Chapitre 26 : Le cavalier est un voleur

Je n'arrivais plus à dormir. Je me suis bien assoupi dans la nuit, mais quand je me suis réveillé plus tard je n'arrivais plus à fermer les yeux. Tout est encore si net dans ma tête, jusqu'à la moindre sensation, au moindre petit souffle. Entendre Harry dormir dans sa propre partie de la tente n'aidait pas spécialement non plus. Alors je suis sorti. Le soleil semble à peine levé, ses rayon courant sur la surface de l'eau. Il fait encore froid, mais le champs matinal des oiseaux me réveil quelque peu. Moi, je me tiens là, solitaire au bord de l'eau, assis, jambe ramené contre moi, je regarde l'eau. J'ai sorti de quoi faire un brin de toilette mais je n'ai pas eu l'énergie de faire quoi que ce soit. Alors je me suis juste assis.

Je passe mes doigts tout doucement sur mes lèvres, j'essaie de récupérer les sensations mourantes, de raviver les souvenirs dans ma tête. Est-ce que j'ai rêvé ? Est-ce que je l'ai imaginé ? Est-ce que Harry m'a vraiment embrassé ? Je n'arrive pas à y croire, et pourtant quand je touche mes lèvres j'arrive à le sentir à nouveau. J'arrive à sentir ses lèvres, sa langue, son souffle sur moi, ses soupirs, la brûlure de son souffle. Mon cœur bat à tout rompre et je presse mon autre main dessus comme pour le calmer.

J'aimerai me réjouir mais j'ai pourtant tellement peur. Qu'est ce que ce baiser signifiait ? Si je peux assurer que je l'ai aimé à un point inconditionnel, je ne peux pas être sûr que Harry a ressentit la même chose. Et si c'était un moment de faiblesse de sa part ? Une expérience ? Peut-être aurait-il trop but ? Tant de chose pourrait venir contredire mon bonheur comme c'est déjà arrivé par le passé. N'importe quoi me ferai revenir à ma place de petit clown.

J'aimerai penser que j'ai eu la seule chose que Madeleine n'a pas eu, mais même ça je n'en suis pas sûr finalement. Peut-être qu'il fait ce genre de chose ? Boire et embrasser quelqu'un ? Qui serai-je pour le blâmer, n'ai-je pas moi même déjà flirté avec des gens en étant alcoolisé sans pourtant que je ne puisse conclure quoi que ce soit ? Peut-être a-t-il déjà embrassé Madeleine auparavant ? Harry ne sait même pas que je suis amoureux de lui, il n'a aucune raison de croire que c'est une mauvaise chose de m'embrasser, aucune raison de croire que ça pourrai me donner des espoirs. Pas vrai ?

Je ne sais pas si je lui cherche des excuses, si je dramatise, si je me laisse entraîner par la peur. Je ne le devrais peut-être pas et pourtant tout fuse dans ma tête et je suis fatigué, exténué, par ce que mes pensées me disent. Je ne peux, d'autant plus, pas vraiment les ignorer, rendant cela d'autant plus dur pour mes pauvres neurones.

J'entends des pas dans les pierres, il est aisé de reconnaître la démarche canine de notre ami à pattes et je souris en me tournant vers lui pour le voir approcher de moi.

« Salut toi. » Je lui dit quand il s'assoit à côté de moi et m'observe, comme si j'allais lui donner un truc à manger. « Tu veux aller faire un tour ? J'ai bien besoin de marcher ! » Je me lève finalement, m'étirant de tout mon long, allant même jusqu'à me pencher vers l'avant pour bien tirer sur mes jambes, et pousse un soupir.

Après un rapide allé-retour à la tente pour récupérer le rouleau de petit sac que Harry utilise pour ramasser les bouses de son animal, moi et Brat partons le long de la rive pour une petit balade matinal.

Je suis toujours surpris, malgré la taille colossal de ce chien, de combien il est discret. On ne l'entend pas, il n'aboie jamais, et même quand il est là on ne le vois pas vraiment. Il est constamment allongé quelque part ou silencieusement assis à côté de Harry, parfois il court tout seul faire dieu seul sait quoi et revient plus tard remuant la queue et haletant. Il est un peu comme un grand-père qui fait de petite balade digestive de tant à autre, finalement. Ça me fait sourire.

Je jette un regard à l'heure. Sept heure va bientôt sonner. Je me demande qu'elle heure il est là où est Liam. Je ne suis même pas sûr de savoir où il est, d'ailleurs. Je regarde souvent des vidéos des performances pour le voir à l'œuvre mais je n'ai pas vraiment le temps de le suivre à la trace. J'ai envie de me maudire pour cela, par ailleurs. J'aimerai pouvoir être à deux cent pourcent dans cette histoire avec lui, mais depuis que Harry est dans ma vie j'ai juste des milliards de choses à penser.

Mon téléphone m'indique que dans les frontières des États-Unis il est entre vingts deux et une heure du matin. Je pourrais attendre un peu, mais je crois qu'au dernière nouvelle ils étaient quelque part vers le centre du pays, alors je pense qu'il est plutôt acceptable de vouloir l'appeler maintenant.

