⎡❀ 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟔 ❀⎦
(cr : bnn_mlk sur twitter)
L'être humain était insatiable, toujours à se disputer, à faire des guerres, à se plaindre constamment, à vouloir plus, tout le temps plus... C'était ainsi. Certains n'arrivaient pas à changer malheureusement.
Et j'étais de ces gens-là.
Honnêtement je méritais toutes les baffes du monde.
Je m'étais pourtant formellement promis à moi-même de ne pas retomber dans un autre cercle vicieux avec Jungkook. Cette promesse solennelle que me répétait sans cesse ma Conscience lorsque j'étais à deux doigts de tout lâcher pour simplement le retrouver dans son lit. Oui je savais que c'était mal, qu'il ne fallait pas mais j'en avais terriblement envie.
Je l'avais déjà dit, je m'en foutais de la morale.
La seule chose qui me retenait en cet instant était la peur de redevenir cette personne exécrable comme dans le passé. J'avais fait tant d'efforts pour changer alors je ne pouvais pas me permettre de mettre à la trappe tous ces longs mois de souffrance. Ça revenait à bafouer ce que j'avais ressenti et il en était hors de question.
Cependant il arrivait, où je voulais terriblement goûter au fruit défendu, où j'étais prêt à tout abandonner en une fraction de seconde. J'étais Ève et Jungkook était la pomme du jardin d'Éden. Elle m'appelait, me tentait, voulait que je pèche. Mon « ancien moi » était le serpent qui me murmurait avec tentation de le faire. Et je jurais que si je n'avais pas un mental d'acier, il y a longtemps que je me serais de nouveau fait piéger dans un tourbillon toxique que nous créions à chaque fois.
Alors que je pensais que Jeon insisterait encore, il m'avait laissé tranquille. Depuis plus de deux semaines, soit depuis ce dernier évènement, il ne m'avait pas adressé la parole. J'avais le droit à de long regard impénétrable, difficile à décrypter. Ça m'avait fait tout drôle. C'était comme s'il me considérait comme un étranger, pareil à la fois où il m'avait abandonné du jour au lendemain. Toutefois, il y avait une légère différence. Ces œillades qu'il me lançait et que je n'arrivais jamais à comprendre semblait avoir une signification. Je ne savais pas encore laquelle mais mon hypothèse semblait être vraie car c'était comme s'il attendait quelque chose de ma part.
Là encore je n'en avais aucune idée.
Pas le moindre indice. Rien.
Il jouait la carte du mutisme et de l'indifférence et face à ça je n'avais aucune idée de quoi faire. Quoi dire. Quoi en penser. C'était étrange, il ne m'avait jamais joué ce coup-ci alors savoir comment me comporter par rapport à ça était très dur.
Pour l'instant je l'avais simplement ignoré, je n'avais rien fais. Agissant comme lui, comme si nous étions des étrangers.
C'était ce que nous devions faire...
Je n'arrêtais pas de me le répéter autant de fois que possible par journée. Tentant de me le faire rentrer dans la tête pour de bon.
Pourtant...
Pourtant je ne savais pourquoi mais ça me paraissait absurde. Pourquoi retarder le moment qui arrivera de toute manière ? Pourquoi jouer à ça alors qu'au fin fond de moi je savais ? Ça n'avait aucun sens.
Ça faisait deux semaines que j'étais en proie à un profond dilemmes intérieur, celui de savoir si je retombais ou non pour Jeon. Tout dépendait de moi. De la résistance de ma force mentale car je savais quelque part que le noiraud n'attendait que ça. Il me l'avait bien dit. Bien montré même.
Rajouté à ça le stress des examens même si j'avais encore quelques mois.
Le problème était que j'étais parti sur le thème de la Nature, quelque chose que je maîtrisais presque du bout des doigts. Habituellement, je ne peignais que des paysages, rarement des visages ou des personnes. J'avais donc mis à la poubelle toutes mes précédentes idées qui m'avaient alors paru comme « fades ». Il y avait ce quelque chose qui ne me plaisait pas. Je ne saurais l'expliquer mais ça me chiffonnait.
