⎡❀ 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟒𝟕 ❀ ⎦



Oh, my oh, my oh my
Why's it every nigh
I'm feeling so sleepless?
Oh, why oh, why oh why?
I'm losing my mind
Maybe you're the reason
'Cause darling, I'm scared
That you might wake up loving someone new
And darling, I'm scared when everything leads back to you

<3

La stupéfaction était telle que maintenant que je me trouvais en face de lui, je ne savais absolument pas quoi lui dire. Les mots formaient des phrases peu cohérentes dans ma bouche et mes pensées s'entrechoquaient de manière brutale.

Il semblait tellement... différent.

En partie parce qu'il avait totalement changé de couleur de cheveux. Un choix radical, lui qui passait son temps à dire qu'il ne comprenait pas les gens qui se faisaient des colorations. Voilà que maintenant il en avait fait de même.

Ses iris d'un joli topaze habituellement rempli de gaité étaient aujourd'hui éteints. Comme s'il n'y avait plus de magie. Plus de lumière. Rien que le néant.

Ça me fit mal au cœur de le voir si... mal au point. Je ne savais pas trop quel terme exact employer mais effectivement il semblait vraiment au bout du rouleau.



— Qu'est-ce que tu fais là ?



Sa voix était légèrement pâteuse, âpre. Comme s'il ne l'avait pas utilisé depuis plusieurs jours. Il dû même tousser un peu pour la dérouiller. Ça me fit froncer des sourcils. Notamment parce que je ne comprenais pas sa réaction. Il ne semblait définitivement pas heureux de me voir, ce qui me brisa le cœur.



— Je viens te voir parce que tu ne réponds pas à mes messages ni à mes appels.

— Ah.



Je papillonnai plusieurs fois des yeux, étonné.



— C'est tout ce que tu as à me dire ? dis-je d'un ton incrédule.



Il haussa les épaules d'un air nonchalant comme s'il était détaché de tout ça.



— Sérieux Jungkook ?! ajoutai-je en voyant qu'il ne me répondait pas.



Un soupir las quitta ses lèvres.



— Quoi sérieux ? C'est toi qu'est-ce que tu fous là ? Tu sais bien que c'est risqué que tu viennes là ! s'écria-t-il soudainement.



Je sursautai face à la froideur qui émanait de sa personne. L'envie de pleurer me prit aux tripes. Je ne savais pas ce que j'avais fais de mal. Tout ce que je voulais c'était un signe de vie de sa part, le voir parce qu'il me manquait...

Mais maintenant que j'étais en face de lui, je n'avais qu'un désir : c'était de me barrer aussi loin que possible. Il m'avait retiré toute envie d'être à ses côtés.

Sauf que je ne pouvais pas partir même si ma fierté boudait. Je savais pertinemment qu'il me repoussait pour me tenir éloigné de lui car il se sentait mal.

Je le savais puisque moi-même je faisais cette technique. Évidemment que je haïssais agir de la sorte mais c'était plus fort que moi. Parce que lorsqu'on touche le fond, lorsqu'on se retrouve aux fin fonds des abysses, la froideur qui s'y dégage nous paraît rafraîchissante. Il fait bon y vivre alors on s'enfonce davantage.

Et puis petit à petit, on a froid par ci par là. Un peu plus chaque jour jusqu'à ce que notre corps ne puisse plus supporter le climat glacial, jusqu'à ce que le froid mordant de la mer nous paraît aussi féroce que les monstres marins qu'elle y abrite.

C'était tout le temps comme ça pour moi.

Et une fois qu'on se rend compte qu'on coule, l'idée de remonter était bien trop épuisante alors on se laissait simplement guider en espérant qu'il fasse moins froid le lendemain. En espérant pouvoir tenir le coup. En espérant ne pas mourir d'hypothermie. Ou de suffocation.

Et je voyais bien que Jungkook avait froid. Qu'il avait besoin de chaleur car il s'enfonçait dans ces abysses là.

Je devais être celui qui le remontait à la surface avant qu'il ne se perde et ne puisse plus rebrousser chemin.



— Je suis là parce que tu me manques, soufflai-je la gorge nouée.



Il sembla s'adoucir, ses yeux ne me lançaient plus d'éclair. Cependant, il resta muet comme une carpe.



— Je veux te voir, t'embrasser, te serrer dans mes bras...



J'avançai d'un pas, mes yeux se noyant dans les siens.



— Tout pourrait être simple Jungkook, je ne vois pas pourquoi tu t'entêtes à m'éloigner. Ça ne sert à rien car je resterais quoi qu'il arrive.



Il lâcha un autre soupir las, peut-être le huitième depuis que j'étais arrivé.



