⎡❀ 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟓 ❀⎦


(cr : bnn_mlk sur twitter)


Septembre avait rapidement laissé sa place à octobre. Les jours défilaient à une vitesse ahurissante et la pression pour les examens avaient légèrement augmenté.

Les feuilles des arbres se coloraient de tons chauds, allant du jaune poussin à l'orange corail avant qu'elles ne finissent par prendre leur envol et finissent leur trajectoire au sol, dans une danse aérienne et légère. Les températures se rafraichissaient, faisant parfois naître des temps maussades, poussant ainsi les personnes à déjà sortir leurs vestes bien chaudes et leurs pulls d'hiver.

Même si d'autres n'aimaient pas l'ambiance de ce climat, moi il me plaisait. J'aimais le fait d'être emmitouflé dans mon long trench-coat beige, passer quelques aprèms à mater ma série au chaud sous mon plaid ou tout simplement observer la Nature changer au fil des jours et en apprécier un peu plus sa splendeur.

Je me sentais en paix avec moi-même. Pour une fois mon Karma me laissait respirer pleinement. Et parfois je m'en étonnais. Après avoir vécu tellement de choses lourdes et de moments épuisants, je me demandais si quelque chose de mauvais n'allait pas me retomber dessus par la suite. Cependant, je ne pouvais m'empêcher d'être méfiant, comme si j'attendais le « après ».

Malgré ça, j'avais une vie stable dont j'étais fier.

Une humeur plutôt gaie et positive, une sérénité avec ma propre personne, des notes plutôt bonnes.

Enfin... le tableau aurait pu être parfait si un détail du nom de Jeon Jungkook ne venait pas l'entacher comme toujours.

Il essayait de me faire chuter par n'importe quel moyen.

Tout était bon pour lui. Les disputes, les pièges, les moqueries, la séduction...



Oui Jungkook voulait qu'une nouvelle boucle recommence.



Ironique quand on savait que c'était justement lui qui m'avait abandonné pour échapper à la dernière. Et comme toutes les autres. Ça ne me donnait qu'une envie : l'étrangler dans son sommeil. Parce que le culot qu'il avait ! Après m'avoir laissé seul il osait revenir se pointer comme une fleur et que tout recommence comme si de rien n'était ?

Non merci.

Je ne le lui laisserais pas ce plaisir. J'étais décidé à camper sur ma décision qui était de ne pas le laisser gagner cette fois encore. C'était terminé, je ne voulais plus être son vide couille, qu'il aille voir ailleurs.

Je n'avais donc la paix que lorsqu'il allait à des fêtes. Son absence se faisait ressentir par un calme régnant qui m'allait parfaitement. Dans ces moments-là je pouvais respirer pleinement sans qu'un sale merdeux vienne me faire chier. Dieu merci on m'avait doté d'une patience hors pair sinon il y a longtemps que je serais derrière les barreaux.

En bref, entre lui et moi c'était le chaos comme d'habitude pour ne pas changer.



❀❀❀



Face à mon bloc-notes, j'essayai de dessiner au fusain pour la première fois de ma vie. C'était différent d'un crayon. Plus gras et plus salissant. Très salissant. Tellement que je m'en étais mis partout. Des trainées sombres sur les doigts, les joues, le nez, le menton et même le cou. Je ne ressemblais plus à rien. On aurait dit que je m'étais amusé à jouer au père Noël en glissant dans les cheminées des maisons. Ou bien que j'eusse charbonné à la mine toute la journée.

C'était l'inconvénient principal de cet outil mais je devais avouer que le rendu de mes dessins n'était pas aussi mal que ce que j'avais imaginé. Plutôt fier de moi, je me mis à sourire avant de me reconcentrer de nouveau. Il fallait que je termine vite pour que je puisse avoir quelques idées d'œuvres à présenter pour mes examens de décembre. Même s'il me restait encore quelques mois, mieux valait ne pas trainer car le temps s'écoulait rapidement. Et j'avais parfois tendance à être un procrastinateur expérimenté dans le domaine, repoussant tout au lendemain. Alors autant avancer maintenant pour ne pas me retrouver dans la mouise plus tard.

En ce samedi après-midi, un calme royal régnait en maitre dans l'appartement pour une fois. Jungkook n'était pas sorti. Il se trouvait dans sa chambre à jouer à Overwatch me semblait-il. Quoi qu'il en soit, il me fichait la paix depuis ce matin ce qui n'était pas quelque chose dont je me plaindrais.

Comme j'étais de bonne humeur, je me levai, m'étirant les bras légèrement engourdis avant de partir en direction de la cuisine car il était l'heure du goûter.

Et le goûter c'est sacré.


