Chapitre 12 : Le premier coup de pinceau

Ça a été assez triste pour Harry de laisser sa sœur, ils se sont fait un long câlin devant le train, même alors que le départ été imminent il était toujours en train de la serrer contre lui sur le bord de la chaussée. Ce n'est qu'au dernier appel qu'il s'est jeté sur la première marche du train pour me rejoindre. Nous n'avons pas put passer le voyage en train ensemble, nos places étaient à un wagon d'écart. J'ai passé le trajet seul avec moi même, donc, à l'affût et à l'écoute. Le monde défilait vite derrière la vitre et quand je ferme les yeux je peux encore voir les paysages agréable et les herbes s'agiter dans le vent, puis le paysage urbain de la périphérie de la capital française apparaître.

Harry est venu me chercher peu avant que l'on doive descendre, c'était le terminus du train, évidemment, et tout le monde devait se tenir prêt. Alors il est venu me retrouver pour me dire de ranger ce que j'avais pu placer sur ma tablette devant moi.

Il n'a jamais menti quand il m'a dit que Paris était grandiose, je n'ai pas vu la voir dans toute sa grandeur, et je n'en aurait sûrement pas le temps demain, puisque l'on part tôt. Mais ses rues et son architecture sont spectaculaire et à la hauteur de la façon dont l'on parle d'elle dans le monde. Je n'ai pas vu beaucoup malheureusement, je ne verrai jamais à quoi ressemble tout Paris, de ses quartiers les plus chics au plus touristique et jusqu'aux moins connus, je ne peux que me contenter, et c'est bien assez, de la vue depuis la chambre de l'hôtel où l'on reste cette nuit, pour une brève escale. Demain c'est la dernière ligne droite du voyage avant que l'on arrive enfin à destination.

Je me sens profondément épuisé, complètement drainé de mon énergie, alors que mon corps s'affale sur la rembarre du balcon. Je n'ai fais que dormir depuis que l'on est arrivé à l'hôtel, si bien que la nuit est tombé maintenant, et que la lumière de Paris m'illumine de sa beauté singulière.

Je souris de plaisir, libre et loin de tout. Libre d'être qui je veux là où personne ne me connaît. Libre comme jamais avant. Chaque nouveau pas me délivre un peu plus encore que je ne le suis déjà du poids que je porte sur mes épaules et qui a toujours plié mon cœur de douleur acide et tyrannique. Dans une ville aussi peuplé l'air est lourd et probablement moins sain que dans la campagne, et pourtant je peux jurer que j'ai l'impression de respirer un air pur. C'est la même sensation, dans mon cœur, que si je venais de boire un grand vert d'eau clair et fraîche à sa source même.

« Tu as faim ? » Je sursaute bien malgré moi, comme surpris à un moment inopportun.

Dans la chambre, dans mon dos, Harry me sourit. Je ne sais pas ce qu'il a fait pendant que je dormais, quand je me suis réveillé il n'était plus dans la chambre. Il avait laissé un petit mot sur la table pour dire qu'il était partit faire un tour. À en juger par son accoutrement je pense que c'est un jogging qu'il est partit faire et je ne peux que me demander où il trouve une telle énergie après toute la route que l'on a fait. Je veux bien croire qu'il a dormit la veille mais là c'est presque surhumain et j'ai presque envie de me faire du soucis pour lui.

« Un peu oui. » Je confis même alors que ça ne peut être qu'une évidence, considérant le fait que je n'ai rien avalé depuis ce matin.

Il hoche la tête et attrape la serviette autour de ses épaules pour essuyer son visage. Il s'éloigne en direction de la salle de bain attenante, à reculant, en me pointant de son doigt.

« T'as envie d'un truc en particulier ? On peut sortir si tu veux ? » Il hausse ses sourcils dans la question et moi mes épaules en guise de réponse. « Bon réfléchis-y. » Et juste comme ça, il disparaît dans la pièce, derrière la porte.

