Chapitre 20 : Le cœur explose si la tête surchauffe

Le soleil brille haut dans le ciel. Est-ce qu'il pleut des fois ici ? D'après Harry oui, et quand il pleut c'est rarement pour rigoler. Puisqu'il fait plus souvent beau tout ce qui ne tombe pas en pluie peu débouler du jour au lendemain durant un gros orage parfois pendant plusieurs jours d'affilés. Autant dire que le ciel ne m'aura jamais paru autant imprévisible et prédateur tout en étant pourtant si beau.

Il fait chaud aujourd'hui, apparemment à part des éclaires de chaleur dans la soirée il n'y a rien à craindre de la part de monsieur l'orage ou de madame la pluie. Mais depuis que Harry m'a parlé de l'imprévisibilité de leurs orages je me sens comme obligé de guetter l'horizon, tel un chasseur de mauvais temps qui viendrai ruiner notre journée en perspective.

Harry se fiche de moi dans la cuisine, avec beaucoup d'enthousiasme, peut-être même trop si je ne m'abuse. Je lui lance un regard mauvais depuis le bord de la baie vitré où je suis assis, Brat sous le bras pour frotter son dos.

« T'es vraiment pire qu'un gosse quand tu t'y mets en fait. » Remarque mon brave ami dans mon dos, fermant la gourde isotherme quand il l'a finalement remplie d'eau. Je me tourne vers le jardin à nouveau ignorant royalement son avis alors qu'il rigole en mettant la gourde dans la glacière.

« Est-ce que tu veux vraiment faire ça aujourd'hui ? Tu pourrais allez faire un tour avec tes sœurs tu sais, je peux tenir une après-midi tout seul. » Je change de sujet, effilant les poiles de mon compagnon haletant à côté de moi. Je ne peux malheureusement pas arrêter de le caresser, sinon il va lécher mon visage ou taper sur ma cuisse avec sa patte pour me rappeler que je suis à son service. « Surtout que Elizabeth rentre dans la soirée quoi. » Harry ne répond pas tout de suite, il reste pensif derrière moi, occupant ses mains avec les préparatif de notre pic-nique. « Je dis pas ça parce que tu m'as fait me lever à huit heure du matin... mais presque. » Il pousse un rire.

« J'ai envie de passer la journée avec toi. Je vais avoir pas mal de boulot avant le camping alors je préfère traîner avec toi tant que je le peux. » Dit-il finalement. Malgré l'indifférence de son ton qui insinue que ce n'est pas aussi profond que ça en a l'air, mon cœur s'emballe une seconde de savoir qu'il me priorise. « Et puis je vois déjà Elizabeth souvent alors c'est mieux si je la laisse seule à seule avec Wilhelmina. » Je tords mes lèvres dans une mine dubitative.

Je me souviens de la déclaration de la jeune Styles, la veille, qui disait ne pas beaucoup connaître sa propre sœur. C'est un fait étrange et à la limite du vraiment bizarre, tout en étant pourtant logique avec la quantité de secret qui a l'air de se cacher sous l'apparence que la famille donne d'elle. Je ne me sens pas vraiment en droit de demander pourquoi ou même quoi que ce soit d'autre à Harry, ce n'est pourtant pas l'envie qui me manque.

« Je comprend. » Je répond simplement, levant les yeux vers la colline.

« T'es prêt ? » Je me tourne vers lui quand il me le demande.

Il ferme le dernier sac sur le plan de travail de la cuisine et je souris en me levant, le mouvement vif poussant Brat à soudain s'agiter et aboyer.

« Et non mon gros, tu ne peux pas venir avec nous, la plage est interdit au chien. » Rit son maître alors qu'il me temps la glacière. « On aurait été hors saison je t'aurais bien emmené avec nous mais bon, c'est l'été ! » Il sourit en regardant Brat qui ne doit absolument pas comprendre un seul mot de ce qu'il dit mais qui secoue quand même la queue, parce qu'il sait que c'est à lui qu'on parle.

Ça m'amuse. Je n'ai jamais eu de chien dans ma vie mais ça a l'air d'être un trait commun à tous les maîtres de leur parler comme si ils comprenaient et savaient. Si Brat sait reconnaître quelques mots, il est pourtant bien loin de savoir ce que son idiot de papa lui raconte. Cela reste, néanmoins, un spectacle touchant et amusant, surtout quand Harry tend sa main, signe pour Brat qu'il doit sauter pour la toucher de son museau, comme si il avait s'agit d'un high five.

« On l'emmènera pour le camping, tu verras c'est un fou dans l'eau. »

« Oh, j'ai hâte de voir ça. » Les mots finissent dans un sourire.

Harry passe à côté de moi pour fermer la baie vitré, puis jette un regard rapide vers l'heure.

J'ai fini par remarquer, comme je passe les vingt-quatre heures de mes journées avec lui, qu'il avait toujours l'air d'avoir un emploie du temps dans la tête, réglé à la minute. Quand il prévoit de faire quelque chose il sait à quel moment exact il doit le commencer pour pouvoir enchaîner avec autres choses ensuite et finir sa journée à l'heure qu'il a prévu. C'est une drôle d'habitude qui va sûrement avec la pression monstre qu'il se met. Je l'imagine très facilement se lever le matin et prendre son petit-déjeuné à heure fixe, prenant un instant pour passer en revue ce qu'il doit faire et calculer à quelle heure il va devoir le faire.

