? » Rit Ella, et je fais une moue boudeuse.
« Je sais pas ? Je pense ? » Elle hausse ses sourcils en me regardant, comme si elle ne me croyait pas, puis pousse un rire abrupt.
« Déjà... je peux te dire que tu l'aimes toujours. » Pointe-t-elle, comme une évidence, de son index dans le vide. « Tu te plains et tout, tu parles d'être perdu.. » Elle sourit un peu plus et enfonce sa joue dans la paume de sa main, arquant un sourcil moqueur en m'observant. « Mais c'est écrit partout sur ta gueule que tu l'aimes encore. » Pris par surprise, comme un enfant qui fait une bêtise et en a honte, je détourne mon regard, mon visage cuisant sous l'embarras.
Je ne savais pas que c'était aussi simple de lire en moi. Mais je suppose aussi que c'est logique. Mon être entier s'est confondu dans mon amour pour Harry pendant notre relation, et si j'ai fait de mon mieux pour laisser ça dans le passé, l'appel a permis de faire ressortir bien des choses du fond de mon cœur. Alors c'est normal, sûrement, de pouvoir voir en un coup d'œil que je l'aime toujours. Je crois que tout de moi, en passant de mon odeur jusqu'à ma façon de respirer, est pour toujours affecté par Harry et son amour.
« Tu dis ça comme si c'était super grave. » Je marmonne en tirant un moue boudeuse sur le bord de mes lèvres, faisant ricaner mon amie.
« Bien sûr que non ce n'est pas super grave. » Rit-elle avant de se redresser ensuite, prenant un air un peu autoritaire soudain. « Mais je me fais du soucis. » Son regard a l'air très sérieux, et c'est vraiment terrifiant de la voir ainsi.
Ça n'a rien a voir avec le fait que son maquillage sombre durcisse inévitablement ses trais, c'est autre chose. Ella est quelqu'un de très franc parlé de façon général, donc ce n'est pas cette confession inattendu non plus, qui me donne ce sentiment de frisson. C'est plus parce que je ne l'ai jamais vraiment vu comme ça avant. Je l'ai toujours connu très douce et souriante, quand on était plus jeunes, et depuis que je la connais beaucoup mieux je suis très habitué à la voir rigoler, jurer, parler fort, user de sarcasme. Jusqu'à maintenant je ne l'avais, alors, jamais vu aussi sérieuse et sincère, aussi déterminé et sévère. C'est ça qui fait peur. La voir aussi sérieuse d'un seul coup, pour ça, c'est vraiment terrifiant, et ça me donne envie de bien écouter ce qu'elle va dire.
« Je vois bien que tu l'aimes, mais je sais aussi qu'il t'a fais beaucoup de mal. » Souffle-t-elle sur une ton dur, et autoritaire. « J'ai peur pour toi. Je ne voudrais pas que tu passes l'éponge sur tout ce mal que vous vous êtes faits pour de simples belles paroles. J'ai peur que tes sentiments pour lui t'emportent et que tu craque à la première occasion... » Elle tord ses lèvres avec douleur et baisse son regard vers ses collants noir déchirés. « Je sais que je ne suis pas bien placé pour ça... mais si il t'a tant déçut tu devrais lui en faire baver pour te récupérer, et j'ai peur que tu le laisse te reconquérir comme ça, en un claquement de doigts. » Elle serre ses mains avec douleur sur sa tasse et je retiens mon souffle en voyant combien elle est sérieuse.
Je suppose que ça fait partie des choses qui viennent avec cette nouvelle chance à la vie que je me suis offerte à moi même. Je me suis trouvé de vrais amis dans cette tornade incroyable, et Eleanor en fait partit, de toute évidence. Mais je reste un peu bouche bée en face d'elle, parce que je ne savais pas que c'était à ce point. Je savais qu'elle devenait une personne importante pour moi, mais je n'avais pas une seule seconde pensé que la réciproque pouvait aussi être vrai. Je n'avais pas pensé qu'elle pourrait, elle aussi, prendre ma personne tant à cœur, au point de sentir le besoin de me dire ça, de me montrer une part d'elle qu'elle ne montre pas à n'importe qui et pour me confier sa crainte de me voir souffrir de nouveau. Elle ne sait pourtant de cette histoire que ce que je lui ait raconté, mais déjà elle prend un partie évident de mon côté, et je crois que ça me touche.
