Chapitre 19 : Conscience de valeur

Pourquoi est ce que je fais ça ? Pourquoi est-ce que je reste là, bêtement, maugréant dans ma barbe, en regardant Madeleine et Harry doucement danser sur la musique. Pourquoi je ne détourne pas juste les yeux ? Pourquoi je reste là alors que c'est clair que quelque chose me dérange de les voir ainsi ? Ce qui me dérange ? Je n'en sais rien, et c'est sûrement ça le pire dans cette histoire, c'est que je ne sais pas. Et ça m'agace encore plus que je ne le suis déjà. En fait non, le pire n'est pas que je ne sache pas pourquoi, le pire c'est d'être dans cet état. Je m'énerve tout seul d'être agacé et de ne pas savoir pourquoi.

Quelqu'un sortez moi d'ici.

« Hé, désolé de l'attente. » Lucas me rejoint finalement, verre à la main et je souffle longuement en me tournant vers lui. J'aurais presque envie qu'il me propose de rentrer pour qu'on fasse des choses plus intéressantes que de rester ici à regarder monsieur et madame parfait danser une jolie valse dans la pelouse et rire. Ils sont beaux ensemble et ça m'énerve, je crois que c'est les verres de champagne (dieu soit loué il y a du champagne qui a été servit avec le buffet des desserts) que j'accumule depuis tout à l'heure qui m'aide à facilement accepter cette crise de je ne sais trop quoi.

J'en ai assez de ressentir ça, je me déteste d'avoir cette réaction. J'aime Harry déjà très fort et il a raison il a de la valeur pour moi, déjà, je devrais être heureux pour lui que tout roule avec Madeleine. Mais non. Je suis là, accoudé à une grande table et je ronchonne en buvant des verres.

Au moins ce brave Candyboy est là, lui, et il me tient compagnie et me distrait de cette joute émotionnel qui tord mes tripes et flambe mon ventre, me donnant presque envie de vomir, depuis maintenant des heures.

Il est beau, ce Lucas, et je me concentre sur lui. Il a une joli bouche, des lèvres pas très pleines mais ornant son visage harmonieusement. Ses yeux ont une jolie forme, ses cils sont noirs, ses iris caramels semblent un peu plus jaune sous la lumière direct du soleil. Ses pupilles sont dilatés quand il me regarde.

Je pourrais l'embrasser juste ici. Et c'est une réaction bien curieuse. Parce que je n'ai jamais fais ça, je ne l'ai jamais voulu, ou pensé avant. J'ai toujours pris soin de me cacher pour embrasser un garçon, toujours. Je ne sais pas alors d'où cela vient. Est-ce parce que j'ai déjà vécu le pire avec l'incident du morceau verre qui a déchiré mon bras ? Est-ce parce que je me sens en sécurité après le petit rire avec ses amis ? Ou alors est-ce parce que je suis agacé de mon comportement et désire me rappeler à moi même qu'il est là, lui ?

Je ne sais pas. Je sais juste qu'il lèche ses lèvres, et s'apprête à parler. Il est cependant interrompu quand Wilhelmina qui passe à côtés de nous rapidement, retenant notre attention.

« Elizabeth. » Dit-elle.

Je me redresse soudain, et Lucas avec moi. On se tourne, tous les deux, surpris et dans une intense confusion, alors que la plus âgée des enfants Styles se trouve juste là, dans une charmante combinaison évasé au décolleté généreux et à la couleur sobre. Elle sourit timidement vers sa petite sœur, elle n'a plus rien à voir avec la fille que j'ai rencontré à Calais la semaine dernière. Tout son entrain, son sourire, son rire, a été aspiré par cette grimace désolé et peiné.

« Qu'est ce que tu fais là, je croyais que tu ne viendrai pas ? » Demande sa petite sœur en se tenant devant elle. Elles n'ont pas de vrais gestes l'une pour l'autre. Elle ne mentait pas. Elles n'ont vraiment pas l'air de beaucoup se connaître. Curieux pour deux sœurs. Même avec une différence d'âge comme la leur je trouve ça bizarre qu'elles ne soient pas plus proches.

« Je le devais bien. C'est une journée importante pour Harry. » Dit-il en hochant la tête. « Et puis.. je suis contente de te voir aussi Wilhelmina. » Ajoute-t-elle après coup. « Je ne vais, néanmoins, pas rester longtemps, je vais repartir demain. »

Willow serre ses poings et hoche la tête en souriant, pour donner bonne figure. Elle pousse une de ses mèches de cheveux derrière son oreille.

