Les yeux bandés, les poignés liés dans le dos, il était impossible pour Eden de refaire le moindre trajet dans sa tête, elle était bel et bien prisonnière. Les frissons sur ses bras nus la fit constater la fraicheur de l'endroit. Alors que l'écoulement de l'eau l'apaisait jusqu'au plus profond de son être, elle n'avançait plus que par automatisme quand Mavrick la fit s'arrêter net.

- Reste ici.
- Ce n'est pas comme si j'avais le choix. Rétorqua t'elle aussi vite.

Sans aucune réponse, les pas s'éloignèrent. Alors, qu'elle ne savait pas où elle était, ni même si elle était seule, son instinct de survit rebondit de plus bel. Elle tenta de déliés ses mains de cette corde nouée dix fois trop fort pour ses fragiles poignées, mais c'était impossible. Elle souffla résigné quand elle entendit au loin, deux voix très masculine, celle de Mavrick se distinguait parfaitement, la seconde ne lui était hélas pas familière. S'agissait il de celle de Morgan ? Elle tendit l'oreille et se concentra sur leur discussion.

- Tu a quoi ? S'exclama la première voix.
- Calme-toi ! Intervint Mavrick.
- Nous t'avons demander de ramener à manger ! Continua t'il sur le même ton.
- Priam, écoute, j'ai ramené ce dont vous avez besoin mais, cet extra fera le plus grand plaisir à Morgan.
- On a assez de femme ici. Répondit Priam d'un ton direct.
-C'est une beauté !

Eden pouffa, à l'idée de voir la tête de Priam découvrant cette "beauté" dont parle Mavrick. Tu ne vas pas être déçu Priam ! Se dit elle ironiquement.

- Montre-là moi ! Ordonna Priam.
- Tu ne veux pas attendre le moment de la présentation de la marchandise ?
- Non, je veux en avoir le cœur net.

Les pas se redirigèrent subitement vers Eden. Priam s'arrêta d'un coup quand il vit cette brillante chevelure à la couleur feu.

- Que se passe t'il ? Demanda inquiet Mavrick.
- Ses cheveux sont rouges ? Fit Priam en arquant un sourcil.
- Attend de voir son visage et son corps.

La main de Mavrick défit le bandeau de la jeune femme, ses yeux se plissèrent à la vu de la lumière. Les bras croisés sur ses pecs, Priam se tint droit devant Eden, l'analysant de ses yeux bleus foncés. Elle déglutit d'abord devant la beauté particulière de cet être, mais avant même d'avoir le temps de réagir, celle-ci se retrouva totalement nue face à ces deux hommes qu'elle ne connaissait pas. Son premier reflexe fut de cacher de ses mains sa nudité.

- Alors ? Priam ? Demanda le sourire étirer jusqu'aux oreilles, Mavrick.

Alors ? Suis-je bonne pour monsieur ?
Mavrick se rapprocha brusquement avant de passer sa main dans les cheveux bouclé de la jeune femme.

- Alors là, n'y songe même pas. Elle fit dans un mouvement de tête. Vous ne croyez quand même pas que je vais me laisser me faire toucher, en plus de m'avoir laissé mettre à nue.

Priam lança sa tête en arrière avant de rire à gorge déployée.

- Elle m'amuse, alors je pense qu'elle amusera Morgan.

- Au pire, je m'en tape de votre Morgan, OK ? Bande d'imbéciles !

Priam plongea un regard glaçant dans le siens.

-Tu feras comme toutes les autres, tu rêvera de sa queue entre tes cuisses. Tu fera tous pour qu'il te choisisse, nuit après nuit. Qu'il ne passe ne serait-ce qu'une petite heure avec toi.

Le ton calme qu'il avait employé la fit se raidir, elle déglutis, la gorge nouée et la boule au ventre.

- Quel est ton prénom ?
- Eden...
- Vas chercher Salie s'il te plaît. Demanda t'il poliment a Mavrick.

Mavrick s'exécuta alors que Priam ne défit pas le regard d'Eden.
Une très belle brune fit son apparition quelques minutes plus tard, très souriante, la peau légèrement halée, elle respirait la joie dans une atmosphère pourtant si triste.

- Oui ? Lui demanda t'elle.
- Salie, fit Priam en glissant une main affectueuse sur son dos. Tu veux bien t'occuper de cette charmante demoiselle pour la présentation ?

- Bien sûr.
- Parfait, Il l'embrassa sur le front, elle ferma les yeux comme pour savourer ce baiser. Nous vous laissons dans ce cas ! Vous avez la salle pour vous.

