Chapitre 36 : Découvrir un phare

Je regarde la couverture du livre entre mes doigts. Le Cœur Percé de Regina Sorange. J'avais oublié que ce livre existait et je viens de le retrouver au fond de mon sac. Je l'ai fini il y a un petit moment maintenant, on était en camping à ce moment si je me souviens bien, et je n'ai pas pensé grand-chose de la fin, si ce n'est qu'elle était bizarre. À la fin l'héroïne, Margaret, choisi de rester fidèle à son époux revenu de la guerre et de quitter l'amant qu'elle avait rencontré quand elle le pensait mort. J'ai trouvé ça curieux, mais je pense, aussi, logique. La jeune femme du roman étaient rongée par le remord et son amour pour les deux hommes, et ça semblait comme inévitable qu'elle finirai par se tourner vers celui qu'elle avait toujours aimé. Son amant lui même avait semblé l'avoir saisit bien assez vite. Je n'ai pas pensé bien plus que cela à cette fin, si bien qu'elle m'est sortit de la tête. Cependant, maintenant que je le retrouve, avec les révélations de la veille en tête, je comprends pourquoi Harry a dit aimer cette fin, et pourquoi même Regina a écrit ce livre.

Bien que romancée, l'histoire retrace presque sans faute celle de la famille et, si je me souviens bien de l'intrigue, cela me permet d'avoir une seconde perspective des événements. Margaret, tout comme Regina, tombe enceinte de l'amant, mais si Margaret pense son mari mort Regina n'a pas la même excuse. Dans le roman, Margaret aime les deux et son cœur est déchiré, je ne peux donc que supposer que c'est ainsi qu'il en est allé pour Regina, surtout si j'ajoute à cela le fait qu'elle est 'trop fidèlement amoureuse de Harold', ce qui est une phrase reprise mot pour mot dans Le Cœur Percé. Comme dans la vie de Regina, Margaret quitte son amant pour son époux mais celui-ci, vexé, se sépare d'elle un moment avant qu'ils ne se remettent de nouveau ensemble. Je pense, donc, avoir une petite idée quant à savoir pourquoi c'est le préféré de Harry et pourquoi il est important pour Regina. Au milieu de tout cela, je me demande aussi ce que Harold pense de tout ça, ainsi que Elizabeth.

C'est peut-être le destin qui m'a fait retrouver ce livre à ce moment, parce que je n'aurai jamais imagé de meilleur moment que maintenant pour réaliser le vrai sens d'un livre. Bien que celui-ci ne m'aide pas trop à comprendre comment et pourquoi Regina a pu tromper son époux alors que les deux semblent tant s'aimer, il m'offre tout de même un autre point de vu qui m'est nécessaire pour voir cela dans son ensemble. J'aime comprendre chaque point de vue, même si aucun d'entre eux ne me fera jamais voir les choses autrement que comme Harry étant la personne qui souffre le plus de cette situation, si injustement, et que je refuse que quiconque remette cela en cause.

Le téléphone à côté de moi s'allume et je me tourne instinctivement pour voir un message sur son écran de verrouillage. Le fond d'écran est une photo de Wilhelmina qui sourit, assise dans la serre de ses parents. Le message vient de Arthur, il dit quelque chose, en français évidemment, c'est assez court et se fini par un point d'interrogation. Je fais une petite moue. Je ne vais pas répondre, je ne le peux pas, ce n'est pas mon téléphone, et Harry l'a laissé là pour la durer de sa présentation.

Il était tellement stressé toute cette mâtiné, il a fait les cent pas, il n'a fait que marmonner ses paroles et relire son dossier imprimé qu'il a emporté sous son bras, et regarder son powerpoint pour une énième fois. J'ai dû me battre avec lui pour qu'il s'assoit à table et respirer un bon coup à fin de se détendre un peu, mais même avec cela je n'ai pas put l'empêcher d'être une pile électrique jusqu'à ce qu'il entre dans le bureau. Maintenant j'attends, sans avoir la moindre idée de ce à quoi m'attendre une fois que ce rendez-vous sera fini. Entre nous, je serai bien plus surpris que ça se passe bien, j'ai suffisamment vu de leur relation pour savoir que Harold n'aime pas voir Harry réussir et que plus il fera les choses bien et plus dur il sera avec lui. Non pas par mauvaise fois mais parce qu'il a tellement de colère en lui qu'il vie la réussite de Harry comme une attaque frontale. Si il devait sortir d'ici en me disant que le projet était approuvé et qu'ils avaient bientôt rendez-vous avec un architecte je serai vraiment surpris.

Je tord mes lèvres. Je crois, finalement, que je sais à quoi m'attendre, et que je dois me tenir prêt à le ramasser à la petite cuillère. C'était peut-être une erreur de le pousser à faire ce dossier, peut-être vais-je le récupérer dans un état pire encore que celui dans lequel il était avant. J'angoisse. Mon cœur s'emballe et je me tourne à nouveau vers le téléphone de Harry par terre à côté de moi, alors que je suis assis sur le sol en face de la porte. Aucun son n'en sort encore mais j'ai l'impression de compter les secondes avant que le ton ne monte pour x raison. Harry va avoir besoin d'aide, de présence, de réconfort, d'amour, et surtout.. de beaucoup de recule. Je pince mes lèvres et attrape le téléphone.

