Chapitre 41 : Une soirée d'espoirs
Le son des vagues qui s'allongent dans le sable avant d'être tiré de nouveau en arrière est un son agréable. Il est calme, il donne la même impression que la respiration d'un être cher qui vous tient dans ses bras avant que vous ne vous endormiez. Au loin, je crois qu'il y a de la musique, près d'une autre résidence, un peu plus à l'Ouest sur la cote, il y a une scène de monter sur une petite place, en face de terrasses de restaurants. Dessus, un groupe d'amateur joue sans acclamations quelconques mais avec l'entrain d'un groupe de rock célèbre. Il y a des conversations lointaines qui résonnent depuis un autre balcon, et des éclats de rire provenant de la promenade sous la fenêtre. La lune, ronde et fière, immense et presque orange, se lève doucement dans le ciel sombre pour veiller sur la plage et les derniers baigneurs aventureux qui s'y trouve. La bougie sur la table, vacillant dans le noir et projetant sa lumière dorée autour d'elle, me réconforte. Peut-être pas autant que la voix, chaude et familière, de mon meilleur ami, mais au moins un peu.
« J'ai vraiment super hâte de revenir en Europe. » Me dit-il. « Et de te revoir ! » Ajoute-t-il, ensuite, en urgence, comme si il avait peur que je me vexe, alors qu'il rit dans sa barbe.
« J'ai tellement hâte aussi, j'ai aussi vraiment super hâte que tu rencontres enfin Harry. » Je ris tout doucement à mon tour, essayant de ne pas déranger ce calme reposant qui englobe ma personne.
« Et moi dont ! Tu sais, je suis vraiment super heureux que tu aies trouvé quelqu'un avec qui tu te sens si bien. » Je souris un peu plus fort et serre mes jambes contre moi en lâchant ma tête vers l'arrière sur mon dossier.
L'appartement, dans mon dos est plongé dans le noir. Harry s'est enfermé à la salle de bain pour prendre une douche après moi, après que l'on soit revenu de la plage où l'on s'est éternisé durant la journée. Il prend son temps, il voulait apparemment être le plus présentable possible avant de m'emmener danser pas loin d'ici. Ce qui n'est pas de refus, sortir là où il y a de la musique forte me manque un peu. Non pas que j'ai eu un instant l'habitude de sortir en boîte ou dans des bars, mais faire la fête me manque. Après tout la dernière date du mois de début mai, quand j'ai revu Zayn pour la première fois depuis un an. J'en ai fait du chemin en si peu de temps, ça me réchauffe dedans de le réaliser. Je suis content d'être tombé sur lui ce jour là, il est un petit peu la raison pour laquelle tout ça est arrivé lui aussi. Si je ne l'avais jamais vu avec sa copine je n'aurai probablement pas fait mon coming-out, donc je n'aurais pas cherché à acheter du vin pour mes parents. Harry et moi se serions peut-être croisé dans le magasin ce jour là quand je faisais les courses, mais rien ne ce serai passé. J'en ai le vertige d'y penser.
« Moi aussi je suis heureux. » Je dis en mordillant ma lèvre. « On a nos problèmes... mais je pense que tout ira bien. » Je hausse mes épaules et l'entend bouger sur la banquette sur laquelle il doit être allongé. « Ça me fait penser que je dois absolument te dire quelque chose... »
« Tu vas te marier avec Harry et emménager en France ? » J'ai un bref mouvement de recule dans ma surprise, et me redresse de nouveau.
« Non ! Enfin si mais non ! » Je ris et secoue la tête. « Avec Harry on a discuté très rapidement de ça mais... je crois qu'on parle du fait que j'emménage en France, genre pour de vrai. »
Il y a un petit silence à l'autre bout du fil et je jette un regard nerveux derrière moi en triturant mon débardeur. Je n'ai pas trop pensé à Liam dans cette histoire. Ça fait, j'ai l'impression, une éternité qu'on ne s'est plus parlé et j'ai complètement oublié que si je devais quitter l'Angleterre ça voulait dire que je devais le quitter lui aussi. Lui et tous mes autres amis, mais lui en priorité. Il a été comme mon rocher toutes ces années, mon meilleur ami, mon confident, celui qui me comprend le mieux, qui m'a toujours accueilli à bras ouverts et écouté, et je n'avais pas réfléchi au fait que si je dois vivre ici je ne pourrais pas le mettre dans mes cartons.
Liam n'est pas tout pour moi, mais il l'est presque. Il est comme un frère, comme un repère. Je suis habitué à ne souvent pas le voir parce qu'il est occupé par son travail parfois hors de Londres. Puisqu'il est en tournée c'est comme si rien ne changeait vraiment, dans tous les cas il est à l'autre bout du monde, mais par conséquent j'ai perdu d'optique que le sud de la France n'est pas là où il revient à la fin d'un contrat. Si je déménage ici je m'éloigne du seul endroit qui nous réuni lui et moi, et m'en rendre compte fait naître en moi une certaine peur. Je ne veux pas le heurter, ou le perdre, je ne veux pas que cette décision précipité lui fasse mal ou lui donne l'impression qu'il m'est égale. J'ai peur de comment il peut être en train de le prendre, parce que j'ai toutes les raisons de penser qu'il sera heureux pour moi, mais j'en ai autant de penser qu'il sera vexé.
« Wow. » Dit-il simplement. « Ça va drôlement bien entre vous si tu parles carrément de changer de pays pour lui. » Il éclate de rire et je soupire de soulagement.
« Ça ne te fait rien ? » Je tente tout de même de m'assurer.
« Tu rigoles ? Non ! Pas du tout ! Il y a bientôt trois mois j'ai laissé en Angleterre un Louis qui ne savait même pas ce qu'il devait faire, et là tu me dis que tu veux changer de pays ? Que tu as trouvé où tu voulais être ? Moi je suis juste heureux pour toi. T'imagine même pas comme je suis heureux de te voir prendre conscience de qui tu es et de ce que tu veux. » Il rigole tendrement et je souris un peu plus fort, si bien que je vais sûrement avoir des crampes, en sentant ses mots se faufiler dans la guimauve de mon cœur. « Il y a presque déjà un compte à rebours avant que tu ne trouves le reste de ta voie, je devrais être sacrément bête pour t'interdire de suivre ton cœur après ce que tu as traversé ces vingt quatre dernières années. » Je tords doucement mes lèvres.
« Ouais... parfois j'ai presque l'impression que ce n'était pas réel tant je me sens moi-même et libre ici... » Mes yeux dessinent la ligne de l'horizon au large, la mer noir et calme sous le ciel sombre, je me sens petit, je me sens part d'un tout, je me sens à ma place. « Comme si j'étais là où j'aurai toujours dû être. » Il souffle un rire.
