Chapitre 49 : L'erreur

Je sais que j'ai la larme facile, que je suis sensible et qu'un rien peut me faire m'effondrer, mais je pense que c'est simplement fair-play de ma part d'être devant cette stupide valise en train de pleurer, après une insomnie. C'est normal que je pleure depuis la veille au soir après avoir dû m'isoler dans la chambre de l'étage avec ma part des sushis. C'est normal que je vienne à peine de replonger dans une profonde douleur alors que je viens de retrouver une des chemises de Harry dans mes affaires, et que je refuse l'idée de la lui rendre et pense même à la voler pour ne pas avoir l'impression de l'abandonner pour de vrai. C'est normal que je pleure encore et que rien ne semble pouvoir m'arrêter ou sauver le peu de mon être qui n'est pas encore brisé. J'ai la larme facile, mais il y a des moment où pleurer est la seule chose que le corps à le pouvoir de faire pour relâcher un tiers du mal qui nous incombe.

La lumière passe difficilement jusqu'à moi, assis en tailleur par terre devant ma valise ouverte. Des frissons cours sur ma nuque et mon dos chaque fois que je prends une inspiration, qui glisse en moi avec des airs d'aiguilles s'enfonçant dans mes poumons. Je me sens tellement seul. Même le fait que Brat soit assis non loin de moi ne me réconforte pas. J'ai mal de partout, il n'y a pas une seule partie de mon cœur qui ne souffre pas, pas une seule partie de mon être qui ne pleure pas à l'unissons avec le reste.

Je n'arrive pas à accepter que tout ce soit passé aussi vite, qu'en un claquement de doigts mon couple si fort et inarrêtable ait explosé en plein vol, qu'en un soupir je me retrouve devant cette valise à quelques minutes de mon départ, qu'en quelques heures à peine Harry soit redevenu le même étranger qu'il était le jour de notre rencontre. Comment les choses ont-elles put déraper à ce point ? Où est-ce que l'équilibre qu'on avait a été perdu ? Comment avons-nous put à ce point se casser la gueule ? Il y a juste une trentaine d'heure Harry et moi étions dans ce lit en train de s'aimer, en train de se serrer fort l'un contre l'autre comme si le monde aller disparaître, et d'un seul coup tout m'a été arraché.

Ce n'est pas juste, rien n'est juste. Tant et si bien que la seule question que je peux formuler est : pourquoi ? Qu'est ce que j'ai fais pour mériter une telle chose exactement ? Pourquoi faut-il que le sort ait tant besoin de s'acharner sur moi ? Est-ce si drôle de me voir au fond du trou pour que les forces de la nature aient décidées de m'y jeter et rejeter ?

Je lève les yeux vers la fenêtre, et ses volets toujours croisés, et je tire la chemise contre ma poitrine. Je crois qu'elle a un peu de l'odeur de Harry dessus, son odeur naturel et aussi un peu de celle de son parfum vanillé. Ça ne devrait pas, mais ça me fait encore plus mal, comme une lame qui n'a jamais fini de me transpercer de part et d'autre. J'ai envie de me laisser dépérir, de m'allonger là et d'attendre que je me déshydrate à force de pleurer. Je n'ai même plus l'impression de vraiment sentir quoi que ce soit, tout fait tellement mal que je ne fais qu'un avec ma douleur et, qu'à la fin, je ne serai pas capable de dire si j'ai vraiment mal tant j'y suis habitué.

Brat sent peut-être quelque chose, parce que soudain il est tout proche et pose sa grosse truffe sur ma cuisse en me regardant au travers de sa frange de poile. J'essaie de lui sourire, mais le cœur n'y ait pas et je ne fais que redoubler de larmes en passant ma main sur sa tête.

