Chapitre 32 : La bonne bouteille de vin

Impossible de savoir ce qui m'a vraiment réveillé ce matin. La faim qui alourdit mon estomac ou bien la douleur lancinante de ma tête qui soudain se déclenche ? Je ne sais pas trop, mais me voilà maintenant réveillé, avec le ventre qui gargouille et la tête qui tourne. Je suis perdu une seconde, essayant de me souvenir de où je suis et de comment je me suis endormi. Je regarde autour de moi dans la pièce plongé dans le noir. J'entends les cigales par la fenêtre ouverte non loin de moi. Par la direction du son je conclu que ce n'est pas ma chambre et enfin je réalise où je suis, dans quel lit, et sous quel couverture.

J'ai dû m'endormir dans la chambre de Harry la veille, et il n'a pas dû avoir le cœur de me réveiller. Je me sens un peu bizarre et perdu. C'est la première fois que je dors dans la chambre de Harry, et c'est assez bizarre de ne pas vraiment savoir où je suis dans la pièce, puisqu'elle n'est qu'un seul et même lit. C'est bizarre de savoir que j'ai dormi dans cette pièce si proche de lui, et le réaliser me permet de me souvenir pourquoi je suis là en premier lieu. Me souvenir de ce qu'il s'est passé la veille.

Un étrange embarra s'empare de moi, je serre mes bras contre mon corps, touchant de nouveau les zones de ma silhouette qu'il a saisit, qu'il a tenu, serré. Mon souffle me manque et mon estomac se retourne. Je passe le bout de mes doigts sur mes lèvres, tout doucement, récupérant chaque petits sentiments, chaque petites sensations. J'appuie ma paume sur mon ventre, sur mes jambes, essayant de deviner à travers le contact comment ça aurait été si ses mains avaient put s'égarer à ces endroits aussi.

Il fait tellement noir que je me confond moi même avec ce que je ressens, comme si mon sens de la réalité devenait flou. Je ne vois plus le monde, peut-être n'existe-t-il pas. C'est ce que je ressens, c'est ce qui rend les choses si simples pour moi et me permet de ne pas me sentir bizarrement coupable quand je passe ma main par dessus mon entre jambe sans réel conviction. Juste pour sentir, pour voir, pour imaginer. Je ne peux moi même pas me voir faire ça alors peut-être puis-je me le permettre. Me permettre de toucher superficiellement, en revoyant Harry se tenir juste là, agenouillé entre mes cuisses et prêt à me déshabiller.

'Est ce que je peux toucher' c'est ce qu'il m'a demandé hier, et je souris d'attendrissement. Quel façon tendre de demander la chose.

Ses mains ont défait mon bouton, il était là tout proche.

Un profond souffle se perd dans le vide, il vient de moi bien sûr, et lentement je tourne mon corps sur le côté, perdu quelque part dans la vision scabreuse que mon cerveau ne fait que développer de toutes les façons possible, remplie de 'et si' et de possibilités. Je voudrai m'enrouler dans les draps pendant des heures en vivant dans les fantômes des caresses que Harry ne m'a jamais offertes.

Ici, là, le visage, la joue, mes cuisses, mes fesses, mes hanches, mon ventre, mon dos, ma nuque, mes cheveux, il y a tellement de parties de moi qui ont envie de ses mains. Et moi... et bien moi j'ai envie de lui. Envie de ses baisers, de son corps, de ses caresses, de son affection, son attention. Je me noie dans ma désespérance, dans la mélasse profonde de mon envie. Je suis seul, condamné dans ce manque de lui. J'ai peur de lui parler, peur d'aller le voir, peur d'avoir envie de m'effondrer à ses pieds et de vouloir tout ressentir à nouveau et de ne voir aucune réciprocité. J'ai peur qu'il fuit, peur qu'il ait peur, peur que je l'effraie, peur d'avoir l'air d'un pervers, peur que mon désir soit mal venu ou mal placé. J'ai peur.

Quel accablante façon de commencer une nouvelle journée, n'est ce pas ? Je tire mes lèvres en une mine défaite et pousse un soupir avant d'enfin passer en position assise. J'observe la pièce, essaye de comprendre de quel côté je suis, avant d'enfin trouver la porte menant vers la cuisine. Un liserai de lumière passe en dessous. Je me déplace donc, à l'aveuglette, pour rejoindre la margelle de béton. Je chancelle un instant quand je passe de nouveau en position debout et marche vers la porte, puis finalement je sors de la pièce.

La lumière frappe ma rétine et je suis obligé de plisser les yeux pour combattre la douleur. Au travers de mes cils, j'arrive à voir Harry, il est assis sur le canapé un peu plus loin, et tiens son téléphone dans sa main et contre son oreille. Je m'avance, mes pieds frottant le sol bruyamment, et m'habitue assez à la lumière pour voir son visage un peu plus clairement, bien concentré alors qu'il m'observe. Quand nos regards se croisent il fait un sourire rapide, pour me signifier son bonjour, sûrement, et je lui répond avec un bête signe de main. Il me pointe quelque chose du doigt vers la cuisine et je découvre un verre d'eau et une petite gélule, sûrement un anti-douleur, posé sur le bord du plan de travail. Je me sens fondre d'amour. Il m'a préparé ça exprès, parce qu'il savait que j'aurai mal en me levant, il a prit une petite minute de sa mâtiné pour penser à moi et me préparer de quoi apaiser mes souffrances. Ma peur doucement s'efface alors, pour me permettre maintenant de flotter sur un petit nuage de coton.

Je le remercie avec un sourire, attrapant le verre en essayant de ne pas rendre trop transparent le fait que je suis des plus touché par son geste, puis prend le comprimé. Je prend un seconde pour bien visualiser ma douleur dans mon crâne, comme si ça allait aider le cachet à trouver son chemin dans mon sang. Une fois que mon verre est terminé, je m'en vais vers le salon, et mon hôte, pour m'affaler sur un fauteuil tout en ramenant mes jambes vers moi.