Je ne sais pas trop comment je me sens à cette idée, j'ai envie de trouver ça inspirant ou admirable, mais une part de moi trouve aussi ça stressant, comme une trop grande envie de tout contrôler. Je me demande ce qu'il ferait si il prenait trop de retard sur son emploie du temps et finissait pas ne pas réussir à le suivre à la lettre. Je ne suis cependant pas sûr d'avoir envie de le découvrir un jour.

« En route. » S'amuse-t-il en traversant la pièce pour rejoindre l'entrée principal.

Je le suis à la trace, la lourde glacière, contenant notre eau, tirant sur mon épaule, et descend mes lunettes de soleil de mon front au pont de mon nez.

Aujourd'hui Harry a décidé qu'on irai à la plage. 'Et pas n'importe laquelle' a-t-il même ajouté. Apparemment c'est son endroit préféré et aussi celui de nombreuses personnes, touristes ou non. Il veut qu'on y passe la journée. Si on y va tôt on évite la grosse vague de baigneurs de l'après-midi et on a donc plus de chance de trouver une place pour se garer et plus d'espace pour s'installer sur le sable. On pourra pic-niquer le midi, profiter du zénith et des heures les plus chaudes, puis laisser la soirée tomber et peut-être attendre le coucher de soleil. Tout un programme en effet.

Moi, je suis juste content de passer la journée avec lui, tous seuls, avant qu'il ne doivent se replonger dans le travail puis qu'on doive partir en camping avec toute sa bande d'amis, et surtout Madeleine.

Je tique.

Quelle étrange pensée. J'adore Madeleine, elle est gentille, belle, douce, drôle, j'ai même de la peine pour elle depuis la façon dont Harry et elle se sont disputés hier. Et pourtant je n'ai pas envie de la revoir. Je ne veux pas qu'elle attrape Harry et se l'accapare. C'est stupide non ? Harry aime passer du temps avec elle et l'avoir à son bras, et pourtant je suis triste de ne pas pouvoir être avec lui quand elle est là. Je pense que je suis jaloux, parce que je me suis plus qu'acclimaté à Harry maintenant, après ce peu de temps passé dans la même maison, et que ne pas passer le temps avec lui comme j'y suis habitué n'est pas agréable.

Donc je suis content d'avoir une petite journée spéciale avec lui. La première, finalement, où on fait quelque chose juste à deux. Ça me fait plaisir. Ça me fait sourire.

« On est paré. »

Je coince mes mains derrière mon dos en le regardant taper sur la glacière qu'il vient de placer sur la plage arrière. Il tourne son sourire vers moi et fait un signe de tête pour me dire de monter. Il contourne la voiture et, alors que je grimpe à ma place, je l'entends et vois frapper la carrosserie. C'est amusant.

Aujourd'hui il n'est pas maquillé, ça me change de le voir au naturel mais j'apprécie. Surtout alors qu'il est toujours coiffé de la même façon bien étudié qui masque ses bouclettes d'enfant. C'est une nouvelle façon de le voir, entre sa tête du réveil et celle de tous les jours et ça me fait plaisir, peut-être bien plus que ce que je n'aurai cru au premier abord. Ça me permet aussi de réaliser qu'il est beau tout le temps, si le maquillage est devenu pour lui une façon d'améliorer comment il se voit et de se donner meilleure mine, je peux aussi soutenir qu'il possède une beauté naturel inégalé.

Il se place au volant enfin et mets ses lunettes de soleil. Il prend une petite seconde pour regarder son reflet dans le rétroviseur, juste pour s'assurer qu'il est bien coiffé, puis enfin il démarre.

Mon cœur se gonfle.

*

Le vent est bruyant dans mes oreilles, mais je peux jurer que le son de mon cœur dans mes oreilles est encore plus fort. Le paysage défile sur le bord de la route, mais mes yeux s'accrochent à la structure qui dépasse d'entre les arbres. Je la suis des yeux, même de mon corps quand elle disparaît derrière nous.

« Il y a une grande roue là bas !? » Je m'exclame, pointant vers l'arrière, tel un enfant. Mais à cet instant c'est un peu ce que je suis, parce que je n'ai jamais mis les pieds dans une grande roue, (et non pas même le London Eye), et que c'est devenu, en un éclair, l'objectif numéro un de ma vie entière.

« Oui. » Rit-il. « Elle est là toute l'année, mais ne fonctionne qu'en été. On pourra y aller si tu veux. »

« On peut pas y aller maintenant ? » Je me tourne une nouvelle fois dans mon fauteuil, comme si j'allais pouvoir la voir même maintenant qu'on est si loin d'elle. Il rigole un peu plus.

« Non, la fête foraine n'ouvre qu'en soirée. » Je fronce mes sourcils en me tournant vers lui. « Me demande pas pourquoi, je ne sais pas vraiment. Je crois que c'est à cause de la chaleur, en journée d'été les touristes se baignent et le soir quand il fait frais ils cherchent des activités. Donc les foires estivales ouvrent à partir de vingt-heure. » Je hausse mes sourcils.

« Y a d'autres choses culturelles du sud de la France que je devrais connaître ? » Je croise mes bras sur ma poitrine et, à ma surprise, il hoche la tête.

« L'apéro, mais surtout... les ferias. »

« Les ferias ? » Il hoche la tête.

