Chapitre 1 : Nouvelle ère
Je ne pensais pas que je serai heureux d'un tel spectacle. Peut-être que finalement j'ai réellement réussi à passer à autre chose. Plus que ce que je pensais. Je me suis tenu si loin de son visage, de tout ce qui aurait pu me rappeler son toucher et ses baisers, que j'ai peut-être simplement réussi à oublier ces sensations, ou à accepter qu'elles fassent bel et bien partie du passé pour toujours. Je ne suis même pas un peu triste. Peut-être nostalgique, mais surtout soulagé de voir que j'ai enfin réussi à lâcher prise sur tout ça, et à placer ce que j'ai pu partager avec lui dans le passé. Je ne pensais pas le revoir, pas ce soir, mais je crois que j'en suis heureux. Après tout ce temps passé mal dans ma peau, empli de culpabilité et de colère, je suis content de réaliser que je n'ai plus que de la bienveillance envers lui et que je lui souhaite le meilleur. Parce que là, de l'autre côté de la pièce, son corps proche de celui de cette fille que je ne connais pas, son bras autour de sa taille, à lui chuchoter des choses, je ne peux que me sentir bien de le voir ainsi, heureux, bien, mieux, et de constater que lui aussi a pu aller de l'avant. Je suis heureux pour lui.
Je ne suis pas sûr qu'il ait vu que je suis là aussi, il est plutôt occupé avec les gens autour de lui. C'est une fête après tout, et ce n'est que le fruit du hasard que je me retrouve ici en même temps que lui pour la première fois depuis notre rupture. Je crois que ça fait un an maintenant, ou peut-être un peu plus. Je sais que pour toujours je garderai un souvenir de notre rupture, c'est une relation qui avait beaucoup trop d'importance pour moi et qui m'a beaucoup trop marqué pour n'être qu'un simple souvenir sans la moindre valeur. Toute notre histoire aura toujours de la valeur pour moi, toute la colère, toute la peine, tout l'amour et tous les moments. Je n'attends en rien de lui qu'il ressente la même chose ou voit la situation de la même façon, et pour cette unique raison je ne peux que faire profil bas, et ne pas me faire remarquer. Je ne sais pas ce que mon visage ou ma présence pourrait réveiller chez lui.
Je sais qu'il y a de la rancœur en lui, je sais qu'il me blâme autant qu'il se blâme. Je ne pense pas qu'il sache que moi aussi. Il y a toujours ce genre de période après une rupture de toute façon, où l'on se dédouane des faits tout en prenant une trop grosse part de responsabilités, on a envie de haïr l'autre, on le haït même simplement parfois. Parfois, ce genre de sentiment passent, parfois ils restent, et je ne peux pas deviner si sa rancœur est partie. Alors je souris sans rien dire, observant son profil, son sourire, le regardant parler sans que je ne puisse entendre sa voix ni même être sûr de savoir ce qui le fait rire. Ça ne me regarde en rien, de toute façon.
Je fais demi-tour sur mes talons et sors de la pièce, le cœur léger, pour en rejoindre une autre.
« Louis ? » Je lève les yeux, un peu plus tard, interpellé par la voix qui m'appelle. Mes mains au-dessus des bouteilles d'alcool se figent alors que j'allais me préparer mon nouveau verre, et mes yeux tombent droit dans ceux de Liam. Il a un air inquiet sur son visage, mais honnêtement j'ai l'impression que c'est une grimace qui tord constamment ses traits. Ses épais sourcils haussés sur son front, ses yeux remplis d'attention, la bouche serrée en ligne droite, c'est comme ça qu'il regarde tout le monde, avec intérêt et affection.
Je hoche la tête pour lui signifier que je l'écoute. Il s'approche un peu, lançant un regard par-dessus son épaule et entourant un bras protecteur autour de moi.
« Tout va bien ? » Me demande-t-il tout bas, comme s'il s'agissait d'un secret. « J'ai vu Zayn dans l'autre pièce avec Gigi... » C'est donc de ça qu'il est question. J'aurais dû m'en douter.
Je pousse un petit rire amusé en haussant mes épaules. Mon attention revient vers ma boisson et je reprends mon mouvement, versant mon jus de cranberry pour diluer ma vodka. C'était sûr, en tant que meilleur ami, que Liam ne mettrait pas plus de deux minutes à accourir vers moi pour être sûr que j'allais bien. Il n'a pas vraiment prit de côté quand j'ai rompu avec Zayn, mais n'a jamais cessé de penser que je méritais autant sinon plus d'attention parce que j'étais au moins aussi mal que mon ex, même en étant celui qui avait décidé de tout arrêter avec celui-ci.
« Je l'ai vu. » Je lui assure donc, tirant mon verre à mes lèvres et sirotant une gorgée. « Et... ça va. » Je souris sur le dernier mot, et le voit froncer les sourcils sans me lâcher, tirant même un peu plus sur son bras pour me donner un semblant d'étreinte. « Je crois... que j'avais besoin de le voir. Juste pour être sûr que je vais mieux, et que je suis passé à autre chose. Et honnêtement... je suis content pour lui, il a l'air bien avec elle. »
Il semble surpris que je puisse voir les choses de cette façon si j'en crois le regard qu'il me lance cette fois-ci, surpris et sourcils haussés. Son stupide visage déclenche un rire dans ma gorge et je hausse les épaules, mes yeux détaillant, derrière lui, la porte menant vers le salon.
