Chapitre 28 : Choisi
J'ai eu l'audace de penser, pendant une dizaine d'heure, que le fait d'avoir embrassé Harry avait été un pas en avant, mais si on a fait un pas en avant on a du le faire sur un tapis roulant. Parce que finalement on ne fait que du surplace, et absolument rien n'a changé. La seule chose dans ma tête, qui tourne et tourne sans relâche, c'est de me demander si c'est ma faute. Aussi bonnes puissent être mes intentions de ne pas faire peur à Harry, j'ai aussi l'impression que de ne rien lui dire concernant ce que je ressens ne m'a rien apporté de particulier. Je sais aussi que de lui dire l'aurai sûrement bloqué vis à vis de moi et que quelque part c'est une bonne chose de le garder pour moi, mais ça me donne surtout des peines de cœur.
Garder l'importance de ces sentiments pour moi est peut-être la clé pour garantir que Harry vive son éveille calmement et sans être brusqué, sans qu'il ne se sente forcé, pour qu'il prenne son temps, mais ça m'a principalement permis de rêvasser à lui dans une torture silencieuse. Je rêvasse à lui, à ses lèvres, à ses baisers, à ses bras, à tous ce que je n'aurai plus jamais, et maintenant que notre relation est redevenu normal j'ai le sentiment que je me suis condamné à ses souffrances par moi même.
Je fais une moue, le regard vagabond. Je marche à allure de promenade, les mains attachées l'une à l'autre dans le dos alors que je regarde les vitrines et les bouteilles en exposition derrière. J'aime beaucoup leurs étiquettes, leurs dessins, les arabesques du nom de famille de Harry, le dessin du château. Si je n'aime pas le vin j'ai pourtant bien appris à apprécier l'élégance des bouteilles du domaine Styles. Je les vois souvent, à force de cohabiter avec Harry, il était évident que ça arriverai à un moment ou un autre.
Je suppose que le château est le centre des opérations pour la famille, mon hôte doit probablement avoir un bureau ici et accès à certains documents. Je ne sais pas quelles obligations ont forcé sa présence sur le terrain aujourd'hui, mais elle me permet de penser un peu plus à cette situation. Sur toute la durée où j'ai été chez lui, jusqu'à maintenant, il a passé tout son temps à travailler chez lui dans son salon, et je réalise peut-être un peu tard que ce n'est pas à cet endroit qu'il doit travailler d'habitude. Je me sens un peu coupable, et en même temps touché, que ce qui était, au moment de mon arrivé, un presque étranger, ait décidé d'aménager un lieu de travail dans sa maison pour ne pas me laisser seul, et qu'il continu à penser à moi de la sorte.
Que sa présence au château fut requise ou non il a tout de même prit un instant pour penser à moi et alors me demander si je voulais venir avec lui. Et il faudrait mal me connaître pour penser que je n'aurais pas envie de suivre Harry pour la journée, dans son univers, dans la cave à vin de son domaine, la boutique même où tout se passe. D'ici il y a aussi des lots de vins en partance vers des cavistes un peu partout sur le territoire qui sont expédiés, et je suis plus qu'heureux de me trouver dans son espace et de voir toutes ces choses. Ravis d'en découvrir un peu plus sur ce qu'il fait, et prend plaisir à faire.
C'est peut-être là une des preuves de combien je suis amoureux de lui, j'arrive à tolérer le vin, et mieux encore j'arrive à y prendre goût (pas au goût du vin heureusement). Juste pour lui. Je m'épate moi même. Ça m'en tire même un petit rire attendrit.
« Tu aimes le vin toi ? » Je me tourne, quand je pose la question, pour regarder Willow. Elle est assise sur un comptoir, jambes croisées. Ses grand yeux marrons se lèvent vers moi et elle sourit.
« J'ai grandi dans ce milieu, alors oui, pas trop le choix. » Elle hausse des épaules. « À dix ans je savais déjà parler du vin, maintenant.. ça n'a plus aucun secret pour moi. » Elle pousse un petit rire en baissant ses yeux vers son écran de téléphone à nouveau. « Un jour je travaillerai sûrement avec mon frère pour le domaine. » Dit-elle en haussant de ses épaules.
