Chapitre 48 : Multi-tentative

J'ai tout essayé, n'est ce pas ? J'ai essayé. Je n'ai fait que ça, essayer. J'ai essayé de sortir Harry de là, j'ai essayé de mieux que j'ai put d'être à la hauteur pour lui. J'ai essayé et rien ne s'est passé comme je le voulais, comme je l'avais prévu. Mes tentatives n'ont rient fait d'autre que de blesser celui que je voulais le plus aider et protéger, celui que j'aime le plus, celui à qui je devais faire le plus attention, et je ne peux plus rien faire maintenant. Je m'en veux. Je sais que c'est en partie ma faute, parce que j'ai oublié qu'il est jeune, que c'est un bébé de vingt-deux ans, j'ai oublié que finalement si quelqu'un dans ma vie avait fait la même chose je ne l'aurai pas accepté non plus. J'ai souvent dit que je voulais être la personne qu'on a jamais été pour moi, et ça venait d'un bon sentiment, de vouloir lui expliquer et lui montrer que la situation est mauvaise, mais si quelqu'un avait fait les choses que j'ai fais au nom de ma douleur... moi aussi j'aurai été vexé, moi aussi j'aurai souffert. Et je l'ai oublié.

J'ai oublié qu'il faut le vouloir pour sortir d'une relation toxique, que ça ne suffit pas qu'on se le fasse dire ou qu'on soit placé devant le fait accomplie. Il faut un déclic, il faut réaliser, il faut vouloir arrêter. Pour ma défense j'ai cru qu'il était prêt, j'ai cru qu'il le voulait mais que seule la peur de vraiment le faire le retenait encore. Alors j'ai insisté, malgré tous les signaux, malgré le fait qu'il n'en avait simplement pas envie, jusqu'à ce que tout m'explose à la figure.

Je sais que mes intentions étaient bonne, je sais que j'ai laissé mes propres douleurs prendre le dessus et que ça m'a poussé à insisté bien plus encore que je ne l'aurai dû, je sais que je me suis laissé emporté plusieurs fois, aveuglé par mon envie de justice, par mon amour et ma peine. Rien de ça n'excuse vraiment le fait que ce soit arrivé. Je n'aurai jamais dû oublié tout ça, j'aurai dû savoir, moi mieux que personne, qu'insister sans relâche finirai par se retourner contre moi, comme un élastique que l'on étire trop, j'aurai dû me rendre compte que j'allais trop loin. Et maintenant je me retrouve seul au milieu des choses que j'ai brisé, écorché par les ronces de mon affection pour Harry, forcé de revoir en boucle mes erreurs et de me maudire pour celles-ci.

Je crois savoir, au fond de moi, que je ne suis pas le seul à blâmer, que tout ça découle de choses plus grandes que moi ou Harry. Que c'est Harold et sa relation avec Harry qui permette, en premier lieu, à ce genre de situation d'avoir lieu. C'est lui qui a formaté Harry, qui le force jour après jour à se battre pour son amour, au point où mes supplications à ce qu'il voit la vérité en face soit perçut comme des piques empoisonné. Harry ne sait pas où est son vrai ennemie, il se borne à vouloir poursuivre la validation et l'amour d'un père qui n'en a que faire, et à cause de cela il se retourne contre la mauvaise personne. Je crois que je réalise pour la vrai première fois la force dévastatrice et la toxicité de leur relation. Je savais bien que cette relation détruisait tout sur son passage : la jeunesse de Harry, sa relation avec sa sœur, avec sa mère, son plaisir au travail, sa passion, ses projets, mais je ne savais pas que moi aussi j'allais y passer. Je ne savais pas qu'elle serait si toxique que même moi et mon amour empathique serait avalé tout crut, que j'en deviendrai étouffant pour lui.

Malgré le fait que cette relation y soit pour beaucoup, cependant, je sais que je ne peux pas me dédouaner entièrement. C'est moi qui n'ai pas sût aimer Harry comme il le fallait, c'est moi qui n'ai pas sut agir comme je l'aurai dû avec lui et je suis le seul en tord pour cela. C'est mon égoïsme qui m'a mené ici. C'est moi et ma résolution égoïste à vouloir le sauver alors qu'il ne veut pas de mon aide qui nous a emmené tous les deux ici, qui m'a fait oublié tout ce que j'avais appris quand j'étais à sa place. Tout n'a toujours été qu'une question d'égocentrisme avec moi, n'est-ce pas ? Même à cet instant je suis égoïste.

