Chapitre 2 : Odieux personnage
Rouge, rosé, blanc. Il y a beaucoup de vins dans le rayon, je ne pensais pas que ce serait si dur de savoir lequel choisir. Pour commencer, je ne bois pas de vin alors je n'ai même pas le moindre indice pour savoir ce qui pourrait être ne serait-ce qu'un bon vin. Je ne peux que tenter le tout pour le tout en choisissant quelque chose au hasard. Même internet n'est pas d'une grande aide, et personne ne peut juste me dire quel vin je dois prendre et venant de quel domaine. Je ne peux pas non plus demander conseil à mon père, ce fin connaisseur, à moins de vouloir le voir me faire un autre de ses longs discours adorés pour me rappeler que je ne suis qu'un enfant dans ma tête et que j'ai besoin de mûrir, et de m'intéresser aux choses importantes d'adultes. J'y ai droit chaque fois que je fais quelque chose de travers de façon générale de toute façon. Alors ne parlons pas du fait de ne pas apprécier ce grand et noble alcool qu'est le vin et de lui préférer la bien plus barbare bière.
C'est une chose à laquelle on s'habitue avec le temps, de ne rien pouvoir faire sans décevoir ses parents. C'est une des raisons pour laquelle je n'ai jamais eu le courage de faire de coming-out et que j'ai préféré vivre dans la honte et le secret, par totale procuration, pendant toutes ces années.
Mes parents sont homophobes. Je ne peux pas y faire grand-chose parce qu'ils sont si bornés que même leur expliquer les choses simplement ne changerait rien. Quand je vais leur dire, je sais déjà qu'ils vont m'accuser de le faire exprès, comme si j'avais choisi quoi que ce soit, comme si je n'avais pas passé tout ce temps à essayer de leur convenir. Ce sera encore une bonne raison pour me dire que je ne suis qu'une déception pour eux et que je ne serai jamais assez bien. Parce que c'est ainsi pour eux. Ils ne l'ont jamais dit avec des mots clairs, mais ce sont toujours les termes qui ressortent entre les lignes de leurs discours. Me dire que je ne suis pas assez mature, que je dois grandir, que je dois faire des efforts si je veux hériter de la société de mon père, que je dois avoir de meilleures notes en cours. Rien n'a jamais été assez et rien ne le sera jamais, parce que je ne suis pas parfait.
Je suis heureux, d'une certaine façon, d'avoir assez grandi pour accepter que je ne sois pas parfait et que j'ai le droit de ne pas pouvoir répondre à la montagne d'attentes qu'ont mes parents de moi, parce que j'ai bien longtemps vécu en me rendant malade pour entrer dans leurs bonnes grâces et devenir ce fils qu'ils ont toujours voulu. Finalement, la dernière chose qui me manque pour me débarrasser de cette pression une bonne fois pour toutes, c'est de leur dire que je suis gay, eux qui m'ont toujours vu marié à une femme dans le futur. Marié à Eleanor.
Eleanor. Je n'ai rien contre cette brave fille de bonne famille. C'est la fille des associés de mon père, elle a un an de moins que moi. Elle est gentille je pense, mais je ne la connais pas assez pour vraiment le dire. Je sais juste qu'elle est ma promise d'une façon ou d'une autre. Mais je suis sur le point de mettre fin à tout ça, sur le point de faire mon doigt d'honneur final à ma famille et d'être vraiment moi, avec mes défauts, avec qui je suis face à ce qu'ils veulent que je sois, ce que je ne serai jamais.
J'en ai fini de vouloir leur convenir, je suis moi et je ne serai jamais personne d'autre.
Alors finalement, qu'importe quel vin je choisis n'est-ce pas ? Je voulais prendre une bonne bouteille pour le repas avec mes parents. Ils aiment le vin eux, comme beaucoup d'autres personnes dans notre classe sociale. Je voulais trouver une bouteille sympa, assez bonne pour mieux faire passer la nouvelle, ou assez mauvaise pour qu'ils en oublient leur dégoût envers moi, mais finalement ça n'a pas la moindre importance. Je ne veux pas adoucir les choses, je ne veux pas continuer à les préserver ou à prendre sur moi pour leurs beaux yeux. Alors au diable la question du vin.