Harry dit quelque chose dans l'appareil et tourne son attention vers un papier sur la table basse, à côté de son ordinateur, il tient un des coins entre ses doigts. Je détail ses actions, observe ses faits et gestes, la grâce de ses mouvements et le ton charmeur de sa voix. Je fais mon possible pour ne pas que ça arrive, mais je n'ai pas trop le choix, entre le voir ainsi et son geste naturel de me préparer un anti-douleur, je ne peux malheureusement que tomber amoureux de lui encore une fois.

Il est bien apprêté, bien habillé. Il est tout propre, bien coiffé, bien maquillé. Je n'ai pas l'air de grand-chose moi, du coup, habillé dans les vêtements de la veille et avec les cheveux en pétard sur la tête. Je réalise peut-être pour la vrai première fois que Harry et moi n'avons rien à voir l'un avec l'autre, qu'on est comme le jour et la nuit. On ne se ressemble en rien.

Finalement, son coup de fil prend fin et il pose son téléphone sur la table pour se tourner vers moi et sourire, captant aussi sec toute mon attention.

« C'était l'agent immobilier. » Commence-t-il, aplatissant sa main dans le vide, vers le téléphone qu'il pose tout juste, sur sa pile de papier. « L'offre a été accepté. Le terrain est à nous. » Mes yeux s'écarquille de surprise et je saute du fauteuil à la hâte, les mains tendu dans le vide comme si j'étais prêt à me jeter dans ses bras.

« Mais c'est super ! » Il se lève à son tour et attrape sa tête à deux mains.

« Je sais ! » S'exclame-t-il. « Oh mon dieu je suis vraiment en train de faire ça ! » Il tire ses cheveux en arrière et tire sa lèvre inférieur entre ses dents en me regardant d'un air ahuri. « Qu'est ce que je dois faire du coup ?! » Il commence à faire les cents pas dans la pièce, tenant toujours sa tête à deux mains en marmonnant je ne sais trop quoi.

« Euh bah euh... tu dois finir ton dossier ! » Je lui dis, tentant de suivre sa cadence en marchant derrière lui autour de la table basse.

« Je l'ai fini il y a juste quelques minutes. »

Il se tourne vers moi et je me sens un instant surpris de la déclaration, envahie par plusieurs sentiments et notamment une puissante fierté, à égalité avec une monté de sentiment amoureux. Il a fini son dossier, son projet est monté et il n'attend que d'être démarré. Il l'a fait, il l'a fini, lui tout seule, sans aide, sans que personne ne lui demande, il a fini. En soit c'est déjà tellement important et fort de savoir qu'il a fait quelque chose comme ça, qu'il a produit quelque chose, plein de personne ne l'aurai pas fait, alors je ne peux que saluer sa persévérance et son travail. Même alors que rien n'est encore approuvé c'est déjà beaucoup et j'espère qu'il le sait. Malgré ça, je sais aussi qu'il a une raison valable qui motive son angoisse. Le projet doit, en effet, être approuvé maintenant. Harry sait parfaitement bien ce qu'il doit faire.

« Alors tu dois le présenter à ton père. » Il s'immobilise au milieu de ses cents pas et semble soudain bien plus angoissé, il fixe le vide comme si, en même temps que je lui dise, la tâche à accomplir se glissait sous ses yeux. « Tu peux le faire ! Tu le dois, t'es pas allez aussi loin pour rien ! » Je me précipite vers lui et saisi ses mains pour planter mes yeux dans les siens. « T'entends ? Tu vas allez voir ton foutue partenaire de business et tu vas lui parler de ton foutue projet et tu vas être incroyable, pigé ? Cet hôtel c'est ton bébé et je veux que tu en sois fier jusqu'au bout. » Ses yeux jusque là perdus et apeurés deviennent soudain un profond lac de peur. Ce n'est plus une simple angoisse qui trône tel un fantôme au dessus de lui, c'est un sentiment terrifié qui dégouline de tous les pores de son être et qui assourdit mes oreilles.

« Non... non non non non non... je peux pas. » Il secoue la tête pour se dégager de ma prise puis tombe de nouveau assis sur le canapé.

« Bien sûr que tu peux. » Je m'en vais vers lui, et saisit sa main inerte sur sa cuisse. « Est-ce que tu veux que je t'aide à préparer ce que tu vas dire ? Ou que je lise la fin du dossier ? » Ses prunelles restent perdus dans le vide, comme si il voyait à travers moi et que je n'étais pas vraiment là, comme si j'étais fait de verre, et qu'il ne voyait que sa peur quoi qu'il fasse et où qu'il regarde. Comme si sa peur le poursuivait.

« Non.. » Marmonne-t-il à nouveau avant de lever les yeux vers moi, attrapant mes deux mains dans les siennes. « Tu comprends pas, je ne peux pas... »

Il prend un air suppliant qui perce mon cœur avec la force d'une centaine de perceuses d'un coup. Je déteste le voir comme ça, le savoir aussi heurté et mal, je donnerai tout pour le faire se sentir confiant, pour qu'il n'est pas peur. Il ne devrait pas se sentir comme ça à cette idée, certes c'est stressant, mais je sais que ce n'est pas qu'un bête stress qu'il ressent, ce n'est pas juste une simple peur de présenter quelque chose... et je déteste ça. Ses doigts se serrent sur les miens et il prend une inspiration qui tremble lentement sur le bord de ses lèvres.

« Tu l'as pas entendu hier soir ? C'est à ce mec là que je dois présenter le projet, pour rappel. » Il pousse un lourd soupir et tombe dans le dossier, toujours sans lâcher mes doigts. « Je ne peux pas Louis, c'est impossible. »

Je pourrais trouver une réponse adéquat mais que dire ? Il n'y a pas grand-chose que je peux dire ou faire, bien sûr que je l'ai entendu hier, hurler des choses qui ne sont sûrement pas des courtoisies pour une raison qui m'échappe, bien sûr que l'idée de lui présenter quoi que ce soit sonne terrifiante par conséquent, lui qui est si violent verbalement et émotionnellement. Harold le juge constamment avec tant de sévérité, lui confier quelque chose de si important c'est comme être un animal à moitié mort et gravement blessé qui traverse un champs de charognards.