« Ah oui ? »
« Ouais, je prendrai sûrement la place de notre père, il a beaucoup d'espoir pour moi. »
Elle paraît heureuse de me le dire, et j'observe sa mine candide penchée au dessus de son écran, pleine d'attention envers ce qu'elle fait dessus, comme son frère. Malgré les années qui les séparent l'un de l'autre, et le fait qu'ils n'aient pas vraiment grandis ensemble, ils se ressemblent quand même beaucoup : leur amour pour l'entreprise de leur père, leur amour pour leur téléphone portable, ils ont même cette petite étincelle de passion en commun.
« Dis... tu sais pourquoi exactement ton père est si dur avec ton frère ? » Parce que c'est une question qui me taraude et que, pour une fois, la retenir devient trop dur.
Si Harold arrive à avoir de l'espoir pour sa plus jeune fille, alors qu'elle a sûrement les même habilitées que son frère, comment ce dernier peut-il ne recevoir que de froides remontrances ? Harry mérite mieux que ça, et je le sais. Et je pense que Wilhelmina aussi le sait, si j'en juge la façon dont elle perd son sourire.
« C'est parce que c'est son fils. » Dit-elle. « Il a toujours été comme ça avec Harry, aussi loin que je me souvienne. » Elle lève le regard dans le vide. « Quand j'étais petite et qu'il venait en vacances je me rendais compte de combien notre père était dur avec lui. J'ai jamais été engueulé pour revenir couverte de terre de l'extérieur après avoir joué avec des amis, ou alors jamais autant que Harry l'était. C'est simple... » Elle marque une petite pause, serrant ses lèvres. « Notre père a toujours voulu qu'il reste droit, sérieux, qu'il ne fasse rein de travers. » Elle pousse un petit soupir. « Parce que c'est le garçon, celui qui porte l'image de notre père. »
« Juste pour ça ? »
« De toute évidence... » Elle lâche un long souffle dépassé. « J'ai grandi sans trop me rendre compte de la différence de traitement, mais plus je vieillie plus je réalise combien c'est injuste pour lui. Et pourtant... il accepte ce traitement. Ça me rend malade. » Elle secoue la tête, aberré par cette situation, et elle n'est pas la seule.
« Personne... ne dit rien ? » Elle me regarde, et tord ses lèvres avec un air désolé et abattue.
« Pas vraiment... Elizabeth... a arrêté de nous rendre visite très tôt, et quand elle est venu ici à ses dix-huit ans elle n'est pas resté longtemps... et puis notre mère.. je ne sais pas trop, elle dit qu'elle en parle avec mon père mais... rien n'a jamais changé. » Je m'approche d'elle et m'assoie à côté d'elle sur le comptoir, intrigué par cette conversation.
« Elizabeth a cessé de vous rendre visite si tôt ? » Je fronce mes sourcils dans sa direction, et quand elle rejoins mon regard j'essaie de trouver Harry dans ses prunelles, de leur trouver une ressemblance, mais je n'en trouve aucune. Il faut croire qu'il ressemble bien trop à sa mère pour que ses sœurs ne lui ressemblent.
« Assez oui.. elle avait quatorze ans quand je suis née... et à cet âge là elle ne venait déjà plus que pour Noël... » Explique-t-elle, le regard dans le vide. Elle semble triste. Je savais sa relation avec sa sœur difficile, mais je reste surpris d'apprendre tout ça. « Puis... quand elle a emménagé à Calais avec mon beau frère.. on a plus entendu parler d'elle pendant cinq ans. » Je hausse mes sourcils.
Surprise. Je ne l'aurais jamais cru. Liz semble si proche de son frère que j'ai bêtement pensé qu'elle avait une relation au moins similaire avec sa famille et que jamais elle n'aurai osée disparaître de leurs vies. Mais j'avais bien tord. Elle a désertée, disparue, et je n'arrive pas à le croire. Que s'est-il passé dans la vie de la famille Styles pour que leur fille aînée coupe à ce point les ponts avec eux ? Est-ce le traitement de Harold envers Harry qui lui a donné envie de partir ? Quand Regina disait qu'elle avait espéré que Harry coupe les pont comme sa grande sœur je ne savais pas que c'était à ce point là, mais je comprend. J'aurai voulu qu'il cesse de donner des nouvelles si ça aurai pu le sauver de l'emprise de son père qui n'a rien de saine.
