⎡❀ 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟐𝟖 ❀⎦




Mon cœur s'emballa et des sueurs froides vinrent se glisser sournoisement sur ma peau. C'était une voix que je ne connaissais pas et que je n'avais jamais entendu. Mon manque de réaction impatienta la personne à l'autre bout du fil :


— Allô ? répéta-t-il.



Je m'éclaircis la voix et dis d'une voix tremblante :


— T'es qui ?

— Pourquoi tu veux savoir ?



Je tiquai de l'œil complétement abasourdi. Cette voix ne me disait absolument rien et c'était ça qui me faisait peur. Cela voulait dire que Jungkook n'était non seulement pas seul mais qu'en plus je devais sûrement interrompre quelque chose. Cette pensée m'arracha une vive douleur, comme si on me plantait un couteau dans le cœur.

Et puis peut-être qu'il n'était pas loin et qu'il écoutait cet appel ?

Peu conciliant et surtout piqué par la réponse de l'inconnu je m'emportai :

— Ta gueule dis-moi t'es qui et où est Jungkook !

La musique m'empêchait d'entendre correctement la réponse de mon vis-à-vis. Ça me fit râler et ce fut pour cette raison que je m'isolai dans la chambre de Baekhyun, complètement en bazar. Mais c'était le cadet de mes soucis.

Je faillis trébucher sur quelque chose de dur, me poussant à marmonner un « putain ! » peu audible.



— Bon Kook' il est où là ? m'impatientai-je.

— Mais tu te prends pour qui sérieusement ? Tu n'es rien pour lui arrête de lui envoyer des messages et de l'appeler. Tu es beaucoup trop toxique pour lui, barre toi de sa vie ça vaut mieux pour tout le monde.


Tranchante, redoutable, ces mots me firent un mal fou. Et ce fut plus douloureux lorsque cette personne que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam me raccrocha au nez.

Bouche-bée, je fixais le mur en face de moi comme si je n'arrivais pas à le croire.

J'avais la sensation qu'on m'avait giflé avec une telle force que je le jurai, je pourrais presque ressentir la douleur atroce de cet acte violent.

Je venais de me prendre un stop en pleine face et ça me faisait énormément mal. Si mal que je ne pus retenir des larmes. Si mal que j'avais la sensation que ma poitrine m'empêchait de respirer correctement.





Si mal à la pensée de ce que Jungkook devait faire à l'heure actuelle avec cet inconnu que j'avais l'impression de mourir.






Je voulais étouffer tout ces sentiments, m'arracher la peau. Je n'avais aucune envie d'exister sur le moment présent.

Je savais que j'aurais beau faire pleuvoir la pluie sur mon visage, rien ne changerait. Sauf que je n'y arrivais pas. C'était plus fort que moi. Ce qui me détruisait était cet espoir, aussi infime avait-il été, que j'ai ressenti en appelant. Je ne savais pas à quoi m'attendre mais certainement pas à ça en tout cas.

Encore une fois, Jungkook m'avait une nouvelle fois menti. Il ne ressentait rien. Ce n'était pas réciproque. Et encore une fois j'étais celui qui l'attendait en espérant qu'il me revienne. Sauf que j'en avais ma claque de tout ça. J'étouffais.

Je n'aurais jamais dû accepter de retomber dans cette boucle. Si j'avais su je n'aurais pas fais tout ça. Quelque part, je le regrettais amèrement.

Mais le mal était fait et me voici, le seul à être brisé.

Peut-être était-ce là ma destinée ? À devoir attendre et espérer quelque chose qui n'arriverait jamais ? Me torturer jusqu'à ce que je me noie au plus profond des abysses, ne pouvant plus remonter à la surface ?

Et ces sentiments amoureux me torturaient au point où je voulais qu'on me noie une dizaine de fois pour me remettre les idées en place. Au point où j'avais la sensation que sans sa Lune ma Terre ne pourrait plus fonctionner. Au point où sans ses étoiles, ma nuit serait affreusement noire et solitaire, me paralysant dans une obscurité sans nom.