Décidé, je tends la main devant moi et attrape la première bouteille sur laquelle je pose ma paume. C'est un vin rouge, vieux de deux ans et mis en bouteille quelque part dans le sud de la France. Je crois avoir lu quelque part que c'est la meilleure région pour du vin alors ça ne peut pas être un mauvais choix.
Satisfait de ma prise que je considère comme celle du siècle, je descends mon regard vers mon panier, suivant ma main alors que je vais pour y mettre la bouteille. Cependant, une autre main s'enroule à mon poignet pour m'en empêcher. Celle d'un homme, plutôt grande. Plus grande que la mienne, ses doigts arrivent à se recouvrir autour de leur prise tant elle est grande. Mon regard suit le bras pour trouver son propriétaire, et si la main est grande, alors lui est parfaitement proportionnel. Je ne saurais dire quelle taille il fait mais c'est facilement une demi-tête de plus que moi. Il semble préoccupé.
Il profite de ma distraction pour attraper le vin dans ma main et le reposer sur l'étagère, sous mon regard complètement abasourdi. C'est qui lui ? Il se croit tout permis !
« Hum pardon, j'allais prendre ça ? » Je pointe mon bien du doigt et il secoue la tête aussi sec.
« Pardon, mais je ne peux pas vous laisser faire ça. » Je hausse un sourcil et regarde ce drôle d'énergumène déambuler devant l'étalage.
Il est bizarre ce type, avec ses cheveux bruns bien coiffés, sa chemise blanche un peu trop ouverte qui laisse voir un tatouage bizarre d'oiseaux qui semble sortir de Divergente, ses lunettes de soleil de marque et ses chaussures Gucci. On dirait un nouveau riche.
« Ce serait une erreur de prendre ce vin, vraiment croyez-moi. » Je bascule mon poids sur un pied, observant avec un sourcil haussé l'inconnu balader ses doigts le long de l'étagère.
« Je peux savoir en quoi ? Ou même pourquoi vous vous permettez de me couper durant mes courses, sous prétexte que vous vous y connaissez mieux que tout le monde ? » Je hausse mon second sourcil pour rejoindre le premier sans le quitter des yeux, et le vois sourire en trouvant son bonheur, bien alors qu'il s'agisse de mon achat.
« Je m'y connais mieux que vous en tout cas. » Rit-il en me tendant la nouvelle bouteille qui vient d'un autre domaine.
« Ah oui ? » Je réponds, sans cacher mon sarcasme quand j'attrape ce qu'il me tend. « Cette bouteille est un an plus jeune que celle que j'avais choisi ? » Je lève mes yeux vers lui et il sourit un peu plus.
« Certes, mais croyez-moi, c'est une meilleure affaire, vous ne serez pas déçu. » S'amuse-t-il.
Ses yeux verts tombent sur mon panier et je vois son sourire se faner une seconde alors qu'il juge ce qu'il y a dedans, soit un pack de bières et deux pizzas surgelées. Ça n'a pour seul effet que de me rendre un peu plus colérique et je baisse mes yeux vers le sien pour trouver un démaquillant à la rose et un sachet de cotons. Chacun ses priorités, monsieur l'inconnu !
« J'espère surtout que je ne vais pas payer trop cher pour un vin de supermarché. » Je roule mes yeux en regardant le prix affiché, non pas que je sois vraiment regardant de ce genre de dépenses, mais ça me ferait chier de payer cher pour quelque chose que je ne vais même pas goûter, et que je vais en plus offrir à mes parents le soir où ils vont me renier. À ma surprise, le prix est acceptable, et je me tourne vers ma compagnie qui tient, tendue vers moi, une carte de visite.
« Si jamais vous avez envie d'améliorer vos immondes goûts en vin. » Il a un sourire stupide sur le visage qui perce une fossette immense dans sa joue droite, et je reste une seconde de plus tout con face à lui.