Eden constata rapidement que ce qui liait les deux était bien plus qu'une relation amicale, il s'aimaient profondément. Grimaçante à l'idée d'imaginer une femme subir les préjudice d'un homme en manque constant de sexe, Eden admirait pourtant la jolie brune en face d'elle tandis que les deux hommes s'absentèrent. Salie s'avança, un sourire chaleureux afficher sur son visage. Elle lui rendit timidement avant de regarder autour d'elle, ce qu'elle n'avait pas pu faire quelques minutes auparavant.

- C'est beau, n'est ce pas ?

C'est sur. Les sens d'Eden ne lui avaient pas fais faux bons, elle ressentit ce léger vent frais caresser sa peau en sillonnant un peu plus la pièce, elle constata qu'un filet d'eau tombait en cascade le long d'un mur, cette eau était récupéré par ce qui s'apparentait être une vaste baignoire entièrement carrelée.

- Oui c'est magnifique. Acquiesça la jeune femme.
- Comment tu t'appelles ?
- Eden
- Moi c'est Salie. Tu vas prendre un bon bain ! Fit elle en récupérant son air chaleureux.
- J'aimerai bien mais, peux-tu me détacher ?

Salie avança d'un pas déterminé avant de lever son index juste devant son visage.

- Mais ne songe même pas à t'échapper, ils te rattraperaient.
- Tu parle des hommes, qui viennent de partir ? Je n'en ai pas peur !

La brune passa derrière la belle et dénoua sans mal la corde qui l'avait blessée tous le long du trajet. Puis affichant un sourire en coin, elle lui refit face.

- Bien que tu devrais te résigner à ne pas sous-estimer les capacités de ces HOMMES. Je parlais en fait, des loups.

Des loups ? Elle se dirigea vers le bain puis s'assieds. Salie en fit de même sur le rebord et avec l'un des nombreux vases en verre présent pour la toilette, elle fit descendre sur sa chevelure un filet d'eau

- Salie ?
- Oui ?
- Qui sont-ils ? Tu parle de capacités, quelles sont elles ?

Elle rit avant de saisir un shampoing solide et de le faire mousser sur ses cheveux, une délicieuse odeur s'en échappa, Eden devina celui de la rose.

- Ce sont des Hybrides.

Elle pouffa à l'idée de devoir comparer des êtres fait de chair et de sang, aux voitures électriques et essence d'autre fois. Elle reprit son sérieux quand elle s'aperçu qu'il ne s'agissait pas d'humour.

- Qu'est-ce qu'un hybride ?

Salie réfléchit à voix haute.

- Tu sais ce qu'es un vampire ? Un loup garou ?

Elle éclata de rire. Sérieusement. Elle se retourna dans la baignoire, le sourire affiché jusqu'aux oreilles, mais l'air sérieux de Salie la fit déchanter.

- Non, sérieusement Eden ?

Bien que tous cela paraissait bien plus que cocasse, Eden cessa de rire et se mit à écouter attentivement ce qu'elle avait à lui dire. Depuis le temps que celle-ci j'attendais d'avoir des explications, cela valait bien le coup de se montrer patiente.

- Dans les films, un vampire est un monstre avec des dents pointues et le loup garou c'est un homme qui se transforme en loup à la pleine lune. Répondit Eden le plus sérieusement possible.
Un hybride est la fusion d'un vampire et d'un loup garou. Il est comme le vampire, immortel, éternellement beau, se nourrit de sang humain. Et comme le loup garou il se métamorphose.
Un hybride est plus fort, beaucoup plus fort qu'un vampire ou qu'un loup garou.

A la limite de l'incompréhension, Eden pourrait sentir son cerveau se déconnecter aussi bien qu'elle prononça plus un mot.
Salie passa derrière Eden, rinça ses cheveux dans le silence le plus total, elle passa doucement sa main pour enlever l'excès de mousse, puis lui sécha délicatement à l'aide d'une serviette. Elle laissa une boule de savon fondre dans l'eau avant de passer une main affectueuse sur son épaule. Inquiète, elle se tourna une seconde fois vers Salie.

- Qu'est ce qu'il va m'arriver ?
- Rien.

Rien, mais je suis une esclave ?

- Je ne comprends pas.
- Mavrick ne t'a pas prise pour faire le sale travail.

Elle fronça les sourcils.

- Comment ça ?
- Eh bien, il y a différentes catégories d'esclaves. Les esclaves pour les différentes tâches ménagères, cuisine..., celles qui servent au bon plaisir des maîtres et celles qui serviront de repas.

Ai-je bien entendu ? Bon plaisir ? REPAS ?