Il n'y a pas d'autre raison que de l'égoïsme au fait de venir à une heure aussi impensable de la nuit parce que je ne peux pas dormir à force de pleurer, juste pour m'allonger là et le regarder dormir. Il n'y a pas d'autre raison que mon égoïsme pour expliquer pourquoi je veux garder une image de lui moins douloureuse que les larmes et les cris que j'ai causé.

Il a l'air apaisé, calme et loin de ses problèmes, ça me fait du bien, ça me fait un bien fou. Je ne sais pas exactement ce qui arrivera demain, mais pour l'instant j'ai besoin de le voir ainsi, de l'avoir proche de moi, d'avoir encore une seconde l'impression que tout va bien entre nous. Tout est arrivé tellement vite, tellement soudainement, je suis perdu, comme si plus rien n'avait de sens et que je flottais dans un grand vide remplie de douleur depuis des heures. J'ai besoin de lui, besoin d'être à ses côtés. J'aimerai pouvoir le toucher, juste un peu, mais j'ai peur, peur de le casser comme une poupée de porcelaine. J'aimerai dormir là, en face de lui, avec la seule conviction, dans cette vaste confusion, qu'il est apaisé et ne pleure plus, mais je n'y arrive pas, j'ai l'impression de ne pas avoir ma place dans ce lit pourtant immense.

« Je t'aime tellement Harry. » Chuchoté-je tout doucement.

Au milieu de ce cauchemar sans fin, c'est la seule chose dont je suis sûr. Tout le reste est un flou continu, un brouillard s'étendant sur des kilomètres, prenant la forme de pensées qui se chevauchent dans ma tête et hurlent plus fort les unes que les autres. Harry est la seule chose au centre qui est clair et net. Je l'aime. Je ne sais pas comment on pourra réparer ce que j'ai brisé, ou ce qu'on a brisé ensemble, je veux juste continuer à l'aimer et espérer qu'on trouvera une solution. J'ai besoin qu'on trouve une solution. Dieu seul sait que je n'ai pas vraiment envie de partir dans ces conditions et pour ces raisons, dieu seul sait que je ne veux pas que ce soit la fin alors que tout vient à peine de commencer pour nous. Alors je veux juste qu'on trouve quoi faire ensemble. Il y a encore, sûrement, plein d'autre chose qui doivent être dites, et plein de chose que je veux entendre de sa part.

Peut-être que c'est ça que je suis venu faire dans son lit ce soir, combattant le sentiment de ne pas avoir le droit d'y être. Je suis peut-être venu le supplier de ne pas se fermer à moi, de ne pas m'enfermer loin de ses sentiments, loin de ses pensées, de me laisser l'atteindre encore. Je le connais, tristement, et je sais que je peux m'attendre à tout et son contraire, à ce qu'il parle comme à ce qu'il nie, à ce qu'il pleure comme à ce qu'il mente, et je crois que j'essaie de lui dire, même ainsi, de ne pas agir au pire.

Moi seul, je n'ai aucune moyen de savoir ce qu'il se passe et ce que ça signifiera pour nous. Moi seul, je ne fais que voyager en allée et retour le long du spectre de la pensée, me disant un instant que tout ira bien et que tout ça n'est qu'un temps passé loin de lui, et la seconde suivante j'ai l'impression que tout sera fini à la seconde où j'achèterai un billet de train. J'ai besoin de Harry, alors. Il est mon pied sur terre, il est celui qui relativise pour moi et j'ai besoin qu'on fasse face à ça ensemble. J'ai besoin qu'il me dise ce qu'il en pense, ce qu'on devrait faire, j'ai besoin qu'on passe au travers de tout ça, j'ai besoin qu'il m'aide à comprendre.