« Et je suis fier de toi. » Dit-il. « Alors j'ai très très hâte de rencontrer ton Don Juan, et de lui demander une de ses meilleures bouteilles pour mes parents, et puis de te voir construire la vie que tu veux avec lui. » J'arrive à entendre son sourire dans sa voix et c'est comme si je pouvais le voir dans ma tête, ses joues remontées, ses yeux plissés, ses lèvres roses. « Saches juste que je vais être chez toi dès que je peux, tu pourras traverser autant de frontière que tu veux tu n'arrivera jamais à te débarrasser de moi. »
« Oh mince, mon plan tombe à l'eau ! » On rigole ensemble à cette blague stupide et je pousse un soupir en m'enfonçant dans mon dossier. « Tu me manque tu sais ? »
« Tu me manques aussi. » Répond-il, un rire à la bouche. « Je vais te faire le plus gros câlin du monde quand tu descendras à Barcelone. J'ai trop hâte de te montrer encore plus de photo des shows et de là où je suis allé... aaah j'ai hâte ! » Je pouffe gentiment et mord ma lèvre dans mon sourire attendrit.
« Oui ! Harry a dit qu'on ferai notre possible pour être là pour le show après demain ! Il a même réussi à avoir des places ! » Je trépigne sur ma chaise et agite même mes poings dans le vide comme un enfant impatient. « À ce niveau je prie juste pour que les heures passent plus vite. »
« Pareil ! » S'exclame-t-il. « Les quatorze heures de vole vont être suuuper longues j'en ai déjà marre. » Rit-il ensuite.
« Tu m'étonnes ! » La porte de la salle de bain s'ouvre dans mon dos et Harry en sort, la taille enveloppé dans une serviette, alors qu'il se dirige vers la chambre en face. Je me rince l'œil une seconde avant de me tourner de nouveau vers la mer. « À quelle heure part ton avion ? »
« Dans genre trois heures et quelques. Ce qui va nous faire arriver... » Il laisse la syllabe traîner dans le vide un instant alors qu'il doit observer quelque chose pour calculer ou trouver l'heure. « À quinze heure heure espagnole. » Conclut-il. « Y a un décalage avec la France ? »
« Il ne me semble pas non.. Wow ça va être la première fois depuis deux mois qu'on est calé sur le même horaire. » Je soulève avec un rire.
« C'est vrai, ça fait bizarre. » Je hoche la tête et me tourne de nouveau vers l'arrière pour voir Harry entrer à nouveau dans la salle de bain, sans fermer la porte cette fois.
« Hé Li, je vais devoir te laisser, t'as sûrement tes dernières valises à faire et moi j'ai un mec avec qui sortir. » Il rit à l'autre bout du fil.
« J'ai compris, amuse-toi bien ! »
« Oui, toi aussi, on se reparle demain quand tu atterries ! »
« Si je suis pas mort de fatigue d'ici là ! »
Sur un dernier rire et au revoir, la conversation téléphonique prend fin. Harry me regarde en travers du miroir de la salle de bain. Il me sourit et je le regarde poser son genoux sur la vasque pour se pencher en avant afin de plus facilement appliquer son maquillage. Parfois je me demande si il n'a pas trop chaud avec ça sur le visage, surtout en été, mais je me rappelle que cet homme est presque invincible, ce n'est sûrement pas un peu de fond de teint et de la poudre qui va l'empêcher d'affronter une soirée, au contraire.
« Liam va bien ? » Me demande-t-il en tournant son visage dans le miroir pour bien regarder son nez et son profile.
« Ouais, il a hâte de te voir. » Je lui répond, surprenant un sourire sur son visage tandis qu'il tapote une petite éponge à maquillage sur le point de rouge sous sa pommette.
« Le sentiment est réciproque. J'ai hâte de rencontrer le grand Liam qui danse pour les Little Mix et supporte le merveilleux Louis Tomlinson. » Il pousse un petit rire et déplace l'éponge sur sa seconde joue en faisant une drôle de grimace.
« Tu dis ça comme si il était dur de me supporter. » Il agite ses sourcils face à ma remarque et repose son ustensile pour diffuser un liquide sur son visage, à l'aide d'un spray, puis attraper ce que je suppose être un mascara dans sa trousse.
« Excuse moi, mais boire de la bière et insulter des mouettes dans son sommeil.. on aura vu plus séduisant. » Je m'étouffe presque tout seul.
« Pardon ?! Je quoi dans mon sommeil ?! » Il se moque de moi, j'aimerai dire gentiment mais non, il rit presque à gorge déployé devant le miroir, sa brosse pour cils noirs dans le vide pour ne pas risquer, dans un rire violent, de s'en mettre partout.
« Tu as insulté une mouette cette nuit. » Me dit-il. « Je pense que c'est parce qu'hier l'une d'elle t'as volé un morceau de ton sandwich. » Je sens mes joues rougir.
« Oh non c'est pas possible. » Je passe une main sur mon visage dans mon embarra et couche ma tête dans mes genoux. « Je fais d'autre truc gênant comme ça que tu ne m'as jamais dis ? »
« Hum... parfois quand tu es trop dans tes pensées tu a des tic bizarre mais bon ça c'est pas gênant. » Je frotte mes cheveux comme pour me sortir l'idée de la tête et il rigole un peu plus. « Oh, au fait. »
« Ouais ? » Va-t-il encore me dire quelque chose de gênant à mon propos ?
« Émilie m'a dit de te donner son numéro. » Je me redresse vivement et le regarde nonchalamment poser son mascara dans sa trousse pour, à la place, prendre un petit tube de couleur rouge, presque rose. « Tu ne m'avais pas dit que vous aviez des plans professionnels elle et toi. » Il me lance un rapide regard dans le miroir en se tournant de nouveau vers celui-ci, puis se penche en avant pour se concentrer sur sa bouche et le maquillage qu'il met dessus.
« C'est pas qu'on a des plans, on a juste parlé de faire quelque chose, au cas où. » Je hausse une épaule dans le vide et il se tourne vers moi.
« Tu penses à rester ici depuis longtemps alors ? » Touché à vif, je détourne mon regard pour cacher mon embarra, bien qu'il ne puisse sûrement pas bien le voir depuis la salle de bain, puisque tout le reste de l'appartement est toujours plongé dans le noir.
Le manque de réponse doit parler pour moi parce qu'il pousse un petit rire pour lui même, sans rien ajouter. Je l'entends faire plusieurs 'pop' avec ses lèvres, sûrement pour mieux appliquer son gloss, puis reboucher le tube. Il ne dit rien d'autre et je resserre mes bras sur mes genoux en observant la mer. Il y a quelques personnes dans le sable qui chahutent et rient, ce sont de jeunes gens qui s'amusent de toute évidence beaucoup. L'un d'eux attrape une fille, qui se débat en riant, et il la balance dans l'eau. Furieuse, elle décide de le poursuivre. Je souris. Je ne sais pas d'où vient cette pensée, si c'est à cause de tout ce qui m'a changé ces derniers mois, mais j'apprécie de voir ce petit moment de vie qui ne m'appartient pas. Les gens, autour de moi, ils sont tous différents, ils ont tous leur part de la vérité et leur part du monde, et c'est vertigineux d'y penser. C'est vertigineux de penser à tout les 'et si' et à toutes les versions de la même chose qui peuvent exister. Je n'y avais, je pense, jamais vraiment pensé avant, parce que je n'ai jamais eu ma propre version du monde ou des choses avant, mais maintenant je sais. Je sais que la vie est fragile, et qu'on doit tous la vivre comme on l'entend, sans heurter les autres si possible, sans se heurter sois même, en s'amusant, en faisant ce qu'on veut sans avoir peur des regards, en étant jeune comme eux, et en profiter pareil.