— Ah mais le bâtard où est-ce qu'il l'a mis ? maugréai-je en voyant que la brioche que j'avais acheté la veille manquait à l'appel dans les placards.


Je fouillai un peu partout, m'apercevant bel et bien que Jeon avait un truc à voir là-dedans.

Ma bonne humeur sembla partir en fumée à cet instant, pour ne laisser place qu'à un profond agacement, mêlé d'une légère colère. Encore timide mais bien là et qui je sais se transformerait en un total brasier à cause de lui.

Je me pinçai l'arête du nez pour me contenir un minimum avant de partir à pas déterminé vers sa chambre. La porte était entrouverte, laissant s'échapper sa voix et le bruit de son stupide jeu. Lorsque je l'entendis rire avec ce qui semblaient être ses amis en ligne, ça ne me fit que me souler davantage.

Je poussai la porte avec fracas, me tenant dans l'embrasure, les bras croisés et le regard noir.

Suite au grand bruit, Jeon bondit de sa chaise pour se retrouver les fesses au sol et les yeux écarquillés par la peur. En temps normal j'aurais trouvé ça hilarant si bien que je me serais foutu de lui pour le restant de la journée mais j'étais bien trop agacé pour n'émettre ne serait-ce que l'ombre d'un sourire.

Lorsque ses yeux croisèrent les miens sombres de colère, son expression changea.

La surprise fut vite dominée par la colère et la haine.


— What the fuck Jungkook ? C'était quoi ce bruit ? Ça va ? s'inquiéta son ami depuis son appel téléphonique apparemment.


Il ne lui répondit pas, se contentant de se lever en silence et m'assassinant du regard au passage, la mâchoire contractée.

J'eus un sourire sans joie, comme pour le défier.


Mec t'es là ? Répond !

— Hobi je te rappelle plus tard attend, rétorqua enfin le noiraud avant de vite raccrocher, sans attendre la réponse de son soi-disant ami.


Un silence glacial et meurtrier se mit en place tandis que Jeon arriva vers moi d'une démarche menaçante qui selon mon avis n'avait rien du tout d'effrayante.


— C'est quoi. Ton putain. De problème. Maintenant ?! hurla-t-il, une veine sur son front faisant son apparition pour montrer son état d'âme.


Je décroisai mes bras pour rassembler mes mains en deux poings compacts et fermes.


— Mon putain de problème comme tu dis c'est que je ne trouve pas ma brioche et je sais que c'est encore toi sale merdeux qui l'a prise !

— Va te faire foutre ! Dégage !

— Pas avant que tu me la redonnes !


Il s'approcha encore plus près de moi pour me souffler à l'oreille d'une voix menaçante :


— Si tu ne veux pas te retrouver à l'hosto casse-toi maintenant parce que je ne risque pas de me retenir.

— Oh ta gueule t'es même pas foutu de casser des œufs et tu me parles de casser ma gueule ? ris-je jaune. Vraiment ferme-là et fais ce que je t'ai demandé si tu ne veux pas que je touche à ta réputation de mec parfait. Nan parce que si tu veux jouer à ce jeu-là je suis très fort chéri tu devrais le savoir.


Mon sarcasme fut mal pris puisque sans le voir venir, il attrapa mon cou de sa grande main pour ensuite venir me plaquer contre le mur.

La surprise marqua un instant mes traits avant que de la pure rage ne vienne prendre possession de moi, reflétant la même que celle de Jungkook. Elle était si grande qu'elle me bouffait en entier, ne laissant aucune sympathie ou quelque chose de ce genre. De toute manière je ne voulais pas l'être avec ce bouffon. Tout ce que je souhaitais c'était le frapper si fort qu'il finisse par me supplier d'arrêter.

La pression que ses doigts exerçaient sur moi étaient assez fortes pour me faire mal mais pas assez pour m'empêcher de respirer.


— Tu ne sais vraiment pas de quoi tu parles sale merde. Déjà tout à l'heure tu m'as soulé et là ? T'aimes à ce point la douleur ? C'est ça que tu veux ? murmura-t-il d'une voix glaciale.


Je ne dis rien, me contentant de l'assassiner du regard pour l'instant.


— Ah oui. Je me souviens à quel point tu l'aimais quand ça venait de moi.

— Ta gueule ! criai-je en tentant de me débattre.


Il raffermit sa prise ce qui me fit geindre de douleur. Je tentai de retirer ses mains de mon cou mais rien n'y fit, il était trop fort.


— C'est pas assez ? T'en veux encore plus ?


Ma recherche en oxygène se faisait de plus en plus difficile. C'en était même douloureux. Aussi douloureux que sa paume qui retenait prisonnier ma gorge. Aussi douloureuse que la haine qui me rongeait à l'intérieur. Et aussi douloureuse que lui.