Il met un certain temps à répondre, trois ou quatre sonnerie je ne saurai dire, mais quand il répond il a l'air essoufflé. Il doit, sûrement, sortir de scène.

« Hey ! » Je lui répond quand il se surprend de mon appelle.

« Dis donc... tu fais quoi réveillé si tôt toi. » Rigole-t-il.

« Pas grand-chose, j'arrivais pas à dormir. » Je hausse une épaule, balayant la rivière du regard et le soleil matinal qui perce les arbres depuis l'horizon. « Ça va ? J'ai pas regardé de live de la performance mais je suis sûr que tu as été super, comme à chaque fois. »

« Oh merci mec. » Dit-il, la voix attendrit. « Ça devient une sacré routine, la vie en tournée c'est vraiment une expérience de dingue ! J'ai vraiment hâte que la partie US se finisse et qu'on passe à la suite de la tournée ! »

« Tu m'étonnes, tant d'endroits et de choses à voir, des gens à rencontré, je suis sûr que c'est dingue ! Je suis tellement fier de toi en vrai. » Je pousse un lourd soupir et lève mes yeux vers le ciel. Le bruit autour de Liam doucement s'évapore et finalement une porte se ferme et il soupire lourdement.

« Ça aurait été trop trop bien si j'avais pu te ranger dans ma valise, on aurait grave put rigoler et tout ! » Il semble surexcité, ça me fait rire. « Les gens de la troupe de danseur sont géniaux, on sort tous ensemble presque à chaque fin de concert j'aurai vraiment trop voulu que tu sois là, c'est des gens ouverts et tout et.. wow ! » Je glousse.

« Aussi fort suis-je flatté que tu penses à moi de la sorte essaie de profiter au max pour toi même ! » Je secoue la tête dans mes propos. « Ça me ferait soucis que tu passes plein de temps à te dire que tu aurai voulu que je sois là alors que tu pourrais juste t'amuser ! »

« T'inquiète pas je m'amuse déjà vraiment bien. C'est juste le jeu de circonstance, je suis encore un peu préoccupé par ton état. » Je roule mes yeux.

« Mon état va très très bien, merci de t'y intéresser. » Je feins une révérence, même alors qu'il ne la voit pas.

« Je sais oui. » Souffle-t-il, un sourire dans la voix. « Mais même. Tu peux pas trop m'en vouloir, c'est pas toi dont le meilleur ami a frôlé la mort ! » Il a beau le dire sur le ton du rire je sais que c'est un vrai problème, peut-être même un vrai traumatisme. Même alors qu'il est arrivé à l'hôpital bien après que j'ai été pris en charge et sauvé, ça doit être bizarre de savoir que j'ai été gravement blessé. Même alors que je suis le seul à savoir quel délire m'a saisit de sentir ma vie s'écouler par mon bras.

« Je sais, mais on devrait pas en parler. Tu devrais juste profiter de la tournée. »

« Oui chef ! » S'esclaffe-t-il. « Je ferai de mon mieux chef ! »

« J'aime mieux ça ! » Je gousse gentiment. « On aura tout le temps du monde de s'amuser et de sortir quand tu auras fini cette tournée. » Je lui assure en échange.

« Encore heureux ! Enfin... uniquement si t'arrive à revenir de ce voyage avec ton prince charmant ! » Il rit. « D'ailleurs ? Avec messires Styles... comment vont les choses ? »

« Eh bien... ma foie bien ! » Je sens mes joues brûler. « On... on s'est embrassé hier soir. »

Le silence me répond. Je ne sais pas trop ce qu'il veut dire. Surpris ? Choqué ? Déçus ? Heureux ? Incrédule ? Tout ça à la fois ? Je ne lui en voudrai pas, j'ai moi même traversé toutes les étapes de la réalisation en quelques pognées de minutes.

« Embrassé ? » Demande-t-il finalement.

« Comme je te dis... c'était loin d'être génial jusqu'au bout... on avait un peu bu et... Et puis il a vomi. » Je fais une grimace et shoot dans une petite pierre. J'ai bien retenu ma leçon, plus jamais je ne dois me penser assez fort pour taper dans une pierre grosse comme un pomme, sauf si je veux m'estropier.

« Eew... quelle histoire. » Siffle-t-il.

« Comme tu dis... Mais bon... c'était bizarre mais c'était vraiment un super baiser. Ça faisait... vraiment longtemps que j'avais pas ressentit tant de chose en embrassant quelqu'un. »

« Wow sérieux ? » Répond-il. « Mais c'est grave bien ! Enfin... j'imagine que vous en avez pas encore parlé... mais en tout cas c'est vraiment bien. »

« Je trouve aussi.. » Je prend une longue inspiration en m'immobilisant, laissant une brise caresser mon visage avec tendresse, pousser mes cheveux vers l'arrière et refroidir mes oreilles un petit peu. « Ça pourrait être vraiment bien qu'il ressente la même chose... ou du moins un truc similaire. » Bien que je m'autorise à dire ce genre de chose, et aussi à le penser, je ne veux pas non plus me faire espérer pour rien, j'ai le sentiment que quelque chose va mal tourner. Je ne sais pas si j'ai raison ou si je suis simplement paranoïaque à cause de toutes les fois où un garçon m'a fait des misères, mais je le ressens et je ne veux pas l'ignorer.