« On pourrait... faire un tour à cheval ensemble avant ton départ ? »

« On en fera un tous les trois. » Harry débarque finalement. Il est un peu joyeux, mine de rien, avec tout le vin dans son sang.

Il entoure les épaules de sa petite sœur en observant leur aînée en face d'eux, et tend son autre bras vers elle.

« Merci d'être venue Lizzie. » Celle-ci semble un peu plus à l'aise alors, et s'approche pour se mêler à l'embrassade.

« Je n'allais pas rater ça. » Murmure-t-elle avant de presque aussi vite se décoller d'eux. « Bon.. où sont papa et maman ? »

Ses deux jeunes frère et sœur la guide alors, bras dessus-bras dessous, vers l'endroit où Regina et Harold se trouvent, près du buffet à dessert. Ils se tiennent l'un contre l'autre, souriant alors qu'ils discutent avec quelqu'un, et je ne les quitte pas du regard. Harold semble fou de joie quand il voit sa fille, son sourire devient quasi hystérique et il la précipite dans ses bras, la soulevant pratiquement du sol pour la faire tourner. Je fronce mes sourcils.

« Harold est super proche de Liz dis donc. »

« Hum ? » Je me tourne vers Lucas. Il devait être plus occupé par son verre parce que je le vois juste lever ses yeux par dessus celui-ci pour voir de quoi je parle, avant de hocher la tête sur une gorgée. « Oh ouais, il adore ses filles elles sont basiquement la prunelle de ses yeux. »

« Ah ouais ? »

« Ouais, j'lui ai parlé une fois à propos d'elles et il était extatique, limite en train de m'afficher toutes leurs réussites, personne n'est plus fier de ses filles que Harold. » Il rigole dans son verre et en fini son contenu rapidement.

Je me tourne à nouveau vers la famille au centre de la journée et le visage de Harry me brise un peu le cœur. C'est à nouveau ce regard, celui de l'escalier, celui du téléphone, celui qui concerne son père. Harold aime ses filles plus que tout sur terre, mais est-ce qu'il a laissé une place pour son fils ? Je me le demande parce que les points ne se relient pas assez bien entre eux, si Harold peut facilement afficher ses filles et leurs réussites comment peut-il, avec cette même facilité, trouver des choses à redire sur Harry ? Non pas que Harry mérite plus de reconnaissance, mais il en mérite au moins autant, c'est aussi simple que ça. Ce sont ses enfants et aucune raison ne devrait excuser d'être plus dur avec un d'eux seulement.

Est-ce une forme de misogynie ? De traiter ses filles comme de petites princesses, d'attendre de Harry qu'il soit plus encore que ce qu'il se tue déjà à être ? Est-ce une bête forme de favoritisme ? Pourquoi ses filles spécifiquement ? Est-il plus dur avec Harry parce que c'est son seul fils et que c'est celui-ci qui prendra les rennes du domaine un jour ? Quelle que soit la raison, je pense qu'aucune d'elles n'est valide. Harry mérite mieux que ça. Mieux que d'être l'enfant de l'ombre dans sa fratrie.

Il se tourne vers moi soudain, et nos regards se captent à travers le grand jardin. Comme si j'étais pris sur le fait en train de faire une bêtise, je me tourne avec innocence vers Lucas à côté de moi, la joue dans sa paume et le regard dans le vide. Je crois qu'il est autant fatigué que moi par cette réception et tout cet alcool.

« Tu veux pas qu'on dégage ? Qu'on aille se poser ailleurs dans un coin tranquille ? » Il se tourne vers moi, un sourire au coin de ses lèvres.

« Oh je vois ! » Rit-il.

« T'es con j'ai rien dis. »

Je secoue la tête et me redresse de ma table, observant une dernière fois le grand jardin décoré et le soleil jouant entre les branches d'arbre pour illuminer tout ce beau petit monde qui s'amuse et discute. C'était une bonne réception. J'ai apprécié d'être là et de rencontrer tous ces gens. Je n'ai pas put parler avec grand monde mais le peu que j'ai entendu avaient l'air gentils et reconnaissants d'être à ce point appréciés par le big boss lui même. Je n'ai pas pu en apprendre beaucoup sur comment fonctionne le principe du vieillissement du vin ou quoi que ce soit d'autre, parce que c'était remplie de mots bien trop difficiles pour mon cerveau trop lent, mais je suis content d'avoir vu tous ces gens.