Et même s'il était tout pour moi, je n'étais rien pour lui. Je n'étais qu'un insignifiant grain de poussière dans l'immensité de sable qu'était sa vie.

Le pire dans cette histoire était que je n'arriverais jamais à guérir la cicatrice que m'avait flanqué ce putain de garçon. J'en aurais des séquelles à vie c'était évident.

Si évident et pourtant j'avais été naïf...

Je m'en voulais terriblement. Je me haïssais. Et aucun mot ne pourrait exprimer l'intensité à laquelle je me détestais actuellement.

Les larmes coulants à flots, je me laissais tomber au sol, m'allongeant, me morfondant sur moi-même. La musique noyait mes sanglots bruyants et je m'en déchirai à même la gorge, évacuant tout ce que je pouvais et tout ce que j'avais sur le cœur. Tout ce que j'essayais de tasser depuis des semaines et de ranger dans un tiroir de mon cœur... la boîte de Pandore s'ouvrît et tout fit fracas en mon for intérieur.

Mon cœur était fracturé en un milliers de petits morceaux méconnaissables et dont je ne pourrais jamais en refaire le portrait ni les assembler. Mon cœur pleurait de souffrance, à m'en déchirer l'âme. Mon cœur avait mal.

Si seulement quelqu'un savait à quel point je n'en pouvais plus de me laisser mourir par cette histoire. Elle me consumait, me brulait chacune de mes cellules jusqu'à atteindre mon cerveau et me le bousiller par de terribles pensées. Toutes plus horribles et noires que les autres.

Je les entendis ces maudits chuchotis.


"Mourir ne serait-il pas plus simple ?"

"Tu me dégoutes, ouvrir ton cul partout où tu vas pour n'avoir qu'un peu d'attention"

"Tu vois pas qu'il te prend pour sa pute ?"

"Il en a rien à foutre de toi"

"Continue à l'aimer pauvre con, t'as toujours été sa chienne de toute façon"

"Crève."


Et ça n'en finissait pas. Ça fusait dans tous les sens, je pourrais jurer qu'ils étaient là, me lançant des mots abominables qu'on ne devrait dire à personne. Leurs attaques me faisaient mal et si peur. J'avais si peur.

Et puis j'avais si mal.

Et puis j'avais envie d'oublier.

Juste oublier.

Et puis, pourquoi pas hein ?

Je ne méritais pas ça, je ne méritais pas de souffrir, je ne méritais pas mon agression, je ne méritais pas qu'on me brise le cœur, je ne méritais pas d'aimer, je ne méritais pas qu'on me traite comme une paria, je ne méritais rien...





Absolument rien.





Alors ce fut pour cette raison que je repris mon téléphone. Je savais que Jungkook n'allait pas me rappeler pour me demander pourquoi avais-je essayé de le contacter. Mais le constater me déchira quand même. Je ravalai un sanglot, mes yeux brouillés par les larmes et envoyai un message à Lisa pour lui demander de venir ici sans Baekhyun.


"Dis tu crois vraiment que prendre ça, va nous faire partir haha ?"


La chambre était plongée dans le noir et cette obscurité m'effrayait à chaque seconde qui passait. J'avais l'impression d'être un mouton dans une bergerie, que je n'avais qu'à bouger ne serait-ce que le petit doigt, pour que quelque chose vienne me sauter à la gorge pour ne faire qu'une bouchée de ma petite personne. Ce fut pour cette raison que je me crispai au possible, fermant fort les yeux en attendant l'arrivée de la brune.

J'imaginais que j'étais loin d'ici, sur une Terre, une étoile, un nuage étranger à tout ce monde lugubre et terrifiant.

Lisa ouvrit la porte, éclairant la pièce d'une façon abrupt qui me fit les rouvrir instantanément et je plissai des yeux. Sa présence me rassura et me donna envie de lui sauter aux bras. Sauf que je n'en fis rien, restant toujours dans la même position.

Elle s'empressa de refermer la porte puis d'allumer la petite lampe de chevet qui illumina la chambre d'une jolie lueur tamisée. Dès que la lumière fut, je me cachai instantanément les yeux avec mon bras, honteux qu'on me voit aussi faible.