« Je ne pense pas que je vais passer l'éponge comme ça, si ça te rassures. » Je hausse une épaule. « C'est juste que... je pense à lui, à tout ça, si il va vraiment venir, à ce que ça signifie pour moi et lui... pour nous. » Mon regard rêveur saute sur la fenêtre et l'agitation dans la rue en dessous, que je ne peux pas voir mieux qu'avec mes oreilles.
« Je sais bien que t'y penses. » Soupire-t-elle. « Mais si ça te fait mal tu devrais pas... c'est ça que je suis en train de te dire. » Elle hausse ses sourcils l'air sérieuse et intimidante et je bougonne un peu plus, faisant dodeliner ma tête à droite et gauche comme pour essayer de calmer mon cerveau et sa surchauffe de plus en plus lourde à porter.
« Je sais oui. » Marmonné-je. « Mais... » Je serre mes lèvres et elle soupire à nouveau, enfonçant son menton dans sa main et m'observant avec impuissance et désolation.
Elle ne dit rien, mais je comprend quand même ce qu'elle en pense. Après ce que j'ai dis, et par sa position, il est facile de prendre parti pour moi. Je ne pense pas avoir raconté les choses de façon biaisé, mais elle est mon amie et instinctivement elle aura tendance à diminuer mes tords pour aggraver ceux de Harry, alors il est plus simple pour elle de voir la situation comme ça, de me dire de ne pas le contacter, de ne pas le laisser revenir si facilement. Mais dans ma tête ce n'est pas la même chose, ce n'est pas aussi facile. Je ne peux pas être aussi catégorique avec mes sentiments, même si je le voudrai, parce que je connais Harry. Au delà de toujours l'aimer, le vrai problème est simplement que je le connais, que je sais tout ce qui l'a poussé à agir comme il l'a agit, et que ma colère n'est pas assez forte pour me faire ignorer tout ça. Si je suis devenu indulgent envers mes tords, je le suis aussi devenu envers les siens, et ce serai, là aussi, mentir au monde et à moi-même de persévérer dans une colère noirâtre comme celle que je ressentais il y a peu.
Je pense avoir pris du recule sur cette situation est tout ça, et maintenant que je suis là et vois les choses dans leur ensemble ça paraît plus clair. Tout à la fois, cependant, ça me paraît aussi de plus en plus confus. Et il est là le 'mais'. Je vois tout et je sais tout de cette rupture, mais ça ne m'aide pas à savoir ce que je ressens, au contraire même, puisque c'est ça la source de tous ces sentiments pesants et contradictoires. Ce qui veut dire que quoi je pense, ne fait que boucler sur soi-même et me ramener là où j'ai commencé. Chaque virage de la boucle me ramène plus proche d'une ouverture que je peux apercevoir sans vraiment l'atteindre, passant devant comme quelqu'un passe devant un champs au bord d'une route, sans jamais pouvoir sentir l'herbe de ses mains.
« Crois moi j'en ai assez d'y penser. » Je précise soudain, en me tournant vers elle pour rencontrer son regard désolé et sa bouche tordue dans un air désemparée. « Mais il est... tout le temps dans ma tête. » Je passe mes mains sur mon visage et soupire lourdement, tombant à pique en avant « Je suis supposé travailler sur un projet pro et chaque fois que je m'y penche je suis pris par des angoisses à cause de tout ça. »
« Louis... » Souffle mon amie en se penchant vers moi, pour passer sa main dans mes cheveux.