J'étudie mes possibilités, lisant des mots invisibles dans le vide en tirant mes lèvres en une ligne droite pensive. Harry m'observe, comme si il attendait que je confirme ou trouve une réponse qui serai, de près ou de loin, celle qu'il attend.

« Ouais... C'est lui. » Je pousse un soupir et m'assoie à côté de lui, prenant cette fois le rôle de celui qui tiens fermement ses mains dans les miennes, pour, peut-être, essayer de le rassurer. « Mais, ce n'est pas impossible, et tu peux le faire. Tu le dois. Tu dois t'affirmer, lui montrer qui tu es. Tu n'es pas juste le fils qu'il tient en place et tire par le bout du nez, tu es Harry et tu as de la volonté. » Il serre sa mâchoire, retenant un sentiment trop fort de s'exprimer, et je caresse doucement ses phalanges. « Il est temps que tu te fasses entendre Harry. » Je lui souris, j'essaie de le rassurer, de lui montrer que je suis là, qu'il peut le faire et que tout ira bien. Mais la peine est dur à effacer de son regard. « Ton dossier est parfait, il est sans faille si il refuse c'est qu'il est idiot, et bête, et tu n'auras qu'à proposer ton super plan à quelqu'un d'autre qui saura apprécier tes efforts, ton investissement et ton travail. » Je lâche une de ses mains, mais ce n'est que pour tendrement la placer sur sa joue et dessiner un arc de cercle sur sa pommette, tenter d'atteindre son cœur à travers le geste. « Je ne sais pas ce qu'il t'a dit hier, je ne sais pas ce que c'est son problème, mais il n'a pas le droit de te traiter comme il le fait, aucune excuse n'est valable. » Il prend un inspiration qui tremble un peu, comme si il aller pleurer, et je secoue la tête avant de venir coincer mon front contre le sien. « Non ne pleurs pas... tu étais tellement heureux de savoir que tu aurai ce terrain, je ne veux pas que cette bonne nouvelle soit enfouie sous la méchanceté de ton père, ne le laisse pas te prendre ce bonheur. »

C'est lui, cette fois, qui me lâche, mais ce n'est que pour attraper mon corps et me tirer contre lui dans une étreinte forte et étroite qui me fait sourire. Il enfonce son visage dans ma poitrine, enroulant ses bras autour de mon abdomen, et je rigole en le tenant gentiment contre moi, les doigts dans ses cheveux effilant ses mèches avec affection. Perdu dans le moment et l'affection, il me tire contre lui sans mal et me hisse sur ses jambes pour m'y asseoir, couchant mieux son profile contre mes cotes. Je pense que ce n'est pas une erreur d'affirmer que, dans cette position, il peut parfaitement bien entendre mon cœur s'élancer sur le rythme effréné du son de l'amour. Or, bizarrement, ça ne me dérange pas de me sentir si vulnérable. Au contraire, j'ai envie qu'il écoute, qu'il sache. Voilà Harry, voilà combien tu fais battre mon cœur, combien il bat pour toi. Voilà combien je t'aime. Voilà combien tu comptes pour moi.

Il ne dit pas merci, et pourtant je sais que c'est ce que veux dire cette étreinte. Je le sens dans la façon qu'il a de tenir mon corps, de me serrer contre lui, de respirer contre moi, je le sens dans chaque fibre de son corps qui épouse le miens. Je ne suis qu'heureux de lui apporter tout ce réconfort avec quelques poignées de mots. Il m'a tant apporté, je ne peux que me réjouir de lui apporter, ne serai-ce que, un tiers de cette force. Je ne peux que me réjouir de lui faire du bien, de lui apporter du réconfort. Ça me donne l'impression d'être plus proche de devenir celui qui le soutien à travers vents et marré, et pas juste celui qui le récupère à la fin de la tempête.

« Bon, de toute façon pour l'instant, rien nous empêche de fêter ça ! » Je propose soudain, décidant qu'il est de mon devoir de ramener la bonne humeur dans le foyer, parce qu'on a toutes les raisons de vouloir être heureux. « Parce que, moi, je suis très fier de toi pour tout ce beau travail et que ça t'as demandé beaucoup d'effort et que tu l'as fais et que c'est très bien ! » Je me recule de lui pour le lui dire et il pousse un petit rire, toujours un peu triste mais qui, tout de même, efface les derniers restes de sa mauvaise humeur.. « Pour ça je veux bien goûter à nouveau un peu de ton vin. » Je lui confis, plissant mes yeux de façon malicieuse et moqueuse, et les siens s'ouvrent en grand de surprise.

« C'est vrai ? Tu veux bien ? » Il semble époustouflé, comme si je venais de lui dire quelque chose de phénoménal, et pourtant non, je parle juste de son vin. Je pourrai faire une remarque, mais je suis si heureux de le voir ainsi sourire et être heureux que je ne peux pas en rire, même pour de faux, je veux apprécier de le voir ainsi passionné.

« Oui bien sûr. » Je ris. « Mais peut-être pas tout de suite, parce que je suis complètement à jeun et que je meurs de faim là. »

« Oh, oui... c'est vrai que t'as pas mangé hier soir. » Remarque-t-il. « Pour ma défense j'ai essayé de te réveillé mais t'as pas bougé d'un cil. Alors je t'ai laissé dormir. » Il hausse ses épaules. « Tu devais avoir besoin de te reposer avec ta chute et tout. »

Je m'en veux un petit peu, j'aurai voulu rester éveillé, attendre que son père parte et l'accueillir dans la pièce à son retour. Mais non. Il a fallu que je m'endorme bêtement. Je me sens un peu stupide, j'ai l'impression d'avoir été inutile. J'aurai voulu le réconforter, le serrer dans mes bras. Il aurai fallu qu'il soit celui qui s'endorme en premier, épuisé par ses émotions. Mais je lui ai pris le luxe de se sentir épaulé pour, à la place, roupiller comme un loir.