« On avait de ses nouvelles que par Harry, c'est le seul à qui elle parlait encore... » Elle fait un sourire triste, et je vois sa peine, sa peine de petite sœur de se sentir ignorée. C'est normal, je suppose, si Liz continuait de parler avec Harry et d'entretenir des relations avec lui en la laissant pour compte. Je serai triste aussi de passer à ce point au second plan. « Je ne l'ai... jamais vraiment connu du coup. Même le peu de temps qu'elle a passé dans le sud je ne l'ai pas beaucoup vu. » Elle pousse un petit rire, mais c'est un rire triste et sans conviction, et j'ai de la peine pour elle. « Elle est revenu dans nos vies que récemment... mais je sais que ce n'est que pour Harry. » Un petit rictus tord sa bouche en me lançant un petit regard et je pince mes lèvres. « J'aimerai juste comprendre ce qui se passe dans notre famille. »
« On est deux alors. » Je souffle un petit rire amusé et compatissant et me tourne vers la pièce au plafond haut.
La porte s'ouvre et Willow et moi descendons de notre perchoir pour se tenir bien droits quand Harry entre avec un couple de clients. Je le regarde marcher devant la grand vitrine, tendant le plat de sa main vers elle alors qu'il explique quelque chose. Il a l'air passionné. C'est la deuxième fois aujourd'hui que ce spectacle se tient dans la grande pièce, et je suis une fois de plus subjugué par combien il est beau et charismatique quand il parle du vin. Je sens que cela le fascine et le passionne. J'aime le regarder comme ça. Il est toujours sûr de lui, mais il a quelque chose de magnétique à cet instant. Je ne comprend rien à cette langue ou même au vin, mais quand il parle comme ça il est séduisant et moi j'en perd mes mots. Ce devrait être interdit de pouvoir me séduire de la sorte, mais je suis un homme, et je suis faible.
Le couple semble être séduit aussi, pas par mon beau brun mais plutôt par son beau rouge. Willow encaisse leur achat et les deux heureux sont bien rapides à s'en aller sous les au revoir de leurs hôtes. Je lui souris quand Harry se tourne vers nous et je comble même la distance pour le rejoindre. Il nous a laissé, Willow et moi, dans la cave à vin, pour aller s'occuper sur des papiers ailleurs et je voudrai profiter un peu de lui avant qu'il ne nous quitte à nouveau.
« Désolé j'aurai voulu que mes affaires ne prennent pas trop de temps. » Me dit-il quand je me retrouve plus proche de lui.
« T'inquiète pas. » Je secoue la tête gentiment. « Ta sœur est de bonne compagnie, on se raconte des trucs c'est agréable. »
« Je sais bien mais même- »
« Je sais... tu n'as pas envie de passer ton temps dans le travail quand je suis là. » Je roule de mes yeux et il sourit en tendant sa main vers moi, pour la poser sur ma hanche.
Il est vrai, finalement, que quelque chose à peut-être changé maintenant. Depuis notre drôle de conversation dans l'herbe, on est un peu plus tactile au quotidien. Ce n'est pas trop nouveau, on a déjà était proche avant, mais maintenant on l'est sans besoin réel de contexte, et ça.. ça me plaît beaucoup. Même alors que je n'ai pas encore le courage ou la bravoure d'attraper son bras ou même sa main, comme Madeleine le faisait si bien.
« Je savais à quoi m'en tenir quand j'ai décidé de venir avec toi de toute façon. » Je lui assure.
Il sourit, laissant un souffle amusé passer son nez alors qu'il me regarde, pliant son sourire sur le côté, dans une drôle de moue qui me pousse à glousser un petit peu face à lui. Je suis même un peu gêné de glousser, et cache mon sourire sous ma main un instant avant qu'un petit silence ne s'enroule autour de nous et notre petit univers. Je prends une profonde inspiration, les yeux enfoncé dans les siens, ne pouvant que prétendre que je capte l'immensité de son âme avec ce simple contact.
« Je ne veux quand même pas être au travers de ton travail. » Je lui confis dans un murmure, et il pousse un petit rire alors que sa main monte sur ma hanche pour me frictionner gentiment.
« Je vais écourter quand même, on partira bientôt, ok ? » Il lance un regard à sa montre. « En plus, je dois laver Brat, alors pas le choix. » Il me lâche avant de repartir et je hoche la tête.
« Ouais je vois, c'est pour ton chien ! »
« Toujours ! » Il me fait un dernier signe de la main avant de sortir pour de bon, et je sens mon cœur palpiter de bonheur.