Je pense que mon père n'a pas la moindre idée de qui travail pour lui, de qui est en bas de l'échelle. Il vit dans son petit monde tout en haut sans avoir conscience de la différence entre lui et ceux qui sont en bas et à son service. Il donne de belles soirées mondaines avec ses amis du golf et autres associés avec qui il fait affaires, mais il n'est pas comme Harold. Il ne fait venir personne à lui, ne serre la main de personne tout en bas, ne sait pas qui ils sont. Peut-être que le nombre de personnes sous lui est différent, et pourtant il y a tellement de monde ici que je me demande comment le nombre peut être une excuse. Je ne demande pas que mon père organise ce genre de chose, mais peut-être juste qu'il apprenne un peu plus à voir les choses d'une autre perspective que celle du haut de la tour de verre qu'il dirige. Qu'il soit un peu plus ouvert, comme les Styles.

Bien qu'étant une famille remplie de mystères et de problèmes passant au travers des briques de leur façade comme un coulis noir, il est clair qu'ils sont à milles lieux de l'égoïsme de ma famille. J'ai appris aujourd'hui, alors que je traînais près du bar à vin, qu'une ligne entière de bouteille avait été crée il y avait deux ans, abordables et pourtant autant bonnes que les autres bouteilles de leur domaine, et que la majorité des revenus de ce vin avait été reversé à une association. Au même moment, j'ai aussi appris que Harry donnait très régulièrement de l'argent à diverses associations avec différents buts, comme l'aide à la recherche, les refuges pour jeune lgbt+ à la rue, ceux pour femmes battues, des associations pour ceux dans le besoin ici en France comme à travers le monde.

C'est une famille avec des priorités respectables est inspirantes et je suis heureux d'avoir appris tout ça sur eux, d'en apprendre chaque jour un peu plus sur cette famille spécial.

Je souris pour le vide, observant des gens rire un peu plus loin, et la famille Styles écouter Elizabeth conter probablement son voyage, ou qu'importe. Je suis juste content d'être là et d'avoir partagé un petit moment de vie avec eux.

Je me tourne finalement pour rejoindre l'intérieur, et, éventuellement, la voiture de Lucas de l'autre côté du bâtiment.

*

Il n'y a pas de bruit dans l'immense demeure. Pas d'autre bruit que celui de nos souffles haletants et de ce baiser qui n'en fini pas. Je n'aurai pas tenu bien longtemps. À peine atterris à l'étage que je n'ai même pas pu rejoindre ma chambre, et que je me retrouve tout pantelant et chaud dedans, pour le garçon bonbon lui même. Mes doigts se perdent dans ses mèches, tirant et s'engouffrant, et je me laisse lentement porter par le moment infini qui jamais ne semble se préciser, nous laissant ainsi se demander ce qu'il va advenir de toute cette chaleur. Va-t-elle s'éteindre ou allons nous la laisser guider nos corps droit dans le précipice du plaisir de la chair ?

J'ai ma petite idée quand sa main droite décide de partir en petite balade le long de ma poitrine pour tirer sur ma chemise et se faufiler dessous.

Je ris gentiment contre sa bouche, le faisant une seconde reculer, avant de reprendre sérieux. Ça fait plus de bien que je ne pourrait l'admettre d'enfin se sentir désiré à nouveau. Qu'on le veuille ou non parfois on a besoin de se rappeler qu'on peut être aimé, que ce soit sexuellement ou pas on a tous un peu besoin de l'affection des autres. Même si on peut et doit se suffit à soit même, même si on a beaucoup confiance en sois. C'est toujours agréable qu'on se fasse rappeler qu'on est un être humain aimé et apprécié, qu'importe de quel façon.

Une porte claque soudain et nos deux corps sur le canapé se fige. Mon partenaire se redresse pour concerter mon regard et je hausse mes épaules, l'air bêtement surpris. La même porte s'ouvre et se ferme à nouveau et je reconnais facilement le son de la porte d'entrée, maintenant que je me concentre bien.

« Harry. »

« Je t'ai demandé de me laisser Madeleine. » Je fronce mes sourcils et Lucas me rend mon incompréhension. On dirait bien que quelque chose est arrivé, parce que les deux ont l'air assez secoué, chacun à leur façon.

« Harry parles moi, dis moi ce qui ne va pas. » Madeleine le supplie. Elle a un sanglot coincé dans la gorge et je l'imagine bien, penché légèrement en avant, les bras ouverts dans l'invitation à être considéré comme une confidente.

