Chapitre 46 : Exorciser le dégoût

Il fait chaud, et je pense même que c'est un euphémisme de le dire ainsi. Il ne fait pas chaud, la terre est devenu un four, c'est bien loin d'être la même chose. Il est normal, au mois d'août, que les température augmente, c'est le pic de l'été avant l'automne, avant la fin des chaleur, mais la canicule du sud de la France... j'aurai pu m'en passer. Si je pensé que trente quatre degrés Celsius étaient trop chaud je n'étais de toute évidence pas prêt pour vivre sous trente-neuf degrés. Par conséquent, je suis heureux d'être dans la voiture et je profite au maximum du vent dans mes cheveux, de sa fraîcheur sur mon visage, pour le court laps de temps où j'y aurais droit avant que l'on arrive à notre destination. Parce qu'une fois que la voiture sera arrêté la chaleur me retombera dessus comme un prédateur attendant que la proie se fatigue.

J'aimerai donc que ce trajet en voiture dur longtemps, juste pour encore un peu prétendre que je ne suis pas en train de fondre sous la chaleur, et que je suis dans un clip vidéo de Niall Horan. Cependant, ce serai mentir de dire que cette journée caniculaire et la seule chose qui me donne envie de rester ici pour toujours, il y a aussi, quelque part sous mes cotes, un sentiment de peur grandissant. Je pense que toute la motivation que j'avais à vouloir aller à la fête d'anniversaire de Wilhelmina a finalement été remplacé par un sentiment sifflant d'angoisse et de panique. Je sais pourtant que je veux et dois y aller, pour prouver à Harold que ni Harry ni moi n'avons peur de lui, qu'il ne peut pas nous éloigner de lui, qu'il ne peut pas éloigner Harry de sa famille indéfiniment. Mais, au bout du compte, les fait son bien là, et j'ai peur, et c'est logique parce que je ne sais pas ce de quoi il peut être capable et que je ne suis pas sûr de vouloir l'apprendre.

Harry aussi a peur, peut-être même plus que moi, et pour cette raison je feigne l'indifférence depuis des heures, pour ne pas en rajouter une couche avec ma peur. Je dois être son moteur parce que c'est le rôle que je me suis donné quand j'ai décidé que l'on devait venir à cette fête. Donc je ravale mon angoisse, pour me concentrer sur la sienne. Et quelle angoisse ! Il stress depuis ce matin, depuis qu'il est réveillé, il a même fait une petit crise de panique dès qu'il s'est réveillé. Il a fait les cent pas dans la salle de bain pendant qu'on se préparait, il a presque vomi d'angoisse avant de partir, et j'en passe bien des autres. J'ai tout essayé pour le calmer, mais évidemment rien y a fait. Je me suis tout de même demandé si c'était une bonne chose de le faire venir.

Je suis partagé à ce sujet, parce que je sais que c'est très légitime qu'il ait peur. Il est habitué à obéir à son père et à se plier à sa volonté, à obéir sans poser de question, le faire venir et défier un ordre direct de son paternel c'est basiquement le jeter dans la cage aux lions. Mais d'une autre façon il aurait été malheureux en ne venant pas, il aurait regretté, et il a besoin d'apprendre à défier son père puisque c'est ainsi qu'il arrivera le mieux à se défaire de sa relation avec lui. Quand il réalisera qu'il peut vivre en agissant comme il le veut il sera une case plus proche du moment où il réalisera que son père l'empêche de vivre. Ça vaux bien que je ravale ma peur sans relâche, durant ce trajet en voiture.

De toute évidence, cela vaux aussi bien le fait que cette peur ne cesse de remonter, encore et encore, chaque fois plus fort qu'avant, jusqu'à ce qu'elle se retrouve à stagner à l'arrière de ma gorge, comme un haut le cœur qui n'en fini pas. Puis, quand la voiture de Harry finalement se gare devant l'immense demeure des Styles j'ai l'impression que le haut de cœur va devenir, plutôt rapidement, un charmant vomi. Aussi dégouttant cela peut-il sonné, je prend une grande inspiration pour ravaler on envie de vomir, et je pousse un long et lourd soupir, pour essayer d'évacuer cette pression sur mes épaules.

Quand je suis un peu plus sûr de moi, je déporte mon attention vers la maison, sur le côté. Depuis l'avant on peut entendre la fête battre son plein de l'autre côté, et je dois puiser dans mes forces pour me pousser à respirer encore plus profondément et ne pas vomir. Je me tourne ensuite vers Harry, pour vérifier sa propre réaction. Sans grande surprise venant de lui, il est immobile, les yeux dans le vide, et se concentre sur le fait de revêtir son plus beau sourire et son plus joli masque. C'est, honnêtement, un peu bizarre de me retrouver là et de le voir ainsi. Je suis habitué à son masque, à le voir avec, à la voir agir avec maturité, mais je le suis beaucoup moins, pour ne pas dire pas du tout, quand il s'agit de le voir entrer dans la peau de son personnage, et c'est assez déroutant.

Je l'observe patiemment, je le laisse prendre le temps dont il a besoin pour récupérer le souffle dont il a besoin. Il s'apprête à tenir tête à son père simplement en entrant dans cette maison et c'est beaucoup pour lui qui est si docile tout le temps, alors je ne peux qu'attendre et lui offrir ma présence comme preuve de mon soutien. Quand il semble finalement se sentir prêt à affronter cette fin de journée, il se tourne vers moi et si je peux voir qu'il semble aussi mature que d'habitude, je vois aussi la lueur de douleur qu'il a toujours dans les yeux quand il s'agit de son père, et qu'il n'arrive jamais à dissimuler. Je ne sais pas si je suis le seul à la voir. Je sais simplement qu'elle et là et que ce n'est pas grave, c'est comme ça, ça fait partit de ces douleurs, alors je souris, simplement, et je serre brièvement son genoux, pour essayer de lui donner du courage.

Je sors de la voiture le premier, serrant un peu plus fort le cadeau de Willow dans mes doigts, comme si c'était la seule chose que j'avais à porter de main pour me sentir moins nerveux, en l'absence d'une boule anti-stress. Harry, lui, récupère le gros bouquet de fleur qu'il a acheté sur le chemin. Apparemment se sont les fleurs préférées de sa sœur, et ça me touche bien plus que je ne voudrais l'admettre, parce que ce genre de petit détails font beaucoup de différence.

Finalement, Harry fait le tour de la voiture pour me rejoindre, et marcher sur le même pas que moi vers la porte d'entrée. Celle-ci est ouverte, pour permettre à tout le monde de passer comme bon lui semble, et pour offrir à tous les nouveaux arrivants un premier aperçu de la décoration avant même d'être entré. Dans le hall, suspendu au travers de la pièce, une grande banderole jaune et blanche souhaite, en français, un bon anniversaire à Wilhelmina. Des ballons, aux couleurs similaires et complémentaire, remplient d'hélium flottent un peu partout dans la pièce. La demeure est dores et déjà une bâtisse très charmante et accueillante en temps normal, mais elle a l'air encore plus agréable et joyeuse ainsi, remplie de monde et de couleurs. Ça me rend malade de savoir que dans un endroit en apparence si belle et calme se passe des choses aussi grave que la maltraitance banalisé que vie Harry, cependant, et ça terni beaucoup l'image que je perçois de ces murs, aux couleurs entretenues, et décorés de photo de famille.

Je soupire et attrape la main de mon petit-ami pour la serrer, enroulant mes doigts autour des siens pour lui donner du courage, même si je crois, qu'au fond, j'ai surtout besoin de sentir qu'il est là et que j'ai un petit morceau de contrôle sur la situation. C'est moi, finalement, avec le courage que je me donne à moi même en le tenant de la sorte, qui engage notre pas dans la maison. Lentement, à mesure que l'on avance, les doigts de Harry se serre sur les miens sous la pression montante. Je pense qu'il a peur de croiser Harold, et honnêtement moi aussi, alors je pense que l'on pousse le même soupir de soulagement quand on ne le trouve pas dans le salon, et qu'on ne le vois pas non plus dehors, par la baie vitrée ouverte.

Dehors, d'ailleurs, il y a beaucoup de monde, famille et amis se tiennent sur la terrasse de bois, près de tables garnis et ornées de fleurs et autres bibelots, aux nappes blanches décorées de chemins de tables jaune pastel. Il y a des enfants qui courent ça et là, et la reine de la fête est au centre, dans une jolie robe d'été évasée et courte, la tête ornée d'une petite couronne. Tout ce beau petit monde à l'air fort heureux, cachés sous l'ombre de quelques tonnelles et parasols près de la piscine couverte de boule de plastique coloré en coordination avec le reste. De notre côté de la vitre, à l'intérieur, une grande table, un peu plus loin, permet à cadeaux et fleurs de s'entasser en grand nombre. Il n'y en a peut-être pas des milliers mais, au moins, facilement une dizaine, ce qui est déjà pas mal. Naturellement, on prend une petite seconde pour y poser nos propres présent avant de devoir rejoindre l'extérieur.

