Chapitre 39 : Tomber dans la nouveauté
J'avais très envie que notre semaine de vacances signifie semaine de nouveauté, semaine pour lui dire que je l'aime, semaine de changement, mais je ne savais pas que ça arriverai le jour même de notre arrivé ici. J'ai l'impression qu'on a brûlé cinquante cinq étapes d'un seul coup, qu'on a tout fait dans le désordre et que, pouf, me voilà devenu le petit-ami de Harry Styles. J'ai l'impression que rien ne s'est passé comme je le voulais, que la situation intime et privée, amoureuse et douce, que j'attendais n'est jamais venu et j'éprouve donc une vrai difficulté à réaliser que c'est arrivé. Tout s'est fait si vite et brutalement. Pour ne rien arranger, avant même que je n'arrive à me faire une raison sur ce changement soudain de statut, nous voilà à notre tout premier rendez-vous, et on le passe en tant que couple formé et ça aussi je vais devoir le réaliser.
Mais je n'y arrive pas. Harry est mon petit-ami. Harry et moi somme en couple. Pincez moi !
« Est-ce que j'ai quelque chose sur mon visage ? »
Je rougis presque aussi vite et détourne mon regard à la hâte en serrant sa main un peu plus fort dans la mienne. Comment ose-t-il rigoler d'une chose pareil ! Il n'y a rien sur son visage et c'est bien ça le problème, il devrait être couvert de mes baisers. Je souris dans ma barbe et mon regard vacille vers nos mains. Ses doigts sont enlacés aux miens, enroulés autour de ma main, sur la table entre nous et je sens une joie presque vicieuse remonter dans mon corps. Je lui tiens la main, on est à un restaurant, ensemble, en tête à tête, au bord d'une fenêtre qui donne tout droit sur le canal de la rivière qui se jette dans la mer. Au loin je crois entendre de la musique, et les derniers goélands de la journée qui tente d'harmoniser leur crie dessus, sans succès, je crois aussi entendre le bruit de la foule sur la rive d'en face, qui déambule en allée et venu le long du canal. Je lance un regard large vers la mer, un peu plus loin le long de la ligne de l'horizon et les reflets du soleil tardif qui jouent à la surface de l'eau. Quel cadre romantique. Je suis vraiment devenu le personnage principal de ma propre comédie romantique, n'est ce pas ? Un repas galant dans un cadre si unique ... c'est le genre de chose qui n'arrive que dans les films.
C'est difficile de vraiment faire le point sur ce que je ressens et de rester calme. Quand je le vois en face de moi, son regard sur le large alors que l'on attend notre plat, c'est comme ci ça me frappait pour de vrai, ce qu'il se passe, ce que l'on vit. Ce que l'on a, ce que l'on est devenu en une après-midi, cette nouveauté, ce sentiment amoureux dans ma poitrine de savoir que je suis son petit-ami, qu'il est 'à moi' et que je suis le seul à pouvoir l'embrasser et le toucher comme je le fais, toutes ces choses me submergent avec force, tous ces sentiments m'assaillent. Je vis dans un rêve, c'est à se demander quand est-ce que le réveille sonnera tant c'est trop beau pour être vrai, tant on en a bavé pour avoir ce moment de répit et enfin pouvoir profiter l'un de l'autre. C'est à se demander si je vais un jour vraiment accepter que c'est ma réalité, maintenant, que c'est bien vrai. J'ai l'impression que rien n'est réel, que tout ça n'existe pas ou que ça ne durera pas, tout est si bizarre. Est-ce que je mérite vraiment tout ce bonheur ? Est-ce que je mérite que Harry veuille de moi ? J'ai l'impression que tout est allé si vite qu'il n'a pas vraiment compris que c'était de moi dont il était question, que c'est moi qu'il vient de choisir.
« Hey, détends toi. » Je fronce mes sourcils en revenant dans le monde réel et le trouve penché un peu en avant sur la table comme pour mieux me regarder, être plus proche et plus facilement voir ce que je cache dans ma tête au travers de mes yeux. « Pourquoi tu te stress comme ça ? C'est juste moi, enfin, tu me connais. » Il fait un sourire inquiet en serrant un peu plus ma main et je me sens pris de court et surpris en face de lui, ma main devenant bizarrement molle sous la sienne.