Moi qui avais cru prendre un peu d'avance m'étais retrouvé avec un peu de retard.
Autant dire que ma vie qui jusque-là avait été tranquille, commençait doucement mais sûrement à monter sur des montagnes russes.
Et ça m'effrayait cruellement car la descente risquerait de m'être brutal une fois de plus...
❀❀❀
Nous étions enfin l'heure du repas, moment durant lequel je pouvais enfin souffler un moment. Après avoir enchainé du 8h-13h, mon cerveau n'en pouvait plus. Le pauvre était en surchauffe extrême.
Je ne rêvais que d'une chose : regarder un Studio Ghibli entouré de mes peluches.
Mais avant ça j'avais encore deux heures d'anglais. Souffrance absolue car à chaque séance de cours, nous effectuions des travaux en groupes. Et comment dire que je n'aimais pas travailler avec les autres. La plupart du temps je finissais souvent avec les « glandeurs », ceux qui laissaient les autres bosser à leur place. Depuis quelques mauvaises expériences (notamment au lycée) je n'aimais travailler qu'en solo.
M'enfin.
J'avais encore un peu de temps avant de devoir aller travailler une nouvelle fois. C'était pour cette raison qu'il fallait que je profite du moment présent.
Accompagné de Lisa, Rosé et Baekhyun, nous mangions au restaurant dont m'avait parlé la brune lors de notre rencontre. Nous nous étions mis d'accord pour nous retrouver à l'endroit que nous avait indiqué notre amie.
Comme Lisa me l'avait promis la première fois qu'on s'était parlé, la nourriture préparée sur place était un pur délice. C'était tellement mieux que de manger au restaurant universitaire ou bien des sandwichs tout sec du CROUS. Il n'y avait que leur cookie qui était indiscutable le reste laissait à désirer.
Je me sentais revivre à cet instant.
Mon attention qui était jusque-là concentrée sur le plat de raviolis chinois que je mangeais, fut vite attirée par la discussion qu'échangeait mes amis. Je relevai la tête de mes pâtes, à leur écoute.
— Venez cet aprèm' on va au cinéma ? proposa l'argenté, son téléphone dans une main et un sourire gravé sur ses lippes.
Aussitôt le visage de Lisa s'illumina. Elle tapa dans ses mains, souriant de toutes ses dents. Apparemment elle était très emballée par l'idée.
— De ouf ! Et après on squatte une soirée quelque part !
— Et tu voudrais aller chez qui pour la soirée ? demandai-je alors.
Elle tourna son visage vers moi en haussant plusieurs fois les sourcils, amusée.
— J'ai mes contacts.
— T'en dis quoi Rosé ? Taehyung ? Vous venez ? nous questionna Baekhyun avec des yeux suppliants.
Je devais dire que l'idée me séduisait énormément. Non seulement je serais avec mes amis mais en plus de ça je n'aurais pas à monter des plans monstres pour éviter Jungkook. Ça m'allait vraiment. Et puis pour ma prise d'alcool, j'allais me gérer. La dernière fois chez Jennie et Kai, tout s'était bien passé alors pourquoi ce soir ça n'irait pas ?
Un sourire en coin fleura sur mes croissants de chairs.
— Je viens, affirmai-je.
Les deux furent ravis de ma réponse puisque je les entendis murmurer chacun un « yes ! » discret mais enthousiaste. Nous nous tournâmes alors vers la blonde qui était restée muette.
— Rosé ? fis-je.
Durant quelques secondes, elle tourna la bague à son auriculaire, la fixant d'une drôle de façon. L'hésitation se lisait dans son regard mais il a suffi que Baek et Lisa la supplie à son tour pour qu'elle se morde la lèvre avant de silencieusement hocher la tête.
Les deux ne purent voir la réaction qu'elle afficha par la suite, trop occupés à se réjouir et à décider de quel film on allait regarder. Mais moi oui.
Quelque chose clochait car lorsque ses iris croisèrent les miennes, elle les détourna aussitôt. Se mettant sans tarder à participer à la conversation, d'une manière qu'elle tentait de faire passer naturelle mais qui en réalité laissait apercevoir une légère panique qui éclatait petit-à-petit en son for intérieur.