Au moment où l'on passe la baie vitrée un petit garçon passe dans l'autre sens, un papillon dessiné sur le visage, poursuivit par un autre petit garçon, un peu plus vieux, maquillé en Hulk. Ils nous bousculent et je rigole quand le mouvement me fait presque tomber et que c'est Harry qui me retient de justesse de m'étaler, la tête la première, sur le sol. Le rire, cependant, ne reste pas bien longtemps dans l'air, puisque l'agitation et le bruit attire l'attention sur nous, que soudain nous voilà le centre de tous les regards, et que c'est tristement gênant.

Je ne connais absolument personne ici. Je ne pense pas être une personne timide. Je dirais même être généralement quelqu'un d'assez sociable quand je le veux bien. C'est facile pour moi de parler aux autres même si je dois ensuite passer des heures à me demander si je n'ai pas paru gênant, mais je ne peux nier qu'à cet instant j'ai très envie de disparaître, ou d'être aussi insoucieux que les deux garçons qui nous ont presque fait tomber.

« Harry ! » S'exclame plusieurs personnes, presque en cœur.

« Salut tout le monde. » Dit-il en faisant un large signe de main.

Je ne sais pas spécialement comment agir, alors je me contente de lisser le bas de mon t-shirt nerveusement et de faire un bête signe de main un peu bancal et incertains vers les six personnes devant nous, quatre femmes et deux hommes. Ils semble tous polis et courtois mais ne pas savoir qui exactement ils sont me met mal à l'aise. Heureusement, Harry décide de me sortir de mon ignorance et de trouver mes premières marques avec ces gens.

« Louis, voici mes oncles et tantes. » Me dit-il en les désignant d'un mouvement de mains galant.

« La famille... voici Louis, mon petit-ami. » Sourit-il en tournant sa main vers moi alors que je m'étouffe presque sur ma salive.

Je pense qu'il veut me tuer, il n'y a pas d'autre raison pour m'introduire de la sorte sans me prévenir. Ou alors je suis juste trop sensible, ce qui est possible ici. Peut-être que c'est moi qui n'arrive juste pas à me faire à l'idée qu'on est un vrai couple, comme si rien n'était vraiment réel, ou peut-être que je ne suis pas habitué à être si ouvert. Peut-être est-ce les deux ? Il faut cependant me comprendre, c'est si dur de m'habituer à cela, de tenir Harry par la main et me dire que l'on est ensemble, ouvertement, que je suis son petit-ami et qu'il peut m'introduire comme tel puisque c'est ce que je suis. C'est même trop beau pour être vrai, ce sentiment d'amour, de liberté. Je vais m'effondrer dans mon amour pour lui, dans mon admiration pour son courage. Parce qu'il en faut, du courage, pour dire les choses ainsi alors qu'il a peur de le vivre ouvertement, alors que son père lui a dit des choses sûrement pire que ce que je peux imaginer il y a juste quelques jours.

« Ce sont les frères et la sœur de ma mère avec leurs compagnes. » Me souffle ensuite Harry, sa main à plat dans mon dos pour me pousser en avant, vers eux, alors que mes joues brûles.

« B- bonjour tout le monde. » Je marmonne en faisant un signe de main.

« Ne sois pas timide enfin. » Dit une des femmes, la sœur de Regina si je ne m'abuse, elle ressemble beaucoup aux deux hommes et à Regina elle même. « Harry ne t'as pas dit qu'on serai là aujourd'hui ? » Demande-t-elle ensuite, quand on s'immobilise finalement auprès d'eux.

« Hum.. non. » Je remarque en me tournant vers Harry pour lui demander des comptes, mais celui-ci ne semble pas me voir.

« Quelqu'un sait où sont mes parents, par tout les hasards ? » Demande-t-il à la place.

Je ne suis pas vraiment surpris qu'il demande, ça semble logique que son premier reflex soit de poser cette question, c'est comme étudié le terrain avant d'attaquer, pour savoir où est l'ennemie et espérer avoir une ligne d'avance sur celui-ci. C'est triste de voir les choses ainsi, mais je ne vois malheureusement pas d'autre explication.

« La dernière fois que j'ai vu ta mère elle était un peu plus loin, vers la serre, avec ton oncle. » Répond un des hommes. « Et ton père je crois qu'il est à l'intérieur. » Dit-il ensuite. « Mais restez un peu, on a plein de chose à se raconter ! »

« Ah, je ne doute pas ! » Répond Harry. « Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu en effet. » Il souffle un petit rire dans un air amusé et je passe mon bras autour de sa taille, juste pour le serrer un peu plus proche et être encore plus que simplement au premier rang pour le voir sourire de la sorte. J'aime le voir heureux, et quand ce n'est pas un bonheur que je lui donne c'est bizarrement encore plus captivant.

« Oui ! » Dit l'autre homme. « Tant de temps, te voilà en couple avec un garçon maintenant ! » Il rit, et je me tourne vers lui en pinçant mes lèvres dans une grimace amusé.

« Tout le monde était surpris, moi le premier. »

« Moi non. » Tout ce beau petit monde se tourne vers le son de la voix de Regina, celle-ci approche de nous, habillé d'une charmante robe noir, ses cheveux de blanche neige bien tenu en chignon sur sa tête. « À vrai dire je crois même que je l'ai vu venir. » Sourit-elle en se postant au côté de son fils, souriant quand elle se tourne vers sa fratrie et ses belle-sœurs.

« En même temps, rien ne t'échappe jamais, alors je ne suis pas surpris. » Lui dit Harry en souriant, me permettant de me souvenir assez clairement du jour où Regina m'a demandé depuis quand j'aimais Harry. On ne peut pas vraiment nier qu'elle possède une certaine sensibilité, qu'elle capte sans trop de peine des choses, je ne serai même pas surpris qu'elle ait sut que j'aimais Harry bien avant que moi je ne m'en rende compte.

« Comment tu vas Louis ? Je vois que tu as rencontré ma famille. » Me demande Regina, sourire aux lèvres, les yeux si doux que j'en oublierai presque que je suis en colère contre elle.

« Je ne savais pas que vous étiez issu d'une si grande fratrie. » Remarqué-je, le visage tordu dans un rictus poli.

Je ne savais pas qu'elle avait tant de frère et sœur, mais je me souvenais, néanmoins, qu'elle avait une sœur. Harry a parlé d'elle au téléphone, d'une façon qui m'avait déjà permis de savoir qu'elle était lesbienne. Je ne me souviens cependant pas de son prénom. Quelle surprise de découvrir qu'elle a deux frères, aussi, et qu'elle plus grande surprise encore de découvrir que ça semble dans les gêne de la famille Sorange d'être beau. Je trouvais déjà Regina sublime, mais sa fratrie l'est tout autant, de façon assez similaires tout en étant pourtant bien différente. Ils sont quatre beaux spécimens, c'est logique que Harry et ses sœurs soit si beaux, tous les trois, quand l'on voit leur arbre généalogique maternelle.

« C'est loin d'être la pire. » Rigole une des autres femmes.

« Harold a cinq frères et sœurs. » S'amuse Regina d'un rire élégant.

J'ouvre de grands yeux surpris face à cette révélation inattendu. Il sont donc six ? J'avais toujours imaginé Harold comme un fils unique, pour une raison ou une autre, c'est vraiment une idée ahurissante, à mes yeux, qu'il ait tant de frère et sœur. Lui qui semble si individualiste a dû passer une enfance peu agréable dans une si grosse fratrie celle-ci. Une fois ma force du choque, qui a amusé la galerie, passé, je me rend compte de quelque chose qui m'interpelle un peu plus, maintenant que je sais ce que je sais. Il ne semble pas y avoir d'autre adulte ici, à part l'oncle, dont à parlé un des hommes ici, avec qui Regina était à la serre mais que je ne vois nul part. Les autres personnes ici sont des enfants, qui doivent donc être des cousins de la famille, et des amis de Wilhelmina qui ont son âge. Si Harold a tant de frère et sœur, où sont-il tous ? Sur cinq d'entre eux seul un a put se libérer pour l'anniversaire de sa nièce ? J'ai du mal à croire à une simple coïncidence, parce que si la famille Styles m'a bien appris quelque chose c'est que toutes leurs apparences sont trompeuse.