« Je te le souhaite. » Souffle-t-il. « Hum.. je vais devoir te laisser ! On va y aller avec les potes ! Quand je serai de retour en Europe on sera à nouveau sur les mêmes créneaux horaire, ce sera plus simple pour s'appeler ! »

« J'attends ça avec impatience ! »

Finalement notre appelle prend fin, et quand je baisse les yeux, en rangeant mon téléphone portable dans ma poche, c'est uniquement pour voir Brat me regarder droit dans les yeux alors qu'il fait son affaire un peu plus loin.

« Bah quoi, t'essaie de revendiquer ta dominance ? Tant mieux si tu peux faire ça en plein jour comme ça, nous autres devons aller creuser des troues dans la forêt ! »

J'appuie sur les mots, comme si il les comprenait, en enfonçant ma main dans un sac et me préparant mentalement à la tâche ingrate que je m'apprête à faire. J'ai déjà vu Harry faire ça plusieurs fois. Depuis qu'on est ici il observe régulièrement les allée et venue de son chien pour s'occuper de ce qu'il laisse derrière lui, et je sais que, chez lui aussi, il fait honneur et ne pas laisser une crotte traîner sur le terrain. Moi, je ne sais toujours pas avec quelle force mental il arrive si facilement à faire ça.

Quand je reviens au campement, un peu plus tard, il doit être environ sept heure trente, et, à ma grande surprise, les autres garçons sont tous réveillés. Harry tient un pain de glace contre son front et je me moque gentiment de lui avec un petit rire dans ma barbe.

« Beh alors, t'es bien partit loin ! Tu m'as fais peur ! » Je me tourne vers Lucas avec surprise alors que Brat continu sa route vers Harry pour lui dire bonjour. Celui-ci à les yeux levés vers moi alors qu'il caresse la grosse tête de l'animal.

« Oh, j'étais levé tôt et Brat avait envie de faire un tour. »

« T'aurais pu prévenir ! » Répond-il.

« Ouais, monsieur nous a réveillé parce qu'il te trouvait plus. » Dit Thomas, baillant dans sa main.

« Oh mais j'étais même pas si loin ! J'étais juste là bas. » Je pointe la direction d'où je viens et pouffe gentiment en jetant le petit sac plastique dans notre poubelle. « Ça ne servait à rien de réveiller tout le monde, surtout ce pauvre Harry et sa gueule de bois. » J'échange un regard avec celui-ci. Il a un regard fatigué et fais un sourire sarcastique.

Je ne l'ai jamais vu comme ça et ce serai mentir de dire que je ne profite pas un peu. Il a sa tête du réveil, mais en bien pire. Ses yeux tiennent à peine ouverts, ses cheveux sont tout fouillis et certain collent un peu à ses tempes, il a des cernes bien colorées, c'est presque trop amusant. Ça me permet un peu plus de réaliser que Harry a bon être le 'papa' du groupe, il est, surtout, le plus jeune. Il sort à peine de ses années d'adolescence, et ça se voit ce matin, alors qu'il tire la gueule et supporte une gueule de bois douloureuse.

« En plus.. j'ai sorti des affaires de toilettes, alors y avait aucune raison de me croire perdu. » Je reprends finalement en souriant.

« D'accord ! » Lucas lève ses mains avec innocence. « J'ai compris ! Je me suis fais trop de soucis pour rien ! » Il secoue la tête et pousse un rire. « On devrait redémarrer le feu, je vais chercher du bois. »

« Ouais, je viens avec toi. » Déclare Thomas en tirant ses bras au dessus de sa tête quand il se lève.

Les deux camarades ne nous demande pas notre avis, même si je vois bien le regard de Lucas vers moi, furtif et rapide. Ils s'éloignent tous les deux bras dessus, bras dessous. Je souris gentiment en regardant leur silhouette rapetisser sur l'horizon puis réalise finalement ce que ça veut dire, si ils s'en vont tout les deux. Je baisse mes yeux, vers le garçon assis sur le morceau d'arbre, glace en main et regard fatigué. Mon cœur s'emballe.

Il lève les yeux vers moi, et me désarme entièrement pas la même occasion. Je ne peux pas tenir, quand je le regarde je n'arrive plus à voir autre chose que sa proximité la veille, ses lèvres et la lueur dans ses yeux, sa bouche et ses mains sur mon corps, son baiser et la façon dont il m'a désiré. Mon souffle est coupé et la scène se rejoue à toute allure sous mes yeux, une fois, deux fois.

« Quelque chose ne va pas ? T'es tout rouge. » Je racle violemment ma gorge, j'essaie de toute mes forces mais en boucle je me revois perché sur ses hanches en train de l'embrasser comme si ma vie entière en dépendait et je me sens tout flasque, tout bizarre, tout chaud.

« Hum.. je.. » Je m'assoie à mon tour, sans le regarder, à bonne distance, comme si j'avais peur. Il y a un nombre impensable de mots qui existent dans une langue vivante, et pourtant à cet instant je n'arrive pas à en trouver un seul pour débuter la moindre phrase. Je ne sais même pas ce que je veux lui dire. Lui poser une question ? Mais laquelle ? Ce qu'il ressent pour moi ? Si j'ai raison de penser que j'ai une chance ? Raison d'avoir l'impression d'avoir gagné quelque chose face à Madeleine ? Ce qui l'a poussé à agir ? Si ça lui a fait le même effet ? Par où commencer ? Il y a tant que je voudrais lui dire, tant que je voudrais savoir, et j'ai pourtant tellement peur.