Je renifle. Je pleure encore. Je ne fais que ça, pleurer. Si bien que j'ai une migraine immonde maintenant, et plus la moindre force de rester là. J'abandonne pour ce soir. Je ferme mes yeux pour imprimer sur ma rétine cette image de lui, pour m'en souvenir le plus possible, pour la ressortir des tréfonds de ma mémoires quand j'en aurai le plus besoin, puis je m'approche pour embrasser son front, tout doucement. Je prends le temps de sentir sa peau sur mes lèvres sèches, sa chaleur sur mon corps tremblant de misère.

« Je t'aime plus fort que tout. » Je chuchote tout contre sa peau, pas assez fort pour le réveiller, mais juste assez pour qu'il l'entende dans son sommeil, puisqu'il répond.

« Moi aussi. »

Je pousse un petit rire à sa voix endormi et me redresse pour le regarder un peu plus entièrement. Il tient une peluche proche de lui et Brat dort, allongé dans son dos. La lumière des guirlandes lui donne l'air d'un ange, ou d'une nymphe qui dormirait au cœur d'une prairie tendrement illuminé par la le soleil du matin. Il est beau. Il est beau et je refuse que je sois la personne qui écorche cette beauté, qui la heurte et la froisse. Je dois être son protecteur, son bienfaiteur.

« Je suis tant désolé. » Je passe ma main dans ses boucles, les effilant entre mes doigts jusqu'à leur bout.

Dans son état d'inconscience il semble reconnaître mon touché et il pousse un soupir de confort qui fait courir en moi une sensation d'appartenance, de bien être intense. Ça fait du bien aussi, de savoir que je ne suis pas totalement inutile, que je ne suis pas juste un pauvre type trop sensible pour pouvoir aimer son partenaire comme il le faut. Ça fait du bien de sentir qu'il m'aime à ce point encore, où même durant son sommeil j'arrive à l'atteindre, à déclencher une sensation positif.

J'emporte ce sentiment avec moi finalement, quand je m'efface dans la nuit, comme un soupir. Je sors de la chambre pour retrouver le ronronnement du frigidaire de la cuisine qui berce la pièce avec un sentiment de confort. Je souris un petit peu, usant de ce reste de sentiment dans ma poitrine pour aller sur le canapé, pour y trouver un peu de sommeil pour la fin de la nuit.

C'est la faim, lourde sur mon ventre, et une immonde migraine, qui me réveille au petit matin après un sommeil sans le moindre rêve, si ce n'est un reste de sentiment d'aventure. Mon regard vogue sur l'écran de ma vision, observant le soleil du matin percé les rideaux pour venir réchauffer le carrelage. J'ai l'impression que la nuit a duré une éternité, je crois même que j'ai l'impression qu'elle dure encore malgré ce soleil clair et lumineux. À en juger par cette luminosité, il est tôt dans la mâtiné, mais visiblement il est aussi assez tard pour que Harry se soit réveillé à un instant et qu'il ait décidé de me couvrir les jambes avec un plaide. Je souris en le réalisant, appréciant sa douceur et sa bienveillance.

Dans ma contemplation de la pièce je constate la présence d'un bol vide sur la table basse, à côté d'un paquet de céréales et d'une bouteille de lait. Sous la petite cuillère, posé à côté, il y a une petite note inscrite sur un post-it rose. Mon regard voyage encore, alors que je me redresse en position assise, et, à ma plus grande surprise, la pièce est vide, il n'y a pas le moindre signe de Harry en vue. Ce qui est curieux, sachant qu'il travail depuis cette pièce d'habitude. Cependant, je me rends presque aussi vite compte de pourquoi il n'est pas là. Il a dû aller au domaine aujourd'hui.

Je fais de mon mieux pour ne pas perdre la face mais c'est compliqué. Parce que je sais très bien que ce n'est pas une coïncidence. La seule fois où il a dû travailler depuis le domaine il m'a prévenu, il m'a même invité à venir avec lui, ça semble illogique de sa part de ne pas, ne serai-ce que, me l'avoir dit au préalable. Je conclu donc qu'il y est allé pour me fuir. C'est ce qu'il fait de mieux quand il a mal, fuir. De façon général, il ne m'affronte que parce que je le force, il m'a, d'ailleurs, sûrement confié tout ceci la veille que parce que je ne lui ai pas laissé le choix à force de le suivre et d'insister. Je pense que je suis content qu'il l'ait fait, ça m'aurait fait encore plus mal de l'apprendre bien plus tard, ainsi le mal que je lui fait peut durer moins longtemps, je peux encore essayer de changer les choses.