Par association rapide d'idée j'arrive à une conclusion qui me sidère. J'ai envie de me tromper. Je me tourne vers Harry, comme pour essayer de lui demander si il comprend ce qu'il se passe dans ma tête et s'il peut le confirmer, parce que je commence à avoir peur de cette pensée.

Peut-être que toute la famille est au courant au sujet de Harry. Peut-être que, si celle de Harold n'est pas là aujourd'hui, c'est parce qu'ils l'ont renié. Ça semble trop gros à accepter mais Harold est une personne si strict que ça semble logique qu'il ait dû grandir dans un univers similaire, même si l'inverse est tout autant possible. Ce ne serait, cependant, pas aberrant d'apprendre que sa famille ait appris qu'il avait un fils illégitime et qu'ils aient décidé de le renier pour cela. Ça expliquerai même un peu plus la colère que Harold a en lui contre son fils. Non seulement celui-ci représente son mariage raté et fragilisé pour toujours, mais il est aussi la raison pour laquelle sa famille lui tourne le dos.

Non. Ce n'est pas vrai, je dois extrapoler, je dois rêver, je dois l'imaginer, ce n'est pas réel. Ça fait peur, je ne veux pas y croire. J'ai dû l'imaginer, l'inventer, je me fais encore des films, c'est sûr. Mais si je l'imagine, alors pourquoi est-ce que Harry pince ses lèvres quand nos regards se croise ? Pourquoi a-t-il un air si coupable ? Pourquoi semble-t-il ne pas vouloir confirmer quelque chose qu'il admet pourtant en aillant l'air si suspicieux ?

« Merci d'être venu, en tout cas, les garçons. » Dit Regina sur son habituel ton posé et cérémonial, attirant à nouveau mon attention sur elle.

« C'est normal. » Je répond aussi sec, le regard légèrement dur, comme si je voulais aussi lui demander, à elle, qui sait, qui voit.

Elle sait tout. Elle observe tout, elle sait tout ce que Harold a put dire et faire. Elle sait très bien ce que l'on affronte en venant aujourd'hui. Elle sait très bien quelle colère on peut déclencher en étant simplement ici. Elle sait probablement aussi si j'ai raison à propos de la famille de Harold. Et elle ne se cache pas. Elle aussi culpabilise quand elle me rend mon regard, même alors qu'elle sourit, même alors qu'elle semble joyeuse. Elle porte un masque elle aussi, il n'est pas du tout similaire à celui de Harry, il en ai même très différent, mais il est bel et bien là, et, comme avec Harry, j'arrive à voir par delà les coutures, au moins un petit peu, et je peux voir qu'elle cache quelque chose. Qu'elle a mal. Je ne vais sûrement pas l'en empêcher. Aussi gentille puisse-t-elle être elle a choisi de laisser la violence de Harold passer et ça ne me donne pas beaucoup envie d'avoir de l'empathie pour elle.

« Dites moi. » Je me tourne vers la sœur de Regina et celle-ci se tourne vers moi, un peu surprise, en tenant son verre proche de sa bouche quand je la stop dans son mouvement.

J'arrive à voir qu'elle est plus jeune que Regina, je crois même que Regina est l'aînée de cette fratrie, et que la seconde fille est, quant à elle, la benjamine. Quand je la regarde je ne doute pas que Harry est un Sorange, il lui ressemble beaucoup. Elle a les cheveux bouclés et courts tirant sur un blond presque foncé, et ses yeux sont de la même teinte de vert que ceux de mon amoureux. Elle ressemble elle même beaucoup à sa sœur, elle a la même bouche et le même nez.

Je me demande si elle sait elle aussi ? Si elle a regardé son neveu grandir et qu'elle a reconnu avec le temps qu'il ne pouvait pas être le fils de Harold. Je me demande si tous savent la vérité. Ça confirmerai une part de cette hypothèse que je présente. Savent-il ? Eux aussi ? Sont-il témoin de la même façon des choses que Harry subit ?

« Harold a-t-il déjà tenu des propos déplacés, vis à vis de vous aussi ? » Mon regard migre vers la femme à ses côtés, aux cheveux courts et portant un piercing industriel, qui lui tient le bras.

Je crois que je jette un léger froid sur le moment et les autres personnes autour de nous semblent soudainement mal à l'aise. Harry m'attrape par mes épaules pour me tirer en arrière, pour me dire de me taire, de ne pas poser cette question qu'il juge apparemment déplacée. Mais je n'ai que faire, je suis prêt, si ils ne sont pas au courant, à exposer au grand jour le fait qu'il a tenu des propos discriminatoires envers nous, parce que, en tant que personne lgbt+, je me dois de prévenir les autres qu'un homme aux propos dégradant envers eux se tient parmi leur proches. Je me le dois aussi pour Harry, pour que ses proches le savent si ce n'est pas déjà le cas, pour essayer de les pousser à voir les problèmes si ils savent mais ne fond rien.

« Hum.. non. » Dit la belle-sœur de Regina. « Il a toujours été très compréhensif, il a même porté un superbe toast à notre mariage, n'est ce pas Nicole ? » Elle se tourne vers sa femme, pour lier geste à parole.

« Oui en effet. » Elle glousse gentiment mais dans leur deux paires d'yeux je reconnais une certaine crainte, celle d'apprendre qu'elles ont été éconduit, qu'on leur a mentit, que quelqu'un pense en mal d'elles depuis longtemps.

Moi je me concentre sur cette nouvelle information et ce qu'elle signifie, puisque c'est encore pire que ce que je croyais. Harold a tenu des propos homophobes dans le simple but de nuire à Harry, il a choisi d'user de discrimination juste pour lui faire mal, juste comme ça, parce que c'est Harry. Il ne l'a pas fait parce qu'il le pense, il ne la fait que par motivation haineuse. J'ai envie de vomir. Cette obsession tordu qu'il a doit cesser, c'est trop, beaucoup trop.

Harry et Regina semble le comprendre aussi, et les deux détournent leurs regards quand je pars les chercher. Est-ce qu'ils veulent juste se plier et laisser faire ? Est-ce que personne ne va vraiment rien faire ? Je mord le bout de ma langue et baisse les yeux vers le sol de bois un instant. Apparemment, oui. Personne ne va rien dire ici. Je viens de laisser entendre qu'il avait tenu d'immonde propos envers son fils et personne ne va rien dire. Je suis là, tout seul et personne ne va rien dire, on va me regarder alors que je suis debout là, stupide sur mes jambes molles, tendant la main vers de l'aide que personne ne semble disposé à donner. J'en ai assez, moi, de tout ça, je voudrai mettre Harry dans ma poche et partir avec lui loin de tout ces gens qui ne le respectent pas, qui se taisent alors qu'ils voient. Je veux le sortir de cet endroit où on banalise son mal être, où on lui fait croire qu'il doit juste faire avec et accepter. Je refuse de rester ici à ne rien faire.

Alors c'est exactement ce que je vais, je ne reste pas ici. Je m'excuse d'un ton un peu bredouille et m'éloigne du groupe pour rejoindre Willow un peu plus loin, usant de son anniversaire comme excuse silencieuse pour abandonner les autres. Personne ne me retiens, et tant mieux, je n'ai pas que ça à faire que de rester avec eux.

Quand j'arrive au niveau de la reine du jour, c'est un de ses amis qui me voit le premier. Il dit quelque chose en me pointant d'un doigt évasif et Wilhelmina se tourne vers moi avant de sourire quand elle voit qu'il s'agit de moi.

« Louis ! » Me salut-elle en comblant la distance vers moi, les bras ouverts.

« Joyeux anniversaire Will. » Je lui dit en la serrant dans une forte étreinte, si fort que je la soulève même un peu du sol dans le mouvement.

« Merci d'être venu. » Souffle-t-elle quand je la repose, me souriant sincèrement. Elle aussi sait que l'on brave beaucoup en étant là Harry et moi, mais bizarrement son inquiétude me semble mieux placé et plus acceptable que celle de sa mère, sûrement parce qu'elle est sincèrement peiné de tout cela, qu'elle a beaucoup plus envie d'agir que les autres autour d'eux.

Sa main se pose doucement sur mon avant bras et elle se tourne ensuite vers son groupe de camarade, elle m'introduis avec quelques mots en français et je fais un signe de main vers les jeunes gens en demi cercle devant moi. J'aurai beaucoup aimé essayer de parler avec eux et en apprendre, par ce biais, un peu plus sur la vie de Willow, que je ne connais que très peu, mais j'en connais un qui a d'autre plan.

« T'étais vraiment pas obligé de me faire ça devant tout le monde. » Harry, comme moi, aurai pu en vouloir à ceux qui sont derrière, immobile comme des bûches, témoins inutile d'une violence certaine, mais c'est moi qu'il décide de remettre en place.