Trop d'entrain, trop de sourire forcé, trop de rire qui paraissait vide...
Et ça, il n'y a que moi qui le vit.
Quelque chose clochait définitivement.
Je ne cachais pas que j'étais curieux car son comportement était un peu trop suspicieux. C'est vrai... c'était comme si elle cachait quelque chose et qu'elle voulait que personne ne le découvre. Peut-être que je me faisais des films qui sait... mais ma Conscience me chuchotait que ce n'était sûrement pas le cas. J'avais un drôle de pressentiment poisseux par rapport à ça que je ne saurais expliquer. Plusieurs frissons désagréables traversèrent mon épiderme dans une course folle avant qu'ils ne disparaissent rapidement.
Je relevai le regard pour observer une nouvelle fois la blonde qui était penchée vers Lisa et Baek', toujours en train de choisir un film ensemble. Elle était presque collée à la brune ce qui me fit doucement sourire. Les voir aussi complices me faisait encore une fois fondre.
L'Amour était vraiment beau lorsque c'était les autres qui l'expérimentait.
Pas quand c'était moi.
Je n'avais connu que des chiens dans ce domaine, voilà pourquoi je ne voulais pas retenter quelque chose. De toute manière, je m'en étais fait la promesse. Plus jamais d'histoire sérieuse, que des histoires sans lendemain ou sans attaches. C'était beaucoup plus simple et fun.
Je n'avais pas envie de m'emprisonner une nouvelle fois dans une relation qui je sais, dès le début, serait déjà voué à l'échec. Ça n'avait aucun sens pour moi d'être en couple. Puis j'étais quelqu'un de nature qui aimait plaire, qui aimait séduire et flirter alors dès que je le pouvais, je le faisais avec n'importe qui. Pourquoi me contenter d'une seule personne lorsque je pouvais avoir la terre entière ?
❀❀❀
Après avoir attendu que chacun finisse ses cours, nous avions pris le bus pour ensuite marcher pendant une dizaine de minutes environ afin de rejoindre le cinéma auquel Baekhyun voulait aller. À l'affiche, il y avait de tout, des films d'amour, d'action, d'aventure, de la comédie, des dessins animés... Mais il semblerait que celui qui faisait fureur dans les box-offices en ce moment était le dernier Marvel de je ne sais plus quel personnage. Je n'en avais jamais vu et honnêtement ça ne m'intéressait pas vraiment.
Ce que je préférais c'était les animés et dessins animés. Les films ne me tentaient pas vraiment et si j'en regardais c'était en général avec les cours ou bien dans des occasions rares tel qu'ici.
Mes trois amis avaient décidé que nous allions voir quelque chose de romantique. Ça ne me dérangeait pas mais j'espérais que ce ne serait pas très niais comme la plupart des films sur ce sujet. Ou alors qu'il n'y ait pas énormément de scènes de sexe qui ne servait strictement à rien et qui étaient juste là pour du fan service. Non parce qu'on se le dise, à la longue c'était très énervant de voir quelque chose de palpitant et puis que d'un seul coup les personnages décident de se soulever, comme ça ? Sortit de nulle part et qui ne changeait strictement rien au plot twist. Enfin... j'étais une personne qui aimait le sexe. Vraiment. Mais en film c'était autre chose, je trouvais que ce n'était parfois pas nécessaire.
M'enfin.
Ce n'était que mon avis.
— Taehyung ? Taehyung ! T'es encore dans la lune ? m'appela Lisa en secouant plusieurs fois sa main devant mon visage.
Je papillonnai plusieurs fois des yeux, reprenant mes esprits si je puis dire avant de me racler la gorge et de sourire.
— Désolé. J'étais perdu dans mes pensées.
— J'ai l'impression que tu l'es tout le temps ces derniers temps. Quelque chose te tracasse ? Si tu veux en parler je suis là hein.
Elle fronça les sourcils d'inquiétude tandis que je posai une main rassurante sur son épaule.
— Tout va bien ne t'en fais pas.