Je suis tellement heureux de l'avoir retrouvé pour moi tout seul. Cinq jours avec tous ses amis sur le dos c'était certes marrant, mais ça m'a surtout éloigné de lui. Alors me retrouver de nouveau juste avec lui fait du bien, même si je dois le partager avec son travail. Il est toujours penché sur quelque chose, un papier ou un dossier, un ordinateur ou un mail, mais malgré ça je le vois tout de même plus que durant le camping et ça me comble vraiment. Même si c'est au salon, en face de lui au repas, alors qu'il est penché sur son ordinateur et les comptes du domaine. J'aime le silence autour de sa concentration.
J'aime le voir travailler, qu'il n'y ai personne et aucun bruit, rien d'autre que lui, et moi en face de lui. C'est agréable, plaisant, et ça me permet pendant une seconde d'avoir le sentiment que tout va bien, que je ne partirai jamais, que mes sentiments pour lui en valent la peine et que tout est clair entre nous. Ça me permet de vivre, l'espace d'un repas, dans un rêve.
« Oulala laver Brat ? » Je me tourne vers Willow. Elle a reprit sa place sur le comptoir et je pouffe rapidement. « Ce chien est une calamité dans la salle de bain, courage ! »
« Brat ? Mais il adore l'eau. » Je fronce mes sourcils en revenant vers elle.
« Oui, mais uniquement quand ce n'est pas celle de son bain. » Elle secoue la tête. « Ce chien préfère mourir que d'être lavé ! » Elle rigole, mais je ne suis pas sûr d'être amusé moi. « Courage si tu lui donnes un coup de main, parce que Brat est calme... mais dans une baignoire... il devient le diable en personne. » Elle pouffe et je me sens maintenant comme si j'étais en danger. Brat est un bon chien, pas une seconde je n'aurai cru que le laver serai problématique.
« Oh bah mince.. peut-être que je devrais disparaître miraculeusement au moment du bain ? » Je propose sur le chant du sarcasme.
« Ce serai préférable ! » Rit-elle rapidement. « Tu sais... pour revenir sur ce que tu disais à propos du vin, je sais toujours pas comment t'as fais pour accepter de venir passer des vacances dans un domaine vignoble alors que tu bois pas de vin. » Dit-elle soudain, avec un sourire moqueur aux lèvres.
Je ne m'attendais pas trop à ce genre de remarque venant d'elle. Je sais que ça s'est probablement remarqué que je ne buvais pas de vin, mais je ne pensais pas que ce serai à ce point bizarre, au point que Wilhelmina elle même me le fasse remarquer.
« Je sais ouais, tellement d'amateur de vin crèverai pour être à ma place. » Je pouffe. « Mais je ne suis pas là pour le vin. » Je hausse mes épaules et secoue la tête.
« Je pense que tu sous-estime un peu ce que ça veut dire. Harry est insupportable quand il est question de vin, tu as beaucoup de chance qu'il ne t'agace pas un peu plus avec ça. » Elle pointe le vide et je ne répond pas, je me contente de noter l'information, levant un regard curieux vers la porte par laquelle Harry est partit.
Willow a peut-être raison. Il suffit de le regarder, passionné par le vin, parler de ça à ses clients, conseiller les meilleures bouteilles et les décrire, pour comprendre que cet homme doit probablement très souvent en parler autour de lui. J'avais, après tout, moi même remarqué qu'il en avait parlé à ses amis le jour de l'anniversaire du domaine, il est plutôt clair que c'est son genre, que c'est une chose qu'il aime partager. Et pourtant il ne m'en parle pas plus que cela, plus depuis longtemps. Même en étant dans le monde de Harry à ce point, au point où il m'invite même sur son domaine pour ne pas que je sois seul et m'ennuie, il ne m'a pourtant plus une fois proposé de goûter, ne m'a plus une fois rabattue les oreilles à propos du vin. Il est possible, donc, que je sous-estime l'égard de Harry à mon encontre.
« Je.. peux te laisser une seconde ? » Je pointe la sortie de la pièce et elle hoche la tête vers moi.
Je sors de l'immense cave, donc, tombant sur un grand couloir aux fenêtres démesurément grandes. Je sais qu'une partie de ce château est encore très vieille, et que seul une partie a été réaménagé pour le bien de l'entreprise, mais ça ne m'empêche pas d'avoir l'impression, en regardant ce grand couloir, au haut plafond, aux murs tapissés d'un bleu clair, que je suis un prince dans un film romantique. Tout jusqu'au parquet majestueux et laqué, aux lustres semblant d'époque, met dans cette ambiance incroyable.