« C'est... comme si j'arrivais plus à ne rien faire, et j'aime pas ça, j'aime pas avoir l'impression que je n'attend que son retour et que je ne peux pas vivre sans lui. » Je serre mes lèvres pour ne pas risquer de me mettre à pleurer à la simple idée que je sois devenu dépendant de lui. Parce que je ne veux pas l'être, je ne veux pas dépendre de quelqu'un, même de lui, ça fait peur, je veux pouvoir vivre en étant ma propre personne et pas juste une part d'un tout. Ça fait peur de me dire qu'il suffit qu'il me dise qu'il va revenir pour que je veuille tout mettre en pause pour lui.
« En même temps... il t'as demandé en mariage. » Dit-elle. « C'est normal que ça t'angoisse pour ton futur. » Je lève mes yeux vers elle, surpris de la voir répondre ainsi. « T'as des plans, c'est tes plans, c'est ta vie, et si Harry revient... Bah il remet tout ça en cause. » Elle hausse ses épaules en souriant d'un air rassurant et je cligne des yeux sous le sentiment incrédule qui coule en moi.
« Harry remet tout en cause ? » Elle hoche la tête et pousse un petit rire.
« Bah... le futur c'est déjà assez incertain, mais en plus si ton ex dit qu'il va revenir et que tu dois te préparer... c'est normal que ça devienne encore plus dure de te projeter. » Elle me sourit un peu plus, alors que ses mots s'enfoncent en moi comme une dague et résonnent dans ma tête comme un gong.
Harry remet tout en cause. J'ai mes plans. J'ai ma vie. J'ai mon futur. Et Harry arrive et ça remet tout en cause. Si il revient dans ma vie, alors je dois tout recalibrer, mes plans ne peuvent plus rester autour de mon propre cercle. Si Harry revient dans ma vie, alors mes plans doivent s'agrandir, se moduler et changer, pour l'inclure dedans, lui et les éventuels plans qu'il peut aussi avoir. Si il revient alors on va inévitablement devoir tout mettre à plat, et trouver comment faire fonctionner tout ça. Donc ça fait peur de me lancer dans mon projet avec Émilie si aveuglément, alors que mes plans peuvent être remis en cause. Je peux accorder que je ne sais même pas vraiment si c'est le cas, si Harry va revenir pour de vrai, mais je crois que, justement, ça en rajoute un peu plus à cette montagne d'angoisse que je ressens. Il a dit qu'il revenait et mon esprit veut tout mettre en pause. Je ne pense pas que ça changerai grand-chose, en soit, qu'il revienne, mais de la même façon ça changerai beaucoup de chose. Si mon moi devenait un nous à nouveau, si mes plans devait comprendre une seconde personne, beaucoup de chose changerai alors que tout à la fois non.
Je crois que le pire c'est que je n'ai même pas envie de me projeter avec Harry. Au jour d'aujourd'hui telle qu'est notre situation, je ne veux pas l'imaginer. Je n'ai pas envie d'y penser. Mais de toute évidence j'y pense. Pire encore que d'y penser, je l'imagine, bien trop, trop bien. Un monde où je rentrerai du travail le soir et où je trouverai Harry à la maison, assis sur le canapé, en train de me sourire, où on pourrait se raconter nos journées et se plaindre ensemble, c'est un monde qui semble tellement agréable. Je sais que, lui et moi, on a déjà passé beaucoup de temps ensemble, mais ce n'était que des vacances pour moi, et ça semble profondément différent et attrayant que de vivre un quotidien banal avec lui. Ce sentiment au fond de moi, me hurle que je ne veux pas que l'été de Harry, je veux tous ses étés, et ses hivers, ses automnes et ses printemps. Je veux ses Noël, ses Halloween. Je veux une vie banal de deux personne vivant ensemble, je veux le plus simple de la vie et je veux le vivre avec lui. Et je hais vouloir tout ça. Je hais que ça me monopolise tellement que je n'arrive plus à penser comme il faut.