« De quoi il parle ? » Demande Willow en fronçant ses sourcils alors que Harry vient la serrer contre lui pour la saluer. Il l'a déjà appelé à minuit pour lui souhaiter son anniversaire, mais ça ne l'empêche de toute évidence pas de le faire une deuxième fois quand il embrasse sa tête.

« Rien. » Je marmonne en me détournant.

Peut-être que Harry ne va pas insister, puisqu'il dit bonjour à sa sœur peut-être pourrait-il se concentrer sur elle, n'est-ce pas ? Ce serai la chose la plus logique à faire ? Non ? Non. Parce qu'il se tourne vers moi juste après que j'ai réponde, l'air sévère.

« Non pas rien. » S'énerve-t-il, avant de m'attraper par le poignet. « Viens avec moi. »

Comme si j'étais un enfant qui avait fait une bêtise, je me fais traîner au travers du jardin, jusqu'à la serre par Harry. Probablement cherche-t-il un peu de distance et de solitude pour que l'on puisse en parler ensemble, loin des autres, pour ne pas faire de scène devant tout le monde. Peut-être même cherche-t-il du calme pour pouvoir crier, puisqu'il n'hésite pas à fermer la grande porte de l'immense verrière pour que l'on se retrouve vraiment seul ici, et coupé des autre. Dans un autre contexte j'aurai presque envie de croire qu'il a des envies particulières, mais non, je vais simplement me faire remonter les bretelles comme un bébé.

« C'était quoi ça ? » Demande-t-il, de but en blanc, dès qu'il ferme les portes, croisant ses bras sur sa poitrine avec sévérité en ma lançant un regard noir.

« Quoi ? » Je crache presque, haussant un sourcils, peu amusé.

« Arrête, joue pas au plus con parce que tu vas être servi. » Il ferme les yeux, avec agacement, en massant ses tempes, et je roule mes yeux en partant vers le petit salon de jardin plus loin, retenant de grincer des dents au contraste entre aujourd'hui et la dernière fois que l'on était là.

« Pardon hein, mais tu t'en prends vraiment pas à la bonne personne. » Je siffle en m'asseyant sur le canapé.

« Je m'en prends à celui qui vient de me foutre la honte devant mes oncles et mes tantes. » Répond-il du tac au tac en me rejoignant pour s'asseoir sur la table basse, en face de moi, mettant une distance clair entre nous qui sommes constamment collé l'un à l'autre, pour ainsi bien signifié qu'il m'en veut.

« Te mettre la honte, carrément, mais allons-y quoi. » Je raille dans un souffle franc, levant mes bras au ciel brusquement en m'enfonçant dans le dossier, heurter, sans vouloir le dire vraiment, qu'il voit la chose ainsi.

« Oui la honte, parfaitement. » Il hoche la tête, à ses yeux tout ça semble évident et logique. Je veux vomir, à quel degrés exacte est-ce qu'on lui a retourné le cerveau, pour lui faire croire que tout ça est normal et que ses sentiments n'ont pas d'importance.

« J'avais pas réalisé que je pouvais pas demander a tes tantes si elles avaient soufferts de propos homophobes comme nous. » Je hausse mes sourcils et croise mes bras. « C'est n'importe quoi H, tu te rends compte un peu de la scène que tu me fais pour rien là ? »

« Pour rien ?! » Il passe ses mains sur son visage. « T'avais aucune raison de leur parler de ça. »

« Ah ouais ? Parce qu'ils sont pas au courant de tout peut-être ? Parce que personne ne sait ce qu'il se passe et pourquoi l'autre moitié de ta famille est pas là ? Parce qu'il sont pas au courant, déjà, de tout ce que tu vis ?! » Je hausse un sourcils et il serre ses lèvres dans un mine sévère, signe que j'ai visé très juste et que ça le fait vraiment chier. Tant mieux. « Bien sûr qu'ils savent, et si je dois leur dire que ton père de merde va jusqu'à tenir des propos homophobe pour te heurter alors je le ferai. Je vais pas rester les bras croisé comme eux tous. » Je fini sur un ton sec et serre mes bras plus fort contre moi, sentant que la rage montante commence à appuyer sur une corde douloureuse et surtout assez fragile. Je suis au bord de l'explosion.

« Parle pas de mon père comme ça. » Siffle-t-il.

Je rêve. Par delà le fait que son père soit un con... comment ose-t-il me dire ça ? À moi de toute personne ?

« Euh, excuse moi mais ton père si merveilleux et brave nous a interdit de venir aujourd'hui et nous a insulté. Il m'a aussi agressé. Alors je parle de lui comme je veux. » Je tourne les yeux sur le côté, comme pour ne pas le voir, parce que le voir augmente ma colère, ma haine, ma douleur, parce que plus je le regarde plus je m'énerve et plus j'ai mal de m'énerver contre lui.

Mon corps tremble lentement. Je ne veux pas me disputer pour ça. Mais il est en train de me rendre fou, fou de rage. Je suis de son côté et je déteste avoir l'impression que je suis le seul à être de son côté parce que même lui n'y est pas. Je ne veux pas que mon envie de le sortir de là soit ce qui l'énerve alors que ces ennemis sont ailleurs. Je serre les dents. Je déteste cette situation, je déteste sentir mon cœur battre si vite pour des raisons pareils, je déteste me rendre compte que si Harry peut influer mes émotions c'est qu'il peut aussi me faire ce genre d'effet sans problème. Je crois que mes yeux se mouillent mais je me retiens de faire le moindre son, retenant mon souffle et me concentrant sur autre chose, pour ne pas prendre le moindre risque de me mettre à pleurer pour de vrai. J'ai assez donné avec les larmes ces derniers jours.

« Il reste mon père. »

Je dois vraiment rêver.

« Bien sûr que non merde, t'as insulté le mien pour moins que ça alors calme toi non ? » Je perds patience et il pousse un râle dérangé. « J'en ai marre moi, tu te rends vraiment pas compte de ce qui ne va pas et ça devient tellement usant, tout le monde se contente de te regarder te noyer et tu t'en prends à moi, alors que je suis le seul qui cherche à t'aider. » Je serre mes bras plus fort et il tend ses mains devant lui, paume vers moi.

« Ok, du calme, c'est pas la peine de se disputer. »

« Bien sûr que si ! » Je me tourne vers lui soudain, pris de court moi même par la force de ma voix. « Tu viens me péter les couilles parce que je t'aime, c'est quoi ça ?! Je sais que j'ai dis que j'allais prendre mon mal en patience pour que tu finisses par trouver la force de partir mais merde à la fin, je veux pas que tu me blâme pour simplement vouloir ton bien ! »

« Louis ! » S'exclame-t-il en se levant. « Tu viens d'en parler devant toute ma putain de famille ?! C'est un tabou ! C'est comme ça ! Tu voudrais vraiment que je vienne parler de ton frère à ta famille comme ça !? » Les larmes coulent, ça devient trop dur de me retenir, je n'y arrive plus, elles coulent lentement, déborde et se glisse doucement entre mes lèvres.

Je sais qu'il marque un point, je sais qu'il a raison, je sais que j'ai merdé, mais pourquoi il ne peut pas admettre que j'ai aussi une part de raison ? C'est un tabou mais il est maltraité lui, et ça n'a rien à voir avec le fait que j'ai perdu un frère et que personne n'en parle. Le tabou était autour de la mort d'un enfant qui n'a jamais put naître, autour de la dépression de ma mère. Le tabou, ici, est bien différent. Ce que font ces gens c'est fermer les yeux sur de la violence, sur de la maltraitance. Ce n'est pas comme si le tabou était autour de la nature de Harry, puisque, cette partie là de la chose, je la respecte. Ça m'est égale qu'il soit un bâtard, égale que ça n'affecte pas sa relation avec les siens, c'est même la moindre des choses. Ce n'est pas ça mon problème. Mon problème c'est que choisir de se taire c'est tolérer la chose, c'est prendre le partit de l'oppresseur. Pourquoi n'arrive-t-il pas à le voir ?

« Ça n'a rien à voir ! » Je me défends bêtement, dépassé, bien alors que la centaine de choses que je veux dire se battent dans ma gorge pour sortir.

« Bien sûr que ça a à voir ! » Rétorque-t-il en s'éloignant, attrapant sa tête à deux mains.

« Quoi alors tu veux que je te laisse tout seul dans cette merde et que je reste là comme un débile à te regarder souffrir ?! » Je me lève à mon tour, les bras tendu sur les côté pour essayer d'avoir l'air plus imposant.

« OUI ! »

Oh.