Je arpente l'espace vers la porte ramenant au grand hall. Dans celui-ci, qui était vide le jour de l'anniversaire, se tient maintenant un grand bureau en cercle avec une réceptionniste derrière, bien habillée et coiffée. Elle me sourit quand elle me voit et m'indique une direction quand je lui demande où se trouve le bureau de Harry, et je la suis en la remerciant.
L'escalier que j'emprunte monte en une courbe concave en face de son frère symétrique, les deux autour d'un immense lustre emplie de dorures et de parures. En haut des marches, je m'engage dans un grand corridor et je suis les indications qu'on m'a donné en attardant mon regard sur toutes les portes et les inscriptions dessus, pour chaque départements administratifs. Je voudrai dire que je n'y connais rien, mais j'ai fais des études dans la gestion et le management, alors je m'y connais bien plus que je ne le voudrai. Finalement, j'arrive devant la porte du bureau des gérants.
Messieurs Styles est écrit sur un rectangle doré sur le bois massif et une boule s'enfonce dans ma gorge. Bien que je sache que Harold n'est pas sur le domaine aujourd'hui quelque chose me heurte tout de même de savoir que Harry passe tant de temps avec son père, prêt à se faire rabaisser et engueuler à la moindre seconde.
Je toque sur le battant et entre avant d'entendre une réponse. Harry lève les yeux vers moi depuis son bureau, sur le côté droit de la grande pièce, opposé à celui, vide, de son père. En face de la porte, le mur est troué d'une immense baie vitré donnant sur un petit balcon. Les murs sont sobrement décoré et la vision de Harry croulant sous les documents sur son bureau contraste énormément avec eux. Ça me fait même un peu sourire.
Je ferme la porte derrière moi pour m'approcher de lui, et il fronce ses sourcils en m'observant.
« Qui a-t-il ? » Demande-t-il en se tournant à nouveau vers son écran d'ordinateur.
« Rien je.. » Je m'approche de lui, glissant de son côté du bureau assez doucement pour lui laisser le temps de me repousser si il le veut.
Mes yeux s'égarent sur la surface de son bureau et je m'attarde un instant sur les papiers éparpillés ça et là, les comptes de la société, des prédictions pour les années à venir faites pas son comptable, en deux exemplaire différents. Il y a aussi ce que j'identifie comme une étude de marché, ainsi que plusieurs papiers concernant de grands terrains en ventes. Je fronce mes sourcils et lève les yeux vers son écran, comprenant doucement ce que je suis en train de voir là.
« Tu ? » Me relance-t-il, me ramenant dans le moment et le réel par la même occasion, me forçant à m'ébrouer légèrement pour me concentrer de nouveau sur mes mots.
« Rien... je voulais juste... m'intéresser à ton travail. À l'instant, en bas, Willow disait que je sous-estimais combien tu te restreignais dans ta passion pour ne pas m'embêter et... je voulais juste... je sais pas trop. »
Il se tourne vers moi. Son regard semble un peu surpris, par mes propos ou ceux de sa sœur je ne suis pas sûr, mais il est en effet assez surpris. Il constate mon visage à la recherche d'une blague dessus et je me sens assez mal à l'aise pour pouffer et baisser mes yeux vers ses papiers à nouveau. Je ne me permets pas de tendre ma main pour mieux pouvoir voir et lire ce que c'est mais je laisse tout de même mes yeux essayer de deviner les documents cachés en dessous. Il monte de toute évidence un dossier à propos de quelque chose, et ma curiosité est piquée.
« Je ne me restreins pas. » Bougonne finalement Harry en se tournant vers son écran de nouveau.
« Non je sais... mais elle disait.. vis à vis de moi. Et puis elle à raison. » Je hausse mes épaules. « Je devrais un peu plus m'intéresser à ce que tu fais. »
« T'es pas obligé, je me suis fais une raison tu sais. Si tu n'aimes pas le vin, ma foie.. » Il pousse un petit rire en disant cela et se tourne vers ses papiers pour les déplacer et en tirer certains sous ses yeux et taper plus facilement quelque chose sur son clavier.
Il libère ainsi un peu plus de papier à ma vue et je me permets alors de regarder ceux-ci pour assouvir mon besoin de comprendre ce qu'il fait. Il me dirait de partir si il ne voulait pas que je regarde, non ? Il me demanderait de ne pas regarder, ou cacherait ces feuilles, mais il les laisse là et me laisse les lire, alors je suppose que ce n'est pas très grave. J'écarquille mes yeux avec surprise quand je capte une petite note manuscrite dans le coin d'une feuille qui dépasse de sous une autre. Le sentiment de stupéfaction face à l'inattendu me gagne tout entier et cette fois j'agis, je bouge, je ne parviens pas à me retenir, je pousse la feuille de dessus pour pouvoir me saisir de l'autre et la glisser sous mes yeux.