Il y a un code. Évidemment. Je n'ai pas la moindre idée de ce que ça peut être. Sa date de naissance ? Celle d'une de ses sœurs ? Une série de chiffre au hasard ? Son code de carte bleu ? Les possibilités sont infini mais je commence par les plus évidentes en essayant les dates de naissances de sa famille dans tous les sens, après de rapide recherches internet. Ma patience paye, après quelques essaies j'apprends que le code est l'anniversaire de Willow, avec l'année écrite en entière. Il m'en aura fallu des essaies pour arriver à cette conclusion et au moins trois fois j'ai réussi à bloquer le téléphone. Tant de temps de perdu dont je ne prend conscience que quand finalement j'entends du bruit derrière la porte, quelque chose qui tape puis une voix qui gronde. Mon cœur tombe dans mon estomac. Je le savais. Je le savais et c'est ma faute.

Je me presse, avant qu'il ne sorte, et descend dans les contacts pour trouver le numéro de Lucas et l'enregistrer sur mon propre téléphone, vérifiant deux fois que les chiffres sont corrects, avant de fermer sa liste de contact et de verrouiller à nouveau son téléphone pour me lever et me tenir prêt. Je glisse le livre dans mon sac à dos et enfonce les téléphones dans les poches de mon short. Je me racle la gorge et lance un large regard dans le couloir vide. Bien alors que je sois le seul ici je ne suis sûrement pas le seul à entendre ce qu'il se passe dans le bureau. Combien de fois ce genre de chose doivent-elles arriver ici ? Pour que personne ne remarque rien et ne disent rien ? Trop souvent, et je baisse les yeux dans ma désolation silencieuse de l'apprendre de la sorte.

La porte du bureau s'ouvre brusquement et je sursaute en voyant Harry être poussé dehors par son père qui le regarde, l'air enragé. Harry manque de tomber et je lâche tout ce que j'ai dans mes bras pour le rattraper. La panique siffle en moi alors que je le réceptionne et le découvre tout pâle. Je ne sais pas ce que son père lui a dit, mais trop c'est trop. J'atteins je niveau de rupture, le moment où je ne peux plus juste regarder, écouter, et attendre. Je suis en face de lui cette fois, je ne veux ni ne vais me cacher, j'en ai assez d'être prit à témoin dans cette injustice et de ne rien pouvoir faire. Harry n'a rien fait, ce n'est pas sa faute et j'en ai assez qu'il le fasse culpabiliser d'exister à chaque opportunité qu'il trouve.

« Qu'est ce que ça veut dire !? Non mais ça va pas la tête de le violenter comme ça ?! Vous vous prenez pour qui !? » L'homme hausse ses sourcils en m'observant et Harry est bien trop ailleurs pour réagir à ce qu'il se passe.

« Rappel moi qui tu es toi ?! C'est toi qui as mis ses stupides idées dans sa tête c'est ça ?! »

« Votre fils vous propose un business qui ne pourrait qu'améliorer votre entreprise et vous appelez ça des stupides idées ?! Vous êtes vraiment une ordure ! » Il hausse un sourcil et s'approche de nous. Il pousse Harry sur le côté et attrape mon col de t-shirt pour me tirer vers lui. Je n'ai pas peur, je n'ai plus peur de rien. Il peut faire ce qu'il veut, ma poitrine est gonflé par mon amour pour Harry et je le défendrai comme ma propre vie. Qu'il me casse la gueule, pour voir.

« Papa ! » Cri Harry.

« Je crois pas t'avoir sonné en fait huh ?! » Siffle-t-il, les mots sévères entre ses dents. Mon regard reste sûr et confiant alors que je le défis de mes yeux.

« Vous avez l'air drôlement énervé pour quelqu'un qui n'a pas sonné dis donc. » Je crache à mon tour.

« Papa arrête lâche-le. »

Harry lie geste à parole en se glissant entre nous et nous repousser l'un de l'autre. Je recule sur quelques pas, mon corps étant brusquement bousculé quand je suis poussé en arrière. Je dévisage Harold autant que lui me dévisage. Il toise ma silhouette, je ne lui fais sûrement pas peur mais je jure que si il fait le moindre geste de travers encore une fois je lui refais le portrait, ici et maintenant.

« Je veux pas revoir ta sale gueule par ici. » Crache le cinquantenaire, un air de dégoût sur son visage avant qu'il ne se tourne vers Harry. « Et toi... » Il le pointe de son doigt en usant de ce même ton infect. Je me tiens prêt. Qu'il dise quelque chose, qu'il lève la main, qu'il siffle sa haine, et mon poing part. « N'insulte plus jamais cette entreprise, vu ? » Il retourne dans la pièce pas moins d'une seconde avant que le dossier ne passe la porte en volant avant de se ramasser contre le mur derrière moi, les feuilles se détachant les unes des autres dans le choc.