Depuis quand peut-il si facilement saisir et comprendre ce que je ressens, surtout avec tant de précision et de facilité ? Et surtout comment le fait-il ? En un seul regard vers moi il décortique mon comportement et sais ce que je ressens. Je ne serai même pas surpris qu'il ait lut dans mes pensées et que je n'ai rien besoin de lui dire sans que ça ne nous empêche de communiquer. Je savais que, moi aussi, j'avais développé une certaine sensibilité face à lui, assez pour saisir ce qu'il ressent en un simple petit coup d'œil vers lui, mais j'étais loin de me douter que, lui aussi, avait fini par trouver les tics de mon comportement et comment les analyser. Ça fait donc de lui la toute première personne que je connaisse qui me cerne si bien, qui me connaît à ce point, et je ne suis pas certain que ça soit sans importance. Il me connaît, et je suis en sécurité avec lui.
« Pourquoi tu te mets toute cette pression ? Être avec quelqu'un est supposé être fun, si tu marches sur des œufs ça n'a plus de sens. » Ses doigts se serrent un peu plus et je retiens un instant mon souffle dans le sourire qui remonte sur mes joues. Il me connaît, et il sait quoi dire, quoi me dire.
« T'as raison. » J'admets avec un petit soupire. « C'est juste bizarre, je pense ? T'as pas l'impression, que tout est allé trop vite ? » Son regard s'assombrit soudainement, et cette fois ci c'est lui que je semble perde, alors qu'il encaisse le coup presque physiquement en reculant légèrement dans sa chaise.
« Est-ce que tu regrettes de m'avoir dit oui ? » J'ouvre de grand yeux surpris.
« Quoi ? Non ! » Je jette ma seconde main sur la sienne, pour le retenir, comme si j'avais peur que son angoisse de me voir dire oui le fasse disparaître. « C'est juste... je ne sais pas. Je crois que j'ai du mal à me faire à l'idée qu'on est un couple, c'est tout nouveau et tout bizarre et ça me donne l'impression que je dois faire le maximum pour ne pas déjà que ça soit fini ou pour en profiter avant la fin. » Il pousse un petit rire quand il revient vers moi, les peurs qu'il ressentait il y a juste une seconde maintenant bien loin de son humeur.
« Alors déjà.. » Il baisse ses yeux vers nos mains pour doucement mener la mienne plus proche de lui, pour en embrasser le dos. « Tu n'as pas besoin de faire ton maximum, ou de croire que tu n'es pas à la hauteur de cette relation, d'accord ? C'est toi comme toujours que je veux, tu n'as pas besoin de changer ou de t'améliorer. Dacc ? » Chuchote-t-il, son regard devenant de plus en plus intense à mesure qu'il parle, si bien que sa force me rassure tout de suite et me force à hocher la tête. « On était déjà proche avant, non ? On s'est déjà embrassé, on a déjà couché et dormit ensemble, maintenant on est juste officiellement ensemble et on est à notre premier rendez-vous et tout va bien, d'accord ? Et puis, deuxièmement, je ne sais pas ce qui, exactement, te donne l'impression que tout ceci ne durera pas ou que c'est un genre de mirage, mais je te promet que non. C'est réel, je suis là et ça va durer.. tu n'as aucune raison de croire que tout pourrait être fini en un soupir, je ne compte pas te quitter de si tôt. » M'assure-t-il en s'approchant un peu plus, souriant d'un air rassurant, les sourcils plissés dans son attendrissement et les mains réconfortantes sur les miennes.
J'enfonce mon regard dans le sien, les joues flambantes dans le brasier de mon amour et de mon embarras. Je perds mon souffle. Il n'a même pas besoin de me dire un jour qu'il m'aime, parce que ça, ces mots, cette attention, c'est déjà la plus belle déclaration de sentiment que je n'ai jamais reçu dans ma vie. Ça me rassure, également, bien plus que je n'oserai bien l'admettre. Il me veut moi, juste moi, comme toujours, comme je suis, et il ne veut pas me quitter.