« Je vais te faire un truc à manger. »

Il se lève le premier. Oui, le premier. Il se lève en me tenant dans ses bras puis me pose sur le sol comme si je n'avais été qu'une poupée ou une peluche. Je me sens tout petit quand il est là, j'ai l'impression d'être un objet précieux dont il prend soin. Comment ne pas se sentir ainsi ? Surtout lorsqu'il tient ma main et me guide vers la cuisine, surtout quand, une fois dans la pièce, il me sourit et m'aide même à m'asseoir sur un plan de travail. Si je sais qu'il est un peu ainsi avec tout le monde, protecteur et inquiet, je sais aussi que je suis le seul à recevoir ce genre d'attention et ça fait toute la différence.

Je le regarde se tourner vers ses placards. Je regarde son dos, ses omoplates sous son vêtement, ses cheveux, ses muscles, ses hanches et sa taille. Je souris. Quel chance que je sois celui qui puisse voir ce petit spectacle, quel chance que je sois celui qui voit toutes les coutures de Harry, tout ce qu'il n'a jamais montré avant à quelqu'un. Je me sens bien, je me sens à ma place, j'ai l'impression que c'est ainsi que les choses doivent être, et pas autrement. Moi et Harry. Harry et moi.

« Qu'est ce tu voudrais manger ? » Dit-il en fouillant toujours, avant qu'il ne se tourne vers le bac congélateur de son frigidaire.

« Je ne sais pas trop. »

Je glousse gentiment et tourne mon attention vers l'heure. Je me suis un peu laissé aller, de toute évidence, il est bientôt une heure de l'après-midi. Je ne sais pas si c'est parce qu'il faisait plus frais dans cette chambre, ou plus noir, mais c'est la première fois depuis que je suis ici que je dors aussi tard. Je ne vais pas m'en plaindre, apparemment j'en avais besoin, alors ça fait toujours du bien.

« Tiens, un filet de poisson et une salade, ça te va ? » Il lance un regard par dessus son épaule pour me concerter, et je lui souris.

« Oui bien sûr. T'as déjà mangé toi ? »

« Ouais, tout à l'heure juste avant que l'agent ne m'appelle. » Dit-il en sortant la boite de poisson surgelé. « J'étais assez pressé alors j'ai juste mangé un truc vite fait en me disant que je te préparerai quelque chose à ton réveil. » Je mordille ma lève avec amusement.

« Merci de penser à moi même alors que tu travailles. »

Un rire me vient et il se tourne vers moi alors qu'il pose une poêle sur la plaque de cuisson, à côté de moi. Son regard s'enfonce dans le mien et je détourne les yeux. C'est trop dur de le regarder. À ce moment, je ne revois plus ses sentiments de peur et son bonheur de se savoir proche d'un but, non, à ce moment je ne revois que Harry au dessus de moi, qui me tient contre lui, je ne revois que son visage rouge d'embarras alors qu'il me demande si il peut me toucher et m'embrasser. Alors je fuis.

J'aimerai réussir à en parler avec lui, dire quelque chose, mais c'est comme si les mots ne sortaient pas. Je crois que je voudrais qu'il commence, qu'il fasse le premier pas vers moi, pour faciliter les miens vers lui. Parce que c'est trop dur pour moi, de juste me tourner vers lui et de lui parler d'hier, de lui demander si vraiment on allait faire ça, si vraiment il est prêt ou si j'ai raison de penser qu'il ne l'ai pas.

Il y a sûrement tellement de chose à dire, mais finalement je réalise que jamais grand-chose n'a vraiment été dit à propos de tout ça, entre nous.

« C'est normal enfin. » Assure-t-il avec un petit rire. « Je m'en serai voulu de manger et de te laisser te démerder alors que je te loge chez moi. »

« Oui, et en plus tu le fais gratuitement, tu devrais me laisser me démerder, vraiment. » Il pouffe gentiment à ma réponse et je peux le deviner secouer sa tête.

« Sois pas bête. » Siffle-t-il. « Je suis content de faire ça pour toi. » M'assure-t-il.

« T'es gentil. »

« On me dit ça souvent ouais. » Je roule de mes yeux presque à outrance pour me moquer de lui, et il rigole gentiment avec moi, mais ce n'est que de courte durée avant qu'il ne reprenne son sérieux. « Mais vraiment... ne penses pas une seconde que tu me déranges ou quoi, je suis plus qu'heureux de te loger et d'être avec toi. »

Mes yeux sont hésitant, mais finalement je les tourne à nouveau vers lui. Il semble bienveillant, agitant le poisson dans sa poêle avec un fin sourire décorant son visage. Je vois sur son visage qu'il est sincère, et je me perd dans ma contemplation de son visage. Je suis ses sourcils, cette fois détendu, je regarde le grain de sa peau, suis le pont de son nez bien droit. Je détails ses cils, le creux de sa joue et l'angle de sa mâchoire. Je suis la ligne de ses cheveux, ses yeux et leur couleur que j'aime tant. Mon attention gourmande et intelligente garde le meilleur pour la fin et enfin je m'attarde sur son sourire, sur ses lèvres rondes et bien en chaire, un petit peu roses. J'apprécie le plie de son sourire et la bouille que cela lui donne, et mon cœur se compresse sur lui même, serré dans l'étouffante tendresse de l'amour que je ressens pour lui. Je veux qu'il m'embrasse encore.

« Arrête de me fixer... tu me donnes envie de t'embrasser. » Mon souffle se coupe. Le hasard ou le destin, l'un des deux, doit bien bien se moquer de moi pour le faire dire pareil chose à des moments où je le pense moi même et suis tout emporté dans le courant de mon amour pour lui.

« J- »

« Ah, désolé... je devrais pas dire des trucs comme ça. » Souffle-t-il en secouant rapidement sa tête.

« Si tu ne veux pas que je perdre la tête et que je t'embrasse... en effet, tu ne devrais pas. » C'est lui, cette fois, qui semble surpris, et je me sens bizarre d'être pour une fois celui qui le prend de court.