Oui. Trois petites lettres, rien d'autre. C'est tout ce dont il a besoin pour me faire mal. Oui. Mon souffle se coupe et je me décompose. Mes bras lentement retombent, sans bruit autres que celui de sa respiration, de la mienne. J'ai le tournis. Je vais tomber, je vais m'étaler par terre. Mes yeux s'égarent, observent les plantes, comme si je me mettais en veille alors que mon cerveau surchauffe, que les bonhommes dedans se tiennent immobiles et bêtes, impuissants, au milieu des voyants rouges et des alarmes qui hurlent à n'en plus pouvoir, au point que mes oreilles sifflent. J'ai l'impression qu'une bombe vient de tomber juste entre nous, si bien que, maintenant, le silence qui nous entoure sonne glauque. J'en ai un haut le cœur.

Il y a un drôle de goût sur mes lèvres, ou alors est-ce mes larmes ? Je sais juste que le mot m'a claqué si fort en travers de la figure que c'est comme si j'avais été propulsé dans une autre dimension. Je regarde Harry alors qu'il reprend son souffle. J'aimerai qu'il sache combien ça fait mal. La lumière du soleil est direct sur son visage, passant entre les feuilles pour flatter la forme de ses traits. Je ne dis rien. Quoi dire ? Je ne peux rien dire, il n'y a rien à dire. Harry ne veut simplement pas de mon aide. Je veux tout faire pour l'aider à aller bien et il admet finalement qu'il ne veut pas d'aide. Si encore cela voulait dire qu'il pouvait le faire seul, mais je sais que non et je tombe. C'est comme si j'avais couru si loin et si fort que j'avais réussi à tomber de la terre elle même. J'ai le vertige dans cette drôle d'apesanteur. C'est donc ça, le sentiment d'aimer quelqu'un, de vouloir tout faire pour cette personne, et de se voir recevoir un non. C'est donc ça, de voir son âme sœur dans des sables mouvants, qui ne fait rien pour en sortir et qui refuse toute forme d'aide. C'est donc ça de voir quelqu'un qu'on aime plus que tout sur terre mourir à petit feu sans avoir envie de se battre, et se condamner par iel-même à cette souffrance éperdue pour une raison ou une autre, jusqu'à ce que la mort l'attrape... Je préférerai m'arracher moi-même le cœur que de vivre avec ce mal.

Je sursaute soudain quand du bruit retentit dans la serre. Ce sont les pas rapide d'un enfant qui court. Je n'ai le temps de le voir qu'une instant quand je me tourne vers la sortie. C'est un petit garçon d'une dizaine années, tout au plus, qui se précipite de hors. Je crois que je panique dès que je comprend ce que ça veut dire. Il était là depuis le début ? Qu'est ce qu'il a entendu ? Qui est-ce ? Va-t-il parler à quelqu'un ? À qui ? Pour dire quoi ? L'angoisse monte. Harry l'appelle par son prénom en essayant de partir derrière lui, mais il se ravisse bien vite, poussant un soupir angoissé, laissant au garçonnet l'unique poursuiveur que représente son regard inquiet.

« C'est... » Je ne fini par ma phrase et regarde Harry passer une main fatigué sur son visage.

« C'est mon oncle. » Je fronce mes sourcils en me tournant vers lui et le regarde tomber assis dans le fauteuil, avec une lourdeur lasse.

Son oncle ? La personne dont il était question plus tôt ? C'est un enfant ? Ça en ai presque comique. Pas le fait que ce soit un enfant, mais le fait que ça confirme simplement le fait que les autres frères et sœurs de Harold ne soit pas venu pour une raison bien précise. Le seul qui est venu est un enfant plus jeune que Willow elle même. C'est ridicule. Tous chez les Styles est ridicule. Ils sont tous ridicules. Ils sont stupides, c'est une famille qui semble vraiment motivé par de mauvaises choses, une famille remplie de haine, ils sont ridicule. Ça en est presque risible.

« Il va sûrement chercher mon père. » Marmonne-t-il, déjà défaitiste.

Je lève lance un coup d'œil nerveux vers la porte. Ça me semble évident qu'il va chercher Harold. Bien sûr. Quel famille de tordu, même le plus jeune frère de Harold est contre nous. Je n'aime vraiment pas c'est gens. Si Harry me demande un jour en mariage il a intérêt à prendre mon nom de famille, je refuse d'être associé à ces tordus.

Je retombe finalement sur le canapé, essuyant mes joues et reniflant stupidement en attendant la sentence comme un prisonnier dans le couloir de la mort. J'ai envie de partir, je le veux tellement, je ne veux pas voir ça, en être témoin encore une fois. Harry veut que je le laisse se débrouiller et il mériterai que je le fasse. Mais je l'aime. Je l'aime et je ne peux pas fermer les yeux, pas moi aussi, je ne peux pas aimer Harry en faisant comme si j'étais stupide, je ne vais pas ignorer la situation parce que j'en suis moralement impossible, alors je préfère me tenir prêt, moi aussi. Prêt pour la furie qui passera cette porte d'une seconde à l'autre, pour venir hurler sa haine à qui veut l'entendre. Prêt pour une fois encore être celui qui devra ramasser Harry à la petite cuillère. Prêt à intervenir si il faut, même si Harry veut que je le laisse. Je me tiens prêt, je rassemble mes forces. Moi vivant, il faudra me passer sur le corps pour oser faire le moindre mal à Harry.

Je prends une inspiration décidé et racle ma gorge. Je me donne une meilleur posture sur mon siège, plus droite, plus fière, prêt à en découdre.

« Qu'il vienne. » Je préviens finalement, sans regarder Harry, sans me concerter avec lui.

Qu'il le veuille ou non je suis avec lui, on est deux, et je suis là. Je serai là pour toutes les épreuves, pour tout ce qui viendra, parce que c'est ainsi, c'est mon rôle et il ne pourra pas me l'enlever. Il ne répond pas, je ne pense même pas vraiment qu'il ait entendu. Sûrement se prépare-t-il moralement lui aussi. Qui sait ce qui va nous tomber dessus exactement ? Lui tomber dessus ? J'angoisse un peu de toutes les idées de ces éventualités, mais je suis prêt, si je dois me mettre en travers de la route de Harold pour le remettre en place je le ferai, si je dois être la ligne de défense alors je le serai. Je suis prêt.

Je ne sais pas trop où était Harold, mais une chose est sûr le garçon qui est partit savait parfaitement où le trouver, lui, parce que des éclats de voix résonne bien vite dans le jardin de la demeure et que je n'ai pas vraiment le temps de le réaliser que la porte de la serre s'ouvre à nouveau. Harold entre en furie, le visage crispé de colère et les poings serrés, le regards dur, la mâchoire ferme. Ses pas sont rudes alors qu'ils frappent le sol dans son chemin jusqu'à sa proie. Qu'il approche encore, qu'il vienne, si il lève la main je promets que ça en est fini de Harold Styles.

Je me lève, prêt à parler, mais, évidemment, il m'ignore, ou ne me voit carrément pas tant il est concentré, et se tourne vers son fils à la place. Il pointe son doigts d'un air accusateur vers lui et je serre les poings en le regardant faire.

« Je t'avais dis que je voulais pas te voir ici aujourd'hui ! » Crache-t-il entre ses dents.

Harry reste de marbre en face de lui, internalisant tout si profondément en lui que c'est comme si il ne ressentait plus rien. Mais ce n'est qu'une apparence et je le vois très bien d'ici, il émet des signes de peur très clair et pourtant pas assez pour qu'un regard général ne puisse le percevoir. J'ai mal au cœur et aux cotes qu'il frappe sans relâche.

« C'est l'anniversaire de ma sœur, elle m'a invité. » Répond-il simplement, il sonne sûr de lui et je ne peux que saluer, une fois encore, combien il se contient, toujours, combien il arrive à garder ce masque, cette façade sur son visage, cette façon qu'il a de donner l'impression que tout va bien.

Peut-être est-ce une des raisons qui encourage les autres à ne rien dire et laisser faire. Peut-être que je suis le seul à réussir à voir par delà les apparences, à voir ce qu'il se passe dessous ; sous la surface ; peut-être suis-je le seul à l'avoir toujours sentit et sut.

« Et moi j'suis ton père et j'ai dis que je voulais pas te voir ! » Il sort ses doigts pour commencer à compter. « Tu te casses en vacances sans prévenir, tu quittes le pays deux jours sans m'en parler, tu crois vraiment que je vais te laisser faire comme si tout allais bien ?! » Crit-il, plus fort que le ton qui résonnait de moi et Harry plus tôt. C'est même trop fort je voudrai dire.

« Je suis un adulte. » Harry reste toujours aussi impassible et docile, ça n'a plus rien à voir avec la façon dont on vient de se disputer, c'est comme si il était mort dedans. Je hais de le voir comme ça, se plier de la sorte et le laisser lui hurler dessus en usant si peu de défense. Pourquoi fait-il ça ? Et surtout comment ? Comment arrive-t-il si vite à passer d'une colère qui s'exprime à une colère qui refuse de sortir ? Comment arrive-t-il si facilement à rester ainsi face à Harold ?