Je sens que je n'ai pas vraiment le choix de toute façon, et mes doigts se ferment déjà sur le bord de la carte en papier glacé. Il la lâche alors pour me la laisser, avant de se tourner et de quitter le rayon, sans avoir pris la moindre bouteille. Et je reste là. Plein de questions. Comme : qui c'est ce fou ? En quoi a-t-il cru que j'avais besoin d'aide ? Pour qui se prend-il ? Est-ce qu'il passe par ce rayon juste pour faire la morale à tous ceux qui passent par là ? Pense-t-il sincèrement avoir de meilleurs goûts alors qu'on est dans un supermarché ?
Je n'en reviens pas. Il est parti aussi vite qu'il est arrivé. C'est vraiment un type bizarre, et en plus il m'a laissé sa carte de visite comme si j'en avais quoi que ce soit à faire de mes goûts en vin. Je pousse un soupir, enfonce la petite carte dans ma poche par réflexe, et m'en vais vers la caisse pour mettre fin à ce drôle de sentiment qui coule dans mes veines, celui d'embarras par procuration. Personne de normal n'oserait faire ce que cet inconnu vient de faire et ça me gêne grandement, comme une démangeaison sous ma peau, c'est désagréable.
Quand j'arrive au tapis roulant de la caisse, je dépose mes articles et sors mon téléphone portable. Sur mon écran s'affiche un message de mon père. Par automatisme, ma gorge se serre un peu et je déverrouille l'appareil pour consulter le sms.
De 'Papa' : Je suis surpris que tu veuilles organiser un repas de famille fiston. Passe à la maison demain soir.
Je serre mes lèvres, il fallait bien que ça vienne de moi, comme ça ils sauront déjà que j'ai quelque chose à leur annoncer, n'est-ce pas ? Je n'aurais jamais demandé à les voir autrement.
À 'Papa' : Demain soir, c'est noté.
Dans la foulée, j'en profite pour envoyer un message à Liam.
À 'Li' : T'es déjà chez moi je suppose, mais ça tient toujours pour ce soir ? Il vient de se passer un truc trop drôle je dois t'en parler
Je reçois une réponse presque instantanée, sans surprise de la part de Liam. J'ai à peine eu le temps de sortir ma carte bancaire et de me déplacer dans la file d'attente.
De 'Li' : Yep déjà chez toi !
Je ne réponds pas et me contente de verrouiller mon smartphone pour le glisser dans ma poche. Finalement, je pose ma carte sur le capteur au bout de la caisse et offre de passer une bonne fin de journée à la caissière puis sors du magasin. Je ne suis pas venu en voiture évidemment, mon appartement est à un petit paquet de rues d'ici, je peux faire le déplacement en quelques minutes.
Le sac d'achats pèse un peu lourd sur mon bras à cause de tout cet alcool, mais je tiens bon alors que je monte la rue sous le soleil du mois de mai. Les journées commencent lentement à se rallonger et bientôt il fera chaud à nouveau. L'été est ma saison préférée, ce n'est pas comme si je pouvais pleinement en profiter, bien loin de la plage et du beau temps des îles, mais c'est toujours une meilleure saison que l'hiver.
Cette année je pourrais peut-être considérer l'idée de partir en vacances, j'ai l'impression de n'avoir jamais profité de l'été à sa juste valeur, je ne suis jamais parti en vacances avec des amis ou même simplement seul, peut-être que cette année est l'année du changement, et donc celle où je dois de me faire plaisir. Ça me semble être une bonne décision. Je lève un sourire vers le ciel. Bleu, pas une once de nuages gris. Si ce n'est pas un signe que l'année s'annonce bien pour moi je ne sais pas ce que c'est.
J'en glousserai presque, comme un idiot dans un film à l'eau de rose à bas budget, j'ai l'impression de déborder de bonheur depuis quelques jours et ça fait vraiment du bien de me sentir aussi vivant pour la première fois depuis longtemps. Je n'ai pas traversé beaucoup de choses, mais cette dernière année a été rude, je ne peux pas le nier.