Il est si rare pour moi, avec lui, que je sois celui qui le laisse bouche bée. Peut-être même avec tout le monde. J'ai peut-être un peu plus changé que je ne le pensais. Moi qui suis toujours si passif et silencieux, qui n'ai pas pour grande habitude de vraiment dire ce que je pense, mais plutôt de laisser les autres parler en premier, je dois bien admettre que je me retrouve un peu plus à lui dire des choses que je ne pensais pas dire, et que c'est aussi surprenant pour moi que ça l'est pour lui.

Malgré l'embarra dans mon cœur qui maquille mes joues de sa chaleur, je tiens son regard. Même alors que ma respiration peine à exister, je tiens bon, même quand il pose sa main sur mon genoux pour tendrement le serrer, même quand il pousse sa poêle hors du feu pour venir vers moi. Je tiens jusqu'à ce qu'il soit trop proche pour que je continu de le voir sans loucher, et je ferme les yeux. Je le laisse venir tout proche, et puis sans réfléchir, sans qu'on ai besoin d'excuse, on s'embrasse.

Ce n'est pas aussi intense que la veille, c'est plus tendre, moins précipité. Il saisit ma bouche doucement entre ses lèvres et je soupire de plaisir. Bien que plus calme, les sentiments en moi ne sont pour autant pas des plus faibles. Un feu d'artifice démarre et mon cœur joue le rôle de chacune des explosions.

C'est tristement bientôt fini cependant, ne laissant que des cendres à la place de mon estomac derrière le brasier express quand Harry recule lentement. Je prend une seconde pour lécher mes lèvres, à la recherche de la sensation, pour me donner l'illusion qu'elle dure plus longtemps. L'illusion qu'il est toujours là.

Sa main glisse lentement sur ma cuisse puis il la déplace pour saisir ma joue en coupe. Nos regards se croisent, le silence s'allonge et il sourit tout doucement, un sourire tendre, affectueux, alors qu'il détail mon visage. Je recouvre sa main, juste pour la sentir, pour apprécier un peu plus son contact, sa peau, ses doigts, sa douceur qu'il n'offre qu'à moi. Je me sens bien. Je me sens à ma place.

« Si tu savais comme je suis heureux que tu sois là. » Chuchote-t-il.

« C'est vrai ? » Je lui répond sur le même ton, tout doucement, ne voulant pas perturber le calme entre nous.

« Bien sûr. » Assure-t-il. « Je ne sais pas encore... tout ce qu'il se passe, tout ce que ça signifie pour moi, mais je suis heureux quand même. » Ses doigts glissent, ils coincent une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et je serre mes lèvres pour ne pas laisser mon cœur s'échapper par là pour courir rejoindre le sien. « Tu apportes... tant de choses à ma vie. » Il semble sincère, tant sincère qu'il perd un peu son sourire une seconde en me regardant.

Demande moi de rester. Je suis idiot, je suis bête, je suis amoureux, si tu me dis que tu veux que je reste je serai prêt à le faire. C'est là l'étendu entière de mon amour pour lui, l'étendu entière de ce que je ressens pour lui, je serai prêt à faire la plus grosse connerie de ma vie avec les yeux fermés, juste pour lui, pour rester ici et ne jamais quitter ce rêve, ne jamais le quitter lui. Pour dormir dans ses bras et l'embrasser encore comme ça, juste parce que j'en ai envie.

Je ne peux pas dire tout ça, n'est ce pas ?

« Tu m'apportes tellement aussi. »

Il sourit de nouveau, laissant même un petit rire lui venir alors qu'il se glisse entre mes jambes pour me tirer dans ses bras. Je couche ma tête dans son épaule, enroule mes bras à son dos et ferme les yeux. Je profite de son odeur, de sa proximité, de ses mains qui frictionnent tendrement mon dos, de haut en bas.

J'en suis sûrement déjà conscient, mais il est peut-être temps de l'admettre. J'aime Harry bien plus encore que je ne l'aurai cru. Chaque jour qui passe mon amour pour lui grandi, chaque jour qui passe je tombe un peu plus dans les limbes amoureuse de mes sentiments. Chaque jour je tombe un peu plus et un jour je ne pourrai plus en sortir. Un jour je serai amoureux à en mourir. Je ne sais pas ce que je ressens à cette idée, ai-je peur ? Suis-je heureux ? Ou triste ? Quelque chose fait-il mal ? Je ne sais pas, mais pour me sentir un tant soit peu mieux je me serre contre lui, pour oublier d'écouter la voix qui me dit que je devrais rentrer, que je ne peux pas rester comme ça, ici, pour mon bien. Elle me dit que je ne peux pas attendre dans ces limbes amoureuse pour toujours, parce que plus je reste plus j'ai de chance de finir tout seul sans que jamais Harry ne vienne me rejoindre. Je suis tout seul ici.

« Je vais finir ton poisson, profites en pour aller te changer et te mettre plus à l'aise. » Me confit-il en se reculant de nouveau pour se tourner vers les plaques de cuisson et glisser à nouveau la poêle sur celle qui est allumé.

Je fais un rapide sourire et hoche la tête avant de redescendre du plan de travail. Je me presse hors de la pièce, jetant un ultime regard par dessus mon épaule avant de rejoindre le couloir, et donc l'escalier. Je le monte, l'esprit ailleurs, perdu quelque part dans mes pensées, perdu entre les questions qui me hantent et je poursuivent.

Je ne sais même pas comment sera ma vie une fois de retour. Je sais que pour toujours je serai marqué par ma venu ici, par mon voyage ici, par Harry, par ce lieu, mais comment ce sera là haut ? Comment ce sera de vivre à nouveau ma vie barbante, loin du sud de la France, loin de Harry, des Styles, des amis de Harry ? J'ai l'impression que je n'arriverai plus à vivre comme toujours, comme si rien de tout ça n'était arrivé. Je ne pourrais jamais retrouver ma vie telle qu'elle était avant. Je ne sais pas si je le voudrai de toute façon, ma vie d'avant n'avait rien d'exaltant.

