Chapitre 10 : Départ

Je ne donne jamais de chanson pour l'ambiance musical pour mes chapitres mais j'ai écris celui ci avec beaucoup de Lofi Hip-Hop aux vibes nocturne dans les oreilles, donc je vais glisser un petit lien vers une vidéo playlist posé et tranquille pour vous. Kisses xx

https://youtu.be/wAPCSnAhhC8

Il fait froid, sans surprise à une telle heure de la nuit. Le vent souffle et s'engouffre entre les immeubles et dans mes os, circulant dans l'espace restreint entre mes vêtements et ma peau. Je frisonne. Je recule sur le trottoir et lève les yeux vers le balcon de mon appartement. Les volets sont fermés, comme tous les autres à cette heure là, mais les miens ne s'ouvriront pas au petit matin. Non, au petit matin je serai loin.

C'est bizarre, je n'ai jamais été si loin de chez moi que je m'apprête à l'être dans quelques heures. Et après ce qu'il s'est passé avec mes parents c'est comme si je m'enfuyais. Je me sens à la fois empli de peine et d'angoisse comme de bonheur et d'anticipation. Je me sens à la fois libre et comme le plus grand des lâches.

« Louis ? » Je me tourne vers Harry. Il attend devant le coffre de sa voiture de location, ouvert, dans lequel il vient de mettre mon premier sac. Je hoche la tête et rétracte la hanse de ma valise à roulette pour la soulever et la lui passer. « Tu peux encore changer d'avis tu sais. » Me rassure-t-il. Je serre mes lèvres et accorde un dernier regard vers mon balcon.

« Non. » J'assure. « C'est juste bizarre de partir, j'ai l'impression que je ne reviendrai jamais. » Le sentiment en moi s'amplifie, comme si je venais de mettre la main exactement sur le problème, comme si je confirmais quelque chose dont je n'avais pas encore tout à fait conscience. J'observe la façade de cette endroit où je vis depuis peut-être cinq ans, et c'est comme si c'était des adieux. Un au revoir et à jamais.

« T'es sûr ? » Un frisson remonte le long de mon dos et reste un instant coincé dans ma nuque avant que je ne tourne un sourire vers lui.

« Je suis sûr. » Je serre ma main sur la hanse de mon sac à dos sur mon épaule, chassant ce drôle de sentiment, et il hoche la tête, claquant le coffre quand il le ferme.

Il me désigne la voiture d'un geste qui semble galant et je coince mes lèvres dans un sourire serré et poli en attrapant la poignée de la portière passagère pour l'ouvrir. Il est tellement tôt, aucune lumière ne peut être aperçu à l'horizon, même pas une brève lumière jaune, les étoiles sont toujours reine, bien que caché sous la pollution lumineuse des rues de la ville, et la lune nous surplombe de toute sa grandeur et quand je m'enfonce dans le fauteuil passager et que la portière se ferme je peux voir mon reflet dans la vitre noir comme le charbon.

Je crois que la nuit, ce noir, ce silence, a quelque chose de réconfortant. Je n'ai jamais eu peur du noir et aujourd'hui je réalise que non seulement je n'en ai pas peur, mais que, surtout, je l'aime. J'aime son confort, ses bras qui acceptent tout si facilement. Ça a toujours été plus simple d'être moi-même la nuit, dans les rues animées de la ville remplie de gens qui laissent tomber leurs masques. La nuit c'est le repos pour les gens comme moi. Ceux qui se cachent, qui se mentent. Par conséquent, n'est ce pas poétique que j'entame mon voyage durant la nuit ?

Harry s'assoie à son tour et la voiture semble s'affaisser, la lumière de l'habitacle s'éteint finalement avant d'être remplacé par celle, bien plus douce, du tableau de bord. Je me tourne vers mon compagnon inattendu de voyage, un homme qui ne sait rien de moi, qui n'a aucune attente de moi, avec qui je peux accueillir mon nouveau moi.

Même à cette heure là il est bien coiffé, et même habillé d'un t-shirt élégant rentré dans un jean droit le tout sous une grosse veste, et je me retrouve à me demander si il lui arrive de relâcher un peu cette apparence classe et riche qu'il arbore tout le temps. À côté de lui, avec le visage tiré par la fatigue dû au fait de ne pas avoir dormi, emmitouflé dans mon sweat à capuche le plus gros et confortable, trop long pour moi, et portant un leggings de sport, je n'ai pas l'air de grand-chose.