Pour réponse, elle me servit un simple hochement de tête.
Après avoir fait la queue pour payer nos tickets de cinéma, nous nous laissâmes fouiller par les vigiles qui vérifiaient avec minutie que nous n'avions pas emmené avec nous de la nourriture pour manger en salle. Ils nous indiquèrent le chemin que nous nous empressâmes de prendre. Il commençait à y avoir énormément de monde alors il fallait qu'on se dépêche afin de trouver des places. Surtout que nous étions plusieurs et qu'il fallait qu'on soit ensemble sinon ce serait un peu nul.
Nous nous mîmes vers le milieu de la salle, trouvant par miracle une rangée encore un peu vide. Je me trouvais à présent à côté de Baekhyun qui était entre Lisa et Rosé.
Un petit brouhaha agréable planait durant l'attente du commencement du film. Il y avait quelques retardataires qui s'empressaient de trouver une place et pendant ce temps, les longues publicités du début se lancèrent. Je n'ai jamais compris pourquoi ils en mettaient des dizaines à la suite, quel était l'intérêt ? Ça faisait toujours retarder le lancement du film et c'était relou.
Peut-être que c'était justement pour que les derniers retardataires ne ratent rien ? Aucune idée.
Bien vite je me rendis compte que le film était nul à en mourir. Le cucul la praline était poussée à son paroxysme et il semblerait que j'étais le seul qui s'en formalisait puisque les autres avaient l'air tellement concentré et l'air d'adorer.
C'était une torture que j'endurais car à certains passages je me reconnus dans un des personnages et je reconnu Jungkook dans un autre. Nous aussi étions passés par là et ça me faisait mal. Comme une claque dans la gueule, je repensais à ce que nous avions vécu ensemble jusque-là.
Peut-être que dans une autre réalité nous aurions pu nous entendre. Peut-être que nos âmes ne se serait pas autant détesté et nos corps ne serait pas aussi dépendant l'un de l'autre. Peut-être que lui et moi aurions pu construire quelque chose de sain.
C'était ces peut-être qui faisait creuser le trou béant dans ma poitrine.
J'étais peut-être condamné à être la Camille de Jungkook et lui mon Perdican ? À la différence que nous n'étions pas cousins et que nous ne nous aimions pas. Nous étions juste avides de l'attraction qu'il y avait entre nous. Ou du moins du lien bizarre qui nous reliait.
Peut-être que dans une autre réalité, où la vie n'aurait pas été aussi mauvaise avec nous, j'aurais pu dire les mots que j'avais écrit dans mon cœur, j'aurais pu empêcher ce désastre.
Peut-être bien...
Les minutes suivantes du film furent trop dures à regarder, elles me rappelèrent trop de mauvais souvenirs durant une époque que je préférerais oublier à tout jamais, rayer au feutre indélébile de ma mémoire.
— Je pars aux toilettes, chuchotai-je discrètement dans l'oreille de Baekhyun.
— Pas de soucis, ne tarde pas trop sinon tu vas tout rater !
— Je ferais aussi vite que l'éclair, mentis-je.
— Oui bien sûr Usain Bolt.
J'esquissai un sourire amusé avant de partir en douce, veillant soigneusement à ne déranger personne dans son visionnage. Lorsque j'atteignis la porte et que je me retrouvais en dehors de la salle de projection, un soupir libérateur s'échappa de mes lippes.
Ma poitrine me compressait toujours autant mais avec moins de poids ce qui me soulagea un peu.
Pour me changer les idées, je descendis aux toilettes et me dirigeai vers le miroir accroché au-dessus d'un des nombreux lavabos. Rapidement, je me recoiffai, arrangeai mes vêtements et tentai de faire disparaître cette mine sombre qui planait, tel de gros nuages chargés de pluie, sur mon visage.
Le bruit de la chasse d'eau s'éleva interrompant le sifflement joyeux du silence et une porte s'ouvrit.
Je n'y fis guère attention, trop occupé à faire semblant de me remettre du baume à lèvres. Je n'ai pas envie qu'on me prenne pour un idiot à essayer différents sourires afin qu'ils ne paraissent pas trop forcés ou qu'on puisse savoir que quelque chose n'allait pas.