Je soupire un peu tristement et récupère finalement la petite note sur la table, laissant la cuillère cogner le bol quand je la mets dedans. Je pince mes lèvres dans le sentiment nerveux qui me prends quand je la serre entre mes doigts. Je n'ai aucune raison de m'attendre à quoi que ce soit de positif, ni même de négatif. Tout est compliqué pour lui, dans sa tête et dans cette situation, et ces réactions peuvent être tout et son contraire, je le connais assez pour le dire.

Il me faut du courage, alors, pour tirer la note assez proche de mes yeux fatigués pour mieux voir les mots et les lire.

Je suis parti au domaine, j'ai du travail.
Si tu as besoin d'argent pour préparer ton départ, ma carte de crédit est dans la cuisine.
-Harry.

Oh.

Très bien.

D'accord. C'est donc ainsi.

Je ris nerveusement. Mes oreilles sifflent à nouveau et je froisse le papier entre mes doigts machinalement dans le mal de tête lancinant qui me frappe de plein fouet, presque aussi violemment que le font ces quelques mots inscrits là, et mourants dans la paume de ma main.

Je pensais qu'on allait en parler, moi. Qu'on discuterai à tête reposée. Qu'on se dirait un peu plus clairement ce qu'il s'est passé et ce qu'on voulait se dire. Je croyais qu'on allait se mettre d'accord sur ce que ce départ voulait dire. Je croyais qu'on allait se dire qu'on s'aime, qu'on allait se mettre d'accord sur ce qu'on ressentait. Je savais, je pense, qu'il fuirait, mais je ne pensais pas qu'il fuirait à ce point, sans même me laisser une chance de lui en parler un peu plus, je ne pensais pas qu'il accepterai aussi facilement que je quitte le pays. Qu'il m'inviterai même presque à le faire.

Mais c'était évident pourtant que ça se passerai ainsi. Je tombe à la renverse dans le canapé et fixe le plafond, haut au dessus de moi, contemplant mes pensées mélancoliques dans les aspérités de la surface. Bien sûr que ça se passerai comme ça. Harry n'est pas le genre de personne à discuter cent sept ans ses émotions. J'ai dis que je partais parce que moi aussi je trouvais que ça devenait trop dur alors il l'accepte. Je ne sais pas trop pourquoi je pensais qu'il prendrait le temps d'en parler avec moi, il ne fait pas ça, il ne fait jamais ça. Harry est habitué à faire des croix sur des choses, il prend les décisions qui ne lui profite pas mais qui semble les plus simples pour que rien ne change. C'est probablement là encore une des répercussions de sa relation avec son père, parce que c'est bien de ça qu'il retourne.

J'avais raison hier soir. Harry a toujours choisis sa carrière et son père et je l'ai toujours sut. Je me suis fait la réflexion que j'avais peur qu'un jour ça se mette entre nous, et voilà que ce jour est arrivé prématurément. De la pire des façons possibles. Harry n'a pas simplement mit cette relation entre nous, il l'a choisi en ma défaveur. Il a choisi son père, le domaine, le vin et la misère, plutôt que moi. Il a renoncé à moi, simplement.

Qu'est ce que ça veut dire alors ? Tout ça ? Le fait qu'il renonce ? Est-ce que ça veut dire que moi aussi je dois renoncer ? Est-ce que ça veut dire que je dois laisser tomber et partir sans me retourner ? Est-ce que c'est vraiment ce qu'il veut, est-ce vraiment ainsi que les choses doivent se passer et se finir ? Ma gorge se serre. J'ai peur, une peur sifflante et hurlante, à l'idée d'être face à un tel mur, face à une telle chose, seul, délaissé par la seule personne qui peut m'aider à voir plus clair. J'ai mal, de partout. Mal d'avoir dit ça et qu'il l'accepte si vite, sans se battre. Mal qu'il renonce à nous. Mal de ne pas savoir ce que ça veut dire. Mal de le laisser ainsi, sans pouvoir parler. Mal de l'abandonner lui qui n'a connu que l'abandon. Mal de ne pas savoir ce qui adviendra de notre amour.