« C'est pas grave tu sais. » Je sursaute. Harry est juste là, il s'est déplacé telle une ombre et il se retrouve à côté de moi sur la terrasse. « J'y pensais aussi depuis un petit moment je pense, sans vraiment le réaliser, ça doit faire partie des nombreuses choses inconscientes qui ont fini par me faire me demander si je voulais que tu sois mon petit-ami. » Je hausse mes sourcils et le regarde s'asseoir sur la chaise à côté de la mienne. « Pour être honnête, je crois qu'une part de moi espérait que le projet de l'hôtel passerai et te ferai rester, tu étais tellement investie dedans... je pensais sûrement que ce serai l'excuse parfaite pour te le demander. » Mon cœur s'emballe, aurions nous tout ce temps pensé la même chose ?
« Qu'est ce que tu veux dire ? »
« Je pense que je voulais que tu tiennes l'hôtel avec moi. » Il se tourne vers moi, l'air sérieux, son profil sublime sous la lumière de la nuit, du lampadaire un peu plus loin, et de la bougie sur la table.
« Ah... ah oui ? » Il hoche la tête et se tourne de nouveau vers l'horizon.
Son visage est sublime sous cet angle et cette lumière. Je crois qu'il a mit quelques paillettes sur ses paupières, et le rouge de ses joues est tout doucement rosé, ça lui donne l'air du fils de blanche neige. D'une certaine façon c'est un peu ce qu'il est, quand on regarde Regina, mais à cet instant, alors que son gloss légèrement rougis brille sous la lumière, il me donne l'impression d'être l'incarnation de ce prince imaginaire. Peut-être que je suis le preux chevalier prêt à le servir, dans ces conditions.
« C'est joli comment tu... enfin.. ton maquillage. » Il se tourne vers moi rapidement, un peu surpris, et pousse un petit rire.
« Merci.. quand je sors en soirée j'aime bien changé de mon look naturel habituel et faire des choses un peu plus extravagante.. Je suis loin d'avoir des looks aussi complexe que ceux des makeup artist... mais j'aime bien parfois sortir de ma zone de confort. » Il hausse ses épaules en poussant ses cheveux en arrière et je souris.
« Eh bien... j'y connais absolument rien en maquillage... mais j'aime beaucoup te voir en porter. »
« C'est vrai ? » Il ressemble à un enfant à qui l'on vient de dire qu'on aime bien ce qu'il a fait avec ses legos tant il sourit, et je me sens comme la personne la plus chanceuse du monde de pouvoir le voir si heureux, surtout si c'est pour une part de lui qui est visiblement rarement appréciée.
« Oui. » Je hoche la tête et sourit, j'aime tellement le voir de la sorte par ailleurs que j'ai presque envie, moi aussi, de sortir de ma zone de confort. « Tu veux m'en mettre à moi aussi ? » Son regard semble s'illuminer et il se penche un peu vers moi.
« Je peux ? »
« Bien sûr pourquoi pas. »
Il n'a de toute évidence pas besoin de plus et se lève pour aller chercher son maquillage et revenir en quatrième vitesse, allumant la lumière extérieur avant de revenir s'asseoir à côté de moi. Il pousse la petite trousse de maquillage sur la table et j'observe sans rien dire tout le nécessaire qu'il y a dedans. J'ai déjà vu tout celui qu'utilise ma mère, alors j'arrive, par un regard rapide, à dire que la routine de ma mère implique bien plus de temps et de produits. Je pense que je le savais déjà, Harry ne met pas énormément de produit sur sa peau, en le regardant il est aisé de voir que sa routine consiste en un teint retravaillé légèrement puis un bref maquillage des yeux.
« Je ne vais pas t'en mettre trop. » Me prévient-il en sortant une petit palette pour les yeux. « Je vais juste mettre un peu de correcteur de teint et puis du dorée d'acc ? » Il se tourne vers moi pour me demander mon avis, et je pense qu'il aurai eu le même oui si il avait dit qu'il voulait me faire un look arc en ciel avec quarante cinq différentes nuances de chaque couleurs.
C'est agréable de découvrir de nouvelle part de lui, de nouvelle passion, de nouvelle chose qui lui apporte du bien au quotidien. Je pense que j'ai parfois tendance à me concentrer sur le plus douloureux, et a oublier que Harry est aussi une personne heureuse, qu'il y a des choses qui lui apportent du bonheur, qui le rendent heureux, et j'aime que ça me sois ainsi rappelé, que ce soit parce qu'il est là, devant moi, en train de décider ce qu'il va ou non mettre sur mon visage.
Quand il se tourne vers moi il a un grand sourire sur le visage et spray rapidement le mien avec une base liquide légère qui me surprend. Mais comme ça l'amuse et le fait rire, je décide ne rien dire. Peu après, il passe un petit pinceau sous mes yeux et tapote le produit avec sa petite éponge. C'est supposé illuminé mon regard, qu'il dit, mais je ne suis pas sûr que ça soit si important que je sache à quoi ça sert, j'aime juste le voir faire, le regarder alors qu'il est concentré sur sa tâche, les sourcils légèrement froncés. Dès qu'il finit avec ce premier produit il attrape la palette et un petit pinceau. Je peux le sentir sur mes paupières closes et ça m'amuse. Je n'ai jamais été témoin de ce genre de petite attention et bizarrement ça me fait tout bizarre et énormément plaisir. J'aime partager quelque chose avec lui d'aussi simple qu'un peu de maquillage.
« Tu as des cils tellement long ! » Me dit-il quand il finit avec mes paupières et que je peux donc de nouveau ouvrir les yeux. « Je vais te mettre un peu de mascara, mais ça ne fera presque rien tellement t'as des cils long et noir déjà. » S'amuse-t-il.
« Ah ouais ? J'avais jamais vraiment fait attention. »
« C'est normal. » Dit-il en brossant mes cils. « Ah, arrête de bouger. »
« C'est pas ma faute ! T'as vu ce que tu tiens à deux centimètres de mes yeux !? » Il rit en baissant ses yeux vers les miens une demi seconde. Il embrasse tendrement le bout de mon nez et s'empresse de fini son œuvre du mieux qu'il le peut, passant le mascara sur les cils du bas ensuite.
Finalement, il recule pour me regarder et souris pour lui même en hochant la tête, de toute évidence fier de lui et de son travail. Il me tend même son miroir pour que je puisse me voir dedans. C'est assez étrange de me voir ainsi, pour la première fois de ma vie qui plus est. Je n'ai jamais porté de maquillage. Ça faisait, évidemment, partit des choses qu'il était hors de question que je mentionne, alors jamais l'idée ne m'a vraiment traversé. Je dois avouer, par conséquent, que c'est une agréable surprise de me voir ainsi. Ce n'est pas très voyant mais pour moi qui ai l'habitude de mon visage naturel c'est tout de même très remarquable et je souris.