« Je crois que de base c'est un concept de course de taureau qui vient d'Espagne, mais y a souvent une grande buvette, de la musique, et une petite foire et en gros c'est une fête de village qui se passel'été, y en a plein par ici. » Explique-t-il. Il n'a pas l'air très sûr de lui, et je ne peux pas lui en vouloir. « Ça dépend où tu vas ça peut être très important culturellement pour une ville, autant dans certain endroit ce n'est pas populaire, autant ailleurs le village entier est bourré sur la place publique pendant cinq jour parce qu'on ne peut juste pas passer à côté. » Il rigole et je pense deviner à travers ce rire qu'il a dû en voir des belles de ces fête de village.

« Je pourrais en voir une ? » Il se tourne rapidement vers moi, pour être sûr que je lui demande sincèrement puis sourit.

« Si tu veux, tu devras rester un petit moment par contre, parce que la période n'a pas encore vraiment commencé. » Pouffe-t-il. « Et puis, les meilleurs de la région ont lieu assez tard dans l'été. »

« Ça me va. » Je hausse une épaule. « Tant que, toi, ça te vas bien sûr. » Je m'assure tout de même, parce que si moi je suis certain que passer deux mois ici ne me déplairai pas, je ne suis pas sûr que lui ça l'amuserai autant que je squatte à ce point sa maison.

« Tu peux rester autant tu veux. »

C'est peut-être un peu idiot, mais les mots m'attrapent et me serrent. Je perds mon souffle quelque part entre ma gorge et mes lèvres, alors que mes yeux se jettent sur son profil pour me permettre d'être sûr que c'est bien ce qu'il vient de dire, que je peux rester autant que l'envie le demande. Il sourit alors qu'il regarde devant lui et que le silence venteux m'assourdit. Réalise-t-il à quel point ça veut dire beaucoup pour moi, combien ça me fait plaisir, combien ça me bouscule et me chamboule ? Sait-il l'importance de cette gentillesse dans ma vie, à cause de l'état dans lequel elle est ? Je ne pense pas non. Je ne pense pas non plus que je veuille le lui dire. Ce serai un peu embarrassant. Un peu trop.

« On arrive. » Déclare-t-il alors, détournant mon attention de ce que je ressens pour observer la mer.

Je ne peux pas retenir mon sourire alors que la voiture descend vers un petit rond point. La mer est juste là, juste derrière une petite clôture et une étendu de sable. Je n'ai pas vraiment le temps de capter l'immensité de sa beauté, de son étendu, ou même de sa couleur, parce que je ne peux la voir que jusqu'à ce que Harry fasse le tour complet pour s'engager sur un chemin de terre sablonneuse blanchâtre. La poussière a été soulevée par le passage des voitures avec le temps, à en voir a végétation blanchit qui borde le chemin.

On débouche sur ce que j'identifie comme le grand parking dont il m'a parlé. Et il avait raison, on a bien fait de venir tôt, il y a du monde mais une fois les premières plages passées, annoncé par des panneaux numérotés, on arrive finalement à des airs de parking jonché de places libres. Il fait une remarque comme quoi ce genre de chose est impossible une fois midi passé et qu'à quinze heure il ne faut même plus essayer de venir, puis il se gare finalement, face à la clôture qui nous sépare d'une grande dune couverte de végétation. Je me lève dans la voiture pour essayer de voir par dessus et apparemment ça fait bien rire mon camarade quand il coupe le contact.

Je l'aide à décharger la voiture, non sans impatience, cherchant la distraction dans le son des vagues que je crois percevoir bien que ce ne doive être que le fruit de mon imagination. Des oiseaux volent, des goélands, ils piaillent et plongent derrière la dune, vers des restes de nourriture ou vers l'eau, je ne saurai dire. Harry ne cesse de rigoler dans sa barbe et je fais mine de ne pas entendre, alors que l'on s'engage maintenant sur une promenade de latte en bois, délimité de cette même clôture en bois protégeant les dunes et leur végétation, au milieu desquelles le chemin serpente.

Comme si le chemin gardait le meilleur pour la fin, on tourne sous un amas de grande plante verte qui forme une petite arche et soudain, entre les deux dunes... la mer. Mon sourire ne peut plus être retenu et je presse mon pas sur les planches. Je la vois, briller sous la lumière du soleil, et mon visage me fait mal à force de sourire. Au bout je m'arrête. Il n'y a pas beaucoup de monde sur la plage, seulement quelques rares personnes, sûrement pas autant qu'aux premiers accès. Je contemple la ligne de l'horizon. À perte de vue : du sable, des dunes, de l'eau. Au loin je peux voir des villes se dessiner dans le ciel, mais tout proche il n'y a rien, comme si l'endroit était totalement sauvage, qu'il avait gardé le décors dans lequel on l'avait trouvé en premier lieu.

La houle se lève et pousse mes cheveux en arrière. L'air est chaud et je ferme les yeux pour l'inspirer profondément, sentant, tout au fond, l'odeur particulière de l'iode, du sel. Cette odeur aura, pour toujours, un sens bien particulier, plus jamais elle n'aura d'autre sens pour moi. D'autre sens que cet été qui ne laissera rien d'autre que la nostalgie derrière, comme mirage de son existence. Je ne veux surtout pas qu'elle ait un autre sens.