Et voilà que je pleure à nouveau. Je ne suis même pas surpris, je me trouve même pathétique et je ris avec dédain de moi même en recouvrant mon visage. Je me sens si idiot, j'ai l'impression de pleurer comme si je n'avais rien d'autre à faire, comme si c'était tout ce que je pouvais faire pour passer le temps et essayer de diminuer la taille de ma douleur. Je me sens con, parce que tout ce que je fais c'est me lamenter sur mon sort, incapable de savoir quoi faire.

D'un seul coup tout à volé en éclat et me voilà de nouveau aux pieds du mur, au milieu des ces débris. Il y en a bien moins que la fois d'avant, cette fois ci. Et ce n'est rien que je ne peux pas reconstruire. Néanmoins, ça fait tout autant mal que les fois précédentes, si ce n'est même infiniment plus. Aujourd'hui, j'ai l'impression de laisser partir un morceau de mon âme avec cette douleur. Sûrement est-ce le morceau que j'ai donné à Harry qui commence à avoir l'impression de ne plus être le bienvenu.

Je me demande si moi aussi j'ai un morceau de son âme avec moi ? Je me demande si ce morceau souffre ? Je me demande si lui souffre ? Après tout on s'aime, n'est-ce pas ? Cette décision, même aisé à choisir, n'a pas dû se faire sans la moindre écorchure. Ou alors je voudrai le croire. Une voix dans mon cœur me chuchote que j'ai peut-être tout imaginé, que jamais les choses n'ont été ainsi entre nous. Mais je secoue la tête. Je ne dois pas laisser ces pensées là prendre le dessus. Parce que je le revois très bien hier soir, au dessus de moi, les yeux amoureux, le corps chaud et le cœur rapide, le corps moite et la voix gémissante... et que je sais au fond de moi qu'on s'est compris. Tous les deux, on sait très bien qu'on s'aime et qu'un tel amour n'arrive pas par hasard. Je le sais. Ses baisers, ses mains, les mots qu'il a chuchoté contre ma peau, les suçons qu'il a caché sur mes cuisses, tout ça veut dire je t'aime.

Alors quoi ? Pourquoi ? Pourquoi agir ainsi ? Pourquoi fuir ? Pourquoi m'aider à partir sur cette dispute sans vouloir m'en parler ? Pourquoi... ne pas vouloir me retenir ? Même alors qu'on sait tous les deux que ma place maintenant est auprès de Liam, pourquoi ne pas vouloir me dissuader de m'en aller après notre dispute ? Après ce qu'il s'est passé ? Qu'est ce que je dois comprendre ? Qu'attend-il de moi ?

Est-ce que je devrais le confronter moi même ? Insister ? Lui parler ? Pour lui dire quoi ? Et pour faire quoi ? Est-ce que je ne risque pas d'encore plus lui faire mal ? Mes larmes deviennent aussi brûlante que de l'acide sur mes joues et je sanglote piteusement. Même si j'insistais, à quoi ça servirait ? À ce qu'on reste tous les deux dans cette immonde misère ? Je l'ai dit, le voir ainsi ne me convient pas et je refuse d'être complice et témoin, alors quoi.... Je dois lui poser un ultimatum ? Non ! Jamais de la vie. Premièrement parce que quand on aime quelqu'un on ne lui pose pas d'ultimatum à propos de ça, et surtout parce que je sais qu'il ne me choisira pas. Il a déjà basiquement renoncé. Alors quoi ? Est-ce que ça vaut vraiment le coup que j'en parle avec lui ? N'a-t-il pas déjà prit sa décision ?

Je passe mes mains sur mon visage, je tire mes cheveux en arrière. J'en ai marre, marre de tout, je veux juste un peu de calme, je veux juste me sentir bien, aller bien, je veux juste que tout ça prenne fin. Depuis le début de cette histoire j'ai l'impression de n'avoir fait que pleurer, de A à Z, pour toutes les raisons possibles et imaginables. Je suis passé par un panel d'émotion et j'en ai marre, mon esprit mérite de pouvoir se sentir tranquille une fois de temps en temps. J'aime Harry, je l'aime plus fort que tout, mais si il ne veut pas de moi je ne peux pas continuer bêtement à vouloir tendre ma main vers lui. Qu'il se trompe d'ennemie ou non, moi aussi j'ai mal, et je ne mérite pas d'avoir mal, moi non plus, pas après tout ça. Je n'ai pas besoin de poser le moindre ultimatum à Harry, parce qu'il a déjà choisi.