La solitude retombe sur mes épaules et je pousse un petit soupir de bien être, de confort, dans ce silence accueillant comme une étreinte, tombant à la renverse sur le lit et observant le plafond haut au dessus de moi. Harry a dit que je dormirais dans le lit tandis que lui prendrait le canapé un peu plus loin dans la chambre. J'apprécie qu'il me laisse de l'espace, parce que finalement c'est vrai que nous ne sommes que deux étrangers.

Quand Harry sort de la douche plus tard, après quelques minutes que je passe à contempler les dix dernières heures de ma vie, il me presse d'enfiler mes chaussures et de me changer si j'en ai envie avant que l'on ne parte. Si je n'ai pas réfléchi à ce que je voulais manger ce soir lui semble avoir prit une décision. Alors que j'attrape mes converses pour les enfiler je le vois attraper son porte feuille et fouiller dedans. Il sort quelque billet en euros et les comptes tranquillement avant de se tourner vers moi pour voir si je suis prêt, ce que je suis.

Je ne pense pas que Harry connaisse Paris comme sa poche mais c'est pourtant plutôt clair qu'il n'a pas eu besoin de carte ou d'une application quelconque pour trouver la station de métro la plus proche et me faire monter dedans vers une destination mystère.

Le métro de Paris n'est pas beaucoup différent de celui de Londres, ce n'est pas la même chose mais c'est tout aussi dérangeant d'y être. Je ne le prend jamais d'habitude, mais j'avais l'habitude de le prendre quand j'étais plus jeune, pour me rendre au lycée ou à l'école, avant d'avoir mon permis, et si conduire en métropole est un cauchemar ce n'est en rien comparable à celui que c'est d'être dans le métro. Entre le stress que cela procure et l'agacement d'être trop proche de gens qu'on aimerai parfois tenir un peu plus loin de nous inutile de ce demander pourquoi tout le monde est de mauvaise humeur.

Harry semble tout ce qu'il y a de plus à l'aise, lui. Je ne peux que me demander si il lui arrive parfois d'être mal à l'aise quelque part, il a tant d'assurance que c'est comme si le monde lui appartenait, où qu'il aille il n'a peur de rien ni personne et c'est fascinant. Il tient la barre d'une poigne ferme alors que ses yeux ne quittent pas son téléphone auquel il est addict, de toute évidence. Je l'observe, assis sur le petit fauteuil juste devant lui. Sa confiance en lui le rend presque magnétique, il ne passe pas inaperçu. Que ce soit dévisagé à cause de son style vestimentaire particulier, ou simplement apprécié par les personnes autour de nous. Il ne le vois sûrement pas, probablement parce qu'il est si confiant qu'il a apprit à ne plus faire attention, mais moi je le remarque très facilement, les petits regards qu'on lui lance tous, de toutes les formes. Il entre quelque part et soudain il devient le centre de l'univers pour quelques petites secondes seulement. Harry Styles est ainsi, captivant, charismatique, atypique.

« Où va-t-on ? » Je lui demande finalement quand on sort du métro, après un changement de rame. Il me sourit avec un air malin, sûr de lui et de son coup. Il monte l'escalier vers la sortit et je ne peux que suivre le mouvement. À la surface je vois une route d'abord, il y a un peu de monde qui circule, comme toujours dans une telle ville.

« Regarde. »

Je lève les yeux, suivant la direction qu'il me pointe. La surprise se peint sur mon visage et je souris malgré moi alors que la lumière se jette sur ma rétine.

« La Tour Eiffel ? » Mon cœur se gonfle sous mes cotes bien alors que je fasse tout pour garder mon calme. Il avait raison, ça reste particulier de voir ces endroits pour la première fois d'une vie, surtout ainsi, tout allumé et brillant comme un phare dans la nuit tombante.

« Tu ne pouvais pas vraiment passer par Paris sans voir son monument le plus célèbre. » Rit Harry à côté de moi en me guidant dans la direction générale de l'immense tour.

Elle réside grande et belle au loin dans mon champs de vision, trônant sur le reste de la ville.

« Je t'aurais bien emmené jusqu'au champs de mars mais la vue depuis le Trocadéro est bien plus prenante en mon humble opinion. Et comme on avait pas le temps. » Dit-il, haussant une épaule sur les derniers mots.