« Oh j'adore c'est trop joli. » Je lance un regard à Harry par dessus le miroir et il sourit un peu plus.
« C'est vrai tu aimes ? »
« Oui. » Je mordille ma lèvre. « On est prêt à aller briser des cœurs dis donc. » Je remarque sur le ton du rire en me levant, l'encourageant par le mouvement à en faire de même.
« Tu les brisai déjà avant. » Il me fait un petit clin d'œil en rangeant ses affaires et, juste après qu'il m'asperge de son petit spray fixateur, on quitte l'appartement.
*
Ça fait longtemps que je ne suis pas sortit dans un tel endroit. La dernière fois semble remonter à une éternité. C'était il y a peut-être deux ans. C'est très étrange de se retrouver dans ce genre d'ambiance de nouveau. Salle sombre, spot aux couleurs changeantes qui trompent l'œil et sa perception des couleurs, chansons connues et remixées qui se confondent l'une en l'autre quand le morceau change, crier pour se faire entendre. J'ai toujours tenu ce genre de chose près de mon cœur, sûrement parce que c'est dans des bars et discothèque gay qui ressemble à cet endroit où je me suis réfugié tous les week-end de ma jeunesse. C'étaient les seuls endroits où je me sentais bien et vraiment moi même, où je pouvais approcher des hommes sans avoir peur de quoi que ce soit, où je pouvais être libre d'être moi même.
Harry me regarde en souriant alors qu'il me rejoint, tenant dans sa main un cocktail alcoolisé pour moi (mon deuxième de la soirée) et un cocktail soft pour lui, puisqu'il nous conduit au retour. Apparemment, les sans alcool sont gratuits au bar pour celui qui conduit si celui-ci montre ses clés, c'est une bonne initiative je pense. Harry me tend mon verre quand il arrive vers moi, assis à notre table dans le coin, et il tombe ensuite à côté de moi.
« Bonjour monsieur je vous ai vu depuis le bar et je me suis demandé si vous étiez célibataire ? » Rigole-t-il alors que je tire ma paille entre mes lèvres en le défiant de mon regard aussi joueur que son ton.
« Oh voilà qui est bien dommage, je suis, voyez vous, déjà pris en effet. » Je hoche la tête.
« Ah, l'homme de vos rêves doit être bien chanceux de vous avoir. » Soupire-t-il en tombant un peu plus vers moi, jouant de ses sourcils comme un idiot.
« C'est moi qui suis chanceux. »
Il me rend mon regard et il a l'air orange sous les lumières changeantes. Il me sourit, de toute évidence heureux de m'entendre lui dire cela. C'est bon de ne pas me prendre la tête et de prendre les choses telles qu'elles se présentent. Après notre dispute de l'autre jour on s'est tous les deux mit en tête de rester dans notre bulle, et si je me doute qu'il continu de recevoir des appels de son père et de son travail, et donc de recevoir des remontrances pour n'importe quelles raisons, je sais qu'il veut faire des efforts. Je n'ai pas peur, bizarrement, je pense qu'il fera de son mieux pour changer tout ça, et pour aller mieux, et je peux rester là et attendre parce que j'ai tout le temps qu'il me faut, tout le temps qu'il veut, tout le temps dont il a besoin. Je ne sais pas d'où me vient cette euphorie, cette confiance en lui soudaine. Peut-être que je l'aime trop, et peut-être que c'est la légèreté de cette soirée en sa charmante compagnie, impossible de savoir vraiment, les faits sont simplement là.
Il se dandine un peu sur sa chaise en se tournant vers la salle bourrée de monde, il a envie de danser et je souris, il est mignon. Il est un peu le bébé que je sais qu'il est au fond de lui ce soir, et je veux lui laisser le plus l'opportunité de vivre ainsi libéré, alors je l'encourage à se lever et à y aller. Je peux très bien garder nos verres pendant qu'il s'amuse un peu, je n'ai pas peur de le regarder de loin simplement. Surtout parce que c'est rare de le voir aussi sincèrement emplie d'entrain et de joie, au point qu'il a l'air de l'ado de vingt-deux ans qu'il est vraiment.
C'est ce que je décide de faire, donc : le regarder de loin. Il pose son verre sur la table et je m'appuie sur celle-ci en le regardant se lever et s'avancer sur la piste, pour chanter et danser sur la musique venu des États-Unis et qui semble faire autant sensation ici qu'aux USA. Je souris en le regardant devenir le centre de la soirée, la star de la fête. Il est magnétique, charismatique et unique en son genre. J'avais déjà remarqué combien il était aisé pour lui de devenir le sujet de tous les regards, admirateurs comme négatifs, combien il est admiré et aussi jugé, combien il est celui qui dérange et celui qui fascine à la fois, et ce soir n'échappe pas à la règle. C'est comme si il devenait le centre gravitationnel de son propre univers et que tous les petits rocher autour venaient se greffer à sa force d'attraction. Filles comme garçons, tous veulent leur petit morceau de regard et c'est drôlement excitant de savoir que la seule personne qui ai le droit de le toucher pour de vrai, de l'embrasser et l'aimer, c'est moi. C'est mon petit-ami, c'est mon Harry. Si je veux aller là bas et l'embrasser devant tous ces gens pour les décourager je le peux. Je peux aller là bas et le tenir contre moi, pour tous leur montrer que c'est moi qui ait tout ce qu'ils désirent. L'idée même qu'il soit regardé avec tant d'admiration semble autant excitante que si Harry se tenait en face de moi en train de me dire qu'il me voulait.
Je suis presque mal à l'aise dans la chaleur qui m'ensuque soudain. J'ai envie de le tenir par la taille et de l'emmener quelque part pour que l'on s'embrasse pendant des heures, pour que l'on couche ensemble et plante tous ces idiots là, avec leurs regards amoureux, pour un soir seulement. Mais je souris simplement, heureux et amoureux, en regardant l'objet de mes désirs les plus acides danser et vivre le bonheur qu'il mérite de vivre.
Je me permets, alors qu'il tourne sous la lumière, de penser à combien il a changé ma vie. J'y pense souvent, il est vrai, mais ce soir bizarrement j'ai envie de vraiment réaliser avec quel force il est entré dans ma vie et a tout réorganisé pour faire de moi et ma vie ce que l'on est aujourd'hui. Il a déplacé mes priorités, retrouvé ma volonté sous les débris, a réussi à placer de nouveau projet sous mon nez, il m'a changé pour toujours. Il n'a pourtant rien fait, rien fait d'autre qu'être là pour moi quand j'en avais besoin, rien d'autre qu'être les mains qui m'ont soutenu alors que je cherchais, dans les ruines de ma vie, un échappatoire. Je l'ai beaucoup dis, je pense, peut-être ai-je besoin de me le répéter encore et encore pour m'assurer que tout ça est bien réel, que ce bonheur, d'être avec lui, d'être moi même, est bien là, et que j'y ai droit.