« Laisse moi tranquille je ne veux pas parler. » Il hausse un peu le ton et un silence se déroule dans la pièce. Je n'ai jamais vu Harry en colère, mais je me doute que ce n'est pas la chose la plus facile à voir. Sa stature et son air dur doivent être doublement impressionnant dans ce genre de contexte.

Lucas et moi ne savons pas trop quoi faire face à la soudaineté de ce virement de situation. L'ambiance n'est pas vraiment morte entre nous, mais on ne peut nier que ce serai un peu bizarre de continuer nos cochonneries alors qu'ils sont un étage en dessous, en train de se disputer à propos de Dieu seul sait quoi.

« Tu ne comprends vraiment pas hein ? » Demande la jeune fille, hoquetant quand les sanglots deviennent trop dur à supporter. « Ça me fait mal de te voir comme ça et de te voir refuser de me parler. » Elle pleure belle et bien cette fois si et ma main glisse dans la nuque de Lucas alors que je prend un air horrifié. Il a le regard tournée vers le côté, comme pour mieux les écouter, et semble, lui aussi, tout ce qu'il y a de plus perturbé. Probablement que, lui aussi, entend ses deux amis comme ça pour la première fois.

« J'ai toujours été là pour toi H. » Reprend Madeleine en reniflant sur ses mots, les déformant malgré elle. « J'ai été là quand Camille t'a largué, j'étais là chaque fois que t'avais besoin qu'on te rassures, pourquoi tu veux pas me dire ce qui va pas. » Harry pousse un long soupir. Ne pas voir son visage me perturbe, ses yeux sont tellement un moyen important de savoir ce qui ne va pas que je ne peux pas me contenter de ce soupir pour me faire une idée de son état.. et je n'aime pas ça.

« Ça n'a rien à avoir avec des problèmes de cœur Mad. » Explique-t-il. « Je n'ai pas envie de t'en parler et tu ne peux pas juste venir pleurer auprès de moi comme si je te devais quoi que ce soit. » Ouch, ça doit piquer. Je grimace.

« Mais ça va pas ? C'est moi putain Harry ! » C'est elle qui cri maintenant. Lucas et moi se redressons sur le canapé. Maintenant c'est vraiment mort pour notre partie de galipette. « Je ferai tout pour toi putain, qu'est ce que je dois faire pour que tu me vois ! Je suis juste là, je suis prête à tout ! » Elle pleure au milieu de ses mots, le souffle difficile et sifflant, et j'ai presque de la peine pour elle.

« Je t'ai jamais demandé de faire quoi que ce soit, et si vraiment tu es prête à tout tu comprendrai que ça ne te regarde pas et que je veuilles garder des choses pour moi, merde putain ! » Il lève le ton à nouveau et je couvre ma bouche avec ma main, choqué par cette force dans sa voix. Il doit faire encore plus peur quand la voix doit être associé à la vision de son visage en colère et de son corps tendu.

« Je l'ai jamais entendu tellement en colère. » Chuchote Lucas.

« Mais je veux être là pour toi, pourquoi tu veux pas me laisser être là ! Tu crois que je suis stupide ? Que j'ai pas vu comment tu- »

« Arrêtes ! Bien sûr que je sais que t'as vu putain je suis pas débile moi non plus, j'arrive encore à me rendre compte de quand je suis pas bien et que j'arrive pas à l'intériorisé ! Je te demande pas la lune merde. Rentre chez toi et laisse moi tranquille ! » Le silence retombe autour de son crie et mon cœur va exploser sous mes cotes tant il bat vite.

« Harry s'il te plaît je veux pas te laisser comme ça... » Supplie-t-elle, sanglotant piteusement.

« C'est toi qui me met en colère, ce genre de problème je les connais et les supporte depuis que je suis un ado, crois moi je peux me démerder tout seul. » Il sonne un peu plus calme et je l'entends un peu plus clairement quand il arrive en bas de l'escalier.

« Harry... »

« LAISSE MOI TRANQUILLE ! »

Je sursaute, exactement en même temps que Lucas et, sûrement, que Madeleine en bas des marches. Le silence engloutit la maison dans sa lourdeur étouffante, compressant mes poumons. En bas, je crois entendre Harry reprendre son calme, respirant fortement. Puis le son s'éloigne, et la porte de sa chambre claque. Seule en bas des marches, Madeleine se met soudain à sangloter, pleurant à chaudes larmes, et Lucas et moi nous observons mutuellement, sans trop savoir quoi faire. Devrait-on descendre la réconforter ? Attendre qu'elle parte ? Peut-être n'a-t-elle pas envie que l'on s'occupe de ça, puisque ça ne nous regarde pas et qu'elle ne pense probablement pas qu'on ai entendu. Les deux doivent pourtant savoir qu'on est là, puisque la voiture de Lucas est garée devant.

