⎡❀ 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟒𝟖 ❀ ⎦
( cr : bnn_mlk sur twitter )
C'était l'idée la plus folle que je n'avais jamais eu. Accepter de me jeter dans l'inconnu était complétement stupide. Surtout en ce moment mais l'enthousiasme et la frénésie de Jungkook m'avait contaminé et je n'ai pas su m'y résigner.
Nous n'avions pris aucun bagage, lui comme moi avions laissé nos affaires chez nos familles respectifs et sommes montés dans le premier train pour Paris après avoir acheté nos billets à la dernière minute.
Je voyais bien que Jungkook angoissait, plus nous nous éloignions de Lyon et plus sa motivation perdait de l'éclat. Il essayait de me le cacher mais je savais pertinemment qu'il n'était pas prêt. Il avait simplement agi sous un coup de tête, sous une impulsion folle et maintenant qu'il constatait les conséquences, la frayeur le rattrapait et le faisait plonger dans de sombres angoisses.
— Tu sais on peut rentrer si tu veux, lui murmurai-je à l'oreille.
Il ne me regarda pas, ses yeux fixant inlassablement cette fenêtre. Je n'arrivais pas à voir son visage, le maigre reflet que je voyais ne me permettait pas d'évaluer son expression. Je ne pouvais donc pas prétendre savoir ce qu'il pensait.
Jungkook ne me répondit pas, peut-être par honte ou par culpabilité. Je ne sais pas.
Je n'ai pas insisté plus que ça. Il devait sûrement ne pas vouloir en parler. Avec lui (et en règle général) ça ne servait à rien de forcer pour qu'il me dise ce qui ne va pas. Il fallait simplement que je sois patient. Lui-même viendrait me parler lorsqu'il se sentira prêt.
Mais plus Lyon s'effaçait dernière nous et plus sa nervosité empirait de minute en minute. Il n'avait de cesse de regarder son téléphone toutes les deux minutes, de se ronger les ongles et de faire tressauter sa jambe. Son comportement avait réussi à me faire stresser avec lui.
N'y tenant plus, je finis par craquer :
— Tu peux m'expliquer ce qui t'arrives à la fin ?!
Je m'étais exprimé un peu trop fort et brusquement attirant ainsi le mauvais regard de certains passagers près de nous. Je m'excusai aussitôt par un maigre sourire, honteux. Je n'avais pas voulu paraître méchant en disant ça mais je crois que ce fut l'effet que cela a provoqué. Il me fixa avec une mine si blessée que je m'en voulus jusqu'au tréfonds de mon âme. Ma bouche s'ouvrit plusieurs fois, je tentai vainement de m'excuser mais rien ne sortit et je baissai la tête par culpabilité.
Du coin de l'œil, je vis que la panique a saisi ses mains et ces dernières se mirent à trembler tout autant que ses jambes.
— Tu regrettes n'est-ce pas ?
Jungkook hésita, les yeux fixés sur le paysage qui défilait à toute allure. Je vis à sa posture qu'il marqua un temps de réflexion comme si lui-même n'était pas sûr de sa propre réponse.
Il soupira et finit par enfin me parler :
— C'est pas ça. C'est juste que... je fais que de me demander si c'était la bonne chose à faire...
— Pourquoi ?
— Mes parents pourraient s'inquiéter...
Je ris doucement, moqueur.
— Ah parce qu'ils s'inquiètent de toi à présent ?
Encore une fois, je vis que je lui ai causé un peu de peine. Je m'en voulus mais je n'y arrivais pas. J'étais tellement maladroit que dans ce genre de situation j'avais toujours l'impression de tout foirer, de faire ce qu'il ne faut pas faire ou dire ce qu'il ne faut pas dire par mégarde. C'était aussi horriblement et stressant pour moi comme pour lui. Bien que j'avais conscience qu'il l'était bien plus que moi.
Jungkook serra ses poings.
— C'est vrai qu'entre nous c'est pas la joie mais... ce sont tout de même mes parents ! Ça se trouve je fais la pire erreur de ma vie...
Je ne savais pas trop quoi répondre. Je me penchai vers lui et tentai de détendre au mieux l'atmosphère.
— Je sais que ce sont tes parents mais parfois... ils arrivent que certaines personnes ne sont pas faites pour être des parents. Et... même si t'as la sensation que c'est une erreur, t'as le droit de fauter. Qui a toujours fait les bons choix dans sa vie ?
Je vis que mes mots eurent l'effet escomptés puisqu'il hocha la tête, approuvant mes paroles bien que son malaise persista.
Alors que nous arrivions à mi-chemin, Jungkook m'annonça brusquement :
— Je veux m'arrêter à Dijon.
Surpris, je fronçai des sourcils et m'exclamai avec surprise :
— Quoi ? Pourquoi ? Maintenant ?
Il baissa la tête.
— Je... j'ai besoin de réfléchir. Je ne peux pas retourner à Paris et je ne veux pas rentrer chez mes parents pour le moment... Pas maintenant.