Est-ce que c'est ce que je crois que c'est ? Est-ce une perche tendu ? Une invitation ? Un sous-entendu ? Veut-il me faire comprendre quelque chose, me faire réaliser quelque chose ? Est-ce que je comprends bien ce qu'il veut dire par là ? Est-ce qu'il veut me dire que je peux rester ici, que je suis le bienvenu, que je peux quitter l'Angleterre et emménager ici ? Est-ce qu'il veut qu'on ne se quitte plus et qu'on reste ensemble ? Est-ce que c'est un raccourci pour me dire qu'il m'aime ? Après tout, on est ensemble maintenant et je n'ai plus aucune raison de rentrer en Angleterre, alors peut-être que je ne le devrais pas, peut-être que je devrais vraiment rester auprès de lui, et que c'est sa façon de me le demander, de m'assurer que oui, que c'est réel et que si l'on veut que ça dure alors ça durera, qu'on à qu'à se lancer, lui et moi.
Il a raison alors, sûrement, mon stress à cause de ce mauvais pré-sentiment n'a aucune raison d'être, on l'a fait jusqu'ici, on est ensemble maintenant, alors tout ira bien. Si l'on se tient la main à travers toutes les épreuves qui vont encore forcément venir alors tout ira bien, si je reste moi même, si je laisse mon amour pour lui grandir encore, si je mûris à ses côtés encore, si l'on s'épaule encore, si il m'aime vraiment, alors oui, tout ira bien.
« Alors détends toi, souffles, je ne vais nul part. Je te le promet. » Je serre mes lèvres et mon souffle se coupe sous l'émotion. « Tu dois être à l'aise dans cette relation, ce n'est pas un teste pour voir si tu vaux le coup. Je te veux tout comme ça, juste toi même, comme d'habitude, tu n'as pas besoin de changer. » Je pousse un rire abrupte pour laisser s'en aller le trop plein d'émotion qui demande à sortir, et détourne une seconde le regard, pour fuir, pour me permettre de me remettre de cette vague d'amour qui ravage ma dépouille amoureuse.
« J'en ai marre de toi, tu me fais passer par toutes les émotions possible. T'en a jamais assez de me faire pleurer ? » Je renifle stupidement et passe mon doigt sous mon œil quand j'ai l'impression qu'une larme va en couler avant de me tourner de nouveau vers lui. Ça l'amuse, encore. De toute façon, tout ce qu'il sait faire quand je deviens un sac d'amour c'est rire, alors je ne suis pas surpris.
« J'aime savoir que je te rend heureux. » Chuchote-t-il en s'approchant pour me rejoindre au travers de la table et m'embrasser, ce n'est qu'un petit baiser, tout petit et chaste, rapide et pressé, et pourtant il fait exploser les même feux d'artifices dans ma poitrine que n'importe quel autre baiser. « Parfois... » Reprend-il, planant sur ma bouche pour que toute sa respiration enlace la mienne. « Je pense à ce qu'il se serai passé si je ne t'avais pas empêché d'acheter cette bouteille de vin, et ça me donne le vertige. » Je ne suis pas sûr de savoir si ça a du sens qu'il me dise ceci maintenant, si c'est lié à quoi que ce soit d'autre dans cette conversation, mais je refuse de le relever à voix haute, je préfère accepter cette confidence qui me fait questionner l'entièreté de mon univers et de mon monde, entièrement remis à neuf par ses soins.
Que ce serait-il passé si jamais il n'avait attrapé mon poignet ce jour là, dans toute son arrogance, pour me dire d'acheter un autre vin ? Que ce serai-t-il passé si il n'avait pas été dans ce café ce jour là quand on s'est revu ? Que ce serait-il passé si il n'était pas entrée dans ma vie ? Qui serai-je en ce moment ? Où serai-je ? La pensée me donne l'impression de tanguer dans le vide et je fait tomber mon front contre le siens finalement, fermant les yeux pour visualiser ce moment, pour le garder en mémoire et m'en souvenir pour toujours.