Finalement, les pas et la voix de la jeune fille s'éloignent et la porte d'entrée se ferme derrière sa sortie, redonnant à la maison le paisible silence qu'elle connaissait avant ce terrible tonnerre entre nos deux amoureux.

« Eh beh. » Soupire Lucas, tombant contre le dossier, l'air défait.

« Je te le fais pas dire. » Je répond en observant le vide à travers la pièce.

« Ce... ce serai bizarre de reprendre nos trucs maintenant, hein ? » Je rigole en me tournant vers lui et hoche la tête. « Bon... je.. je vais sûrement y aller alors. »

« Ouais... t'as qu'à faire ça. »

Je force un sourire en le regardant se lever du canapé. Il hésite sur place une seconde et décide finalement de se pencher vers moi, sa main s'enfonçant dans le dossier alors qu'il m'embrasse. Il prend son temps et je le laisse faire, attrapant son visage en coupe en prenant une seconde pour bien sentir la forme de ses lèvres contre les miennes. Puis il se redresse et ma main glisse sur sa joue. Il me sourit et me fait un petit signe de main avant de partir rejoindre la terrasse, voulant sûrement prendre l'escalier vers le parking pour plus de rapidité.

Je reste assis sur le canapé tout seul, me demandant ce que je devrais faire maintenant que je suis là. Mon regard descend lentement de la table basse pour courir le long du parquet et s'arrêter à la rembarre de l'escalier. Puis il part dans l'autre sens, vers le couloir et la porte entre ouverte menant vers ma chambre. Je hausse un sourcil et mes yeux repartent dans l'autre sens vers l'escalier. Pour et contre. Contre et pour. Je pèse chaque côté de la balance avant de finalement pousser un soupir et de me lever du canapé pour partir vers l'escalier.

J'arrive en bas, et le silence de la demeure est presque lugubre, même alors que je regarde le salon et que personne ne pourrai jurer que qui que ce soit s'est disputé ici. Je pince mes lèvres en arpentant le couloir, mes pieds nus tapotant le carrelage et habillant l'écho timide. J'observe la porte de loin. Je n'ai aucune raison de penser que Harry me laissera approcher de lui, en vue de comment il était en colère contre Madeleine, mais la petite voix au fond de ma tête me dit que je ne veux pas le laisser malheureux, mon non plus. Peut-être que c'est une forme de destin, si je n'avais pas choisi de rentrer avec Lucas, Harry serait peut-être réellement tout seul dans la maison en ce moment, et si je suis là il faut peut-être que je tente ma chance. Quitte à me voir me prendre une méchante veste.

Avant même de le réaliser je suis devant le porte de la chambre de Harry et j'ai la clenche dans la main. Je serre mes lèvres. Je peux encore faire demi-tour, je peux encore partir, je peux encore renoncer. J'ai le temps de changer d'avis.

Je toque doucement et ouvre le battant.

Harry est allongé au milieu de sa chambre-lit. Je ne vois que sa tête dépassé de sous un tas de couverture où il doit mourir de chaud. Je vois aussi Brat, qui se cachait là depuis je ne sais combien de temps, il le tient contre lui. Celui-ci semble heureux de me voir, ou de me savoir là, parce qu'il remue la queue depuis sa position sous le bras de son maître, et je souris d'attendrissement.

« Harry... c'est moi. » Je chuchote timidement.

« Je sais. » Dit-il. Sa voix sonne rauque, enraillé par sa colère passée.

« Écoutes... t'es pas du tout obligé de me dire quoi que ce soit que tu ne sois pas prêt à me dire... et si tu veux que je m'en aille tu peux me le dire mais je- »

« Viens. »

Viens ? Je prend une seconde pour réaliser ce qu'il vient de dire. De me demander. Viens. J'observe sa silhouette immobile dans son lit et je n'arrive presque pas à le réaliser. Je ne le laisse pas me le dire deux fois, bien alors que je ne sois même pas encore vraiment sûr d'avoir compris, et je descend les quelques marches me séparant encore de lui, fermant la porte derrière moi.