« Bah alors ? Tu te crois dans un clip vidéo ? » Je lève les yeux vers le balcon de mon appartement et ce stupide Liam qui se tient dessus, m'interpellant de sa voix joueuse et amusée, un sourire niais et idiot collé à sa face. Il me fait un signe de main et je ris.
« Ta gueule pauv' type ! » Je secoue la tête et presse mon pas vers la porte pour l'ouvrir, passant mon badge devant le capteur bien plus vite que mon ombre et poussant la porte dans le même mouvement avec habitude.
L'immeuble est sympa. Je ne me fais pas vraiment d'illusions, je sais que je ne vis ici, dans un endroit bien entretenu et confortable, que parce que je viens d'un milieu aisé. J'avais un petit boulot jusqu'à récemment mais je me suis fait viré. Mes parents me donnent aussi une aide financière, juste parce qu'ils le peuvent. Quand on vient de mon milieu, ce n'est pas rare que tout tombe toujours tout cru dans la main des enfants de la famille et je ne fais pas exception. Je me rends compte que tout est un peu plus facile pour moi. Je le sais uniquement grâce à Liam d'ailleurs, qui lui vient d'un foyer bien plus modeste. Aujourd'hui, il travaille et vit seul, mais quand je l'ai rencontré il vivait toujours chez ses parents avec ses sœurs, avec des difficultés financières et ça m'a permis de réaliser la valeur des choses et notamment de l'argent.
« Rappelle-moi pourquoi je t'ai filé le double de mes clés ? » Je blague en ouvrant la porte de mon appartement, partant vers la cuisine pour ranger mes courses pour la petite soirée entre potes qu'on a prévu avec Liam.
« Parce que tu m'aimes et que je tiens compagnie à Rebecca quand tu n'es pas là ? » Me répond-il, le rire dans la voix, le son me laissant savoir qu'il a quitté ma chambre pour me rejoindre.
« Tu sais que Rebecca est une plante verte et qu'elle ne se sent donc pas seule ? » Je secoue la tête en posant finalement le vin et me tourne vers la porte.
« Ça tu n'en sais rien ! » Son regard échoue sur le plan de travail et finit sur la bouteille. « Oh ? On se met au vin ? »
« Non... J'ai acheté ça pour mes parents, mon dernier cadeau avant de perdre le peu de respect qu'ils ont pour moi demain soir. » Je soupire et pousse l'alcool de mon poing.
« Ah, donc c'est calé ? » Je hoche la tête. « Ça va aller ? »
« Faut bien. » Je hausse mes épaules et me tourne vers le four pour le mettre en marche.
« C'est quoi le truc si drôle que tu voulais me dire au fait ? » Il attrape le pack de bières tout en m'observant du coin de l'œil et je me tourne vers lui pour le regarder le ranger dans le frigo, connaissant assez mon organisation pour savoir quelle est leur place dedans.
« Oh, un mec chelou m'a fait une leçon sur le vin tout à l'heure. C'est lui qui m'a fait acheter cette bouteille. Apparemment, j'ai mauvais goût ! » Il ferme la porte du frigo et hausse un sourcil vers moi en pouffant.
« Tu ne bois même pas de vin, bien sûr que tu as mauvais goût ? » Remarque-t-il, et je n'ai pas le temps pour ce point néanmoins drôlement bien marqué.
« Non mais... c'est surtout que je le ne connais pas le bougre et qu'il m'a dit 'prenez cette bouteille elle est mieux' genre... c'est qui ce mec ? Et pour qui il se prend ? » Je croise mes bras en me coinçant contre le plan de travail.
« Ouais ok, j'avoue que c'est bizarre. »
« Puis en plus il avait tout d'un gosse de riche, je te jure. »
« Louis... tu es un gosse de riche. »
« Au moins je ne le porte pas sur moi ! Tu aurais dû le voir, il avait l'air narcissique et snob, un vrai gosse de riche. » Liam pousse un rire et secoue sa tête.