Il me sourit et j'ai l'impression que mon cœur a des ailes. En voilà un, de sentiment nouveau pour mon cœur fatigué par son amour inégalé pour Harry. Je lui répond, flatté que, dans cette immense pièce, ce grand endroit remplie de gens, je sois le seul à retenir son attention. Ce n'est en rien incroyable pourtant, mais tout les jours j'aurai le sentiment d'avoir de la chance qu'il m'ait choisi moi, que ce soit mon cœur que le sien ait choisi, au milieu de toutes ces personnes qui rêverai d'être le témoin de son affection.
C'est moi, a-t-il déjà dit, et c'est lui. C'est lui et moi. C'est lui pour moi et moi pour lui. C'est nous.
Je n'ai pas l'impression d'avoir bu tant que ça depuis le début de cette soirée ou même pendant ma contemplation amoureuse, mais j'ai la tête qui tourne tout de même maintenant que j'y pense bien. Harry me fait cet effet, il agit comme une monté de folie, comme un courant d'euphorie qui me déséquilibre, il est le soupçon de bonheur dans une soirée d'été bruyante comme celle-ci. Quand il attrape ma main et m'entraîne avec lui au milieu de tous ces gens je ne vois que lui et mon corps coule entre les rythmes comme la vodka dans mon sang. Le monde devient flou, je ne suis même pas sûr que j'entende vraiment la musique, tout ce limite à combien je l'ai dans la peau, combien il m'enivre, me possède sous tous ces regards sans importances, combien il n'a pas peur, combien moi non plus.
La musique hurle dans mes oreilles, mais pas autant que le son de mon propre cœur alors que je tiens Harry contre moi, que je danse avec lui, sans même vraiment sentir si je suis sur le rythmes et trop emporté dans le moment pour sincèrement vouloir le savoir. Il y a du mouvement partout autour mais c'est sur le sien que je me cale, et sur le miens que lui se calque. Il me fait tourner sur moi même puis rit doucement dans mon oreille. Il me tire contre ses lèvres, pendant une seconde je décolle du sol et mes bras se serre autour de lui, autour de ses épaules, et je tombe amoureux pour cent vingtième fois en riant contre lui, riant dans la joie sourde que je ressens d'être avec lui, de danser et d'exposer notre amour, d'être, pour la première fois de ma vie, aussi sûr de moi à propos de quelqu'un.
Quand je retombe sur le sol je n'ai même plus l'impression d'être sur terre. Suis-je en apesanteur ? Chaque seconde sous les mains de Harry et sujet de son sourire me donne l'impression d'être six pieds au dessus du sol et six pieds en dessous en même temps. Comme si j'étais mort étouffé sous le poids de mes sentiments, mais que, de la même façon, leur force me fait pousser des ailes et je peux soudain voler et voire le monde sous un jour unique et sublime, que jamais personne ne pourra comprendre. Je suis mort et vie, je suis néant et tout, je suis petit et gigantesque, je suis tout et rien, je suis sujet de l'amour et verbe de l'affection, je suis celui qui affectionne et l'affectionné.
« T'as trop bu ou quoi ? » Demande Harry en riant.
Combien de minute sont passées ? Tellement que je n'ai pas put les compter. Mon cerveau embrumé a l'impression que je ne suis là que depuis dix minutes, mais mes cuisses qui suent et mes cheveux qui collent me laisse penser bien différemment de cela. Combien de temps que je danse alors ? Bonne question. Je ne suis pas sûr de vouloir la réponse, parce que la chercher me distrait et que maintenant Harry est tout proche et même temps trop loin, là et en même temps à des kilomètres.
« Je sais pas ? »
Il rit gentiment en me tenant tout proche de lui de ses mains sur ma taille, bien fermes. Lui aussi a chaud, et tout sonne soudain avec beaucoup de familiarité en moi : sa voix suave et la moiteur de sa peau contre la mienne, c'est comme faire l'amour sans même vraiment se toucher. C'est comme une valse préliminaire que l'on pourrait faire, comme la roue du paon, c'est aussi chaud, aussi fort, et aussi plaisant.
« J'ai l'impression tu planes à milles pieds là. » Rit-il. « Si je te lâche tu vas tomber. » Il parle fort mais au milieu de tout ce bruit c'est comme si sa voix n'avait aucun son.
« Alors me lâche pas ! » Je réponds sur le ton de l'évidence.
« À vos ordres mes sirs. » Dit-il en me faisant, encore un fois ce soir, tourner sur moi même.
« Doucement par contre hein ! Je vais te vomir dessus sinon. » Je le préviens en posant ma main sur sa poitrine, une grimace amusé sur le visage alors qu'il rigole un peu plus.
« Ah ouais ce serai problématique ! » Il pouffe. « Ton sex on the beach m'a coûté trop cher pour être gâché ! »
« Heh, en même temps ! » Je tends mon index vers lui. « C'est pas comme si on pouvait pas faire notre propre sex on the beach. » Je hausse mes sourcils et il me lance un regard surpris en riant, comprenant, seulement en décalé, l'insinuation que je viens de faire.
« Dois-je te rappeler que la plage à Palavas est bordé par des habitations ? »
« On peut les emmerder non ? » J'aimerai rire un peu plus de ma réponse mais quelqu'un le bouscule sans faire exprès, causant à sa prise sur moi de se desserrer et à mon corps de tanguer sur place.
« Ola, je crois que l'on va aller s'asseoir toi et moi hein ? » C'est une question mais il ne me demande pas vraiment mon avis. Il me tourne en direction de la table et me pousse devant lui pour qu'on y retourne, et ainsi me forcer à me rasseoir sur la banquette. « Dis donc je savais que tu tenais pas super bien l'alcool mais là tu m'impressionne. » Se moque-t-il en pointant mon cocktail sur la table que j'ai, apparemment, vidé au deux tiers tout à l'heure.
« On est deux, beau gosse. » Je ricane en attrapant mon verre pour boire ce qui reste encore dedans, sans même réfléchir.
« Mais pas si vite ! » S'écrit-il en me retirant le verre. Mais trop tard, tout est déjà dans mon ventre, et je rigole de le voir si inquiet pour moi alors que je ne suis même pas si ivre que cela. J'arrive, après tout, à tenir encore debout, même assis. « Aller, je vais te ramener avant que tu me finisses tout nu sur les tables. » S'amuse-t-il.
« Pfff tu dis ça comme si tu serai pas le premier à me lancer des billets. » J'agite ma main dans l'air en tombant dans le dossier avec amusement, imaginant aisément Harry devant moi pendant que je danse pour lui, en petite tenue, debout sur une table...
Dis donc il y avait quoi dans ce cocktail ? Un mélange aphrodisiaque dont j'ignorais l'existence ? Je pensais avoir déjà voulu Harry très fort, mais ça n'a rien à voir avec les pensées scabreuses qui inondes mon esprit depuis tout à l'heure, et qui sont toutes plus scandaleuses les unes que les autres.
« Alors oui, mais je suis pas sûr que toi, demain, une fois sobre, tu seras content de savoir que t'as dansé à poile en boite de nuit. » Il hausse ses sourcils mais je ne suis pas sûr de vraiment faire attention, parce que je suis très très distrait par les images dans ma tête, qui se poursuivent si vite que je n'ai pas le temps de toutes les voir dans leur glorieuse beauté.