La porte claque et le silence m'assourdit, comme le bourdonnement après une explosion trop proche de mon oreille. Je jette un regard sur le côté et vois que des gens ont la tête sortie de leur bureaux pour regarder vers nous, et vers Harry qui se tient immobile au milieu du couloir après avoir été jeté comme un mal propre. Autour de nous, le dossier et les maigres affaires que j'avais avec moi pour passer le temps jonche le sol comme les restes d'une bataille ou d'une guerre, ne laissant derrière eux que des cadavres, ceux des espoirs de Harry. Celui-ci reste sous le choc au centre de la pièce, toisant le sol et les décombres invisibles de son existence qui se sont une fois de plus effondrées sur elles même. Je tends ma main vers lui pour attraper la sienne gentiment, essayant par le geste de le ramener à moi, à la réalité, à lui même, mais même ainsi il ne réagit pas. Il est loin, perdu dans les décombres de la fin de son monde. Je ne peux pas lui en vouloir, comment le pourrais-je ? Il vient, encore une fois, de se prendre en pleine figure la haine de son père dont jamais il ne pourra se débarrasser et qui ne semble que s'aggraver avec le temps et avec les efforts qu'il produit pour la repousser. Plus il veut aimer son père et le rendre fier, et plus celui-ci le repousse, l'insulte, et le haï. Réaliser ce genre de chose, pour une énième fois, ça vous brise le cœur.

« H. » Il tique en m'entendant, mais ne bouge pas pour autant, gardant le regard fixé sur le sol, puis sur la porte derrière laquelle son père se trouve, après avoir laissé sa haine l'aveugler jusque dans l'absurde. Je suppose qu'il n'en revient pas, qu'il n'a pas encore réalisé et que ce n'est qu'une question de temps avant que ça ne le frappe et qu'il ne s'effondre. Et je sais l'endroit où il veut être dans ce genre de moment.

Je me dévoue alors, et ramasse les affaires. Je replace dans mon sac ce qui en sont tombés, le dossier trouvant également bien assez vite une place à l'intérieur, puis le ferme et le jette, enfin, sur mes épaules. Sans perdre trop de temps, pressé par le tic-tac dans ma tête qui compte à rebours à partir d'un nombre inconnu, je me saisi de la main de Harry et le tire derrière moi en partant vers l'escalier. J'ai l'impression qu'il n'est pas vraiment là, il marche derrière moi mais je ne suis pas sûr qu'il le réalise vraiment ou qu'il sache ce qu'il se passe. Ses yeux sont perdus quelque part et sa main dans la mienne est molle. Il ne réagit à rien du tout, à personne, ni à l'hôtesse ou à ma voix quand je lui dit au revoir, il ne dit rien, et ne fait rien, il marche simplement, mécaniquement, derrière moi.

À l'extérieur, le soleil chauffe et brûle aussi sec ma peau. La chaleur sortant du sol remonte le long de mes jambes alors que l'on se dirige vers sa voiture. Je lui lance un rapide regard, mais ne trouve que son air absent qui me dit que je ne vais sûrement pas obtenir grand-chose de lui dans les prochaines minutes, et donc qu'il n'a pas l'énergie nécessaire pour conduire sur le retour. Qu'à cela ne tienne, j'enfonce ma main dans mon sac, à la recherche des clés de Harry, qu'il m'a confié, et ouvre le véhicule puis la portière passagère pour faire monter mon compagnon, plaçant à ses pieds mon sac et tapotant sa cuisse machinalement quand je me redresse.

« H, attaches-toi s'il te plaît. » Sa tête dodeline lentement et ses yeux bougent sur le décor autour de lui. Il voit très bien où il est mais c'est comme si toutes les connexions étaient coupées entre son cerveau et le reste, il ne réagi pas, il regarde, c'est tout. « H... » J'attrape sa joue en coupe pour qu'il me regarde dans les yeux mais le manque de vie en eux me prend au dépourvue.

Je déteste Harold, je le déteste plus fort que tout. Comment ose-t-il faire ça à Harry ? Harry qui n'a rien fait. C'est Regina qui a fait une erreur, c'est sa faute à elle, et toute sa colère se canalise à l'encontre de la mauvaise personne et il ne semble n'en avoir rien à faire. Je hais ça, je le hais de faire ça, je le hais de faire ce mal à Harry, qu'il soit dans cet état à cause de lui. N'a-t-il pas honte ? De pousser son fils hors de son propre bureau comme un indésirable, de le traiter ainsi ? N'a-t-il pas honte de lui parler ainsi, de savoir qu'il lui fait du mal ?

« Harry... » Je pince mes lèvres et essais de lui sourire, de le faire revenir vers moi, mais il n'y a rien à faire, il reste là, vide. Son père a aspiré ce qu'il restait de son être, de sa vie, de son envie d'avancer. En un éclair Harry est méconnaissable, dépourvu de son habituel lueur d'amusement, d'arrogance, qui brille dans son regard. En une seconde il la lui a prit. Elle reviendra peut-être, mais pas tout de suite, pour l'instant il pense, il regarde, les larmes non loin du vide sur le bord de ses cils.

« Je veux rentrer. » Murmure-t-t-il. Je hoche la tête.

« On va rentrer. »

Je souris et me penche pour attraper sa ceinture et l'attacher pour lui. Je ferme la portière et lève un dernier regard vers l'étage du château, espérant en silence que Harold nous voit et regrette, mais son bureau n'est même pas de ce côté là, alors c'est peine perdu pour l'un comme pour l'autre. Sur un soupir triste et déphasé, je fais le tour de la jeep puis monte au volant.