Je dois avoir l'air amusant en me tenant là comme ça, comme si j'étais le héros d'un film ou d'un clip vidéo, parce que le rire un brin moqueur de Harry résonne dans mon oreille. Je me tourne vers lui et le vois sourire bêtement en me regardant, il secoue même un peu la tête. Je fais de mon mieux pour ne pas montrer ma surprise admirative de son image sublime, et décide de fausser une moue en détournant mon regard.

« Le prend pas comme ça, je te trouve juste mignon. » Dit-il en descendant la marche devant moi, haussant lâchement un épaule..

« Je ne suis pas mignon. » Je corrige, retirant mes tongs pour le rejoindre dans le sable. Celui-ci est chaud sous mon pied et je m'y enfonce avec bonheur.

« Oui, oui, t'es un vrai caïd. » S'amuse Harry devant moi.

« Arrêtes de te foutre de moi ! » Je râle en suivant son pas vers la place qu'il s'est fixé comme étant la notre, pas trop proche de l'eau, mais pas trop loin non plus, juste à la limite foncé où le sable est plus humide.

« Arrête de me donner des raisons de le faire ? » Il lance un regard par dessus son épaule et je fronce mon nez, comblant rapidement la distance pour frapper son épaule et déclencher un autre rire de sa part.

Il me rend mon coup avec son épaule, me bousculant si fort que je perds l'équilibre et tangue un instant sur le côté.

« Oh tu veux te battre ou quoi ! »

Il pose les rabanes de pailles et les sacs sur le sable et je m'empresse de faire de même des affaires que je porte pour lui montrer mes poings, imitant la gestuelle d'un boxeur comme si ça allait l'impressionner. Ses yeux s'empreignent de rire et il grimace d'une façon stupide qui me dit qu'il ne me prend pas du tout au sérieux.

« S't'eu plaît, une pichenette et tu décolles. »

« Prouve le ? » Je hausse mes sourcils et je sens que le mettre au défi était l'erreur à ne pas faire.

Il m'observe avec un air qui me demande 't'es sûr de toi ?' et je ne trouve rien de mieux à lui répondre que de faire un geste de la main de me donner tout ce qu'il a, comme si je faisais le poids face à monsieur muscle. Qu'on soit clair, je fais de la boxe de temps en temps pour entretenir le peu de forme physique que j'ai et m'empêcher de devenir une loque humaine, mais ce n'est pas de savoir taper dans un sac de frappe qui va me sauver la mise face à qu'importe ce qu'il décidera de me faire.

C'est sans surprise, donc, que je me dégonfle comme une poule mouillée quand il fonce vers moi, et que je part en courant vers la mer derrière moi. L'eau n'est pas aussi profonde que je l'aurais cru et je ne peux donc pas vraiment m'en aller à la nage, alors je sais déjà que j'ai perdu. Un regard par dessus mon épaule et Harry est déjà là, fendant les centimètres de d'eau à ses pieds comme si ils n'étaient pas là.

Pas le temps de dire ouf, il attrape ma taille de ses bras et mes pieds ne sont plus par terre. Je pousse un cri de surprise et il ricane en me lançant sur son épaule.

« Ok ! Ok ! Je retire ce que j'ai dis ! » Je lève les mains en l'air avec innocence

« Trop tard ! » Il est rapide et on déjà s'éloigne vers le large. Seigneur sauvez moi.

Je me débat mais, bien sûr, il est plus fort que moi et quand je réalise que l'eau est un peu plus haute et lui arrive mi-cuisse je réalise, trop tard, ce qu'il va se passer et advenir de moi. Je ferme les yeux, pince mon nez et mon corps décolle.

Une seconde plus tard, le cœur battant à toute allure, je me retrouve sous l'eau. Elle est froide mais ça fait du bien par la chaleur, bien alors que ce soit tant soudain que la différence me fait un drôle d'effet, comme si je n'arrivais pas à tenir mon souffle. J'ai un rire dans la gorge, et quand je sors je n'arrive pas une seconde à rester neutre alors qu'il rigole en face de moi. J'explose de rire tout en respirant rapidement, pour m'habituer à cette température.

« T'aurai au moins pu attendre que j'enlève mon t-shirt. » Je râle en tirant mes cheveux en arrière, soufflant rudement pour dégager l'eau sur mes lèvres.

« Ça aurai été beaucoup moins drôle. » Il hausse ses épaules et je plisse mes yeux.

« Tu veux la guerre ? »

« Oh oui, c'est vrai que la grande et puissante armée de Harry-Land craint le petit et terrible royaume de Louis. » Je fais mine d'être choqué, marquant une pause dramatique et grimaçant avec suffisance, la main figé dans l'air.

« Je vois je vois, ok. »

Il rigole. Il a l'air tellement heureux. Mine de rien je me suis fais beaucoup de soucis pour lui la veille, j'ai même eu du mal à en trouver le sommeil dans la soirée. C'est vraiment une drôle de sensation d'avoir une personne comme lui en larme dans vos bras, alors ça me rassure de le voir comme ça aujourd'hui, de le voir rire et sourire ainsi, et je suis, aussi, content que ce soit un tant soit peu grâce à moi.

« Bah alors ? T'attends quoi ? Viens te battre. » Il écarte ses bras en guise de provocation et je fronce mon nez.