- Attend, des femmes servent de repas ? Lui répondit t'elle choquée.
- Oui mais, pour celles qui se laisse faire c'est un vrai plaisir, elles ne ressentent aucunes douleurs.... Tenta de rattraper Salie.
- Comment tu peux savoir ce genre de chose ? A ce que je vois tu n'as pas servi de casse-croute ?
- Non mais, j'ai eu l'occasion de le voir.

C'est pire que ce que je pensais.

- Et la catégorie "bon plaisir" c'est quoi ?
- Elles sont mieux traitées que les autres, c'est un peu une vie de princesse si tu veux. Elles sont habillées de manière élégante, sexy, de somptueux bijoux, bien coiffées...
- A quoi servent elles ? L'interrompit elle, agacée.
- J'allais y venir. Ce sont des favorites. Dit elle directement.

Favorites ? Des maîtresses ? Oh bon sang.
Eden sortit du bain, saisit le peignoir encore délicatement plié sur le rebord puis se rassied abasourdie auprès d'elle.

- De quelle catégorie je suis, moi ?
- Celle-ci.
- Et pour toi, c'est la moins pire ?
- Oui Eden.
- Il s'agit d'esclave sexuelle ! Mais dans quel monde vivons-nous ? s'exclama t'elle en faisant de grands gestes.
- Je n'irai pas jusque là. Il essaie de passer du temps avec ses favorites, il veille à leur bien-être.
- Et à quel moment intervient le sexe dans cette relation ?
- Eh bien, premièrement il faut que tu attires physiquement son attention et après que tu t'intéresses à lui ou que tu ailles lui parler...
- De la pluie et du beau temps ?
- Non Eden. Elle rit. Que tu lui propose de l'eau, des choses banales.
- Et si je ne fais rien ?
- Il ne se passera rien, mais il ne verra pas l'utilité de te garder.
- Parfait ! Fit elle en tapant sur ses genoux comme pour signifier une première victoire.

Un peu de temps avant qu'il ne se lasse de moi, et tous cela ne sera qu'un mauvais souvenir.

- Tu ne comprends pas tous. L'arrêta aussi rapidement Salie. Etre favorite, est la meilleure des places mais, aussi la pire. D'une part parce que c'est la loi du plus fort, ce sera à celle qui aura la chance de partager sa nuit et qui remplacera sa préférée. Celles qui ne sont plus bonnes au lit ou qui ne lui servent à rien, c'est direction le casse-croûte.

Elle lui tendit une robe des plus somptueuse, d'un tissu noir très Leger. Elle écarquilla les yeux devant ce vêtement qu'elle n'aurait jamais pu se payer dans son ancienne vie. Elle s'empressa de l'enfiler afin de voir le résultat.

- Je ne veux pas me faire baiser comme une vulgaire catin. Fini t'elle par lui répondre.
- Ça ne sera pas le cas, si tu lui plais en tous point, il te fera monter au septième ciel ! Fit elle souriante en levant les bras au ciel.
- Tu as déjà couché avec Morgan ?
- Oh non, moi ça y est je suis prise.
- Tu n'as plus de concurrentes ?
- Non, il est tombé amoureux. Elle lui adressa un clin d'œil.

Elle lui rendit un sourire et réfléchis, Salie s'en rendit rapidement compte et plissa les yeux avant de venir lui caresser du bout des doigts sa joue.

- Eden, Physiquement je ne doute pas de toi, tu attiras vite son attention, tu verras par toi-même pourquoi. Fais ce que je te dis, ne te dévoile pas trop vite mais, ne lui résiste pas. Si tu l'a, tu seras heureuse, il te comblera de bijoux, tu deviendras une reine parmi les princesses.

Elle soupira. Je ne le veux pas. La porte s'ouvrit devant elle.

- Ça va être l'heure. Fit Salie impatiente.

Quelle joie !
Elle acquiesça un Leger sourire avant de remettre en place ses cheveux de façon à ce qu'ils retombent en cascade sur sa poitrine. Elle se mordit les lèvres, certaine que Eden serait la favorite en chef.

- Ça ne sert à rien d'en faire plus, tu es belle à ta manière.

La jeune femme se senti rougir, une bonne respiration avant de tourner ses talons, en direction de la sortie et de son futur destin. Un dernier coup d'œil à celle qui venait de l'habiller.

- Elle est comment la favorite des favorites ? Sourit elle.
- Oh elle est visible de très loin ! Lui répondit elle, un large sourire afficher.

Une main vint brusquement la saisir par le bras.

Une longue file lui faisait désormais face, mal habillées, pas coiffées, toutes la dévisageaient. Les catégories étaient désormais visibles. Eden était la seule dans la sienne.