Parce que tout ce qui venait de lui m'énervait et me blessait.



Lui et moi étions néfaste ensembles. Un réel poison qui ne demandait qu'à être utilisé. Une alchimie si forte qu'elle nous emportait tel un raz-de-marée.


— Lâ...che-moi, soufflai-je difficilement.

— Tiens on fait moins le fier maintenant ? Alors ? T'as peur ? se moqua-t-il en claquant sa langue contre son palet.


Je sentis mon visage devenir de plus en plus rouge à mesure que les secondes s'écoulaient. À mesure qu'il ne relâchait pas la pression. Et à mesure que ça devenait presque impossible à inspirer. Ma vue commença même à devenir floue, faisant apparaitre quelques larmes et points noirs dans mon champ de vision.


— Si tu veux que je te donne ce que tu souhaites, tu sais ce que tu dois faire, murmura-t-il sournoisement à mon oreille, sa bouche à quelques centimètres de ma peau.


Ce que je dois faire ?

Je savais pertinemment ce qu'il insinuait. Il voulait tout simplement que je craque et que j'accepte que tout redevienne comme avant. Qu'un nouveau jeu excitant mais terriblement mauvais pour nous se remettent en place. Qu'on recommence à coucher ensemble alors qu'on était néfaste l'un pour l'autre.

Une part en moi (sûrement celle masochiste) voulait accepter. Elle n'attendait que ça. Qu'on sombre une nouvelle fois dans cette boucle infernale. Mais je ne pouvais pas laisser Jeon gagner. Je ne devais pas. Surtout pas lorsqu'il m'avait abandonné dans mon lit, comme une merde pour ne faire comme si je n'existais pas le lendemain alors que la veille il était entre mes jambes à prendre son pied.

Par respect pour ma propre personne je ne devais pas. Je n'avais pas le droit.

Je n'avais pas le droit mais... j'en avais envie.

Il dû lire l'hésitation dans mon regard puisqu'il sourit, approchant ses lèvres d'un tendre rose de mon cou. Ses longs doigts desserrèrent leur prise, m'apportant un bien fou.

J'allais soupirer de soulagement mais ce qui sortit de mes lippes fermées en une ligne droite ne fut qu'un gémissement causé par la langue taquine de Jeon qui lécha une zone érogène de mon cou. J'aurais dû le repousser, partir loin, l'engueuler et pourtant la seule chose que je fis ce fut m'accrocher désespérément à son tee-shirt et pencher la tête vers le côté pour qu'il ait bien plus d'accès à ma peau.

Barre-toi Taehyung ! Ne le laisse pas gagner ! Tu n'as pas le droit ! m'ordonna ma Conscience en colère.

J'aurais aimé l'écouter, prendre mes jambes à mon cou sans me retourner une seule seconde mais le problème était qu'une fois qu'un ancien junkie sniffait sa came, c'était fini pour lui. Il re-sombrait, retournait dans cet enfer, dans cette spirale illusoirement joyeuse.

Au fond de moi, je le savais.



J'étais ce junkie qui finirait par replonger pour sa drogue.

Indéniablement.

Inévitablement.

C'était évident.



Cette pensée traversa mon esprit, y apportant telle une bombe toute la tristesse qu'elle avait en sa possession. Elle noya la plénitude que je ressentis en cet instant, transformant mon état de béatitude en une expression plus lointaine, plus distante, plus attristée. Mon changement d'humeur dû alerter Jungkook puisque ses douces mais terribles lèvres, péché absolu, s'écartèrent des miennes. Légèrement essoufflé, chamboulé, il me fixa avec un air interrogateur, noyant ses pupilles caramel dans les miennes à la recherche d'une quelconque réponse.

Un pli soucieux, mécontent, confus se forma entre ses sourcils froncés tandis que je fuyais son regard, la gorge nouée par cette horrible sensation qui vous donnait autant envie de pleurer que de crier.



Je haïssais cette attraction constante entre nous tout comme cet être humain dont je ne pouvais fuir.



— Tae-

— Arrêtons-nous là avant qu'il ne soit trop tard, le coupai-je d'un murmure froid, pareil à la neige en hiver.


Ma phrase sema le désordre en lui. Ses iris troublées, passèrent sur les traits de mon faciès, analysant chaque parcelle de ma peau comme pour savoir si ce que je disais était vrai.


— Qu'est-ce qui te prend ? Y'a deux secondes t'étais en train de kiffer. Ne me dit pas que tu regrettes ?


J'eus un sourire triste, montrant toute la douleur que cette histoire me procurait.


— Je regrette tout Jungkook, soufflai-je.