« Il faudra que tu prennes soin de ton papa. » Je lui dis en me penchant vers lui pour embrasser sa grosse tête. « Je ne serai plus là pour le protéger. » Je renifle et couche ma tête sur le sienne, ma voix s'étouffant d'elle même dans les sanglots et sonnant étrange à cause de ma gorge enrouée et de mon nez bouché. « Il a besoin d'aide mais il ne veut plus du mien, alors je te repasse le relais. » Ma main frotte gentiment la peau sous son collier et il pousse un soupir de confort.

Il ne comprend sûrement pas ce que je dis, mais j'ai besoin de le dire à quelqu'un, quelqu'un qui partage les misères de Harry autant que moi et qui le connais mieux que moi. Brat est ce quelqu'un. Ce n'est qu'un chien, oui, ce n'est rien de plus que l'animal de Harry, mais c'est aussi celui qui est toujours là quand Harry a besoin d'aide et d'amour. Brat est là et a sûrement dû entendre tout un tas de chose à propos de son maître, et, même si il ne comprend sûrement pas tout, c'est un peu comme un enfant et il comprend un minimum les choses qui se passent. Il sait sûrement que je m'en vais, il sait sûrement que si je m'en vais ça veut dire que Harry va se retrouver tout seul et que ce sera dur pour lui. Alors je veux lui dire que je compte sur lui. C'est un brave chien, il a entendu tous les secrets de Harry, lui et moi on en sait autant, il a toujours été là pour lui, même bien avant moi, et je lui fait confiance pour continuer à l'être après mon départ.

Mon téléphone portable est posé sur le sol à côté de ma valise, je ne l'entends pas vraiment mais je le vois s'allumer et ainsi attirer mon attention. Il m'annonce un appel entrant venant du numéro de Calvin. Ça fait un moment que je ne lui avais pas parlé. Je ne suis même pas sûr de lui avoir dit, à lui personnellement, que j'étais en vacances en France, il l'a appris pas la force de la chose à force de me voir partager des photos sur Instagram. Les vignes, la maison, la mer, Brat et Harry, tout à fini en story ou sur des postes par ci-par là, quand j'avais envie et le temps. Mais, ce matin, je sais pourquoi il appel.

« Allô Cal. » J'essaie de ne pas trop laisser mes larmes transparaître, pour ne pas le mettre mal à l'aise, mais c'est difficile et je renifle tout de même un peu.

« Louis hey... j'ai reçus tout message... c'est quoi ce départ précipité, c'est en rapport avec Liam ? » Je force un sourire, comme si il pouvait me voir.

« Ouais.. J'ai besoin de le voir, la France c'est bien mais... ça devient dur d'être loin de lui. » Je renifle à nouveau et menace de replonger en sanglot. Pourquoi ça doit faire si mal ? Je retourne à Londres pour voir mon meilleur ami, je devrais être soulagé et heureux de savoir que ce soir je serai à son chevet. Alors pourquoi j'ai si mal ?

« Je comprends, je serai à la gare pour te récupérer. »

« Merci beaucoup. » Les mots finissent dans un chuchotement, et je connais Calvin assez pour savoir qu'il est difficilement à l'aise avec les émotions, même les siennes, mais je le connais aussi assez pour savoir qu'on est assez proche pour qu'il sente que ça ne va pas et qu'il veuille essayer d'en parler avec moi.

« Hé.. mec... si t'as besoin d- » Et cette phrase c'est la porte ouverte, c'est la vanne qui tourne, c'est l'appelle d'air qui déclenche en moi la rupture de quelque chose.

« On rompu avec Harry, enfin je crois. Je sais que tu sais même pas qu'on était ensemble en premier lieux, mais on était ensemble et j'ai rompu avec lui parce que son connard de père lui matrixe le cerveau depuis que c'est un gamin et que mes traumatismes m'ont rendu insupportable pour lui parce que je voulais l'aider et on s'est disputé et maintenant il ne me parle plus et j'ai rompu avec lui et- » Je coupe mon souffle, pour me couper la parole, parce que tout sors bien trop vite et d'un seul coup, et que ce pauvre Calvin doit avoir l'impression que le ciel lui tombe sur la tête.