C'est la première fois que je monte au volant de la voiture de Harry, et la première fois depuis un petit moment que je me retrouve devant un volant. Deux mois à me faire conduire de partout, mine de rien, c'est long, j'ai presque peur d'avoir oublié comment faire. Surtout dans le véhicule de Harry réglé pour son grand corps. Je dois rapprocher le fauteuil considérablement et régler mes rétroviseurs dans lesquels je ne vois absolument rien. Ça m'amuserai bien plus volontiers de remarquer combien je suis minuscule, si Harry n'était en train de retenir sa plus grosse crise de larme sur le fauteuil juste à côté. Je n'ai même pas envie d'essayer de le faire rire ou sourire, je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de stupide comportements, je veux juste qu'il rentre et se sente en sécurité dans son lit, avec son chien, pour pleurer autant qu'il le veut.

Je manœuvre aussi vite que je le peux, et quitte le parking sur les chapeaux de roue, laissant derrière nous, dans les graviers, un gros nuage de poussière. Je n'ai pas beaucoup fait le chemin entre la maison de Harry et le château, mais je pense savoir la route, et quand j'ai l'impression que non un repère visuel me saute au yeux et me rappelle par où passer. Ce n'est pas très loin, la route entre les deux endroits dure à peu près dix minutes, peut-être quinze, malgré ça le trajet semble interminable. Harry est à côté de moi et j'aimerai pouvoir le toucher et le rassurer, le regarder et lui dire que je suis là, mais je ne peux pas, parce que je conduis, alors je veux me dépêcher encore plus.

La voiture file le long de la route et entre les vignes quand enfin la maison de Harry apparaît au loin, sur son morceau de colline. Je souris pour moi même, juste pour me rassurer et me dire que j'y suis bientôt. Je me tourne une seconde, juste une, juste assez longtemps pour voir Harry tenir ses mains bien serrées sur ses jambes en fixant le vide à ses pieds. J'ai mal. Ce n'est sûrement pas comparable à ce qu'il ressent mais j'ai mal, mal de partout. Je tends ma main vers lui et la pose sur sa cuisse pour la serrer doucement, passant par là, je l'espère, un maximum de ma bienveillance et de mon intérêt. Sa main se faufile sous la mienne et je souris en la serrant, enroulant mes doigts aux siens en caressant la jointure. Je dois le lâcher rapidement quand je veux passer une vitesse, mais ce n'est que pour attraper sa main ensuite et la tirer vers moi pour en embrasser le dos tendrement.

Je suis heureux, quelque part au milieu de mes émotions en ébullition, que je sois toujours la personne qu'il veut auprès de lui quand tout va mal et quand les choses tournent au vinaigre (sans mauvais jeu de mot). Je suis heureux que même quand tout s'effondre autour de lui et que sa douleur l'aveugle il tende sa main vers moi et la serre, réclame mon attention et ma présence. Je suis heureux de devenir, un peu plus chaque jour, son oasis à lui, la personne qui le rassure, celui qui est là pour lui et qu'il a envie d'avoir là. Je suis heureux au milieu de ma douleur de sentir que je suis quelqu'un d'important pour lui, que je suis chaque jour plus proche d'être son repère quand il est perdu.

Je souffle de soulagement quand j'engage la voiture dans le chemin qui mène à la maison, et juste pour me rassurer un peu plus j'accélère. Je veux arriver le plus vite possible, que Harry puisse enfin se détendre et tout relâcher, je veux vite y être, si bien que quand j'arrive devant l'immense demeure je ne manœuvre pas réellement, j'arrête la voiture presque de travers sous sa tonnelle de stationnement. Harry aussi, de toute évidence, avait envie d'arriver vite, je n'ai même pas encore retiré le contact qu'il sort déjà de la voiture, en passant par dessus la portière, pour aller vers la porte, bien alors que c'est moi qui ai les clés. Il reste devant celle-ci, la main sur la poignée, et la fixe comme si la ferveur de son regard aller faire fondre la serrure.

Je le rejoins le plus vite possible et quand j'ouvre la porte je n'ai que le temps de recevoir un merci qu'il est déjà à l'autre bout de la pièce et me laisse là. Je pince mes lèvres, je sais qu'il ne m'abandonne pas, qu'il ne fuit pas, qu'il veut juste aller dans sa chambre le plus vite possible, le seul endroit qui lui apporte le réconfort dont il a besoin. Je n'avais jamais vraiment relevé cela jusqu'à maintenant, combien le lit de Harry avait l'air d'un nids géant. Grand, douillé, remplie de couvertures et de coussins, cosy et calme, chaud et confortable. J'ai trouvé ça atypique, parce que ça l'est, mais je crois que c'est autre chose qui me saute aux yeux cette fois. C'est comme si Harry s'était construit un cocon de réconfort, de chaleur et de sécurité pour avoir un endroit qui remplace la chaleur de son parent absent. Comme si il remplaçait l'amour de son père par un grand lit. Après tout c'est un reflex de nombreuse personne de s'allonger au lit pour pleurer ou être triste, ça semble presque sensé que celui de Harry soit ainsi. Ou peut-être suis-je fou et trouve de la cohérence dans des choses qui n'ont pas besoin d'être tant décrites et réfléchies, peut-être que Harry a ce lit juste parce qu'il aime l'espace et les grosse couvertures et se sentir comme dans un grand cocon tout doux.