« Je suis surpris que tu le prennes comme ça. »
« Je m'en rends compte. » Un rire m'échappe une nouvelle fois et je me cale contre la table dans mon dos en lui rendant son regard. « Moi aussi ça me surprend. Mais d'une bonne façon. » Un sourire se dessine sur son visage, lui donnant l'air encore plus amical et gentil qu'il ne l'est déjà au quotidien avec ses allures de gros nounours. « Ça fait du bien... » Je pousse un soupir et me tourne vers le salon à nouveau.
Je peux l'apercevoir d'ici, il est debout cette fois. Il raconte quelque chose et tout le monde l'écoute avec attention en souriant. Mon cœur se serre mais je sais que ce n'est pas de peine. Il n'est plus à moi et ça me fait étrange. Mon sourire ne s'éteint pas, je suis à l'aise, je vais mieux, j'ai fini de pleurer.
« J'ai l'impression que c'est une nouvelle ère. » Mes yeux retrouvent ceux de Liam et il fait une grimace satisfaite en hochant de la tête. « Peut-être... que je peux faire mon coming-out à mes parents maintenant ? » Sa grimace satisfaite s'efface pour être remplacée par une profonde confusion.
« Tu- »
« Tu vois, c'est comme si tous les poids que j'avais sur les épaules étaient enfin partis, j'ai l'impression de m'être débarrassé de vieux démons et je crois... que je suis prêt à faire de la place pour de nouvelles choses dans ma vie. »
« De nouvelles choses comme... » Il racle sa gorge et observe autour de lui rapidement, à la recherche de quelqu'un ou quelque chose, s'assurant peut-être de ne pas être épié ou écouté. « Comme faire un coming-out à tes parents homophobes ? »
Je me redresse de contre la table pour entamer un déplacement dans la grande pièce remplie de bruit, abandonnant mon verre sur la table déjà bien encombrée. Liam me suit de près alors que je m'engouffre dans un couloir de la maison à la recherche d'un endroit plus calme. De toute évidence, j'ai des sentiments sur le cœur et des choses à dire et je préfère le faire maintenant qu'il est là. Je ne le vois pas souvent, il est danseur professionnel et est par conséquent souvent parti. Mes doigts épousent le mur pour le frôler et attrapent une poignée pour ouvrir sa porte. De l'autre côté, il y a une grande chambre vide et je rentre sans me faire attendre, la refermant aussitôt que Liam l'a passée à son tour.
« D'où est-ce que ça sort ça ? » Me demande-t-il aussi vite alors qu'il tourne une chaise de bureau pour s'asseoir dessus, le son du cuir crissant sous ses cuisses.
« Je ne sais pas. » Je hausse une épaule et me laisse lourdement tomber sur le lit défait. « Je cache tout ça à mes parents depuis longtemps finalement, et quelque part ça veut peut-être dire que je m'empêche d'être moi-même par culpabilité... » Mon corps tombe en arrière et un soupir m'échappe bien malgré moi. Je pense que c'est un soupir triste. « Je crois que ça me pèse, j'ai l'impression de me cacher, ou d'avoir honte de ce que je suis, et je n'ai pas envie de me cacher ou d'avoir honte... et du coup j'ai l'impression d'être un imposteur, et je crois.... Au fond de moi je crois que tant que je ne leur aurais pas dit, je n'arriverai pas à vraiment vivre pleinement et à m'accepter moi-même. » Mes mots tombent dans le silence, il n'y a que la musique étouffée à travers la porte qui accueille ma confession qui sort d'une zone de mon cœur que j'ignorais posséder.
« Vivre pleinement ? Louis tu sors d'une relation d'un peu plus d'un an avec un garçon que tu aimais... je ne vois pas en quoi tu ne vis pas ta sexualité pleinement... » Il marque un point et j'arrive à le sentir en moi parce que mon cœur se serre au fait que oui, j'ai vécu dans le secret mais pourtant sans me priver de ces plaisirs et d'être qui je suis. Cependant, tout n'est pas tout blanc et ça je le sais aussi.
« Oui mais... je vis dans le secret, il y a des choses que je voudrais faire... je veux moi aussi pouvoir exposer ma relation, je vis tout ça certes mais je le vis dans un secret constant. » Je pince mes lèvres. Ne pas pouvoir poster des photos avec celui qui serait mon partenaire ou juste ne pas pouvoir me sentir à l'aise en tenant la main de cette personne par peur que quelqu'un que je connaisse me voit et en touche mot à mes parents... Je vis dans la peur, dans le secret. « Tu vois... Avec Zayn on a rompu parce qu'on ne voulait plus la même chose, mais... mais je sais que ça aussi ça lui pesait, même alors qu'il ne me l'a jamais reproché. Je sais que je l'ai condamné lui aussi à revenir dans le placard quand on a commencé à sortir ensemble. » Je renifle et le son me fait réaliser que j'ai des larmes coincées dans la gorge, elles m'entravent, me brûlent.