Je ne parle jamais vraiment de mes émotions moi non plus, ou plutôt si, mais uniquement avec Liam et surtout pas avec mes autres amis, même Calvin. Or, je crois qu'il n'y a plus rien qui me retiens à ce moment, et que tout ça, et bien plus encore, a besoin de sortir. J'ai besoin d'en parler avec quelqu'un, de pleurer auprès d'un être cher, pour me sentir moins seul. Je n'ai personne de mon côté, je n'ai personne vers qui me tourner. Je n'arrive plus à garder toutes ces douleurs. Beaucoup trop de choses se sont accumulés et je ne peux pas les garder pour moi. Ça semble logique qu'à la première question tout se retrouve à sortir n'importe comment de la sorte. Le problème c'est que tout sort pour s'abattre sur Calvin, et qu'il n'a aucune idée de ce que ma vie est simplement devenu en quelques mois.

« Désolé je- » Je renifle à nouveau. « Ces derniers jours ont pas été facile. » Je passe ma main sous mon nez et prends une profonde inspiration pour essayer de me calmer.

« Je vois ça. » Me répond-il. « Hum... ça va aller... je suis là d'accord ? Quand tu arriveras tout à l'heure je t'inviterai à la maison et tu pourras tout me raconter dans tous les détails si tu veux... ok ? » Ce serai un peu exagéré de dire qu'il parle avec douceur. C'est un peu plus comme si il disait des mots avec mécanisme, pas parce qu'il ne le pense pas mais plus parce qu'il cherche et dit des mots qui ferai le plus de sens à être dit à ce moment.

« Ok. » Je passe mes doigts sur mon œil et lève les yeux, ensuite, vers le radio réveil. « Je... je vais devoir te laisser je vais bientôt partir. »

« Très bien, on se voit à ton arrivé de toute façon. »

Je hoche la tête et, sur deux derniers mots, je raccroche. Je ferme finalement ma valise, tirant sur la fermeture éclair pour la fermer, sans mal. J'attrape mon gros sac, à côté, et glisse la chemise de Harry dans une poche où elle peut rester seule et ainsi conserver son odeur un peu plus longtemps. J'essaie de me rendre un peu plus présentable, c'est à dire que je passe mes mains sur mes joues pour essayer d'atténuer mes larmes puis me mouche, rangeant ensuite le papier usagé au fond d'une poche, avec le reste du paquet.

Brat sent que du mouvement s'opère et il se lève pour partir vers la porte et ouvrir la voie que je suis, avec peine, avec ma valise et mon énorme sac. En temps normal je vérifierai une dernière fois la salle de bain, pour être sûr de ne rien laisser, mais j'ai envie de laisser quelque chose, j'ai envie que Harry trouve un morceau de moi et j'ai envie qu'il l'utilise un jour comme excuse pour venir me trouver, un petit peut comme dans les films ou les contes. J'aimerai arrêter d'espérer quoi que ce soit mais je pense que c'est impossible, au fond de moi je sais que le plus dur dans ce qui m'attend sera d'espérer voir Harry à chaque coin de rue, de vivre dans un monde imaginaire où je sortirai d'une station de métro et trouverai Harry immobile en train de regarder une vitrine.

Quand j'arrive au rez-de chaussé, après une descente calomnieuse, je trouve Harry dans le salon principal. Pourquoi ici et pas dans sa chambre ou dans l'autre salon, je n'en sais rien. J'aurai pensée qu'il se serait caché, qu'il aurait fuit jusqu'au bout. J'aurai cru qu'il serai allé au domaine, qu'il m'aurait regardé partir de loin. Ça ne devrait pas, mais de le voir là me donne presque envie d'y croire encore un peu, un peu plus. Peut-être a-t-il envie de me voir partir, de dire quelque chose avant que je ne passe la porte rejoindre Lucas qui attend, garé devant ? Peut-être veut-il dire quelque chose d'autre ? Peut-être ai-je encore une chance minime de le rattraper ?