Je détestais ce genre de situation, ça me donnait tellement envie de prendre mes jambes à mon cou et de tout faire pour ne plus croiser la personne qui m'avait vu ainsi.

Je sentis qu'elle prit place près de moi, à ma droite. Sa petite main trouva son emplacement dans la mienne comme si elles s'emboitaient parfaitement. Elle avait les bouts des doigts glacés mais pour autant ça ne me dérangea pas. Au contraire, j'aimais bien ce simple contact qui réussissait à me mettre un peu de baume au cœur. De ma grande main, j'englobai l'entièreté de la sienne pour lui apporter la chaleur dont elle avait besoin.


— Toi aussi t'as le cœur brisé ? murmura-t-elle d'une voix si triste.



Je reniflai, mes lèvres tremblantes et la gorge nouée. Je ne pouvais parler sans me remettre à éclater en sanglot. Ce fut donc le silence qui répondit à ma place et qui lui insuffla ma réponse. Elle ne tarda pas à comprendre et ce fut à mon tour d'assimiler avec rapidité l'information qu'elle tentait de me faire passer par ce sous-entendu.

Elle aussi souffrait comme moi.

Elle aussi elle aimait sans qu'on ne l'aime en retour.

Rosé.

Et moi Jungkook.

Quelle vie de merde.


— Tu m'as appelé parce que t'en veux ? me chuchota-t-elle comme si elle me confiait un grand secret.


Je retirai ma main qui cachait mes yeux, trouvant le courage de tourner ma tête dans sa direction et de plonger mon regard larmoyant dans le sien vitreux, rougie et attristé.

Las, fatigué, exténué, je hochai la tête.


— T'es sûr ? Tae' une fois et c'est fini tu le sais.

— Je... m'en fou... je veux juste... tentai-je d'une voix rocailleuse.


Mais rapidement je me tus car je sentis de nouvelles larmes remonter et me mordis si fort la lèvre que si je forçais encore un peu je l'éclaterai comme un ballon. Et pourtant qu'est-ce que j'avais envie de me faire mal actuellement...


— Tiens.



Elle me sorti un joint de sa poche, déjà préparé, et me le tendis avec un briquet.





"Si tu le prends, il n'y a plus de retour en arrière. Une fois et c'est fini. Une fois et bienvenu aux enfers."





Honnêtement je m'en foutais, j'avais besoin d'un instant d'échappatoire. Quelques secondes de répit. Un peu de calme peu importe tout m'allait. Je voulais échapper à tous mes problèmes qui dansaient autour de ma tête tels une épée de Damoclès. Juste envie de quitter mon enveloppe corporelle et de m'en aller quelque part où la paix et la bonne humeur m'attendaient.

Quelque part où Jungkook n'existerait pas, où rien ne serait réel et où je pourrais décompresser en toute liberté.

Epuisé de toute cette tourmente, je pris le pétard et le plaçai entre mes croissants de chairs, venant apporter le feu nécessaire à ce petit bijou qui me ferait bientôt planer et voler avec les nuages.

Peut-être que ce n'était que psychologique mais dès la première taffe, je sentis que je respirais normalement et que mon corps n'était plus si crispé qu'il y a quelques minutes auparavant.

Lisa s'en alluma un et me rejoignit dans ma quête d'un bonheur peut-être factice mais un bonheur quand même.


— Je la hais, murmura-t-elle.



Je sus instantanément qu'elle parlait de notre amie.


— Je le hais, rentrai-je dans son jeu.

— C'est de la merde l'amour.

— Oui.

— Pourquoi on ne se met pas ensemble alors ?

— Parce qu'on est amis.

— Tu me friendzones ? Moi ? Eh lave toi les yeux, tenta-t-elle de blaguer dans l'espoir d'apaiser nos cœurs meurtris.



Un sourire sans joie se dessina sur mes lèvres tandis que j'éjectai cette amas de fumée nocive.


— Il fait quoi Baek' ? changeai-je de sujet.


Elle ne remarqua même pas que je n'avais pas répondu, étant sûrement à son deuxième ou troisième joint de la soirée, sans compter tout ce qu'elle avait bu.