« Moi aussi. » Je lui répond simplement. « Et je suis content que tu l'aies fait. »
« Moi aussi. » Rit-il en faisant remonter ses doigts sur mon bras pour les enfoncer dans mes cheveux.
Il incline sa tête et la chaleur de son souffle retrouve ma bouche, mes lèvres, et je le veux plus proche. J'ai presque envie de planter ce dîner pour n'être qu'avec lui, pour qu'il n'y ai que nous. Je ne savais pas encore que c'était pour cela que les gens faisait l'amour, aussi, que parfois c'est qu'on aime tellement quelqu'un qu'on a envie de se donner entièrement, de l'avoir entièrement. Je l'aime si fort, et cette conversation à tant de force, que j'ai envie de coucher avec lui, là, maintenant. J'ai envie qu'il m'embrasse, qu'il me bousille, qu'il m'aime avec ses mains et avec son corps, je l'aime si fort que je veux faire l'amour avec lui. On ne l'a fait qu'une fois après tout, et ce serai idiot de penser que c'était assez pour rassasier mon amour et mon besoin de lui, mon envie, ma soif de sa faiblesse, mon désir de sa peau.
Malheureusement, nous ne somme pas dans l'appartement et je ne peux pas pousser cette table pour monter à califourchon sur lui et m'offrir tout entier à ses baisers, et c'est avec fracas qu'on me le rappelle. Le serveur qui tient notre plateaux de fruits de mer se racle la gorge alors qu'il se tient au bord de notre table et je recule avec une précipitation bien trop vive en m'excusant à outrance aussi vite.
Heureusement pour nous, le serveur ne le prend pas mal et se contente de poser le plat avant de s'éclipser en nous souhaitant une bonne appétit. La pression me pousse à rire nerveusement et Harry me lance un regard qui en dit long sur le fait que lui aussi est un peu gêné qu'on fusse surpris ainsi.
« La honte un peu. » Je chuchote en ouvrant de grand yeux dans mon amusement.
« Un peu seulement. » Confirme-t-il en secouant sa tête alors qu'un petit rire passe rapidement par son nez. «Enfin, je suis surtout déçu de ne pas avoir put te prendre ce baiser... mais ce n'est que partie remise, n'est ce pas ? » Il ponctue sa phrase avec un petit clin d'œil en récupérant son verre de vin pour boire dedans.
La chaleur monte d'un seul coup dans ma gorge alors que je prends une inspiration et je descends aussi sec mes yeux vers la nourriture entre nous, pour le fuir à nouveau et me permettre de souffler. Si je ne le connaissais pas j'aurai l'impression qu'il cherche mes limites et veut me mettre dans tous mes états juste pour s'amuser. Heureusement pour lui, puisque je le connais je veux bien le laisser faire parce que ça me plaît beaucoup de sentir qu'il veut me taquiner à ce point, même quand ça dépasse ce pour quoi on se chamaille pour de faux tous les jours.
« Louis. »
Je lève les yeux de nouveau pour n'être accueilli que par le son de l'appareil photo de son téléphone et son objectif visé sur moi. Il fait un sourire malin et l'information remonte à mon cerveau avec une demi-seconde de retard.
« Non, pourquoi.. » Je souffle avec embarras en tendant ma main devant moi comme pour me cacher, les joues brûlantes, bien qu'il soit déjà trop tard.
« La vrai question c'est pourquoi pas. » Rétorque-t-il en tournant son écran dans ma direction pour me montrer la photo. Dessus je me tiens droit, le regard surpris et le visage légèrement marqué par les émotions que je subit depuis un temps. « Je vais la mettre en fond d'écran. » M'avertit-il.
Ça me touche peut-être plus que je ne le voudrais. Je sais que c'est une photo de Willow qu'il a en fond d'écran et ça me fait tout bizarre de savoir qu'il veut me mettre à la place. Ça ne devrait pas mais ça compte beaucoup pour moi, ça signifie beaucoup.
« Je peux en prendre une de nous deux pour le mien ? » Il lève son regard vers moi rapidement, alors qu'il bidouille son téléphone avec son doigt, et il sourit.
« Bien sûr. » Rit-il en finissant sa tâche, puis reposant son smartphone pour se pencher vers moi.