Mon sac tombe à mes pieds lourdement et je sursaute presque à cela quand le son me rappelle où je suis et pourquoi il n'est pas l'heure pour ce genre de réflexion. Je m'ébroue une seconde et observe l'immense pièce silencieuse, puis je ferme la porte en la poussant. Je ferme les yeux et inspire profondément, visualisant chaque zone de mon corps où le sang circule avec cet oxygène, je me calme, je prends une seconde pour m'armer de courage, pour faire le plein de sérénité. Ça aurait été si simple si cette journée avait été facile, ce serai si simple de fermer les yeux là, contre cette porte, et d'espérer que les choses iront mieux quand je les ouvrirai. Mais rien n'est simple avec Harry ou même entre nous. Espérer bêtement que les choses passeront d'elle même n'est pas la solution, c'est difficile mais c'est comme ça. J'aime Harry, et si il y a ce lot de douleur qui vient avec sa personne je ne peux pas simplement reculer et attendre, ce n'est pas ce qu'on fait quand on aime quelqu'un. Je dois être là pour lui quand ça va mal, parce que c'est tout ce que je peux faire. Je ne peux pas guérir ses blessures pour lui, ou monter son rocher en haut de sa colline, mais je peux être celui qui l'aide et l'encourage.

Je savais que ça se passerai ainsi aujourd'hui, je ne m'en suis rendu compte que tard mais je crois que j'étais bien plus préparé que Harry à ce que ça se passe ainsi, comme si j'avais sut tout de suite que c'était peine perdu. Et que ce passe-t-il maintenant ? Maintenant Harry a besoin de se demander si il veut vraiment continuer ainsi, si cette vie lui convient vraiment. Pour ce faire il va avoir besoin de temps et d'espace. Je sais que je dois agir pour lui cette fois, je sais qu'il est perdu, parce que je suis passé par là. Quand soudain j'ai réalisé que le temps pour moi était venu de me détacher de mes parents, je me suis retrouvé sans route d'indiqué et dans le noir, puis Harry est apparu et m'a permis de prendre de la hauteur et de voir où je voulais aller, alors je dois faire pareil pour lui.

Je me redresse. Je prends une nouvelle inspiration, enfonçant l'air jusqu'aux plus petits recoins de mes poumons, puis récupère mon téléphone pour envoyer un sms à Lucas, afin de l'avertir que c'est moi et lui demander si je peux l'appeler. Je me mets en marche ensuite, et m'en vais vers le salon d'usage. La porte de la chambre de Harry est entre-ouverte, c'est bon signe, avec le temps et les fois j'ai fini par saisir que c'est sa façon de me dire que je peux entrer, que je le devrais même peut-être. Alors je souris et m'approche à pas feutré pour venir me poster dans l'ouverture. Je pousse le battant tout doucement et pince mes lèvres dans une grimace désolé. Dans son lit, Harry est allongé et tient Brat contre lui. Ses épaules s'agite parfois dans les sanglots silencieux qui le prennent et mon cœur se brise alors qu'un sentiment de déjà vu s'empare de moi. Ce n'est malheureusement pas la première fois que je le vois ainsi, que je me tiens là et que je le regarde pleurer dans sa chambre, si bien que je ne peux que me demander combien de fois il a put vivre ce genre de moment, où Brat était le seul a être là pour lui et à lui remonter le moral ? Combien de fois avant celle-ci ? Combien de fois avant celle de trop ?

Mon téléphone vibre dans ma main et le numéro de Lucas est affiché sur l'écran. Je lance un dernier regard vers Harry, priant pour que les minutes que je m'apprête à prendre ne le dérange pas, qu'il puisse encore attendre avant que je ne vienne le serrer dans mes bras. Je lui souris, même si il ne me voit pas, essayant de lui envoyer quelques bonnes ondes juste avec cela, puis je tire un peu la porte et répond à l'appel.

« Louis ! Comment t'as eu mon numéro ? » Me congratule Lucas avant même que je ne puisse dire quoi que ce soit.

« Je l'ai volé à Harry. Dis, je voulais te poser une question. » Je me presse dans la cuisine et appuie sur le bouton de la bouilloire pour la mettre en route, attrapant une tasse dans un placard avec habitude, comme si j'habitais là depuis toujours et connaissais chaque recoin de la maison.

« Pas de soucis demande-demande. » Je sens que du bruit autour de lui disparaît et je suppose qu'il s'est mit au calme pour mieux m'entendre et être concentré le plus possible sur moi. Je racle ma gorge et lance un petit regard vers la porte de la chambre, je n'ai pas spécialement envie d'être entendu par mégarde.

« Harry... a besoin d'une pause. » Je souffle rapidement. « Genre une grosse pause. Je te parle d'une pause sans voir personne, sans son téléphone, loin de sa maison et du boulot, genre... une pause. » Je m'appuie sur le plan de travail en fixant le mur, visualisant plus que bien le garçon derrière, allongé au milieu des draps.

« Ah ouais ? » Il semble confus.

« Ouais. Il t'en parlera sûrement mais pour l'instant il a vraiment besoin de se ressourcer le plus possible, loin de tout, et je voulais... vraiment faire ça pour lui, tu vois ? » Je mordille ma lèvre et c'est comme si je pouvais le voir froncer ses sourcils sans comprendre ce qu'il a à voir là dedans. « Mais du coup... je voulais te demander... t'es d'ici toi alors.. y a pas un endroit où je peux l'emmener ? Est-ce que les Styles ont une seconde propriété où est-ce qu'il y a des endroits sympa où je pourrais lui offrir un séjour ? » Je m'enfonce dans ma main et il prend une inspiration profonde, saisissant finalement la nature de ma demande. Une chaise grince de son côté et il tapote quelque chose sur un clavier.