« Hé au fait... » Mon cœur bat à tout rompre, j'ai l'impression que je vais tourner de l'œil, m'évanouir, mourir, tomber, sombrer, pleurer, vomir, crier, rire. Les émotions passent à cent kilomètres à l'heure sous mes paupières et je m'étouffe tout seul.

« Oui ? » Je ne suis même pas sûr que ma voix soit vraiment audible.

« Hier soir.. » Oui ? Quoi ? Que va-t-il dire ? A-t-il oublié ce qui s'est passé ? A-t-il comprit que je l'aime ? Je le dégoutte ? Il avait pas vraiment envie ? Il a fait un bêtise ? Il a agit sans réfléchir ? Il voulait vérifier quelque chose ? « Je.. Je suis désolé. Je- » Il se coupe net dans sa phrase mais je ne sais même pas si je l'entend, cette phrase, quelle qu'elle soit. Je n'entends que le bruit de mon cœur. Il ralentit doucement, il se calme. Puis il se brise un petit peu plus alors qu'un sanglot cherche à remonter dans ma gorge, à secouer mes épaules, mais je le garde là sous mes cotes. Pour plus tard. Quand je serai seul, que je pourrais pleurer dans mon fichu costume de clown.

« Oh.. » Je glousse, mais je sais que ça sonne un peu faux. Je n'ai même plus l'impression d'être vraiment là. Je n'ai même pas l'impression de vraiment le voir même alors qu'il est juste là. « Hum, t'inquiète pas, je... c'est.. c'est pas grave. » Je baisse la tête, soufflant un rire jaune par le nez en fixant mes genoux repliés vers moi.

« C'est... je sais pas.. ce qui est arrivé comment...» Il cherche ses mots. Il est trop calme. Je hais ça.

« Vraiment... ne t'en fais pas.. c'est pas grave je sais ça... ça m'arrive tout le temps t'inquiète. » Il se redresse pour me lancer un regard mais je n'y répond pas, je fixe mes mains, j'encaisse en silence. J'accuse le coup. La douleur, la déception, l'impression d'être la raison des rires, le centre de la moquerie, je connais. Je sais comment faire face. Et ce n'est pas en lui faisant face à lui.

« Hum... non, c'est pas-. »

« T'inquiète pas ! » Je ne peux pas rester là. « Je vais aller faire un tour ok ? Tu diras à Lucas que je suis parti sinon il va encore se faire du soucis. » Ma voix a du mal à tenir jusqu'au bout et je sens qu'elle tremble sur les derniers mots. Je vais pleurer.

Harry me regarde sans savoir quoi dire, et ses raisons sont valable, que pourait-il dire ? Ses yeux restent sur moi alors que je me lève et je sens qu'il va dire quelque chose, il tend son doigt, il se tient prêt, mais je fais un rapide volte-face pour lui donner dos et je m'en vais, sans lui laisser la moindre chance de dire quoi que ce soit. Je presse mon pas et sens les larmes dévaler mes joues une à une sans s'arrêter. Je m'approche des abords des rapides, l'eau est moins profonde ici alors je laisse mes tongs sur la berge et traverse la rivière alors qu'un premier hoquet secoue mes épaules. Je me presse, je ne veux pas être vu comme ça.

Quand j'arrive en face, sous les arbres, j'accélère mon pas, je trottine, je m'enfonce entre les arbres et suit les chemins qui s'entortillent, et enfin mon premier sanglot sort, et à la seconde même où il sort tout mon corps refuse de continuer. La jambe devant moi fléchie et je tombe à genoux sur le chemin. Et je pleurs.

Je pleurs mais aucun son de sort de moi, rien d'autre que ma respiration toute hachée et tremblante. J'enfonce mon honteux visage de clown triste dans mes mains, je me cache du monde et de son regard, je me cache parce que ça me donne le sentiment que tout va bien. Le sentiment que je ne suis pas stupide. Le sentiment que je n'ai pas osé croire que tout ça aurai du sens ou de l'importance.

Je veux rentrer chez moi, j'en ai assez d'être ici, j'en ai assez de ce camping. Assez de Harry, assez de problème de cœur, assez de Lucas. Je veux juste m'allonger et oublier tout ça. Je voulais juste venir ici passer des vacances et aller mieux. Je voulais juste aller bien. Je ne voulais pas de ça, de ces douleurs. Je ne voulais pas vivre le baiser le plus renversant et incroyable de ma vie et que ça ne signifie rien pour lui. Je ne voulais pas toucher de si proche l'infini juste pour me la faire retirer ensuite, comme si je ne l'avais jamais mérité. Comme le malheureux clown que je suis.

Je prends une inspiration saccadée, lente et cassée. Je regarde droit devant moi. Je ne suis qu'un idiot, je ne veux plus jamais qu'on me vois, qu'on me regarde, je ne veux plus jamais qu'on puisse me blesser. Laissez moi, ne venez pas, je ne veux pas de vous et de vos intentions, bonnes ou mauvaise, gardez les.