— Tae'. Je te le redis, pour ton propre bien tu ne devrais pas être ici, m'avertit-il.

— Donne-moi une bonne raison pour que je parte ? rétorquai-je.

— Mes...



Cependant il fut coupé par l'arrivée fracassante de sa mère dans sa chambre, qui claqua brutalement sa porte de chambre dans un bruit assourdissant. Elle le toisa d'un air dédain avant de poser un regard dégoûté sur ma personne.



— Toi. Qu'est-ce que tu fais là ?



Jungkook serra des poings et baissa la tête. Je vis sa mâchoire se contracter à plusieurs reprises comme s'il se retenait de faire de vagues.

Je fixai cette pauvre dame en me demandant comment pouvait-on avoir autant de haine en soi-même. Pourtant elle semblait si douce d'apparence. Ses cheveux bruns étaient coiffés en ce chignon sophistiqué et elle portait un chemisier assorti à une jupe tube. Cela lui allait à merveille, mettant en valeur sa silhouette de façon élégante.

Tellement de gâchis.


— Je viens voir Jungkook, répondis-je calmement.



Elle m'offrît un sourire aussi froid que les abysses dans lequel le blond se noyait.



— Certainement pas alors retourne chez toi !



Le ton fut sans appel et je ne pouvais rien faire. J'étais chez elle et si elle voulait me virer de là, elle n'avait qu'à passer coup de fil au flics pour violation de propriété privée.

Je soupirai, frustré de ne pas avoir pu parler encore un peu plus à Jungkook. Il y'avait encore pleins de choses et de questions que je souhaitais lui partager. Nous étions encore loin d'avoir fini notre discussion cependant il me fallait la reporter à plus tard.



— Très bien. À plus Jungkook.



Il ne m'offrît même pas un regard ni même une quelconque réponse et ça me fit mal.

Je me tournai vers sa mère qui n'affichait rien de plus qu'une expression indéchiffrable.



— Au revoir Madame.

— Ne reviens plus ici ! rétorqua-t-elle.


C'était un avertissement. Pourtant, je ne pus m'empêcher de sourire car plus on m'interdisait quelque chose et plus ça me donnait l'envie de le faire.

Elle fut furieuse de ma nonchalance.


— À bientôt ! lui soufflai-je gaiement.


Et je partis avec un dernier regard en direction du blond mais il n'était plus là.







❀❀❀







Trop de questions se bousculaient sous mon crâne si bien que je ne savais plus où en donner de la tête. La réaction de Jungkook, son comportement, celui de sa mère... Je savais bien que je n'étais pas du tout apprécié de ses parents mais là c'était comme s'ils me haïssaient vraiment. Je l'avais bien ressenti cette fois-ci.

Avant, Jungkook était toujours du côté de ses parents. Il participait même à leur pluie d'insultes à mon égard. Évidemment que maintenant que j'étais en couple avec lui, il n'allait pas le faire.

Mais c'était son manque de réaction qui me travaillait actuellement. Il aurait au moins pu prendre ma défense nan ?

Je me mordillai l'ongle de mon pouce tout en réfléchissant, mon regard perdu dans le vide.

C'était fort probable que sa mère ait compris ce qu'il y avait entre nous. Peut-être était-ce la raison de tout mes problèmes actuellement ? Et si ses parents refusaient catégoriquement notre relation ? Et s'ils avaient puni Jungkook de téléphone ? Et si c'était pour cela qu'il s'était teint les cheveux ? Une façon pour lui de se rebeller ?

Purée je crois bien que c'était ça. Car à cet instant toutes les pièces du puzzle semblaient être assemblées.

Je me relevai d'un bon de mon lit et me mis à faire les cents pas.

Dans ce cas, comment pouvais-je faire pour communiquer avec lui sans qu'on se fasse prendre ?

Et soudain une idée germa dans mon esprit.

J'emportai mon vieil appareil photo argentique, un cadeau de mon père pour mes seize ans lorsque je m'étais intéressé pour la photographie.

J'enfilai un manteau chaud ainsi qu'une écharpe avant de sortir en douce par ma fenêtre. Dieu merci, la maison de mes parents était un plein pied. Il n'y a pas d'étages donc pas de risques que je me casse quelque chose.

Le froid glacial m'accueillit à bras ouvert, faisant réchauffer mon nez et mes joues. Je resserrais mon écharpe autour de mon cou afin qu'il n'y ait pas d'ouverture. Je me mis aussitôt en marche.

Les étoiles étaient assez timides ce soir. Comme si elles aussi étaient bien trop gelées pour pouvoir briller. J'étais un peu triste. J'espérais pouvoir les observer avec Jungkook.