« Tu vas voir. »

C'est bien plus difficile qu'il n'y parait de courir de l'eau, c'est aussi un peu ridicule, mais je fais de mon mieux pour user de la charge contre lui. Mais il est plus vif et use de ma propre charge contre moi même à la place, me repoussant aisément quand je saute vers lui, pour me faire retomber dans l'eau.

C'est salé dans ma bouche et quand je sors de l'eau mon premier reflex est de tousser à n'en plus pouvoir alors que monsieur se fout toujours de ma gueule. Il doit bien avoir un point faible, je ne peux pas le laisser m'humilier comme ça. Trop c'est trop. Foutu pour foutu avec mon désavantage cuisant, je me rabat sur le plus petits des enfantillages, sourire narquois aux lèvres.

Je l'éclabousse. Monsieur veut la guerre, il l'aura. Il râle en mettant ses mains devant lui et je rie de ma mini victoire. Bien vite il change de stratégie et m'éclabousse à son tour. Pas si vite cow-boy j'ai plus d'un tour dans ma manche maintenant que tu es distrais. Il ne le verra même pas venir. J'en ricane d'avance.

Je me lance sur lui soudain, sans crier gare.

Je pense que je m'attendais à ce que ça le fasse tomber, mais la vérité c'est que je le déséquilibre à peine et que maintenant je me retrouve pendu à son cou, et qu'on est tout les deux là, collé l'un à l'autre, comme deux pauvres con, dans la mer, et que le peu de monde qui est déjà là doit bien nous voir et bien se foutre de nous.

Mon cœur bat à toute allure, j'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Je n'ai jamais été aussi gêné et embarrassé de ma vie entière. J'ai l'impression que tout va très vite et en même temps très lentement. Que le moment dure dix minutes alors qu'il ne fait sûrement que cinq secondes. Mes yeux sont ouverts, fixés sur l'eau derrière lui. Enfin, il trouve une solution à cet horrible embarra et attrape mon corps pour se jeter à l'eau avec moi.

On se lâche alors et je reste un instant là, laissant les bulles passer mes oreilles jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus et que l'eau soit un simple silence inconnu. Je ne vois rien dans l'eau, elle est trop sombre, je ne devine que la silhouette de Harry qui bouge alors qu'il se redresse. J'en fais de même, pressant mes yeux pour atténuer la brûlure du sel dedans, et reprend lentement mon souffle, la main sur la poitrine. Harry m'observe, les yeux hésitant, et racle sa gorge.

« C'est malin je suis décoiffé maintenant. » Siffle-t-il en tirant sur une mèche tombant devant son visage.

« Dommage ! » Je rigole.

Et j'essaie vraiment d'y mettre tout mon cœur, mais ce dernier bat toujours la chamade et je n'arrive pas à le calmer. Mon sang pulse à mon crâne et j'ai l'impression que je vais vomir ou pleurer, ou les deux. Je lance un regard nerveux vers la berge et nos affaires éparpillés dans le sable et je souffle longuement. Suis-je paniqué ? Ou est-ce que ce rythme cardiaque effréné vient de ma gêne ? Ou d'autre chose ?

Je me tourne de nouveau vers Harry et le regarde tirer ses cheveux en arrière puis baisser ses bras vers la base de son t-shirt. Mon cœur s'emballe un peu plus, de toute évidence c'est encore possible, alors que je le regarde l'enlever, dévoilant son corps de dieu grecque. Son t-shirt entièrement retiré, mon cœur se précipite droit vers sa mort, il va exploser, je ne sais même plus si il bat à tout rompre où si il a raté plus d'une quinzaine de battement. Les deux peut-être. L'eau perle sur la peau de Harry ; elle glisse dans les vallées et les reliefs de ses muscles et mes joues chauffent. Je mord ma langue et détourne mes yeux.

C'est lui. C'est lui qui fait ça à mon cœur.

L'eau agitée me renvoie mon ombre déformée et je la fixe comme un débile alors que lentement la réalisation fait son chemin à travers mon corps pour remonter à mon cerveau en entier. C'est lui qui fait ça, ce n'est ni la panique, ni la gêne, ni rien. C'est lui. Pourquoi ? Je lève les yeux vers lui et observe son profil alors qu'il regarde le large, les sourcils froncés, l'eau gouttant sur son visage. Est-ce que je suis jaloux de sa beauté ? Ou est-ce que j'y suis sensible ?

Il baisse ses yeux vers moi et je précipite les miens ailleurs, pour ne pas donner l'impression de trop le fixer, et racle ma gorge.

« Bon je sors. » M'annonce-t-il « File ton t-shirt, je le ramène. ». Je hoche la tête, retirant mon vêtement alourdit par l'eau pour le lui tendre. Nos yeux se croisent et pendant une courte minute plus rien ne se passe. Ses prunelles me transpercent jusqu'au fond de mon âme et tombent sur mes clavicules, et, sans rien ajouté, il s'en va. Je l'observe seconde s'éloigner, ses cuisses fendant l'eau sans peine.

Je me laisse tomber dans l'eau quand enfin la tension semble bien vouloir redescendre, et pousse un soupir en me tournant vers le ciel. L'eau dans mes oreilles me coupe du bruit de l'air et ne me permet d'entendre que mon corps et les sons qu'il produit.