*

La porte d'entrée s'ouvre. Le silence est lugubre dans la maison. Je regarde l'écran de mon téléphone portable et la carte bancaire de Harry cotes à cotes sous mes yeux. Je ne sais plus depuis combien de temps exactement je suis sur ce fauteuil à fixer ces objets, hésitant et pesant pour et contre. Assez longtemps pour que j'arrive à me souvenir presque entièrement du numéro de carte de Harry. Je crois qu'au milieu de ma misère, une lueur de joie souris de savoir qu'il a assez confiance en moi pour me la laisser ainsi. Mais le sourire n'atteint pas mon visage, et, à la place, je lève les yeux vers la porte d'entrée.

Harry me regarde l'air un peu perdu, comme si il pensait que je serai déjà partit à son retour. Il prend soin de bien déposer sa mallette sur le sol et tire un peu sur le nœud de sa cravate. Ça doit se voir comme le nez au milieu de la figure que j'ai passé la journée à pleurer, mais il choisi de ne pas en parler et se contente d'approcher sans trop savoir où mettre ses pieds, apeurés, peut-être, que j'eus placé des pièges à loup contre lui.

« Bonjour. » Me dit-il sur un ton que jamais il n'a employé avec moi avant, celui qu'il use avec ces clients, avec les inconnus. Je fais d'ores et déjà beaucoup d'efforts pour ne pas m'effondrer pour la cent quatorzième fois aujourd'hui, mais si il me parle ainsi... je vais faire un burn-out.

« Harry qu'est-ce que tu- »

« Tu as trouvé comment tu voulais rentrer chez toi ? Je suis prêt à payer tous les fraies, même si tu veux prendre l'avion. » Ça fait si mal, j'ai l'impression qu'il me met dehors, qu'il me veut hors de sa vie le plus vite possible, j'ai l'impression d'avoir tout détruit et que plus rien ne peut être fait pour recoller le moindre morceau. En une phrase le seul espoir que j'avais de nous voir essayer de réparer ces maux s'est envolé, ne laissant derrière lui qu'une image des restes de nous floue et déchirée.

C'est donc ça qu'on est devenu, du jour au lendemain ? Deux personnes qui ne peuvent plus se supporter, qui ne peuvent pas rester dans la même pièce ? Juste en quelques heures ? Je ne peux pas le croire, ça n'a pas put arriver si vite, je n'ai pas put à ce point rater les signaux. Je n'ai pas put à ce point ne rien voir venir.

« Pourquoi tu fais ça... » Je soupire en secouant la tête lentement.

« Je t'ai invité ici tout fraie compris, non ? Ça semble logique que je paye aussi pour ton départ. » Je pince mes lèvres et détourne les yeux, si je dois encore regarder son stupide visage alors qu'il est en train de détruire mon cœur je vais mourir de douleur.

« Je parles pas de l'argent, tu le sais. » Je me serre un peu plus contre moi en parlant, essayant, je crois, de protéger ce qu'il reste de moi, bien alors que chaque mots que Harry me dit dépassent toutes barrières dans leur chemin jusqu'à mon âme.

« Tu as dis que tu voulais rentrer, non ? » Je veux qu'il arrête. Je sais que c'est dur pour lui, je sais qu'il a un masque, une carapace, que je l'ai vexé et qu'il veut me repousser, parce que c'est comme ça qu'il fait pour se protéger... mais je veux qu'il arrête. J'ai beaucoup trop mal. Ça fait beaucoup trop mal et je veux qu'il m'épargne.

« Oui mais- »

« Et tu as aussi dis que tu n'arrivais plus à supporter de me voir ainsi avec mon père et que c'était pour ça que tu préférais rentrer, non ? » Ne me fait pas ça. Je t'en supplie.