« Un complexe hôtelier au nom du domaine ?! » Je sonne peut-être plus surpris que je ne l'aurais voulu, et peut-être que je le cris aussi un peu trop fort, parce que Harry sursaute et précipite sa main vers moi pour écraser ma bouche de sa paume, et quand je baisse les yeux vers lui il est rouge pivoine.
« Chut t'es con ou quoi ! » Râle-t-il avant de récupérer sa feuille pour la reposer, cachant son embarra sous un raclement de gorge.
Je suis sur le cul. Je suis abasourdi. Harry Styles. Harry-charismatique-j'ai confiance en moi-agenouillez vous devant moi-Styles. Rouge pivoine, gêné, embarrassé, effrayé par mon jugement. C'est la première fois que je le vois ainsi, la première fois que je me prends en pleine face le fait qu'il a bel et bien des petites faiblesses, des choses qui le gêne et qu'il ne veut pas nécessairement que le monde vois. Mais pourquoi ceci ? Il n'y a rien d'embarrassant dans un dossier monté pour proposer une extension du domaine ou d'ouvrir quelque chose d'autre en leur nom, pour élargir leur activité.
« Harry... »
« Quoi ? C'est bête c'est ça ? » Marmonne-t-il en rangeant ses affaires. Je le sens à deux doigts de me demander de partir, de dire quelque chose ou de se renfermer encore plus.
« Mais non... absolument pas. »
Je pousse son clavier sur le bureau, fais de l'espace, pour m'asseoir dessus et me forcer dans son champs de vision, en face de lui. Même là, cependant, il ne semble pas vraiment prêt à me regarder et détourne ses yeux. Pour une fois, même alors qu'il est un peu maquillé et coiffé, je ne vois que le petit gamin qu'il est vraiment, et ça me fait sourire. C'est un drôle de mélange, je suis presque habitué à ce que le petit bonhomme tout doux qu'il est à son réveil, avec ses cheveux en bazar et son air fatigué, soit une personne à part et bien différente de son lui maquillé, coiffé, habillé et apprêté. Le voir ainsi, c'est comme deux mondes opposés qui se rencontrent.
J'attrape gentiment son menton en coupe entre mon index et mon pouce et le fais se tourner vers moi, je veux qu'il me regarde, et surtout que lui me laisse le regarder. J'essaie de l'atteindre de placer mes yeux dans les siens, mais il continu de m'éviter, les joues pivoines. Il me désolé et j'ai de la peine pour lui, et mon nouveau reflex est de blâmer Harold. C'est lui qui lui a fait ça, c'est lui qui l'a ainsi poussé à ne pas avoir confiance en ses capacités, à ne pas croire en ses idées.
« Harry ça a rien d'idiot ou de bête pourquoi tu dis ça ? » Il serre ses lèvres, comme si il retenait ses mots.
« Parce que j'en sais rien, c'est stupide d'accord ? Je fais ça comme ça mais ça n'apportera rien, mon père acceptera jamais le projet. » Je secoue la tête et caresse doucement sa joue de mes phalanges, cherchant par le geste à le rassurer et l'apaiser.
« Comment ça tu fais ça comme ça ? Toutes tes recherches... tous ces papiers... tu vas pas me dire que tu as fais ça sur un coup de tête un jour parce que tu t'ennuyais... » Je pousse un petit rire et, enfin, ses yeux remontent dans les miens. Je remercie quelqu'un, le ciel, ou les dieux, de le faire se sentir assez proche de moi pour être là pour lui dans un moment comme ça. Je sais que personne avant moi n'a eu cette place et je sais que je peux en faire bonne usage.
Il a l'air si triste. Si peu confiant. C'est tellement différent et inattendu. Je me félicite moi même de ne pas perdre la face ou de me sentir démunie devant ce revirement de situation. Je me félicite de savoir comment je dois agir avec lui.
« C'est un projet sur lequel tu dois travailler depuis des mois, tu as dû y passer du temps, tu y travail d'arrache-pied... ne rabaisse pas ton travail comme ça. »
Il serre un peu plus ses lèvres et prend une inspiration courte qu'il garde un instant en suspend, sans qu'il ne lâche mes yeux des siens, lisant ma sincérité en eux, lisant mon soutien. J'espère qu'il saura lire mes pensées, parce que je m'efforce à les rendre les plus évidentes possible. Je ne veux pas qu'il se laisse écraser par son père et ce qu'il dit, qu'il le laisse ainsi étouffer sa passion et combien il met du cœur dans ce qu'il veut pour cette société. Harry est quelqu'un de fort et je le sais, il est trop fort pour que son père le rabaisse constamment et le fasse se sentir comme ça.