« Qui a dit que je serai tout nu ? » Une lueur de défi dans le regard, je me lève pour monter sur la table et crie pour attirer l'attention des autres personnes autour de nous.
Aussi sec, un bon nombre de personnes se rapprochent, et d'autre monte même me rejoindre sur la table pour danser avec moi. Au milieu des rires et des cries, je ne capte que le sourire de Harry qui s'amuse de cela bien plus qu'il ne voudrai l'admettre. Je suis content qu'il passe une bonne soirée, je suis content que ce soit grâce à moi, je suis content qu'il ne soit pas trop en colère que je sois ivre à ce point.
La musique frappe mes tympans et fais vibrer mes cotes. Je hurle les paroles à en perdre la voix avec mon petit groupe d'amis improvisés, je danse les bras en l'air et les hanches déboîté dans la maladresse lié à l'ivresse qui me fait tourner la tête. Mais je n'ai que faire de savoir que je suis peut-être ridicule, je m'amuse et en plus... Harry aussi.
Je ne sais plus quand c'était la dernière fois que je me suis tant amusé, aussi sincèrement, aussi follement, que je me suis aussi réellement sentit heureux d'être en vie, sans la moindre crainte. Je ne sais pas mais je marque celui-ci dans mon cœur. Je visualise le moment, la foule tourner vers moi à qui je hurle les paroles en dansant comme un dégénéré. Je veux m'en souvenir. Tout. La sueur sur mon front, celle sur l'arrière de mes cuisses, la chaleur coincé sous mon débardeur, les lumières, le bruit et les gens qui se bousculent dans tous les sens, Harry qui rigole, assis à notre table, et qui me regarde avec nos verres à la main en secouant la tête, faussement déçut.
Un sentiment fort résonne en moi, guidé mes pas et mes mouvements. Je ne sais pas ce que c'est exactement, mais c'est fort et ça me donne envie de croire en demain, en après demain et en toujours. Je n'ai plus peur de rien. Là, sur cette table, alors que j'agis comme si demain n'était qu'un mirage, mes peurs et mes doutes semblent aussi stupide que ma façon de danser. Je ne sais même pas comment je vais me sentir demain, ou dans quelques minutes, mais allons-y, les yeux fermés. Plus rien ne me fait peur. Dans ce moment d'éternité j'ai l'impression d'avoir trouvé un nouveau courage, celui d'avancer sans avoir peur du ridicule ou de me tromper. Comme cette bande d'amis sur la plage, je suis jeune, je m'amuse, c'est comme ça. J'ai des espoirs et si il tombe à l'eau alors j'en fonderai d'autres. La vie est trop courte pour ne pas vouloir monter sur les tables et danser comme un con, alors elle l'est aussi beaucoup trop pour se laisser inhibé par d'absurdes angoisses. Non ?
Une voix crie plus fort que la musique, je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle dit mais tout le monde descend précipitamment de la table, comme si ils étaient prit de peur, et Harry se lève à nouveau de la banquette pour tirer sur ma main et me dire de descendre aussi. Mais je n'ai pas le temps de vraiment le réaliser, de comprendre, parce qu'un videur arrive et me pointe de son doigt en disant quelque chose d'autre. Sans comprendre, je lui sourit bêtement. Quoi faire d'autre ? Ce n'était, cependant, pas la réponse qu'il attendait de ma part.
Il me fait descendre de la table avec brusquerie et m'attrape par le colback pour me traîner dans la foule en m'utilisant pour ouvrir la voie. Je fais des petits signes de main comiques en me sentant être acclamé comme un héro par les gens autour de moi. Je crois même qu'une fille m'a glissé son numéro sur un morceau de serviette en papier. Ça m'amuse. Je n'avais jamais été mis dehors avant, et encore moins pour avoir encouragé trop de monde à monter sur une table, et je n'imaginais pas que je serai traité comme le bout en train collectif pour cela, ou que je ne ressentirai aucune honte à être traîné comme un chiot à l'extérieur.
Dehors, la fraîcheur de la nuit me frappe de plein fouet et je manque de tomber quand je suis poussé en avant. Je me réceptionne néanmoins et me tourne avec amusement pour faire une courbette afin de saluer l'homme qui m'a sortit. Je ris tout seul quand je me redresse et le regarde secouer la tête et retourner dedans. J'ai froid, la sueur sur mon corps me fait un drôle d'effet dans la brise du bord de mer. Un épais brouillard semble également être tombé avec le soir et maintenant j'ai l'impression de fondre dans la nuit, dans le son sifflant dans mes oreilles à cause du silence.
« Bien joué. » Je me tourne vers Harry qui tient, sous son bras, nos vestes qu'on avait laissé aux vestiaires. Il applaudit ironiquement, sourire aux lèvres, en venant vers moi et je glousse.
« Merci merci. » J'ironise à mon tour en faisant une nouvelle courbette, alors qu'il secoue la tête de dépit.
« Est-ce que tu as encore envie de faire des bêtises ou est-ce que tu veux bien qu'on rentre ? » Demande-t-il en attrapant ma main pour me guider vers la voiture garé un peu plus loin.
« Sex on the beach ? » Il fronce ses sourcils en me regardant et pouffe.
« Dis donc, t'as l'alcool excité ? »
« Et ? » Je me tourne complètement vers lui en m'arrêtant et il sourit stupidement en se penchant vers moi pour m'embrasser.
« Et rien du tout. » Il tapote gentiment mes fesses pour m'encourager à rejoindre la voiture et je comble la distance avec celle-ci rapidement pour passer à l'avant.
La route entre la boite de nuit et l'appartement n'est pas très longue, moins de sept minutes je crois bien. Mais je ne suis pas vraiment sûr pour être honnête. Je suis captivé par les lumières floues qui m'entourent et la fraîcheur qui grimpe comme un insecte sous ma veste, je ne voit pas le temps passer. Je m'affaisse sur le côté dans mon fauteuil et lève mes bas pour sentir le vent me battre en arrière, s'enrouler autour de moi et me transformer en fantôme perdu dans la nuit, dans le sombre et le froid. Harry lâche un court instant le levier de vitesse pour serrer ma cuisse. Je me tourne vers lui. J'ai l'impression qu'il brille dans la nuit, pas comme un phare, mais comme une fée, ma petite fée à moi.
J'ai déjà dis qu'il était mon oasis, non ? Et mon phare ? Mon île ? La chanson que je veux connaître par cœur ? Je vais devoir en rajouter une nouvelle couche, un peu plus neuve, un peu moins redondante et un peu plus belle et cliché. Harry est mon monde. Mon monde entier. Mon monde mais aussi mon univers. Il est le souffle qui pousse le soleil dans le ciel, la chaleur de l'été, le calme de l'hiver, le réconfort de mon chez moi, la beauté des paysages, les mots doux des poèmes féerique. Il est mon monde.