« T'as raison... » Je soupire et secoue mes cheveux comme pour essayer, par le mouvement brusque, d'effacer toutes ces images dans ma tête, de lui et moi et de la vie que l'on pourrait vivre.
« Ça va aller, tu trouveras une solution le moment venu. » Elle hoche la tête d'un air décidé et je lui souris gentiment en prenant une profonde inspiration. « Même si ce n'est... que quand il est en face de toi. » Elle pousse un petit rire et je râle bruyamment.
« Ça va encore être une durée indéterminée de confusion total. » Je laisse ma tête tomber en arrière. « J'ai du travail ! Je ne peux pas me permettre de rêvasser à son retour comme ça ! » Elle rit un peu plus et tapote mon genoux. « Pourquoi c'est si dur de comprendre ce que je veux... » Je marmonne en fixant le plafond à nouveau, sentant une profonde émotion m'envahir, quelque chose de triste et colérique en même temps, de mélancolique et frustré.
« Si je pouvais savoir pour toi je le ferai Loulou. » Je fronce mon nez et remet ma tête dans le bon sens.
« M'appelle pas comme ça c'est bizarre. » Elle ricane d'un air maléfique et je prend une profonde inspiration en jetant un œil à l'heure rapidement. « Je pense que je vais te laisser, je voulais passer voir Liam avant d'aller au travail. » Liant geste à parole je me lève de ma place et la regarde s'assurer de l'heure à son tour avant de me suivre.
« Oui bien sûr. » Répond-elle. « Surtout passe le bonjour pour moi ! » Elle sourit et je le lui renvoie, attrapant ma veste sur une des chaises de l'espace salle à manger.
« Je le ferai. » Je hoche la tête.
« Il va bien, d'ailleurs ? » Demande-t-elle quand elle passe devant moi pour rejoindre la porte d'entrée.
« Oui, il se remet doucement ! Il voit un psy assez souvent et les médecins commencent doucement à parler de rééducation. Il tient le bon bout. » En réponse, Ella plaque sa main sur son cœur et penche la tête sur le côté avec attendrissement.
« Oh ça fait plaisir à entendre. Je penserai à lui acheter un petit cadeau bientôt. » Souffle-t-elle quand la porte s'ouvre.
« Ça lui fera très plaisir. Merci Ella. » Je sors sur le palier et la regarde coucher une main sur le battant en bois en souriant.
« Pas de soucis. » Elle sourit. « Revient quand tu veux surtout, et oublie pas ce que je t'ai dit hein... fait le ramper. » Elle fait un clin d'œil et je ris joyeusement en hochant la tête avant de lui dire un dernier au revoir et de partir une fois la porte fermé.
Instinctivement, dès que je suis à nouveau seul, je sors mon téléphone de portable, pour vérifier mes notifications, et être sûr que je n'ai pas de message de Liam ou d'un certain garçon. Mais je ne trouve rien de tout ça. Au milieu de mes notifications sans intérêt à propos de mail non lu ou de l'activité de quelqu'un sur facebook, je trouve bien plus important que ce que je n'aurai put penser. Je sais que ça ne devrait pas être important en premier lieu, surtout parce que je m'étais initialement désabonné de son compte, mais Harry a posté quelque chose sur Instagram et mon cerveau lance une alerte de niveau quatre dans ma tête, qui bloque mon souffle et fait danser mon cœur sur une cadence trop rapide pour que je puisse compter les percussions. Je me sens pathétique, et ridicule, j'ai même honte, mais je me presse dans le couloir pour entrer dans la cage d'escalier et m'asseoir sur les premières marches, seul, pour me donner le temps de regarder ce que c'est.
Je le redis, oui, mais je n'ai pas entendu parler de lui depuis notre discussion, et si je me suis réabonné à lui peu après celle-ci c'est pourtant la première fois, depuis, qu'il poste quelque chose. Je ne suis pas sûr que ça rendre plus légitime ma petite panique, mais je me sens mieux si je m'appuie dessus comme telle. Alors, prenant une inspiration de courage et m'assurant à moi même que je ne fais rien de mal, j'appuie sur le bandeau blanc pour ouvrir l'application. Puis je compte les secondes. Il n'en faut que deux, après avoir passer mon doigt sur le capteur d'empreinte digital, pour que l'écran blanc de l'application s'affiche, lui et le dernier poste de Harry.