« Harry... Laisse moi j- »

« T'as fais ton choix, Lou. » Parce que tu ne l'a pas fait, toi, ton choix ? Tu n'as pas l'impression d'être injuste ?

« Je suppose que tu as raison. » Je hausse mes épaules tristement. Pourquoi est-ce que je me sens coincé ?

« Je peux pas te forcer à rester, surtout si tu souffres de quelques chose que je vais clairement pas changer pour toi. » Il souffle longuement en croisant ses bras, alors qu'il m'observe comme si il était impuissant, alors qu'il ne l'es pas, et qu'il se trompe simplement de combat. Je suppose cependant que je ne peux que m'en prendre à moi même, c'est à cause de moi si il a l'impression que couper les ponts avec son père serait une faveur qu'il me fait plutôt qu'une qu'il se ferait à lui même.

« Mais... » Je triture nerveusement mes doigts. « Tu penses pas qu'on devrait en discuter un peu ? »

« Pour dire quoi ? » Il traverse finalement la pièce et se positionne sous l'arche, en face de moi. La lumière du jour sublime sa silhouette et j'ai envie de le supplier de ne pas me laisser m'en aller.

« Je sais pas... tu n'as rien à me dire ou demander ? » Il hausse ses épaules lâchement.

Pourquoi est-il si doué pour se cacher, et pourquoi se cacher avec moi ? Lui ai-je fait tant de mal ? L'ai-je à ce point déçus ? Je n'arrive pas à croire que ce soit lui à cet instant, où est passé mon Harry, celui qui jamais n'aurai agis ainsi avec moi. Est-ce que je l'ai détruit ? Si bien qu'il a finit pas se cacher même une fois en face de moi ? N'ai-je plus le droit d'accéder au vrai Harry ? Je dois me contenter de ce lui condescendant et arrogant à en mourir que je pensais ne plus jamais revoir ? Je ne mérites pas ça, je ne mérite pas de me cogner contre son stupide masque à nouveau, après qu'il m'ait tant donné de sa personne. J'ai beau lui avoir fait du mal je ne suis pas le seul en tord ici. J'ai peut-être honte de ce que j'ai fais mais ça ne veut pas dire que je ne veux plus son amour.

« Tout est plutôt clair pour moi. » Me dit-il. « Tu disais que tu resterai indéfiniment. » Il le dit sur un ton clashant et fort comme un reproche, et je me sens immédiatement piqué à vif.

« J'ai jamais dis que je partirai pour toujours. » Je hausse un sourcil vers lui. « Et si on va par là.. toi tu as dis que tu apprendrai à penser à toi et tu as même promis que tu y penserai sérieusement. »

« Tu recommences Louis. » Si les mots ont une forme, ceux-là ont la forme d'une point longue et aiguisée, et cette pointe trouve sans peine le chemin de mon cœur. J'entends, dans ma tête, quelque chose se briser, fort et d'un seul coup. Une assiette qui tombe ? Un verre lancé contre un mur ? Ou juste mes cotes qui cèdent finalement sous la force de mon cœur ?

« Quoi... alors t'as le droit de me renvoyer mes promesses dans la gueule mais moi si je le fais j'appuie là où ça fait mal ? » Je vais me remettre à pleurer.

« Jusqu'à preuve du contraire je t'ai jamais mis la pression pour que tu restes ici avec moi. » Il commence à hausser le ton. Ça y est, ça recommence.

« Ah ouais ?! Parce que tu m'as pas demandé de rester pour toujours après que tu m'aies dis que c'était la seule condition pour remplir ta promesse !? C'est pas du chantage ça peut-être ?! »

« Ça n'a absolument rien à voir et tu le sais ! » Il fait un mouvement brusque de son bras et je claque mon téléphone sur la table basse en me levant.

« Ah non ?! »

Un grand silence se déroule dans la pièce, aucun de nous ne sachant vraiment quoi dire de plus. C'est un peu ridicule n'est-ce pas ? À ce stade au dirait presque qu'on se dispute pour la forme plus que pour le fond. Je me sens stupide, à reprendre mon souffle ainsi, au milieu du salon, en le regardant faire de même, comme si on était deux personnages de dessin-animé en train de vivre leur bataille final.