L'effet que mes mots provoquèrent chez Jungkook n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais. De toutes les expressions que je m'attendais à voir passer sur son visage si beau mais si pécheur ce n'était certainement pas la peur, dissimulée derrière une grosse part de colère.


— Tu ne me feras pas croire ça, trancha-t-il d'un air dur. T'as toujours aimé comment je te touchais, cette...


Il fit un mouvement de va-et-vient entre nous comme s'il tentait de me prouver qu'un certain lien nous liait. Peu importe ce qu'il pouvait y avoir, du moment qu'il était présent. Et je savais qu'il existait malheureusement.


— Attraction, termina-t-il. Au fond tu le sais tout comme je le sais.


Je déglutis, forçant mes yeux à fixer le sol pour ne pas avoir à plonger dans son regard qui je savais renfermais un océan déchainé par les sentiments qui résidaient en son for intérieur.


— Ce n'est pas ça que je regrette, avouai-je d'un ton faible.


Je pris une longue inspiration avant de relever enfin mes mirettes pour oser affronter quelques instants les siennes.

Comme je le pensais, il était perdu.

Je ne sus pourquoi j'eus l'étrange envie de pleurer, comme si tout cette haine et cette colère qui me pourrissaient s'étaient muées en tristesse. Elles semblaient tout deux vouloir remonter à la surface, se montrer, éclater avec fracas mais j'empêchai que cela se produise.

Je ravalai cette petite boule qui bloquait ma gorge, expirant doucement par le nez pour me calmer. Afin de cacher ce que je ressentais, je me laissai le plaisir —et le seul pour toujours— de reposer mon front contre son épaule, le prenant par surprise.

Mon envie d'éclater en sanglot monta d'un cran alors qu'un nouveau vide vint se loger dans ma poitrine.


— Je regrette tout ce qui nous est arrivés. On n'aurait pas dû... on a blessé tellement de gens. Je t'ai blessé comme tu m'as blessé, je t'ai piégé comme tu m'as piégé, j'ai détruit une de tes relations comme tu as détruit un de mes anciens plans culs... crois-moi que c'est mieux ainsi.


La culpabilité, les remords, la honte reprirent le dessus sur ma personne à cause de tout ce qui s'était passé depuis le lycée. Si j'avais pu j'aurais aimé remonter le temps et effacer toutes mes horribles erreurs mais il était trop tard. Le mal était déjà fait et bien ancré autant dans nos esprits que dans nos cœurs. Jamais nous pourrions l'oublier, ce pourquoi nous ne pouvions nous pardonner, nous tourner le dos.



Ensemble, nous étions contraints de nous haïr jusqu'à la fin,

Telle était notre tragique destiné.



Jungkook resta muet, emprisonnant ses pensées dans son esprit, sans qu'il ne veuille m'en faire part, tels des secrets bien enfouis. Et je crois que c'était mieux ainsi. Ça ne servait plus à rien à présent...

Sans qu'aucun ne parle, sans qu'aucun ne dise rien, juste nos non-dits et nos pensées bruyantes flottant dans l'air autour de nous tel le doux murmure de Zéphyr, nous restâmes ainsi. Un long moment s'écoula où tout deux profitâmes d'un calme que nous n'avions jamais pu éprouver de la sorte.



Le seul et le dernier.



C'était triste quand on y repensait mais ça nous définissait bien lui et moi car...



Notre histoire ne pourra jamais finir dans le calme et la tendresse.



------------------

Hi ! 

Je sais que je vais être relou à force de répéter mais je préfère quand même le faire avant que des justiciers 2.0 viennent me sauter dessus, je ne romantise pas leur relation toxique. Vous avez bien vu qu'ils se font du mal autant mentalement que physiquement (bon un peu moins physiquement même si là JK a étranglé Tae sous la colère) mais qu'en aucun cas je vais dire "youhou je rêve d'une relation comme ça omggg". J'ai 20 piges, un cerveau donc non vraiment pas. Je veux juste dénoncer ce genre de relation et que dans les livres/ff on arrête de dire que c'est ça le vrai amour ou du moins une relation. C'est pas du tout ça, c'est juste horrible de vivre un truc pareil.

En vrai de vrai, cette histoire sera très longue je pense, aucune idée de combien il y aura de chapitres mais attendez vous à une ff bien costaud. Il y a tellement de point à détailler, de sujet à soulever. J'ai trop d'idées vous imaginez même pas. Après celle-ci je pense j'écrirais une histoire plus détendue, plus chill et courte. Et qui est un peu poétique. Ou bien une autre qui est mouvementée comme on aime, caliente et où l'histoire principal tourne autour de la musique. Je verrais toute façon les 2 sortiront faut juste que je décide laquelle en première.

Bonne journée/soirée !

Zombix 🌙

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top