« Laisse moi jeter une œil. » Je lui fais signe de se décaler sur son fauteuil et me glisse à côté de lui, me contorsionnant pour faire entrer mon derrière dans l'espace restreint, et regarde son dossier ouvert sur son écran.
Il est assez long et s'étend sur une trentaine de pages. Je survole rapidement les points clés, lis attentivement ses conclusions, ses transitions, observe les graphismes, je prends note des détails, du budget, de la quantité d'argent que fait le domaine. Je n'avais pas fais un tel travail depuis maintenant un petit moment, sachant que j'ai fini mes études avec une année d'avance il y a un certain temps, mais je retrouve facilement mes marques dans le textes et arrive à déceler une bonne méthode de la part de Harry. Il a pensé à chaque détail, toutes les questions soulevées ont une réponse. Tout ce que je me demande est clarifié, chaque fois qu'il semble y avoir un problème il est démonté et annulé. Ce dossier n'est pas parfait, mais presque. Plus important encore, il est sans faille, il fonctionne.
Il présente un complexe hôtelier au concept bien fondé et intelligemment pensé pour étendre l'activité du domaine. Un restaurant pour les visiteurs, une visite du caveau gratuite pour les clients de l'hôtel, possibilité de se balader dans les vignes, dégustation de vin. Le dossier n'est pas fini mais du peu que j'ai lu le complexe semble intéressant et représente un rêve pour de fortunés amateurs de vin ou simplement de riches personnalités en recherche d'un refuge de tranquillité. Inévitablement ça donne de la visibilité au domaine et son vin, ça fait rentrer de l'argent, étend les ventes à une nouvelle catégorie de personne. Le budget peut très facilement être débloqué, comme il l'explique si bien, non seulement au vu de la valeur astronomique de leur patrimoine mais surtout à la quantité de bénéfice engendré par le domaine.
« Si ton père refuse ce dossier... il n'est pas un bon business man. » Je secoue la tête et me tourne de nouveau vers Harry. Je ne sais pas combien de temps ma lecture superficiel de son texte aura durée, mais visiblement assez pour qu'il se fasse un sang d'encre. J'ai l'impression que je viens de lui retirer une écharde du pied qui était là depuis des mois tant il soupir de soulagement.
« Tu.. tu le penses vraiment ? Tu dis pas ça pour être gentil ? »
« Bien sûr que je le penses. » Je me tourne de nouveau vers les papiers sur la table, tout ce qu'il n'a pas encore put vraiment approfondir en détail dans son dossier, et je les tires sous mes yeux à leur tour. « C'est un travail minutieux et tu le fais sérieusement, il n'y a aucune raison de penser que c'est une mauvaise chose, ton père serai même très con de passer à côté d'une chose pareil. » Je secoue la tête, soulignant l'invraisemblance d'un refus face à une telle idée et ce qu'elle représente pour leur boîte. « Étendre l'activité du domaine et le transformer en lieux touristique accès sur le vin n'est qu'une bonne idée, je ne vois que des bonnes idées. » Je relève en pointant la petite liste d'activité qu'il a inscrit rapidement sur une feuille de brouillon. « Quand est-ce que tu as eu cette idée ? » Je me tourne vers lui pour le trouver là, déjà en train de m'observer de ses yeux intéressés, et je souris.
« Je sais plus trop.. » Marmonne-t-il. « Autour du mois de février ? » Son ton marque son doute et je hoche la tête.
« C'est vraiment un super projet... genre... tu devrais finir ce projet et le présenter à ton père, je suis sûr qu'il l'accepterai. Il a besoin d'arrêter d'être si dur avec toi, tu es tellement plein de potentiel... » Mes mots se finissent dans un presque soupir alors que je le regarde toujours.
« J'aimerai vraiment qu'il me voit de la même façon. » Souffle-t-il, pinçant ses lèvres et détournant son regard dans la pièce. « Juste une fois dans ma vie... je voudrais qu'il soit fier de moi. » Je tique.