Mais j'aurais dû lever le regard au moment où j'entendis le robinet s'activer à côté de moi. J'aurais dû reconnaître cette odeur que je connaissais par cœur depuis de nombreuses années à présent.
Et j'aurais peut-être dû partir lorsque la porte s'était ouverte.
Parce que dès lors où sa voix retentit, je me crispai tandis que mon cœur s'emporta sous le coup de la surprise.
Et là mon regard croisa le sien.
Ses iris couleur topaze, bien trop douces et délicieuses sondèrent les miennes. Ils me happèrent entièrement et un instant j'en oubliai le lieu où nous étions.
C'était bizarre. Surprenant.
Silence.
Le silence jouait, il courait ici et là. Il sautait sur les toits, dans le ciel, sous la terre, dans le cœur des Hommes. Puis il disparaissait. Avant de réapparaitre espièglement. Mais le noiraud en face de moi le fit chasser et le silence ne demeura plus :
— Kim.
Ces trois lettres roulèrent avec délicatesse sur sa langue. Pour une fois, il ne l'avait pas dit hargneusement. Non c'était doux et calme comme les nuages qui poursuivaient leur mélodieuse course aux dessus de la toiture du cinéma, aux dessus des branches d'arbres, aux dessus des bâtiments. Au-dessus dans un là-haut infini. Au-dessus dans un océan bleu nacré.
— Jeon, répliquai-je sur le même ton.
Mes mots firent fuir le silence qui s'était de nouveau invité. Sûrement de la brèche au bas du mur. Ou peut-être de nos cœurs. Je ne sais pas. Peut-être des deux qui sait. Aucune idée.
Il se tenait devant moi du haut de son un mètre soixante-quinze, me surplombant entièrement. Me faisant sentir petit. Faible. Et perdu.
Je devrais partir, courir, m'échapper de cet espace-temps qui nous englobait du reste du monde. Mais mes jambes traitresses ne m'obéirent pas tout comme le reste de mon corps qui se retrouva rattaché comme par des chaines au sol. J'étais là et en même temps pas là. Mon esprit était là mais il s'échappait pour se fondre sur la lumière qui illuminait les iris de ce garçon en face de moi. Il s'échappait pour observer la courbe parfaite de ces lèvres pécheresses que j'avais goûté mainte et mainte fois à des temps emplis de notes tristes, mélancoliques, désespérantes. Et puis il revenait et je me disais qu'on était bien comme ça. À simplement s'observer avec tendresse, sans se crier dessus comme d'habitude, ce qui faisait plaisir.
— Pourquoi ça ne fonctionne jamais ? murmura Jungkook avec une pointe de peine dans la voix.
Je déglutis difficilement. Je savais parfaitement de quoi il parlait mais je voulais qu'il dise les mots, lui qui passait son temps à les renier, à faire comme s'il n'existait pas. Alors que les mots existent et qu'ils vivent.
— Qu'est-ce qui ne fonctionne pas ? répliquai-je d'une voix tremblante, craintif de la suite des événements.
— Nous... Pourquoi on n'y arrive pas ? Qu'est-ce qu'on doit faire ? Tae pourquoi j'ai envie qu'on arrête de se voir mais qu'en même temps je n'y arrive pas ? Pourquoi je veux tellement t'étrangler mais en même temps t'embrasser ? Pourquoi on en est arrivé jusque-là ?
Ces questions sans réponses je les connaissais déjà. Je les avais récités mainte et mainte fois comme on apprend une poésie à l'école, je les avais écris et rayé dans mon cœur. Je les avais enfoui, caché pour les ressortir et les relire plus tard. Je connaissais leur saveur amère au goût d'espoir et de larmes.
Et ces perles salées que je gardai prisonnière au fond de moi, au fond de mon âme, au fond de mon corps dévalèrent par myriades sur ma peau, traçant des chemins qu'on ne pouvait pas tellement voir. Mais Jungkook les voyait. Il voyait toujours tout. Et il savait toujours tout.