« T'es mon associer Harold, c'est tout ce que tu es. » Je tique. C'est assez étrange d'entendre son père l'appeler par son prénom complet.

J'oublie toujours que c'est ainsi qu'il s'appelle, de base, que Harry n'est qu'une surnom d'usage comme quelqu'un qu'on appellerai Junior, et je n'aime pas trop ça. Aussi bizarre cela puisse sonner, l'idée qu'il porte le même prénom que son père me donne le vertige et la nausée, je le perçois comme si c'était une marque d'appartenance. Harry appartient à Harold comme une propriété banal,. Je ne sais pas quand il a appris que Harry n'était pas son fils et si il y a eu un temps où la motivation derrière ce prénom était une simple histoire de tradition, mais maintenant je n'arrive pas à ne pas voir ça comme un simple moyen de lui rappeler qu'il est sous l'emprise d'Harold. C'est comme si Harry portait ce prénom pour les mêmes raisons qu'un enfant de primaire a son prénom d'écrit sur ses affaires. Des frissons courent sur ma peau.

« M'appelle pas comme ça. » Demande Harry.

« Je t'appelle comme je veux ! »

« Hé ! Ça suffit non ?! » Je m'avance soudain, ne pouvant plus tolérer une seconde de plus de ce pitoyable spectacle que l'on me présente piteusement. « Vous avez pas l'impression d'agir comme un trou du cul ?! » Je crache violemment les mots atterrissant par terre et sur son visage presque comme un vrai glaire tant il me dégoutte. De la même façon que si j'avais craché, Harold plie son visage dans une grimace écœuré en me se tournant vers moi.

« Louis ! » Me reprend Harry, mais je n'ai pas que ça a faire de lui redire qu'il ne s'en prend pas à la bonne personne.

« Vous voulez pas le laisser respirer un peu ?! Merde à la fin c'est votre fils non ?! Vous le dites vous même ! C'est quoi votre putain de problème ?! » J'écarte mes bras comme pour me montrer plus impressionnant, même alors que Harold est un grand homme de un mètre quatre-vingts cinq qui semble aussi pousser du poids à la salle, et que j'ai donc l'air bien ridicule en face de lui.

« Je suis pas sûr de t'avoir sonné toi ? Et je croyais que je t'avais spécifiquement demandé de ne plus traîner avec mon fils ! Tu lui mets des idées absurdes dans la tête, tout ça c'est à cause de toi ! » Je hausse un sourcils. Il se fou de moi ? J'ai envie de lui rire au nez, alors je le fais. Je ris aussi fort que je le peu de son air outrée, de ses gros yeux moche et globuleux à cause de la colère, du plie sur son front et de sa répartit qui semble se limiter aux trois mêmes arguments.

« Mais ma parole vous êtes vraiment fini à la pisse ! » Je tousse brusquement, tordant un sourire moqueur sur mon visage pour essayer de m'arrêter ensuite. Quelle partie de rigolade incroyable, son petit caca nerveux est la meilleur des distractions !

« T'es qu'un petit con de toute façon je sais même pas pourquoi t'es là ! » Il ricane à son tour. « Harry ne sait pas garder de partenaire alors tu vas bien finir par dégager ! » Étrangement, à ce moment, je rigole beaucoup moins, parce que je vois Harry accuser le coup et que je n'ai pas envie de me tenir ici et de me moquer de ça, parce que ça lui fait mal. Parce qu'il l'insulte, le dégrade, le diminue, et que ça n'est pas drôle, ça.

« Vous êtes vraiment le plus gros connard que j'ai jamais vu, et pourtant j'ai été élevé par de sacrées ordures moi aussi. »

Je crois que c'est le moment où il voit vraiment rouge, parce que soudain il serre ses dents et qu'une alarme dans ma tête s'enclenche et me dit de partir en courant si je veux survivre, mais je n'ai que faire. Je refuse de le laisser gagner. Harry peut se plier comme il veut, moi non, moi je tiens ma tête haute et fière, qu'il vienne, je l'attends. Et il vient. Il est déjà tout proche mais s'approche encore un peu plus, pour pouvoir empoigner mon col. J'ai un sentiment de déjà vu quand il tire si fort que je décolle presque du sol, pour me déplacer et m'éloigner de Harry qui tente tout de même de l'arrêter, attrapant l'épaule de Harold en l'appelant. Je serre la mâchoire et sens ma gorge se serrer autour de mon souffle. Cependant, je tiens son regard. J'ai beau avoir peur de lui il n'a aucune raison de le savoir, ce serai lui donner trop de pouvoir, alors je me contente d'attraper son poignet et de lui rendre son regard, de le dévisager d'un air dur comme pour lui dire de venir, de me donner tout ce qu'il a.

« T'as pas l'air de comprendre que tu n'es ici que parce que je te tolère. » Siffle-t-il sur un ton emplie de haine, qui fait courir des frissons de terreur dans mon dos, tandis que Harry, derrière, essaie de tirer sur son bras pour le faire mes lâcher. « T'es personne, si je t'explose la gueule ici et maintenant qui exactement se battra pour toi, hein ? » J'ai envie de vomir. « Tu ne vis que parce que je le permets. » Son ton est sifflent et mon instinct de survie hurle tellement de chose entre mes oreilles que mon corps ne comprend aucune signal et que je reste bête et con en face de lui

« Vous avez peur de moi. C'est pour ça que vous dites ça. Depuis que je suis ici vous perdez petit à petit le contrôle que vous avez sur Harry, et ça vous fait peur. Dites-le allez y, je ne rirai pas. » Je fais un sourire malicieux et vais même si loin que je lui fais un clin d'œil, pour l'énerver encore plus, parce que j'ai raison, que je lui tape sur les nerfs juste en étant là, que ma présence le terrifie, que par simplement exister et aimer son fils je me mets en travers de ses plans. J'ai ce pouvoir et ça l'énerve.

« Peur de toi ? » Relève-t-il en riant d'un air mauvais, tirant un peu plus sur mon col et faisant définitivement quitter mes pieds du sol. « T'es personne, t'es une mouche, une punaise ! » Il ponctue le dernier mot en me tirant sur le côté vivement pour me balancer sur le sol, où je m'écrase avec lourdeur alors que Harry appelle mon nom avec panique.

Un courant électrique remonte de ma cicatrice jusqu'à mon épaule et dans ma tête tout tourne et se confond. J'ai le tournis, je vois floue, je crois que je me suis cogné. C'est sûrement ça qui me donne l'impression de perdre tout mes repères temporelle, ou alors c'est le courant de douleur autour de mes cicatrices qui font remonter des souvenirs sombre. J'attrape mon coude en essayant de me redresser, je fait de mon mieux pour rester ici, pour ne pas revenir dans le passé et me réveiller, par je ne sais qu'elle étrange plan malsain, sur le sol de la salle à manger de mes parents, au milieu de mon propre sang.

Je suis peut-être un peu plus traumatisé que je ne le crois par ce que j'ai vécu, parce que je semble ne plus savoir où je suis, avec qui, ce qu'il se passe ou même ce qu'il s'est passé, j'ai oublié. Tout. Et pourtant je sais pourquoi je suis par terre, mais c'est comme si mon cerveau n'arrivai pas à vraiment l'assimiler. Pour celui-ci je suis des retour chez mes parents, et mon bras me fait mal comme si le morceau de verre était toujours dedans. Je serre mes doigts sur mon bras. Je n'arrive pas à me lever, j'ai mal, trop mal, de partout, physiquement mais aussi moralement. J'ai si mal que je pleure.

Je lève les yeux. Harry tient le bras de son père et lui demande de ne rien faire mais Harold n'écoute pas et se dégage violemment de sa prise pourtant si douce. Quand il approche de nouveau, un sentiment acide remonte dans ma gorge, comme un haut le cœur et un sanglot mélangé. Sa silhouette se confond avec celle d'un autre et en un quart de seconde je suis prisonnier d'un cauchemar. Mon père. Je ne vois que mon père. Je n'arrive plus à faire quoi que ce soit, je le regarde, on dirait un monstre, on dirait mon père, on dirait un démon. Je perd mon souffle. Il lève le poing, il vient vers moi, il arrive, je le vois mais je n'arrive pas à agir, je suis terrifié. Il arrive. Comme les assiettes que mon père a lancé sur moi, comme la baffe qu'il m'a donné, qui a fait enfler le côté droit de ma face, comme les coups qu'il n'a jamais porté mais que j'ai sentit à travers chacun de ses mots. J'ai envie de crier, de hurler, de prier pour qu'on m'accorde pitié, mais rien ne sors.