Je sais que j'ai cru que c'était un rêve, ce baiser, mais je ne voulais pas que ça en soit vraiment un. Que je sois le seul à avoir ce sentiment encore présent sur mon corps, dans mon corps, sur mes lèvres, je ne voulais pas vraiment que ça se passe ainsi. Je ne le pensais pas. Qui, là haut, a décidé de jouer comme ça avec ma vie et de me mettre tous ces ennuies sur la route. Je n'en veux pas, gardez tout ça, gardez ces peines, gardez ce cœur qui bat uniquement pour me faire mal, gardez ces coups bas qui ne font rien d'autre que me faire saigner.

Quand enfin mes larmes semblent tarir sur mes joues, pour être remplacées par une sensation de tiraillement, je n'arrive pas à savoir le temps que ça a durée. Le temps que je suis resté là, pathétique, agenouillé par terre à pleurer sur mon sort. Assez, sûrement, pour que quelqu'un décide de venir me chercher, à en croire les pas dans mon dos. J'aimerai que ce soit Harry, mais je ne peux pas me faire de grandes illusions longtemps. Il n'a aucune raison de venir derrière moi, et je n'ai aucune raison de penser qu'il le ferai.

« Hé... qu'est ce qu'il se passe ? » Je me tourne par dessus mon épaule pour regarder Lucas, qui d'autre, s'avancer vers moi sur un pas peu sûr, comme si j'étais un oisillon blessé et apeuré.

« Rien. » Je renifle, je frotte mon nez, j'ai sûrement les yeux bouffis, en bref il est clair que je mens. Il n'est pas dupe, évidemment.

« Louis tu me prends pour qui ? »

« Je sais pas.. un idiot ? » Il pousse un petit rire et s'assoit à côté de moi.

« Que ce passe-t-il ? »

Et pourquoi ce n'est pas Harry d'abord. Moi je l'ai suivit les deux fois où il avait l'air mal, les deux fois où je l'ai entendu ou vu pleurer ou peiné. Alors pourquoi lui ne me rend pas la faveur. Pourquoi lui ne vient-il pas à moi, là, pour s'asseoir et me demander ce qui ne va pas ? Il l'a déjà fais en plus, à la fête d'anniversaire de son stupide domaine. Alors quoi ? Je suis soudainement devenu repoussant ? C'est ça ? Ce baiser l'a-t-il à ce point dégoutté de moi ? Ne veut-il avoir plus rien à faire avec moi maintenant ? A-t-il lu en moi, compris mes sentiments, et fuit-il donc devant ceux-ci ?

« Demande à ton abruti de meilleur ami. » Je rage dans un murmure, tombant sur mes fesses pour ramener mes genoux contre moi et les entourer de mes bras.

« Harry ? Qu'est ce qu'il a fait celui-là.. » Murmure-t-il, en rogne à son tour bien alors qu'il ne sache pas ce de quoi il s'agit. Il ne devrait pas rager, parce qu'il ne ragerai pas pour mon compte si il savait pourquoi je pleurs vraiment.

« Ne sois pas en colère contre lui c'est la dernière personne contre qui tu devrais t'énerver. » Je renifle et me détourne de lui, juste pour ne pas qu'il me voit enfoncer mon visage dans la pliure de mon coude et silencieusement recommencer à pleurer.

« Comment ça ? Si c'est lui qui t'a mit dans cet état il mérite que je sois en colère. » Un nouveau sanglot m'échappe finalement. Le deuxième de cette crise de larme. La troisième en deux mois. Décidément, je brise des records.

« Tu ne sais rien de l'histoire pourtant. » Ma voix est serrée. « Je pleurs parce que ce débile m'a embrassé hier soir et que de toute évidence il regrette. » Je ne suis pas sûr de savoir si je l'ai vraiment dit, ou de sil il a entendu, parce que le silence qui tombe derrière, comme une chape de plomb sur mes cotes, me donne le sentiment d'être dans un cauchemar.

Ce doit être ça. Je vais me réveiller et je serai dans mon lit dans mon appartement, et tout sera revenu à la normal. Tout ça n'aura jamais existé. Tout ça n'était qu'un cauchemar, un stupide cauchemar.

Le bruit des cigales devient lourd. J'ai l'impression que deux minutes entières se sont passé depuis que j'ai dis ça et que Lucas est toujours là, tout con à ma gauche, et qu'il ne sait pas quoi répondre. Je ne peux qu'imaginer ce qu'il ressent, et même en l'imaginant je n'arrive pas à me faire une vrai idée de ce qu'il se passe. Toute l'histoire avec Harry sort de nul part pour lui. Harry a sûrement toujours était hétéro et n'a jamais émis le moindre doute sur sa sexualité, ce doit être une drôle de nouvelle à apprendre sur quelqu'un qu'il connaît depuis un moment. Également, à ses yeux, Harry n'était pas une menace quelconque pour notre relation, à lui et moi, alors apprendre soudain une chose pareil doit faire un coup.