Alors ce fut pour cette raison qu'il s'approcha doucement de moi et que ses pouces cueillirent ces cristaux précieux. Il effaça leur sentier, dessinant à son tour des arabesques que lui seul connaissait sur ma peau. Et ça faisait du bien, c'était doux, c'était agréable.
Mais ça faisait mal parce que ce n'était pas bien. Nous ne pouvions pas, lui et moi ne devions pas craquer et il le savait. Je le savais. Mais peut-être parce qu'on ne le savait que trop que nos lèvres se rejoignirent et se retrouvèrent après des années de manque cruel.
Bouffée d'oxygène exaltante, sensations euphoriques, couleurs miroitantes.
Les formes autour de nous n'avaient plus vraiment de formes, le silence était revenu mais j'entendais tout de même Jungkook. Il me parlait, exprimait ce qu'il ressentait, ce qu'il voulait raconter à travers ce baiser désespéré. Et je l'écoutais. Je buvais ces paroles, ces non-dits. Et moi aussi je voulais lui dire, lui raconter, lui parler, lui décrire tout. Tout et rien. Rien mais tout.
Et c'était beau ces mots qu'on décrivait entre nous. Il n'y avait que nous qui pouvions les entendre et les comprendre. C'était d'une joliesse sans égal. Une poésie qui s'écrivait où les rimes, les hémistiches, les alexandrins s'amusaient entre eux. Et je pouvais presque entendre les strophes, elles étaient là pas loin, proche très proche. Toujours un peu plus proche. Il fallait simplement tendre l'oreille.
Jungkook y mettait tellement de sentiments forts que je me noyais en eux, en lui, en nous. C'était puissant et dévastateur. Pareil à un tsunami, il m'avait happé.
Et à la seconde où il m'avait embrassé, j'avais baissé ma garde et craqué.
Toutes les barrières que j'avais érigé avait été détruites par Jungkook. D'un souffle il avait tout fait tomber et il avait gagné. J'avais perdu.
C'était toujours comme ça de toute façon, le schéma était le même, malgré ma volonté à le fuir, mon corps refusait. Il avait besoin du sien parce qu'il n'y avait qu'ensemble qu'ils se complétaient.
Peut-être que Jungkook et moi étions une sorte de flamme jumelle. C'était beaucoup trop fort pour nous alors ça nous dépassait et on se faisait du mal même si nous ne voulions pas. Je ne sais pas. Je n'ai jamais su. Mais peut-être que la réalité le sait et que c'est pour ça qu'elle nous torture. Je ne sais pas. Peut-être.
Lorsque ses mains calleuses descendirent jusqu'à mes hanches ce fut une nouvelle fois une libération de mon corps qui en quémandait encore et encore. Toujours insatiable de lui, j'avais besoin de parcourir, redécouvrir, goûter à nouveau à son corps, à son âme, à ses baisers, à ses caresses, à ses sourires, à ses mots, à ses paroles. À tout.
Mais nos souffles s'éteignirent telle une flamme et nous dûmes mettre fin à cet échange.
— Tae, même si tu me fuis ou que je te fuis tu sais très bien qu'on retournera toujours l'un vers l'autre. Je ne sais pas pourquoi mais ça sera comme ça à chaque fois.
Ses topazes brillèrent d'une façon qui me fit du bien et du mal. C'était une belle tristesse joyeuse. J'aimais bien. Peut-être un peu trop même. Toute façon avec Jungkook c'était toujours une question de trop.
— Je sais mais... j'en ai marre de souffrir... murmurai-je. Tu vas m'abandonner quand tu vas te lasser, tu vas retrouver une vie normale, tu vas m'oublier et moi je serais là à avoir mal là.
Je le lui montrai en prenant sa main pour la placer là où se trouvait mon organe vital. Il dû sentir la tristesse et la souffrance que ses abandons répétés avaient provoquée en moi puisque sa mine devint plus attristée. Les regrets dansaient dans ses yeux, c'était un ballet si beau mais encore une fois si peinant à voir.
— Ça me fait mal. Très mal parce qu'après tu vas revenir comme si de rien était et ça va recommencer encore et encore. Et moi j'ai trop mal à chaque fois.