Défait par tant de ridicule, je pousse un lourd soupir et me laisse tomber sur le fauteuil de nouveau, tirant mes jambes vers moi et les serrant le plus fort possible contre ma poitrine. Je ne savais pas quoi faire, mais une chose est sûr, son comportement de trou du cul borné m'a décidé.

« Je vais partir demain avec le train de huit heure trente. » Je marmonne en récupérant mon téléphone portable pour faire l'achat, qui attendait patiemment son moment, avec la carte de Harry.

« Très bien. Lucas te conduira à la gare. »

Je peux voir, du coin de l'œil, qu'il me regarde. Je ne sais pas trop ce qu'il attend. Est-ce qu'il me teste ? J'ai l'impression d'avoir perdu tous mes repères. Harry est si doué pour ce cacher sous les coutures de son masque de maturité qu'après tout ce temps je me sens perdu de le voir avec. J'ai l'impression de ne plus rien saisir. D'un seul coup tout ce que je pensais à propos de nous s'effondre. Moi qui croyais qu'en un regard, un geste ou un sourire je pouvais tout comprendre... on dirait bien que j'avais oublié de prendre en compte qu'il fallait premièrement qu'il le permette. Peut-être alors.. que tout ceci n'a été que du sens unique. Harry ne s'est jamais ouvert à cent pourcent à moi, et je crois que je m'en rend vraiment compte maintenant, plus que jamais avant ça ne m'étais arrivé. Je réalise qu'il a plus de volonté à se cacher que je ne le pensais. Finalement... je ne le connais peut-être pas aussi bien que je voulais le croire.

« Rassure moi H. » Je lève mes yeux vers lui. « Tu es intelligent... tu t'en rends quand même un minimum compte.... De la maltraitance dont tu souffres. » On échange un long regard. Je ne sais pas trop ce qu'il dit avec le sien, de regard, mais moi j'essaie de lui rappeler la chambre d'hôtel et la conversation qu'on a eu, les mots que je lui ait dit. La façon dont il s'est fermé ce jour là, c'était parce qu'il venait de s'en rendre compte pour la vrai première fois de sa vie... non ?

« Je vais commander des sushis. » Fuite. Encore. Évidement

Il sort de la pièce enfin et je baisse les yeux sur mon téléphone à nouveau. Je vais prendre sa fuite pour un oui. Pour un 'oui je m'en rend compte mais j'ai encore peur de vraiment l'admettre'. Ce n'est pas grave, il finira un jour par l'admettre, il a juste besoin d'un déclic, un déclic que j'ai tenté de lui donner en vain.

Il a raison. J'ai fais mon choix. Et si notre relation doit se résumé à ces tentions à cause de son père, alors je préfère m'effacer pour le moment. Harry aura un déclic, avec ou sans moi, peut-être est-il temps de rendre l'éponge alors. Je ne sais pas ce dont il aura besoin mais il a rendu très clair que ce n'était pas moi. Il avait besoin d'un soutien silencieux qui n'insiste pas et je ne peux pas le lui donner. J'ai besoin qu'il puisse être heureux sans Harold et il ne peut pas l'être. On est au bout du bout cette fois. Alors il est peut-être temps, en effet, de laisser tomber.

Après tout...

J'ai tout essayé.






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Sniff j'espère que vous n'êtes pas trop en colère contre moi, parce que je n'ai pas encore fini de vous envoyer des petites flèches dans vos petits cœurs hihi

Hum, comprenez vous l'étrange réaction de Harry? Il est un personnage tellement étrange parfois même moi il me surprend, il est si imprévisible !! 

Que pensez vous de la conclusion de Louis, de son choix de laisser tomber ?

Tout ça est arrivé si vite.... à votre avis que va-t-il se passer? Pensez vous que Harry va retenir Louis ou lui parler plus sérieusement? Pensez vous que Louis aurait dû dire les choses qu'il n'a pas dites? Que de question ! 

Je vous envoie tout plein d'amour, prenez grandement soin de vous okédac? Vous méritez plein d'amour et je sais que vous faites de votre mieux, et je suis fière de vous! Vous êtes précieux ! N'oubliez pas xx
Joëlla xx

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