Je réalise peut-être un peu trop tard que je n'aurais pas dû le lui dire. Harry, à en juger par ses mots de la veille, juste avant de vomir, est peut-être en train de se poser des questions plus qu'importante sur qui il est. Même si à la fin tout ceci devait-être une erreur dans son parcours ou une façon de réaliser qu'il est vraiment hétéro, c'est un moment qui n'appartient qu'à lui. Je me sens coupable de le dévoiler ainsi à Lucas. J'aurai haï que des gens me sortent du placard à ma place, encore plus si ça c'était fait avant même que je ne saches ce que j'étais.

« N'en parles à personne ok ? Ni même à Harry, je... je veux pas le mettre mal à l'aise. » Je me tourne soudain vers lui et le vois se tenir là, les yeux penseur la bouche entre ouverte.

Le mouvement, allié avec ma voix qui s'exprime à nouveau, l'attire dans le monde réel et il porte son attention vers moi. Un petit sourire gêné tire ses lèvres et il hoche la tête de façon minime.

« Oui.. bien sûr. » Dit-il, la voix vide et blanche, le ton neutre. « Mais je-... Enfin vous- ? »

Je soupire longuement. Je n'aurai pas du lui dire. Je suis stupide, je me suis laissé emporté, et me voilà avec un regret de plus sur la liste.

« On s'est embrassé. » Je repose ma tête sur mes genoux, et prend un profonde inspiration alors que la scène se rejoue dans ma tête pour la centième fois au moins.

« Je... J'avais pas réalisé que... lui et toi... je.. est-ce que... je devrais être au courant de quelque chose ? » Il hausse un sourcil et je lui souris, faussement, rapidement, juste pour tromper mes larmes un instant.

« Je suis amoureux de lui. »

Ses yeux me fixent, sa mâchoire se serre une seconde. Son regard tombe lentement alors qu'il encaisse l'information. Je ne lui en voudrai pas d'avoir n'importe quel réaction, haine, colère, peine, déception, elles sont toutes légitimes face à ce que ça signifie pour lui. Si il se sent trahi ou blessé je ne peux que m'excuser faire profile bas, c'est ma faute et je le sais.

« J'aurai dû te le dire avant, je sais. J'ai aucune excuse à te fournir, j'avais pas le droit. » Il souffle un peu du nez.

« C'est sûr oui.. t'aurai dû me le dire. » Confirme-t-il. « Après... on ne s'est rien promis, toi et moi. » Il se tourne de nouveau vers moi. « N'est ce pas ? J'aurai voulu que tu me le dises, mais... » Il se tourne vers l'avant. « Mais finalement ça ne change rien, on avait rien de promis entre nous, rien d'exclusif... et puis je serai mal placé pour te dire quoi que ce soit. » Il hausse ses épaules. « Je suis toujours amoureux de mon ex. »

« Oh. » Je constate.

« Oui.. donc tu vois... quand je disais que je n'attendais rien de nous... je le pensais. » Il hausse des épaules une nouvelle fois. « Pour moi... c'est surtout toi qui compte là. Moi mon ex n'est plus dans ma vie et dieu seul sait si elle va revenir un jour dedans.. mais toi... Harry est juste là et contrairement à moi... c'est un amour récent. » Je presse mes lèvres et mes yeux passent entre les deux siens en allées retours, à la recherches de la blague dans ce qu'il dit. De tous les scénarios que j'imaginais, pas un seul ne prenait en possibilité qu'il puisse réagir ainsi. « Si tu veux arrêter... qu'importe ce qu'il se passe entre nous.. je comprendrai. »

Je réalise tout de même qu'il a raison. Je ne lui ai pas dis que j'en aimais un autre, mais je n'ai pas menti en disant qu'il me plaisait, physiquement, sans sentiments. Nous nous sommes aussi bien mit d'accord sur le fait qu'on ne voulait que s'amuser. Et, finalement, que j'aime Harry ne change rien à ce jeu de séduction entre lui et moi. Ce qui pourrait, cependant, changer les choses, ce serai le fait que je puisse avoir une petite chance, même microscopique, avec Harry. Ça changerai toute la donne et seulement alors rendrait ma relation avec Lucas mal placé.

« Prends ma parole pour ce qu'elle vaut... mais Harry n'est pas le genre de personne à embrasser n'importe qui, sur un coup de tête. » Il me fait un sourire et je sens mon visage devenir rouge, si rouge que mon camarade en rigole. « Il y a sûrement bien plus derrière tout ça... je pense... qu'il t'a embrassé parce qu'il en avait envie sur le moment et que l'alcool l'a aidé. Et maintenant... il est perdu. »

« Perdu.. ? »

« Perdu. » Il fait un mouvement de main soulevant une évidence et souffle bruyamment par le même moment, une grimace sarcastique collé à sa figure.

« Au diable qu'il soit perdu, c'est moi qui suis perdu dans tout ça. Le mec que j'aime m'embrasse et visiblement regrette. Je sais pas si tu réalises que je vis avec lui en ce moment, il n'y a aucun moyen que j'assume quoi que ce soit de tout ça moi. » Je pointe une direction au hasard, pris par l'entrain des mots, et ses lèvres se plie en rictus réflectif.