Je m'avance dans la pièce, en l'observant du coin de l'œil, mal à l'aise alors qu'il lève de rapide regards vers moi qui ne durent jamais longtemps. Finalement je me retrouve immobile. La main sur la hanse de mon sac, je regarde la grande porte d'entrée. Je pince mes lèvres. Me revoilà donc là pour la dernière fois, n'est ce pas ? Ce sera la dernière fois que je passerai ce cadre. Je pose ma main sur la poignée, mais je n'arrive pas à la tourner, je n'arrive pas à me dire que je vais le faire, pas encore, même en me donnant tout le courage nécessaire. Je me tourne alors. J'observe cet endroit unique que je ne reverrai jamais. J'essaie d'imprimer une image de cette pièce et de son mobilier, de son sentiment de foyer, de son odeur, sous ma rétine, pour m'en souvenir. J'essaie de revivre les moments que j'y ai vécu, ici et même dans le reste de la maison. Mon regard vagabonde. Le miroir en face me renvois une image de moi que je hais, j'ai l'air misérable avec mes cernes et mes cheveux en désordre, perdu dans un t-shirt qui me va trop grand et un short qui dépasse à peine en dessous. J'ai l'air ridicule à côté de Harry qui a son look de tous les jours, assis dans le fauteuil, une tablette entre les mains et le regard tourné vers moi.

On s'observe. Je ne sais pas trop si l'un de nous va dire quelque chose. Va-t-il me dire bon voyage ? Au revoir ? Va-t-il venir me dire qu'il est désolé, et que je peux revenir quand je veux ? Va-t-il me dire que ce n'est pas vraiment fini ? Qu'on a pas vraiment rompu ? Attend-il quelque chose de moi ? Est-ce que je devrais dire quelque chose ? Quoi ? Je ne sais pas, et je ne pense pas que lui aussi sache. Alors on se regarde simplement, essayant de parler ou juste de bien se voir une dernière fois avant que ce ne soit fini, ou essayant de se dire des choses avec nos yeux. Les secondes passent et repassent et je fini par croire que jamais rien ne sera dit et que jamais rien ne se passera, que je vais devoir me contenter de ce regard et de ce qu'il tente de me dire. Mon cœur se serre. J'ai l'impression d'attendre un signal qui ne viendra jamais. Ou alors viendra-t-il, mais pas du bon côté.

La porte s'ouvre dans mon dos mais je ne me tourne pas vers Lucas, pas encore, toujours pas. Je veux encore un peu regarder Harry, et que l'on continu cette bataille de regard. Je veux qu'il me voit, je veux qu'il intègre bien ma douleur et je veux qu'il sache que je lui en veux qu'il me cache la sienne. Je veux qu'il me voit et qu'il voit que tout ça pourrai ne pas avoir lieu ainsi si il me laissait simplement l'atteindre, si il me laissait juste une chance. Je veux qu'il sache que tout ça ne dépend plus de moi.

« Harry... » Je renifle et prends une seconde pour ne pas m'effondrer de nouveau, pour que mon dernier pas vers lui soit fait avec fierté et droiture, pour qu'il sache que je suis sûr de nous deux, et que je le serai toujours. « Tu me connais assez pour savoir que, si tu ne dis rien, je vais penser qu'on a rompu et que tu ne veux plus jamais me voir. Je ne te demande rien, H, rien de plus que du temps, pour toi et moi. » Et le voilà, mon ultime pas vers lui, le dernier que je ferai, la dernière fois que je tendrai la mains, la dernière fois que je ferai quoi que ce soit. Si il ne me rejoins pas, si il ne tend pas la main à son tour, alors je ferai demi-tour.

Je l'aime, mais tomber dans un fossé entre nous de mon propre chef c'est trop m'en demander. Tomber parce que je ne cesse d'avancer vers lui et qu'il a arrêté de me rejoindre, c'est trop m'en demander.

« Louis... ton train... » Je lève la main sur le côté, l'index en l'air, pour que Lucas se taise, et jamais je ne lâche Harry de mon regard sincèrement suppliant.