Ma voix se brisa et les larmes revinrent tracer des chemins par-dessus les arabesques qu'avaient dessiné Jungkook sur ma peau. Mes mots lui firent mal mais ce n'était que la réalité. Et la réalité ça faisait toujours mal. Ça écorchait les cœurs et les âmes, laissant des marques, des cicatrices, des blessures parfois impossibles à refermer même si avec le temps on oubliait un peu. Ça revenait toujours piquer de temps en temps comme pour dire « eh oui je suis toujours là ».
C'était comme ça. C'était la réalité. Parfois on l'acceptait et d'autre fois non. Mais on s'y faisait avec l'habitude.
Les mots et les phrases firent cogiter Jungkook qui me fixa d'une nouvelle façon. Et cette façon faisait apparaitre de jolies nuances de roses, de rouge, de timidité sur mes joues. Quelque chose d'improbable parce que je ne l'avais jamais été en sa présence.
— Je sais... je sais Tae mais tu trompes sur un truc.
— Ah oui ? Et quoi ?
— Je ne t'ai jamais abandonné parce que je m'étais lassé. Je l'ai fait parce que ça nous faisait du mal mais... c'était beaucoup trop dur alors je suis toujours revenu.
Son aveu remua quelque chose en moi. Je ne sais pas trop quoi mais les petits picotements qui parcourent ma peau furent alléchants, tout comme mon cœur qui s'en alla faire quelques acrobaties.
— Pourquoi tu ne m'as jamais rien dis alors ?
— Je ne sais pas, répondit-il honnêtement dans un souffle.
Je retins le mien, agrippant mon pantalon en toile beige lorsque ma question s'échappa de la barrière de mes lèvres :
— Et maintenant on fait quoi ?
— Je ne sais pas, répéta-t-il.
Mais cette fois-ci il mentait. Jungkook savait toujours tout je l'avais dit. Alors lorsque ses lèvres revinrent dévorer les miennes, je sus ce que nous allions faire. Et même si je n'aurais pas dû, les couleurs de la joie et de l'excitation vinrent éclater sur ma peau, dans mon corps et tout autour de nous. C'était une jolie peinture, il y avait de tout. Impossible à décrire et pourtant pas tellement. Mais c'était un Art que seuls des âmes jumelles pouvaient comprendre et s'en extasier.
La toile reçut de nouvelles nuances, qui fit apparaitre de nouvelles formes en son sein, racontant d'autres histoires qui ne demandaient qu'à être découvertes et lues. C'était un époustouflant spectacle qui se produisait là. Quelque chose dont on n'en voyait pas tous les jours. Quelque chose d'unique. Et Jungkook et moi possédions un lien puissant qui ne pouvait s'expliquer et même si c'était triste c'était beau.
Perdus dans notre bulle, nous nous racontâmes de nombreuses histoires, peignâmes de nouveaux tableaux, nous contâmes tout pleins de poèmes qu'avaient écrit nos cœurs et nos âmes l'une pour l'autre.
Et c'était si splendide à voir, écouter, ressentir, décrire.
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Coucou !!
Ksksksks oui oui je sais la fin est horriblement frustrante mais j'aime jouer avec les sentiments vous savez :)))
Alors ce baiser ? Attendu ou pas ?
Oh et merci pour les 199k sur AR, je suis super choquée !! On approche des 200k c'est incroyable ! Merci pour la force que vous me donnez !
D'ailleurs j'avais une petite question, je ne sais pas si vous avez vu pour certains mais sur mon mur j'avais demandé si vous vouliez que j'ouvre un compte insta. Je pourrais faire des FAQ, dire quand y'aura un update, faire des teaser pour les prochaines histoires que je compte faire, vous conseiller des ff que j'ai lu et aimé ici... qu'en dites-vous ? En soit j'aime beaucoup l'idée d'échanger avec vous, ça sera plus simple là-bas mais je ne sais pas si ce projet risque de flop ou au contraire ça vous plairait :/
Je vous souhaite une bonne soirée/journée !
Zombix 🌙
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