« Les Styles non, toutes leurs propriétés secondaires sont à LA, mais je peux te trouver quelque chose. Si t'as un budget suffisant y a de supers endroits pas loin d'ici qui vous plairaient à tous les deux. » Mes joues rosissent, je n'ai même pas eu besoin de lui dire pour qu'il comprenne que j'allais aussi être avec lui. C'est bizarre, je sais que j'ai eu cette idée pour permettre à Harry de souffler, et pourtant c'est comme si je voyais la chose comme des vacances entre nous, même alors que je suis déjà en vacances ici et avec lui au quotidien. Cette idée résonne ainsi dans mon cœur probablement parce que ce sera le vrai premier moment où ce ne sera que lui et moi, loin de nos problèmes à tous les deux, et pas juste des miens. « Après... si tu veux un bon plan sans avoir à payer trop cher... je peux contacter ma mère, elle a un appartement sur Palavas-les-Flots, elle le loue à la semaine en été et si je lui demande elle peut sûrement te faire un super prix. »

« Oh ? » Je relève en haussant un sourcil. « Il est bien cet appart ? »

« Ouais ! Il est directement sur la plage, le balcon donne sur la mer et y a une petite balade juste entre la résidence et la plage, c'est petit mais bien suffisant pour deux, c'est un super plan, je peux t'envoyer des photos si tu veux. »

« Ça me plairait vraiment beaucoup si tu faisais ça oui... merci beaucoup Lucas. » Je ferme mes yeux et serre fort le téléphone dans ma main, souriant malgré moi de sentir que pendant un cours laps de temps Harry pourra enfin penser à autre chose, se concentrer sur lui même, sur le calme, sur la mer, et c'est tout ce que je veux, je veux juste qu'il aille bien.

« Pas de soucis... c'est pas tous les jours que quelqu'un veut faire ce genre de chose pour Harry alors... je le doit bien. » Il marque une petite pause en riant. « Il pense tellement à tout le monde tout le temps et si peu à lui même... ça fait du bien de savoir que quelqu'un pense finalement à lui comme toi tu le fais. Merci à toi, Harry a vraiment beaucoup de chance. » Il souffle rapidement et je me sens un peu plus m'enfoncer dans une petite gêne embarrassé de l'entendre me dire ça.

À bien y penser il est le seul ici à vraiment savoir combien j'aime Harry et je suis content qu'il le prenne ainsi, qu'il apprécie que ce soit moi. Peut-être voit-il combien notre relation est spéciale et différente, combien je suis proche de Harry a un stade unique au sain de leur groupe d'ami. Je me sens fier, alors. Fier d'être celui qui pense à Harry de la sorte, qui veut faire des gestes pour lui, pour son bien être, celui qui est assez proche de lui pour savoir quoi faire et pour en avoir l'opportunité en premier lieu.

« Il va si mal que ça ? » Demande soudainement Lucas, sans crier gare, si bien que je m'étouffe presque de surprise avec ma propre salive.

« I-... » Je serre mes lèvres et lance un autre regard vers la porte. « Il a pas eu une journée facile disons. » Je hausse une épaule et sors une boite de tisane d'un placard pour en prendre un sachet et le placer dans la tasse. « Mais c'est pas vraiment à moi de t'en parler je pense, genre... c'était assez dur pour lui donc je préfère qu'il t'en parle de lui même mais... ouais c'était assez terrible et... voilà je veux vraiment qu'il aille bien. Je veux vraiment... l'aider. » Je décoince le téléphone de là où il se trouve, entre mon oreille et mon épaule, et le change d'oreille pour verser de l'eau dans la tasse.

« Pas de soucis, t'as parfaitement raison. Merci de prendre soin de lui de la sorte Louis. Il en a bien plus besoin qu'on ne le pense tous. » Je pince mes lèvres.

« Je sais ouais... » Je marmonne, presque tristement, en hochant la tête.

Je repose la bouilloire quand la tasse est pleine, puis n'ajoute rien. Il n'y a rien d'autre à dire de toute façon. Alors, sur un dernier remerciement, notre appel prend fin et je pousse un soupir en posant mon portable pour, à la place, me saisir d'une petite cuillère. J'attrape la tasse par sa hanse et me munie d'un sourire, de ma bonne volonté et de mon amour à toute épreuve pour rejoindre la porte de la chambre et la pousser, doucement, du bout des doigts.

Harry se tourne dans le lit quand il m'entend et je lui souris en lui montrant la tasse, usant d'elle comme excuse pour le voir se redresser. Je retire mes chaussures avant de le rejoindre, m'agenouillant à ses côtés et souriant en lui donnant sa tisane. Elle est au citron et au tilleul, c'est sa préféré, et il sourit à moité quand il sent l'odeur et réalise que c'est celle-ci. Le cœur n'y est pas, dans ce sourire, mais je refuse de lui en vouloir. Ce serait idiot de ma part, alors que ses joues sont toujours trempées.

« Merci. » Murmure-t-il, en reniflant et fermant ses yeux pour se concentrer sur la chaleur de la tasse contre ses paumes et dansant dans le vide.