La stupeur me glace directement sur ma place. Je suis tant foudroyer que mon cœur semble s'arrêter une demi-seconde tandis que mon sang se refroidi dans mes veines. Un frisson cours sur ma nuque alors que je fixe la photo. Le sigle en haut à droite de la photo m'indique qu'il y en a une deuxième, mais il me faut encore une petite seconde pour encaisser celle-ci avant de penser à la deuxième.
Ma respiration s'emballe et j'ai l'impression de défaillir, de tomber sur des kilomètres puis de m'écraser au sol, juste pour remonter et retomber ensuite, encore et encore. Je déglutis avec difficulté, essayant d'avaler la gêne dans ma gorge lié à la quantité d'émotions qui s'abat sur moi, qui posent leur valises dans ma tête et prennent des tour de garde de trois secondes au commande. Elle sont courtes, mais vives et intenses, féroce et destructrice. Je suis surpris, je suis amusé et attendris, je suis heureux, je me sens fier et amoureux, je suis admiratif, j'ai peur, et mon cerveau est en crise. J'ai le tournis.
Harry ne poste pas beaucoup de photo de lui d'habitude. Il a, d'ores et déjà, une présence internet très faible et le peu de sa présence ne contient pas beaucoup de lui. Sur son Instagram, il poste poste principalement des photos de vignes, de vin, de Brat, d'évènement, de choses abstraites très atypique de personnes comme très penché sur l'esthétique, le visuel et les apparence. Quand il poste une photo de lui c'est toujours sous certains critères, il est toujours bien habillé, comme si il allait quelque part d'important, il prend toujours la pose de façon élégante, comme sur un tapis rouge, pour mettre en avant ses meilleurs angles, et il y a toujours un filtre, dessus, qui leur donne un ton très grisâtre et beige. Et cette photo n'a absolument rien de tout ça.
Il n'est pas vêtu d'un costume où de vêtements sophistiqués, il ne prend pas la pose, et il n'y a pas de filtre. Il ne regarde même pas la camera, et ce n'est, d'ailleurs, même pas une photo de lui où l'ont voit son corps entier. Sur cette photo, assis à la table d'une pièce à vivre que je ne connais pas, Harry est lui même. Il est le garçon que j'ai côtoyé tout l'été, et duquel je suis tombé amoureux. Il porte une chemise blanche et des belles bagues à certains de ses doigts. Il regarde quelqu'un hors champs, toutes dents dehors et yeux plissés alors qu'il semble prit au milieu d'un rire. Le cliché est prit d'assez proche, il a sûrement était prit par la personne en face de lui sans qu'il ne l'eut réalisé sur le moment, trop occupé à discuter à droite et à gauche. Tandis qu'il rit, il tient une mèche de ses cheveux en arrière, dans un mouvement laissant croire qu'il devait se recoiffer après s'être un peu trop penché en avant. La dernière fois que je l'ai vu ses cheveux n'était pas si court, mais surtout... ses racines étaient teintes en brune.
« Putain de merde. » Je chuchote pour moi-même, presque au même moment où la lumière automatique de la cage d'escalier s'éteint. « Il aurait put mettre un doigt d'honneur à son père en légende ça aurait eu le même effet. »
Je retiens un rire de sortir de ma gorge, je suis amusé, mais tout de même pas assez pour rire aussi facilement de quelque chose qui me scotch tant. Surtout quand je fais glisser la photo pour accéder à la deuxième et tomber sur quelque de plus absurde encore que ce à quoi je m'attendais.