Je me regarde dans le miroir dans la salle de bain. J'ai l'air fatigué, bronzé, mais surtout... j'ai l'air en bonne santé. Serai-ce possible que je n'ai jamais remarqué comme j'avais l'air malade avant ? Comme si mon mal être mental et émotionnel avait rayonné assez fort pour affecter mon physique. J'ai l'air un peu plus en chair, moins maigrelet, non pas que j'étais maigre avant mais je ne peux pas ignorer qu'on voit moins mes cotes, que j'ai un peu plus de poignée d'amour qui décore mes hanches, mes cuisses sont plus épaisses, mes traits moins tirés et moins creux. Je ne pense pas que j'étais vraiment si rachitique, mais je ne peux nier que quand je me regarde je vois un garçon qui va bien et que si je le compare à celui que j'étais avant, j'avais l'air en moins bonne santé.

Cet endroit me fait du bien, partir m'a fait du bien, sur tous les points. Je ne suis plus et ne serai plus jamais le même.

Je souris à mon reflet, je passe mes doigts sur mon torse nu et je me tourne pour regarder mon bras gauche. Ma cicatrice dessus devient de plus en plus belle, bientôt elle ne sera plus qu'un souvenir, le souvenir de celui que j'étais. Avec le recule, le nombril que l'ont possède tous est une cicatrice qui nous vient de notre naissance, de notre arriver dans le monde et combien dès lors nous nous sommes battit nous même. Peut-être que, aussi stupide cela sonne-t-il, cette cicatrice est un équivalent d'un second nombril. Après tout, je l'ai à cause de mes parents, et suite à ça j'ai quitté mon nids douillé pour aller vers l'inconnu et me construire une vie. C'est, un peu, la marque de ma seconde naissance.

Je rigole tout seul, ça paraît encore plus stupide que je l'aurai cru en le disant de la sorte. D'une autre façon j'accepte aussi bien cette nouvelle définition de ma cicatrice et saute dans le bac de douche pour allumer l'eau froide avec entrain et bonheur. Ça fait beaucoup de bien, plus qu'on ne pourrait le croire, les douches froides, il a beau faire assez frais dans l'immense demeure, le soleil et la chaleur extérieur s'infiltre par les fenêtre et inonde l'espace avec sa présence imposante.

Nous n'avons rien de prévu aujourd'hui, alors peut-être allons nous, avec Harry, célébrer l'acceptation de son offre dans la piscine, bien au frais, en buvant de la limonade. Tous les deux, juste tout les deux. On ne s'est pas baigné que tout le deux il me semble bien. Même à la plage il n'est pas resté très longtemps dans l'eau avec moi, et au bord de l'Hérault n'en parlons même pas. Mon cœur devient tout moue de penser à m'asseoir dans la piscine avec lui, de discuter avec lui, tranquillement, juste nous deux. Je pense que nous n'avons jamais 'rien fait' ensemble. Nous avons fait des choses mais jamais nous ne nous sommes assis ensemble pour ne rien faire à deux, et j'en ai envie. Pas de regarder un film en mangeant du pop-corn, pas de manger avec lui, mais juste de ne rien faire. M'asseoir avec lui et ne rien faire. J'en ai envie.

Je suis habitué à ce que ne rien faire avec quelqu'un soit ma façon de leur montrer mon affection, avec Liam, souvent, quand il vient à la maison, on se contente de s'asseoir et de faire nos trucs de notre côté. Passer du temps avec quelqu'un juste pour être avec cette personne, rester en silence sans que ce soit gênant, dire quelque chose quand soudain une idée nous vient, c'est ça que j'aime. C'est montrer à l'autre combien sa présence dans notre vie est devenu naturelle et appréciable et je veux faire ça avec Harry. Je veux passer du temps avec lui juste pour être avec lui, le regarder travailler ou juste m'asseoir à côté de lui alors que j'utilise mon téléphone et lui le siens. Je veux avoir ce genre de routine et de moment avec lui, où on pourrait juste se tenir l'un contre l'autre sans rien dire, juste parce qu'on apprécie la compagnie de l'autre.

Je suis tellement pressé de passer le reste de cette journée, déjà assez courte, avec Harry, que je fini ma douche assez rapidement et en sors tout aussi vite. Je ne fais même pas non plus spécialement attention à ce que je choisi de porter, un simple short et un t-shirt, que je trouve sur le dessus de la valise et de mon linge propre en désordre, feront l'affaire. Avant de ressortir de ma chambre, je me brosse les dents, juste pour faire bonne figure, bien que je doive manger peu après je préfère avoir bonne halène dès maintenant, surtout si je dois de nouveau embrasser Harry. Je souris pour moi même en me regardant encore dans le miroir. On a l'air vraiment stupide quand on est amoureux.

Après un rapide mouvement de main dans mes cheveux pour les agiter et ne pas les laisser plaquer en arrière à cause de l'eau de la douche, je sors de la pièce pour rapidement rejoindre l'escalier, puis la cuisine.

Harry me sourit quand il m'aperçoit, il a posé mon assiette sur la table basse et a retiré ses affaires pour mes faire de la place. Il tient, dans sa main, la télécommande de la télé et zappe calmement sur les chaînes pour trouver quelque chose à regarder. Quand j'arrive vers lui je le remercie pour mon repas et m'assois sans rien ajouter, attrapant la fourchette pour commencer à manger.

« On descendra à ma cave à vin chercher ma meilleur bouteille. » Me dit-il soudain, sans se tourner vers moi.

« Je regrette déjà de t'avoir dis ça. » Je m'amuse, la bouche presque pleine.