« Je suis fier de toi tu sais ? » J'avais besoin de le lui dire, mais je réalise un peu tard que ce n'était pas ma meilleur idée après tout ça. Les mots réveillent des sentiments acides toujours coincés dans sa gorge, de toute évidence, et son sourire lentement s'efface de ses lèvres pour être remplacé par une grimace de tristesse. « Je sais que ce n'était pas la journée que l'on espérait. » Je tends ma main vers lui en le lui disant, enfonçant mes doigts dans ses boucles pour les effiler dans leur longueur, amoureusement. Je cueille une larme sur sa joue, avec mon pouce, et mon cœur se serre. « Mais je suis quand même fier de toi. Et ton père n'est qu'un idiot aveuglé par la haine... »

« Je suis juste... » Il relève ses yeux vers moi et je lui souris pour essayer de le rassurer, de l'inciter à parler, à laisser sortir tout ce qui a besoin d'être dit. « Je suis juste tellement choqué... » Son regard retombe à pique dans sa tasse, je peux presque l'entendre éclabousser dans le liquide chaud tant c'est vif. « .. qu'il me haïsse à ce point et qu'il ait dit toutes ces choses et qu'il t'ait menacé comme ça, je- » Puis il n'y arrive plus. Les mots ne sortent plus et son visage se crispe, et il n'y a rien d'autre qu'un sanglot qui lui vient, tombant dans le vide entre nous alors que les larmes coulent de nouveau, et que mon cœur se brise, encore une fois.

« Tu mérites tellement mieux que ça... » Je secoue la tête lentement, et le regarde perdre sa prise sur sa tasse et lentement laisser tomber ses bras entre ses cuisses, étalé devant lui.

Harry est grand, il est immense, il fait un mètre quatre vingt trois, c'est onze centimètre de plus que moi et il ne sont pas des moindres. Il est grand, il est même large, fort, et musclé. Et pourtant à cet instant, alors qu'il est assis là, le regard dans le vide, des sanglots dans la voix et des larmes sur les joues, il a l'air petit. Il a l'air minuscule. Ses épaules ont l'air tombante, et trop faibles pour tenir ne serait-ce que leur propre poids. Il a l'air tout petit sous les immenses décombres qui l'entour. C'est une vision si dur à tenir, à supporter. Je me sens impuissant face à lui, j'aimerai le débarrasser de ces poids, les prendre sur mes épaules pour lui si je le pouvais, mais je ne le peux pas, ce sont les siens et tout ce que je peux faire c'est le regarder, lui tenir la main et prier pour que ça suffise.

« Qu'est ce que je vais faire Louis ? » Sa voix n'est qu'un petit murmure dans le silence, un murmure remplie de peine, de sanglots et de larmes. Il me regarde, l'air suppliant, comme si j'avais la réponse à sa question, comme si je pouvais savoir à sa place.

Je souris légèrement. J'avais raison. Le moment est venu pour lui aussi. Cette question ressemble à toutes celles que je me suis posé à moi même quand le monde m'est tombé sur la tête. Que dois-je faire ? Qu'est ce que je veux faire ? Où dois-je aller ? Harry y arrive enfin, à ce moment, ce moment fatidique où il se rend compte que cette vie n'est plus celle qu'il veut ou doit vivre. On y est, et il ne sait pas où aller. Si il ne sait pas je ne peux malheureusement pas savoir pour lui, la seule chose que je sais c'est comment faire et ce que je dois faire.

« Tu fais ce que tu veux Harry. Tu es libre et personne ne doit te dire ce que tu dois faire. » Je secoue lentement la tête en approchant de lui et recouvre ses mains autour de la tasse. « Tu fais le point, tu recules, tu regardes d'une autre point de vue et la réponse te semblera évidente. » Je hausse mes épaules et mon sourire grimpe sur mes joues alors qu'il me regarde avec un air ahurit, perdu, comme si je disais des choses insensé ou dans une autre langue.

« Est-ce que... » Il racle sa gorge et recule pour me regarder dans les yeux, recherchant dedans des traces d'un mensonge, même bienveillant. Ce n'en est pas un cependant. « Est-ce que c'est ce qu'il s'est passé pour toi ? Tu a fini par savoir ce que tu voulais faire ? »

Non content de sa taille, mon sourire grandit encore plus, si bien qu'il se transforme même en un petit rire, alors que je le regarde. Je me sens attendris, parce qu'il n'en a pas la moindre idée. Il ne sait pas, que oui, que je sais. Il ne sait pas que je l'ai rencontré et qu'il a bousculé ma vie entière et m'a fait découvrir tous ces horizons, toutes ces choses que je ne savais pas vouloir ou ressentir, il ne sait pas que je l'aime et que mon amour pour lui m'a redéfini et m'a changé, il ne sait pas que pour toujours je serai marqué par son existence. Il ne sait pas ce qu'il a fait pour moi, juste en étant là. Il ne sait pas qu'il est devenu mon oasis et qu'il est maintenant bien plus encore que cela. Il a été mon havre de paix dans la tempête, mais maintenant que je vois clair le long de mon horizon et que la tempête se calme, je sais qu'il est devenu bien plus que cela, bien plus que mon coin de sérénité dont je ne suis pas sûr que je puisse un jour me séparer.