« Je sais... » Admet-il, désolé. « Mais je pense... je pense pas qu'il regrette. Ou alors pas dans le sens où tu l'entends. » Il tire une moue sur le côté de ses lèvres, réfléchit et tapote même son menton comme pour clarifier ce fait. « Je peux pas vraiment m'exprimer à sa place, mais disons que c'est dur pour Harry d'aimer et d'être aimé. Il n'aime pas Madeleine, et je pense qu'il ne l'aimera jamais comme elle l'aime, je pense juste qu'il a envie de l'aimer un jour. » Il sourit doucement et dans ce geste je décèle la vrai affection que Lucas a pour lui. « Il a envie d'aimer à nouveau alors il se raccroche à Mad comme si elle était sa seule option pour retrouver ça... Je pense... qu'il ne sait juste plus où il en est, qu'il n'a peut-être pas une seconde considéré que tu pouvais être non seulement celui qui l'aime lui, mais celui qu'il pourrait aimer. Alors il a agis en état d'ivresse, un peu plus proche de son inconscient, avant de se rendre compte de ce qu'il ressent, et maintenant il se retrouve face à quelque chose de nouveau qu'il ne sait pas appréhender. Tout ça... c'est nouveau et bizarre pour lui. »

J'ai déjà vu les deux camarades ensemble, rire et blaguer, mais finalement je n'ai jamais vraiment été témoin de la profondeur de leur amitié. Ils auraient aussi bien put être ami par le travail, comme c'est de toute façon le cas, et pourtant quand il sourit je vois que ce ne sont pas des histoires quand on les qualifie de meilleurs amis. J'arrive à voir que Harry a de l'importance pour lui.

« Je ne sais pas tout à son sujet, parce qu'il est quelqu'un d'assez réservé.. mais crois moi... ce n'est pas une mince à faire pour lui de comprendre ses sentiments, ou même de les accepter, surtout si c'est aussi... soudain. » Il hoche la tête, appuyant lui même ses mots, souriant même un petit peu. Pour me rassurer. « Par conséquent, c'est quelque chose qui peut te faire peur à toi, surtout si t'avais pas du tout prévu de te mettre dans ce genre de situation ou relation en premier lieu. T'es un peu là malgré toi. » Je serre mes dents en le regardant, sentant mes yeux se sécher de leur dernières larmes.

« J'ai de la chance d'être tombé sur quelqu'un d'aussi compréhensif que toi tu sais ? » Il souffle du nez.

« Je suppose ? »

« C'est pas une supposition, t'aurai eu raison de m'en vouloir et pourtant... » Il secoue la tête et je ne fini âs ma phrase. « Je t'en aurai même pas voulu d'être en colère, mais du coup je suis juste reconnaissant. »

« Je pense.. que ce serai insensible de ma part de t'en vouloir pour quelque chose comme ça dans une relation comme celle qu'on a. T'as aucune raison de me remercier ou quoi, c'est juste normal. » Je fais un sourire et souffle même un petit peu, touché par sa gentillesse.

« Est-ce que... je peux te demander comment ça s'est fini avec ton ex ? Ou c'est déplacé ? » Son sourire se teinte d'une certaine peine et il détourne son regard pour le baisser vers le morceau de rivière en travers des branches. Si je plisse les yeux je peux voir la tente sur la berge d'en face.

« Elle... elle est en hôpital psychiatrique. » Souffle-t-il, le vent balayant ses mots presque aussi vite.

« Oh... je.. je savais pas désolé. »

« Non t'en fais pas. » Il force son sourire quand il baisse les yeux vers le sol. « Tout le monde est au courant. Elle a fait une tentative de suicide l'année passé, elle a rompu avec moi avant d'être admise en institue. Elle veut pouvoir se concentrer sur elle et son rétablissement et je la soutien dans sa décision, même si ça veut dire que je dois la laisser faire ce bout de chemin seule. » Je me sens idiot.

Je ne sais pas ce que je pensais mais je me retrouve assez con face à cette confession assez sérieuse. Je n'ai pas les mots nécessaires pour parler de telle chose à quelqu'un. Que voudrai-t-il entendre ? Que devrais-je dire et ne pas dire ? Qu'est ce qui fait mal ? Qu'est ce qui fait du bien ? Dois-je me taire ? Dois-je dire quelque chose ?

« Je voulais pas la laisser au début... puis elle m'a dit que c'était ce qu'elle voulait, elle voulait pouvoir aller mieux par elle même. Elle m'a dit de ne pas l'attendre et qu'elle viendrai me récupérer quand elle se sentira mieux dans sa peau, et sera 'une personne plus stable et moins dangereuse pour elle même'. » Il pousse un petit rire attendrit. « Elle m'a dit... que je devais lui rendre la tâche difficile quand elle reviendra. » Il fait un moue et secoue la tête et j'ai un soudain flash-back. Celui d'une photo d'une jeune fille pendant au rétroviseur interne de sa voiture. « Depuis.. je fais un peu de mon mieux pour oublier et passer à autre chose, mais je sais que si elle devait vraiment finir par revenir vers moi quand elle ira mieux.. j'abandonnerai tout pour revenir avec elle. » À mesure qu'il parle je me sens de plus en plus stupide et bizarre. J'étais bien loin du compte quand je pensais que je prenais le moindre risque de lui donner des faux espoirs, dans le pire des cas c'est moi qui aurai eu de faux espoir.