Je veux qu'il ose me regarder dans les yeux alors qu'il renonce à moi. Je veux qu'il me regarde dans les yeux alors qu'il me brise le cœur. Je veux qu'il me regarde droit dans les yeux alors qu'il met ce qu'on était définitivement derrière lui. Je veux qu'il sache que, moi, j'ai tout fait pour lui et que je referai tout pareil si il le fallait. Je sais qu'il souffre, je sais qu'il a mal, je sais que tout ça il ne le fait pas de bon cœur, mais je veux qu'il le dise, qu'il le montre. Je veux lui laisser une chance de se rendre compte que la balle est dans son camp, que je m'en vais mais que ça peut n'être que temporaire, comme ce qui a toujours été prévu. Tout ça pourrait être différent si il le voulait, et il le sait.

« Si tu ne dis rien... » Les larmes roulent à nouveau sur mes joues et mes doigts se serrent sur la hanse de mon sac sur mon épaule douloureuse, cette même épaule qu'il a soulagé le jour de notre arrivé en France. « Je ne reviendrai plus jamais et tout sera fini pour toujours entre nous. » Les mots sont accueilli à bras ouvert par un sanglot et mes épaules tressautent dans un hoquet qui lacère ma gorge.

Il continu de me regarder et j'arrive à voir que ça fait mal. J'arrive à voir que ça lui coûte et qu'il considère pleinement de venir vers moi. J'arrive à voir qu'il n'a pas vraiment envie que ça se passe comme ça. Mais je vois aussi de la peur. Tout ça n'est pas facile pour lui, mais je ne suis pas sûr que je puisse pourtant le pardonner de faire ça, de me faire ça à moi qui n'ai fait que tendre la main vers lui, encore et encore. Je sais qu'il souffre, je sais qu'il ne veut pas qu'on arrête. Je sais qu'il a juste peur, peur de ce que notre relation veut dire pour celle qu'il a avec son père et sans laquelle il ne sait pas vivre.

Mais savoir n'est plus suffisant pour moi.

Mon corps tremble, de tous ses membres. Une seconde de plus et je m'effondre, mais je tiens le coup, encore un peu, encore un temps, encore un instant. Je veux espérer, je veux croire jusqu'au bout que tout ça n'est qu'une stupide dispute dont on peut se relever. Je veux tenir bon jusqu'à ce qu'il fasse un pas vers moi, jusqu'à ce que tout aille bien, je veux tenir encore. Juste encore un peu.

Mais ça ne serre à rien de tenir, parce que lui non. J'entends les restes de mon cœur être piétinés au moment exact où il baisse les yeux. Je crois que ses lèvres tremblent, mais à cette distance et avec toutes ces larmes dans mon regard ce pourrait aussi bien être ma vision qui me joue des tours.

« Très bien. » Je renifle et retiens ma voix de craquer si fort que j'en ai mal le long de ma trachée. « Au revoir. » La voix presque blanche, je renonce à mon tour et définitivement.

Je lui donne dos, je ne me tourne même pas une dernière fois vers lui, je n'essaie même pas de savoir si il regrette ou non. C'est trop tard. Je suis dos à lui, il a fait son choix et j'ai fais le mien. Je passe devant Lucas, sans le regarder, sans rien ajouter, et je sors de la bâtisse de pierre qui renferme en elle les derniers souvenirs du plus beau été de ma vie, mort avant d'avoir put devenir plus qu'un été, mort comme une grande majorité des cigales peuplant la garrigue.

La petite fiat 500 de Lucas a le coffre ouvert et sans demander de reste j'y range ma valise. Lucas ferme la porte de la maison, un regard inquiet vers celle-ci, comme si il essayait de voir au travers des murs. Je n'y prête cependant pas une grande attention et place mon sac à son tour dans le coffre, bourrant du mieux que je peux pour que rien ne dérange la fermeture. Devant mon sac, j'hésite une seconde, les bras ballants. Puis, quand un sanglot m'attrape sous la langue et que la douleur devient immonde, je décide que je suis trop faible pour tenir encore. J'ouvre la poche et attrape la chemise de Harry. Oui, déjà, et je ne vais même pas m'en excuser. Rapidement, je retire mon t-shirt pour prendre la chemise à la place, puis je monte en voiture avec Lucas.