À en juger par la photo, c'est toujours le même moment et le même endroit que la photo précédente, mais cette photo n'est pas autant centré sur son visage cette fois. Ainsi, je peux voir à qui il parle, avec intérêt, alors qu'il est un peu penché en avant sur sa chaise, un coude sur la table et une main dans le vide, comme si il expliquait quelque chose. Je reconnais assez aisément la personne de l'autre côté de la photo, assis sur sa propre chaise, qui écoute Harry avec un grand sourire et une sincère attention. Je ne l'ai vu qu'une seule fois et en photo avant, mais je ne peux pas me tromper. C'est son père biologique. Même si je ne connaissais pas, de toute façon, il serait impossible de ne pas le reconnaître. Ils se ressemblent beaucoup trop pour que personne ne réalise qu'ils sont père et fils par le sang. Harry a prit bon nombre de ses attraits : son nez, sa bouche, ses épaules carrées, son sourire, la couleur de ses cheveux et sa fossette.
Mon cœur est serré dans ma poitrine et les émotions continuent de tourner les unes après les autres sans que je n'ai le temps de vraiment les voir ou les sentir. Elles sont simplement là, et moi je suis au bord des larmes. Il est superbe. Il rayonne. Son sourire est magnifique, son bonheur est sublime, cette joie lui va bien et j'ai envie de pleurer tant je suis ému de le voir ainsi, surtout après l'avoir entendu me dire qu'il avait peur de ne pas convenir à son père ou de le décevoir d'une façon ou d'une autre, surtout après les photos de lui à Los Angeles. Je suis remplie de joie de la voir ainsi, un bonheur acide et vif qui explose dans mes veines suivit de près par un fort sentiment d'amour sincère et de fierté qui n'en finissent plus.
C'est tout ce que j'ai toujours souhaité pour lui. J'ai toujours souhaité qu'il vive par delà ce tabou, ne le laisse pas le définir. Le voir sortir de sa coquille, et lentement se réapproprier son existence et son propre corps, c'est la chose la plus belle qui pouvait lui arriver, c'est une bénédiction, une renaissance, après ces années de souffrance passé dans un silence abominable et tortionnaire. Je suis tout bonnement et simplement fier de lui, de ce chemin qu'il a parcouru pour en venir là, de comme il a rebondi et s'en est sortit, du courage dont il fait preuve pour revendiquer qui il est, d'où il vient, face au monde et face à Harold. Et surtout, ça fait un bien fou de le voir ainsi lui même, et heureux, sans masque, sans gêne.
Il n'a plus rien a craindre maintenant, n'est ce pas ? Quoi que ce fichu Harold en pense.. il n'est plus question de lui du tout maintenant. Harry en a fini de lui, et c'est beau, si beau, si bien.
Bien sûr que je pleure, comment ne le pourrai-je pas ? Qu'on ne me demande pas, cependant, pourquoi je pleure, parce que je ne le sais pas moi-même. Je pleure simplement, sous le coup de ces émotions. Je ne fais même pas de bruit, je regarde simplement, pleurnichant en silence alors que j'ouvre la section des commentaires. Là, au milieu de commentaires qui ne comprennent pas la force de ce poste, je rencontre ceux de ses sœurs, et mes larmes redoublent.
Harry n'est plus seul. Après une vie entière de silence, de culpabilité, de douleur et de pression, Harry arrive finalement à vivre son identité et à l'afficher, par lui même, avec le soutien de ses proches. Ma respiration se saccade et je laisse un sanglot mettre arraché alors que je souris de bonheur en les lisant.