« T'es dur quand même. » Souffle-t-il.
« J'm'en fiche, il était bizarre. »
Liam rit encore et son sourire est un peu plus idiot quand il me regarde. Je sens qu'il y a beaucoup de choses dans ses yeux, mais rien qui ne change de l'ordinaire. Il fait partit de ces gens qui pensent beaucoup, à des choses variées et différentes. On dirait qu'il y a toujours quelque chose qui le perturbe ou qui le blesse en arrière-plan de son esprit, comme s'il n'était jamais tranquille.
« Oh ! » Je me souviens soudain, tendant mes doigts dans ma poche arrière droite pour attraper la carte. « Il m'a donné ça. » Je glisse le papier glacé sous mon regard et fronce mes sourcils.
Sur le recto blanc cassé, il n'y a qu'un petit dessin simpliste de ce qui ressemble à un grand château sous un nom écrit dans une polygraphie élégante qui pue la bourgeoisie. Domaine Styles. Il y a même des petites boucles au bout de certaines lettres, c'est presque trop kitch pour moi. Au verso, il y a un numéro de téléphone français, et une adresse toute aussi française. Il y a également une adresse londonienne, située dans les beaux quartiers, et une autre à L.A.. Je plie mes lèvres dans une moue dubitative en observant le petit rectangle.
Qu'est-ce que c'est que cette carte de visite bizarre ?
« Il t'a donné une carte de visite ? » S'étonne Liam en même temps qu'une voix dans ma tête se surprend sur la drôle de carte entre mes doigts. « Ah ouais, un vrai gosse de riche quoi. » Il ricane et tend sa main pour me prendre la carte et l'observer à son tour un peu plus en détail.
Je ne sais pas trop combien de temps cela dur, je sais que c'est rapide. Liam fronce ses sourcils en lisant le nom et reste un instant complètement bloqué face aux mots inscrits dessus. Il a l'air de savoir à qui on a à faire, ce qui me surprend, parce qu'il ne me semble pas que Liam soit à ce point connaisseur de vin.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » Je lui demande enfin.
« Je... je crois que ça me dit quelque chose. » Il sort son téléphone portable, sûrement pour lancer une recherche internet. « Je crois que j'ai déjà vu ce nom quelque part. » Marmonne-t-il en tapant de son unique main libre sur son écran et me tendant, de l'autre, la carte que je récupère. « Oh pu-... Louis... » Il lève ses yeux vers moi avec stupeur et je lève un sourcil, encore plus confus qu'il y a juste une seconde, alors qu'il me montre le résultat internet. « C'est lui que tu as vu ? »
Sur l'écran de son smartphone je revois mon cher donneur de leçons. Sur la photo, il marche sur une promenade en bord de mer quelque part sur la côte ouest des États-Unis, portant une chemise ouverte et un short de bain bleu clair. Il a l'air riche, comme il en avait déjà eu l'air plus tôt. Il semble aussi connu, à en croire le nombre de photos qu'il y a en dessous de celle-ci, la plus récente.
Je hoche la tête.
« Louis... c'est Harry Styles. » Je fronce mes sourcils.
« Je suis supposé le connaître ? »
« Oh non ! » Souffle sarcastiquement mon ami. « C'est juste le plus jeune et riche propriétaire vignoble du monde. Il travaille avec son père et partage des parts du domaine ! Domaine Styles, c'est son domaine ! » Il tapote l'écran et je hausse mon sourcil.
« Et tu vas me dire que tu connaissais ce type ? » Je pousse un rire jaune avec force à travers mes dents et croise mes bras.
« Je t'ai dit, j'en ai entendu parler ! Le patron de l'usine où bosse mon père a donné une grande réception récemment, et ils avaient acheté pas mal de leurs bouteilles... c'était du très bon vin. » Explique-t-il. « C'est bizarre qu'il soit ici, ils disent sur internet qu'il passe presque tout son temps entre L.A. et sa villa en France. Il vit là-bas depuis qu'il a pris des parts du domaine il y a quatre ans ! Il doit visiter leur enseigne anglaise. Wow... » Je fronce mon nez en l'observant.