J'hésitai. L'idée de rentrer à la capitale sans Jungkook m'était inconcevable. Après tout, j'avais décidé de l'accompagner dans sa folie ce n'était pas maintenant que j'allais arrêter. Pour rien au monde j'allais l'abandonner. Surtout pas dans un moment pareil où il avait vraiment besoin de moi.
Et puis, égoïstement je ne voulais pas le laisser partir.
— Pas de problème. Mais si tu descends, je descends avec toi.
Il ne répondit rien, sans doute était-il heureux et soulagé que je reste avec lui. Cependant, il n'en montra rien et resta hermétique.
Ainsi, lorsque nous arrivâmes en gare de Dijon, nous descendîmes où une rafale de vent mordit notre peau, errant dans les rues froides et désertes de la ville. Je voyais bien que Jungkook paniquait de plus en plus, il n'avait pas de plan, pas de bouée à laquelle se raccrocher. Il n'avait rien emmené, je ne savais même pas s'il avait pensé à emporté sa carte bleue avec lui. Ou du moins, s'il l'avait avec lui en ce moment-même. Voire même un peu d'espèce.
Ce fut pour cette raison que je pris les devants. J'attrapai sa main dans la mienne, lui offrant un sourire.
— Viens on va se réchauffer avec un café.
Ses lippes remontèrent de reconnaissance et il hocha la tête. Il remonta instinctivement la fermeture éclair de sa veste.
En checkant rapidement l'heure sur mon téléphone, je vis qu'il était presque 19h. La plupart des cafés étaient fermés ou étaient sur le point de l'être. Je n'avais pas le choix il fallait que j'improvise car si j'en informais Jungkook mon plan allait tomber à l'eau, il allait sûrement s'en vouloir et paniquerait encore plus. Il me fallait donc à tout prix éviter ça.
Le froid me mordait le corps de partout surtout aux mains. Je soufflai dessus pour tenter de les réchauffer mais c'était peine perdue. Mes doigts étaient engourdis et le bout de mon nez commençaient sûrement à rougir à cause de la basse température. Nous marchions et nos pas résonnèrent sur le sol gelé, tandis que des volutes de vapeur s'échappèrent de nos bouches à chaque respiration.
Au-dessus de nos têtes, de jolies décorations de Noël illuminaient l'endroit. C'était magnifique et j'étais heureux d'avoir la chance de les observer avec Jungkook.
Le vent, coupant et implacable, s'engouffrait de partout et faisait bouger ces mêmes décorations, soulevant des feuilles volantes qui tourbillonnèrent plus loin.
— Putain il caille, grogna Jungkook.
J'étais heureux qu'il prenne enfin la parole, ça me réchauffa le cœur. Cela voulait dire que mon plan de faire semblant d'avoir un plan pour le rassurer fonctionnait.
Par miracle, nous trouvâmes un café encore ouvert et qui fermait dans une heure. La joie que je ressentis en mon for intérieur était si palpable que Jungkook le ressentit lui-même. Nous nous dépêchâmes d'entrer, la chaleur qui nous accueillit était presque violente, brulant nos visages rougis par le froid mais ça nous fit du bien.
— Je vais commander pour nous. Trouve une table.
— Ok, répondit-il simplement.
Je m'approchai alors de la caisse sertie de décorations de Noël où une jeune femme m'accueillit avec un grand sourire.
— Bonjour monsieur, que voudriez-vous ?
— Bonjour, quelque chose de chaud et de sucré. Euh...
Mon regard se perdit sur la carte au-dessus de nos têtes et un stress sans nom m'étreignit d'un coup en voyant qu'il y avait je ne sais pas combien de noms juste pour des boissons. Elle dû sûrement le remarquer puisqu'elle vint m'aider :
— Si je puis me permettre, je vous conseille notre recette du moment. Un bon chocolat chaud à la cannelle, au miel, à la vanille avec une pointe d'orange et de crème chantilly !
— Super dans ce cas j'aimerais en prendre pour deux personnes avec en plus des cookies.
— C'est noté, je vous apporterai ça à table. Ça fera donc 20€.
Je finis donc de payer ce à quoi elle me remercia et je m'empressai de retrouver Jungkook, assis à une table pour deux personnes près d'une fenêtre. Je m'y installai et Jungkook releva son regard vers moi, délaissant le paysage qu'il observait dehors.
— Ça va mieux ? J'osai demander.
Il soupira.
— Oui et non.
— Si tu veux rentrer tu n'as qu'à me dire. On peut aller n'importe où ça ne me dérange pas.
— Ah ouais ? Même au Brésil ? Blagua-t-il.
Je rigolai.
— Abuse pas.
— T'es comme ça ?
Il leva un sourcil en accent circonflexe, joueur.
— Totalement.
Je retirai ma veste, une fois bien réchauffé. Je vis que Jungkook l'avait déjà fait, sûrement quand j'étais parti commander.
— Je vois.
— C'est bien tu vois bien.
Il roula des yeux, exaspéré et amusé.
— Et si on dormait dans un hôtel après ?
— Purée c'est vrai que j'y avais pas pensé ! S'exclama-t-il avec des yeux écarquillés.
— Eh oui ! Heureusement que je suis là !