Je me tourne dos à lui pour tendre mon bras et prendre un selfie. Il sourit, il est beau. Je crois que, dans l'écran, on regarde bien plus la réflexion l'un de l'autre que nous même, je le sais parce qu'il répond à mon sourire par le sien et lance un rapide regard vers moi avant de revenir à l'écran. Mon cœur bat fort sous mes cotes, et pour une fois tout va bien. Il bat fort, plus fort que jamais, mais c'est comme si je m'y habituais, comme si je n'avais plus peur que le moment s'arrête. Quand mon cœur battait si fort avant, c'était, en plus de la folie du moment, parce que j'avais l'impression que j'allais le perdre, c'était le frisson de peur de cet amour pour lui, la peur de ne jamais être entendu, la peur qu'il passe au travers de mon amour, le besoin de plus de lui. Maintenant, il bat fort mais il est à l'aise, il n'a plus peur. Je sais qu'il entend, je sais qu'il sait, il me l'a dit, il a calmé mes angoisses alors, maintenant, mon cœur bat fort mais ça ne fait plus peur.
« On est beaux dis donc. » Je glousse gentiment en regardant l'écran.
C'est la première photo que je prends avec Harry. La toute première, et on l'a prise alors qu'on est tout juste en couple, et en vacances. Mes joues rougissent de nouveau, comment les en empêcher ? Je suis tellement heureux de nous voir, de voir cette image de nous, autour de notre repas en amoureux, souriants, le soir de notre premier rendez-vous, au bord de la mer. J'ai l'air heureux là dessus, Harry aussi, on a l'air bien, on a l'air d'un petit couple parfait, et c'est ce qu'on est. J'ai presque envie de gigoter sur ma chaise, comme un enfant, tant je suis heureux et que cette joie demande à s'exprimer. Mais je ne le fait pas. À la place je mets la photo en fond d'écran et remet mon téléphone de côté, pour me concentrer sur Harry, et notre plateau de fruits de mer.
« C'est grâce à toi ça. » Répond-il en souriant d'un air mielleux.
Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé, mais officialisé notre relation a débloqué quelque chose et le voilà à me faire compliment sur compliment. Je ne vais pas dire que je me plain, mais je dois avouer que cette nouveauté dois être encaissé aussi et ça commence à faire beaucoup !
« Est-ce qu'on ne devrait pas commencer à manger ? » Je rigole à la place de répondre, et il hoche la tête.
« Si. » Souffle-t-il.
*
« Je crois que j'ai trop mangé. » Je tapote mon ventre de ma main et Harry rigole à côté de moi en me serrant un peu plus fort de sa prise sur mes épaules.
« T'as un petit estomac dis donc. » Remarque-t-il. « Mais est-ce que t'aurais pas encore une micro place pour une glace ? » Demande-t-il en se tournant vers moi.
« Une glace ? » Il hoche la tête et son regard glisse le long de mon visage pour se poser derrière moi et me pousser à me tourner.
De l'autre côté du canal, au coin de la rue, il y a une foule de monde qui se presse devant une boutique avec un store bleu, je fronce les sourcils sans trop comprendre.
« Ils vendent de super glaces italiennes. » Murmure-t-il.
« Oh ! C'est vrai ?! » Je me tourne vers lui rapidement. « Bizarrement... je crois qu'une petite place vient de se libérer quelque part. » Je joue avec mes sourcils et il pousse un rire amusé en secouant sa tête, dépassé par mes enfantillages. « Bon, par où on passe monsieur ? » Je serre un peu plus sa taille pour le tenir vers moi et il tend son index vers le lointain.
« Le pont là bas. » Précise-t-il, et il fait bien, il est si loin que je ne suis pas sûr que j'aurai compris avec un simple coup d'œil.
« Oh bah c'est bien loin ! » Je jette un regard vers la partie directement en face de la rive et serre mes lèvres. Il y a un petit télésiège qui tourne entre les deux rives. Les nacelles rouges et jaunes circulent sans interruption et nous permettrait de rejoindre l'autre côté plus vite, mais je sais très bien pourquoi il ne l'a pas proposé.