Il en fait toute une montagne. Je n'ai pas peur de le dire, il n'y a rien d'incroyable, ce n'est pas comme si c'était une grande pop star. D'autant plus que l'on vit à Londres, on croise assez souvent des célébrités par ici. Une fois, j'ai croisé Niall Horan sur un trottoir. Ce n'est pas le quotidien d'un londonien certes, mais ça reste normal de croiser des gens plutôt connus, c'est ici que tout se passe pour eux. En addition, ce Harry Styles est bien loin d'être quelqu'un qui fait partie du gratin des peoples, je suis au moins aussi important que lui dans la catégorie des personnes connues grâce à une société, je suis l'héritier de celle de mon père. En clair, il n'a rien de bien incroyable, donc oui, Liam en fait toute une montagne.
« Ooh, mais du coup ce doit être l'adresse de leur cave à vin ici sur la carte de visite ! J'ai la même sous les yeux. » Il s'amuse beaucoup trop, c'est presque irritant. Il oublie que de base, c'est un goujat mal élevé qui se croit assez important pour intervenir pendant les courses de quelqu'un d'autre parce qu'il a de mauvais goûts en vin. « Hum, j'aurais bien envie d'y aller ! Avec un peu de chance, je pourrais acheter une bouteille pour l'offrir à mes parents pour leur anniversaire de mariage ! »
« Oh, Liam. » Je claque dans mes mains et il lève ses yeux vers moi, surpris.
« Quoi ? »
« Tu t'entends ? On dirait une groupie. »
« Ça te rappelle l'époque où tu étais fan du groupe des Dreamy Eyes ? » Siffle-t-il.
Mes joues chauffent une seconde et je secoue ma main devant mon nez.
« Ils étaient talentueux ok ? Tu veux te battre ou quoi ? » Il glousse comme un idiot et baisse ses yeux vers son téléphone à nouveau pour y lire je ne sais quoi encore à propos de sa nouvelle idole. « Ce n'est pas juste qu'il soit connu comme ça, je ne suis pas poursuivi par les paparazzis moi ! »
« Alors t'es jaloux ? » Ricane-t-il. « T'es sûrement tout autant connu que lui, mais un, tu n'as pas de parts de la société de ton père et deux, le yaourt, c'est loin d'être aussi classe que le vin. » Je roule des yeux et sors de la pièce, les mains en l'air avec innocence.
« On s'en fiche au pire, ce n'est pas le propos. »
« Hum en effet. » Répond-il en m'emboîtant le pas. « C'est quoi le propos, que c'est un petit péteux ? »
« Oui ! »
Son rire en frise l'insupportable et je soupire lourdement, ennuyé. Il faut bien rappeler que l'idée qu'un gars, au moins aussi vieux que moi et que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, soit en train de me faire des leçons parce qu'il bosse avec son père pour un domaine viticole, c'est plutôt humiliant et embarrassant.
« Parlons d'autre chose, je suis saoulé. » Je marmonne dans ma barbe en me baissant devant un placard pour récupérer une nappe dedans, juste histoire de protéger la table.
« Ok. » Capitule Liam. « Tu te sens prêt pour demain ? »
« Autre chose que ça aussi. »
« Quoi ? Il faut bien que je sache si tu es en état psychologique de faire ce coming-out ! Je me fais du souci pour toi, moi ! » Je le vois faire une moue en rangeant son portable alors que je soulève la nappe d'un mouvement ample pour la faire tomber belle et lisse sur la table.
« Et je t'en suis reconnaissant. » Je souris en lissant un peu mieux la nappe du plat de ma main. « Ça ira... si j'ai besoin... je t'appellerai, promis. » Je lève mon regard vers lui et surprends son sourire débile, celui qu'il a tout le temps. Cette fois-ci cependant, il y a peu plus d'amour dedans.
« Ça me rassure. » Je pouffe, attendri par son comportement.
« C'que tu peux être niais parfois. »
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