« Mais non mais non. » Rit-il. « Et aussi... » Il se tourne finalement vers moi et je rejoins son regard en haussant mes sourcils. « C'est la fête national dans quelques jours... alors on retournera à la plage, pour les feu d'artifice, comme promis. »

Un froncement plie mon front, alors que je détourne le regard à la recherche de cette promesse. Quand était-ce ? Oh. Oui, on peut voir jusqu'à trois feu d'artifice depuis cette plage, et il m'a dit qu'il m'y emmènerait. Je suis touché qu'il s'en souvienne, surtout parce que moi j'avais oublié et qu'il aurai bien put oublié aussi qu'on en ait parlé à un seul instant. Maintenant, avec cette précieuse information en tête, je peux nous voir assis dans le sable en train de regarder les feux au loin et une petite bulle de douceur grossit dans ma cage thoracique.

« Oooooh oui trop bien ! » Je me tourne vers lui. « Ce sera quand ? »

« Dans trois jours, le quatorze. » Explique-t-il. Je tique.

« Le quatorze ? On est déjà le onze juillet ? »

« Eh oui. » Rigole-t-il.

Moi je ne rigole pas autant malheureusement. Ça fait déjà plus d'un mois que je suis là, ça va aussi faire deux mois à peine que j'ai rencontré Harry. Le temps passe si vite. Je n'ai même pas l'impression d'avoir vraiment profité encore de tout cela que le mois de juillet est déjà entamé et qu'en un éclair l'été sera fini. Nous n'avons pas parlé de quand sera mon retour mais j'ai bien peur que plus le temps passe et plus il me rapproche inéluctablement de mon départ. Mon cœur se serre, ça fait peur, c'est comme si tout ça pouvait s'arrêter demain, sans prévenir. Raison de plus pour apprécier chaque moment que je passe avec lui.

« D'ailleurs... j'espère que ça te gène pas, mais mes amis vont venir avec nous. »

Adieu ma petit bulle de bonheur sous mon cœur, celle-ci vient juste d'exploser, ne laissant que de petites éclaboussures de joie comme souvenirs de son existence. Ses amis seront là. Madeleine sera là. Adieu ma petite image de notre soirée romantique assis dans le sable. Aussi fort puis-je aimer l'idée d'une soirée arrosée (elle le sera sûrement, faut pas rêver) avec ses amis et à la belle étoile, au bord de la plage, je ne peux pas dire que ça me rend fou de joie. Surtout si Madeleine est là. On ne l'a pas revu depuis le camping et si Harry a était distant physiquement avec elle et a repoussé ses tentatives de rapprochement, rien ne m'assure que ce sera pareille dans trois jours. Et même si il devait la repousser là aussi, rien ne m'assurerai que ce serai juste pour être proche de moi à la place. Il n'a sûrement pas envie d'exposer qu'importe ce qu'on partage là à ses amis ou au grand jour.

Je fais une moue.

« Bien sûr que ça me dérange pas. » Je répond simplement, sans avoir le courage d'avouer que je voudrai être juste avec lui. De toute façon, se sont ses amis et je ne peux pas lui interdire de les voir.

*

Quand je fini mon repas Harry me guide vers la porte menant au sous-sol, soit la seule pièce de cette maison que je n'ai pas encore vue. J'ai souvenir qu'une salle de jeu s'y trouve, mais apparemment il y stock aussi son vin. Ce n'est pas surprenant et j'aurai dû le voir venir. Il n'y avait nul part signe d'un endroit où il rangeait son vin c'était évident que ce serait à la cave. Il y fait frais, la pièce ne voit jamais le soleil, c'est le lieu idéal.

Mine de rien, j'ai quand même appris certaines choses sur le vin, et notamment la bonne façon de le conserver, surtout si, comme Harry le fait sûrement, on désire le laisser vieillir encore un peu. Dans le caveau du château la pièce n'est pas exposé au soleil, un élément clé, et les bouteilles sont tenu au frais dans une vitrine réfrigéré. La température idéal est, d'environ, seize degrés, maximum dix-huit. Si l'ont réuni ces critères alors on peut garder du bon vin longtemps et même espérer continuer le processus de vieillissement du vin. Apparemment, certain vins vieillissent mieux que d'autre, alors je suppose qu'il y a un peu plus de critères à remplir pour le vieillissement mais, ceux-là, je ne les connais pas.

En bas des marches il fait sombre. Quand Harry allume la lumière je découvre la grande salle de jeu dont on m'a parlé. Plus loin je vois les grandes portes de bois, en forme d'arche, et qui mène droit sur la terrasse de la piscine. Un peu de lumière passe dessous. Des affaires de piscine sont, donc, rangées dans des étagères de métal près du mur. Mais le plus impressionnant et l'immense billard au centre de la grande pièce, puis un flipper contre le mur et quelques autres jeux d'arcades. En face de la descente des escaliers il y a une arche de pierres qui mène vers une salle indépendante, mais je remarque d'abord, contre le mur devant l'arche, un écran de télé auquel sont reliées des consoles de jeu, dont la dernière Xbox et un doc de Switch. Quelques jeux s'empilent dans des étagère à côté et un canapé assez vieux fait face à l'écran. Finalement, après tout ça, accroché au mur, je trouve des photos. Il y en a de ses amis qu'il a ici en France mais sûrement aussi de ceux qu'il a laissé derrière lui, là haut, en Angleterre. Il y a des photos de ses sœurs, de lui, de ses parents. Au milieu, il y en a également une d'un homme que je ne connais pas mais qui me paraît étrangement familier. Le cliché a l'air assez vieux, la photos est abîmée et un peu déchirée, l'homme dessus a l'air très jeune et aujourd'hui il ne doit plus du tout ressembler à ça.

Il est bizarre, cet homme et il me fait me poser des questions. Est-ce un vieille ami de la famille ? Un oncle ? Un cousin ? Un frère avec qui ils ont perdu contact ? Je peux tout considérer puisque de toute évidence les Styles cachent quelque chose.

« Viens. » Je sursaute quand Harry m'interpelle et je fais volte-face, alors que je me tenais près du mur, pour le rejoindre vers la seconde pièce.