Ce dernier vois bien que je me suis changé, mais il ne dit rien et il fait mieux. Il démarre rapidement, alors que je me serre dans mon vêtement, fermant les boutons puis enfonçant mon visage dans le col.

Je me demande comment Harry fait, tout le temps, pour agir avec un telle flegme, pour que tenir son masque soit si aisé que ça. Un simple paquet de minute passé à essayer de me retenir et j'ai l'impression que mon cœur a été broyé, et que réfuter sa douleur n'a fait que l'aggraver. Comment un être humain peut si aisément retenir ce genre de sentiment sans exploser ? Moi, en tout cas, je ne le peux évidemment pas et j'explose de nouveau en sanglot. Les larmes brûlent, les sanglots me font mal sous mes cotes et dans mon gosier, et je laisse un long râle de douleur m'être arraché alors que je me tasse sur moi même dans le fauteuil. J'ai l'impression de tant souffrir que jamais je ne réussirai à aller mieux, comme si ses larmes venaient d'un puits sans fond. J'ai si mal que même épuisé et à moitié mort j'aurai toujours assez de force pour pleurer piteusement, pour me serrer contre moi ainsi, à la recherche de la moindre sensation réconfortante.

J'ai si mal. Un mal tonitruant et si fort que je ne sais même pas si je peux le décrire pleinement. J'ai juste mal, je ne suis que douleur et peine. Je revois en boucle Harry baisser les yeux, je le revois simplement dire avec son regard 'je t'aime mais non'. Je le revois encore et encore me dire que mon amour est trop lourd pour lui. Je le revois en train de pleurer en face de moi puis me ficher dehors parce qu'il a peur, parce que je l'ai blessé, et peut-être encore pour d'autre chose que je n'imagine pas, alors que tout ce qu'on veut c'est être ensemble. Pourquoi faut-il que tout sois si difficile, qu'on ait tout les deux si mal et qu'on ait à ce point merdé, que j'ai à ce point merdé ?

Une main recouvre mon genoux gentiment, c'est Lucas (qui d'autre). Je ne lève pas les yeux vers lui, j'essaie plutôt de trouver un peu de bien être dans sa gentillesse et sa douceur. Je ne pense pas qu'il sache quoi que ce soit au sujet de notre rupture, Harry ne lui a probablement pas encore parlé de cela, ou alors pas de tout. J'apprécie, cependant, qu'il essaie quand même de me réconforter, même avant de savoir ce qu'il s'est passé, même alors qu'il n'aura que le point de vue de Harry quand il le retrouvera après m'avoir laissé dans mon train à la gare de Montpellier. Je pense que c'est une simple réaction empathique de sa part de réagir ainsi, mais je n'arrive pas à ne pas être touché au fond de mon cœur à l'idée d'être, moi aussi, un de ses amis proche qu'il cherche à réconforter. Il pourrait avoir déjà pris un partie, puisque que Harry est son meilleur ami, mais il ne l'a pas fait et pour moi ça compte beaucoup, même si ça ne semble pas réussir à bien me calmer.

« Il entendra raison Louis. Je te le promet. » Me dit-il gentiment. « T'es l'homme de sa vie, il me l'a affirmé, ce n'est qu'une question de temps. »

Mais ça ne me rassure pas. Ni ses mots, ni sa main, rien. Au contraire même. L'entendre me dire de tel mots fait beaucoup trop mal. J'ai trop mal. De partout. J'ai mal à la gorge, mal à la poitrine et au cœur, j'ai mal dans chaque fibres de mon corps. Harry était sûr de moi, aussi sûr que je l'étais de lui, et pourtant ça ne nous a pas empêché de volé en éclat. Si j'étais l'homme de sa vie alors pourquoi est-ce que tout ça s'est passé ainsi, pourquoi renoncer à moi en faveur de son père. Je redouble de sanglot et me serre encore plus fort sur moi même, tirant mes jambes encore plus contre ma poitrine. Lucas tente d'être plus réconfortant mais ça ne fait rien, ça ne serre à rien.