— Il est bourré. Fin il dort je crois ? Ouais c'est ça il dort.

— Faut que je fasse quoi pour en ravoir ?



Je fis un signe de menton vers le joint que je tenais en direction de Lisa. Elle fixa un moment l'objet avant de relever lentement son regard pour harponner le mien. Elle avait l'air d'être gênée comme si ma question la mettait mal à l'aise et je me demandais bien pourquoi.


— Je peux t'en dépanner de quelques uns pour demain mais après...

— Après ?



Elle crapota plusieurs fois son pétard comme si elle essayait de retarder le moment où elle me répondrait mais elle avait de la chance que je sois patient et j'attendis sans rien dire.

Un soupir extenué s'échappa de ses lèvres en même temps qu'elle expirait une taffe.


— Faudra que tu vois avec Jackson.


Je déglutis difficilement, mes mains se mettant à trembler à la simple évocation de son prénom. Cette peur sinistre je la ressentais, comme s'il était actuellement dans la pièce. Je pourrais jurer que je pourrais presque sentir sa puissante aura m'écraser telle la fourmi que j'étais.

Lisa sentie ma panique soudaine.


— Il n'est pas aussi horrible que ce que les gens disent. Si tu veux vraiment pas lui demander ou le voir je peux toujours essayer de négocier avec lui pour qu'il t'en vende.

— Je... je sais pas. J'te redirais.



Je n'étais sûr de rien en ce moment, je ne savais rien. Comme si je naviguais dans une mer déchainée avec un petit radeau. Je savais que jamais je n'y survivrais et que je ferais naufrage dans un abysse dangereux et nébuleux. Mais pour autant, que pouvais-je faire ? Regagner la Terre n'était pas une solution et je me devais de continuer quitte à finir par être englouti.





Quitte à suffoquer et me noyer.





— Tu sais Jackson t'apprécie.

— Ça j'avais remarqué, crachai-je un peu trop sèchement.

— Il voudrait que tu fasses partie de la bande, m'avoua-t-elle sans tenir compte de ma pique précédente.



Ma vilaine curiosité se réveilla et je ne pus demander :


— Pourquoi ?



Elle haussa des épaules, son regard perdu, observant quelque chose intensément que je ne pouvais voir.


— J'sais pas. Il a dit qu'il voulait être sympa avec toi pour t'intégrer avec nous.


J'en doutais fortement. Tout ce que Jackson avait fait jusqu'à présent ne m'avait apporté que des problèmes dans lequel je m'étais enlisé, piégé dans ce sable mouvant qu'été devenue ma vie.

Mais bientôt mes pensées asphyxiante me laissèrent, le chaos s'en était allé pour ne laisser qu'un doux calme. Je me sentais bien. Trop bien même.

Je souriais et j'avais même envie de danser, de parler avec tout un tas de gens même si je ne les connaissais pas forcément.





Je me sentais euphorique et sociable.





J'avais envie que ça dure éternellement.





Quitte à devoir voir Jackson pour de nouveau gouter à ce petit moment de détente.





Je crois que ça faisait un bail que je n'avais pas été aussi apaisé, je me sentais enfin bien. J'étais là sur un nuage, à me demander quand est-ce que je verrais la prochaine étoile qui scintillerait pour ma nuit nébuleuse. Quand est-ce qu'un truc chouette comme ça m'arriverait ?





Quand est-ce que je pourrais être libre de tous mes problèmes ?


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Yooo ! Petit chapitre de transition nécessaire !

Partiels finis ce qui veut dire retour de Convivencia !! Ca m'avait trop manqué, vraiment j'en pouvais plus des exams, je suis bien contente que ce soit terminée. Ce qui fait que je suis en vacances pour un mois hehehe :D

Le prochain chapitre sera posté dimanche dans la journée ;)

Oui, notre petit Tae' est en train de vivre une passe pas très très cool vous le verrez... S'il y a des scènes qui peuvent trigger, ne vous en faite pas je mettrais un TW <3

Bisous à vous <3

Zombix 🌙

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