Je me penche vers lui pour embrasser sa joue, dessinant des formes avec mes lèvres sur sa mâchoire et son cou, sans relâche. Il glousse. Je l'aime. Mon cœur bat comme jamais il n'a battu et je l'aime comme jamais je n'ai aimé. Je ne veux jamais le quitter. Et je sais que lui aussi. On est sur la même longueur d'ondes jusqu'au bout des doigts et jamais l'amour m'aura paru aussi complexe et simple à la fois. Je me perds en baisers et soupire par ici et par là, laissant même un suçon parce que j'en ai envie et que je peux, qu'il serre sa main sur ma cuisse pour me dire qu'il aime ça, que je peux en laisser d'avantage. Je l'aime et je veux le dévorer.
Il se tourne enfin vers moi quand il arrête la voiture, et me tire enfin vers lui pour m'embrasser avec une force qui me fait défaillir. J'en avais tellement envie que je me surprend moi même à soupirer, si fort que ma voix se permets même un tendre gémissement de bonheur. Autour de moi, de nous, de ses mains sur ma peau, tout tourne, plus encore que ça ne tournait jusqu'à maintenant. Je m'essouffle dans sa bouche, et lui dans la mienne, j'ai l'impression que je peux tomber sur le côté, entraîné par l'alcool et l'amour, à tout moment.
Emporté dans le moment je défais la ceinture qui restreint mes mouvements et monte sur lui, sur ses cuisses, juste pour être plus proche, encore plus proche. Si je voulais être plus proche que cela il faudrait que je sois entièrement confondu en lui, et j'ai l'impression que c'est ce que je recherche. Ma peau n'a jamais assez de la sienne, si bien que le fait que je ne puisse pas tout sentir en même temps avec toute la surface de ma propre peau est frustrant. Je veux toute sa peau et je la veux sur toute la mienne. C'est une pensée glauque ? Est-elle aussi glauque que le fait que je n'aurai rien contre le fait qu'il me prenne juste ici, dans cette voiture, à la vue de tous ? C'est un peu bizarre hein ? Je suis peut-être, en effet, un peu trop ivre pour mon propre bien, ou celui de ma libido.
Un klaxon nous fait sursauter et je m'écarte de lui en vitesse pour lancer un regard large sur le parking. J'essaie, par là, de voir qui nous interpelle, mais Harry qui rit contre ma clavicule, s'enfonçant dans mon épaule comme pour se cacher, m'indique que c'est moi qui vient de klaxonner, avec mes fesses, sur le volant derrière moi. Je me sens stupide.
« Arrête de rire. » Je boude alors que Harry me serre contre lui, toujours caché dans le creux de mon cou.
« Pardon mais- » Il ne finit pas, sa voix disparaissant dans le rire et je fais une moue en reculant, juste pour essayer de le faire lever ses yeux vers moi et arrêter, pour ne pas que le moment soit totalement gâché par ma stupidité. « C'est marrant quoi ! » Souffle-t-il ensuite, tentant de calmer son rire mais ne le transformant qu'en une série de petit gloussement caché dans sa gorge. « Allez, viens, on va faire ça ailleurs. » Finit-il ensuite, en me serrant un peu plus contre lui.
Il ouvre la portière sans me lâcher et, sans le moindre mal du monde, sort de la voiture en me portant. Je couche ma tête sur son épaule et me laisse bercer par le rythme de sa démarche et son odeur. Il regarde devant lui et ne semble même pas le moins du monde dérangé par mon poids en plus, il marche comme si je n'étais pas suspendu à son cou. Il me porte jusqu'à l'intérieur et ce n'est qu'une fois dans le hall du petit complexe d'appartement que mes pieds retouchent le sol. Sur place, je tangue légèrement et attrape ma tête en cherchant un point dans le vide auquel me retenir mentalement. Mes yeux traversent le hall de part en part et éventuellement trouvent la mer, en face, derrière les portes vitrées, sous la lune, dans le noir, et soudain c'est une toute nouvelle envie qui me passe par la tête et me fait sourire.
« On va faire un bain de minuit ? » Demandé-je sur un ton espiègle en me tournant vers lui pour lui demander son avis tout en partant tout de même vers la porte, comme si je ne lui laissait pas le choix.
« À une heure du matin ? » Je fronce mes sourcils en m'arrêtant et regarde son visage plié dans une grimace moqueuse.
« Le rapport ? »
Je détail sa silhouette comme si je le jugeais et serre mes lèvres dans un sourire faussement dégoutté en roulant mes yeux. Puis, toujours sans lui laisser le choix, je fini de rejoindre la porte d'en face. Il rit face à mon comportement et m'emboîte le pas rapidement pour venir attraper ma main alors que l'on sort de l'autre côté finalement.
Quand mon pied se pose sur le sable c'est comme si un signal était lancé à mon cerveau et je sautille sur place en retirant ma veste puis mon débardeur, sous le regard de mon amant. J'enlève mes chaussures, mon short, mes sous-vêtements, et en un battement de cils je suis déjà les pieds dans l'eau, sans même demander de reste ou de compte. Je laisse mon regard voguer sur l'horizon, sur la mer. Je prend le temps. Tout va très vite, et tout tourne autour de moi parce que je suis ivre, et j'ai besoin de prendre de profondes inspirations et de me calmer pour vivre dans le moment, et ne pas laisser le temps s'effiler. Je veux toujours aller trop vite et penser à après, à ce que je ferai, à ce que je veux faire. À cause de ce nouveau départ tout a toujours été tourné à l'après, mais je dois essayer de me détendre, pour ne pas que cette impatience se remette entre moi et Harry ou entre moi et mon bien être. Je sais où je suis et où je vais alors je dois vivre maintenant, aujourd'hui, chaque secondes de cette soirée, chaque sons, chaque grillons cachés dans les buissons au loin, chaque vagues qui claquent mes cuisses nues, chaque courants froids qui réconfortent mon corps en nage.
« Tu avais vraiment envie que je sois ton associé pour l'hôtel ? » Par dessus mon épaule, je regarde Harry qui approche à son tour, laissant derrière nous, sur le sable, toutes nos affaires. Je lui souris et il hausse ses sourcils en se postant à côté de moi.
« Pourquoi on parle de ça maintenant ? » Je hausse mes épaules en me tournant vers le large, vers les lumières de la ville au loin le long de la cote.
« Tout à l'heure je n'avais pas le courage de demander je penses ? » Il pouffe gentiment.
« J'avais bien jugé alors. » Souffle-t-il. « Pour répondre à ta question, oui, bien sûr. Je ne sais pas trop quand j'en ai eu l'envie, mais ce serai mentir de dire que je n'ai pas, à un instant, imaginé tenir cet endroit avec toi, me tourner et te voir te tenir là, serré dans une chemise en train de discuter avec un de nos clients, une pile de document sous les bras alors que j'attends de discuter avec toi à propos de quelque chose. Ou marchant dans la cave à vin de l'hôtel avec curiosité pendant que je te parle du vin que l'on a vendu. » Il pousse un soupir qui semble nostalgique, nostalgique d'un temps qui n'a jamais existé, nostalgique comme si il espérait encore qu'il existe un jour.