« Harry... tu te souviens quand tu m'as vu au café ? » Il fronce ses sourcils et renifle rapidement, l'action est tant mignonne que je me retrouve à glousser d'attendrissement en le regardant. « Je t'ai dis que je cherchais ma prochaine destination parce que j'étais en pleine crise personnel... » Il détourne le regard et fouille dans ses souvenirs pour retrouver la phrase, ça ne semble pas vraiment lui revenir mais il hoche tout de même la tête. « Tu m'as dis que j'étais comme un marin perdu en mer, et t'avais un peu raison en soit.. et depuis ce marin perdu a trouvé son petit phare tu vois ? Tu m'as emmené ici avec toi et ça m'a permit de... prendre tellement de recule sur ma vie, de penser à moi, de vivre à travers moi même et... et maintenant, oui... je sais. » Je souris toujours. « Alors ça ira, tu trouveras aussi, tu sauras. Tu dois juste trouver une petite île.. un petit oasis, où attendre que la tempête se calme pour voir un peu plus clair et trouver ton phare. » Il renifle encore une fois et détourne son regard vers sa tasse comme si il réfléchissait.

Il y a bien plus que je voudrai lui dire. À commencer par le fait que c'est lui, mon phare. Mais aussi que je sais que ma place est ici, en France, que je veux rester ici, travailler ici, vivre ici, que je suis tombé amoureux de lui mais aussi de cet endroit, de ces vignes, de la vie avec lui. Mais j'ai tellement peur. J'ai peur de lui faire peur, peur de ces sentiments puissants pour ce garçon que j'ai rencontré il y a deux mois. C'est terrifiant de me dire que je suis prêt à changer ma vie du tout au tout pour un garçon qui n'est peut-être même pas amoureux de moi et qui peut ne jamais l'être, ça fait peur de me dire que même si il ne m'aimera jamais pareil je veux quand même rester ici, et l'avoir dans ma vie.

Cet endroit à changer ma vie et je ne veux simplement plus jamais le quitter, et ça fait peur que je me dise ça, ça fait peur parce que n'importe quoi peut arriver, et que ça peut être une erreur, mais que j'ai quand même envie de le faire. C'est terrifiant. Je suis terrifié. Exactement en même temps, cependant, j'ai tellement confiance en l'avenir que je me sens invincible. Je n'ai jamais été aussi sûr de ce que je voulais dans ma vie et, même si ça fait peur, ça fait du bien. Et ces sentiments complexes et contradictoires ne m'arrêteront pas.

« Tu sais... on dirait pas mais t'as une âme de poète un peu. » Je hausse un sourcil en le regardant et il se tourne vers sa tasse en reniflant encore une fois, portant ses lèvres à sa tisane pour en boire une gorgée. « C'est bien, tu donnes beaucoup de beauté et de poésie au monde. » Je pousse un rire abrupte et il sourit. « Ça me fait du bien.. merci. »

« De rien alors... » Je hausse une épaule et il se tourne vers moi pour, dans le même mouvement, trop rapidement pour que je le sente vraiment arriver, se pencher et m'embrasser. C'est bref mais c'est agréable et j'aime que l'on soit assez à l'aise pour qu'on puisse s'embrasser juste comme ça, pour le simple plaisir de la chose, pour que notre nuit d'amour ne sois peut-être pas la seule que l'on partage, pour que notre histoire fleurisse un peu plus.

« Je dois trouver un petit oasis alors ? » Demande-t-il, le ton amusé et les larmes maintenant loin. Je pouffe gentiment et me rapproche de lui pour coucher ma tête sur son épaule.

« Oui, j'ai préparé le coup.. je t'emmène en vacances pas loin d'ici. » Je mordille ma lèvre quand son rire résonne dans ma cage thoracique. Ça fait du bien de l'entendre rire un peu, j'ai un peu réussi à lui remonter le moral et ça me rassure bien plus que je ne saurai capable de l'admettre.

« Ah oui ? Où ça ? »

« Tu verras. »

« D'accord. » Il pouffe gentiment et embrasse ma tête.

Le silence retombe alors, mais il est calme et confortable cette fois, la peine est loin d'être derrière nous mais pour le moment tout va bien et ce silence est le bienvenu et je ne ressens pas l'envie de le briser.

Quand la tisane est fini nos corps s'allongent dans le lit et je ne sais combien de fois je l'embrasse du bout de mes lèvres avant que l'on ne s'endorme tous les deux, de toute évidence épuisés par les événements de la journée, dans les bras l'un de l'autre. 







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Si vous pensiez que Harold était une personne un tant soit peu réfléchi et impartial je suis désolé de vous décevoir. J'ai de moins en moins d'amour pour ce personnage, pour être honnête. Je voulais le dépeindre d'une autre couleur initialement mais finalement je crois qu'il est bien trop emplie de haine pour ça. Il est toujours mieux que le père que Louis, me diriez vous.

Je ne voudrai pas trop en dire concernant la suite mais après ces chapitres assez lourds en contenu le 37 promet d'être un peu plus tendre avec vos petits cœurs. xx 

J'ai vraiment très très hâte d'écrire la suite, plus on avance et plus je suis impatiente !!! A votre avis??? Ce sera quoi? Est-ce que Louis va enfin dire à Harry qu'il veut rester vivre en France? Et qu'il l'aime ? Où est-ce que vous pensez qu'autre chose va arriver ? Peut-être que Harry va se confier le premier ! Qui sait !

Brrrr, quelle surexcitation !!!!

Love all of you !!! xxxxxx

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