Je ne peux que le croire sur parole quand il dit cela. On traverse la rue pour rejoindre la place et mon regard émerveillé ne se décolle jamais de la vision lointaine de la tour. J'ai l'impression de ne même plus pouvoir cligner des yeux, éblouie par le spectacle nocturne.

On descend quelque marche au bout de la place et je pose mes mains sur le garde fou en pierre, mon regard fixé sur l'horizon. Il y a un jardin en dessous, mais mes yeux ne peuvent pas s'attarder sur un seul détail et je reste avare de voir le reste de cet univers digne des plus belles scènes cinématiques. Le ciel est noir maintenant que le soleil est bien couché, les lumières de la ville cache la lueur des étoiles et je sens un courant d'air frais courir sur mon visage et dans ma nuque avec réconfort, telle une caresse protectrice venu d'ailleurs.

Harry s'accoude à côté de moi.

« Je ne me lasse jamais de la voir quand je passe à Paris. » Confit-il, la voix douce dans le calme nocturne de la ville.

« Je peux comprendre. » Je ris gentiment et me tourne vers lui. Il se tient, comme toujours, fier, bien droit, la tête presque haute.

J'enfonce ma joue dans ma paume et soupir d'allégresse en me tournant vers la vue à nouveau.

« Merci de m'avoir emmené avec toi Harry. »

Je le vois, du coin de mon œil, se tourner vers moi. Il étudie mon profil et je ne sens pas spécialement mal, moi qui l'avais imaginé jugeur le jour où on s'est rencontré je ne me fais même plus de soucis à propos de son regard. Je souris en silence, regardant la lumière lointaine, jaune, scintiller calmement. Le temps pourrait s'être arrêté à ce moment, je ne remarquerai rien. Au contraire, je pourrait rester ainsi encore des heures sans me lasser, sans que je ne sente le besoin de revenir sur terre.

Harry ne répond jamais à ce merci. Il reste, lui aussi, dans ce silence chaud et douillé, et se tourne à nouveau vers l'horizon, joignant ses deux mains en un même poing devant lui. Je ne sais pas ce qu'il pense de ce remerciement, mais je sais que je le pense sincèrement.

Toute ma vie j'ai attendu, sans le réaliser, d'un jour pouvoir me sentir ainsi. Inconsciemment, j'ai toujours eu la pression et si une partie s'en est allé le soir où mon sang a taché le carrelage de mes parents, le reste vient tout juste de le rejoindre. Enfin débarrassé de tout cela, loin de chez moi, loin de tout, loin de toute ma vie, j'ai enfin l'impression d'avoir une toile blanche sous la main.

Grandir c'est un peu comme avoir une toile et chaque jours, chaque année on ajoute des couleurs au milieu du rien, on ajoute des traits de pinceaux et des arabesques. Certains commencent en faisant un croquis et d'autre n'ont aucune idée de ce que la toiles sera une fois fini. La mienne de toile n'a jamais été blanche, quand je suis né mes parents ont mis sous mes yeux un chevalet avec des pinceaux et des couleurs que je n'ai pas choisi pour peindre par dessus une toiles qui avait déjà des croquis et des notes précises. En me tenant là, avec Harry, je viens à peine de donner un dernier coup de gomme sur ces traits pré-définis et des nouvelles couleur viennent de se présenter sur ma table, et c'est lui qui les as emmené à moi le jour où il m'a demandé de le suivre.

Alors oui, merci. Merci à Harry d'avoir pensé que j'aurai besoin de trouver un endroit où tout reprendre à zéro et de me l'avoir aussi facilement montré, juste parce qu'il en avait le pouvoir. C'est vrai qu'il est un drôle de numéro mais il n'est pas pour autant idiot et méchant, et maintenant un morceau de moi lui devra pour toujours ma reconstruction qui démarre à peine. Avec ce premier coup de pinceaux aux couleurs des lumières de la Tour Eiffel un soir de mai. Au milieu de ma nouvelle toile vierge. 

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