Ma respiration est régulière à nouveau et mon cœur semble enfin calme. Je me laisse voguer sur la surface, laissant le soleil chauffer mon corps avec douceur, pour une seconde encore. Puis je me laisse tomber lentement dans l'eau peu profonde pour me retrouver assis là, le regard dans le vide, entre la cote et le large. Les vagues ne sont pas trop brusques ici, je suis assez loin du bord, alors elles ressemblent plus à une tendre embrassade qui tenterai de me bercer, et je pousse un soupir en regardant mes mains au travers de la surface, posé sur mes cuisses.

Je me tourne vers la cote. Harry s'occupe à notre emplacement, étalant les rabanes avec sa serviette sur la tête. Mon cœur se serre lentement, toujours prit dans l'adrénaline de cet étrange moment qui nous a tout les deux laissé perturbé.

Je détourne le regard du côté opposé et me laisse lentement glisser entre les courants froid et chaud qui s'enroule autour de mon corps tel deux rubans, l'un rêche et l'autre doux comme la soie. L'eau m'engloutit, le silence m'emporte et je tire mon corps par ma prise dans le sable en dessous, bravant les vagues jusqu'à ce que le souffle vienne à me manquer et que je ne doive remonter à la surface le chercher. Puis je recommence.

Il n'y aucun bruit et aucune forme ici et je trouve du réconfort dans ce vide un instant, juste parce qu'il calme mon cœur et l'éruption qui le secoue depuis que Harry est repartit sur le sable. Je pense que c'est parce que là, sous l'eau, je me sens loin de son regard, loin de ses yeux, et que j'en ai besoin. Me savoir à la porté de sa vue me gêne, quand bien même il doit lire un livre, assis là bas, sous son parasol. Savoir qu'il peut lever la tête et me voir m'embarrasse.

C'était un moment si bizarre, je me sens comme à découvert, ou mis à nu.

Je remonte brusquement, prenant une profonde inspiration qui brûle ma gorge. Mon souffle me revient lentement alors que je frotte mon visage, le dos picotant sous le regard sur moi qui n'est probablement que le fruit de mon imagination. Je ne vais néanmoins pas me tourner pour m'en assurer.

*

« Doucement doucement... »

Je serre mes yeux et inspire rudement entre mes dents en tenant mon épaule.

« Je fais ce que je peux. » Répond Harry en massant mon dos. « Quelle idée aussi de rester aussi longtemps dans l'eau sans t'être protégé avant. » Se moque-t-il gentiment en enfonçant, pour la énième fois, son doigts dans ma peau rouge vif pour voir une marque blanche s'y imprimer.

« J'apprécierais que tu arrêtes de faire ça monsieur. » Je râle en bousculant sa main d'un mouvement, et il rit un peu plus.

Je ne sais pas comment j'ai pu passer tant de temps ainsi sans réaliser quoi que ce soit. Harry m'a appelé pour venir manger, treize heure passé faisant résonner dans son estomac une faim qui ne pouvait plus attendre la mienne. Et quand je suis arrivé il a prit une inspiration de surprise et m'a demandé si je n'avais pas mal. Avant même que je ne comprenne de quoi il parlait il avait attrapé mon bras et j'avais senti ma peau tirer.

On rigole souvent en appelant mon peuple 'les rosbifs' et j'ai malheureusement donné raison à cette blague de mauvais goût, en une poignée d'heure dans l'eau seulement.

« Désolé mais c'est que j'ai rarement vue quelqu'un de si rouge.. je savais que tu craignais le soleil, mais alors là ! » Explique-t-il.

Je sais qu'il a envie de me montrer qu'il est vraiment inquiet pour moi mais le rire coincé dans le fond de sa voix et de sa gorge me donne envie, à moi, de le taper très fort dans un endroit qui ne lui fera pas du bien, à lui non plus, juste pour qu'on soit à égalité niveau douleur.

Je pousse un long souffle et laisse tomber ma tête dans mes genoux, râlant longuement alors que je sens la peau de mes joues tirer, elle aussi. Quel nul je fais, venir à la plage et devenir une écrevisse à la limite de l'instantanément . On en fait vraiment pas deux comme moi.

« Ce qui est sûr c'est que tu vas avoir du mal à dormir ce soir. » Souffle Harry en mettant un peu plus de crème sur ses mains. « Et que tu vas devoir essayer de ne pas trop retourner au soleil pour le moment. » Je fais une moue et redresse le visage pour regarder la mer.

Depuis l'ombre du parasol où je suis assis, je peux voir qu'il y a beaucoup de monde sur la plage maintenant, plus que tout à l'heure. Il y a un grand nombre de baigneur, des enfants qui courent et crient, pas mal de gens mangent, d'autre bois de la bière et moi aussi j'en voudrai bien une de bière. Harry en a acheté un petit pack pour moi, mais je ne me sens pas encore assez à l'aise chez lui pour me servir comme bon me semble. Mais là, j'en aurai vraiment voulu une, surtout si je dois passer le reste de ma journée assis là avec mes coups de soleil.

« Je reviens. » Me dit Harry en lâchant mes épaules.

Je ne répond pas vraiment et le laisse prendre ma serviette et une bouteille d'eau. Il s'éloigne vers un petit groupe de personne, que je reconnais comme une famille avec plusieurs enfants, et je le suis du regard. Il sourit quand il parle aux personnes et hoche la tête dans un signe de merci en attrapant ce qui ressemble à un camion pour enfant, avec une remorque. Il explique quelque chose à la famille en riant et ceux-ci rit avec lui gentiment alors qu'il remplie la remorque d'eau pour y tremper ma serviette.