Il démarre et je souris. Je me sens à l'aise, assis là, à côté d'un homme que j'ai rencontré il y a peu, que je connais depuis trois jours, partant avec lui dans sa vie dans un autre pays. Je ne le connais pas et je réalise pourquoi je me sens si bien, j'ai l'impression de l'avoir toujours connu. Et c'est si spécial. C'est peut-être de me retrouver en lui l'autre jour qui m'a donné cette impression. Je pense comprendre ce qu'il voulait dire il y a deux jours quand il disait que c'était différent avec moi, parce que ça l'est avec lui aussi pour moi. C'est facile d'être avec lui, contrairement à ce que je pensais à cause de son côté prétentieux il est aussi très accessible et simple. C'est facile.

« Bon, on est partit alors. » Je hoche la tête alors qu'il sort de la place de parking et que l'ont s'éloigne de ma rue.

Mes yeux ne quittent pas le rétroviseur et mon immeuble que je vois dedans. Même une fois que je ne suis plus sûr de pouvoir le voir je continue de regarder la route disparaître derrière nous, dans le dernier lampadaire en vue, puis le suivant.

Ça y est, je pars. Mon cœur bat la chamade sous mes cotes et mon sourire est hystérique. La route est ouverte devant nos yeux, sous les roues, le paysage urbain défile et j'ai un sentiment de liberté profond qui m'envahis soudain. Le monde semble à moi, il m'appartient, il nous appartient. De la musique englobe l'habitacle, elle vient de l'auto-radio connecté à son téléphone. C'est une mélodie sans paroles qui sonne nostalgique, et mon cœur se gonfle sous ma poitrine pour courir sur les notes. On s'en va. Je m'en vais. Je pars, à la recherche du bout de l'univers, à la rencontre de moi même. Je me sens bien.

J'ouvre mon sac et en sort un sachet de bonbons, des Dragibus plus précisément. Je l'ouvre et je pose dans le porte gobelet entre nous, piochant dedans le premier et lui donnant le feu vert pour en faire de même. Il me remercie gentiment pour en prendre un à son tour sans lâcher la route des yeux.

La fin de la ville n'est pas trop loin de là, et bientôt on ne verra plus rien qui ressemble à une ville. Harry tourne le volume de la musique et je sens mon cœur s'envoler sur le rythme. Boom boom. Le sentiment de vivre n'est que plus fort, plus qu'il ne l'a jamais été, et je sais alors que ce n'était que le bon choix de partir. Je voulais ressentir ça depuis longtemps, depuis toujours, et voilà qu'il est juste ici, et que je viens à peine de partir. Et si ce n'est pas la promesse que ce voyage est une bonne chose, je ne sais pas ce que c'est.

Ce n'est plus une simple intuition ou un simple pré-sentiment dans le fond de mon âme, c'est un fait. Ce voyage, Harry, ce sont des choses qui ne vont que m'enrichir et m'offrir ce que je cherche tel un fantôme égaré depuis de longues années.

Quand la ville laisse place à une périphérie semi déserte Harry ouvre la fenêtre et je frissonne quand le vent s'engouffre avec force dans l'habitacle mais sort tout de même ma main pour tenter de caresser la brise invisible, de suivre ses courbes et douce qui se faufile dans le creux de ma manche. Je me sens si bien, j'ai l'impression de flotter sur le vent, et mon cœur ne fait que battre encore plus fort dans cette euphorie qui n'a qu'un nom possible : vivant. Je me sens plus vivant que jamais. C'est une certitude, je ne sais pas si c'est triste de le constater, je sais cependant que ça ne me rend pas triste, non, au contraire, je n'ai que l'impression d'accomplissement s'enroulant autour de mes sens, de mon être.

« Si tu es déjà dans cet état d'allégresse pour ça, attend qu'on arrive en France, les routes de campagne ont une impact encore plus folle, surtout dans le sud. » Je me tourne vers Harry, un peu gêné qu'il ai tant de facilité à lire en moi et comprendre ce que je ressens, mais en parallèle heureux et d'autant plus surexcité à l'idée d'arriver, même alors que ce ne sera que demain.