Je veux Harry. C'est de lui dont j'ai besoin. J'ai besoin qu'il me serre dans ses bras, qu'il embrasse ma tête, qu'il me dise qu'il est là, qu'il m'aime et qu'il est fier de moi, j'ai besoin de lui. J'ai besoin que ça aille bien entre nous. Je m'en fiche que Lucas dise que je suis l'homme de sa vie, je veux que ce soit Harry qui me le dise, je m'en fiche de sa main et de sa gentillesse, c'est celles de Harry que je veux. Je veux ses mains, ses bisous et sa voix, je veux son amour. Je le veux lui, je nous veux nous, ensemble, je veux notre vie, celle qu'on a imaginé sans se l'avouer. Je veux revenir à l'autre soir dans mon lit et à ses mains sur mon corps et son amour éclatant. Je veux revenir au moment où il a voulu me poser cette question que jamais je n'aurais entendu. Je veux retourner à la mer avec lui et l'aimer au petit matin sous une lumière faiblarde et chaleureuse. Je veux qu'on s'aime.

Plus rien ne va sans lui, plus rien n'a de sens sans lui. Que suis-je supposé faire maintenant ? Hein ? J'ai peur de retourner à Londres, je suis terrifié de retomber sur mes parents, j'ai peur d'y aller et de refaire face à la vie que j'y menais alors que j'en avais fait le deuil. J'avais juste besoin que Harry me rassure, c'est tout ce que je voulais, moi. Je suis terrifié de retrouver Liam et d'affronter ses blessures à nouveau, seul. J'ai peur d'apprendre d'autres mauvaises nouvelles, ou que jamais il n'aille mieux, et que Harry ne soit pas là pour m'aider à encaisser les chocs. J'ai besoin de lui. J'ai désespérément besoin de lui. Mais j'ai beau avoir besoin de lui et prier pour qu'il me revienne, c'est comme si le destin, le hasard des choses ou même la vie elle-même, le refusait.

Encore une fois, comme depuis le début, on dirait que quelque chose refuse qu'on soit ensemble. Depuis le début dès que quelque chose semble bien tourner, quelque chose doit se passer pour nous arrêter. Partant d'un simple vomi le soir de notre premier baiser pour finalement devenir une dispute immonde alors qu'on est ensemble depuis deux semaines. N'est-ce pas étrange, alors que je pensais que Harry et moi étions âmes-sœurs ? Les âmes-sœurs ne sont-elles pas réunies par la vie en temps normal ? Toutes définitions confondus, ne sommes nous pas supposé être tiré l'un vers l'autre par des forces qui nous dépassent ? Nul part n'est-il spécifié qu'il faut se battre contre une armée d'embûches pour finir ensemble. Nul part il n'est dit que le destin lui même mettrait des obstacles entre nous et nos buts, qui serait de plus en plus infranchissables jusqu'à l'être beaucoup trop. Nul part il n'était spécifié que les âmes-sœurs devaient se battre contre l'univers lui même pour prétendre à leur 'ils vécurent heureux jusqu'à la fin des temps'.

Alors quoi ? Que dois-je comprendre ?

Harry n'était qu'une erreur de parcours ? C'est ça ?



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Il est important de se demander quelle est l'erreur à laquelle le titre fait référence ? Je suppose que presque tout le monde sait que mes titres ne sont jamais là par hasard ;)

J'ai pas grand chose à dire pour ce chapitre alors je vais juste dire que je vous aime et que je travail en ce moment sur le chapitre 50 ! (cinquante fucking hell....) et qu'il devrait pas être long à venir (normalement) plein de bisous bisous !

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