« Tu veux prendre le télésiège hein. » Souffle-t-il en s'immobilisant sur l'angle du trottoir. Je me tourne vers lui et sourit.
« Oui mais je veux pas te forcer. » Il fait un sourire en coin, quelque peu attendrit et il se penche vers moi pour m'embrasser rapidement.
« Je suis vraiment pas habitué à ce que quelqu'un prenne aussi sérieusement mes soucis. » Rit-il tendrement.
« C'est la moindre des choses. » Je répond en chuchotant, serrant ma main sur sa chemise pour essayer de me raccrocher à lui, à sa présence, au réel, et ne pas me perdre dans la vague de mon amour et me noyer dans mon envie de l'embrasser encore.
« On va prendre le télésiège. » Conclu-t-il sur un sourire, provoquant en moi rien d'autre qu'une fort confusion.
« T'es sûr ? »
Il ne me laisse pas trop le choix et déjà il me tire avec lui vers le petit bâtiment blanc, tout ouvert, qui permet l'accès aux nacelles. L'homme en bas des quelques marches nous souris et Harry lui règle un allée pour deux personnes. Il semble confiant, au moins jusqu'à ce que l'on arrive aux nacelles et à celle que l'on va devoir emprunter. Je passe le premier en lui tenant la main et le guide jusqu'à ce que l'on se retrouve assis et que la barre de protection sois tirée sur nous. Je serre sa main dans la mienne et il me sourit sans pour autant qu'il ne se sente vraiment rassuré.
Quand la nacelle quitte le sol et que lentement on prend de la hauteur, Harry se crispe et se serre un peu plus contre moi en regardant loin devant lui. J'ai l'impression de le revoir le soir de la fête foraine, assis dans notre nacelle de grande roue, le regard apeuré et émerveillé à la fois. Je lui suis reconnaissant de vouloir faire ce genre d'effort juste parce qu'il le veut. Je ne veux pas qu'il se sente mis sous pression par ce que je dis ou fais mais je dois avouer que le voir essayer de sortir de sa zone de confort juste pour me faire plaisir me fait du bien, et, mieux, ça m'inspire. Je ne suis jamais vraiment sortit de ma zone de confort si j'y réfléchi bien, je ne me confronte jamais vraiment à la vie et aux choses, ma passivité m'emprisonne encore et j'ai besoin, moi aussi, d'affronter mes peurs. Je le fais de plus en plus, mais j'ai encore tant de chose à découvrir et à faire, et voir Harry là, faire ça comme ça, ça me donne envie d'essayer un peu plus. Comme si je savais que je n'avais besoin de rien d'autre que sa main dans la mienne pour avancer.
« Tu sais... » Il se tourne vers moi et je le serre fort, pour qu'il se fasse petit, qu'il se sente protégé, qu'il se niche dans mon épaule et n'ait pas peur, pour qu'il ai l'impression que je suis là, que je le tiens, qu'il ne tombera pas si je suis là.
« Oui ? » Me demande-t-il en se tournant vers l'amont du canal, la montagne au bout, le soleil derrière qui tombe doucement, l'eau presque noir, les boutiques éclairées. La vue est belle, parfaite. Le moment est parfait.
« Je t'aime. » Je crois qu'il se fige de surprise, et j'ai l'impression que le silence devient trop bruyant, comme si les mots avaient étés si fort qu'ils avaient trop impactés mon ouï et laissés un grésillement derrière.
Ses mains se serrent fort sur la barre devant nous, et je ne suis pas sûr que ce soit uniquement parce que l'on arrive lentement vers la moitié de notre trajectoire dans le vide, je pense qu'il est nerveux, que je le surprends, qu'il ne s'y attendais pas. Et pourtant je sais aussi que je n'ai pas peur, pas le moins du monde. Il y a juste quelques heures j'étais nerveux et terrifié à l'idée de lui dire, et maintenant je réalise que ça n'a jamais été aussi simple, et que pire encore, je n'ai même pas peur de sa réponse. Ce n'est pas juste parce qu'on est en couple maintenant, pas juste parce que la vue est trop parfaite, pas juste parce qu'il m'a inspiré, c'est un mélange de tout. Un élan de sincérité, d'amour, de courage, d'affection, de besoin, de sécurité, de protection, d'attendrissement, d'envie d'avancer, d'envie de prendre les choses en mains, d'envie d'agir, de lui dire, qu'il sache vraiment, c'est un élan de sentiment sans fin qui s'entortillent sous ma paume alors que je le tiens contre moi.