« Je-... » Je quoi ? Je ne sais même pas. Je rien du tout. Je suis juste sur le cul.

« Je comprendrai le jugement de valeur. »

« Je ne juge pas du tout. » Je le contrecarre aussi vite. « Jamais. Personne n'a le droit de te dires ce qui est juste ou non dans ta vie personnel, si tu ne blesses personne alors tu as le droit de faire ce que tu veux. » Il fais un petit sourire.

« Tu sais... moi aussi j'ai eu de la chance de tomber sur quelqu'un de si compréhensif. » Il conclu ce constat avec un sourire sur le bord de ses lèvres, assez contagieux si on prend en compte le sourie qu'il fait naître sur les miennes.

« Maintenant... je pense que je ne vais moralement pas réussir à continuer avec toi, en sachant ce que je sais. » Je fais remarquer à voix basse, tirant un gloussement semi-silencieux de mon compagnon.

« Moi aussi pour dire vrai. » Il prend une inspiration, pour s'armer de courage, et se lève du sol, tendant sa main vers moi avec un sourire. « On devrait retourner avec les autres avant qu'ils ne se posent trop de questions. »

J'observe son visage souriant, sans peine. Il rayonne. C'est beau, c'est inspirant. De lui et son ex ce n'est pas lui qui a vécu le plus dur mais je ne peux pas faire comme si faire face à une telle situation ne m'aurait pas atteint. Et pourtant il rayonne, la tristesse, qui a traversé ses yeux au souvenir du terrible jour où sa bien-aimée à voulu tout quitter, n'est plus là. Elle a laissé place à un sourire, à un rayon de confiance. Confiance en l'avenir. J'aimerai avoir cette force de caractère.

Je hoche ma tête et attrape sa main pour accepter son assistance pour me lever à mon tour. Nos mains ne reste pas liées longtemps, une fois debout l'un à côté de l'autre on lâche prise pour marcher vers la rivière et la traverser dans l'autre sens.

Au campement, tout le monde est maintenant réveillé, et Harry est toujours assis au même endroit. Je fais de mon mieux pour ne pas me vexer de trop quand je vois Madeleine à côté de lui, les jambes passées par dessus une des siennes, tenant son bras entre les siens. J'en ai assez qu'elle le colle toute la journée de la sorte, qu'elle le tienne comme si c'était le sien, j'ai envie de rager et de crier, de prendre sa place et de la regarder de travers pour lui faire savoir que je ne vais pas la laisser faire. Cependant je sais que Harry ne peut pas être possédé, qu'il n'est ni à moi ni à elle et que je me dois de rester digne. Je ne peux nier que me souvenir du baiser de la veille me donne du courage.

Il trône à l'arrière de mon esprit, maintenant bien renforcé par la voix de Lucas m'assurant qu'il ne fait pas ça avec n'importe qui, sous entendant que j'ai plus de chances que Madeleine, et je ne peux pas me retenir de ressentir un petit sentiment de victoire sous mes cotes. Finalement, on dirait que j'ai bel et bien eu quelque chose qu'elle n'a pas, et n'aura peut-être jamais. J'ai envie de penser que je suis passé devant elle, d'une certaine façon. Elle avait un train d'avance, mais j'ai pris un raccourci et me voilà trois gare en avance sur elle. Si Harry m'a embrassé, et qu'il ne fait pas ça avec les premier venu, c'est peut-être parce qu'une part, inconsciente, de lui est attiré par ma personne. Contrairement à Madeleine pour qui il ne ressent rien, selon ses propres mots, selon le regard de Lucas. Harry ne fait que la laisser l'aimer par désespérance.

Je souris. Je crois que cette conversation avec Lucas était nécessaire pour moi, et qu'elle m'a beaucoup apporté. Mon défaitisme a été remballé et envoyé par a fenêtre et le rayonnement du jeune homme a rendu plus clair mes pensées. Je dois commencer à voir les choses d'un autre angle, et il y en a un juste là que je ne peux pas ignorer. Il y a de l'espoir dans le baiser que Harry m'a donné, de l'espoir pour que mon cœur ne soit pas tant brisé à la fin.

Je n'ai plus envie de partir maintenant. Je veux rester ici, et je veux aimer Harry. Je veux que lui aussi il m'aime, qu'importe combien de temps je dois attendre qu'il comprenne et accepte ses sentiments.

Je crois que ma chance a tournée, que le clown a fini par ranger son costume au placard. Me voilà en cavalier ensorcelé par un doux baiser, prêt à renverser la reine, pour voler le cœur du roi..




___

Initialement Harry devait ne même pas se souvenir du baiser, mais finalement changement de plan en dernière minute! 

Que pensez vous donc de ça ?

De ce qui se passe avec Harry ? Des aveux de Lucas le concernant?

Du dénouement de la relation entre Louis et Lucas? De ce qu'on a appris sur le passé de ce dernier ?

Encore plein de bisous et de câlin (c'est pas bien il faut se tenir éloigner, c'est la distanciation social) et vous remercie pour votre amour et votre soutien, vous êtes les meilleurs xx
-Joëlla

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