J'arrive sur la margelle de béton lisse et je regarde son corps. Il est dos à moi sous ses grosses couettes, il ne bouge pas. Je frotte mes pieds sur le sol avant de tomber sur mes quatre pattes sur le matelas et de le rejoindre au centre. Brat me regarde depuis l'autre côté, haletant en remuant la queue et je rigole gentiment.

« Dis donc il y a bien des couvertures dans ce lit. » Je marmonne en attrapant le gros tas, qu'il a empilé sur lui, pour le soulever et chercher une ouverture.

Une fois mon bonheur trouvé, je me faufile comme un enfant sous les draps pour le rejoindre. Quand je découvre son corps je me laisse tomber et rampe sur mon dos pour sortir ma tête à mon tour et respirer un air plus frais.

« Quelle aventure. » Je remarque en riant. « Je comprends pourquoi tu as autant de couettes, ça donne l'impression d'être dans un gros cocon, c'est sympa. » Je rigole gentiment et il se tourne finalement vers moi. « Hey. » Je chuchote avec un sourire que je veux le plus réconfortant possible.

Je fais de mon mieux pour ne pas perdre la face mais c'est difficile quand il me regarde avec ces yeux là. Ceux que j'ai si facilement appris à reconnaître. Surtout si ils sont allié à des larmes à deux doigts de déborder. Je réalise finalement qu'il tient dans ses bras un gros ours en peluche blanc et je pousse un petit rire attendrie.

« Pourquoi tu te moque de moi. » Souffle-t-il, la voix semi-silencieuse, pas plus forte qu'un courant d'air et aussi légère que le parfum d'une fleur.

« Je ne me moque pas. » Je lui affirme en me tournant sur mon flanc pour mieux le voir.

Ses yeux jouent dans de rapides allée-retour entre les miens, et je souris. Je suis heureux de voir qu'il sait qu'il peut être vulnérable ainsi avec moi, je suis heureux qu'il se sente assez en sécurité pour ne pas me repousser, que je sois assez proche de lui pour que je sois là en ce moment. Ça compte beaucoup pour moi.

Ses mots résonnent dans mon esprit. '...tu as déjà pas mal de valeur pour moi...' Oui. Oui, j'arrive à le voir.

« Tu n'es pas obligé de me dire ce qui va pas d'accord ? Je suis juste content d'être là pour toi... que tu me laisse être là pour toi. Que tu m'attribue une telle valeur. » Je reprend ses mots, ceux qu'il m'a dit et qui ont été emporté par la houle, et j'espère qu'il le réalise, qu'il sait pourquoi.

Un petit sourire remonte timidement sur ses lèvres, brisant un instant l'expression de peine qui s'échappe de lui, telle une aura colorée. Je l'encourage de mon propre sourire, tendant ma main vers la sienne pour doucement la presser. Une, deux, trois. Trois petits accoues. Juste comme ça. Je ne suis pas sûr que ça ai un sens ou une signification, j'ai juste le sentiment que c'est la bonne chose à faire.

« Je ne sais pas ce qu'il s'est passé... mais tu as le droit d'être blessé. » Je chuchote, mes propres yeux observant les deux siens s'embuer un peu plus.

Il retient son souffle et je presse ses doigts une nouvelle fois. Il le vit apparemment comme une invitation à serrer ma main, parce que ses doigts changent de forme et enserre les miens pour les tenir le plus fort possible. Ses yeux se ferment. Ses lèvres tremblent. Une larme s'échappe. Il souffle longuement par le nez et je sens une poigne de fer serrer ma gorge, m'étouffer, et me tirer une envie de pleurer aussi. Mais je ne peux pas pleurer, pas maintenant, je ne veux pas. Ce n'est pas le moment, ce n'est pas ma peine.

Je tire sur son bras et il se laisse lentement venir vers moi, enfonçant son visage dans ma poitrine.

Au fond de moi quelque chose souris. Je suis soulagé. Je suis là pour lui. 




___

La vérité à propos de ce chapitre c'est que je l'ai écrit la même nuit que le dix huit, ha! Et oui le confinement ne m'a pas trop réussi.

J'espère que ce petit chapitre à rebondissement vous a un peu surpris et que vous commencez à trouver la famille Styles aussi curieuse qu'elle en a l'air. Peut-être que certains d'entre vous ont déjà relevé les indices que je vous ai laissé? Hum, mystère mystère!

Lucas et Louis semblent très très proches maintenant olala, no problemo, j'ai des plans ;)

Finalement, est-ce que vous pensez vraiment que nous devrions craindre Madeleine?

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