Mon cœur bat fort, et je sais qu'il le sent, qu'il l'entend, qu'il résonne en lui, et je veux qu'il l'entende et le sente, je veux qu'il sache. Écoute, murmure mon cœur, écoute ce sentiment d'adrénaline que tu me donnes. Sens, lui demande-t-il, sens combien tu comptes pour moi.
Je crois que son cœur aussi murmure quelque chose, ou alors le hurle-t-il ? Il bat vite, la chamade. Est-ce qu'il a peur du vide, ou est-ce que le vertige qu'il ressent n'est en rien lié au vide sous nos pieds ? Est-ce qu'il est aussi à bout de souffle à cause de la cadence de son cœur ? Est-ce qu'il est emporté, lui aussi, dans la force du vent et du moment qu'il en oublie où exactement il se trouve ? Est-ce que je suis le seul de nous deux a avoir l'impression que le monde à changé d'axe de rotation ? D'orbite ?
« Tu m'aimes ? » Chuchote-t-il en se tournant légèrement vers moi, sans pour autant que je ne puisse voir autre chose que son œil droit et ses cils épais et noirs s'agiter quand il cligne des yeux.
« Oui. Depuis un petit moment déjà. » Je précise avec un petit rire.
Il ne dit rien. Je pense qu'il encaisse, qu'il accepte, qu'il fait son petit chemin et tente de saisir l'importance de ce que je viens de confier. Alors j'essaie d'en faire de même, de vraiment saisir que je viens de me confesser, finalement, après tout ce temps passé à l'aimer, à mourir de jalousie devant Madeleine, après tout ces baisers, après avoir passé tout ce temps seul dans l'immense monde créée par son affection dans mon cœur et mon esprit. Après avoir put mourir et renaître des cendres et des flammes de mes sentiments je ne sais combien de fois. Je lui ai enfin dis. Me voilà maintenant confronté à un nouveau problème. Ces mots ne sont pas assez. Ils ne sont pas assez fort, pas assez précis, ils ne traduisent pas la profondeurs, l'intensité, la force, de ce que je ressens depuis des semaines. Ils ne sont pas assez représentatif. Ils ne sont pas assez bien.
« Je crois... » Il se redresse finalement et se tourne vers moi lentement, prenant des précautions pour ne pas agiter la nacelle un petit peu trop. Il lèves ses yeux vers moi, vers les miens, et je souris de pouvoir le voir, parce qu'à la seconde même où je vois ce regard une part de moi se rend déjà compte de ce qu'il va me dire. « Je crois que moi aussi. » Murmure-t-il, sentant le vent violemment frapper son visage d'un seul coup. Mais il n'a pas peur non plus, ni du vent, ni du vide, ni de rien, il est focalisé sur moi et je tends ma main vers lui pour la poser sur sa joue, pour la caresser doucement.
« Tu crois ? » Je rigole gentiment, pour me moquer de lui, pour détendre l'atmosphère et toute cette lourdeur sur nos épaules.
Il hoche la tête simplement, un sourire presque timide aux lèvres, avant de revenir vers moi pour enfoncer son visage dans mon cou. Je le serre en retour, enroulant mes bras à ses épaules et rigolant gentiment de le sentir si petit et vulnérable soudain. Ça aussi je sais très bien pourquoi. La dernière fois que Harry s'est montré ainsi sincère avec une personne elle lui a brisé le cœur, l'a trompé, lui a fait du mal, évidemment que ça doit faire peur de se confier à nouveau, ses sentiments, mais aussi et surtout de confier sa personne. Donc, si 'je crois que moi aussi' et 'je te veux comme tu es' est sa façon oral de me dire que lui aussi m'aimes, que je n'imagine pas ce qu'on vit et que ce que je ressens à un sens à ses yeux, alors ça me va. Ça me va. Je peux attendre qu'il ai confiance en moi, je ne pars pas, je ne vais nul part moi non plus.