« Ça suffit ! » C'est la voix de Harry. C'est aussi son odeur.

Quand j'ouvre les yeux, sans me souvenir de les avoir fermé à un instant, je le trouve entre moi et son père, donnant dos à celui-ci et le regardant par dessus son épaule. Ses bras sont écartés, pour me protéger. Il s'est interposé entre nous, il a prit la place qui ne lui revient pas, c'est moi qui doit le protéger, c'est moi qui doit prendre soin de lui, c'est moi qui doit m'interposer entre eux. C'est moi qui doit le protéger et c'est moi qui suis au sol.

« Ça suffit. » Répète-t-il, un peu plus calme. « Tu devrais avoir honte de faire ce genre de chose le jour de l'anniversaire de ta fille. » Il se tourne vers moi quand il le dit, ne regardant pas son père, peut-être parce que ça fait moins peur de le remettre en place si il lui tourne le dos. « Surtout quand tout le monde peut te voir et t'entendre. » Il jette un regard derrière moi, vers la sortie, et je vois Harold pâlir, sans pourtant qu'il ne semble se démonter. Tant mieux, il mérite que tout le monde vois qui il est vraiment, pour de vrai. « On va rentrer. » Cette fois c'est à moi que Harry parle, il sourit d'un air rassurant et passe ses doigts sur mes joues. « Tout va bien, tu es en sécurité. » Me souffle-t-il ensuite en me serrant contre lui pour se redresser.

Il me garde contre lui. Il me porte alors que je m'accroche à lui, et l'on s'en va. Instinctivement, j'enfonce mon visage dans son épaule, fermant les yeux et essayant de me concentrer sur le son de son cœur qui bat contre le mien, et ses bras autour de moi. Je sais qu'on nous regarde, c'est évident, on ne doit voir que nous alors que Harry traverse le jardin dans un silence de mort pour regagner l'intérieur de la maison puis notre voiture, de l'autre côté. On doit tous nous regarder, ils ont dû tous entendre ou presque, ils doivent tous nous juger. Je m'enfonce un peu plus dans l'étreinte pour essayer de disparaître pour moins ressentir leur regard sur nous.

Je pleure toujours, mais le sentir si proche de moi me fait du bien, c'est rassurant, ça me sort de mon cauchemar. Je n'aime pas ça, ce n'est pas moi qui devrait être celui que l'on réconforte, je ne veux pas être une charge supplémentaire dans la relation de Harry avec son père, je ne veux pas qu'il pense que ça me touche et qu'il doive maintenant me ménager. Je ne veux pas que mes traumatismes deviennent sa responsabilité dans une relation déjà toxique.

« T'es inconscient ma parole... » Me souffle Harry quand il m'assoit sur la place passagère de la voiture.

Je lève les yeux vers lui et il encadre mon visage en souriant, passant ses pouces sur mes pommettes pour tendrement me ramener sur terre, me rappeler que je suis, en effet, en sécurité. J'ai eu très peur. Tout ça est allé très vite et pendant une seconde plus rien ne semblait réel, comme si je n'étais qu'en train de délirer allongé dans la pelouse sous la lune, j'ai ressentit toute la douleur que j'avais cru enfoui pour toujours, comme si elle n'avait finalement fait qu'attendre sous une surface fragile et facile à écorcher. J'ai mal, et je pleure, j'ai peur, mais ça va un peu mieux. Il est là, il me tient tout proche, je suis en sécurité.

« Je voulais te protéger. » Je balbutie en reniflant, le ton moue et désolé.

« Je sais. » Répond-il en embrassant le bout de mon nez. « Mais tu étais quand même complètement inconscient de le provoquer comme ça... Qui sait ce qui aurai pu arriver. »

Il pousse un petit soupire en souriant et effile tout doucement mes cheveux dans ma nuque, puis il laisse lentement tomber sa tête contre la mienne.. et je ferme les yeux. Ne réalise-t-il pas que c'est exactement ça le problème ? Qu'on ne sait pas ce qui aurai pu arriver ? Harold a tant de haine en lui que j'ai l'impression que ce n'est qu'une question de temps avant que le pire n'advienne. Si il peut en passer au main si facilement comment peut-on assurer que jamais il n'aura la folle idée de s'en prendre à Harry ? Et si il s'en prend physiquement à Harry, est-ce que celui-ci aura la force moral nécessaire de lui rendre les coups ? De se défendre ? J'ai l'impression qu'il ne se prépare pas à cet éventualité, mais c'est la seule que je vois moi. Si Harry devait un jour rentrer en pleurant parce que son père a levé la main sur lui je ne serai tristement même pas surpris. Il a fallu bien moins au mien pour me frapper et me lancer de la vaisselle à la figure, après tout.

« J'étais prêt à tout. » Je réponds à la place en enroulant mes bras à ses épaules.

« Louis... » Souffle-t-il comme si il était ennuyé.

« S'il te plaît... » Je le serre un peu plus, pour ne pas qu'il s'éloigne et fuit mes mots.

Il y a tant de chose que je voudrai lui dire et que j'ai peur qu'il entende. Je ne sais jamais comment il réagira et ce que cette dite réaction veut dire. Parfois j'ai l'impression qu'il réalise vraiment combien la situation est toxique, mais en même temps c'est comme si il restait dans un certain déni, si bien qu'il me repousse. Je ne veux pas que son père gagne, que tout ça se mette entre nous. Je veux gagner. Je veux gagner sa paix, son bien être, gagner une vie saine avec lui où il se sentira bien. Je veux le sortir de là, même si lui ne voit même pas comment sortir.

« H, je- »

Mon téléphone me coupe la parole. Depuis la poche arrière de mon jean il annonce un appel entrant et je fronce mes sourcils en reculant.

Peu de monde m'appelle, pour ne pas dire personne, surtout depuis que je suis ici, alors si on m'appelle c'est sûrement que c'est important. Je sors donc mon cellulaire de ma poche pour le glisser sous mes yeux et mon angoisse remonte en flèche. Je ne suis pas en sécurité, je ne suis jamais en sécurité, surtout quand le mal semble venir de l'intérieur même de mon cercle de sécurité. C'est très sûrement un appel important, il n'y a plus de doute possible, ça ne peut être que important, tristement important. Je n'arrive plus à respirer alors que je fixe mon écran, et le contact affiché dessus, sans vraiment le voir. En un éclair des nouvelles images imprimés dans mon cerveau refond surface. Je revois Liam allongé dans son lit d'hôpital à Barcelone, le visage gonflé, les cotes brisées, la jambe cassée, une transfusion, un traumatisme crânien, je réentends le bip de son cœur, je retrouve l'odeur du sang, je sens de nouveau l'angoisse de voir le bus renverser à la télévision. Je tangue. J'hyperventile. Je tombe. Je meurs. Trop. C'est beaucoup trop.

« Louis ? » Harry attrape mes épaules à deux mains et je sens que ma respiration s'alourdit et devient bruyante, que je commence à tanguer presque au point de tomber, que je menace de m'évanouir à tout moment. « Louis qu'est ce qu'il se passe ? » Insiste-t-il en me secouant un peu.

« C'est... » Mes yeux captent difficilement les siens quand je redresse ma tête, je ne suis même pas sûr de bien les voir. « C'est Cassandre. » Parvins-je finalement à articuler, pointant mon écran de téléphone d'un doigt tremblant.

Je ne vois pas vraiment Harry mais je devine assez facilement son inquiétude, comme si elle était palpable. Sans surprise de sa part, il ne lui faut que peu de temps pour qu'il prenne une décision, attrapant mon portable pour répondre par lui même, pressant l'appareil contre son oreille, le regard dur et concentré.

« Bonjour Cassandre... C'est Harry. » Dit-il aussi vite alors que le monde tourne et tourne sans fin, sans s'arrêter, sans fin, à m'en faire voir des couleurs irréel.

Je n'ai pas assez de force pour encaisser tout ça. Que ce passe-t-il ? Je ne peux pas me retrouver nez à nez avec mon plus gros traumatisme et la seconde suivante faire face au second plus gros. Je n'ai pas assez de force pour ça. Pourquoi faut-il que le sort s'acharne à ce point sur moi ? Pourquoi faut-il que la vie sois si dure ? Quand est-ce qu'on me laissera tranquille ? Quand est-ce que je pourrais respirer ? Je sais que la vie viens avec son lots de douleurs mais n'est ce pas trop d'un seul coup ?