« Hé ? » Je sursaute, comme si j'avais été pris en train de faire quelque chose d'interdit, et me tourne vers la jeune fille qui s'est accroupie à côté de moi, une bière à la main, pour m'interpeller. Un groupe de jeune personne, ses amis sûrement, se tiennent un peu plus loin et la regarde, souriant et riant. Elle me dit quelque chose, je crois que c'est une question mais je ne suis pas sûr. Elle hausse un sourcil face à mon manque de réponse et une intense angoisse remonte sous mes cotes alors que je la regarde, bêtement.

Pourquoi il faut toujours que ce genre de chose m'arrive à moi ? Elle aurait pu venir pendant que Harry était encore là, elle aurait pu ne pas venir du tout, il aurait pu se passer tellement de choses différentes, mais il a fallut que ça se passe comme ça. Que je me retrouve ici, tout seul comme un idiot, au moment qu'elle a choisit pour venir.

Elle redit quelque chose, les sourcils froncés et je continue de la regarder. Je devrais dire quelque chose, n'importe quoi. Quoi que ce soit. Pour ne pas passer pour un fou ou un impoli, expliquer quelque chose, lui faire comprendre que je ne comprend rien.

« Quoi ? » Je balbutie enfin, une sueur froide glissant dans ma nuque et brûlant mes coups de soleil.

« Je vais mettre de la glace dedans. » Je me tourne vers Harry qui essors la serviette en revenant, les yeux occupé sur autre chose.

Quand il les lève finalement ils tombent droit sur la jeune fille à côté de moi, et la surprise se peint sur son visage alors qu'il s'agenouille devant la glacière. Il lui dit quelque en ouvrant celle-ci et la jeune fille lui répond, l'ai confuse. Harry pousse un rire et secoue la tête, fronçant son nez avant de reprendre avec quelque chose d'autre, glissant deux pains de glaces dans ma serviette avant de lentement l'enrouler sur elle même. Il s'approche de moi et entre dans mon espace personnel, ça arrive si brusquement que je retiens mon souffle alors qu'il pose la serviette froide et mouillé sur mes épaules dans le but de me soulager de cette brûlure.

La fille soudain semble comprendre quelque chose dans ce que disait Harry et hoche la tête dans un large et lent mouvement. Elle pousse un petit rire avant de se tourner vers ses amis pour le leur répéter. Harry secoue un peu la tête en ajustant la serviette et mon regard ne le quitte pas une seconde, lui et son sourire bienveillant qu'il me porte quand il se recule de nouveau.

Sa main glisse sur mon épaule alors que la jeune fille reprend la parole. Elle lui pose une question, et à en juger par la réponse, ce devait être son prénom qu'elle voulait savoir. Il ne faut qu'une petite seconde à la jeune demoiselle, qui commence un peu à m'agacer, si je n'ai pas peur de ne pas paraître trop jaloux en disant cela, pour demander quelque chose d'autre aussi vite que Harry lui a répondu. Ce dernier rit nerveusement et secoue la tête. Il ajoute quelque chose, pointe une direction dans son dos de son pouce et la fille recule, haussant les épaules et acceptant la réponse, avant de s'en aller.

« Elle voulait quoi ? » Je demande aussi sec, avant même de pouvoir me retenir, de pouvoir me demander si c'est vraiment une question que j'ai le droit de lui poser. D'une certaine façon ils étaient devant moi en train de parler donc ce ne doit pas être si grave que je sache ou non, mais d'une autre façon, j'ai l'impression que c'est trop intrusif ou que ça ne me regarde pas, que ça sonne comme si je voulais contrôler quelque chose, comme si je me permettais quelque chose que je ne devrais pas.

J'ai toujours eu tendance à trop penser à propos de tout, à tel point que ce n'est plus qu'une habitude maintenant, pour moi, de me retrouver à imaginer des choses qui n'ont aucun sens dans ma tête pour des situation qui n'en valent souvent pas pas la peine. Être dans un pays dont je ne parle pas la langue et l'allier à mon étrange possessivité envers l'attention et l'amitié de mon hôte, ce n'est pas un bon mélange pour ma tête en surchauffe. Et me voilà à me sentir en tord quand je pose une bête question.

Harry laisse un rire lui échapper.

« Mon numéro. »

Je ne savais pas avant aujourd'hui que c'était possible pour des mots d'avoir le pouvoir de foudroyer, et je l'apprend à mes dépends. Il n'y a pas la moindre autre explication pour ce que je ressens, pour ce qu'est ce sentiment fourbe et rapide qui me traverse de part en part. Les mots me foudroient, m'attaquent et me surprennent. C'est rapide, tellement rapide, que ça ne peut être que le bon mot. Et quand enfin l'éclair s'en va c'est un rire qui remonte dans ma gorge, tel un haut le cœur.

Je me tourne vers la jeune fille un peu plus loin qui semble déjà avoir oublié ce qui vient d'arriver et le refus qu'elle vient d'essuyer. Je souris d'un air mauvais. Dommage ma jolie, pas de Harry pour toi. Je n'ai même pas envie de retenir le plaisir quasi pervers que je ressens.

Ou presque.

Encore une fois aujourd'hui. Quelle étrange pensée.