« Je n'ai jamais fais de voyage en voiture, pas aussi long en tout cas. » Mon regard se perd dans le vide derrière ma fenêtre ouverte à moitié, je ne vois pas beaucoup de chose en dehors de mon demi reflet dessus et les quelques maisons en bord de route, mais l'intention y est, et j'aime observer ce vide noir. Je pense que c'est ça en partit qui rend ce voyage en voiture encore plus magique. La nuit. Le silence, le sentiment que nous sommes les seuls sur cette terre, que l'on transporte la vie et qu'elle traverse ce petit village trop vite pour être capté par le reste de ces gens.

« Tu vas voir, le mal aux fesses remplace bien vite le sentiment de solitude et d'indépendance. » Rit-il.

« T'es juste un 'hater'. » Je secoue la tête.

« Non non... je comprend ce que tu ressens. J'adore les voyages comme ça, en train c'est le mieux. » Présente-t-il souriant.

On ne croise personne sur la route, il n'y a que quelques voitures, mais elles ne sont que peu nombreuse contrairement au reste du temps. Quand on les croise, soudain la vie semble plus réel, mais la sensation ne dure qu'une seconde, le temps de sentir notre monde se bousculer contre celui d'un autre jusqu'à ce que l'on ne redevienne que des inconnus se rencontrant sur une route qui n'ont en commun qu'une seconde de leurs vies. J'ai presque l'impression d'être dans un film, et pourtant c'est la vrai vie, c'est tout ce qu'il y a de plus réel. Lui, moi, la route vide et la nuit froide qui glisse par la fenêtre pour s'inviter dans notre conversation et combler le silence entre nous, bercé par la musique.

« Je suis vraiment content que tu aies accepté ce voyage en vrai. Je sais que... c'est bizarre d'une certaine façon mais... je suis content. » Je pouffe un petit peu et tombe contre le dossier de mon fauteuil pour me tourner vers lui et considérer son profile. Il est aisé de le regarder comme cela, quand son regard ne peut pas m'intimider avec son intensité.

« C'est vrai que c'est bizarre. » J'admets, laissant le sourire remonter sur mes joues. « Tu demandes souvent à des inconnus de venir avec toi dans ton vignoble ? » Je demande, tendant ma main vers le bouton de ma fenêtre pour la fermer, l'invitant par là à faire pareil afin que l'on s'entende plus facilement, ce qu'il fait presque machinalement.

« Non évidemment. Je t'ai dit que c'était différent. » Rit-il. « Et toi tu suis toujours les gens que tu viens de rencontrer dans leurs idées folles ? » Je ris.

« Seulement quand ils ont l'air de vouloir me prouver quelque chose d'impossible, comme le fait que je vais aimer le vin. » Le rire vient de façon plus que naturelle, et secoue mes épaules alors que mon regard s'égare sur le bord de la route devant nous, défilant et disparaissant loin derrière, emportant avec un peu plus de ce poids sur mes épaules jusqu'à ce qu'il disparaisse à un moment. « Comment c'est de tenir un domaine viticole ? » Je me tourne vers lui, porté par l'intérêt légitime de ma question.

« En voilà une de question intéressante. » Rit-il. « Je ne sais pas trop quoi te dire, c'est comme gérer une entreprise. Je dois m'assurer de l'état de mes cépages, et puis du processus de vieillissement.. » Il semble penseur. « Parfois, comme là, j'ai de gros clients très riches qui demandent une commande et ça nécessite un certain traitement, puisqu'ils ont de l'argent et tout ça, on doit s'assurer qu'ils reviennent. » Il hausse ses épaules. « C'est comme une seconde nature, j'ai grandi en voyant mon père monter cette empire et je m'occupais déjà que quelques trucs en Angleterre avant même d'avoir une part du domaine.. »

« Impressionnant. » Je commente. « Je pense que c'est parce que je suis pas quelqu'un de très 'leader' dans l'âme, mais je pourrais jamais me voir gérer autant de choses, j'exploserai ! » Je précipite un rire sur les dernière syllabe, le motivant malgré moi à me suivre dans mon amusement avec un petit souffle jaune passant par son nez.