Est-ce qu'elles aussi avaient peur des abysses et de se perdre dans l'obscurité ?

Je me le demandais.

Lorsque j'eus dans mon champ de vision la maison de Jungkook, je vis que le portail était fermé. En fronçant des sourcils, je cherchai un moyen d'entrer.



— Putain Tae' j't'ai dis de pas venir ! vociféra Jungkook.



Je sursautai de peur et tombai à la renverse. Mon cœur pulsant bien plus vite sous le coup de la panique.



— Merde ! grognai-je avec une grimace de douleur.



Il soupira et me tendit une main pour m'aider à me relever. Une fois chose faite, il retira rapidement la sienne ce qui, encore une fois, me brisa le cœur. Mais je ne dis rien.



— On avait pas fini notre conversation de tout à l'heure.



Je relevai mes yeux vers les siens et fus choqué de le voir fumer un pet'.


— Jungkook arrête !



Je l'arrachai à sa bouche et l'écrasai au sol du bout de ma basket.



— Sérieux à quoi tu joues ? m'écriai-je, furieux.



Il m'assassina du regard avant de m'attraper par le col.



— C'est toi à quoi tu joues ? J'te répète un million de fois de ne pas venir et qu'est-ce que tu fais ? Le contraire !



Son haleine avait l'odeur de cannabis ce qui me fit froncer du nez, ne pouvant supporter la fragrance en raison des souvenirs que j'y reliais. À cette ancienne période sombre de ma vie avec Jackson.

Juste la remémorer réveilla la cicatrice encore fraîche dans mon cœur.




— Je te le répète Jungkook, je ne compte pas partir ça ne sert à rien de me repousser, dis-je plus que déterminé.

— T'es vraiment chiant.

— Ça tombe bien parce que toi aussi tu l'es je te signale.



Il leva ses yeux au ciel avant de me lâcher.



— Je ne te manque pas ?



Il m'offrît une œillade étrange avant de tourner la tête en direction des étoiles.

Ce fut à mon tour de soupirer.



— Répond, exigeai-je en croisant mes bras sur mon torse.


Il prit l'arrête de son nez entre ses doigts. Ce simple geste, pourtant anodin, montrait à quel point il était exténué. La latence et son regard épuisé pouvait en témoigner. Je voulais tellement lui montrer que j'étais là. Qu'il me laisse être à ses côtés. Mais il s'entêtait à refuser et ça m'énervait.


— Oui. Putain oui.


Sans crier gare et sans même me laisser me préparer mentalement, son bras attrapa mon tour de taille pour me rapprocher de lui. Aussitôt, ses lèvres se fendirent sur les miennes dans un assaut des plus féroce. Lorsque sa langue fut de la partie, je baissai les armes sur toute retenue et me laissai aller. Mes bras vinrent encercler son cou alors qu'il me soulevait pour me plaquer contre le portail de ses parents.

Il faisait froid et pourtant j'avais si chaud bon sang. Jungkook m'avait tellement manqué et je devais dire qu'avec ses cheveux blonds, il était absolument sexy. D'autant plus, qu'ils étaient doux, ma main se perdant dans ces derniers me le garantit.

Peut-être était-ce la température avoisinant les -2°C ou la ferveur de Jungkook mais j'avais la sensation d'être à mon sixième verre d'alcool. J'en perdis la raison et quelque part j'aimais ça. J'étais fou de ces vibrations qui parcouraient mon corps. Ça faisait des vagues et je sentais bien qu'il en était de même pour le blond. Ses propres abysses, d'habitude calme se retrouvaient à présent secoués dans tout les sens.

Et quelque part cette agitation émotionnelle me bouleversait au point où je ne voulais plus lâcher Jungkook.

Aimantés, nos corps se mouvèrent l'un contre l'autre à la recherche de chaleur et de frisson.

Ce fut si bon que tout deux nous lâchâmes plusieurs râles de plaisir qui vinrent se mélanger aux volutes blanches qui sortirent de nos bouches.

Mais aussitôt que cela avait commencé, cela prit fin. Ce fut Jungkook lui-même qui me reposa délicatement à terre, tout deux haletants. Il garda cependant son bras autour de ma taille.


— Tu ne devrais plus revenir.


Je fus si déçu que je m'exclamai :


— Hors de question ! Je...


Son doigt se posa sur ma bouche pour me faire taire. Il caressa ma joue en me souriant.


— C'est plus sûr que je vienne chez toi.



Je hochai la tête, bien plus rassuré.


— Tu ne me parles plus au tél parce qu'on te l'a prit ?


La chaleur qui résidait dans ses iris topazes s'éteignit comme si j'avais dis le mot de trop. Je m'en voulus instantanément.