Il ne reste cependant pas éternellement dans ce petit creux dans l'espace-temps qu'il semble avoir trouvé au cœur de ma poitrine, et il se redresse lentement, emplie d'hésitation. Ses lèvres glissent tout doucement contre ma gorge pour venir vers les miennes, passant par dessus ma mâchoire sans la toucher, comme un rêve qui ne laisse derrière lui qu'un sentiment de bien être. Comme un morceau de glace sous le mercure, mon cœur devient une flaque d'eau et je m'incline, modulant les bords de mon être pour lui correspondre et finalement il m'embrasse, langoureusement, amoureusement. Il soupire lourdement contre ma bouche en me tenant tout proche, et mon univers entier tombe droit dans l'eau sous mes pieds, et je tombe avec lui. Je tombe dans le vide, dans une chute pleine de douceur et de force, emplie d'une violente caresse d'amour, je tombe droit dans les chaudes profondeurs de mon amour, de mes sentiments, et je suis si épris de lui que je n'arrive même pas à retenir ma voix de lentement geindre dans sa bouche.
Je n'ai plus peur de rien. Ils n'ont qu'à nous voir, ils n'ont pas nous regarder, même là où on ne dérange personne, ils n'ont qu'à voir. Je n'ai que faire, je suis fier, je suis heureux, je veux le tenir là, je veux le dire, je veux le monter. Harry est mon petit-ami maintenant, et si ils veulent voir alors qu'ils voient. Je n'ai que faire qu'ils voit. Je n'ai besoin que du regard de Harry, que de ses prunelles remplies d'amour quand j'ouvre mes yeux et qu'il est là, juste là, devant moi, qu'il me tient et me serre, qu'il sourisse. Je n'ai besoin que de son regard à lui.
Ses yeux semblent briller mais ce n'est peut-être que la réflexion de la brillance de mon amour que je vois là, alors que ses pupilles se déplacent d'un trait de mon visage à un autre. Il pouffe gentiment en mordillant sa lèvres inférieur toute rose, toute humide, qui me donne envie de l'allonger sur un lit et de l'embrasser encore et encore, juste pour voir si elles peuvent devenir plus rouge encore. Un soupir se lève de lui, ses épaules se détendent et cette fois c'est lui qui me serre contre lui, qui embrasse ma tempe, et je ne peux que fermer mes yeux pour profiter du contact, de sa douceur, de son amour. Il n'y a même plus besoin de mot ce soir, c'est comme si tout le reste, les gestes et les regards, les petites caresses et les baisers, parlaient pour nous et disaient tout ce qui avait besoin d'être dit.
Les mots ne sont pas nécessaires tant qu'il est là et me tient ainsi, tant qu'il me serre si précieusement, j'avais peur de ne pas avoir le pouvoir de trouver des mots assez fort pour lui dire que je l'aime, mais je me rend compte, encore une fois, que je n'ai même pas besoin de parler pour le lui faire savoir. Il n'y a pas besoin d'autre chose que le rythme de notre tendresse pour guider nos pas quand on touche à nouveau terre, pour voir ce monde, ces endroits, pour apprécier la beauté de cette soirée en sa compagnie. Je n'ai besoin que de lui, de sa personne, de sa douceur. Je n'ai besoin de rien d'autre.
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Aaaaaw, j'aime beaucoup ce chapitre, il a était très fun à écrire. J'ai un peu l'impression qu'il est confus et brouillon, donc si vous le pensez aussi bah je serai pas surprise heh ! Louis et Harry de cette fic sont vraiment mes préférés parmi toutes les fics que j'ai écris je pense, leur relation est vraiment fun et saine et wow !!!
Hehehe, je sais qu'on dirait bizarrement qu'il ne se passe plus grand chose maintenant. Où est donc passer tout le reste, hum? J'espère que vous êtes prêts parce que... je ne suis moi même pas sûr de l'être alors que je sais ce qu'il va se passer depuis un long moment déjà ! Hahaha j'ai très hâte !
Love you all !!!!!!
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