Liz.Styles. : On l'accueille à bras ouvert, ce vrai toi
Wilhe_minaa : il est si beau ton véritable toi H
Moi aussi je veux laisser un commentaire, moi aussi je veux le soutenir, lui dire quelque chose, et aussi vite j'ouvre mon clavier. Cependant, avant que je ne commence à taper quoi que ce soit, dont des mots que je pourrais regretter, j'essaie de garder en tête les mots de Ella. Je sais que son point de vue est radical et biaisé, et que je ne peux pas juste prendre ses mots et en faire une leçon de vie, mais elle marque néanmoins un point. Je ne peux pas passer l'éponge. Concrètement, Harry n'a fait que remuer de l'air avec ses deux dernières prises de contact avec moi, et pour cela je ne peux pas dire tous les mots qui sont coincé dans ma poitrine, et que je ressens dans chaque cellules de mon corps, à propos de combien je l'aime et je suis fier de lui. Ça ne veut en rien dire que je dois ou peux l'ignorer dans un moment si important pour lui, surtout alors que ça me rend heureux pour lui, cependant. Après tout, j'ai mes tords à moi aussi, dans cette histoire, et ça ne l'a jamais empêché de dire qu'il était fier de moi pour avoir fait mon coming-out, même si c'était bizarrement déplacé. Alors je pense que Ella a bien fait de me dire tout ça et d'avoir un opinion biaisé à ce point. Elle me maintient ainsi un peu plus sur la limite du neutre et m'empêche de m'étaler en déclaration amoureuse, et me permet de garder le recul que j'ai gagné sur notre rupture.
Ça me coûte, mais je décide que la meilleur décision est donc, définitivement, de retenir mon amour baveux de couler dans les commentaires de ce poste. Il est ainsi une parfaite réponse à son propre commentaire qui était bref mais sincère, et ça me conforte un peu dans mon choix.
_lou.ee. : Je le savais. Le blond te va bien.
Une fois qu'il est posté je pousse un long soupire puis me lève à nouveau. La lumière se rallume quand le détecteur me trouve dans le noir. Je prend une seconde pour me rappeler de où je et de ce que je fais, puis passe mes doigts sous mes yeux avant de reprendre mes descente des marches. Mes jambes tremble un peu, et mon esprit flotte quelque part dans un rêve de câlin et de baiser, de 'je t'aime' chuchotés et de 'je suis fier de toi' susurrés. Aujourd'hui plus qu'avant, je crois qu'il me manque. Ça ne m'aide pas du tout a savoir ce que je dois penser de son appel, ou de sa promesse, de ses mots ou de mes sentiments, mais ça m'aide en tout cas à comprendre pourquoi c'est 'trop tôt'.
Il a des choses à régler avant, des choses à faire, pour lui même, des choses importantes pour lui, comme renouer avec son père biologique et annoncer qu'il n'est pas le fils légitime de Harold, par exemple. Il y en a probablement encore d'autre, de ces choses à faire, et je n'ai probablement aucun moyen de les connaître, elles ou même le temps qu'il lui faudra pour les accomplir. Je ne sais pas quand est-ce sera le moment de revenir, je ne sais pas le temps qu'il lui faudra encore avant que ce ne soit le moment, je ne sais pas non plus si j'ai hâte ou non, si j'ai envie ou pas. Il est probable que je ne sache qu'au moment venu et que je sois pour le moment destiné à erré entre mes pensées et mes questions sans réponses. Je ne saurai si c'est trop tard qu'au moment où il sera en face de moi.
Pour le moment... je ne peux qu'attendre.
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Je suis vraiment DESOLEE pour le temps que ce chapitre aura mis à venir ! Il était fini Samedi mais au moment de le préparer pour le poster j'ai senti que ce n'était pas bon, que ce n'était pas comme ça que je le voulais. Alors je l'ai retenu et repris en entier. Cette version est plus courte mais elle est aussi ce que je voulais vraiment de ce chapitre.
C'est la première fois, pour cette fiction, qu'un chapitre me donne tant de mal. C'est sûrement parce qu'on est proche de la fin et que je veux la réussir. Oui, on est, en effet, très proche. Le dernier chapitre sera le 58, puis il y aura l'épilogue, faites de cette information ce que vous voulez!
J'espère que ce chapitre vous aura PLUT et que l'attente en aura valu la chandelle ! Merci beaucoup, pour tout votre amour et votre soutien continuel pour cette fiction ça me va droit au cœur.
Je vous embrasse,
Joëlla
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