« Je comprends... mais c'est quand même une envie bien soudaine ? » Liam se lève pour venir s'allonger à côté de moi, je peux sentir son regard sur mon visage alors qu'il s'installe et que le lit se secoue dans ses mouvements pour trouver une position confortable.
« C'est vrai... c'est sûrement de le voir qui m'a donné ce déclic. Pourquoi ? Je n'en sais rien... j'ai peut-être envie de me débarrasser de tout ce qui me fait encore souffrir, maintenant que je ne souffre plus de ma rupture avec Zayn, qu'il est heureux de la sorte... j'ai envie... d'être aussi léger pour tout ? Je ne sais pas vraiment... c'est juste que ça fait tellement de bien tout ce bonheur, ça me donne envie de lâcher prise sur tout le reste et pas juste sur mes sentiments pour lui tu vois ? » Je me tourne vers lui pour voir si la réponse est suffisante pour expliquer ce soudain revirement de situation, surtout pour moi qui avais toujours dit que jamais je ne ferai de coming-out à mes parents. Il semble satisfait, si j'en crois son regard et son sourire, mais il n'en est pas moins inquiet.
« Tu es sûr de toi ? Sûr que c'est le moment ? Qui sait de quoi ils seront capables... »
Sa main se couche sur ma poitrine alors que l'autre tient sa tête. Il me réconforte de la caresse qu'il m'offre et tire un sourire sur le coin d'une de ses lèvres, inquiet et tendre. Je suis touché par son angoisse à mon égard et tente de le rassurer par un sourire à mon tour, recouvrant doucement sa main pour la serrer.
« Je crois que je dois accepter que mes parents soient homophobes Liam. Leur homophobie a déteint sur moi et j'ai honte de moi-même à cause d'eux et... ça a assez duré. Avec un peu de chance, ils entendront raison un jour, mais je sais à quoi je m'expose et... et je pense que je ne veux pas reculer pour autant, j'ai besoin de le faire, pour moi-même. Je suis ce que je suis, c'est comme ça. » L'autre côté de sa bouche complète son sourire jusque-là asymétrique et il tombe doucement en avant pour poser un léger bisou sur mon front, affectueux et protecteur, qui me fait du bien.
« D'accord. Alors je te soutiens. » Il glousse rapidement et je souris.
Il n'y a rien de mieux que d'avoir Liam comme meilleur ami dans ma vie. Aujourd'hui, il n'y a qu'à lui que je pourrais imaginer confier quoi que ce soit. Personne d'autre autour de moi ne m'offre ce même sentiment de sécurité et de compréhension, une telle écoute, si sincère et réelle, qui jamais ne partage ce que je lui dis dans la confidence. Il y a pourtant beaucoup de monde dans mon cercle d'amis, mais personne que je pourrais imaginer tenir pourtant si proche de mon cœur. Il n'y a qu'avec lui que je peux passer d'une blague ridicule pour le rendre fou à une discussion à cœur ouvert pleine d'amour.
C'est agréable et je sais aussi que c'est une chance d'avoir quelqu'un que j'aime si fort et qui me rend chaque centimètre de cette affection aussi justement que j'en ai besoin. Je sais que peu de monde arrive à se sentir si bien avec une seule personne. Beaucoup de monde aimerait avoir un Liam dans leur vie.
« Merci. » Je chuchote finalement, laissant le mot s'enfoncer dans le silence.
Sans répondre autrement que par un soupir de confort, il me tire contre lui et me serre dans ses bras.
Je sais que je viens de prendre une grosse décision et que ça ne sera en rien facile. J'ignore ce dont mes parents sont capables. Et pourtant, je ne peux rien ressentir d'autre qu'un profond sentiment de sécurité à travers les bras de mon meilleur ami et la chaleur de son amitié aveuglante. Quoi qu'il advienne de moi, quoi qu'il arrive par la suite, je sais que je ne risque rien et qu'il sera la main tendue qui me sortira du trou dans lequel je vais inévitablement tomber une fois que mes parents auront appris qui je suis. Néanmoins, je suis prêt à affronter cette chute. Je suis prêt à affronter mes parents.
=
Je sais que je reviens de très loin et que j'ai déjà deux autres fics sur cette plateforme qui attendent d'être mise à jour, mais j'espère que D'Amour et Du Vin sera capable, tout de même, de se hisser dans vos cœurs. Cette dernière année n'a pas été des plus simples pour moi, sur tous les plans, ce difficile pour moi de poster à nouveau et c'est quelque chose que j'ai eu du mal à faire et choisir. Même alors que j'écris ça je ne fais que repousser le moment.
Mais me voilà. A nouveau. Comme quoi, on ne peut pas vraiment se débarrasser de moi.
Amour. Joëlla. xx
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