« Toi... sois fier de toi. » Son regard s'affole vers le mien de nouveau et je réalise finalement que je suis à moitié assis sur ses genoux dans sa chaise de bureau, qu'il est tout proche de moi. Mon cœur remonte dans ma gorge. « C'est le principal, sois fier de toi, de ce projet, mène le à bien. Ton père sera forcé un jour de réaliser comme tu es incroyable. »
« Et si il le réalise pas... »
« On l'emmerde. »
Il fait un petit sourire et sa main sur l'accoudoir à côté de moi tombe sur ma hanche pour la serrer gentiment. Mon souffle se coupe un instant alors que je l'observe. Le revoilà, monsieur j'ai confiance en moi. Il me sourit avec reconnaissance et amusement, et je me sens à nouveau faible devant lui. Comme si c'était l'ordre des choses. Harry est beau, et moi je n'ai qu'à encaisser et faire de mon mieux pour ne pas tomber dans les pomme en face de son sourire charmeur. Faire de mon mieux pour ne pas chavirer sous la vague de chaleur qui me submerge. Pour ne pas tomber encore plus amoureux de lui.
J'ai envie de l'embrasser. Ne serai-ce pas le meilleur moment ? Je pourrais me pencher vers lui et l'embrasser, saisir son visage en coupe et apprécier de sentir sa prise sur ma hanche se raffermir. On pourrait passer des heures dans cette pièce à s'embrasser sans ne rien faire de plus, flirtant avec l'intense juste pour le frisson, mais sans que rien d'autre ne s'enflamme, sans que personne ne nous voit. Ce serai le meilleur moment. Juste lui et moi dans le silence, à s'embrasser comme si le monde aller cesser d'exister. Ce serai le bon moment... Mais peut-être pas pour lui.
« Merci Louis. » Souffle-t-il à la place de me détruire en baiser sur le bureau, ne me laissant que l'opportunité de lui sourire en échange, en guise de de rien. Me poussant ainsi à ravaler mes sentiments et la chaleur sous mes cotes et me concentrer sur ce qui en vaut la peine maintenant, sur le centre de l'attention à ce moment.
« Je vais t'aider à le monter ce dossier, et je vais t'aider à le présenter à ton père. Ok ? » Il souffle rapidement par son nez, souriant avec amusement.
C'est peut-être stupide de l'encourager à faire cela quand tout ce que je veux vraiment c'est qu'il s'en aille et cesse d'être si proche de cet environnement toxique dans lequel il trempe depuis son enfance, mais ce projet est trop gros pour être ignoré. Il a de l'importance pour Harry et je veux qu'il réussisse à le mener à bien, je veux qu'il en mette plein les yeux à son connard de père, que ce dernier s'en morde les doigts de si mal le traiter et lui parler. Je veux qu'il regrette et que Harry brille. Alors finalement, les deux idées vont un peu ensemble. Beaucoup de choses ne vont pas très bien dans sa vie. Que ce soit sa relation détruite avec son père qui le pousse dans un constant besoin de validation, ou sa peur d'aimer à nouveau. Mais je suis là, et même si je suis terrifié par le facteur inconnu de notre fin, je suis là, et je veux faire ce qui est bien pour lui.
Harry mérite d'être bien dans sa peau pour de vrai et sur tous les plans. Au diable son connard de père qui lui empoisonne la vie. Au diable sa connasse d'ex qui a bousillé sa confiance en autrui.
Harry m'a choisit au début de cet été pour être celui qui l'écoute et le comprend et c'est exactement ce que je vais faire. Et en plus de ça je vais aussi le pousser vers l'avant et à lâcher ses démons, le pousser à être fier de lui. Parce que lui m'a choisit et que moi je l'ai choisi en retour.
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J'aime beaucoup ce chapitre! Après avoir passé les cinq derniers chapitres sur la relation de Louis et Harry je suis contente de pouvoir en montrer d'avantage sur l'étrange famille Styles et leurs problèmes familiaux. Ça joue un rôle très important dans la vie de Harry et a pas mal d'impact sur sa relation avec Louis (oui oui avec Louis) alors j'espère que je n'ai fais que titiller votre curiosité.
J'ai vu et je sais que certains sont déjà bien sur la voie concernant ces problèmes familiaux et leur nature hehe ! Well done ! S'il vous plait gardez le secret pour vos congénères ! J'ai déjà bien assez fais de bêtise en tweetant des trucs maladroits à ce sujet ! Alors zip zip ! On ferme la bouche à double tour et on jette la clé !
Plein d'amour ! xxxx
-Joëlla
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