« Ça sonne tentant. » J'avoue en souriant. « Je dois même ajouter... que moi aussi j'y ai pensée, je me suis fait la réflexion que si tu me demandai de devenir ton associer ou même de travailler pour toi... je l'aurai fait. » Je hausse une épaule.
Il ne répond pas et ça me donne l'impression qu'il s'en doutait un petit peu, surtout après ce qu'on s'est dit il y a quelques heures à propos de Émilie et de notre projet professionnel. Il se contente de me sourire quand il se tourne vers moi et de hocher la tête. Il y a une ombre dans son regard et je comprends alors qu'il y a quelque chose qu'il veut me dire, donc, par réflexe, je lui souris, pour lui dire de le faire, de ne pas avoir peur de moi.
« Tu vois... Cet hôtel était un peu ma lumière à moi, je me suis dis que si il pouvait voir le jour je serai assez loin de mon père pour ne plus qu'il me fasse aussi mal, mais c'était sans compter sur le fait qu'il aurait une ligne d'avance et prendrai ma proposition pour une insulte envers son travail. » Il soupire avec tristesse et j'attrape sa main sans le regarder, me tournant vers la mer à la place, respectant son moment, son besoin de se confier et d'en parler sans que je ne lui impose mon regard et les questions qui se cachent encore dedans. « Maintenant je suis de nouveau à la case départ. Je dois trouver quelque chose d'autre, une solution ou un autre projet... quelque chose. »
« Je sais. » Je hoche la tête en parlant sur le ton du murmure.
Je sais, et je ne peux rien dire d'autre. Je sais qu'il est à la case départ, je sais qu'il veut s'en sortir. Mais je ne sais pas quoi lui dire d'autre qu'il ne saurai pas déjà. Qu'il doit prendre du recule ? Je lui ai dit, je l'ai même fais venir ici. Qu'il y a une solution évidente qu'il se refuse de voir ? Je lui ai déjà dit aussi. Que se forcer à rester dans une telle situation comme si il n'était bon à rien d'autre n'est pas la solution et que ça n'en vaut pas la peine ? Je le lui ai rabâché.
« Je suis avec toi. Je vais faire de mon mieux pour te soutenir jusqu'à ce que tu trouve la solution. » J'ai beau déjà savoir quelle solution serai la meilleur, j'ai beau avoir la seule et unique envie qu'il envoie son père se faire foutre, je sais que ce n'est pas ce qu'il faut que je dise. Je ne veux pas me disputer avec lui une nouvelle fois, je ne veux pas lui faire de mal encore une fois. Je connais la solution et au fond de lui il l'a connaît aussi, alors on verra.
« T'es sûr que ça te convient ? » Marmonne-t-il.
La question me fonce droit dans le cœur, elle creuse un troue dans mes cotez et s'enfonce droit dans mes organes. Ça ne devrait pas, mais l'idée qu'il puisse penser que je ne suis pas heureux avec lui ou qu'il ne me convient pas pour quelque chose comme ça me perfore le cœur, et le troue béant dans ma poitrine déverse en moi des litres d'acide brûlant. Je me tourne vers lui complètement, attrapant sa seconde main pour le tourner vers moi. La lumière de la lune illumine son visage et je souris, emplie d'amour et de tendresse. Je caresse doucement ses mains, essayant, par ce simple geste, de lui communiquer mon amour, de lui affirmer que tout ira bien, comme si mon touché était magique. Avec la conviction que j'y met, je ne serai même pas surpris qu'il le soit.
« Bien sûr que ça me convient. Je t'aime et je ne veux que ton bien. » Je lève mes épaules en prenant une grande inspiration et la bloque dans ma poitrine une simple seconde en souriant. « Oui, j'ai mal. Mal de te voir te retenir si fort à quelques choses de toxique, mal que tu ne réussisses pas à avoir le courage de réellement considérer l'idée de couper les ponts comme tu avais dit que tu le ferai. J'ai mal de te voir souffrir et de savoir que je ne peux que te regarder. » Il fait un sourire désolé et se penche vers moi pour coincer son front contre le mien, un signe, je suppose, qu'il s'excuse pour ces maux. « Mais je suis avec toi, alors je suis prêt, ça me convient. Ça fait mal, mais j'ai foie en toi et en notre avenir, alors ça ira, tout ira bien, on ira bien. Je vais guérir un peu plus, tu vas guérir aussi, et tout ira bien. »
« Je suis désolé. Je sais que tu as dit que je devais considérer tout arrêté, je sais que j'ai dis que je le ferai. » Il s'arrête net, comme si il n'osait pas dire plus, mais il n'a pas vraiment besoin de le dire pour que je comprenne. Le domaine c'est toute sa vie.
« Je voudrai tant que tout sois simple. »Finit-il, comme confirmation à me pensées.
Sa voix est faible et je sens que tout ça est dur pour lui et j'oublie toujours, j'oublie tout le temps, que si c'est dur pour moi, que ça me fait mal, ça l'est tout autant pour lui, si ce n'est plus. J'oublie toujours qu'il n'est pas si fort qu'il le prétend, j'oublie toujours que tout n'est qu'une apparence avec Harry, et que je ne peux pas être trop exigeant avec lui. Il sait ce que j'en pense, on s'est bien assez battue à se sujet pour qu'il sache et que je cesse de me tuer à répéter. Je dois aussi le laisser faire son propre chemin à ce propos et venir lui même aux conclusions, plus je le pousserai et moins ça servira. Tout ce que je gagnerai à le presser de nouveau sera de le faire pleurer comme la dernière fois, et je ne veux plus jamais être la cause de ses larmes, et je prie pour ne plus jamais l'être. Je ne veux plus jamais craquer comme la dernière fois, je veux devenir plus fort et avoir de plus larges limites à ma douleur, je peux être assez fort pour tenir le temps qu'il faudra, et je le serai.
Je pince mes lèvres en m'approchant de lui et lâche ses mains pour enrouler mes bras à ses épaules à la place, pour le tirer vers moi, plus proche, et le bercer sur la mélodie des vagues et de la houle, perdu dans le brouillard tous les deux.
« Et ça ne l'est pas. Je sais. Mais ça va aller. » Chuchoté-je en embrassant ses lèvres du bout des miennes.
« J'espère. »
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I AM BACK !!!! Ecrire m'avait tellement MANQUÉ pfiou!
Je suis pas très sûr de moi avec ce chapitre bizarrement, et j'espère que le comportement de Louis clash pas trop avec celui du dernier chapitre, je voulais vraiment essayer de rendre clair qu'il avait décidé que la dispute du 40 serai la dernière et que maintenant il veut juste prendre son mal et sa douleur en patience et ne plus se laisser emporter comme la dernière fois. Bref des espoirs quoi!
J'espère que vous êtes prêt pour la suite parce que chapitre 42 va- enfin vous verrez bien heh!
J'ai pas grand chose d'autre à dire heh, j'espère que ce chapitre vous aura plut même si il a mit du temps à venir et qu'une semaine de pause en plein milieu de son écriture lui a donné un air bizarre heh
BREF, love all of you dearly xx
Joëlla
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