Je me tourne vers Harry à côté de moi. Il ne pense déjà plus à sa prétendante express non plus, alors qu'il sort tranquillement des petits tupperware remplie de ce qu'il a préparé ce matin, ainsi que des sandwichs, enfermés dans un paquet de pain de mie. Il sourit tranquillement en préparant ce petit repas et je le regarde. J'observe ses cils plus léger et fin à leur naturel. Je regarde ses joues, sa mâchoire, ses cheveux tous bouclés et décoiffés à cause de l'eau, et le collier de coquillage, court, qui tombe sur ses clavicules.

Quelle étrange pensée, j'insiste.

Je couche ma tête dans mes bras croisés sans le quitter des yeux alors qu'il sort maintenant une gourde et deux verres.

Quelle étrange pensée...

Je sais que j'aime Harry. Je l'aime comme un survivant aime son sauveur. Je l'aime comme quelqu'un aime la personne qui a tendu la main vers lui quand il était au fond d'un troue. J'aime Harry de l'amour de quelqu'un qui a trouvé du réconfort dans un morceau de vie et d'existence. Je l'aime comme j'aimerai un oasis au milieu d'un désert. Comme quelqu'un qui a soudain trouvé une chanson qui parle de ce qu'il ressent. Et de la même façon je veux que Harry ne sois que mon Harry, que celui qui m'a vue et m'a dit 'viens, ça te fera du bien'. Je sais que c'est ça. Parce que c'est ça, c'est ce qu'il se passe. Je suis jaloux que Harry puisse être le trésor caché d'autres personnes, leur petite île au milieu de l'océan. Je le veux pour moi. Il est arrivé à un moment si important et décisif de ma vie que l'idée même que je ne puisse pas avoir la même impact sur la sienne m'effraie et me heurte.

Je le savais déjà quand j'ai réalisé que je ne voulais pas que Madeleine sois là, mais je crois que je le prend réellement en compte à ce moment, alors que je suis avec lui, et que je me sens victorieux face à une parfaite étrangère.

« Tu as faim ? »

« Oui. »

Il approche le repas de moi, coincé sous mon parasol pour ne pas risquer d'aggraver mon cas.

Est-il simplement comme ça avec tout le monde ? Est-ce naturel pour lui d'agir de façon si bienveillante ? Il a dit qu'il était le 'papa' de son groupe d'amis, alors je suppose que oui. Et pourtant pendant une demi-seconde je m'accorde le luxe de penser que je suis le seul à recevoir cette attention et cette gentillesse, je m'accorde le droit de croire qu'il n'y a que moi sur qui Harry veille de la sorte.

« J'ai un bouton sur le nez ? » Demande-t-il en riant et c'est à ce moment que je réalise que j'étais en train de le fixer, et non seulement je le fixais mais en plus il a remarqué quand moi n'ai même pas fais attention. Je brûle encore plus des joues maintenant, heureusement que la couleur était déjà là avant.

« Oh non désolé, je- » Je ne voudrais pas qu'il me trouve dégouttant. Je ne veux pas lui faire peur. Je ne veux pas qu'il fuit. Parce que c'est ce qui arrive si souvent avec les garçons hétéro autour de moi, ils s'en vont, je leur fait peur, ils ne veulent pas que je me fasse des idées et leur cours après. Mais comment dire tout ça à quelqu'un ? Comment lui dire que je ne veux pas qu'il se sente en danger juste parce que je suis là et que je suis gay ?

« Je te taquine, je sais que je suis beau. »

Je crois que mon cœur rate un battement, le cinquantième de cette journée, alors qu'il rigole de son propre sarcasme. Comment une chose aussi banale peut-elle devenir en un claquement de doigts le centre de mon univers entier et la nouvelle définition de mon être. En l'espace d'une seconde il vient d'effacer mes préoccupations.

Harry n'a pas peur de ma sexualité, il me l'a déjà dit. Hétéro ou non j'aurai toujours la même valeur pour lui. En une seule fois Harry redéfini l'idée de l'amitié que j'avais. Jusqu'à maintenant il n'y avait que Liam dans ma vie qui me donnait ce sentiment, celui d'être entièrement accepté, et j'ai toujours pensé qu'il était une exception, que c'était parce qu'il était mon meilleur ami, que pour toujours je devrais avoir des amis desquels me cacher pour ne pas qu'ils me fuit, ou avec lesquels je devrais jouer profile bas pour ne pas les choquer. Mais le voilà lui, avec ses amis ouvert d'esprit et son être bienveillant qui n'a pas peur. Le voilà lui avec sa nouvelle définition de l'amitié simple, une définition qui me dit que même si ce n'est pas mes meilleurs amis, même si je dois ne jamais les revoir... je mérite d'être accepté en tant que tout.

Je souris. Je pouffe même un rapide rire.

Harry. Mon très cher oasis au milieu du désert... Tu es vraiment la personne qui me fais le plus me demander si j'étais vraiment heureux avant.





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J'ai réalisé à la relecture que ce chapitre était peut-être un peu redondant avec le 18ème, je suis désolé si il semble un peu plat et vide. Mon écriture se focalise toujours beaucoup sur les sentiments et j'ai tendance à longuement les décortiquer, ça peut jouer sur la corde de la répétition brrr. 

Enfin, j'espère tout de même que ça vous aura un peu plut? Que ça ne vous ennuie pas? Que cette petite pause à la plage (qui se poursuivra un peu sur le prochain chapitre) n'est pas trop longue ou agaçante?

Plein bisous xxx Jojo 


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