— Pardon désolé. Je n'aurais pas dû.

— Non mon ange. C'est moi excuse-moi pour tout. Tu as raison je n'ai plus de tél.



J'eus un sourire, les larmes aux yeux.


— C'est pour cette raison que j'ai amené ça !


Je sortis de ma poche mon appareil argentique, fier de moi alors qu'il me fixait d'un air amusé.


— C'est pour quoi ? demanda-t-il, curieux.

— Je me demande toujours ce que tu peux bien faire alors je me suis dis pourquoi pas emmener ça ! La journée je veux que tu prennes en photo tes pensées, tes actions, tes sentiments, tes émotions. Tout. Tu le laisseras sur le rebord de ta fenêtre et moi je viendrais le récupérer pour te montrer ma nuit. Au petit matin tu viendras le récupérer.


Il eut un sourire attendrit.


— J'aime bien.

— Tu... tu veux me raconter pour tes cheveux et tes parents ? demandai-je délicatement.

Son expression demeura fermée avant qu'un soupçon de tristesse ne vienne ternir son visage.

— Allons nous poser quelque part. C'est un peu long.

Je hochai la tête et mis mon appareil photo dans ma poche. Ainsi, je ne fus pas encombré et pus prendre sa main dans la mienne. Mes doigts étaient gelés pourtant la chaleur qui se dégageait de Jungkook suffit en un rien de temps à me réchauffer.

Nous marchâmes un long moment sans que je ne sache où l'on aille. Nous n'avions pas de but précis. Comme si nous n'avions aucune idée de notre futur. Il n'y avait pas non plus de conversation. Le silence parlait assez pour nous.

Ça me faisait énormément de bien. Je crois pour Jungkook aussi. Il me paraissait un peu plus gaie. En tout ça, beaucoup plus que depuis ce matin. Ça me suffisait. Après tout, je ne voulais que son bonheur. Et je détestais le voir souffrir ou malheureux.


— Tu sais, commença-t-il. J'ai jamais eu une bonne relation avec ma famille. Ca a toujours été compliqué de me montrer tel que je suis auprès d'eux. Que ce soit parce qu'ils sont stricts ou parce que je ne me suis jamais senti aussi proche. Pour moi nous ne sommes pas vraiment ce qu'on peut qualifier une famille, nous ne sommes que des étrangers qui partageons le même sang et qui cohabitons ensemble parce que nous n'avons pas le choix. Mon père trompe ma mère depuis que je suis tout petit et elle aussi. Parfois, ils vont vivre avec leur deuxième famille chacun et me laisse tout seul à la maison. La seule personne que je pourrais qualifier de mère ce serait ma nounou mais depuis que ma génitrice a su que je l'appelais "maman", elle l'a viré et je n'ai plus jamais eu de nouvelles d'elle.


Son regard se voila de tristesse tout comme mon cœur qui ne pouvait supporter de le voir ainsi. J'effectuai une légère pression de mes doigts pour lui montrer que je le soutenais.


— J'ai toujours tout fait pour attirer leur attention. Encore maintenant je cherche à avoir ne serait-ce qu'une miette d'amour.


Il renifla, moqueur. Sûrement contre lui-même et quelque part ça me brisa le cœur.


— Je dois être sacrément con, souffla-t-il.

— Non tu ne l'es pas. C'est normal de chercher la validation de ses parents quand on ne l'a jamais eu. Je te comprends totalement.



Jungkook m'offrit un sourire triste mais ne me répondit rien. Un moment passa avant qu'il ne reprenne de nouveau la parole :


— C'est pour ça que j'ai fait cette colo'. Je me suis dis que peut-être des années après ils auraient ouvert les yeux. Que peut-être que depuis que je suis parti à Paris je leur manquais. Mais non je vois que rien a changé.


A présent, je comprenais parfaitement pourquoi il allait mal. Même si on ne voulait pas se l'avouer parfois, les parents pouvaient se montrer les plus cruels. Cela pouvaient même êtres les premières personnes à nous briser le cœur.


— Et si on s'enfuyait Tae' ? Juste toi et moi ? me demanda-t-il précipitamment en s'arrêtant au beau milieu de la route.


Je le regardai avec des yeux ronds, incertain de s'il s'avérait être une blague ou non.


— Quoi ? Maintenant ?

— Oui.



Ses yeux brillèrent d'espoir et rien que pour ça, j'hochai la tête sans penser aux conséquences.


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Hey ! Comment vous allez ? Votre rentrée se passe bien ?

Je commence mes cours lundi j'ai tellement hâte, la fac m'a trop manqué !

J'espère que ce chapitre vous a plu ^^

Bisous !

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