La dame du comptoir apporta bien vite notre commande et nous les dégustâmes avec gourmandise. Discrètement, j'observai Jungkook et je vis qu'il était bien plus détendu qu'auparavant. Le souvenir de son anxiété semblait s'être volatilisé ce qui me rassura. Cependant, je ne pouvais nier le fait que ça me travaillait cette histoire. Comment finira-t-elle ? Quel sera le fin mot de sa querelle avec ses parents ?
J'avais peur que rien ne change, que ses parents n'admettent pas leur faute et que le brun continue à souffrir par leur faute. Ça me mettait hors de moi mais j'avais la sensation que je ne devais pas m'en mêler. C'était leur problème et ils devaient le régler entre eux. Mon rôle était de simplement conseiller, aider, épauler Jungkook. Je n'avais pas mon grain de sel à mettre là-dedans à moins qu'il y ait un cas de force majeur extrême. Je ne sais pas trop ce que cela pourrait être mais imaginons dans le pire des cas : que cela dégénère et qu'ils en viennent aux mains même si je doutais honnêtement et fortement que cela se produise.
Jungkook s'emportait vite et avait un tempérament de feu mais il était loin d'être cette personne violente.
— A quoi tu penses ?
Sa question me tira de mes pensées. Les joues légèrement rouges, je levai la tête vers lui. Il m'observait avec amusement, un sourire espiègle accroché à ses lèvres. Mon regard tomba sur ces dernières avant qu'il ne remonte rapidement.
— Hum... Rien.
Son sourcil monta de quelques étages tandis qu'il ne croyait pas un mot de mon mensonge. Mal à l'aise, je détournai le regard et cherchai vite un moyen de diversion ou quelque chose à dire d'autre mais rien ne me vint malheureusement.
Jungkook se pencha vers moi et souffla :
— J'ai très hâte qu'on aille à l'hôtel.
Mon ventre se retourna et mes joues chauffèrent d'avantage. Le simple fait de respirer me sembla être si difficile et dur au point que j'en oubliai presque comment faire. Évidemment que sa phrase provoqua un incendie au sein de mon être et malgré mes tentatives de le dissimuler, il fut aisé pour Jungkook de voir les dégâts que ces simples lettres eurent sur moi.
Il sembla fier, sans se départir de son sourire il continua à m'observer.
C'est peut-être pour cette raison qu'il finit rapidement sa boisson et que je me retrouvai à traîner des pieds, à prendre mon temps tant l'appréhension était là. Bien que ce n'était pas notre première fois, j'avais l'impression qu'à chaque fois ça l'était. Tout était si différent et les sensations n'étaient jamais les même.
Lorsque vint enfin le moment fatidique de quitter le café, Jungkook me lança un petit ricanement tandis que je déglutis difficilement. Cet idiot s'était renseigné sur les hôtels qu'il y avait dans les environs. Ce fut pour cette raison que cette fois-ci ce fut lui qui nous guida. Nous marchions côte à côte à une distance légère où de temps à autres nos épaules se frôlaient. J'avais souvent des frissons quand cela arrivait car j'imaginais le moment où nous serions dans cette foutue chambre et... mon dieu. Juste l'imaginer provoquait ce rouge coquelicot sur mes joues.
Nous arrivâmes enfin devant un hôtel. Jungkook fut le premier à y entrer. Je le suivis quelque temps après avoir calmé les battements de mon cœur. Je le retrouvai à parler avec un réceptionniste. Il paya deux nuits ce qui me rendit joyeux car ce petit voyage improvisé nous permettrait de nous retrouver. J'avais la sensation que cela faisait une éternité que nous n'avions pas dormi ensemble. Sans parler de notre cohabitation. Paris me manquait cruellement pour cette unique raison.
Le monsieur donna à Jungkook une clé de chambre avant de nous saluer et de nous souhaiter un bon séjour. Je lui rendis tant bien que mal un sourire malgré mon trac et suivis le noiraud. Nous ne mimes pas beaucoup de temps avant de trouver la bonne chambre.
— Prêt Tae' ? Me murmura-t-il en insérant la clé.
Je me mordis la lèvre en hochant la tête, fébrile, les mains tremblantes. Il rit avant d'actionner la poignée.
Nous entrâmes. Je restai planté là, ne sachant que faire, faisant semblant d'apprécier la décoration simpliste de notre chambre. Tout-à-coup, je sentis son souffle derrière ma nuque, provoquant un frisson extrême le long de ma colonne vertébrale.
— Tu m'as tellement manqué, murmura-t-il.
Ni une ni deux, je me retournai vers lui et plaquai immédiatement mes lèvres contre les siennes dans un besoin irrépressible.
Il m'avait tellement manqué.
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Je sais que ça fait longtemps que vous attendiez cet update alors le voici !!
J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes et je vous souhaite une excellente année en espérant que cette dernière vous apportera bonheur, amour, argent, réussite etc. <3
Oui je sais c'est cruel de ma part de couper à cet endroit mais écoutez... un peu de suspens nan ? ^^
🙄👀
J'ai hâte de vous poster le prochain hihi... il risque d'être haut en couleur !!
Bisous !!
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