« Je pense que ça s'apprend. » Propose-t-il. « Mais je pense aussi que c'est quelque chose qui doit se vouloir pour être appris. » Il me lance un petit regard, le temps d'une seconde. C'est ce regard, celui qui cloue sur place, qui intimide, celui qui a beaucoup trop de pouvoir sur moi.

Je détourne mes yeux rapidement.

« C'est sûrement pour ça alors, que je ne peux pas me voir dans ce genre de rôle. »

« Tu pourras en apprendre plus si vraiment ça t'intéresse. Ça me touche que tu montre une vrai curiosité pour ça. » J'entends le sourire dans le fond de sa voix, son ton s'amuse tendrement. C'est plus fort que moi quand son amusement s'entend je ne peux que voir son visage quand il avait son père au téléphone. Peut-être que sa carrière particulière n'est pas la seule chose que je vais apprendre à connaître plus précisément.

« Il faut bien si je dois passer une durée indéterminée avec toi dans ton domaine. » Je hausse une épaule, souriant, en observant mon téléphone portable dans ma main et le message que j'ai envoyé à Liam quand Harry est arrivé en bas de chez moi plus tôt. Il n'a pas répondu et ce n'est pas surprenant, il doit dormir, considérant le fait qu'il est quatre heure du matin.

« Ah je suis désolé, c'est vrai que ça aurait été plus rapide en avion, ça va être long. » Me dit soudain Harry, sans que je ne puisse saisir ce qui a put déclencher cette excuse. « Mais comme j'avais déjà tout prévu comme ça je- »

« Mais tout va bien. » Je souffle dans un petit rire en me tournant vers lui. « T'as pas a t'expliquer, déjà tu m'invite, t'allais en plus acheter deux billets d'avion en dernière minutes, ça va pas ? » Je secoue la tête, emporté dans ma protestation. « Et puis... c'est sympa, c'est excitant, c'est comme un road trip. » Je remarque, sourire aux lèvres. « Vraiment, je ne suis pas du tout dérangé. » Il me lance un regard rapide, souriant et j'essaie, durant le court laps de temps où nos regards se captent, de lui communiquer toute ma sincérité.

Le silence retombe dans l'habitacle, bercé par la douce mélodie reposante et apaisante. Je me sens bien. C'est curieux, et je l'ai déjà dis, je me sens à ma place, comme si toute ma vie avait été faite pour que je me retrouve ici dans cette voiture avec lui et à ce moment. C'est la chose la plus insensé que je n'ai jamais pensé et pourtant rien ne fait peur dans cette situation, ni lui, ni cette route, ni sa conduite, ni l'endroit où je vais sans même un regard en arrière. Rien.

« Tout de même. » Contourne-t-il. « Il est tard, le voyage s'annonce long, n'hésite pas à dormir un peu tant que tu le peux, ce sera toujours moins de temps à t'ennuyer. »

Je suis presque choqué et ne me cache pas de le lui montrer avec une mine outré, pour rire, évidemment, portant la main à mon cœur.

« J'ai l'air si fatigué !? » Je ris. « Je penses que tu es de bonne compagnie. »

« Sûrement. » Il hausse des épaules. « Ça ne veut pas dire que tu ne peux pas dormir. » Je serre ma main sur mon téléphone. Peut-être finalement qu'une petite part de moi à peur, parce que je sens que j'ai besoin de me raccrocher au fait que j'ai mon billet pour le ferry dans mes mails récent pour me rassurer moi même et me dire que je ne risque rien à m'endormir dans cette voiture.

« Si je dors tu vas pas t'assoupir ? C'est la nuit et il te faut un stimuli pour pas qu'on meurt ! » On rigole joyeusement et il pointe son doigts vers moi rapidement.

« C'est pas faux, mais j'ai beaucoup dormi et la route n'est pas si longue. »

« Je vais essayer de ne pas dormir. »

« Essaies. » On dirait qu'il me lance un défi, et même si je le prend à la rigolade et rétorque que je vais réussir, je sais aussi que mes yeux me tirent et que je ne vais sûrement pas tarder à sombrer, bercer par le mouvement, la musique, la nuit. Épuisé par les sentiments en ébullition dans mes veines. 




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Ah je suis désolé, je réalise que mes chapitres sont un peu courts, je peux facilement assurer que ce ne sera pas toujours comme ça. Ces chapitres sont lents et courts parce que ce n'est que le début, de meilleurs chapitres arrivent. 

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