La porte était, de toute évidence, verrouillé, puisqu'il sort une clé de sa poche pour l'enfoncer dans la serrure et la tournée. Derrière, il fait encore un peu plus frais que dans le reste de la pièce. Harry passe devant moi pour aller tirer sur un cordon et allumer ainsi un petit lustre vacillant dans le vide. Il y a de la poussière un peu partout, et quand je regarde les bouteilles couché dans des cases en tuile, je réalise que beaucoup doivent maintenant valoir une vrai fortune. Certaine sont déjà assez vieille en elle même, mais en considérant la quantité de poussière dessus elles ont dû vieillir ici un long moment.

« Tiens, regarde celui-ci. » Il glisse une bouteille sous mes yeux, passant son pouce sur l'étiquette pour me montrer l'année de mise en bouteille.

« Hey, c'est mon année de naissance. » Je remarque en souriant.

« Ouais, je crois que c'est ma plus vieille bouteille ici. Elle vient d'un domaine vraiment réputé de Provence.. » Dit-il en la passant sous ses yeux de nouveau. Il la regarde presque avec tendresse, comme si il regardait une vieille photo ou un vieux dessin, il semble nostalgique et en même temps heureux, c'est mignon. « Je n'ai pas encore eu d'occasion pour l'ouvrir. » Dit-il en la remettant en place. « Un jour peut-être... qui sait. » Il souffle du nez et se tourne vers une autre case pour en sortir un bouteille un peu moins vieille pour me la tendre. « Celle-ci vient de mon domaine, elle fait partit de nos bouteilles les plus cher maintenant, c'est la bouteille qui nous a valut le début de notre ascension au sommet de l'empire qu'on connaît aujourd'hui. J'étais très jeune à ce moment, je devais avoir moins de neuf ans. » Il pousse un petit rire et je souris d'attendrissement.

J'aime le voir parler avec tellement de nostalgie et de bonheur de cet héritage, de ce vin, de ce qui le passionne tant. Je pourrais l'écouter des heures, même si je n'y connais rien, même si je n'aime pas trop le vin, je pourrais l'écouter encore des heures.

« Je sais qu'on a quelque chose à fêter, mais ne te sens pas obligé d'ouvrir une bouteille aussi spécial. J'ai peur que ce soit du gaspillage et que tu regrettes. » Je dis en venant vers lui, un rire aux lèvres. « Ouvre uniquement ce que tu penses que tu ne regrettera pas. »

« Dis donc... tu te soucis beaucoup de ce que je pourrais regretter. » Il tourne un regard amusé vers moi et moi je ne suis rien d'autre que surpris, et mon regard s'écarquille avec horreur alors qu'il sourit. Ce ne peut pas être une erreur, il a bien fait référence à ce qu'il s'est passé la veille. Il pousse un rire. « Mais enfin ne me regarde pas comme ça. » Il secoue la tête. « J'apprécie que tu ne veuilles que mon bien, mais ne t'inquiète pas pour moi. »

« Non mais-» Il hausse ses sourcils. « C'est que... je ne veux pas que tu fasses des chose sur le moment, bêtement, et qu'après coup tu te dise que c'est bête... Genre... peut-être que tu voudrais garder cette bouteille pour une autre fois. Peut-être que, si tu l'ouvres, tu te dira que finalement ça valait pas la peine. » Je pousse doucement sa bouteille de mes doigts pour appuyer mes mots et il rit gentiment.

« Louis... cette bouteille là est déjà ouverte. » Il roule de ses yeux et saisit le bouchon qui soudain laisse une fuite d'air lui échapper, indiquant qu'elle était ouverte et replacée à vide. « Et puis même si elle ne l'était pas... » Il se penche vers moi ensuite et je recule de surprise alors qu'il est tout proche de mon visage. « Elle est parfaite, cette bouteille, et je ne regrette pas de la choisir. »

« M-... Mais et si c'était pas le bon moment ? » Je tend mon index dans le vide.

« Je suis d'accord, il faut trouver le bon moment. Et pour cette bouteille... » Il se redresse et tourne la bouteille dans sa main pour lire l'étiquette, un sourire aux lèvres. « C'est le bon moment. » Il retourne à l'entrée de la pièce sous mes yeux et attrape deux verres à vin qui étaient rangé dans un petit placard. « Tu viens, on va trinquer au bord de la piscine. » Il me sourit en tenant le cordon du lustre entre ses doigts et je serre mes lèvres en le rejoignant. Le noir retombe dans la cave à vin, la porte se ferme à clé, et notre conversation restera ainsi, enfermé avec le vin. Mais je n'ai pas besoin qu'elle se poursuive.

Je sais maintenant tout ce que j'ai à savoir.




_____

Allez, dernier indice dans ce chapitre, d'ici vraiment peu de temps on va enfin tous pouvoir apprendre ce qu'il se passe dans la vie familial bien difficile des Styles. 

Ce chapitre est un petit peu long! 8 000 mots et quelques poussières ! J'espère qu'il vous aura un peu plut et qu'il ne vous aura pas paru trop long, personnellement c'est un de mes préférés! J'aurai pu un peu le continuer pour un peu parler de leur petite après-midi dans la piscine et sous le soleil, mais la dernière phrase était bien trop parfaite pour ne pas être la phrase qui clôture le chapitre haha!

Je pense que je dois vous dire que je ne sais pas exactement combien de chapitre il y a encore devant nous mais que la moitié de l'intrigue est là voire même légèrement derrière nous. J'espère donc que vous attendez la suite avec autant d'impatience que je ressens moi même à l'idée de l'écrire ! Cette histoire figure parmi mes préférées et je suis vraiment très heureuse qu'elle soit lu et apprécier. Merci beaucoup pour votre soutien et votre amour interminable, ça me touche vraiment et m'aide à continuer bien plus que vous ne pouvez le croire. Je vous aime très fort. 

Prenez soin de vous et surtout : éduquez vous, plein de choses se passent encore tous les jours à l'échelle mondiale, restez ouvert, écoutez, ce n'est pas grave si vous avez fait et dit des choses à problème tant que vous faites de votre mieux aujourd'hui pour reconnaître vos erreurs et devenir meilleur alors tout va bien. xxxx

Plein de bisous 
-Joëlla xx

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