Harry parle avec Cassandre mais je n'entends pas vraiment, parce que mon cerveau rejoue sans relâche les bandes son de ces douleurs, la vaisselles brisées, les bips de l'hôpital, les insultes, tout se mélange et se confond et je commence à paniquer bien plus que de raison, respirant plus vite que je ne m'en croyais capable. J'essaie de me calmer, de garder mon calme, de trouver au milieu de mes angoisses des morceaux de bien être et des pièces de paix, mais chaque pensée positive s'entache d'elle même. Du sang. Il y a du sang sur tous mes souvenirs, même ceux qui ne souffre pas, même les plus heureux, tout est brouillé par du sang. Tout est rouge.

Harry a l'air bizarre. Ce n'est pas normal. Si Liam va bien il n'y a aucune raison qu'il ai cet air sur son visage. Pourquoi il me regarde comme ça ? Que s'est-il passé ? Que ce passe-t-il ? Ça y est, c'est une mauvaise nouvelle. Ça y est tout est fini. J'ai mal, une pierre vient de tomber au fond de mon estomac, je vais m'étouffer. Ne m'enlever pas Liam, nul part il n'était dit que c'était un échange entre Harry et Liam alors pourquoi on me fait ça, pourquoi on m'offre la vie de mes rêves avec l'homme que j'aime juste pour me retirer mon meilleur ami. J'ai besoin des deux, je les aime tous les deux.

Je veux qu'on m'arrête. Dites mois que j'imagine tout ça. Que je pense au pire mais que c'est une erreur. C'est ça. Je fais ça, je fais tout le temps ça. Je pense toujours au pire, je panique toujours trop vite, je me pose toujours trop de question, j'ai toujours peur pour rien. Je dois juste respirer un peu plus, et me calmer. Je vais vomir, mais ce n'est peut-être pas plus mal, si je vomi, peut-être que la pierre dans mon ventre pourra prendre le chemin inverse et me libérer de son sortilège de peine.

« J'arrive plus à respirer. » Je souffle au travers de ma gorge étroitement serré.

Je tombe en avant et Harry me réceptionne tant bien que mal pour me rasseoir. Il me tourne sur le fauteuil pour attacher ensuite la ceinture, et je ne vois rien, je ne sais plus où je suis, ce qu'il se passe, je veux qu'on me sorte de ce cauchemar. J'ai la tête qui tourne, j'ai la nausée, j'ai mal au ventre, ça remonte dans ma gorge.

« Louis... mon ange, Louis. Regarde moi. »

Mes yeux tournent dans leur orbite avec paresse, ne semblant pas trouver la provenance de sa voix.

« Quoi ? Il a quoi ? Il est mort ? »

« Non.. » Je voudrais me détendre et crier victoire, mais à l'entente de ce ton, de cette façon de parler, il est clair qu'il y a un 'mais' quelque part. « Mais... son état à empiré. » J'avais raison, je le savais, les choses tourne mal, ça y est. Je lâche un sanglot paniqué et me plie en avant en attrapant ma tête. « Lou... chéri.. Louis... je suis là, hé regarde moi. » Je prend une inspiration tremblante et difficile, buttant d'elle même sur ma langue.

« Je vais faire quoi si il meurt Harry ? » Je me tourne vers lui et, au milieu de ma vue brouillé de larmes, je ne distingue que la forme vulgaire de ses yeux au milieu de son visage.

« Il ne mourra pas, tu entends ? Il va mal mais ça ne veut pas dire qu'il a moins de chance de s'en sortir qu'avant. » Il passe sa main dans mes cheveux et je renifle stupidement, me surprenant moi même avec le son.

Mais comment peut-il être si sûr ? Les gens meurent comme ça. D'un seul coup la vie peut partir, elle peut s'en aller et nous laisser, d'un seul coup quelqu'un peut nous être arraché. Comment peut-il être si sûr que ça n'arrivera pas à Liam ? Comment peut-il être si sûr de lui ? Je ne peux pas rester ici, j'ai envie de vomir, je veux voir Liam, je veux être là, je veux le supplier de se battre, je veux voir la famille, je veux savoir ce qu'il a, je veux savoir ce qui ne va pas et si je peux aider, on a le même groupe sanguin alors je peux lui donner tout mon sang s'il il veut, je peux lui donner un organe si il veut. Je veux juste le voir, je veux juste que tout aille bien, je veux le voir. Je veux vomir.

J'ai envie de vomir.

Je me penche brusquement en avant et ouvre la boite à gant pour fouiller dedans. Je soulève tant de chose, des enveloppes, des papiers, des trucs et d'autres choses que je ne vois pas. Finalement, sous une carnet, je trouve mon bien, un sac. Un petit sac en carton rigide venant d'une enseigne de vêtement, et je le tire à moi pour vomir dedans, pour déverser tout ce que j'ai mangé, tout ce que les souvenirs ont remué, tout ce que mon corps à besoin d'expulser pour avoir le sentiment d'avoir exorcisé le mal hors de moi. Je vomi tout ce que j'ai à vomir. Je pleure, je tousse, et quand j'ai l'impression que tout est fini ça recommence. C'est immonde. Je hais vomir, je me sens misérable et sale, je me sens mal, mais de la même façon c'est comme si ça me faisait du bien, chaque allée me donne un sentiment un peu plus léger que la précédente, comme si j'avais en effet besoin de faire sortir quelque chose.

« Harry.. ? » La voix de Wilhelmina s'élève de quelque part, et même alors que tout tourne je suis sûr de sentir une sentiment coupable remonter le long de mon dos.

« Willow... je dois ramener Louis. » Lui répond Harry en passant ses doigts dans mes cheveux gentiment, pour me rassurer alors que larmes, morve et vomi se mélange, la honte agissant comme un petit assaisonnement.

« Qu'est ce qu'il s'est passé ? » Demande Wilhelmina.

« Rien, je dois juste m'occuper de Louis... » Il pousse un soupir en fermant la portière. « Je suis désolé Will on aurai vraiment pas dû venir. » Dit-il et mon cœur déjà meurtrie se déchire un peu plus, les morceaux tombant à leur tour dans le mélange de ma douleur au fond du sac.

Je sais que son père est en train de détruire une à une ses relations sociales, et je le vois là, quand il dit ça, quand il s'excuse sans en avoir l'air, quand il dit ces mots qui sonnent comme si il ne voulait plus prendre le risque de revenir. Harold est méthodique, il agit pour que Harry ai le sentiment qu'il n'a pas d'autre issu que celle de s'excuser et de prendre de la distance. Il est doué, puisque ainsi Harry n'a pas l'impression que c'est de la faute de son père.

« Non t'excuse pas... c'est pas votre faute, c'est la faute de papa. » Rétorque Willow alors que l'accalmie qui me submerge se prolonge, comme grâce à la phrase, comme grâce au fait que la jeune Styles et moi soyons d'accord et que mes espoirs deviennent une peu plus fort. Pour une fois... je suis d'accord avec quelqu'un autour de lui. Pour une fois, quelqu'un semble autant se préoccuper de son état que moi.

« Je sais mais... » Il marque une pause, je crois qu'il la prend dans ses bras et embrasse sa tête, mais je ne peux pas être sûr. « J'aurai pu éviter ça. »

« Harry... c'est pas la solution de te plier à sa volonté. » Je redresse la tête légèrement, pour me tourner légèrement vers elle. J'aimerai lui dire merci de le lui dire, mais je ne trouve aucune force pour motiver les mots et ma tête dodeline simplement de nouveau vers le sac devant moi, serré entre mes doigts.

« Je dois y aller. » Répond simplement Harry en faisant le tour pour monter au volant... et partir.





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Je suis vraiment désolé si il y a plus de fautes que d'habitude, je ne l'ai relu qu'une seule fois et il est si long... j'avais vraiment envie de le partagé tout de suite alors je n'ai pas prit le temps de relire une deuxième fois... ça aurait prit du temps :(

Plus ça avance et plus le personnage de Harold devient détestable...

Selon vous jusqu'où exactement serait-il capable d'aller? 

Pensez vous que Harry voit réellement le problème ? Pourquoi se résout-il à rester? 

Que pensez-vous sera le déclic qui fera réaliser à Harry qu'il doit vraiment partir?

Que de question! Et j'en connais chaque réponse haha ! J'espère  que vos rentrée ce sont bien passé, pour ceux qui sont rentrée, j'espère que vous allez bien et que vous prenez bien soin de vous, sur tous les points. Je vous envoie plein d'amour et comme toujours je vous remercie de me lire, de commenter ou non, de voter. J'espère toujours aussi sincèrement que cette fiction vous plait, que vous êtes encore curieux de savoir où nous allons avec tout ça, hehe, j'ai très hâte de vous faire découvrir la suite. 

Je vous aime très fort <3 xx
Mojo jojo (je signe jamais de la même façon avouez c'est drôle)

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